Philosophie de l'Islam
 
Behechti & Bâhonar
 
Édité et traduit par
Abbas Ahmad al-Bostani
 
 
Publication de la Cité du Savoir
 
 
 
Copyrights: Tous droits réservés exclusivement à
éditeur:
Abbas Ahmad al-Bostani
C.P, 712 Succ. (B)
Montréal, Qc., H3B 3K3
Canada
ISBN 2-95-03192-5-4
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(Livre 1)
Table des Matières
 

AVANT-PROPOS

Les Auteurs

L'HOMME DE NOTRE EPOQUE 23

Des animaux goulus 24

En quête d'une philosophie de la vie et de ses buts 25

Ils veulent savoir: 26

L'IMÂN 29

Le rôle de l'imân dans la vie d'un enfant 31

Assujettissement par le doute 32

Le doute constructif 33

Le rôle de l'imân encore 34

L'imân constructif 35

Une liberté débridée n'est pas compatible avec la croyance à une idéologie 35

La vision du monde 38

UNE CONNAISSANCE PROFONDE ET BIEN DÉFINIE 38

1. La poursuite de bas désirs 39

2. Les coutumes des ancêtres 39

3. Une soumission aveugle aux grands et aux puissants 39

Le rôle fondamental et étendu du coeur 41

La considération 42

La connaissance et la science 43

Un autre faux raisonnement 44

Le réalisme 46

Une pensée correcte 48

L'homme de l'Islam 48

L'homme: l'Etre qui se fait lui-même et qui choisit 49

Le grand dépôt 50

L'émancipation humaine 51

Un lien avec l'Éternité 52

LA SOURCE DE LA CRÉATION 53

1. Le monde est une réalité 53

2. Le monde est bien organisé 53

3. Le "devenir" et sa cause 54

4. La cause du développement et des changements systématiques 55

5. Ce n'est pas un accident 55

6. La cause du "devenir" est-elle une contradiction? 56

La contradiction ou l'attraction et la cohésion? 58

LE MONDE EST UNE RÉALITÉ DÉPENDANTE 61

Les Signes d'Allah 61

1. Le Phénomène et Son Producteur 62

La doctrine de la causalité 62

Le monde des phénomènes 63

2. L'harmonie des choses existantes 64

3. L'adéquation de deux choses non coexistantes 65

4. La marche vers une perfection illimitée 67

5. Les Signes éloquents 67

Les signes spéciaux 69

Toute chose dans chaque étape est Son Signe 70

Un monde en changement perpétuel a-t-il une finalité? 73

1. L'absence du but: 73

2. L'évolution naturelle de l'intérieur de la matière: 75

3. Le mouvement vers une perfection absolue: 76

LE MONOTHÉISME DU CORAN 77

La réfutation du polythéisme 78

Les causes et les agents: 79

Les miracles 80

Les superstitions ne doivent pas être confondues avec les causes 82

La supplication 83

L'UNICITÉ CONCERNANT LE CULTE 85

L'Unicité concernant la soumission et l'obéissance 86

La soumission aux Commandements d'Allah 87

DIEU: L'UNIQUE ET L'INCOMPARABLE 89

L'Unicité intrinsèque 89

L'appréciation d'une opinion excessive 91

LES NOMS ET LES ATTRIBUTS D'ALLAH 93

Allah est Indépendant 94

Allah est Omniscient 95

Allah est Tout-Puissant 96

La Volonté et la Volition d'Allah 96

Allah est Bienfaisant et Clément 99

Allah est Juste 99

LE RÔLE DE LA COSMOLOGIE DIVINE DANS LA VIE HUMAINE 100

Deux stades d'une vie étendue 102

Conclusion 103

Les effets spirituels et pratiques de la croyance religieuse 103

LES GUIDES DE L'HUMANITÉ 104

Les traits distinctifs des prophètes 105

1. Les Miracles 105

2. L'Infaillibilité 106

La différence entre un prophète un génie 108

3. La direction dynamique 109

4. Une ferveur incomparable et une fermeté à toute épreuve dans la lutte contre le polythéisme, l'ignorance et la corruption 109

5. Le bien-être général 110

6. Une vie personnelle normale 110

Le rôle de la Révélation dans la vie humaine  111

La relation entre la connaissance, la raison et la Révélation 112

L'ISLAM DÉFEND LA JUSTICE 113

La justice de volonté ou une justice voulue 115

La doctrine de la justice 117

La Justice et l'Au-delà 120

L'Au-delà 122

L'effet de la croyance en l'Au-delà sur l'équilibre de la vie 125

L'HOMME ET L'EVOLUTION 126

La fabrication de cellule vivante 127

La vie, un phénomène divin 129

L'HOMME ET L'EVOLUTION 130

Une présomption scientifique et non un principe incontestable 133

Conclusion 135

L'émergence de l'homme 136

Des organismes exceptionnels 138

L'HOMME 140

L'apparition du nouvel humanisme 141

L'homme du point de vue coranique 142

L'ÉTENDUE DU CHOIX ET DE LA VOLONTÉ DE L'HOMME 144

1. La nature innée de l'homme et sa disposition 145

2. La modification des propensions 146

3. Le rôle de l'environnement naturel et géographique 148

4. Le rôle des facteurs historiques sociaux et économiques 148

5. Le rôle des règles et des réglementations dans le domaine du choix 149

6. La Révélation divine 150

7. Ce sont les propres actes d'un homme qui font sa destinée 151

8. Le but des efforts de l'homme 152

La prospérité et le salut 152

9. Les idéaux et les valeurs 154

10. La recherche d'Allah et de la Vérité 155

L'HOMME DU POINT DE VUE EXISTENTIALISTE 155

L'HOMME DU POINT DE VUE DE L'ISLAM 159

1. L'essence de l'homme 159

2. La liberté humaine et le destin divin 160

3. Le domaine du choix et le rôle de la guidance 160

4. L'homme a un but 161

5. L'homme est responsable 161

6. La vigilance et l'ardeur 162

7. L'homme n'est pas sans refuge 162

8. Indépendance , crainte et espoir 162

L'HOMME DU POINT DE VU MATÉRIALISME DIALECTIQUE  163

L'approche de l'Islam de ces questions 166

LA CONCEPTION ISLAMIQUE DE L'HISTOIRE 169

Le Coran fait attention au cours normal de l'histoire 169

Le violent déchaînement des désirs et des émotions 172

La question de la contradiction 174

La nécessité de l'augmentation de la force positive de la contradiction et de la résistance à la corruption 175

LE GRAND RÔLE DES PROPHÈTES DANS LA FORMATION DE L'HISTOIRE 177

Le Prophète Ibrâhîm (P) 178

Le Prophète Moussâ (P) 178

Le Prophète 'Issâ (P) 181

La révélation fut la force motrice des mouvements prophétiques 182

La Révélation 183

Quelques effets de la Révélation 183
 

LE MOUVEMENT ISLAMIQUE: UNE MANIFES-TATION DES LOIS DE L'HISTOIRE 185

La domination de l'injustice ne saurait durer long-temps 185

Le réveil des gens 187

Les pionniers: les compagnons élus 188

Le rôle de l'émigration 189

La guidance des masses 191

L'élément du "Jihâd" 193

L'universalité du mouvement 194

LA DIRECTION 194

Trois principes de l'efficacité des mouvements historiques 195

Les êtres humains comme agents de la rétribution divine 196

Le respect de la culture et des valeurs humaines d'autrui 197

La corruption de la direction 198

La résistance interne 200

Les envahisseurs influencés 200

Un triple effort 202

Le triomphe final de la vérité 203

LA VICTOIRE FINALE 204

L'AVÈNEMENT D'AL-MAHDI 207

Au seuil de l'apparition 207

Le Dirigeant révolutionnaire et ses partisans 208

Subir les difficultés pour réaliser le succès 209

 
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Avant-Propos

Conçu et compilé par une constellation d'ouléma et de savants dont les plus notoires étaient le Dr. Behechti et le Dr. Bahonar, ce livre a été tiré à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires en persan et en ourdou. La version anglaise a été tirée, pour la seule première édition, à vingt mille exemplaires, en 1982. Ces chiffres en disent long sur le succès et l'intérêt de cet ouvrage.

"Philosophie de l'Islam", malgré son titre évocateur et bien qu'abordant souvent des sujets philosophiques, n'est pas un livre de philosophie, mais de connaissance. Il aurait d'ailleurs pu s'intituler plus pertinemment "la connaissance de l'Islam".

En effet, le Monothéisme du Coran, l'ablution, le Califat et l'Imamat, l'usure, la nourriture, les grandes lignes de l'économie islamique, le mariage, la propreté, les sources du Droit canon etc... tels sont quelques titres et sous-titres tirés au hasard et dans un ordre dispersé, de la table des matières de "Philosophie de l'Islam". Cependant, ce livre n'est pas un guide pratique de l'Islam, ni un simple exposé de ses différentes croyances, prescriptions et pratiques. Car alors, il n'aurait pas mérité un tel succès, ni suscité tant d'intérêt, étant donné que des milliers d'autres livres avaient été déjà publiés sur ces sujets.

Le véritable intérêt de "Philosophie de l'Islam" réside dans la tentative de ses auteurs de présenter les divers préceptes islamiques à travers une vision d'ensemble, afin d'en dégager l'esprit et la signification profonde, et d'en démontrer la cohésion, la complémentarité et la pertinence.

Ce souci de faire connaître les différents enseignements islamiques dans une vision d'ensemble, et de faire percevoir l'esprit de ces enseignements, semble d'autant plus justifié, qu'à un moment où l'Islam suscite beaucoup d'intérêt, provoque beaucoup d'incessantes polémiques et fait l'objet de tant de controverses, il souffre d'une double incompréhension ou méconnaissance: d'une part, une incompréhension du fait de certains de ses adeptes qui ont tendance à se contenter d'observer la lettre des prescriptions islamiques sans se soucier de refléter dans leur pratiques l'esprit de ces prescriptions, et d'autre part, une incompréhension de la part d'un grand nombre de non-musulmans qui s'ingénient à critiquer tel ou tel préceptes de l'Islam, qu'ils ne voient que de l'extérieur, sans se donner la peine de les replacer dans leur contexte général pour comprendre leur réelle raison et leur véritable signification.

D'un autre côté, "Philosophie de l'Islam" tend à montrer, à travers les différents sujets qu'il aborde, qu'il n'y a rien d'anachronique ni de paradoxal dans le mouvement de retour à l'Islam, qui se dessine de plus en plus clairement, en cette époque d'immense progrès et réalisations technologiques, puisque l'ensemble et la diversité des prescriptions de l'Islam répondent en réalité à l'ensemble et à la diversité des besoins réels et naturels de l'homme et correspondent à des vérités éternelles et immuables, d'où leur éternelle actualité.

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L'adaptation anglaise de "Philosophie de l'Islam', dont la présente version française est la copie conforme et la traduction plus ou moins fidèle, a été conçue avant-tout comme une introduction à la compréhension de l'Islam. Elle est plus concise que la version originale, mais aussi plus compréhensible pour des lecteurs non familiarisés avec la terminologie et les concepts islamiques, ou qui ne seraient pas issus de cultures islamiques. Cependant, le souci de concision fait apparaître, du moins nous semble-t-il, quelques défauts. Certains sujets peuvent sembler trop schématiques, mériteraient davantage de développement et nécessiteraient de nombreuses annotations. Ces défauts, auxquels nous nous efforcerons de palier dans une prochaine édition, sont toutefois compensés par un style simple et clair, et un langage compréhensible et facile qui exclut, autant que faire se peut, les formules rébarbatives et les termes trop techniques, même lorsque les sujets abordés sont souvent assez complexes et difficiles d'accès.

Abbas AHMAD al-BOSTANI
 
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LES AUTEURS

Le Dr. Muhammad Hussayni Behechti est né à Ispahan, le 24 octobre 1928. II est issu d'une famille religieuse.

Le Dr. Behechd a commencé ses études à l'âge de quatre ans et il n'a pas tardé à apprendre à lire et à écrire, ainsi qu'à réciter le Saint Coran. Après avoir terminé ses études primaires, et entrepris des études secondaires, il a décidé d'abandonner les études laïques, en 1942, pour s'inscrire un peu plus tard à l'Ecole Théologique "Sadr" d'Ispahan afin d'y étudier la littérature arabe, la logique, etc...

En 1946, il est arrivé à Qom pour y poursuivre ses études. Là, il a suivi les cours des savants (uléma) éminents de l'époque. En 1947, il a décidé de reprendre ses études laïques. Aussi a-t-il quitté Qom pour Téhéran en vue de préparer une licence qu'il a obtenue de l'Université de Téhéran en 1952. II est retourné ensuite à Qom pour entreprendre des études philosophiques. C'est pendant cette période qu'il a suivi les cours du 'Allâmah Tabâtabâ'i sur "Asfâr" de Mullah Sadra et "Shifa" d'Ibn Sinâ (Avicenne).

En même temps, il engageait des discussions chaleureuses et enthousiastes avec l'Ayatollah Mutahhary, l'Ayatollah Montadhary, et d'autres; et ces rencontres ont duré cinq ans.

En 1950-51, il a participé au mouvement de nationalisation du pétrole sous la direction de l'Ayatollah Kâchâni et du Dr. Musaddiq. Après le coup d'Etat de 1953, lui et ses associés ont toutefois réalisé que leur programme était insuffisant. Aussi ont-ils décidé de fonder un mouvement culturel purement islamique ayant pur but l'éducation de la jeunesse.

En 1954, ils ont fondé l'Ecole Supérieure "Din-o-Dânich" à Qom, avec l'aide de quelques amis. Le Dr. Behechd fut directement responsable de son administration de 1954 à 1963. II obtint son Doctorat en 1959 à l'Université de Téhéran.

En 1962, le mouvement islamique, sous la direction de l'Imam Khomeiny, a marqué un tournant dans la lutte révolutionnaire en Iran, et le Dr. Behechti y a pris une part active. L'Imam a désigné un conseil politico-religieux de quatre membres, dont le Dr. Behechti, pour superviser l'action des divers groupes de la résistance.

En 1964, le Dr. Behechti est allé à Hambourg (Allemagne de l'Ouest) à la demande de l'Ayatollah Milâni et d'autres, en tant que conseiller à la direction du masjid qui y avait été fondé par 'Ayatollah Burujardi. Il resta hors d'Iran durant six ans, pendant lesquels il accomplit le Hajj et se rendit en Syrie, au Liban, en Turquie, et en Irak où il a rencontré l'Imam Khomeiny. II est retourné en Iran en 1970.

Après la victoire de la Révolution Islamique, le Dr. Behechti fut nommé Président de la Cour Suprême de justice en Iran et Président du Parti de la République Islamique.

Le soir du 28 juin 1981, alors que le Dr. Behechti parlait dans une réunion du Parti de la République Islamique, au siège de ce part, en présence de quelques 90 personnel, une bombe cachée dans une poubelle placée près de l'estrade explosa. Le bâtiment fut détruit sur le coup et 72 personnel, dont le Dr. Behechti, tombèrent en martyrs. Ainsi prit fin la carrière brillante de l'un des serviteurs les plus dévoués de l'Islam.

Le Dr. Jawâd Bâhonar est né, quant à lui, dans la ville de Kerman en 1933. Très tôt, il a suivi des cours de Coran dans une école coranique et fait des études de sciences religieuses à l'Ecole de Masumiah à Kerman. Simultanément il poursuivait ses études laïques, qui lui ont permis d'obtenir le diplôme de l'Ecole Supérieure en 1953.

Après quoi, le Dr. Bâhonar est parti pour Qom en vue de poursuivre ses études en sciences religieuses au Centre Théologique de Oom. Plus tard, il obtiendra une licence en littérature et une maîtrise en sciences de l'éducation à l'Université de Téhéran.

Le Dr. Bâhonar a commencé ses activités littéraires par une collaboration à divers magazines, tel "Maktab-i-Tachayyu'". II prêchait sans relâche l'Islam à travers ses conférences et ses livres.

Au début de 1962, le Dr. Bâhonar a pris part au mouvement islamique, déjà très actif, sous la direction de l'Imam Khomeiny. II a été mis en prison en 1963 à la suite d'une série de conférences qu'il avait faites.

Le Dr. Bâhonar a participé avec ses camarades de lutte à la création du Parti de la République Islamique, fondé sur l'idéologie de l'Islam, et suivant la ligne de l'Imam Khomeiny. En 1978, l'Imam lui a ordonné d'organiser des manifestations avec le concours du Dr. Behechd et d'autres. La même année, il a été désigné pour servir dans le Conseil de la Révolution Islamique.

Après la victoire de la République Islamique, le Dr. Bâhonar a occupé plusieurs fonctions. II a été Ministre de l'Education dans le cabinet de Mohammad Ali Rajâ'i, et après l'explosion tragique du Quartier Général du Parti de la République Islamique et le martyre du Dr. Behechd, il a été nommé président de ce parti.

Le Dr. Bâhonar a été nommé Premier Ministre le 5 Août 1981, mains il n'a pas exercé longtemps ses fonctions à ce poste, puisqu'il tombera en martyr le 30 Août, avec le Président Rajâ'i et d'autres, à la suite de l'explosion d'une bombe.

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L'HOMME DE NOTRE EPOQUE

Si l'on considère les commodités et les divers moyens techniques dont il dispose, l'homme de notre époque a atteint un stade avancé. Les innombrables découvertes et inventions lui ont fourni nombre de possibilités, qui lui auraient paru antérieurement totalement inouïes.

Les appareils automatiques et les équipements de ce genre sont possibles pour l'homme contemporain, alors qu'ils avaient été jusqu'ici inconcevables. Il lui suffit aujourd'hui d'appuyer sur un bouton pour obtenir ce qu'il désire. L'eau, l'air, la chaleur, le froid, la nourriture et les vêtements lui sont facilement disponibles.

Les ondes radio transmettent, en un clin d'oeil, non seulement sa voix, mais aussi son image, aux plus lointains coins du monde.

Les avions lui ont assujetti l'immensité de l'espace. Il vole facilement et rapidement d'un bout du monde à l'autre, encore plus facilement, plus confortablement, et plus longuement que le légendaire tapis volant.

Les astronautes lui ont ouvert la voie des planètes, et un voyage vers la Lune et vers d'autres planètes paraît parfois aussi simple qu'un voyage entre deux villes voisines.

Les nouvelles découvertes scientifiques et industrielles connaissent une telle expansion à notre époque qu'il est difficile de les dénombrer. On peut dire que la nature tend aujourd'hui à révéler à l'homme de notre siècle, dans le plus bref délai possible, tous les innombrables secrets qu'elle garde dans son sein depuis des milliers d'années.

En raison de sa connaissance des secrets de la nature et de ses merveilleuses découvertes concernant le contrôle et l'exploitation des forces naturelles, l'homme de notre époque est parvenu au zénith du bien-être matériel et il a transformé toute la terre, à son profit, en un lieu magnifique et bien fourni, lui permettant de mener la vie heureuse et tranquille dont il a toujours rêvé.

Des animaux goulus

C'était là une face de la médaille, mais celle-ci en a une autre. La civilisation matérielle d'aujourd'hui a résolu beaucoup de problèmes de la vie, et a doté l'homme d'une force éblouissante en vue de contrôler la nature. Mais, en même temps, elle a tellement fait l'éloge et vanté le mérite de l'idée d'acquérir toujours plus, qu'elle a rendu l'homme contemporain comme un animal avide, préoccupé jour et nuit de l'augmentation de la production et de la consommation, et ne pensant à rien d'autre. Le matérialisme, et l'intérêt excessif pour les affaires économiques, ont transformé l'homme en machine. Il est toujours occupé à gagner sa vie ou à trouver le moyen de mener une vie plus luxueuse. Cet état d'esprit est tellement répandu que la vie de la plupart des hommes de notre époque est presque dépouillée de tout autre contenu valable.

Il y eut une époque où l'homme attachait plus d'importance à sa liberté, et sacrifiait même sa vie pour elle. Maintenant, il est devenu l'esclave de la production et de la consommation, et il a sacrifié l'amour de la liberté sur l'autel de cette divinité matérielle.

Avec le progrès de la civilisation matérielle, les besoins de consommation de l'homme, et les moyens de les satisfaire, sont devenus tellement complexes que beaucoup de gens sacrifient leur bien-être physique et moral pour atteindre ce but.

Dans la société matérielle d'aujourd'hui toutes les hautes valeurs humaines ont été laissées de côté, et on peut dire que même les valeurs morales sont regardées sous un angle matériel. Dans la majeure partie du monde, la vraie infrastructure de l'éducation et de la formation est orientée vers le gain matériel et économique. Le véritable but de l'élaboration d'un programme d'éducation et de formation est souvent de préparer des hommes capables de réaliser le meilleur revenu économique pour les autres, et parfois pour eux-mêmes. La devise de tout un chacun, de l'homme de la rue à l'élite, est devenue: "Réalisez un gain économique et tirez les plaisirs matériels qui s'ensuivent". Les spécialistes des domaines élevés, intellectuels et techniques, les politiciens, les écrivains et les artistes, ne font pas exception à cette règle. Même, beaucoup de ceux qui sont dévoués à des causes hautement spirituelles ont été affectés par des attractions matérielles et économiques. Le travail missionnaire est le plus souvent accompli contre une rémunération financière et matérielle. Cette situation est le résultat naturel et inévitable de la profession de diverges philosophies qui prévalent à notre époque.

Jour et nuit, on répète inlassablement à l'homme qu'il n'est rien qu'un animal économique, et que la fortune et la prospérité économique constituent le seul critère d'une bonne richesse, et le seul signe de progrès d'une nation, d'une classe ou d'un groupe. On essaie constamment de faire croire aux gens que l'argent a un pouvoir miraculeux et qu'il peut résoudre tous les problèmes. On parle souvent de grosses sommes d'argent qu'on aurait obtenues par hasard, ou volées directement ou indirectement à ses semblables, et qu'on a dépensées pour assouvir les instincts les plus bestiaux. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que les hommes, ou plutôt les demi-hommes de notre époque, se soient transformés en animaux goulus, disposés à acquérir l'argent de n'importe quelle source s'offrant à eux, et à le dépenser pour obtenir le plus grand plaisir possible. Ils sont devenus les esclaves de la production et de la consommation. Leur vie est totalement dépouillée de hautes valeurs dignes de la vie d'un être humain, et tend à la vulgarité et à la dégradation.

En quête d'une philosophie de la vie et de ses buts

Il est satisfaisant de constater que de nouvelles voix d'indignation se sont élevées ça et là, dans ce monde épris de production et de consommation. Elles permettent d'espérer que peut-être le temps est venu pour délivrer l'homme de notre époque des chaînes de ce moyen économique. Heureusement que ces voix appartiennent à la jeunesse plutôt qu'aux gens d'âge moyen ou plus âgés.

En effet, depuis quelque temps, la jeunesse a montré une réaction pratique, et a dit à haute voix qu'elle trouve sa vie insensée et vulgaire dans le magnifique palais qu'on lui a fourni.

Ils veulent savoir:

Si les gens sont en général heureux dans ce palais?

Si le bateau de leur vie, rempli de toutes sortes d'éléments de confort et d'équipements de voyage les conduit vers un rivage de paix et de félicité?

Si, oui ou non, cette civilisation splendide attache une quelconque importance à l'homme lui-même?

Si tous les gadgets inventés pour faciliter la vie servent vraiment l'homme, ou s'ils se sont eux-mêmes approprié toutes ses facultés physiques et mentales?

Si cette civilisation splendide qui a tellement réduit les distances entre les différentes villes, et les divers continents et planètes, en les transformant, a aussi rapproché les uns des autres les coeurs de ses pensionnaires, ou si au contraire, malgré la réduction des distances, leurs coeurs se sont éloignés encore plus, ou pis, s'ils ne possèdent plus de coeur du tout, étant donné que l'homme d'aujourd'hui a seulement un cerveau et des mains, voués exclusivement au service de l'estomac, à la satisfaction des désirs, à la recherche de richesses, de position et d'autres ambitions similaires?

Il est vrai que de telles voix produisent des échos seulement dans les régions où les gens mènent une vie économique prospère et ne sont pas préoccupés par le souci de satisfaire les besoins de première nécessité: le pain et le beurre.

Il est vrai aussi qu'il y a encore dans la majeure partie du monde, de grandes masses qui se débattent dans la pauvreté et qui mènent elles-mêmes, leurs familles, les personnels à leur charge, leurs voisins, une vie qui se situe à peine au-dessus du niveau de subsistance. Leur seul espoir actuel est une révolution sanglante qui mettrait fin à leurs privations matérielles et économiques.

Mais une prévoyance juste nécessite que les efforts de ces hommes défavorisés soient orientés de telle sorte qu'ils n'aient pas à envisager une solution aussi extrême.

En tous cas, il est certain que les gens font plus ou moins preuve de faiblesse et qu'il est difficile d'ignorer l'attrait de la prospérité économique. Tous les deux grands camps - socialiste et capitaliste - du monde moderne voient clairement que:

Bien que durant des siècles, l'homme ait fait des efforts pour s'assurer le meilleur moyen possible de mener une meilleure vie, à présent, les hommes, dans les deux grands camps, l'Est et l'Ouest, sont sacrifiés impitoyablement dans les grands temples industriels, aux pieds de la divinité de l'industrie. A part des slogans creux, il ne reste rien de la dignité humaine, de la liberté humaine et d'un vrai libre choix, dans aucun des deux camps. Tous les deux systèmes ont privé l'homme de sa dignité sous prétexte de l'exigence de la course rapide des rouages de l'industrie et de l'économie modernes et complexes.

En tout cas, l'homme moderne ne veut plus apprendre par l'industrie et la technologie comment mener sa vie.

Il veut absolument savoir quel est le but de sa vie.

Contrairement à ce que croient les pessimistes, les voix qui s'élèvent aujourd'hui pour protester et contester, peuvent être le signe avant-coureur d'une heureuse et propice prise de conscience. Elles peuvent donner lieu au réveil de l'homme et à une renaissance de la société humaine. Elles peuvent pousser l'homme à ne plus accepter un développement mécanique de l'évolution humaine et à redécouvrir le but réel de sa vie avec une vue plus profonde. Elles peuvent le diriger vers la félicité humaine. Qu'a dit le Coran à cet égard? Le Coran déclare comme principe que toute la pompe ou la parade de la vie est insignifiante, si elle est dénuée de foi et de spiritualité, et si elle n'est pas compatible avec le but qui sied à l'être humain. Un homme épris d'une telle vie est un perdant et tous ses efforts sont vains.

«Sachez que la vie de ce monde n'est que jeu, divertissement, vaine parure, cause de vanité entre vous, et une rivalité dans l'abondance des richesses et des enfants. Elle est semblable à une ondée: la végétation qu'elle suscite plaît aux cultivateurs, puis elle se fane, et tu la vois jaunir, et elle devient ensuite sèche et cassante». (Sourate al-Hadîd, 57: 20)

Ailleurs Allah est décrit comme étant la Lumière des Cieux et de la Terre, la Vérité et l'Esprit dirigeant le monde entier.

Et puis le Coran évoque les hommes méritants et dignes, que le commerce et les efforts en vue de gagner leur vie ne distraient pas de l'évocation d'Allah, ni ne détournent du but fondamental de leur vie. Ce faisant, ils s'assurent de meilleurs résultats. Leurs efforts sont toujours fructueux et conduisent à la vertu et à l'excellence.

Le Coran décrit comme suit le sort de ceux qui n'ont pas de but dans la vie et qui sont oublieux d'Allah:

«Quant aux incrédules, leurs actions sont semblables à un mirage dans un désert. Celui qui est assoiffé croit voir l'eau; mais quand il arrive, il ne trouve rien qu'Allah qui lui paie pleinement son compte. Allah est prompt dans ses comptes. Ou bien, elles sont comparables à des ténèbres sur une mer profonde: une vague la recouvre, sur laquelle monte une autre vague; des nuages sont au-dessus. Ce sont des ténèbres amoncelées les unes sur les autres. Si quelqu'un étend sa main, il peut à peine la voir. Celui à qui Allah ne donne pas de lumière, ne peut jamais avoir de lumière». (Sourate al-Nour, 24: 39-40)

Considérons bien ces versets; ils nous suggèrent une vérité devenue encore plus évidente avec le plus grand progrès scientifique et industriel, et l'expansion des dimensions de la vie humaine.

La vie purement matérielle n'est rien de mieux qu'un mirage. Les efforts d'un homme avide et cupide ne portent pas de fruit, car ils sont sans direction ni sens. Partout, il n'y a que ténèbres. Les gens y sont embarrassés et plongés dans la vulgarité. La question demeure toujours: "Quel est le sens de la vie et quel est son but?"

Selon le Coran, la vraie cause de toute confusion et vulgarité est que la vie humaine a été privée de l'élément de l' "Imân", et que l'homme concentre ses efforts sur le progrès matériel. Il est engagé dans une ère de production en vue de la consommation, et de consommation en vue de la production. De telles gens peuvent réussir au plus haut degré en ce qui concerne la réalisation de leurs buts matériels, mais à part cela, ils échouent dans tout ce qui est digne de l'être humain.

Le Coran dit:

«Ceux qui veulent la vie de ce monde et ses parures seront rétribués selon leurs actions accomplies ici-bas. Ils ne seront pas lésés ici-bas. Mais dans l'au-delà, ils n'auront rien d'autre que l'Enfer. Toutes les bonnes actions qu'ils auront accomplies en ce monde n'auront aucune valeur et tout ce qu'ils auront fait, sera nul et vain». (Sourate Houd, 11: 15-16).

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L'IMÂN
 

Imân" est un mot arabe introduit dans beaucoup de pays musulmans où il est devenu couramment connu. Tous ceux dont la langue maternelle est le Persan, le Turc, le Swahili ou l'Ourdu sont plus ou moins familiarisés avec ce mot. Bien qu'en anglais ou dans les autres langues européennes en général, des mots comme foi, croyance et confiance soient employés aussi dans le même sens, aucun d'eux n'est tout à fait synonyme de Imân, lequel est utilisé couramment et compris généralement. Pour clarifier le sens de ce mot, nous recourrons aux quelques exemple suivants:

Lorsque nous avons une totale confiance en l'intégrité d'une personne et que nous pouvons compter sur elle sans hésitation, nous disons que nous avons imân en elle. De la même façon lorsque nous croyons totalement à la véracité d'une affirmation, nous disons que nous avons imân en elle. Si nous avons une foi bien fondée en un système intellectuel ou en une "idéologie" et si nous nous y sentons si attachés que nous en faisons spontanément, et dans une parfaite tranquillité d'esprit, la base de nos occupations et de notre vie, et que nous fondons le programme de nos activités dans la vie sur cette idéologie, nous disons alors que nous avons imân en elle.

Ces exemples montrent que imân signifie une foi ferme et une confiance totale en un sujet, en une idée, en une doctrine, etc...

Les antonymes d'imân sont: doute, réticence, indécision. Le doute peut être vis-à-vis d'une personne, d'un point ou d'une doctrine. Il peut être à cinquante pour cent de chaque. Il est possible aussi qu'il soit accompagné d'un pessimisme ou d'un optimisme de course durée. En tout état de cause, son résultat naturel est la méfiance. Même lorsque le doute est accompagné d'optimisme, il n'est pas possible de s'attacher et de croire à une personne ou à une idéologie, surtout au cas où il est nécessaire, en vertu de cet attachement, de faire face à un danger réel ou potentiel et de se montrer persévérant.

Maintenant; voyons minutieusement la vie d'un homme afin de découvrir quel est le rôle de l'imân dans la vie moderne, en laissant de côté les époques antérieures.

Mais par où devrions-nous commencer notre recherche? Devrions-nous le faire à partir des scènes émouvantes de la lutte héroïque des peuples défavorisés, mais loyaux, qui combattent pour acquérir leurs droits humains, ou à partir d'un lieu relativement tranquille, par exemple, à partir de l'atmosphère chaleureuse de la vie de famille ou de l'école? A notre avis, il vaut mieux étudier la question à travers plusieurs stades afin que nous poissions atteindre le fond du sujet.

Le rôle de l'imân dans la vie d'un enfant

L'imân est le premier facteur psychologique dans la vie d'un enfant, même à notre époque de progrès technologique et de maîtrise de l'espace. L'imân est l'axe autour duquel tourne le plus la vie de l'enfant. Il a imân (foi) en ceux qui sont associés à lui - c'est-à-dire en ses parents, ses frères, ses soeurs, ses instituteurs, etc... et dans les choses qu'il fait en les imitant ou en suivant leurs instructions, et il a imân en ses propres efforts et en son propre discernement concernant les choses qu'il fait de son propre chef. Les enfants ont en effet confiance en leurs parents, leurs frères, leurs soeurs et leurs instituteurs. Ils ont foi en la justesse de ce que leurs aînés leur apprennent et en ce qu'ils font d'une façon indépendante et de leur propre initiative.

Si cette confiance vitale venait à disparaître pendant quelques jours chez les enfants d'une famille - même dans l'un des pays les plus avancés technologiquement et industriellement - et qu'elle vienne à être remplacée par le doute et la suspicion, vous remarqueriez combien ces pauvres enfants seraient perdus. Aucune aide scientifique ou technique ne pourrait faire revenir leur zèle et leur confiance en eux-mêmes, à moins que, et jusqu'à ce que, l'imân soit restauré.

Le développement sain et équilibré d'un enfant, ainsi que son bonheur futur, dépendent largement de l'imân de ses parents, de ses instituteurs et de tous ceux qui sont responsables le son éducation. Seules les personnel qui ont un imân dans leur tâche vitale peuvent s'acquitter bien de cette tâche. Il n'y a pas de doute qu'une mère qui élève et éduque son enfant avec dévouement et le sens des responsabilités, et un père ou un instituteur qui assument leurs responsabilités de bon coeur, ont tous un rôle à jouer pour assurer une vie heureuse aux personnel sous leur garde.

Une atmosphère familiale qui manque de dévouement, de confiance mutuelle entre parents et enfants et de respect réciproque des droits respectifs des uns et des autres, est l'un des facteurs les plus importants de la misère des enfants. Dans une telle atmosphère familiale noire et insipide l'enfant n'éprouve ni paix de l'esprit ni confiance. Il perd graduellement la foi en toutes choses et même en lui-même, et il se prive des facteurs les plus précieux du progrès et de l'évolution, en l'occurrence, l'imân en lui-même et dans l'environnement de sa vie.

En principe, l'imân d'un enfant est en grande partie un reflet de l'amour et de la confiance que ses parents lui montrent et qu'il leur rend. De la même façon, l'imân d'un instituteur a un effet profond et constructif sur ses élèves, spécialement pendant les premières années de leur éducation.

Il ne fait pas de doute qu'une partie de vos meilleurs souvenirs doit concerner les jours où vous jouissiez de l'orientation d'un instituteur sincère et dévoué dans votre école.

Assujettissement par le doute

A l'approche de l'adolescence, l'imân de l'enfance est envahi par l'incrédulité et le manque d'enthousiasme. Même pendant l'enfance on rencontre parfois des événements qui ébranlent notre confiance en une personne ou en une chose. Toutefois, durant cette phase de la vie de l'individu, un autre imân occupe la place laissée vide par le premier imân (c'est-a-dire un imân allant dans une direction opposée a celle du premier), sans que l'enfant soit confronté a un doute prolongé. Mais pendant cette phase il ne souffre d'aucun sentiment d'incertitude et développe normalement en lui-même une confiance dans la direction opposée. C'est pour cette raison qu'un enfant change vite d'opinion et on remarque que des points de vue différents se succèdent rapidement chez lui. Par exemple, a un moment il ne semble pas en bons termes avec son camarade de jeu, a un autre moment il en redevient l'ami. Souvent pendant une même partie de jeu, cette scène se répète plusieurs fois.

Progressivement cette période prend fin et cède la place a l'adolescence, pendant laquelle ont lieu de nombreux développements physiques et mentaux.

L'un de ces changements est le fait que l'individu perd la foi en la justesse de beaucoup d'idées auxquelles il croyait auparavant, pendant son enfance. Il devient sujet a l'incrédulité et au manque d'enthousiasme, dont la portée varie d'une personne à l'autre. Certaines personnel percent foi presque en toutes choses et deviennent sceptiques.

Le doute constructif

L'incrédulité de l'adolescent peut être un facteur très efficace dans le développement de l'homme, a condition qu'elle soit accompagnée d'une sorte de ferveur et de confiance dans l'investigation et la recherche.

Seule cette sorte d'incrédulité peut être appelée "doute constructif". Bien que le fait de douter conduise a la destruction de tout ce à quoi nous croyions auparavant et que la reconstruction soit liée à la recherche et à l'investigation que nous entreprenons après cette destruction, nous considérons le doute comme une contribution à la reconstruction et l'appelons "doute constructif", étant donné que nous n'entreprenons des recherches et des investigations que lorsque les croyances instables de l'enfance auront été détruites.

Le rôle de l'imân encore

Normalement, l'incrédulité de l'adolescent le pousse à s'informer et à faire des recherches. On peut dire que dans cette phase il désire se défaire de ce qu'il a appris pendant la période de la pré-adolescence et, dans ce domaine, comme dans bien d'autres, il veut être indépendant et montrer qu'il n'est plus un enfant. Ce doute est donc accompagné d'une sorte d'imân (imân en lui-même, imân en sa volonté de s'appuyer sur ses propres forces de voir ce qu'il peut comprendre lui-même). Avec l'incrédulité de l'adolescence nous nous trouvons face à face avec un monde nouveau, un monde infini de choses inconnues. En ce moment-là un désir de savoir surgit et nous nous lançons dans des recherches et nous nous livrons à des investigations avec un grand espoir, et normalement avec imân, en ceci que nous pouvons désormais acquérir des informations plus pures et plus sûres sur ces choses inconnues en comptant sur notre propre capacité de reconnaissance; d'investigation et de recherche.

Si l'incrédulité de l'adolescence n'est pas suivie d'un désir positif de découvrir et d'une ardeur dans la recherche d'informations elle ne peut pas être qualifiée de constructive. Dans ce cas elle ébranlera notre confiance en toutes choses et ne nous apportera qu'un manque d'enthousiasme ennuyeux. Donc l'imân a un rôle positif dans la découverte durant la merveilleuse période de l'adolescence.

Le progrès scientifique et industriel est normalement le résultat d'efforts soutenus de ceux qui effectuent des recherches incessantes et qui, pour faire une découverte, procèdent à des centaines d'essais et d'épreuves. Parfois, pour s'assurer de la fiabilité d'une nouvelle idée scientifique ou industrielle qui leur vient à l'esprit, ils répètent la même expérience plusieurs fois. Vous avez pu observer quelques scientifiques autour de vous, et voir avec quelque application et quel zèle ils suivent leur travail, et quel éclat d'imân dans leur travail et leurs recherches scientifiques brille sur leurs visages. Il est possible que vous ayez eu vous-même l'expérience du plaisir de ces délices, exultation et imân.

L'imân constructif

Nous parlons du rôle de cet imân qui est constructif et qui conduit effectivement à l'action, et non de celui qui fait vivre d'espoir pendant une période de détresse sans donner une direction définie à la vie.

Bien que cette dernière sorte d'imân ait quelque valeur dans la vie humaine, ses mauvais effets ne peuvent pas être négligés. Laissons pour une autre occasion la question du pour et du contre de cette sorte d'imân, et notons seulement que le Coran ne considère pas cet imân comme suffisant pour la prospérité de l'humanité même en ce qui concerne la foi en Allah. Dix des versets coraniques disent expressément que le salut humain dépend de l'imân accompagné d'une action appropriée et proportionnée au but.

Les versets 82 et 277 de la sourate al-Baqarah peuvent être cités à cet égard. Dans la Sourate Yûnis, verses 22, la Sourate Al-'Ankabout, verses 65 et la Sourate Luqmân, verses 32, le Coran condamne sévèrement ceux qui ne prêtent pas beaucoup d'attention à Allah dans leur vie ordinaire et s'accommodent de toutes sortes de perversions, mais qui Le sollicitent dès qu'ils se trouvent dans des moments de détresse et de misère. Le Coran décrit en divers endroits les actions comme étant les pierres de touche de l'imân. Faisant allusion à ceux qui vantent leur foi, mais qui aux moments critiques évitent tout sacrifice, il dit: «Les hommes pensent-ils qu'on les laissera dire: "Nous croyons!" Sans les éprouver?» (Sourate al-'Ankabout, 29: 2)

Une liberté débridée n'est pas compatible avec la croyance à une idéologie

L'imân constructif et positif crée naturellement certaines obligations et restrictions. Dans la société humaine, chaque idéologie a ses propres règles auxquelles doivent souscrire ceux qui croient en elle. Même les nihilistes, qui n'acceptent aucun système, doivent observer certaines normes et règles. Les groupes qui forment des cercles fermés par refus du mode de vie conventionnel ne permettent pas à une personne conforme aux modèles normaux de se joindre à eux, car ils pensent que cela va à l'encontre de leur système. Si même un système de "non-système" appelle certains devoirs, comment petit-on s'attendre à ce qu'une idéologie constructive puisse ne pas impliquer des obligations morales et légales? Le secteur à l'esprit libéral de notre société doit savoir que fuir ses responsabilités ne s'accorde ni avec le réalisme ni avec la vraie mentalité libérale.

L'imân de l'enfance, malgré sa pureté et sa sérénité, est incomplet, parce qu'il ne procède pas d'une conscience accompagnée d'analyse. Il est, le plus souvent, une réponse involontaire à l'environnement dont il est une sorte d'écho. C'est pourquoi il ne peut pas fixer sa base en face des doutes de l'adolescence, et comme nous l'avons dit précédemment, il est ébranlé par l'assaut de la puberté.

Le fait est que pendant cette période de l'enfance, on ne peut s'attendre à rien de plus qu'un tel imân simple et superficiel. Mais pendant l'adolescence et la période qui la suit, nous pouvons avoir un imân conscient, un imân qui résulte de calcul, d'étude et d'analyse profonde. La somme de succès dans l'obtention d'un imân conscient, varie d'un individu à l'autre. Pour beaucoup de gens, le doute de l'adolescence est très simple et d'un effet limité. Il affecte un peu la plupart des questions auxquelles ils ont cru depuis leur enfance.

L'imân de telles gens, même pendant leur âge mûr, est plus ou moins la suite de ce qu'ils ont connu pendant leur enfance. Il devient seulement plus profond avec le temps. En tout état de cause, il ne peut pas être appelé "imân conscient". De telles gens, on les trouve couramment même parmi les classes qui ont reçu une haute éducation. Beaucoup de savants éminents, bien que brillants dans leurs domaines propres, ont suivi, sans un examen critique digne de leur position d'hommes instruits, la même doctrine ou la même tendance politique ou sociale que leur avait offerte leur environnement. L'Islam n'approuve guère une telle attitude. La plus haute source de l'autorité islamique, en l'occurrence le Coran, nous exhorte sans cesse à la délibération et à l'analyse logique. Il désapprouve l'attitude de ceux qui suivent aveuglément un système: «Ils disent: "Nous avons trouvé nos pères suivant tous la même voie, et nous sommes guidés d'après leurs traces." Ainsi, nous n'avons envoyé avant toi (O. Muhammad!) aucun avertisseur à une cité sans que ceux qui y vivaient dans l'aisance ne disent: "Nous avons trouvé nos pères suivant tous la même voie et nous marchons sur leurs traces"». (Sourate al-Zukhruf, 43: 22-23)

Le Coran dit aussi: «Lorsqu'on leur dit: "Venez à ce qu'Allah a révélé au Messager", ils répondent: "L'exemple que nous trouvons chez nos pères nous suffit". Et si leurs pères ne savaient rien? Et s'ils n'étaient pas bien dirigés?» (Sourate al-Mâ'idah, 5: 104)

Concernant la question de l'adoption d'une doctrine, le Coran insiste sur le fait que l'imân doit être fondé sur le savoir et sur une étude satisfaisante. S'il n'est pas fondé sur la connaissance, il est sans valeur, et on doit continuer de chercher la vérité.

Après avoir invoqué certains arguments logiques contre l'idolâtrie, le Coran dit: «La plupart des incrédules se contentent de conjectures en matière d'idolâtrie. Or la conjecture ne saurait prévaloir contre la Vérité. Allah sait parfaitement ce que vous faîtes». (Sourate Yûnis, 10: 36)

Du point de vue coranique, il est du devoir de l'homme qu'indépendamment des idées que lui ont inculquées ses parents ou qu'il a reçues de son environnement pendant son enfance, il exerce ses facultés de connaître et d'apprendre pour regarder attentivement lui-même et le monde qui l'entoure, et il doit continuer à contempler tranquillement jusqu'à ce qu'il parvienne à une conclusion bien déterminée qui poisse former la base de sa croyance et de sa conduite personnelle et sociale dans la vie.

La vision du monde

L'adoption d'un tel but et d'une telle direction de vie par quelqu'un a un lien direct avec sa vision du monde et du rôle que l'homme y joue. Comme cette vision est la seule sanction et infrastructure de toute idéologie, on doit être attentif en la choisissant et éviter d'être trop confiant ou superficiel à cet égard.

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UNE CONNAISSANCE PROFONDE ET BIEN DÉFINIE
 

Le Coran souligne qu'on ne doit poursuivre que le but dont on a une connaissance bien précise et claire: «Ne poursuis pas ce dont tu n'as aucune connaissance. II sera sûrement demandé compte de tout: de l'ouïe, de la vue et du coeur». (Sourate Banî Isrâ'il, 17: 36)

Une telle connaissance s'acquiert par la conviction et une preuve évidente:

«Avez-vous quelque autorité pour parler ainsi? Dites-vous sur Allah ce que vous ne savez pas?» (Sourate Yûnis, 10: 68)

«Tel est leur souhait chimérique! Dis: "Apportez votre preuve décisive, si vous êtes véridiques». (Sourate al-Baqarah, 2: 111)

«La supposition et la conjecture ne vous conduisent pas à cette connaissance: la plupart d'entre eux se contentent de conjectures. La conjecture ne saurait prévaloir contre la Vérité. Allah sait parfaitement ce que vous faîtes». (Sourate Yûnis, 10: 36)

Du point de vue du Coran, la conjecture n'a aucune valeur. Dans beaucoup de versets, elle est décrite comme un non-sens et une action aveugle (cf. Sourate al-An'âm, 6: 148, et Sourate Ale 'Imrân, 3: 154)

Le Coran mentionne plusieurs facteurs qui tendent à susciter la conjecture et à la mettre à la place d'une connaissance juste et précise.

1. La poursuite de bas désirs

Les bas désirs, tel la concupiscence, la cupidité et l'intérêt personnel, constituent un obstacle à la justesse de jugement et empêchement de trouver la vérité:

«Qui donc est plus égaré que celui qui se laisse guider par ses passions, sans la guidance d'Allah?» (Sourate al-Qaçaç, 28: 50)

2. Les coutumes des ancêtres

«Ils disent: "Nous avons trouvé nos pères suivant tous la même voie, et nous nous sommes guidés d'après leurs traces. C'était toujours ainsi". Nous n'avons envoyé avant toi aucun avertissement à une cité sans que ceux qui y vivaient dans l'aisance ne disent: "Nous avons trouvé nos pères suivant tous la même voie et nous marchons sur leurs traces".» (Sourate al-Zukhruf, 43: 22-23)

3. Une soumission aveugle aux grands et aux puissants

«Ils diront: "Notre Seigneur! Nous avons obéi à nos chefs, à nos grands et ils nous ont écartés de la voie droite». (Sourate al-Ahzâb, 33: 67)

Le complexe d'infériorité subjugue tellement l'homme et accable sa pensée au point qu'il cesse de penser lui-même et qu'il suit aveuglément les pensées, les modes et les habitudes des grandes puissances ou même des pays avancés. Un tel homme voit avec les yeux des autres, entend avec les oreilles des autres et pensent avec le cerveau des autres.

Le Coran a mentionné quelques organes à travers lesquels on peut obtenir une connaissance digne de confiance. Ce sont:

- les oreilles pour entendre

- les yeux pour voir

- le coeur pour comprendre.

«Allah vous a fait sortir du ventre de vos mères dans un état dont vous ne savez rien. IL vous a donné des oreilles, des yeux et des coeurs. Peut-être serez-vous reconnaissants». (Sourate al-Nihal, 16: 78)

Il n y a un autre verses qui dit:

«Puis IL l'a formé harmonieusement et IL a insufflé en lui de son Esprit. IL a créé pour vous des oreilles, des yeux et des coeurs. Vous êtes bien peu reconnaissants!» (Sourate al-Sajdah, 32: 9)

L'une des sources principales de notre connaissance est l'ouïe, à travers laquelle nous parvenons à connaître l'expérience, les investigations et les idées des autres. Nous avons connaissance de beaucoup d'événements par les autres personnes et d'autres sources dignes de foi.

Une autre source principale de notre connaissance est la vue et l'observation.

La troisième source en est la perception intérieure et la compréhension. La connaissance qui s'obtient à travers la vue, l'ouïe et l'observation interne demeure superficielle et de peu de valeur jusqu'à ce qu'elle soit plus étudiée, évaluée et analysée. Cette matière première doit être traitée dans la région du coeur afin qu'elle devienne digne de confiance, valable et propre à être acceptée et suivie.

Selon le Coran, la maturité de l'homme dépend de l'usage correct de ces facultés. Si celles-ci ne sont pas utilisées d'une façon appropriée, l'homme s'abaisse au niveau des animaux.

«Ils ont des coeurs, avec lesquels ils ne comprennent rien; ils ont des yeux avec lesquels ils ne voient pas; ils ont des oreilles avec lesquelles ils n'entendent pas. Ils sont semblables aux bestiaux, ou plus égarés encore. Ils sont insouciants». (Sourate al-A'râf, 7: 179)

Le rôle fondamental et étendu du coeur

Le Coran a décrit de plusieurs façons le rôle du coeur. Penser, réfléchir et comprendre sont quelques-unes de ses fonctions.

Penser signifie: fixer la date connue dans le but d'analyse, de composition, de comparaison et d'évaluation. On obtient comme résultat de ces processus des règles générales et des principes qu'on applique par la suite à des cas particuliers.

Réfléchir signifie: aller à l'intérieur des aspects cachés du phénomène apparent afin de trouver le chemin menant à la vraie vérité. Ce que nous pouvons découvrir par nos sens est seulement le reflet de ce qui est l'apparence présente des choses. Nos sens ne peuvent ni découvrir directement la vérité intérieure ni déceler la fin ultime d'un événement.

Par nos sens, nous pouvons connaître seulement ce qui est perceptible et observable; nos sens n'ont pas une capacité suffisante pour avoir accès à la vérité intérieure. Seules peuvent le faire, la pensée profonde, la réflexion et l'analyse mentale.

De là, la connaissance scientifique ne doit pas être fondée sur la crédulité, la divination, la conjecture, le jugement superficiel et la course vue. Elle doit être accompagnée d'une analyse mentale juste et d'une pensée profonde afin que le résultat soit clair, convaincant, digne de confiance et propre à être suivi.

La considération

Le Coran nous incite dans différents endroits à la considération, qui signifie: regarder les choses attentivement et avec curiosité et les observer soigneusement avec une pensée profonde. Considérez attentivement les versets suivants:

«Dis; "Considérez ce qui est dans les Cieux et ce qui est sur la Terre"». (Sourate Yûnis, 10: 101)

«Dis: "Parcourez la Terre et considérez comment IL donne un commencement à la création"». (Sourate Al-'Ankabout, 29: 20)

«Considérez quelle a été la fin des corrupteurs». (Sourate al-A'râf, 7: 86)

«Ne considèrent-ils pas comment les animaux ont été créés, comment le Ciel a été élevé, comment les montagnes ont été placées, comment la terre a été aplanie?» (Sourate al-Ghâchiyah, 88: 17-20)

Nous remarquons dans tous ces cas que la considération doit être si attentive, si exacte et si efficace qu'elle peut fournir une réponse à toute question et résoudre toute difficulté qu'on peut rencontrer. Elle doit être accompagnée d'une pensée profonde et d'une étude soigneuse.

Cette considération, réflexion ou contemplation est applicable à toutes les réalités du monde et n'est pas confinée à une sphère particulière. Le Coran recommande la considération dans divers domaines. Il dit par exemple: «Dans la création des Cieux et de la Terre, dans la succession de la nuit et du jour, il y a vraiment des Signes pour ceux qui sont doués d'intelligence, pour ceux qui pensent à Allah, debout, assis ou inclinés, et qui considèrent la création des cieux et de la terre. (Ils disent): "Notre Seigneur! TU n'as pas créé tout ceci en vain! Gloire à Toi! Préserve-nous du châtiment du Feu."» (Sourate Ale 'Imrân, 3: 190-191)

Il y a dans le Coran des centaines de versets similaires qui appellent l'homme à une étude fructueuse et à une investigation sur ce vaste monde. Concernant l'histoire, le Coran dit: «Raconte-leur les récits afin qu'ils puissent y réfléchir peut-être». (Sourate Al-A'râf, 7: 176)

Il y a d'autres versets qui considèrent les péripéties de l'histoire des anciennes nations, et les causes de leur progrès et de leur décadence comme une leçon à saisir:

«Nous leur montrerons bientôt Nos signes, dans l'univers et en eux-mêmes, jusqu'à ce qu'ils voient clairement qu'IL (Allah) est réellement». (Sourate Fuççilat, 41: 53)

Concernant la connaissance transmise par la révélation, le Coran dit:

«Ne vont-ils pas méditer le Coran? Ou bien les coeurs de certains d'entre eux sont-ils verrouillés?» (Sourate Mohammad, 47: 24)

La connaissance et la science

Dans l'usage moderne, le mot "connaissance" est limité au sens de connaissance scientifique. En réalité ce mot comporte deux sens.

"Connaissance" signifie d'une part toute forme d'apprentissage et d'information, de l'autre, elle signifie science, au sens exclusif de connaissance fondée sur l'expérience et l'induction. Avec la limitation du mot "connaissance" à la connaissance scientifique, un raisonnement fallacieux est apparu, selon lequel:

a) Toute information non fondée sur la connaissance est de peu de valeur, et de là, elle n'est pas convaincante.

b) La connaissance signifie "connaissance expérimentale", et de là, toute connaissance non obtenue par l'expérience est sans valeur et ne mérite pas d'être suivie.

Vous pouvez constater que dans la première phrase le mot "connaissance" est utilisé dans son sens le plus général et le plus large, et que par conséquent, elle donne une signification sur laquelle il ne peut pas y avoir de doute. Il est vrai que toute information non fondée sur la connaissance a peu de valeur. Mais dans la seconde phrase, le mot "connaissance" est employé dans un sens limité. Il en résulte qu'il y a des gens qui disent que seule la connaissance expérimentale est digne de confiance et valable. Ils vont si loin dans cette logique que pour croire à leur propre expérience, ils veulent trouver l'âme humaine à travers une opération chirurgicale et parvenir à Allah au cours d'un voyage spatial.

Un autre faux raisonnement

Nous avons remarqué comment le mot "connaissance" a été indûment limité à un sens étroit. Cette erreur a donné lieu à un autre raisonnement fallacieux.

Il est dit qu'étant donné que seule la connaissance expérimentale est digne de confiance, et que la vérité ne peut être prouvée que par l'observation et l'expérience, il en résulte que, rien qui ne pourrait être soumis à l'observation et au calcul mathématique n'a d'existence réelle. De cet énoncé, on a déduit qu'une réalité est seulement ce qui peut être établi au moyen de l'expérience, et que les choses non matérielles qui ne peuvent pas être testées dans un laboratoire n'ont pas manifestement de réalité, et qu'elles ne sont que des idées ou des notions conçues par l'esprit. Sur cette base, on a inféré en outre que le réalisme est une philosophie qui considère la matière seule comme une réalité, alors que l'idéalisme est cette approche du monde qui croit également au monde non matériel. Et comme la nature de la logique exige de nous de préférer le réalisme à l'idéalisme, l'approche matérialiste du monde est préférable à l'approche divine... Quel élan d'une claire pensée imaginative! Si nous pensons attentivement à l'argumentation ci-dessus, nous pouvons remarquer facilement combien elle est peu scientifique! En fait, elle n'est rien qu'un raisonnement fallacieux. Si nous considérons le réalisme et l'idéalisme respectivement au sens de pensée réaliste et pensée imaginative, il n'y a pas de doute que la première a la priorité sur la seconde. Mais nous devons voir quelle est la portée de la réalité, et ce qui peut être appelé réaliste.

La réalité objective est ce qui existe effectivement. Elle peut être matérielle ou non matérielle. Il n'est pas essentiel qu'une chose qui existe soit nécessairement matérielle. De la même façon, il n'est pas essentiel que toute chose basée sur la connaissance soit observable en laboratoire.

De là, le réalisme divin est la croyance à des réalités matérielles ou non matérielles, et non pas une croyance à des notions purement conceptuelles et à des idées imaginaires. Ceux qui croient à l'approche divine du monde affirment qu'ils ont atteint la Vérité Absolue à travers la perspicacité et la connaissance. Ils l'ont trouvée et ne l'ont pas tout simplement conçue.

C'est une vérité indiscutable qui a été malheureusement mal présentée et incorrectement interprétée.

L'Islam a sa propre vision du monde, qu'on doit comprendre correctement, car sans la connaître il n'est pas possible de comprendre les enseignements islamiques concernant beaucoup d'autres domaines de la doctrine et de la pratique.

Du point de vue islamique, le monde est une somme de réalités très variées, mais corrélatives, qui ont une existence et continuent de naître par la Volonté d'Allah, l'Unique, l'Omnipotent et l'Omniscient. Le monde est constamment changeant et en mouvement. Il est un mouvement fondé sur la Bonté et la Bénédiction, et dirigé vers une perfection progressive, c'est-à-dire que chaque être parvient au degré de perfectionnement qui lui convient. Par Sa Miséricorde infinie, Allah a voulu que dans la marche évolutive du monde, chaque chose fût pré-planifiée et fondée sur une série de lois promulguées par Lui. Le Coran a désigné ces lois par le terme: "Pratique divine".

Du point de vue de l'Islam, l'homme est un phénomène en devenir et un être créatif qui détermine lui-même son avenir. C'est pour cela qu'il est doté de deux dons:

1.- La faculté d'acquérir une connaissance vaste et sans cesse croissante sur lui-même et sur l'univers;

2. - La volition.

La vision islamique du monde peut-être résumée comme suit:

- Le réalisme

- Une pensée correcte

- Le monothéisme

- La préparation de l'avenir par un effort conscient

- L'acquisition de la connaissance par la réflexion et l'expérience

- La perception de la connaissance à travers la Révélation

- L'acquisition du plus possible de connaissance par un système stable d'action et de réaction incluant des réactions immédiates, à long terme et même permanentes.

La vision islamique consiste en la connaissance, la liberté et la responsabilité. C'est une vision d'espoir, d'optimisme et de possession du but.

Pour expliquer davantage ces points, nous nous proposons d'en traiter longuement.

Le réalisme

Comme nous l'avons souligné, selon le point de vue de l'Islam l'univers est une somme de réalités très variées, mais corrélatives qui sont constamment en changement et en mouvement. Il est venu à l'existence par la Volonté d'Allah. L'Islam exige de l'homme qu'il garde présent à l'esprit ce fait lorsqu'il fait connaissance avec lui-même et avec le monde. Il doit reconnaître toute chose telle qu'elle est réellement et dans toutes ses dimensions et ses relations.

Il n'y a pas d'exception au principe de réalisme au stade de la reconnaissance. Mais l'homme peut-il être réaliste au stade de l'action? Au stade de l'action, le réalisme a deux aspects qui doivent être distingués l'un de l'autre.

Parfois, on dit que l'homme doit toujours être réaliste et pratique. Par pratique nous entendons qu'on doit se soumettre aux réalités présentes et ne jamais essayer de leur résister.

L'Islam n'approuve pas cette sorte de réalisme et le considère comme incompatible avec la position de l'homme, sa mission et la force créative dont il est doté. L'homme de l'Islam n'a pas le droit de se soumettre facilement à son environnement physique et moral sous prétexte qu'une personne sensible ne doit pas se brouiller avec les réalités.

Un autre aspect du réalisme est que l'homme doit prendre en compte les limites de ses facultés intellectuelles et pratiques lorsqu'il fait des efforts pour se réformer et réformer son environnement. Il doit découvrir le meilleur moyen de mobiliser ses potentialités et de contourner ou de surmonter les difficultés qui se dressent devant lui. Ce faisant, il doit toujours être réaliste et ne doit jamais surestimer ses potentialités. Cette sorte de réalisme au stade de l'action est approuvé par l'Islam, et fait partie, en réalité, du réalisme au stade de la reconnaissance. L'Islam a signalé à l'homme qu'il peut changer seulement une partie des réalités du monde, et non pas toutes. La capacité de changer la réalité diffère d'une personne à l'autre et d'un stade à l'autre de la vie de l'individu et de la société.

Une pensée correcte

L'Islam insiste beaucoup sur le fait que l'homme doit faire attention au rôle fondamental d'une pensée et d'une connaissance correctes dans sa vie, et qu'il doit réaliser que son salut dépend d'elles. Le Coran dit à cet égard:

«Annonce la bonne nouvelle à Mes serviteurs qui écoutent le conseil (et y réfléchissent attentivement) et qui suivent le meilleur de ce qu'il contient. Voilà ceux qu'Allah dirige! Ils sont doués d'intelligence!» (Sourate al-Zumar, 39: 17-18)

Dans beaucoup d'autres versets, le Coran s'adresse à plusieurs reprises aux "hommes doués d'intelligence", "gens qui pensent", "gens qui comprennent", et aux "gens qui se rappellent" et il demande aux gens sages, sensibles et réfléchis de penser correctement et de ne pas tomber dans les pièges semés sur le chemin de l'intellect.

L'Islam exige de l'homme qu'il mette en action ses facultés intellectuelles et créatives toujours en développement, qu'il opère les changements nécessaires dans son environnement naturel et social, et qu'il crée de nouvelles choses utiles afin d'être mieux armé pour s'assurer, et assurer aux autres êtres humains, une vie meilleure et plus décente, et qu'il ne se soumette pas tout de suite aux réalités existantes. De là, l'homme doit, selon l'optique de l'Islam, se préoccuper davantage de son but que des réalités existantes.

L'homme de l'Islam

La partie la plus intéressante de la vision islamique du monde concerne l'homme et le point de vue coranique sur cet être éminent. En effet, selon le point de vue du Coran, l'homme n'est pas un être naturel, c'est-à-dire qu'à la différence des autres créatures, il n'a pas à suivre un cours ou une carrière, fixe et inaltérable.

L'homme: l'Etre qui se fait lui-même et qui choisit

Le Coran considère l'homme comme un être responsable de lui-même. Il a à cet égard un rôle divin. Il est en partie être matériel et en partie être divin. Selon les termes du Coran, l'homme a été créé d'argile, mais un esprit divin lui a été insufflé. Dans ses diverses capacités d'être, bien et mal sont mêlés. Il est doté de la faculté d'exercer sa volonté et de choisir sa voie.

Le Coran dit:

«Nous avons créé l'homme, pour l'éprouver, d'une goutte de sperme et de mélanges. Nous lui avons donné l'ouïe et la vue. Nous lui avons montré le droit chemin. Après quoi, il lui appartient d'être reconnaissant ou ingrat». (Sourate al-Dahr, 76: 2-3)

L'homme a plus de capacité intellectuelle que toute autre créature! Sur le plan de l'acquisition du savoir, il dépasse de loin même les anges. Au début de sa genèse il a appris des choses que les anges ne connaissaient pas.

Le Coran dit à cet égard:

«IL apprit à Adam le nom de tous les êtres; pais IL les présenta aux anges et dit: "Faites-Moi connaître leurs noms, si vous êtes véridiques." Ils répondirent: "Gloire à Toi! Nous ne savons rien en dehors de ce que Tu nous a enseigné; Tu es, en vérité, Celui qui sait tout, le Sage." Puis IL dit: "O Adam! Fais-leur connaître leurs noms", et lorsqu'Adam leur eut dit leurs noms, Allah dit: "Ne vous ai-JE pas dit que JE connais le mystère des Cieux et de la Terre?"» (Sourate al-Baqarah, 2: 31-33)

L'homme a le grand avantage de posséder un vaste domaine dans lequel il peut s'assurer un pouvoir en acquérant la connaissance. Il a la capacité pratique d'exécuter ses désirs. Il est également capable de choisir sa voie et sa direction. Donc le Créateur du monde l'a fait supérieur à Ses autres créatures. «Nous avons ennobli les fils d'Adam. Nous leur avons accordé d'excellentes choses et Nous leur avons donné la préférence sur beaucoup de ceux que nous avons créés». (Sourate al-Asrâ', 17: 70)

Le grand dépôt

Le 72ème verses de la Sourate al-Ahzâb décrit les pouvoirs dont l'être humain a été doté, comme étant un grand et appréciable dépôt que seule l'homme mérite. C'est lui seul qui a pu l'accepter, car malgré leur grandeur, les cieux, la terre et les montagnes ont décliné une telle responsabilité.

En effet, le Coran dit:

«Nous avions proposé le dépôt de la foi aux Cieux, à la Terre et aux montagnes. Ceux-ci ont refusé de s'en charger, ils en ont été effrayés. Seul, l'homme l'a assumé». (Sourate al-Ahzâb, 33: 72)

La personnalité humaine

La personnalité de l'homme dépend de sa façon de préserver ce "Grand Dépôt" divin, c'est-à-dire, de sa capacité de choisir sa voie de conduite. Son bien-être dépend de l'utilisation de ce pouvoir de la façon la plus avantageuse. La société humaine reste humaine seulement tant que chaque individu y est libre de penser pour lui-même et de se choisir le mode de vie qu'il estime le meilleur. Si l'homme pense comme les autres veulent qu'il pense, et qu'il fait ce que les autres veulent qu'il fasse, il n'est plus une personne. Il devient un simple objet qui manque de volonté humaine et de personnalité indépendante. Si ses actions sont planifiées par d'autres, il ne peut plus ni planifier ni choisir lui-même.

La plus grande et la plus pénible dégradation dont l'homme de ce siècle ait souffert et qui résulte de la vie mécanique moderne est le fait d'avoir été privé de son humanité et réduit à n'être qu'un simple rouage d'un énorme système mécanique compliqué. Dans beaucoup de cas, la valeur économique de son travail est très inférieure à celle de la machine qu'il côtoie. C'est la philosophie matérialiste qui, plus que toute autre chose, a préparé la voie à une telle situation humiliante. Mais finalement, le dépôt qu'il détient a remué l'homme de ce siècle, qui essaie maintenant de détacher de son cou le joug de l'esclavage des machines. Dans le présent état de mi-sommeil mi-éveil, il est à l'affût d'un système intellectuel et social susceptible de l'aider de recouvrer sa dignité humaine.

L'émancipation humaine

Du point de vue islamique, le seul moyen pour l'homme de se sortir de sa mauvaise passe est de se débarrasser de son égoïsme et d'adorer Allah. Un homme qui pense seulement à ses désirs matériels, et dont les efforts ne visent qu'à l'obtention d'une meilleure nourriture, de meilleures vêtements et de meilleures facilités de jouir sexuellement, ou qui cherche jour et nuit le faste et le lucre, ne peut guère être un homme libre. II peut facilement être séduit puis dominé par ceux qui peuvent mettre à sa disposition les moyens de jouissance. Mais si l'homme est attaché à Allah et cherche le plaisir d'être proche de Lui plus que toute autre chose, il peut alors garder le contrôle de ses passions et satisfaire avec modération ses désirs sans en devenir l'esclave. Un tel homme peut renoncer à ses désirs, s'il le faut, pour obtenir la satisfaction d'Allah, qui est plus précieuse que toute autre chose. Allah le récompensera pour son sacrifice, d'une façon meilleure et plus pure dans le monde éternel. Le Coran dit:

«On a enjolivé aux gens l'amour des choses désirables tels que femmes, enfants, lourds amoncellements d'or et d'argent, chevaux de race, bétail, terres cultivées. Tout ceci est une jouissance éphémère de la vie de ce monde; mais c'est auprès d'Allah que se trouve la meilleure demeure. Dis: "Vous annoncerai-je une chose meilleure pour vous que tout cela?" Ceux qui craignent leur Seigneur trouveront pour toujours, auprès de Lui, des Jardins où coulent des ruisseaux, des épouses pures, et la satisfaction d'Allah. Allah voit parfaitement Ses serviteurs. Ceux qui disent: "Oui, nous avons cru! Pardonne-nous nos péchés, préserve-nous du châtiment du Feu." Ceux qui sont patients, qui disent la vérité, qui sont dévoués dans leurs prières, qui dépensent leurs biens pour la cause d'Allah et qui implorent le pardon pendant les heures de veille». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 14-17)

Un homme religieux s'intéresse naturellement à tous les bienfaits, de ce monde et de l'autre monde. Mais pour lui, faire plaisir à Allah est au-dessus de toute autre chose. Le Coran dit: «Allah a promis aux croyants et aux croyantes des Jardins où coulent les ruisseaux. Ils y demeureront immortels. IL leur a promis d'excellentes demeures situées dans les Jardins d'Eden. La satisfaction d'Allah est préférable: voilà la réalisation suprême». (Sourate al-Baqarah, 9: 72)

En réalité un homme altruiste et dévot aime Allah plus que toute autre chose: «Certains hommes associent à Allah des objets d'adoration. Ils les aiment comme on aime Allah; mais les croyants sont les plus zélés dans l'amour d'Allah». (Sourate al-Baqarah, 2: 165)

Le meilleur signe de l'amour d'Allah est que pour obtenir Son plaisir. Un homme doit être toujours prêt à sacrifier sa vie, sa femme, ses enfants, son foyer, sa maison, sa fortune et ses biens, car aucun de ces bienfaits ne pourrait remplacer Allah dans son coeur.

Un lien avec l'Éternité

Un tel homme ne se voit jamais esseulé, perplexe et sans dignité. Il se sent attaché par un lien infini à l'éternité, à la majesté et à la perfection. Il se sent un être qui ne peut jamais être annihilé et dont la mort même est le commencement d'une nouvelle ère de la vie.

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LA SOURCE DE LA CRÉATION
 

Pour faire une étude sur les sources de la création et la cause première du développement de l'univers, il est nécessaire de prendre soigneusement en considération les points suivants.

1. Le monde est une réalité

Le monde est une réalité qu'on peut sentir, observer et percevoir. Il n'est ni quelque chose d'imaginaire ni une vue de l'esprit de personne. C'est une réalité absolue et incontestable, indépendamment de ce que nous en pensons et indépendamment du fait que ses phénomènes soient connus ou non de l'homme et que leur existence réponde ou non à un usage quelconque.

Du point de vue de la connaissance expérimentale aussi, l'existence de l'univers est incontestable, car ses phénomènes sont soumis à l'investigation scientifique et à la recherche. Si sa réalité avait été douteuse, tous les efforts et les recherches scientifiques auraient été inutiles et vains.

2. Le monde est bien organisé

L'homme a réalisé, par l'observation, l'expérimentation et le calcul, que le monde est bien organisé. Il y a des relations définies entre ses éléments et ses phénomènes, et il est gouverné par des lois rigoureuses. Normalement, l'objet de toute recherche scientifique est la découverte de ces mêmes lois et de leurs relations. L'existence de cette organisation scientifique est d'autant plus déterminée qu'aucun événement naturel n'est considéré comme fortuit et sans relation avec d'autres phénomènes.

Si on trouve que la cause d'un phénomène est inconnue, on procède à de nouvelles investigations pendant des années et ce jusqu'à ce qu'on découvre cette cause. D'autre part, si une loi est découverte, sa généralité et sa solidité sont considérées comme si sûres que sur sa base on établit de grands outillages industriels et on fabrique des milliers d'instruments et d'appareils.

Ainsi, le monde et toutes ses dimensions ont des relations systématiques à tous les niveaux, corrélations si précises et si complexes qu'elles sont à l'évidence bien calculées. Le progrès de la science a révélé l'existence de lois définies régissant les phénomènes naturels. «Le Soleil et la Lune se meuvent d'après un calcul. Les plantes et les arbres se soumettent à Son Commandement. IL a élevé le Ciel et IL a établi la balance». (Sourate al-Rahmân, 55: 5-7)

3. Le "devenir" et sa cause

Nous constatons un changement et un développement continuels dans tous les phénomènes naturels. Ce changement est plus évident et plus frappant chez les êtres vivants. Un arbre grandit. Il porte des fleurs qui s'ouvrent progressivement, puis elles se fanent. Les fleurs mûrissent lentement pour devenir fruits et graines.

Les cellules du germe humain se développent lentement et se transforment en un embryon. Celui-ci se développe continuellement et sans cesse jusqu'à ce qu'il soit libéré. Puis le nouveau-né continue à grandir jusqu'à ce qu'il vieillisse et devienne une personne âgée.

Le "devenir" peut être défini comme le fait de se continuer et exister graduellement. A chaque stade un être est différent de ce qu'il a été et de ce qu'il sera. Mais en tout cas, il y a un lien entre "ces êtres" (les différents stades d'un même être) qui constituent somme toute un seul "être se continuant".

Mais il reste à savoir ce qui cause ce "devenir". Quelle est la source de ce "faire", "mélanger" et "trouver"? Pourquoi ce développement fondé sur un calcul précis et systématique se produit-il ?

4. La cause du développement et des changements systématiques

L'harmonie et la composition méthodique qu'on trouve dans des millions de phénomènes naturels exigent un facteur approprié. Pour son développement, une plante a besoin, selon certaines proportions, d'un mélange de sol, d'eau, d'énergie solaire et de composants de l'air, afin de pouvoir fleurir et s'épanouir. Quel est donc le pouvoir qui arrange ce travail d'ensemble, cette attraction mutuelle et cette influence mutuelle? Pourquoi des éléments divers en quantité précise et dans des conditions spécifiques viennent ensemble pour produire l'effet recherché?

5. Ce n'est pas un accident

Si vous prenez une poignée de caractères d'imprimerie, que vous les mettez dans une boule et que vous les mélangez bien pour les jeter ensuite sur une surface propre, quelle est la probabilité pour que ces caractères se disposent de manière à constituer ensemble tout un poème d'un célèbre poète? Naturellement une telle probabilité est pratiquement nulle.

Ou bien encore, placez une machine à écrire devant un enfant de deux ans et laissez-la appuyer sur les touches avec ses petite doigts. Après qu'il aura joué pendant une demi-heure avec le clavier, vérifiez s'il a tapé un extrait d'un traité philosophique d'Avicenne en arabe. Qu'une telle proposition est extravagante! Est-ce là une conception rationnelle que d'envisager même une telle possibilité?

Il a été dit que la probabilité de la combinaison accidentelle de la matière première et des conditions qui précèdent la venue à l'existence d'une cellule vivante est égale à 10-16.

Selon un scientifique, la probabilité de l'existence accidentelle de la chaîne matérielle nécessaire à la venue à l'existence d'une simple particule de protoplasme est égale à 10-48.

Donc, il est évident que tous ces changements et le développement du "devenir" sont gouvernés par des lois scientifiques précises et bien calculées et résultent de la combinaison d'éléments divers et de conditions précises. La science a rendu un grand service en découvrant que rien n'est accidentel ni fortuit.

6. La cause du "devenir" est-elle une contradiction?

Selon la théorie du matérialisme dialectique, toute chose matérielle porte en elle le germe de sa mort ou un germe de contradiction interne qui conduit à sa destruction. En tout cas, du coeur même de la mort naît une nouvelle vie.

En d'autres mots, dès qu'une idée, un incident ou toute thèse vient à l'existence, elle suscite une opposition à elle-même de l'intérieur d'elle-même. Cette opposition est appelée anti-thèse. Plus tard, à la suite d'une lutte entre les deux (la thèse et l'anti-thèse) une synthèse ayant une forme plus développée, naît d'elle.

Ainsi, la cause fondamentale du développement de toute chose réside en elle-même et non pas en dehors. Cette cause est la nature contradictoire de toute chose et de tout phénomène, et c'est elle qui produit tout mouvement et toutes les contradictions. Dans les règnes végétal et animal, tous les développements naturels sont produits essentiellement par des contradictions internes. La même cause s'applique à tous les autres développements du monde.

Ainsi, chaque chose sort d'une matière, et le facteur causant son développement réside en elle-même. Toute chose est accompagnée de contradiction et de conflit qui tendent toujours à l'évolution.

Maintenant, voyons si la matière peut réellement avoir tout ce pouvoir? A quel point cette théorie est-elle scientifique et jusqu'à quel point est-elle corroborée par des expériences très approfondies? Ce principe est-il réellement universel? Chaque changement et chaque développement tendent-ils réellement à l'évolution, ou bien y a-t-il des cas dans lesquels ce principe n'est pas applicable? La contradiction est-elle toujours le facteur principal qui explique ce mouvement, ou bien les forces d'attraction et de cohésion jouent-elles aussi un rôle dans beaucoup de cas?

Nous allons répondre à ces questions au cours de nos prochaines explications.

Lorsque la science moderne discute de différents systèmes organiques et inorganiques composés de groupes qui comportent des éléments matériels homogènes, elle les place dans dix classes ou niveaux ascendants et les divise en systèmes ouverts et fermés. Elle constate que:

Seuls les systèmes ouverts peuvent, dans certaines circonstances spécifiques, maintenir leur capacité d'auto-préservation, de propagation et d'évolution. Un système ouvert est un groupe de choses qui comportent un chaînon de conversion en d'autres choses. Par exemple, il assimile la nourriture et l'énergie et évacue ce qui est superflu ou nuisible.

Mais les systèmes fermés à petite capacité de conversion et de propagation ne peuvent rien faire à part eux-mêmes. Il est important de noter que les systèmes fermés ne produisent normalement aucun changement automatique, et même s'ils ont une vie et un mouvement, le changement qui se produit en eux est accompagné de leur décadence et ils percent leur énergie effective et leur efficacité.

Accessoirement, seuls les systèmes comprenant des éléments vivants et ayant une finalité peuvent avoir un changement évolutif tendant à accroître leur disposition à la formation et leur efficacité tendant à leur expansion.

Aucune matière simple ou composée, ni aucun système fermé, ne peuvent se former sans aide extérieure. D'une façon similaire, aucune collection de diverges sorts de matière, ni aucun groupe de systèmes, n'ont le pouvoir de créer et de diriger une automaticité méthodique bien ordonnée et un arrangement ou un système évolutif. Pour cette raison, toute sorte de matière exige individuellement et collectivement quelque contact ou aide extérieurs.

Comme il est évident maintenant qu'un tel arrangement ne peut émerger automatiquement de l'intérieur de la matière, nous devons chercher un facteur extérieur pour expliquer son existence, et comme nous savons que l'arrangement existent est bien calculé et méthodique, ce facteur-là doit avoir une conscience et une volonté de le créer.

La contradiction ou l'attraction et la cohésion?

Il est vrai que dans beaucoup de cas de changements sociaux, la série dialectique de thèse, anti-thèse et synthèse est clairement observable, et qu'un ordre nouveau émerge conséquemment à la contradiction. En d'autres termes, dans de tels cas, le changement et l'évolution du système social sont dus à la contradiction. Nous traiterons de ce sujet d'une façon plus poussée lorsque nous aborderons la philosophie de l'histoire. En tout cas, cette relation entre la société et la contradiction n'est pas applicable à tous les autres cas dans le cosmos et elle n'est ni universelle ni constante dans le cas de la société.

Si nous considérons attentivement les phénomènes du monde et les étudions scientifiquement au lieu de nous adonner à des fantaisies poétiques, nous trouverons qu'il y a de nombreux cas où prévalent une tendance toute autre, et une loi totalement différente. Considérons par exemple les cas suivants:

Les phénomènes physiques et mécaniques, tels que l'échauffement et l'expansion des corps, la fonte, l'évaporation, le passage du courant électrique, la communication des sons, le mouvement des corps, le changement réactif des formes, etc... tous sont dus à l'action de certains types d'énergie et ne sont pas le résultat de l'établissement de la chaîne dialectique.

Dans le cas des actions et réactions chimiques, nous trouvons souvent que deux éléments ou plus s'unissent par l'action de l'énergie, mais qu'aucun d'eux ne surgit de l'autre.

Dans certains autres cas ce qui se produit c'est l'éclatement qui est le contraire de la synthèse. Accessoirement quelques corps en action et réaction tendent à se combiner et n'ont pas de contradiction. Dans le domaine de la vie, nous trouvons, bien sûr, trois stades consécutifs: la naissance, la maturité et la mort, mais là aussi nous trouvons une différence fondamentale. Tout d'abord, la reproduction ou la naissance (antithèse) à partir (de l'intérieur) de la thèse n'est pas possible sans l'intervention d'une autre thèse (le mâle). En d'autres termes, la création d'une chaîne monophasée intérieure n'est pas possible. Deuxièmement, la combinaison de deux thèses se produit à travers l'attraction et l'affection et non pas à la suite de la contradiction et de la lutte. Troisièmement, entre mère et enfant, ou thèse et antithèse, il existe une relation d'octroi de vie et de sacrifice au lieu d'opposition et de destruction.

Lorsque nous approfondissons la matière qui forme le cosmos, nous trouvons une grande bousculade et un remue-ménage d'électrons et de noyaux mais nous ne trouvons pas de trace du mouvement à trois phases de thèse, antithèse et synthèse. Par contre nous trouvons des atomes ou des particules tournant les uns autour des autres. Seulement, lorsqu'ils sont bombardés par d'autres atomes de l'extérieur, ils éclatent parfois et se convertissent en nouveaux atomes.

Par conséquent, la règle de la lutte entre la thèse et l'antithèse et leur synthèse subséquente n'est pas universelle ni applicable à tous les cas. La face dynamique du monde est en fait façonnée aussi bien par l'impact mutuel des éléments ou des molécules que par d'autres facteurs en communication réciproque. Leur impact est à l'origine d'événements tels que la mise en mouvement des choses, leur combinaison, leur éclatement, leur échange et même leur désintégration, dans de circonstances exceptionnelles.

Au lieu de la loi générale de la naissance, de la lutte et de la combinaison, il y a une chose plus générale qui est la venue ensemble, la combinaison et la naissance.

Notre monde est celui de l'union, où les choses viennent ensemble, soit pour se combiner, soit pour se dissoudre. Il n'est pas celui d'entités donnant naissance à des contradictions.

En tout cas, l'idée n'est pas que nous devrions croire en Allah tout simplement parce que la loi dialectique n'est ni universelle ni à cent pour cent scientifique, ni que s'il n'y a pas d'objection scientifique qui puisse être émise à l'encontre des principes dialectiques, ceux-ci devraient prendre la place de Dieu. Ce n'est point comme cela qu'on doit raisonner, car:

Primo, nous savons que Hegel, le fondateur et l'inspirateur de la philosophie dialectique au siècle dernier, était un homme qui croyait lui-même en Dieu et qu'il est arrivé, par ses propres théories, à la conclusion que le monde n'a ni volonté absolue ni conscience.

Secundo, même si les principes dialectiques étaient présumés corrects et à l'abri de toute objection scientifique, cela signifierait seulement que nous aurions tout juste découvert une autre loi du développement et de l'évolution de la nature et de la société. La découverte des lois naturelles ne signifie pas que nous n'ayons plus besoin de législateur et de dessinateur de la nature. La force qui aurait produit à travers le pouvoir de contradiction, des milliards de galaxies et d'autres phénomènes merveilleux à partir de la matière, serait en elle-même, un signe de l'existence d'une guidance instruite et d'une conscience sage, qui aurait mis dans la matière le pouvoir de créer un tel arrangement méthodique, et qui aurait été à l'origine d'un monde si bien calculé.

* * *
 
LE MONDE EST
UNE RÉALITÉ DÉPENDANTE
 
 

L'Islam considère ce monde avec toute sa grandeur, son étendue, ses merveilles, et toutes les corrélations entre ses divers phénomènes, comme une réalité homogène dépendante d'une autre réalité qui est indépendante, souveraine et suprême. Nous appelons cette réalité indépendante, Allah. Comme toutes autres réalités imperceptibles, IL est reconnu par Ses signes perceptibles. C'est à travers ces signes que nous obtenons sur Lui une connaissance appréciable et utile.

Les Signes d'Allah

Le Coran, qui est la source fondamentale de la connaissance de la vision islamique du monde, mentionne à maintes reprises les signes d'Allah et demande aux hommes d'y penser, et de connaître à travers eux la source de l'existence qu'est Allah. Pour certaines gens, la considération de ces signes est une question simple et naturelle. Cette considération est à même de les convaincre totalement de l'existence d'Allah. Ils peuvent ainsi LE voir non pas avec leurs yeux, mais avec leur perspicacité intérieure. Mais pour d'autres hommes, ladite considération n'est pas simple, parce qu'ils sont accoutumés à d'interminables raisonnements et analyses au cours desquels ils se sentent parfois fatigués des arguments contraires et compliqués et ne parviennent pas à une conclusion définitive, alors que d'autres continuent calmement jusqu'à ce qu'ils parviennent à un résultat clair.

Pour aider et guider chacune de ces deux catégories de gens, nous proposons de mentionner quelques formes de reconnaissance d'Allah à travers Ses Signes.

1. Le Phénomène et Son Producteur

Supposons que vous fassiez une promenade à bicyclette. Les roues de celle-ci tournent rapidement et vous permettent de vous mouvoir. Est-ce que les roue se mettent automatiquement en mouvement? Bien sûr que non. C'est le mouvement de la roue dentée disposée dans la roue arrière de la bicyclette qui la pousse en avant. Mais est-ce que la roue dentée se met en mouvement toute seule? La réponse est là aussi négative. C'est la pression du mouvement de la chaîne qui met la roue dentée en mouvement. Ce mécanisme est lui-même mis en oeuvre par la pression de vos pieds sur les pédales. Les muscles de vos pieds reçoivent un signal du cerveau. Le signal est transmis par votre cerveau à cause de votre vif désir de faire une promenade. Ce désir peut être dû à une lassitude, un surmenage, ou à votre vivacité et votre soif de réjouissance. La lassitude ou la vivacité doivent avoir, comme tous les autres états psychologiques, une cause qu'on peut trouver avec un peu d'effort.

La doctrine de la causalité

Cet exemple, comme bien d'autres dans la vie courante, montre que chaque fois que l'homme rencontre un phénomène, son esprit en cherche la cause, car il croit que chaque chose a une cause. En fait, la doctrine de la causalité est à la source de toutes les sortes d'enquêtes et de toutes les recherches scientifiques. L'adhésion de l'homme à cette doctrine s'est renforcée avec le progrès de la science et de l'industrie. Un physicien, un anthropologue ou un sociologue s'efforcent de découvrir la cause de chaque événement, uniquement parce qu'ils ne peuvent croire que quelque chose de physique ou de social puisse arriver spontanément et sans l'intervention d'une cause. Pour aboutir à la cause correcte, ils recourent à des centaines d'expériences et entreprennent des études et des analyses. Si toutes leurs études et expérimentations aboutissent à un résultat négatif, ils les poursuivent pourtant, mais sur la base d'une nouvelle théorie, et ils ne cessent pas leurs efforts jusqu'à la fin de leur vie, à moins qu'ils ne parviennent à des résultats positifs avant. S'ils meurent, d'autres scientifiques poursuivent leurs travaux inachevés dans l'espoir de trouver la ou les causes en question, mais ils ne se permettent jamais de croire ou de supposer qu'une chose puisse venir à l'existence sans cause.

A ce propos, on doit garder présent à i'esprit que nous ne nous efforçons pas de découvrir la cause d'une chose qui existe déjà comme une pure réalité. Nous nous efforçons de découvrir l'origine et la cause d'une chose seulement lorsque nous remarquons que c'est un phénomène, c'est-à-dire quelque chose qui n'a pas existé avant et qui existe maintenant.

Si nous réfléchissons sur ce point d'une façon adéquate nous découvrirons que dès que notre esprit examine une réalité, il ne se pose pas la question de savoir si celle-ci devrait avoir ou non une cause. Il la considère tout d'abord pour vérifier si elle est ou non un phénomène, c'est-à-dire si elle était existante ou inexistante auparavant. Au cas où il s'agit d'un phénomène, en ce monde là seulement, notre esprit décide qu'il doit y avoir une cause qui lui a donné naissance. Donc tout ce qui existe n'exige pas forcément une cause. Seul un phénomène en nécessite une.

Le monde des phénomènes

Notre monde est plein de phénomènes, c'est-à-dire de choses qui n'existaient pas à un certain moment, mais qui existent maintenant, et de choses qui n'existent pas, et qui vont venir à l'existence. Chaque phénomène doit avoir son ou ses producteurs. Si ce producteur est un auto-existent, éternel, et non pas lui-même un phénomène, alors tout le problème est résolu et on n'a pas besoin de poser encore d'autres questions. Mais si le producteur est lui aussi un phénomène, il doit avoir alors naturellement un producteur qui lui est propre.

La recherche du producteur doit donc continuer jusqu'à ce que nous parvenions à une réalité qui ne soit pas elle-même un phénomène. Une telle réalité sera éternelle et indépendante de toute cause.

Notre monde étant un monde de phénomènes, il est un signe clair de l'existence d'un être omnipotent et omniscient qui l'a produit. Donc un homme réfléchi et curieux trouve par ce processus une preuve déterminante de l'existence d'Allah.

2. L'harmonie des choses existantes

Si nous regardons attentivement les choses existantes au tour de nous, nous remarquons leur harmonie, et leurs corrélations sujettes à un ordre si déterminé, qu'il attire l'attention de l'homme sur son premier vrai contact avec la nature. Le progrès des sciences physiques a rendu l'homme capable d'avoir une meilleure connaissance de ce système puissant, un système qui prévaut aussi bien dans les plus minuscules ingrédients que dans des éléments infiniment plus grands, aussi bien dans l'atome que dans les galaxies proches ou lointaines, dont certaines sont distantes de nous de 350 millions d'années-lumière(1).

Le plus merveilleux est le cas du système qui prévaut dans les organismes vivants, depuis les êtres unicellulaires jusqu'aux animaux les plus développés, l'homme notamment. Vous avez dû lire beaucoup sur ces choses, dans vos livres de science au cours de votre scolarité. Maintenant, réétudiez ces choses-là, non dans le but de répondre à la question de l'instituteur et d'obtenir de bonnes notes, ni même avec l'intention de les appliquer dans les laboratoires et les usines, mais en vue de faire connaissance vous-même au plus haut degré possible avec le système qui domine le monde. Lorsque vous vous serez rafraîchi la mémoire, réfléchissez alors à la question attentivement. Ce vaste système élaboré n'est-il pas un signe déterminant de l'existence d'un être omnipotent, son producteur?

De nombreux scientifiques, qui ont joué un rôle important dans la découverte des secrets de ce système, ont entendu leur voix intérieure leur dire que ces énormes produits mystérieux sont le signe d'un grand créateur, Allah, qui est plus grand que toute chose et qui est trop grand pour être décrit.

3. L'adéquation de deux choses non coexistantes

Dans ce monde, nous rencontrons de temps en temps des choses adaptées l'une de l'autre mais non coexistantes. Par exemple, nous constatons la satisfaction des besoins d'une chose par une autre chose qui était venue à l'existence préalablement, comme si cette dernière avait été gardée en vue des besoin de la première. Un exemple facilement compréhensible de cette situation est l'adéquation qu'on trouve entre les parents et l'enfant. Ainsi immédiatement après le début de la grossesse d'une femme, ou dans notre cas de toute femelle mammifère, ses glandes lactifères se préparent tranquillement, sous l'influence d'hormones particulières, à nourrir le nouveau-né. Au moment de la naissance, sa nourriture est normalement déjà disponible. Cette nourriture est parfaitement adaptée au système digestif et aux besoins alimentaires de l'enfant, et elle est stockée dans un réceptacle approprié - le sein de la mère - qui a été muni, un an avant la naissance, d'un mamelon à trous minuscules servant à faciliter l'allaitement.

Il est à noter que nous ne parlons pas là de l'influence réciproque de deux choses existantes. Ici nous nous intéressons seulement aux cas où la satisfaction des besoins d'une chose à venir un jour à l'existence a été assurée dans la structure d'une autre qui était venue à l'existence beaucoup plus tôt. Il n'y a pas de doute que c'est une sorte de prévision accompagnée d'un plan préalable, et par suite, elle constitue une preuve évidente du fait que toutes ces merveilles sont l'oeuvre d'une conscience puissante.

Vous ne pouvez pas imaginer, par exemple, que le sac que vous portez à la main ait pu venir à l'existence tout simplement à la suite d'une série d'actions et réactions inconscientes sans qu'aucun facteur conscient n'y soit impliqué. Montrez votre sac à main à un penseur matérialiste et dites-lui que bien que normalement un sac à main soit fait par un artisan ou un ouvrier à l'aide d'une machine, ce sac particulier a été fait exceptionnellement sous l'influence de facteurs purement naturels et sans l'intervention d'aucun travailleur conscient, et puis observez sa réaction. Si ce n'est pas en votre présence, ce sera sûrement en votre absence qu'il dire qu'un tel m'a raconté des bêtises.

Le penseur matérialiste n'acceptera pas qu'il y ait même une chance sur un milliard qu'un sac dont les parties sont coupées à des dimensions précises, puis cousues de façon à devenir le sac en question, ait pu venir à l'existence purement sous l'influence de facteurs naturels inconscients. En d'autres termes, il a la certitude de l'intervention active d'une conscience constructive dans la fabrication du sac. Il rejette totalement la théorie qui voudrait qu'un sac puisse être fait exceptionnellement à la suite tout simplement d'un concours de circonstances naturelles. Dans son esprit, une telle idée est non scientifique et ne mérite aucune prise en considération. Si nous considérons cette idée selon le critère de la science expérimentale, là encore nous arrivons à la même conclusion. L'expérience sur une longue période a prouvé que l'homme a plus de force créative que toute autre chose existante, et que la raison de ce trait distinctif tient uniquement à sa conscience développée, sa connaissance et son originalité et à aucun autre aspect de sa vie. De là, on peut conclure qu'il existe une relation fondamentale entre la conscience et la créativité. C'est pourquoi, la théorie qui affirme que ce système merveilleux de la création est la création d'une conscience puissante est plus plausible et plus en accord avec la science expérimentale que la théorie matérialiste selon laquelle la matière est l'origine de toutes ces merveilles.

4. La marche vers une perfection illimitée

Après des années d'observation, d'expérimentation et d'études soutenues, un grand nombre de chercheurs sont parvenus à la conclusion que l'univers sans la croyance en l'existence d'Allah est une proposition insensée. Ils disent qu'en approfondissant l'étude de l'univers ils ont mieux réalisé que le monde est constamment en mouvement dans une direction déterminée. En somme, on peut dire qu'il est en marche constante vers la perfection et ne s'arrête à aucun des stades de l'évolution. Il semble qu'il ait un but ou une destination, et que ce but n'est rien d'autre que la perfection illimitée.

Tel est le seul but proportionné au mouvement évolutif. On peut dire que la perfection illimitée est un puissant pôle magnétique qui attire toutes choses vers lui. Sans lui, il n'y aurait aucun mouvement.

Cette méthode de cognition d'Allah a une longue et intéressante histoire. Outre les travaux de philosophes et de mystiques, il existe des écrits intéressants de nombreux scientifiques, et spécialement d'astronomes, de physiciens, de biologistes, de psychologues et de sociologues sur ce sujet.

La meilleure source de connaissance des opinions, d'éminents savant sur ce sujet est constituée des livres généraux d'histoire de la philosophie et d'histoire de la science. Mais comme nous ne voulons être influencés par les idées d'aucune personne en particulier, nous évitons de citer leurs points de vue.

Nous connaissons de nombreux jeunes gens, aussi bien de l'est que de l'ouest, qui avaient fait de vastes études en sciences physiques, et qui ont réalisé à la lumière de ces études que sans la reconnaissance d'un Seigneur Omniscient et Tout-Puissant qui a créé l'univers et qui administre ses affaires, tout le système du monde apparaît comme insensé et absurde.

5. Les Signes éloquents

Tout phénomène exige un producteur. La chaîne de producteurs remonte jusqu'à ce que nous arrivions à un producteur indépendant et Tout-Puissant.

Tout l'univers est en mouvement et en marche vers l'avant. Ce mouvement doit avoir un but.

Il y a des signes clairs de l'Existence d'Allah. Ils nous informent sur Lui, mais non avec des mots. C'est la raison pour laquelle ce qu'ils expriment peut ne pas être intelligible pour beaucoup, et ne pas leur donner satisfaction. Nous conseillons à de telles personnel de chercher directement ces signes éloquents qui nous parlent dans notre propre langage. Ces signes éloquents sont les prophètes. Pour ceux qui sont convaincus de l'authenticité de leur prophétie après avoir étudié suffisamment ce sujet, les Prophètes deviennent automatiquement les signes naturels et éloquents de l'Existence d'Allah. Comme tout prophète proclame qu'il a des contacts avec Allah par la voie de la Révélation, et dit qu'il a été affecté par Lui à la Guidance des gens, nous devons, en premier lieu, examiner ce que ces prophètes revendiquent, revendication trop importante et extraordinaire pour être prise pour argent comptant.

Nombreux furent ceux qui se proclamèrent prophètes mais qui, dès qu'ils rencontrèrent des difficultés, avouèrent ouvertement qu'ils étaient de faux prétendants.

Donc, lorsque nous rencontrons une personne qui se prétend prophète, nous devons examiner soigneusement ses prétentions et ne les accepter que lorsqu'elles auront été totalement prouvées. En tout cas, une fois que nous reconnaissons la véracité de la proclamation d'une personne qui se prétend prophète, nous avons à reconnaître automatiquement l'existence d'Allah.

Le moyen le plus naturel d'examiner une telle proclamation est d'étudier la vie du prétendant et de voir quelle sorte d'homme il est. Dans quelle mesure il était digne de confiance pendant la période antérieure à sa proclamation. Est- il un imposteur qui veut s'imposer aux gens, ou un égoïste qui a choisi ce moyen convenable pour acquérir fortune et honneurs? Ou bien est-il un homme intègre dont la personnalité est au-dessus de tout soupçon? Il faut considérer aussi sa sensibilité et sa sagacité. Il ne doit pas s'agir d'un naïf qui peut être dupé par d'autres, ni un visionnaire qui peut être conduit par sa propre fantaisie à se croire prophète. Il doit être un homme doté non seulement du sens commun, mais aussi d'un grand pouvoir de diriger et d'une capacité naturelle à accomplir de grandes actions.

Normalement tout le monde peut connaître intimement une personne en l'intégrité et la pureté de laquelle il a pleinement confiance. Cette confiance se développe à la suite d'une étude intime de la vie et du caractère de cette personne pendant longtemps. Il se peut qu'il y ait des gens qui n'aient pas rencontré personnellement de telles personnel, mais qui soient convaincus de leur droiture et de leur honorabilité après une enquête complète.

Les signes spéciaux

La proclamation, par les prophètes de leur contact avec une source immatérielle et imperceptible par la voie de la Révélation, étant quelque chose d'extraordinaire, certaines gens, tout en admettant l'intégrité, la droiture, la sincérité et la sagacité de tels prétendants, demeurent sceptiques quant à leur prophétie.

Ces gens exigent quelques signes spéciaux pour avoir la preuve du contact du prophète avec la source immatérielle. Ils attendent du prophète qu'il fasse des choses qu'il n'est pas possible à un être humain de faire et qu'une raison naturelle et normale ne peut pas s'expliquer. En d'autres termes, ils désirent que le prophète produise un miracle. Un ou deux miracles leur donnent une satisfaction totale qu'on ne peut pas obtenir par d'autres moyens. En tout cas, il y a certaines gens qui considèrent les miracles comme une simple jonglerie et n'en sont guère satisfaits.

A la lumière de tous ces aspects de la question, nous insistons, une fois de plus, sur le fait que le meilleur moyen d'identifier un prophète, pour ceux qui peuvent le faire, est d'étudier sa personnalité, ses antécédents, ses buts et ses réalisations.

Une telle étude complète est la meilleure façon de s'assurer que le prétendant est un vrai prophète qui a la faveur de la Révélation divine, et non un simple génie qui prétend être un prophète, ou un illusionniste qui a fait cette proclamation uniquement pour se grandir, ou bien, une personne anormale souffrant d'hallucinations. En tout état de cause, tout ce que le prophète revendique est qu'il est un être humain comme les autres, qu'il mange et boit comme eux et qu'il mène une vie humaine normale. Mais il a éprouvé un grand changement en lui-même - une transition soudaine, ou selon la terminologie des prophètes eux-mêmes, ils ont été dotés d'un Don divin. Il sait bien que cette transition est venue d'Allah et que toute l'excellence extraordinaire qui se trouve en lui et dans ses enseignements est due à cette transition, ou Don divin.

Si vous étudiez soigneusement, d'après des sources authentiques, la biographie du Prophète de l'Islam, depuis sa naissance jusqu'à sa prophétie, et depuis cette époque-là jusqu'à sa mort, vous trouverez un exemple clair de cette transition qui est en elle-même un signe éloquent de l'Existence d'Allah.

Toute chose dans chaque étape est Son Signe

Certaines gens semblent être d'avis qu'Allah doit être recherché seulement dans le début de la création. Le point sur lequel ils fondent cette discussion de théologie naturelle est: Comment commença ce monde? D'où est originaire la matière première du cosmos? Comment la première cellule vivante vint-elle à l'existence? Comment le premier homme apparut-il? Ils concentrent leur attention sur ces questions comme si l'homme qui est né aujourd'hui ne pouvait pas conduire à la croyance en l'existence d'Allah, ou comme si les millions et millions d'organismes vivants qui apparaissent à chaque instant n'étaient pas un signe de Son existence, et enfin comme s'ils n'avaient d'autre alternative que d'aller à l'origine de la vie ou à la genèse du cosmos pour acquérir la connaissance d'Allah.

La méthode coranique de théologie naturelle est tout à fait à l'opposé de cette manière de raisonner. Le Coran considère tous les cas ordinaires de naissance, de mort, de croissance des plantes, de mouvement de l'air et des nuages, de lever du soleil et de rotation des étoiles, comme des signes vivants et manifestes de l'Existence, de la Puissance et de la Sagesse d'Allah.

Chaque arrangement qui existe dans la plus petite portion du protoplasme, ou dans la molécule d'un corps, ou le coeur d'un atome, conduit à la connaissance d'Allah.

C'est pourquoi, que le problème de la matière première du cosmos ou la genèse de la vie demeure irrésolu, ou qu'on ait trouvé le moyen matériel de le résoudre, cela ne change en rien le fait que la preuve de l'existence d'Allah et de Sa sublime sagesse est visible partout dans le monde et dans tous les changements qui s'y produisent.

Il y a des gens qui pensent que seulement les cas exceptionnels, ou les caprices de la nature, peuvent être cités comme la preuve de Son existence. Si des milliers de malades guérissent à la suite d'un traitement normal, ils ne pensent pas à Allah. Ils s'en souviennent seulement lorsqu'un cas difficile est guéri à la suite de prières et de bénédictions. Ils semblent croire que le traitement médical, les caractéristiques et les effets des herbes ou les compositions chimiques ne sont pas des signes d'Allah.

Si des inondations ou un tremblement de terre provoquent une catastrophe, ils parlent d'Allah, mais ils ne voient aucun signe de Lui dans les pluies normales, l'écoulement des fleuves, la croissance des plantes, le mouvement des galaxies et les milliers d'autres phénomènes normaux auxquels ils se sont accoutumés.

Il y a d'autres gens qui, tant qu'ils ne savaient pas pourquoi il pleut, quelle est la cause du tonnerre, de l'éclair et des tremblements de terre, et quelle est celle des maladies, croyaient qu'Allah était la cause de toutes ces choses.

Mais maintenant que la science a fait quelque progrès, a fourni une réponse à nombre de questions et expliqué beaucoup de relations, leur rempart se trouve démoli et leur façon de connaître Allah, caduque. Ils se trouvent donc à présent à la croisée de deux chemins: soit ils doivent s'opposer au progrès scientifique et renier les découvertes et les lois scientifiques, pour ne pas renoncer à leur croyance religieuse, soit ils doivent chercher un autre rempart et essayer de nouveau de prouver l'existence d'Allah en s'appuyant sur les questions qui sont encore à résoudre.

Cette façon erronée de penser est totalement contraire à la méthode du Coran. Dans certains cas elle a même opposé la science moderne à la religion et a donné l'impression que les croyances religieuses ne peuvent s'épanouir que dans les ténèbres de l'ignorance. A l'en croire, on pourrait présumer qu'en progressant encore plus, la science réduirait la religion même dans son propre domaine.

Au contraire, le Coran guide les gens vers Allah en les encourageant à apprendre, à penser, à faire des investigations, et à réfléchir, et il proclame expressément que les phénomènes naturels sont gouvernés par un système bien planifié. Le Coran dit que toute chose a sa propre loi et qu'il est dû devoir des gens d'étudier la nature et de découvrir les causes des différents événements. C'est comme cela qu'il inculque la croyance en Allah dans leurs curs. Le Coran déclare que la soumission à Allah est le résultat du savoir et non pas de l'ignorance.

Selon le mode de penser coranique, la tendance des gens à croire en Allah n'est pas due à leur ignorance, avec l'idée que la science pourrait gêner leur croyance; au contraire, la science facilite leur voyage vers Allah. La religion encourage l'investigation scientifique, et celle-ci à son tour conduit à la croyance religieuse.

Un monde en changement perpétuel a-t-il une finalité?

Nous avons dit que par sa nature le monde est en changement et en transformation, depuis l'atome jusqu'à la galaxie, et que toutes les choses sont en mouvement et dans le stade du "devenir". Etre statique et en repos est impossible.

La science a découvert, dans une certaine mesure, les causes de ce mouvement, mais elle n'a pas donné une réponse claire à la question de savoir pourquoi ce monde est si constamment en changement et en "devenir".

En quelle direction se meut ce monde? Quel est son but, et pour quoi faire?

Il faut comprendre que le point de vue de l'homme concernant le mouvement général du monde affecte directement sa vision du but de sa vie et la direction de ses efforts.

Concernant la réponse à la question ci-dessus, trois théories méritent d'être prises en considération:

1. L'absence du but: Selon cette théorie, le développement du monde n'a ni but ni finalité et ne peut être interprété d'une façon sensible. Toutes les choses sont entourées de mystère et d'absurdité.

Cette approche est applicable non seulement au mouvement général du monde, mais aussi à la naissance de l'homme, à ses actions et à ses efforts. D'après cette théorie, connue sous la dénomination de "nihilisme", la vie de l'homme est dénuée de sens.

De nos jours, l'idée selon laquelle le monde n'a pas de sens et de valeur devient la doctrine fondamentale de nombreuses écoles philosophiques et sociales.

En réalité, cette situation est plus ou moins la conséquence de la réaction aux conditions vécues de nos jours par l'humanité dans les sociétés.

L'homme de l'ère de la machine est devenu un otage des grands rouages industriels et il est fatigué des règles, des règlements et de la discipline que lui impose le respect de la machine et de la production mécanique. Il se voit captif entre les mains des exploiteurs, et semblable à un objet sans volonté ni personnalité. Toute procédure qu'on lui prescrit n'est en réalité qu'une étape vers son apprivoisement et son incitation à servir les intérêts des autres.

L'homme en a assez de toutes ces restrictions, de ces rituels non nécessaires et de ces règlements durs et secs. Il est déconcerté par les slogans dont le nourrissent les divers média publicitaires, et se voit coincé dans une variété de pièges. C'est pourquoi il rejette tout et déclare que toutes les valeurs ont perdu leur mérite et que toutes les choses sont futiles et sans fondement. Il veut écarter toute loi et tout principe qui lui sont imposés. Même les règles conventionnelles d'habillement, de nourriture, de choix d'une profession et d'un logement, et de visite aux gens deviennent insupportable pour lui, et il a envie de s'en débarrasser.

Le nihilisme ne peut pas être critiqué tant qu'il est une révolte contre les règles insensées qu'on impose au nom des nécessités et des principes. Mais au-delà de cette limite, la question est tout à fait différente.

Certaines gens considèrent le monde entier comme étant sans valeur, et la vie comme étant absurde. Ils ne voient aucun charme à la vie.

Ils ont une opinion défavorable de toutes choses. Ils s'enfoncent dans le découragement et vivent dans le désespoir. Le meilleur remède auquel ils pensent pour se sortir de cette situation, c'est vivre une vie de renonciation et parfois même, se suicider.

Ce mode de penser est la plus grande calamité pour l'humanité. Il équivaut à la perte, chez l'homme, du sentiment de sa propre utilité, et à la chute dans la dégradation.

En tout cas, pour certaines gens, même le nihilisme peut servir un but utile. Il peut devenir un tremplin pour rejoindre le Droit Chemin et trouver le but correct de la vie. En réalité, si le rejet des valeurs existantes mène à la découverte de valeurs authentiques, et si le reniement des règles qui ont réduit l'homme au néant est suivi d'efforts constructifs en vue de trouver la voie correcte de la vie, le rejet destructif peut aplanir la voie menant à l'obtention de résultats positifs.

Dans le cas de la vision islamique unicitaire du monde, nous traversons aussi deux étapes.

L'une est le rejet de toutes les fausses déités et la destruction de toutes les idoles, l'autre est la reconnaissance d'Allah.

2. L'évolution naturelle de l'intérieur de la matière: Selon cette théorie, le mouvement de l'univers aspire à l'évolution; évolution purement naturelle, bien sûr.

En d'autres termes, depuis son tout début le monde, de par sa nature même, évolue matériellement.

Cette explication de l'évolution se heurte à beaucoup de difficulté sous divers angles:

a) Du point de vue scientifique, le cosmos vieillit progressivement et perd son énergie. Cette situation ne peut changer, à moins que nous ne supposions que les atomes de la matière morte et éparpillée connaissent une nouvelle vie à la suite d'une grande explosion. Comme la possibilité d'une telle explosion est purement hypothétique, il n'est pas possible d'envisager ses conséquences.

b) Lors de notre discussion sur les systèmes ouverts et fermés, il est apparu que l'intervention d'un facteur extérieur était inévitable pour assurer l'évolution du monde entier, et qu'une telle intervention ne peut être purement matérielle si elle est faite par un facteur autre que la matière.

3. Le mouvement vers une perfection absolue: Selon cette théorie, le mouvement du monde tend à une évolution spirituelle et à un avancement vers Allah. L'homme commence son voyage évolutif depuis le domaine matériel pour l'achever auprès d'Allah. Le Coran dit:

«Nous n'avons pas créé les Cieux, la Terre et tout ce qui est entre les deux, par jeu. Nous les avons créés dans un but, bien que la plupart des gens l'ignorent. (Ils ne sont pas conscients de l'importance du monde, de sa rationalité et de son système)». (Sourate al-Dokhân, 44: 38-39)

«Tout ce qui est dans les Cieux et la Terre appartient à Allah, et toutes choses reviennent à Lui». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 109)

«La souveraineté des Cieux, de la Terre et de tout ce qu'il y a entre eux appartient à Allah. Tout reviendra à Lui». (Sourate al-Mâ'idah, 5: 18)

«O l'homme! Tu te diriges laborieusement vers ton Seigneur et tu LE rencontreras». (Sourate al-Inchiqâq, 84: 6)

Ainsi le monde physique apparaît, sur cette base, de par sa nature, un monde en lui-même le germe d'une tendance évolutive. A partir de chose simples viennent à l'être des choses plus complexes et plus parfaites d'une manière spéciale, et elles rendent graduellement plus colorée la grande toile de la nature. Ce processus se poursuit et les choses vivantes viennent à l'existence.

Avec un peu plus de développement, l'homme apparaît sur la scène. Il est un être matériel, mais, il possède un esprit divin et, grâce au mouvement évolutif, il peut se doter des attributs divine.

Nous jetterons plus de lumière sur ce processus de développement et d'évolution lors de nos prochaines discussions.

* * *
 
 
LE MONOTHÉISME
DU CORAN
 

Le monothéisme signifie la croyance en l'unicité d'Allah à tous les égards. IL est Un. IL est le Seul Créateur. IL est le Seul à diriger le monde. IL est le Seul à mériter le culte et l'adoration. IL est Unique sous beaucoup d'autres aspects.

Beaucoup de versets du Coran insistent sur l'Unicité d'Allah concernant la création, le commandement (la direction du monde) et le culte. Ils attirent tout d'abord l'attention de l'homme sur le fait qu'Allah est le Seul Créateur du monde. IL est le Seul à avoir une autorité souveraine sur lui. Ils tirent en suite la conclusion qu'IL est le Seul à mériter le culte.

Il apparaît d'après le Coran que beaucoup d'arabes païens croyaient ou étaient enclins à croire à l'Unicité d'Allah concernant la création et le commandement le Saint Coran dit:

«Si tu leur avais demandé: "Qui a créé les Cieux et la Terre et qui a assujetti le Soleil et la Lune?", ils auraient sûrement répondu: "C'est Allah." Pourquoi, alors, sont-ils aussi stupides?» (Sourate al-'Ankabout, 29: 61)

Le Coran cite comme preuve de l'Unicité du Créateur du monde, le système harmonieux de ce dernier, bien bâti et unique. Il veut que nous pensions à la cohérence et au caractère universel de ce système, pour être sûrs qu'il a été conçu et qu'il est dirigé par Un Etre Suprême. C'est de cette façon que nous arrivons à l'Unicité concernant la création et le commandement. Le Coran dit: «Votre Seigneur est Un. II n'y a de Dieu que Lui, le Clément, le Miséricordieux. Dans la création des Cieux et de la Terre, dans la succession de la nuit et du jour, dans le navire qui vogue sur la mer portant ce qui est utile aux hommes, dans l'eau qu'Allah fait descendre du Ciel et qui rend la vie à la Terre après sa mort - cette terre où IL a disséminé toutes sortes d'animaux - dans les variations des vents, dans les nuages assujettis à une fonction entre le Ciel et la Terre, il y a vraiment des Signes pour un peuple qui comprend». (Sourate al-Baqarah, 2: 163-164)

Des dizaines d'autres versets coraniques attirent l'attention de l'homme de diverses façons sur les signes éloquents de l'Unicité du Créateur, implicite dans ce système.

La réfutation du polythéisme

Le Coran réfute la théorie de la pluralité de dieux de la façon suivante:

«Allah ne s'est pas donné de fies; il n'y a pas d'autre divinité à côté de Lui. Sinon chaque divinité s'attribuerait ce qu'elle aurait créé, et certaines d'entre elles seraient supérieures aux autres. Mais gloire à Allah. IL est très éloigné de ce qu'ils allèguent. IL connaît ce qui est caché et ce qui est apparent; IL est exalté au-dessus de ce qu'ils Lui associent». (Sourate al-Mu'minûn, 3: 91-92)

Si le monde avait plus d'un créateur, la relation subséquente de ces autres créateurs supposés devrait obligatoirement revêtir l'une des formes suivantes:

1. Chacun d'eux aurait une autorité souveraine sur une partie du monde, sur la partie qu'il aurait créée lui-même par exemple. Dans ce cas, les différentes parties du monde auraient des systèmes totalement différents et indépendants les uns des autres. Mais nous voyons bien que le monde entier a un système unique et cohérent.

2. L'un des créateurs, ou l'un des dieux régionaux, tiendrait une position supérieure à celle des autres, et de cette façon, il assurerait une sorte de coordination et d'harmonie générale.

Dans ce cas, celui qui exercerait l'autorité suprême, serait le vrai souverain du monde entier et tous les autres seraient ses simples subordonnés.

3. Chacun de ces dieux aurait une autorité sur le monde et serait libre d'agir d'une façon indépendante et de décréter des commandements à sa guise. Auquel cas, il y aurait un chaos total et une vraie confusion, et il ne resterait, aucune loi ni aucun ordre, comme nous le signale le Coran:

«Si des divinités autres qu'Allah existaient, le Ciel et la Terre seraient corrompus. Gloire à Allah, le Seigneur du Trône, très éloigné de ce qu'ils Lui imputent!» (Sourate al-Anbiyâ', 21:22)

Donc l'uniformité du système qui prévaut dans le monde entier contredit la théorie de la pluralité des dieux avec des autorités indépendantes, et sa cohérence démentit la théorie de la multiplicité des divinités avec une seule autorité.

L'hypothèse selon laquelle deux ou plusieurs dieux pourraient exercer une autorité sur l'ensemble du monde, tout en coopérant les uns avec les autres et en décrétant des commandements uniformes, est une idée fantaisiste. Leur pluralité implique automatiquement qu'ils doivent diverger, au moins, à une occasion.

Les causes et les agents:

Le Coran souligne l'Unicité d'Allah concernant la création et le commandement. II affirme que c'est Allah Seul qui a créé toutes choses et que c'est Lui Seul qui exerce l'autorité sur l'ensemble du monde. En même temps, il ne nie pas l'existence du système de causalité et son vrai rôle. Le Coran dit notamment: «Allah a fait descendre du Ciel une eau par laquelle IL fait vivre la Terre après sa mort. Il y a vraiment là un signe pour les gens qui font attention». (Sourate al-Nihal, 16:65).

Ici il mentionne l'eau comme étant un moyen de donner vie à la terre.

Ce qu'on peut déduire du Coran, concernant les causes et leur rôle, c'est que le Tout-Puissant Créateur sait tout et peut faire ce qui Lui plaît. Mais IL a créé le monde d'une manière particulière et lui a imposé un système particulier dans lequel certaines choses ont le rôle d'en produire certaines autres. Toutefois, leur rôle demeure celui d'agents obéissants à Allah, accomplissant sans hésitation le travail qui leur est imparti, et se conformant avec soumission à Ses ordres, sans jamais les enfreindre.

La formidable puissance magnétique du Soleil, bien que constituant une force gigantesque dans son propre vaste domaine, demeure assujettie au commandement d'Allah. Le champ magnétique de la Terre, constitue lui aussi une force puissante. Mais lui aussi est subordonné au Commandement d'Allah qui confère à un petit oiseau le pouvoir de lui résister et de rester dans les airs pendant des heures.

Relatant l'histoire du Prophète Ibrâhim (P), le Coran dit:

«Les idolâtres crièrent: "Brûlez-le! et secourez vos dieux, si vous en êtes capables!" Nous dîmes: "O feu! Sois, pour Ibrâhim, fraîcheur et paix!" Ils projetaient de nuire à Ibrâhim, mais Nous avons contrecarré leurs projets». (Sourate al-Anbiyâ', 2: 68-70)

Ainsi, chaque fois qu'Allah l'estime nécessaire, IL peut empêcher le feu de brûler.

Si, avec les progrès de la technologie, l'homme peut maintenant neutraliser grâce à un simple signal électronique, une mine ou une bombe incendiaire qu'il a fabriquée, pourquoi Allah ne serait-IL pas capable de prévenir l'action d'une chose qu'IL a créée?

Les miracles

Un homme réfléchi ayant un peu d'instruction peut comprendre facilement la nature de miracles s'il prend en considération la relation des causes matérielles avec Allah, Sa Volonté et son Commandement. La vision islamique du monde soutient la réalité des miracles. Elle ne voit pas de contradiction entre les miracles et la loi de causalité qui stipule qu'aucun phénomène n'apparaît sans une cause, étant donné que selon le point de vue du Coran, un miracle est un phénomène ayant une cause spéciale, en l'occurrence, la Volonté d'Allah.

Non seulement la réalité des miracles n'est pas, en principe, en contradiction avec la loi universelle de causalité, mais pour des raisons pratiques, elle n'est pas incompatible, non plus avec le système normal des causes et effets. En faisant l'évaluation des lois scientifiques et expérimentales, l'homme ne reste pas les bras croisés en attendant la découverte des règles absolues et sans exception. Tous ceux qui sont familiers avec les sciences expérimentales avancées savent bien que le principe de relativité est applicable à beaucoup de lois de ces sciences. Les scientifiques avisés et bien informés ne croient pas à leur véracité absolue et à cent pour cent. En tout état de cause, ils utilisent ces lois relatives dans leurs études scientifiques et les adoptent pour parvenir à des résultats scientifiques et techniques tant qu'aucun progrès scientifique subséquent ne prouve la fausseté de l'une d'elles.

Dans notre vie quotidienne aussi nous ne restons pas les bras croisés en attendant de parvenir à la véracité à cent pour cent de toute chose.

Toutes les personnel sensées du monde, voyagent en voiture, train, bateau et avion mis au point par des techniciens expérimentés et conduits par des conducteurs, navigateurs et pilotes expérimentés, bien qu'elles sachent toutes qu'aucun de ces moyens de transport ne peut être sûr à cent pour cent. Le moyen de transport le mieux équipé, entretenu et conduit par le personnel le plus expérimenté et le plus responsable, peut connaître occasionnellement un accident, ou sortir de sa route et se renverser. La raison qui amène les gens à agir ainsi est que l'homme fonde ses calculs sur les conditions normales, et non sur les circonstances exceptionnelles, surtout lorsque de telles circonstances sont tellement exceptionnelles que le risque d'accident est trop faible, un sur mille ou même moins. Les événements miraculeux se produisent dans des circonstances très exceptionnelles sur ordre d'Allah. Leur rapport aux événements ordinaires est extrêmement faible, même plus faible qu'un sur des millions. De là, il est évident que la croyance à la réalité des miracles sur ordre et par la Volonté d'Allah ne milite pas en défaveur de la valeur et de la véracité théorique et pratique du système normal des causes et effets.

Les superstitions ne doivent pas être confondues avec les causes

L'un des enseignements islamiques les plus précieux nous apprend que pour identifier les causes et connaître tous leurs effets, nous devons nous appuyer sur une connaissance et une preuve claires, au lieu de nous référer à des mythes et des superstitions sans fondement. Croire aux mythes physiques cause un retard dans la science et l'industrie et empêche l'exploitation de la nature. C'est ce qui est arrivé à la médecine pendant des siècles. De même, la superstition concernant l'influence occulte des corps célestes sur les affaires humaines et le recours à des instruments astronomiques précieux, tels que l'astrolabe, pour la divination, entravent le progrès humain de nombreuses façons.

La croyance superstitieuse en l'efficacité des facteurs métaphysiques imaginaires est encore plus nuisible, car elle distrait l'homme du principe de l'Unicité d'Allah et le jette dans le piège du polythéisme. C'est pourquoi le Coran a mis expressément en garde contre la tentation de compter sur des idées superstitieuses métaphysiques (cf. Sourate al-Najm, 28: 123). Il nous dit que nous devons toujours nous appuyer sur une connaissance bien définie (Sourate al-Baqarah, 3) et une preuve claire (Sourate Yûnis, 68; et Sourate al-An'âm, 58).

La supplication

Allah a fait de la supplication l'une des causes qui influent efficacement sur les affaires humaines. La supplication signifie qu'on est profondément attentif à Allah et qu'on implore Son Aide par une prière fervente. Cela est d'autant plus logique qu'Allah est au courant de tout: IL sait ce que nous désirons, IL connaît les secrets les plus intimes de chacun. Mais, de même que dans le cas des relations de l'homme avec la nature les efforts et le travail assidus sont essentiels, comme en témoigne la maxime: "Il n'y a pas de gain sans peine", de même, dans le cas des relations humaines avec Allah, un système a été établi. Le Coran dit: «Quand Mes serviteurs t'interrogent à Mon sujet, dis-leur que JE suis proche d'eux. JE réponds à l'appel de celui qui M'invoque quand il M'invoque. Laisse-les donc répondre à Mon appel et croire en Moi, afin qu'ils puissent être dans le Droit Chemin». (Sourate al-Baqarah, 2: 186)

A propos de la supplication, on se demande parfois si la Volonté d'Allah est sujette au changement. Pourquoi veut-IL que nous Le suppliions alors que Sa Volonté est immuable?

La réponse à cette interrogation, du point de vue islamique, est qu'Allah est Eternel et que Sa Volonté aussi est Éternelle et Invariable. Mais la même Volonté Éternelle et Immuable a décidé qu'une grande partie de l'univers, celle de la nature, doit toujours être en état d' "être" au lieu d' "avoir été". Dans celle partie, à chaque instant un nouveau phénomène apparaît, qui est causé par des facteurs antérieurs. La supplication est une sorte d'effort et de travail, et comme tels, elle a un rôle et un effet prescrits par la même volonté éternelle.

Donc Allah est Eternel. Sa Connaissance et Sa Volonté aussi sont éternelles. De nouveaux phénomènes apparaissent encore à chaque instant. Votre effort ou votre supplication joue un rôle efficace dans leur apparition.

«Tout ce qui existe dans les Cieux et sur la Terre L'implore. A chaque moment IL fait apparaître une nouvelle manifestation de Son Pouvoir». (Sourate al-Rahmân, 55: 29)

Si vous êtes confronté à une difficulté, ne perdez pas espoir. Ne renoncez pas à l'effort. Adressez des supplications dévotes à Allah, car vous ne pouvez pas prédire qu'il n'y aurait pas d'issue à votre mauvaise passe. Le Coran dit, comme nous venons de voir, que: «A chaque moment IL fait apparaître une nouvelle manifestation de Sa Pouvoir».

Alors pourquoi désespérer. Il est possible qu'une nouvelle situation se développe rapidement.

Il y a dans le Coran de nombreux exemples d'événements qui prennent subitement un tournant contraire à toute attente. C'est le cas du Prophète Moussâ (P) lorsqu'il demanda de l'Aide (cf. Sourate Tâhâ, versets 25-26), ou celui du Prophète Zakariyâ quand il pria pour avoir un enfant (Sourate Maryam, versets 1-9). L'étude de tels exemples montre d'une manière précise que du point de vue coranique la supplication est une cause aussi réelle que n'importe quelle autre. De même que le Créateur du Monde a assigné, dans le système de causalité, un rôle à la lumière, à la chaleur, à l'électricité, au magnétisme, etc... et qu'IL a fait de certaines herbes et substances chimiques un médicament pour certaines maladies, de même IL a donné à la supplication remplissant les conditions requises un rôle dans la satisfaction des besoins, qui n'est pas purement psychologique et suggestif. Il est vrai qu'elle réveille beaucoup de facultés endormies chez l'homme et pousse celui-ci à faire plus d'efforts qu'on n'en attend de lui. Mais selon le Coran, la supplication est plus efficace que cela. C'est une cause indépendante et ses effets ne se limitent pas au renforcement de la volonté ou à tout autre résultat similaire.

L'UNICITÉ CONCERNANT LE CULTE

Comme nous l'avons dit plus haut, l'Unicité du culte est la première et la plus essentielle des choses que le Coran souligne en ce qui concerne le monothéisme. Le Coran la considère comme étant le résultat logique de l'Unicité d'Allah concernant "la création et le commandement". Nous savons que c'est Allah Seul qui a créé ce monde et que c'est Lui Seul qui le dirige. Nul autre n'a de rôle indépendant à cet égard. Les autres accomplissent seulement les devoirs spécifiques qui leur sont attribués par leur Créateur. Toutes les sources du pouvoir dans le monde, tels que le Soleil, la Lune, la Terre, les djinns, les anges, etc... Lui sont subordonnées et exécutent Ses commandements. Lorsque nous savons tout cela, il est insensé de rendre un culte à n'importe lequel de Ses simples agents ou de se prosterner devant leurs statues et images. Le Coran dit: «O vous les hommes! Adorez votre Seigneur qui vous a créés, vous et ceux qui ont vécu avant vous, afin d'être pieux. C'est votre Seigneur Qui a fait de la Terre un lit pour vous, et du Ciel un dais, et Qui a fait descendre du Ciel l'eau grâce à laquelle IL fait surgir des fruits pour assurer votre subsistance. N'attribuez donc pas à Allah des rivaux, alors que vous savez». (Sourate al-Baqarah, 2: 21-22).

«Certaines gens considèrent les djinns comme associés à Allah, bien que ce soit Lui qui les ait créés, et dans leur ignorance, ils Lui attribuent des fils et des filles. Gloire à Lui! IL est très Élevé au-dessus de ce qu'ils allèguent. IL est le Créateur des Cieux et de la Terre. Comment pourrait-IL avoir un enfant alors qu'IL n'a pas de femme et qu'IL a créé Lui-Même toutes choses. Tel est Allah, votre Seigneur. Il n'y a pas de dieu en dehors de Lui, le Créateur de toutes choses. Adorez-LE donc. IL veille sur tout». (Sourate al-An'âm, 6: 100-102)

«Parmi Ses Signes sont la nuit et le jour, le Soleil et la Lune. Ne vous prosternez donc ni devant le Soleil ni devant la Lune. Prosternez-vous devant Allah Qui les a créés». (Sourate Fuççilat, 41: 37)

«Certains hommes prennent des associés en dehors d'Allah. Ils les aiment comme on aime Allah; mais ceux qui croient, aiment Allah avec plus d'ardeur». (Sourate al-Baqarah, 2: 165)

Si l'adoration et la soumission ont pour but de demander l'assistance, elles font partie du droit exclusif d'Allah, étant donné qu'IL est le seul à pouvoir satisfaire les besoins des créatures.

«Dis: "Invoquerons-nous au lieu d'Allah ce qui ne peut ni nous être utile ni nous nuire".» (Sourate al-An'âm, 6-71)

Par ailleurs, si l'adoration et la soumission d'un être imparfait sont dues au fait qu'il est irrésistiblement attiré vers la gloire et la majesté d'un être parfait, là encore, c'est Allah qui y a un droit exclusif, puisque c'est Lui Seul qui mérite un tel amour et une telle dévotion.

L'Unicité concernant la soumission et l'obéissance

Du point de vue coranique, l'obéissance est de deux sortes:

1. Une obéissance accompagnée d'une soumission totale et d'un abandon inconditionnel à ce qu'on demande à un homme de faire.

Selon la conception coranique de l'Unicité, cette sorte de soumission - qui est en réalité une "servitude" - est due uniquement à Allah, et nul autre ne la mérite.

2. Une obéissance à ceux qui exercent sur nous un contrôle légitime, parce que nos intérêts ou les intérêts publics, ou tout simplement l'instinct humain nous obligent à leur obéir. Tel est le cas de l'obéissance au Prophète, à l'Imam et à ceux qui le représentent vraiment pendant la période de son occultation. (Pour plus de détails sur ce sujet, voir: Dr Murtaza Mutahhary: "Master et Mastership", Islamic Seminary Publications, 1980). La même chose s'applique à l'obéissance aux parents, etc...

Cette sorte d'obéissance est conditionnelle. Elle est obligatoire, à condition que ceux qui sont en position de donner des ordres ne transgressent pas les limites de la Loi et de l'équité. On est obligé d'apprécier sous cet angle chaque instruction qu'on reçoit d'eux et on doit s'abstenir de les suivre s'ils sont opposés à la Loi et à la justice. On ne doit pas obéir à une instruction contraire à la Loi divine, car aucune créature ne doit être obéir lorsqu'elle contrevient aux commandements du Créateur. Bien sûr, dans le cas du Saint Prophète et des Imams, leur infaillibilité suffit à les mettre à l'abri d'une telle éventualité, car ils ne peuvent pas être soupçonnés de dire quelque chose qui soit contraire aux Commandements d'Allah.

Donc, cette sorte d'obéissance n'est pas absolue et ne doit pas impliquer une soumission aveugle et inconditionnelle.

La soumission aux Commandements d'Allah

L'une des conséquences de l'Unicité concernant la soumission et l'obéissance est que les gens qui croient à l'Unicité d'Allah sont obligés de se soumettre totalement à Ses Commandements et Révélations dans toutes les questions religieuses. Pour sauvegarder l'Unité et la solidarité de leurs range, et se mettre à l'abri du sectarisme, il ne leur est permis d'avoir aucune préférence à cet égard. Le Coran dit: «Que les gens de l'Evangile jugent d'après ce qu'Allah y a révélé. Ceux qui ne jugent pas selon ce qu'Allah a révélé sont des pervers. Et Nous t'avons révélé le Livre avec la Vérité pour confirmer tout ce qu'il y avait d'Ecritures avant lui. Ainsi, juge entre ces gens d'après ce qu'Allah a révélé et ne te conforme pas à leurs désirs en te détournant de ce que tu as reçu de la Vérité. Nous avons donné, à chacun d'entre vous, une Loi divine. Si Allah l'avait voulu, IL aurait fait de vous une seule Ummah. Mais IL a voulu vous éprouver par les lois qu'IL vous a données. Cherchez donc à vous surpasser les uns les autres dans les bonnes actions. Votre retour, à tous, se fera vers Allah; IL vous éclairera, alors, au sujet de vos différends. Juge entre eux, d'après ce qu'Allah a révélé et ne te conforme pas à leurs désirs; prends garde qu'ils n'essaient de t'écarter de ce qu'Allah t'a révélé. S'ils se détournent, sache qu'Allah veut les frapper pour certains de leurs péchés. Un grand nombre de gens sont pervers. Désirent-ils être jugés par la loi païenne? Qui donc est meilleur juge qu'Allah envers un peuple qui croit fermement». (Sourate al-Mâ'idah, 5: 47-50)

Ces versets offrent aux adeptes des précédents messages un moyen raisonnable et logique d'éviter les conflits internes. Chaque individu ou groupe doit déduire de la révélation le moyen de faire le bien et courir vers lui. Ce faisant, au lieu de conflits futiles entre les adeptes des religions divines, il y aurait une compétition autour des actions vertueuses. La question de savoir qui a raison doit être laissée aux textes religieux connus comme ayant une origine divine. Au cas où il y a différence d'opinion concernant l'interprétation, la question peut être laissée en instance jusqu'au jour où la vérité sera dévoilée par Allah, et alors la controverse sera définitivement close.

Tel semble être le seul moyen d'instaurer la solidarité entre les adeptes de la révélation. Autrement, non seulement les adeptes des différents prophètes, mais aussi ceux d'un même prophète et d'un même Livre, mais appartenant à différents rites et à diverges branches d'une même secte, ou partisans de différents dirigeants religieux, seraient toujours à couteaux tirés les uns envers les autres, et la lumière de "l'Ecole de la Révélation" serait ternie.

C'est pourquoi le Coran considère la croyance en l'Unicité d'Allah comme la base de tout son système et voit le conflit interne comme une déviation. Il réprouve toutes les controverses religieuses et les considère comme étant contraires à l'esprit du monothéisme, et comme un obstacle sur la voie de l'unification du système social sur la base de la révélation. Seule une discussion académique claire, et dépouillée de querelles égoïstes et partiales, est autorisée à cet égard.

DIEU: L'UNIQUE ET L'INCOMPARABLE

Le "tawhîd" est un concept révolutionnaire et il constitue L'essence des enseignements de l'Islam. Il signifie qu'il y a seulement Un Seigneur Suprême de l'univers. IL est Omnipotent, Omniscient, Omniprésent et le Sustentateur du monde. Le Coran dit: «Dis: Lui, Allah est Un! IL est. Indépendant. IL n'a pas engendré; IL n'est pas engendré. Nul n'est égal à Lui!» (Sourate al-Tawhîd, 112: 14)

L'Unicité intrinsèque

Les penseurs éminents du monde musulman soutiennent que "personne n'est pareil à Allah" signifie Son Unicité intrinsèque, comme le proposent les philosophes et les mystiques.

Le moyen le plus simple de la décrire est la suivante: Lorsque nous disons qu'Allah est sans pareil, cela signifie qu'en principe il ne peut pas y avoir un partenaire avec Lui. On ne peut même pas supposer qu'il puisse y avoir plus d'un Dieu. L'Unicité est Son attribut absolument essentiel et indispensable.

De là, pour pouvoir saisir l'idée de Son Unicité, il suffit d'avoir présent à l'esprit la conception correcte de Lui. Si nous connaissons bien la vraie signification de ce mot, nous parviendrons automatiquement à la conclusion qu'Allah est Un. IL ne peut pas être plus qu'un, car la pluralité est incompatible avec Son Existence.

Supposons qu'une ligne s'étende indéfiniment des deux côtés. Supposons aussi qu'il y ait une autre ligne à un mètre de distance de la première et parallèle à elle, s'étendant elle aussi indéfiniment dans les deux directions. Il n'y a aucun problème à supposer l'existence de deux telles lignes. C'est la raison pour laquelle on dit que deux lignes parallèles sont celles qui se trouvent équidistantes l'une de l'autre dans toute leur longueur et qu'elles ne se rencontrent jamais même si elles se prolongent indéfiniment.

Indépendamment de la controverse à propos de la justesse ou l'erreur de la définition des lignes parallèles, et de son caractère absolu ou relatif, il est clair qu'il est possible de supposer l'existence de deux telles lignes.

Maintenant, supposons l'existence d'un corps qui se développe indéfiniment, et qui grandirait de plus en plus dans toutes ses dimensions: en longueur, en largeur et en hauteur. Ceci dit, pouvons-nous supposer là encore l'existence d'un autre corps - à côté du premier - qui se développerait lui aussi indéfiniment? Non, nous ne le pouvons pas, parce que le premier corps devrait remplir tout l'espace et il n'y aurait plus de place, limitée ou illimitée - pour le second, à moins que celui-ci ne pénètre dans le premier. Mais est-il possible pour un corps de pénétrer dans un autre corps lui-même et non dans l'espace qui se trouve entre ses molécules? Bien sûr que non. De là, il n'est pas possible de supposer l'existence simultanée de deux corps illimités dans toutes les directions et dans toutes leurs dimensions.

Nous avons parlé jusqu'ici de corps illimité. La supposition de l'existence d'un tel corps exclut l'existence d'un autre. Mais elle n'exclut pas l'existence d'une chose non corporelle. Elle ne s'oppose pas, par l'exemple, à l'existence d'une âme illimitée qui aurait pénétré un corps illimité.

Maintenant, considérons un être infini à tous les égards de l'existence. Est-il possible de supposer l'existence de deux ou trois êtres de telle nature? Non, ce n'est pas possible, car à supposer l'existence de deux tels êtres, l'existence de chacun d'eux serait au moins limitée par celle de l'autre. Cela étant, aucun d'eux ne sera infini.

De là, Allah n'a pas de pareil ou d'égal. En principe, il ne peut pas y avoir deux dieux ou plus.

Nous avons été, jusqu'ici, en mesure de savoir qu'il y a un Créateur qui est la Source de l'Existence et qui n'a pas de semblable. Mais est-ce là la limite finale de la connaissance humaine sur Lui? Ne pouvons-nous pas avancer et avoir un peu plus de connaissances sur cette source de l'Existence?

Certains savants ont tendance à croire que l'homme peut avoir seulement une "connaissance", à savoir qu'il peut savoir qu'il y a une source d'existence, et que davantage de science ou de connaissance n'est pas à sa portée.

Ces savants professent que tout nom ou attribut qu'on peut utiliser pour nommer la Source de l'Existence, en ayant l'intention d'ajouter par ce moyen quelque chose à la connaissance qu'on a de Lui, est probablement sans aucun rapport avec Lui et ne ferait qu'augmenter notre ignorance et notre malentendu.

Selon ce point de vue le plus haut niveau de connaissance que l'homme peut atteindre sur le Créateur est seulement qu'IL existe et qu'IL est au-dessus de tout ce que l'homme peut concevoir ou imaginer. La connaissance de la source de l'existence suit seulement une direction, à savoir que la source doit être au dessus de tout ce que l'esprit humain peut concevoir.

L'appréciation d'une opinion excessive

L'idée vers laquelle tendent ces savants est très attrayante et d'autant plus appréciable qu'elle rejette toutes conceptions déraisonnables et mythiques sur Allah. Mais si nous l'apprécions d'un point de vue réaliste, nous la trouverons un peu excessive. En effet, si la connaissance humaine sur Allah est impossible, en dehors du mot "IL", qui est absolument vague, alors, comment pouvons-nous apprendre qu'IL est réellement?

Il apparaît que les grands savants qui tendaient vers cette idée ont pris la connaissance totale et complète pour celle relative. Une chose peut avoir des dizaines de caractéristiques qui la distinguent des autres choses. En connaissant l'une de ces caractéristiques, nous pouvons l'identifier sans avoir besoin d'une connaissance complète de tous se s traits distinctifs. C'est le cas, non seulement pour Allah, mais le même principe s'applique à tout ce qui existe. Par exemple, si vous avez deux enfants, vous pouvez facilement reconnaître chacun d'eux. Mais êtes-vous au courant de toutes leurs caractéristiques morales et physiques?

De là, s'il est question d'une connaissance complète d'Allah, nous devons admettre que cela est humainement impossible.

Mais s'il est question de la connaissance de certains de Ses Attributs, et que cette connaissance relative peut le distinguer de tous les autres, alors là, l'homme doit bien sûr avoir une telle connaissance afin d'être au courant de Son Existence. En réalité sans une telle connaissance, il est difficile de parler d'Allah.

De là, notre incapacité d'avoir une connaissance totale et complète de la réalité ne doit pas signifier que nous soyons incapables d'avoir aucune sorte de connaissance à son sujet.

Il y a un stade moyen; bien mieux, il y a plusieurs stades intermédiaires entre une connaissance absolue et complète et une ignorance totale, à savoir "une connaissance relative d'une ou de plusieurs directions".

Une étude attentive de la connaissance, de sa valeur et de ses limites montre que l'information humaine sur ce monde est le plus souvent relative. Pour cette raison, la science moderne s'intéresse fondamentalement à la connaissance des traits caractéristiques des choses et non à leur "essence". La connaissance de la Source de l'Existence aussi a des restrictions similaires. Lorsqu'une personne intelligente et bien informée pense à Allah, elle s'exclame du fond du coeur: "Je ne sais pas ce que Tu es; Tu es ce que Tu es".

Toutefois, lorsque cette même personne regarde Ses Signes et une partie de Ses Marques distinctives, elle fait un peu connaissance avec Lui. Bien que cette connaissance soit de loin inférieure à la connaissance absolue, lorsqu'on la possède, on peut parler de "Lui" avec certitude. (Voir: Ayatollâh Bâqir al-Sadr: "He, His Messenger and His Message", ISP, 1980)(2)

On peut dire que toute personne qui croît en Allah, L'identifie, au moins, à l'un de Ses Attributs, attribut par lequel elle Le reconnaît. La reconnaissance d'Allah est accompagnée d'au moins quelques attributs, tels le Créateur, le Sustentateur, l'Origine, l'Auto-Existant, etc...

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LES NOMS ET
LES ATTRIBUTS D'ALLAH
 
 

Beaucoup de Noms et d'Attributs d'Allah sont mentionnés dans le Coran.

«IL est Allah! Il n'y a de dieu que Lui. IL connaît toute chose : qu'elle soit cachée ou apparente. IL est le Clément, le Miséricordieux. IL est Allah! Il n'y a de dieu que Lui. IL est le Seigneur Souverain, le Saint, le Dispensateur de la Paix, le Gardien de la foi, le Suprême, le Puissant, le Très-Fort, le Majestueux. Gloire à Lui! IL est au-dessus de ce qu'ils Lui associent! IL est Allah! Le Créateur, Celui qui donne le commencement - à toute chose - Celui qui façonne. Les Noms les plus beaux Lui appartiennent. Tout ce qu'il y a dans les cieux et sur la terre célèbre ses louanges. IL est le Puissant, le Sage». (Sourate al-Hachr, 59: 22-24)

«Les plus beaux Noms Lui appartiennent». Le principal trait caractéristique des Noms et des Attributs d'Allah est mentionné dans ce verset. Le plus haut degré de toute vertu et de toute excellence appartient à Allah. Par exemple, le pouvoir et la capacité de faire les choses est une bonne qualité. Allah est le plus puissant et le plus efficace de tous, et Il peut faire toute chose. Le Coran dit: «Allah peut faire toute chose». (Sourate al-'Ankabout, 29: 20)

La connaissance est une vertu. Allah a le plus haut degré de connaissance. «Allah est au fait de toute chose». (Sourate al-Tawbah, 9: 115)

«IL est le Connaisseur de ce qui est invisible et de ce qui est visible... » (Sourate al-Ra'd, 13: 9)

La sagacité est une autre vertu. Le Saint Coran dit: «Allah est Connaisseur, Sage». (Sourate al-Mumtahanah, 60: 10)

La bonté envers les autres est une bonne qualité; Allah est «Le Clément, le Miséricordieux» (Sourate al-Hamd, 1: 3); «IL est le plus Miséricordieux de ceux qui font miséricorde». (Sourate Yûsuf, 12: 64)

De là, vous avez la liberté de L'appeler par ces plus beaux noms : «Les plus beaux noms appartiennent à Allah. Invoquez-Le par Ses Noms; écartez-vous de ceux qui profanent Ses Noms; ils seront vite rétribués pour ce qu'ils font». (Sourate al-A'râf, 7: 180)

Allah est Indépendant

Comme Allah possède le plus haut degré de toutes les sortes de vertus et de perfections. IL est naturellement dépouillé de toute faute, de tout manque et de toute déficience. De nombreux versets coraniques exaltant Allah, soulignent cet aspect de Sa Gloire.

Le Coran déclare qu'Allah est dépourvu de toute sorte de défaut et de besoin. Il considère cette pureté de tout défaut comme un principe important de la reconnaissance d'Allah, principe par lequel nombre de déviations doctrinales et idéologiques qui ont vu le jour et qui concernent Allah peuvent être détectées. «Moussâ dit à son peuple: "Si vous êtes ingrats, vous et tous ceux qui sont sur la terre, Allah n'a aucun besoin de vos remerciements. IL est digne de louanges». (Sourate Ibrâhîm, 14: 8)

L'homme doit se rappeler qu'il ne manque rien à Allah, qu'IL n'a pas besoin de notre foi, de notre culte ou de notre obéissance. S'IL veut que nous soyons croyants et obéissants, c'est dans notre propre intérêt et non pas pour le Sien. Si le monde entier devenait incroyant, cela ne Lui causerait aucun mal.

N'étant sujet à aucun besoin, Allah est à l'abri de toute limitation de temps et d'espace. IL est au-dessus. Un être qui occupe un espace, en a naturellement besoin pour exister, et quelqu'un qui est confiné dans le temps ne peut exister que sous certaines conditions dans un temps particulier. Un être qui n'a pas de limite de temps, peut toujours exister et ne dépend pas de conditions spéciales du temps.

Allah est Omniscient

Le Créateur du monde connaît toute chose. Pour autant, que nous le sachions, il y a dans l'univers deux sortes de choses, à savoir des choses découvertes et des choses fermées, des choses perceptibles et d'autres qui ne peuvent l'être. En tout cas Allah est au fait de toutes les deux sortes. En fait il n'y a rien d'inconnu pour Allah. Rien n'est caché à Lui: «IL est celui qui connaît ce qui est caché et ce qui est apparent. IL est le Grand, le Très-Haut». (Sourate al-Ra'd, 13: 9)

«Rien n'est caché à Allah sur la Terre et dans le Ciel». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 5). «IL est au fait des détails les plus minutieux. IL sait tout ce que nous faisons: Allah sait parfaitement ce que vous faites». (Sourate al-Nihal, 16: 91)

Allah est Tout-Puissant

«IL contrôle toute chose et peut faire toute chose: Allah est Puissant sur toute chose». (Sourate al-Baqarah, 2: 20)

IL est si Puissant et si Dominant que chaque fois qu'IL veut qu'une chose vienne à l'existence ou que quelque chose soit faite, IL lui dit seulement: "Sois", et immédiatement elle "est". Le Coran dit: «Tel est Son ordre: quand IL veut une chose, IL lui dit: "Sois", et elle est». (Sourate Yâssine, 36: 82)

La Volonté et la Volition d'Allah

Normalement, tous les êtres doués d'intelligence et de puissance peuvent accomplir tout ce qu'ils veulent ou, au moins, une partie de ce qu'ils veulent. Du moins, ils essaient de satisfaire leurs désirs. Lorsque nous projetons sciemment de réaliser notre objectif, nous disons que "nous sommes déterminés à accomplir telle ou telle tâche". De là, la détermination consiste en une volonté intentionnelle et forte qui est efficace dans l'accomplissement de notre désir.

Parmi toutes les variétés de choses existantes dans ce monde, les animaux, ou du moins, les animaux supérieurs, sont plus ou moins dotés d'une qualité qui fait que lorsqu'ils ont une impulsion, ils essaient de faire à bon escient ce qu'ils veulent. Parmi tous les animaux que nous connaissons, l'homme a la force de volonté la plus développée. C'est pourquoi la connaissance a un rôle plus créatif dans sa vie que dans celle des autres animaux. En tous cas, il n'exerce pas apparemment sa volonté pendant qu'il accomplit beaucoup d'actes. Ses systèmes circulatoire, respiratoire et digestif ainsi que ses glandes, petites et grandes, qui produisent toutes les substances chimiques nécessaires, fonctionnent tous sans l'aide de sa volonté.

Il n'y a pas de doute que tous ces systèmes ont un lien avec le système nerveux; la physiologie moderne a été en mesure de découvrir à chacun d'eux un centre, de commandement, situé quelque part dans le cerveau, bien qu'on ne puisse appeler chaque action ayant quelque rapport avec le cerveau, une action intentionnelle ou délibérée.

On a rapporté que certaines personnes avaient été capables, à la suite de quelques exercices et d'une longue expérience, de contrôler la circulation de leur sang. Même si de tels rapports sont exacts, ils peuvent être qualifiés, au mieux, de cas exceptionnels.

En tout état de cause, le domaine de l'activité de la volonté humaine, est après tout, limité. Par exemple, jusqu'à ce jour, la volonté humaine n'a pas été capable d'influencer le système de révolution des corps célestes. Nous remarquons aussi que chaque être humain a quelques traits héréditaires dans la sélection desquels sa volonté consciente ne joue aucun rôle.

De là, l'influence de la volonté et de la volition humaine, est somme toute, limitée. C'est pourquoi il arrive souvent que l'homme ait l'intention de faire quelque chose, mais qu'il n'y parvienne pas ou que certains facteurs qui échappent à son contrôle, empêchent l'accomplissement de ses nombreux désirs. Mais Allah, qui est Omniscient et Tout-Puissant, accomplit tout ce qu'IL veut: «Ton Seigneur fait ce qu'IL veut» (Sourate Houd, 11:107). «Allah seul peut vous apporter la punition, s'IL le veut; et vous ne pouvez pas vous opposer à Son plan» (Sourate Houd, 11: 33).

Sa Volonté règne sur le monde entier, ce qui n'est pas le cas de celle des autres. «Allah juge avec équité, tandis que ceux qu'ils invoquent en dehors de Lui, ne peuvent rien juger». (Sourate al-Mo'min, 40: 20).

Tous les autres quels qu'ils soient et quels qu'ils puissent être, se meuvent dans un cadre limité, que leur assigne Allah qui a fixé une destination pour toute chose: «Allah a fixé un décret pour chaque chose». (Sourate al-Talâq, 65:3 etc.)

C'est la loi universelle qui s'applique à l'homme aussi. Ainsi, sa force est limitée, mais il peut cependant choisir sa façon de vivre dans le cadre qui lui est destiné. Allah veut qu'il fasse appel à son jugement et qu'il détermine son avenir, qu'il soit bon ou mauvais, lui-même. En tout cas, même dans ce cadre, l'homme, ou sur ce point, tout autre être, ne doit pas se considérer comme étant en possession d'une force absolue. Si Allah le veut, IL peut rendre ses efforts vains. Il y a de nombreux cas où IL contrecarre les efforts de certains individus ou groupes vaniteux, et ce, contre toute attente de leur part, afin de leur rappeler et de rappeler aux autres que, même à l'intérieur de leur propre sphère de puissance, ils ne doivent jamais être oublieux de la Puissance divine qui contrôle toute chose.

Le Coran mentionne plusieurs exemples d'une telle situation. La Sourate al-Qalam (68:17- 32) illustre bien ce point: «Nous les avons éprouvés comme nous avions éprouvé les propriétaires du jardin qui avaient juré de faire leur récolte au matin. Mais ils n'ont pas fait exception à la Volonté d'Allah. Par conséquent, une calamité envoyée par ton Seigneur surprit leur jardin pendant qu'ils dormaient. Et au matin, ce fut comme s'il avait été rasé. Ils s'interpellèrent le matin en disant: "Accourez à votre jardin si vous voulez récolter et cueillir les fruits". Ils se mirent, ainsi, en route en se disant les uns aux autres à voix basse: "Qu'aucun pauvre n'entre dans le jardin aujourd'hui sans votre permission". Ils partirent donc de bonne heure, décidés à arrêter les pauvres. Lorsqu'ils virent le jardin, ils s'exclamèrent: "Nous avions sûrement tort. En réalité nous sommes ruinés". Le meilleur d'entre eux dit: "Ne vous ai-je pas dit: Pourquoi ne glorifiez-vous pas Allah?" Puis, ils dirent: "Gloire à notre Seigneur. Il n'y a pas de doute; nous avons été injustes". Puis ils se mirent à se blâmer les uns les autres. Ils dirent: "Malheur à nous! Nous avons été sûrement transgresseurs! Nous espérons que notre Seigneur nous donnera en échange un meilleur jardin. Nous retournons humblement à notre Seigneur».

Allah est Bienfaisant et Clément

Allah est Bienfaisant et Miséricordieux envers toute Sa création. IL a accordé des bienfaits à tous. IL a donné à chacun de nous de toutes les choses pour mener à bien notre vie. IL est Clément. Si un pécheur se repent et veut suivre la voie de la vertu, la porte ne lui en est pas fermée, à condition qu'il soit sincère dans son intention.

Il y a de par le monde d'innombrables signes de la Miséricorde d'Allah. A l'instar de toutes les autres choses existantes, l'homme aussi jouit des bénédictions divines, mais avec une différence importante: il a été gratifié de la faveur d'être le maître de sa destinée. Il est doté de la capacité de distinguer ce qui est juste de ce qui est erreur, le bien du mal, et il est capable de choisir consciemment l'un d'eux. Il peut exercer cette capacité seulement s'il a admis que certaines de ses actions sont souhaitables et méritent récompense, et que certaines autres appellent une peine et une punition.

L'espoir de ne pas perdre la récompense des actions louables, et de pouvoir échapper à la punition qu'appellent les actions inadmissibles, est, lui-même, une bénédiction divine, car il pousse l'homme à être vertueux et droit. Le Coran nous a fréquemment avertis du courroux d'Allah.

Allah est Juste

Allah ne fait injustice à personne. IL veut aussi que nous soyons justes dans notre conduite. IL a créé toutes choses selon un plan. Le monde entier est harmonieux. Allah a promis des récompenses et des rétributions dans l'autre monde selon un système bien élaboré d'action et de réaction. Chacun de nous récoltera là-bas ce qu'il aura semé ici. Là-bas, la personnalité de l'homme sera le reflet de ses accomplissements ici. Tout soulagement ou toute peine qu'il recevra dans l'Au-delà, sera le salaire exact de ses actions, et aucune injustice ne sera faite à personne. L'avenir éternel de chacun dépend de ses propres efforts en vue de se réformer et de réformer son environnement. C'est le fond de l'information que le Coran, le Livre divin, nous donne sur Allah. Cette information est fondée sur la révélation, mais elle peut aussi s'obtenir par une réflexion sur Ses Signes et sur tous Ses Noms et Attributs. Non seulement elle satisfait ceux qui cherchent la connaissance, mais elle nous aide aussi à résoudre notre plus grand problème, à savoir comment donner une direction à notre vie.

Un homme qui s'inspire d'une telle connaissance réaliste et constructive d'Allah, mène une vie vigoureuse et pleine de zèle, d'espoir et d'effort. Il adhère à ses propres vues et à son propre mode de vie, mais coopère également avec les autres et respecte leurs idées. Un homme soumis à Allah ne se vend pas aux autres ni ne s'efforce de soumettre les autres à son propre désir. Il aime autant sa propre liberté que celle des autres. Il est lui-même pur, et il aime que les autres le soient aussi. Il cherche la vérité où qu'elle se trouve. Il est toujours avec la vérité et en guerre contre le faux.

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LE RÔLE DE LA COSMOLOGIE DIVINE DANS LA VIE HUMAINE
 

La conception matérialiste regarde le monde et l'homme seulement sous des angles matériel, naturel et perceptif.

Elle ne reconnaît l'existence d'aucun créateur, organisateur et directeur autre que le cosmos.

Elle confine les besoins de la société et les dimensions de l'existence humaine aux limites de leurs exigences naturelles.

Et considérant que la vie de l'homme est limitée au cadre de sa vie d'ci-bas, elle ne reconnaît pas que les affaires de ce monde sont contrôlées par un ordre conscient, ni n'admet l'existence d'aucun besoin dépassant la vie matérielle, ni d'monde de l'Au-delà.

Donc, selon cette conception, si la vie humaine a un but ou un programme, c'est dans le cadre de cette vie d'ici-bas seulement.

Tout au contraire, la cosmologie divine reconnaît l'existence d'un Etre Sage, Omnipotent et Omniscient qui contrôle tous les facteurs et relations naturels, et croit que le monde entier est soumis a Son Commandement conscient et vigilant. En même temps, elle reconnaît aussi la validité de toutes les lois naturelles régissant le monde.

En tout cas, elle croit que la Volonté d'Allah est au-dessus de tous les autres facteurs et lots, et soutient que les anciennes lois et formules scientifiques sont la création et une partie du dessein d'Allah qui est la source de la Faveur, de la Miséricorde, de la Sagesse, de la Compassion et de la Justice.

Donc, un homme croyant en Allah se voit dans un monde conscient, bien guidé et fondé sur la justice, et non pas dans un monde obscur, terni et sans but.

En conséquence de sa croyance, il a le sentiment qu'Allah est toujours avec lui. Quel soutien naturel! Quelle source de force et d'énergie!

La cosmologie divine, à côte de la reconnaissance des besoins naturels et de l'admission de la nécessité de les satisfaire, prend aussi en considération la dimension spirituelle de l'homme.

Elle s'occupe de l'élévation de l'âme, de la pureté du coeur, de l'amour de la vérité et du dévouement a la pureté, au raffinement, à l'amour, à l'impartialité, à l'endurance et a la philanthropie. Ce sont des qualités dont l'absence se fait vraiment sentir aujourd'hui. Les sociétés industrielles réalisent qu'elles en ont besoin et sont tout a fait conscientes de leur manque. Elles essaient occasionnellement de satisfaire leur soif de ces qualités d'une façon superficielle en adoptant certaines formes du néo-gnosticisme occidental.

On ne doit pas oublier que la cosmologie divine ne signifie pas une pure spiritualité, un gnosticisme et une préoccupation des besoins éthiques. Elle signifie vraiment une attention totale a l'homme, sur les plans, a la fois, matériel et spiritual. En un mot, elle vise à pousser l'homme vers une perfection complète.

Deux stades d'une vie étendue

Du point de vue religieux, la vie humaine est étendue et éternelle. Elle n'est pas limitée aux quelques années de l'existence dans ce monde. L'homme a été informé catégoriquement qu'il est un être éternel et qu'il ne l'annihile pas avec la mort. D'un autre cote, il reprendra la vie à nouveau, dans l'autre monde, où toute chose se présentera sous une forme plus intensive, plus sérieuse et plus profonde. Autant les plaisirs et le succès seront a leur zénith dans ce monde-là, autant les souffrances et les afflictions seront intenses.

L'homme a été informé en outre que s'il tient vraiment à ses propres intérêts, s'il veut éviter la souffrance et désire être heureux et prospère, il doit garder présent à l'esprit que le succès et le bonheur, tout comme la souffrance et l'affliction, suivront, sous une forme plus pure et plus étendue, les traces de la vie d'ici-bas.

Tout son avenir dépend de ses actions d'aujourd'hui et sera seulement la conséquence des efforts faits dans ce monde.

Un homme judicieux qui pense au revenu de son travail et qui fait des efforts calcules pour atteindre son objectif, doit être pleinement averti des résultats de ce qu'il fait. Il doit réaliser sa conduite s'il réalise que certaines de ses actions lui sont préjudiciables ou qu'elles ne servent pas dans son intérêt.

Conclusion

La vision d'un homme religieux n'est pas limitée a lui-même. Il a un horizon plus large et son but est de plaire à Allah et de servir Ses créatures. Il ne pense pas seulement a ses besoins matériels, mais prend aussi en considération ses besoins spirituals. Il cherche le bonheur aussi bien dans ce monde que dans l'autre et répugne au malheur dans tous les deux mondes. Il ne concentre pas son attention seulement sur les efforts dont les effets, positifs et négatifs, se limitent uniquement à la vie présente.

Les effets spirituels et pratiques de la croyance religieuse

Un homme qui a le soutien d'une croyance religieuse ferme se sent dote d'une force particulière. Quoi qu'il entreprenne, il l'accomplit avec sincérité et pureté. Pour atteindre son objectif, il ne recourt ni à la mendicité, ni a la flatterie, pas plus qu'il n'abaisse sa position. Même s'il subit quelque inconvénient ou une perte pendant qu'il se débat pour atteindre son objectif, il ne perd pas son coeur.

Il aime les autres comme il s'aime lui-même, et désire le bien de tous. Il éprouve une affection réciproque envers ceux qui pensent comme lui. Il trouve un plaisir en travaillant pour l'amélioration de la société et en rendant service aux autres. Il est très engagé dans la réalisation de ses buts divine et ne peut ni supporter la compagnie des égoïstes et des trompeurs, ni détourner ses efforts pour servir leurs intérêts. Le résultat en est qu'il ajoute à sa franchise, la fermeté et l'endurance.

Un homme véritablement religieux est en réalité très concerné par le bonheur et le succès des autres, et pour cette raison, il n'hésite pas a consentir des sacrifices car il croit qu'il trouvera dans l'autre monde une grande et heureuse conséquence à la moindre de ses actions. Il reconnaît que tous ses efforts dans ce monde sont gouvernés par un système d'action et de réaction.

Même s'il perd sa vie pour réaliser son objectif, il ne se considère pas pour autant comme un perdant, car a travers son sacrifice suprême, il accepte de faire tout et devient immortel. S'il dépense son argent pour améliorer le sort de la société, il ne perd rien, mais a tout à gagner, car, bien qu'il entreprenne cette démarche pour sa foi et pour sa propre satisfaction, il en sera récompense. En plus, il tirera avantage de la prospérité de la Société, prospérité obtenue dans l'ensemble, à la suite des services qu'il a rendus. Tout effort positif et réglementaire fait pour la cause d'Allah et pour le bien de Ses créatures, qu'il soit intellectuel, organisationnel, littéraire, physique ou pécuniaire, est constructif et rémunération dans chacun des deux mondes.

Si nous comparons un tel homme avec un homme égoïste, dont l'approche est uniquement matérielle, et qui s'intéresse seulement a ses profits personnels, nous pouvons imaginer facilement quel en sera le résultat, car nous savons de quelle sorte de personnel la société humaine a besoin pour son développement et son évolution complète. Elle a besoin de ceux qui cherchent à plaire a Allah, et non des égoïstes.

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LES GUIDES DE L'HUMANITÉ
 

Chaque homme est attache au lien précieux de l'éternité et tout homme ayant des goûts sains peut prendre conscience de son existence grâce à sa perspicacité naturelle. En tout cas il y a dans la société humaine quelques hommes éminents qui en ont une conscience plus claire. Leurs paroles et leur comportement sont l'exemple frappant du lien de l'homme avec l'éternité et de son rôle créatif dans la connaissance et la pratique humaines. Ces hommes sont les prophètes.

Les prophètes sont capables de recevoir des messages - Révélations - directs du monde éternel. Ces messages sont si nets et si lumineux qu'ils illuminent toute leur existence et éclairent pour eux des faits qui sont inconnus des autres. Ils voient la Vérité si clairement qu'on les croirait des récepteurs vidéo sous une forme humaine. Ils apprennent les faits eux-mêmes, puis ils les transmettent aux autres sur ordre d'Allah. C'est ce qu'on appelle la prophétie. Les messages que les prophètes reçoivent laissent une impression profonde et étonnante sur leur âme et leur personnalité. Ils les "ressuscitent" virtuellement, stimulent leurs forces intérieures et opèrent en eux une révolution constructive, fructueuse, sans précédent en ce qui concerne les autres gens.

Les traits distinctifs des prophètes

Ces hommes modèles qui établissent des contacts avec la Source de l'Existence à travers la Révélation ont certains traits distinctifs et certaines particularités. Nous nous proposons de jeter ci-après un peu de lumière sur ces traits.

1. Les Miracles

Tout prophète qu'Allah envoie est doté par Lui d'une extraordinaire force par laquelle il accomplit un ou plusieurs miracles qui portent témoignage de la vérité de sa mission. Le Coran appelle ces miracles accomplis par les prophètes avec la permission d'Allah, "Âyât" ou les "Signes" de la prophétie desdits prophètes parce que les miracles ne peuvent être accomplis par d'autres que les prophètes, les savants théologiens les appellent "Mu'jizât".

Selon le Coran, les gens, à toutes les époques, ont demandé à leurs prophètes respectifs d'accomplir un miracle pour eux, et au cas où une telle demande était formulée par des gens sincères et réellement désireux de connaître la Vérité, et qui ne pouvaient être certains de la prophétie du prophète concerné sans un tel miracle, ce dernier accédait a leur requête légitime. Mais si une telle demande avait un objet autre que le désir de connaître la vérité - par exemple, si la demande revêtait la forme d'un marché et que les gens disaient qu'ils accepteraient le message du prophète, s'il produisait une colline d'or pour eux afin qu'ils deviennent riches - les prophètes rejetaient alors des demandes de ce genre.

2. L'Infaillibilité

L'Infaillibilité signifie immunité contre les péchés et les erreurs. Les prophètes ne commettent pas de péché ni ne sont susceptibles de tomber dans l'erreur dans l'exercice de leurs actions et de leur mission. C'est à cause de cette immunité qu'on peut mettre en eux le maximum de confiance.

Maintenant voyons quelle est la nature de cette infaillibilité. Signifie-t-elle que chaque fois qu'ils sont tentés de commettre un péché ou une erreur, un messager divin se présente a eux pour les en empêcher?

Ou bien, leur nature est-elle telle, qu'ils sont incapables de commettre un péché ou une erreur, de la même façon, par exemple, qu'un ange ne commet pas l'adultère pour la simple raison qu'il n'a pas de besoin sexuel, ou qu'une machine a calculer ne commet pas d'erreur, étant sans cerveau? Ou bien, l'infaillibilité des prophètes est-elle due à leur perspicacité et au degré de leur foi?

Comme nous l'avons déjà dit, selon notre optique, l'infaillibilité des prophètes est de la troisième sorte. L'homme a la faculté de choisir. Il choisit son action sur la base des avantages et des désavantages, du gain et de la perte qu'elle implique. Il est impossible qu'il choisisse quelque chose qui n'ait pas d'avantage pour lui ou qui implique un sérieux désavantage. Un homme réfléchi qui s'intéresse a sa vie ne se jette jamais dans l'enfer ni prend jamais de poison mortel.

Les individus varient selon la force de leur foi et le degré de leur conscience des conséquences des péchés. Plus leur foi est solide, plus leur conscience des désavantages impliques par les péchés est grande, et plus ils sont enclins à éviter les péchés. Nous connaissons personnellement un grand nombre de personnel qui sont très pieuses et qui ont une tendance naturelle à se préserver des péchés. Si quelqu'un leur attribuait un péché, nous réagirions automatiquement pour contredire l'accusation car nous sommes sûrs que celle-ci est fausse.

Plus haut est le degré de la foi, plus grande est la tendance a être moralement bon, et plus faible est la probabilité de commettre un péché. Si la foi est absolument parfaite, cette possibilité est de zéro pour cent. Un homme qui atteint ce degré de foi sent que commettre un péché est aussi mal que prendre un poison mortel ou se jeter dans l'enfer. C'est là le stade que nous appelons infaillibilité.

Donc l'infaillibilité est le résultat de la perfection de la foi et de l'excellence de la morale. Car pour être infaillible, il n'est pas obligatoire qu'il y ait une force extérieure, ni il n'est nécessaire que l'on soit naturellement immunisé contre le péché. Ce n'est honorable pour personne de ne pas pouvoir commettre un péché ou d'être empêché, de force, de le commettre. Une telle personne serait pareille à un prisonnier qui ne peut voler tout simplement parce qu'il est enferme dans une prison. Un tel prisonnier mérite-t-il d'être considéré comme honnête et intègre?

Comme pour l'immunité contre l'erreur, c'est le résultat de la perspicacité des prophètes. Un homme commet une faute lorsqu'il est incapable d'observer directement la Vérité et la découvre seulement à travers des calculs mentaux. De tels calculs peuvent être erronés. Mais s'il a la faculté de voir la Vérité directement, la possibilité d'erreur n'existe plus.

C'est le cas des prophètes. Ils ont un contact direct avec la Réalité. Et comme la Réalité est elle-même bien déterminée, il ne peut pas y avoir d'erreur dans son identification. Prenons-en un exemple. Si nous mettons 100 grains de blé dans un ustensile et que nous répétions la même opération cent fois, nous aurons 10.000 grains. Ni plus ni moins. Mais au moment de compter les grains, il se peut que nous fassions une erreur. Il se peut que nous ayons l'impression d'avoir mis les grains 99 fois, ou 101 fois. Par conséquent, il se peut que nous pensions qu'il y a 9.900 ou 10.100 grains en tout. Mais ce malentendu ne peut changer la réalité. Le nombre des grains restera 10.000. Ni plus ni moins. Quelqu'un qui connaît la vérité sera sûr du nombre, et trouvera exactement le même lorsqu'il aura compté.

La différence entre un prophète un génie

De ce qui précède on peut déduire la principale différence entre un prophète et un génie. Un génie est une personne douée d'une faculté intellectuelle et de calcul extraordinaire, et elle peut donc parvenir à de nouveaux résultats intéressants. Elle peut faire occasionnellement une erreur dans ses calculs. Mais un prophète, outre qu'il est doté de facultés intellectuelles, de pensée et de calcul, est aussi pourvu d'une force additionnelle, appelée Révélation, qui lui fait connaître directement la Réalité. Seuls les prophètes ont cette faculté, et c'est pourquoi le cas d'un prophète est tout a fait différent de celui d'un génie. Comme les deux appartiennent a deux catégories différentes, il n'y a pas de comparaison possible entre eux. Si nous comparons l'acuité de la vue de quelqu'un avec celle d'un autre, une telle comparaison est correcte. Mais si nous comparons l'acuité de la vue d'une personne avec la sensibilité de l'ouïe d'une autre, la comparaison n'est pas plausible. L'éminence d'un génie réside dans ses facultés intellectuelles, alors que la supériorité d'un prophète découle largement de son contact avec la Source de l'Existence, et a pour origine une force totalement différente, connue comme la révélation. De la, les deux cas sont tout a fait différents.

3. La direction dynamique

Bien qu'un prophète commence sa marche spirituelle vers Allah en fuyant les gens pour se recueillir, il finit par revenir aux gens dans l'intention de les reformer.

En arabe il y a deux mots pour dire prophète: "Nabi" et "Rasûl". Littéralement, "Nabi" signifie quelqu'un qui apporte des nouvelles, et "Rasûl", quelqu'un qui est envoyé avec un message. Un prophète communique le Message d'Allah aux gens, et de ce fait, il réveille leurs facultés endormies. Il les appelle à Allah et les incite a chercher Son agrément. En d'autres termes, il les appelle à la reforme, à la liberté, à l'intégrité, a la justice, a l'amour et a la lutte pacifique pour la bonne cause et pour d'autres vertus. Il les libère de l'asservissement a leurs passions et a d'autres fausses divinités. La tache essentielle d'un prophète est de guider les gens, de leur inculquer un nouvel esprit et de les organiser en vue de l'agrément d'Allah et du bien de l'humanité.

4. Une ferveur incomparable et une fermeté à toute épreuve dans la lutte contre le polythéisme, l'ignorance et la corruption

Comme les prophètes jouissent du soutien divin, ils n'oublient jamais la mission que leur confie Allah. C'est la raison pour laquelle ils sont extraordinairement sincères dans leur mission. Ils n'ont aucun autre objectif que la guidance des gens. Ils ne demandent jamais aux gens de les payer pour leurs services.

Dans la sourate al-Chourâ, le Coran a reproduit un résumé de dialogue entre les prophètes et leur peuple. Chaque prophète apporte une sorte de message avec une référence particulière aux problèmes particuliers que rencontrent ses adeptes. En tout cas, il y a un point commun au message de tous les prophètes. Il est le suivant: "Je ne vous demande pas de salaire".

Le message des prophètes était toujours accompagné d'une fermeté incomparable. Comme ils n'ont aucun doute quant à leur mission, ils ont propagé et défendu leur message avec une fermeté inégalable.

Lorsque Moussâ Ibn 'Imrân (Moïse) et son frère Hâroun (Aaron) appelèrent Pharaon à croire en Allah, ils avaient pour tout équipement les vêtements rudes et usagés qu'ils portaient et le bâton qu'ils tenaient dans leur main. Pharaon tomba des nues lorsqu'ils lui dirent fermement: "Ta chute est imminente si tu rejettes notre appel, mais si tu l'acceptes nous garantissons ton honneur".

Le Saint Prophète (que la paix soit sur lui et sur sa descendance) appela, un des premiers jours de l'Islam, où les Musulmans étaient encore très peu nombreux, les anciens de Quraych et leur communique son message. Il déclare fermement que l'Islam était destiné à devenir universel et que leur bien-être dépendait de leur conversion a cette religion. Ils furent si surpris qu'ils se regardèrent les uns les autres et se dispersèrent sans prononcer un seul mot. C'est à cause de ce courage et de cette ferveur extraordinaire que les prophètes n'acceptèrent jamais de compromis sur les principes.

Lorsque Abû Tâlib, l'oncle du Prophète, communiqua à ce dernier l'offre des Quraych lui proposant d'être leur roi, lui promettant de lui offrir en mariage leurs plus belles filles et faisant de lui l'homme le plus riche d'entre eux, s'il acceptait de renoncer a se proclamer prophète, il répondit: "Par Allah! Même s'ils mettaient le Soleil dans l'une de mes mains et la Lune dans l'autre, je n'abdiquerais pas ma mission".

5. Le bien-être général

Les Prophètes encouragent les individus et la société à évoluer vers l'auto-formation afin d'assurer le bien-être humain. Ils n'ont jamais rien fait qui poisse ruiner l'individu ou la société.

6. Une vie personnelle normale

Bien que les prophètes aient de nombreuses qualités extraordinaires, tels que l'accomplissement de miracles, l'infaillibilité, la direction dynamique, des réalisations constructives inégalables et une lutte incessante contre l'ignorance, le polythéisme et la tyrannie, ils restent néanmoins des êtres humains et ont toutes les caractéristiques humaines. Ainsi, comme les autres, ils mangent, ils dorment, ils marchent, ils ont femmes et enfants, et finissent par mourir. Ils sont soumis a tous les besoins et exigences humaines. Ils ont a accomplir tous les devoirs qui sont préscrits, à travers eux, aux autres. Les règles qui déterminant ce qui est légal et ce qui ne l'est pas s'appliquent également à eux. Dans certains cas, ils ont plus de devoirs religieux à accomplir. Par exemple, dans le cas du Saint Prophète, il lui était obligatoire de demeurer vigilant et d'accomplir des prières pendant les derrières heures de la nuit. En tout cas, les prophètes ne se dispensent d'aucun acte obligatoire. Ils craignent Allah comme les autres, et même plus que les autres. Ils accomplissent plus d'actes de piété que les autres. Ils font des prières, observent le jeûne, accomplissent le pèlerinage et participant au jihâd. Ils paient la zakât et oeuvrent en vue du bien-être des autres. Pour gagner leur vie, ils travaillent, et ils n'aiment pas être une charge pour les autres. La seule différence entre les prophètes et les autres gens est que les premiers reçoivent la Révélation et ont la qualification nécessaire pour recevoir et prêcher le message d'Allah. En tout cas, cette qualification ne les exclut pas de la catégorie des êtres humains. Leur vie personnelle et privée n'est pas différente de celle des autres. Si elle avait été différente, elle n'aurait pas été un modèle pour les autres. Toute personne désireuse de vivre dans le bien-être doit modeler sa vie sur celle des prophètes. Selon le Coran, si Allah avait envoyé un ange comme prophète, cet ange aurait eu l'apparence humaine, et il aurait parlé et vécu comme les êtres humains. (cf. Sourate al-An'âm, verses 9)

Le rôle de la Révélation dans la vie humaine

Comme nous l'avons dit précédemment, la Révélation joue un rôle fondamental dans la vie des prophètes. Tous les traits distinctifs de leur vie, ou la plupart d'entre eux, tels que l'infaillibilité, la direction sincère la fermeté incomparable et les efforts en vue du bien-être de tous, sont fondes sur la Révélation.

Nous avons vu comment la Révélation opère une révolution fructueuse et efficace dans la vie des prophètes. Maintenant, voyons quel est son rôle dans notre propre vie.

La révélation ne peut avoir automatiquement un rôle direct dans notre vie, à moins que nous ne reconnaissions les prophètes et que nous ne soyons avertis de cette source extraordinaire de connaissance et de croyance. Si nous ne croyons pas aux prophètes, la seule source de notre connaissance sera notre propre expérience et nos propres idéaux. Mais après avoir reconnu les prophètes et été convaincus qu'ils ont accès à une nouvelle source de connaissance, et que les enseignements qu'ils affirment avoir reçus à travers un contact direct avec la Source de l'Existence ne sont ni leurs idées personnelles, ni le produit de leur expérience personnelle, mais un Message clair du Créateur, la Révélation peut, alors, assurer un rôle déterminant dans notre vie. Nous avons accès, à travers les prophètes, à une nouvelle Source de connaissance sur le Commencement et la Fin de ce Monde, et le moyen de mener une vie droite. Un homme coupé des prophètes a accès à une seule source de connaissance, à savoir, sa propre pensée et sa propre expérience. Mais un homme lié aux prophètes en possède deux: sa propre pensée et son expérience, ainsi que la Révélation.

La relation entre la connaissance, la raison et la Révélation

La relation mutuelle entre la connaissance, la raison et la Révélation peut être facilement déduite des sources que nous venons d'énumérer, car elles ont toutes le même but, à savoir, la découverte de la Vérité et son utilisation dans la vie de l'homme. Mais en ce qui concerne leur crédibilité, elles n'entrent pas dans la même catégorie. La Révélation est a cent pour cent crédible et sans ambiguïté. Elle est immunisée contre toute erreur. Mais la crédibilité de la connaissance et de la raison n'est pas de cent pour cent, car elles comportent une possibilité d'erreur. Une étude comparée des faits appris à travers la connaissance et la raison, et de ceux appris à travers la Révélation, montre qu'il n'existe pas la moindre incompatibilité entre eux. Là où une contradiction paraît exister, c'est ou bien lorsque le cas n'est pas fondé sur une Révélation authentique, ou bien lorsque le verdict de la connaissance et de la raison est une pure approximation, et en dépit du fait qu'il revête la forme d'une loi scientifique et qu'il ait une valeur pratique suffisante, sa signification reste seulement relative.

C'est pourquoi, le Coran, cette pure Révélation divine, encourage sans cesse la pensée, la réflexion et l'apprentissage. Il veut que tout le monde exerce pleinement ses facultés mentales et essaie d'apprendre toujours plus. En même temps, nous trouvons que la science pratique objective et le raisonnement réaliste, non seulement ne sont pas en conflit avec le Coran et son système, mais qu'ils soulignent la nécessite pour l'homme d'être dévoué à Allah, aux prophètes et au système qu'ils ont approuvé. Ils veulent que l'homme travaille sérieusement pour reformer et améliorer son environnement, et profite, pour ce faire, de toutes les deux sources de connaissance qu'Allah a mises à sa disposition.

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L'ISLAM DÉFEND LA JUSTICE
 

Selon le point de vue islamique, le monde entier est une réalité fondée sur l'équité et la justice. Les Cieux et la Terre ont été créés sur cette même base. Toutes choses dans le monde sont calculées et planifiées.

«IL a élevé le Ciel et établi une balance pour toute chose». (Sourate al-Rahmân, 55: 7)

Toute chose dans le Cosmos s'achemine vers son but. Rien n'est désordonne ni fortuit. Depuis l'ordre qu'on trouve dans la cellule vivante et au coeur d'un atome, jusqu'au système précis du corps d'un être vivant, en passant par l'équilibre minutieux existent entre les planètes du système solaire ainsi que les galaxies, et par les lois merveilleuses qui gouvernent le monde entier et qui ont été découvertes et mises a profit par la science, tout cela indique qu'il existe un système calcule et une organisation parfaite.

C'est sur la base de cette vérité que l'Imam Ali (P) a dit: «La justice signifie mettre chaque chose a sa place, alors que l'injustice signifie, mettre chaque chose là où n'est pas sa place».

Toute déviation des règles générales et des relations gouvernant le monde entraînera la confusion et le désordre, et perturbera l'équilibre maintenu par les lois rigoureuses de la nature.

Chaque chose doit se mouvoir sur sa propre orbite et avancer vers son évolution.

L'équilibre et l'ordre sont les lois inévitables régissant la nature. Les phénomènes naturels ne sont pas libres de décider quelle sorte de relation mutuelle ils devraient avoir, ou s'ils devraient oui ou non maintenir l'équilibre. Même la réaction provoquée par n'importe quelle perturbation dans la nature est destinée à la restauration de l'équilibre et au déplacement des obstacles se dressant sur la voie de l'évolution. Cette réaction aussi suit un cours inéluctable, déjà prescrit. En vérité, même toute perturbation dans l'ordre naturel a sa propre méthode spécifique et sa propre procédure: lorsque l'ordre, dans un sens plus large, est perturbé, la nature produit elle-même quelques correctifs de l'intérieur ou de l'extérieur.

La pénétration des germes ou des virus d'une maladie dans le corps humain provoque des crampes et des douleurs, mais la réaction suscitée par les globules blancs ou des médicaments extérieurs, combat les germes et les virus et parvient à rétablir la santé et l'équilibre général du corps. C'est là l'exemple de la loi coercitive du combat contre le mal.

La justice de volonté ou une justice voulue

En exerçant sa volonté, l'homme est tenu particulièrement d'être juste. De tous les facteurs qui gouvernent les actions de l'homme, celui de sa volonté et de son pouvoir de choisir joue un rôle fondamental. La comparaison de ce rôle avec celui des autres facteurs et normes coercitives a soulevé l'une des plus grandes questions philosophiques, qui, on peut le dire sans risque de se tromper, a trait à l'une des idées humaines les plus vieilles et les plus sensibles. Ce qui est intéressant, c'est que les vues de quelqu'un ont à cet égard un effet direct sur ses efforts, sur ses actions et sur ses réalisations en vue d'améliorer son propre sort et le sort de la société.

La question de la prédestination et de la libre volonté a soulevé beaucoup de controverses parmi les Musulmans, comme chez les autres peuples, et a donne lieu a un large débat philosophique et scolastique.

Certaines personnel, s'appuyant sur les versets qui déclarent que l'honneur, le déshonneur, la guidance et l'égarement sont entre les Mains d'Allah, en sont venues a la conclusion que l'homme n'a pas de volition et qu'il n'est qu'un instrument, sans aucune volonté, dans la Main d'Allah. Elles ont fondé un autre principe sur cette théorie, selon lequel, leur croyance en l'Unicité d'Allah et en Son Autorité Absolue, exige d'elles qu'elles croient que tous les phénomènes du monde, y compris les actes et la conduite de l'homme, sont du ressort d'Allah Seul et qu'il n'existe d'autre volonté que Celle d'Allah. Dire que tout autre peut faire quoi que ce soit d'une façon indépendante serait incompatible avec la concentration de la volonté dans la personne d'Allah

Cette opinion était encouragée par les gouvernements opportunistes de l'époque, car elle permettait de faire taire toute critique de leurs actions. Les gens ne pouvaient donc pas élever la voix contre leurs gouvernants même en voyant l'abondance des richesses, la pompe et le faste de la cour qui contrastaient singulièrement avec leur misère et pauvreté absolues, car ils étaient formés de façon à croire que toute chose est dans la Main d'Allah qui accorde honneur et fortune à qui IL veut, et attribue misère et humiliation à qui IL veut. Les gens avaient à supporter toute injustice et toute iniquité, car telle était, pensaient-ils, la Volonté d'Allah.

Cette situation était similaire à celle qui prévalait dans l'Empire Sassanide où le commun des mortels devait vivre dans les privations propres a la classe au sein de laquelle il était né, car il ne lui était pas possible de passer d'une classe à une autre. De là, le peuple ne pouvait que supporter la misère de sa classe, alors que les classes supérieures menaient une vie luxueuse. De la même façon, chez les Hindous, les Intouchables souffraient de handicaps insurmontables sur les plans légal et social. Ils ne pouvaient même pas penser à se défaire de leur condition méprisable. En Islam, le problème des classes, des groupes sociaux, raciaux ou tribaux n'existe pas. Tous les hommes ont été créés égaux et, indépendamment de leur origine, ils sont sur le même rang,

En s'attachant à l'affirmation selon laquelle le sorte des gens et leurs conditions sociales seraient prédestinés, et en lui donnant une interprétation particulière, les gouvernant de ces pays purent exploiter le peuple et étouffer sa voix. C'est pourquoi la doctrine Ach'arite qui défendait la thèse de la prédestination devint virtuellement la doctrine officielle. Les Mu'tazilites qui croyaient en une sorte de libre volonté perdirent la faveur de la cour et firent l'objet de pressions et de menaces.

Un autre groupe de Musulmans, se référant aux versets du Coran, qui indiquent que l'homme est un agent libre, en vinrent à croire que l'homme a une volition complète et qu'il décide lui-même de son sort. Ces gens citaient l'avènement de la vie future, ainsi que les questions du Paradis et de l'Enfer, comme preuves de la vérité, de leur doctrine.

Ils affirment que si les actions de l'homme étaient considérées comme l'oeuvre d'Allah, alors, les péchés, les atrocités et la corruption devraient être considérés à leur tour comme des actes divins, bien que nous sachions qu'Allah est loin de tout mal. Pour contredire cet argument, les Ach'arites mirent en avance leur doctrine de "tanszîh", selon laquelle, Allah étant dépouillé de tout défaut, aucun mal ne pourrait Lui être attribué.

La doctrine de la justice

C'est la vraie doctrine chiite, fondée sur les vues modérées de l'Islam.

L'Imam Ja'far al-Çâdiq (P) a dit:

«Il n'y a pas de prédestination ni un pouvoir absolu du jugement humain. La Vérité se trouve entre les deux extrême».

Pour bien comprendre ce point de vue, il faut prêter une attention particulière aux points suivants:

1. Nous croyons en l'Unicité d'Allah, dans toutes Ses dimensions, et reconnaissons Son Autorité Absolue. Toute chose dans le monde est sujette à Sa Volonté. Sa Domination s'impose aux Cieux et à la Terre.

2. Son Ordre gouverne, sous forme de normes établies, la nature ainsi que toutes les causes, les facteurs et les relations naturelles dans le monde.

3. La conduite de l'homme est un phénomène causé par plusieurs facteurs comprenant la volonté de l'homme, qui est, elle aussi, une norme établie par Allah. En d'autres termes, c'est par la Volonté d'Allah que l'homme doit prendre ses propres décisions.

Et comme la libre volonté de l'homme est, elle aussi, le résultat de l'Ordre d'Allah, Allah Seul est donc le Seigneur Souverain de tout l'Univers, y compris l'homme.

4. Il est évident que la libre volonté de l'homme n'atteint pas a une liberté absolue. Elle a plusieurs restrictions: la nature, l'environnement, l'hérédité, l'innéité, etc... Par conséquent, l'homme ne jouit pas d'une faculté de jugement absolue, notamment en ce qui concerne ce qui suit:

5. L'existence de la Révélation et du Message divin, les lois et enfin, la croyance en l'Au-delà et en la récompense et la sanction des actes, tout cela impose des limitations à l'homme. En effet les restrictions juridiques et doctrinales affectent le libre choix de l'homme.

6. C'est l'homme lui-même qui apporte le mal et les vices par une mauvaise utilisation de son choix. S'il y a dans la société des injustices et des corruptions, elles sont consécutives aux actions de l'homme, et ne sont pas une création de la Volonté d'Allah, car IL est au-dessus de tout vice et de tout mal.

On peut se demander pourquoi Allah a créé de tels hommes, portés au mal? Ne valait-il pas mieux qu'IL créât seulement des hommes qui ne fassent pas le mal et qui soient bons et vertueux?

La réponse est que s'IL avait créé de tels hommes, ceux-ci n'auraient eu ni volonté ni pouvoir. Or, l'homme est un être libre. Il fait parfois ce qui est bien et parfois ce qui est mal. Certains individus vont vers la bonne direction, d'autres s'égarent. Telle est la caractéristique de la liberté. De là, la question devrait être posé de la façon suivante:

Valait-il mieux créer l'homme comme un être sans volonté ni libre arbitre, ou comme un être libre, doté du pouvoir de choisir et de décider, comme il l'est effectivement?

La réponse est évidente: il vaut mieux qu'il soit un être conscient et libre.

Maintenant que nous avons choisi cette réponse, nous aurons à accepter aussi ses conséquences qui constituent un monde mélangé de vice et de vertu, de justice et d'injustice, de vérité et de mensonge, de liberté et de servitude, de conflits et de chocs, et dans lequel l'homme est prêt à jouer un rôle conscient et libre.

7. Mais là une question se pose: le Coran dit: «Dis: O Allah, Détenteur de la Souveraineté! TU donnes la souveraineté à qui TU veux. TU honores qui TU veux et TU abaisses qui TU veux. Tout ce qui est bien se trouve dans Ta Main». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 26)

Le Coran dit aussi: «C'est TOI qui diriges qui TU veux, et c'est TOI qui égares qui TU veux». Il y a plusieurs autres versets similaires dans le Coran.

Maintenant, si les gens sont libres et maîtres de leur propre destinée, comment l'honneur et le déshonneur ne sont-ils pas dans leurs propres mains?

La réponse est que tous les phénomènes du monde suivent certaines normes et règles. Ces normes, elles aussi, ont été conçues et établies par Allah.

L'honneur et le déshonneur, la fortune et la pauvreté, le succès et l'échec, la guidance et l'égarement, la vie et la mort, le pouvoir et son absence, ainsi toutes autres choses sont des phénomènes, et comme tels, ils ne peuvent pas être fortuits et accidentels. Ils sont tous gouvernés par certaines lots, règles et normes. Aucun individu ni aucune nation, ne sont exaltes sans raison. Le progrès économique n'arrive pas sans cause. La défaite dans un conflit, ainsi que la victoire, doivent avoir quelque raison. Comme nous l'avons dit précédemment, ces normes doivent être découvertes, et on doit suivre la bonne direction en utilisant convenablement la connaissance qu'on a d'elles. Il n'y a pas de doute que c'est Allah qui exalte, mais IL exalte ceux qui savent comment améliorer leur position et se débattre pour y parvenir. Allah a donné aux Musulmans pouvoir de conquérir la Mecque et leur a garanti la victoire. Mais cela n'est arrivé que la huitième année de l'Hegire, après une longue lutte et des années d'effusions de sang, pendant lesquelles les Musulmans subirent beaucoup d'épreuves et eurent à employer toutes leurs forces et à prendre toutes sortes de mesures appropriées. En d'autres termes, ils luttèrent pour obtenir la victoire, jusqu'à ce qu'Allah la leur accordât.

Il ne fait pas de doute que c'est Allah qui produit l'épi de blé. Mais cela n'empêche que le blé ne pousse que dans la ferme d'un cultivateur industrieux qui accomplit tous les travaux nécessaires pour son développement et le protège contre les insectes.

La Justice et l'Au-delà

La Justice Divine se révélera particulièrement dans l'Au-delà. Justice dans la rétribution et la récompense, justice dans la classification des actions, et dans la détermination du rang et de la position des hommes et la démonstration de leurs qualités et caractères. Tout cela peut se déduire de ce que dit le Coran à propos de l'Au-delà, ce qui montre que la justice a un rapport particulier avec l'Au-delà.

Les actions de l'homme sont le produit de sa propre libre volonté, et il est tenu pour responsable de ses actions ainsi que de son avenir bon ou mauvais. On peut attendre de lui qu'il en connaisse, à travers les prêches des Prophètes ainsi qu'à travers ses propres facultés intellectuelles, leurs effets, positifs ou négatifs.

Ainsi, lorsque l'homme accomplit une action consciemment et délibérément, qu'il fait des efforts pour donner une bonne ou une mauvaise direction à ses qualités intérieures, ou qu'il fait quoi que ce soit susceptible d'entraîner un avantage ou un désavantage pour lui ou pour la société, la Justice Parfaite exige qu'il reçoive une rétribution précise et proportionnée à ses actions, qu'il soit classé exactement selon son action afin qu'il ne soit pas lésé (cf. Sourate al-Ahqâf, 46: 19), qu'il soit payé bien correctement pour tous les efforts qu'il a faits (cf. Sourate Ale 'Imrân, 3: 25), et qu'un enregistrement complet soit fait de toutes ses actions et de tous ses actes afin que même ce qu'il a oublie ne soit pas négligé. Le Coran dit:

«Allah leur fera savoir leurs oeuvres. IL en a fait le compte, alors qu'ils les ont oubliées». (Sourate al-Mujâdilah; 56: 6)

Cet enregistrement comprend même la plus insignifiante chose faite sous quelque forme que ce soit et dans quelque circonstance que ce soit.

Evoquant les exhortations de Luqmân adressées à son fils, le Coran dit:

«O mon fils! Même si c'était l'équivalent du poids d'un grain de moutarde, et que cela fit caché dans un rocher ou dans les Cieux, ou sur la Terre, Allah le présentera en pleine lumière. Allah est Subtil et bien informe». (Sourate Luqmân, 31: 17)

Il y a une telle proportion et harmonie entre une action et sa rétribution qu'on peut dire que cette même action se présentera dans l'Au-delà: «Ce jour-là chacun se verra confronté à tout ce qu'il aura fait de bien et de mal». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 30)

Chacun est responsable de ses propres oeuvres. Cette responsabilité n'incombera pas à quelqu'un qui n'y aurait pas joué un rôle: «Nul homme ne portera le fardeau d'un autre» (Sourate al-Fâtir, 35: 18). «Quiconque fait le bien le fait pour soi, et quiconque agit mal le fait à son propre détriment». (Sourate. Fuççilat, 41: 46)

Au Palais de Justice, ni la position familiale ni l'influence sociale, ni la richesse, ni aucune pression d'un parti ou d'un groupe, n'auront aucun effet: «Le Jour où ni les richesses, ni les enfants ne seront utiles» (Sourate al-Cho'arâ', 26: 88). «Les injustes ne trouveront aucun ami ni aucun intercesseur susceptible d'être écouté» (Sourate al- Mu'min, 40:18). «O les croyants! Dépensez en aumône une partie de ce que Nous vous avons accordé avant la venue d'un Jour où ni marchandage, ni amitié, ni intercession ne subsisteront» (Sourate al-Baqarah 2: 254). «Quand on soufflera dans la trompette, ce Jour-là, il ne sera plus question, pour eux, de généalogies...» (Sourate al- Mo'minûn, 23: 101).

En vérité, dans l'Au-delà, seules la foi, les bonnes actions et la spiritualité seront utiles à l'homme, lequel devra répondre à propos de chaque point de détail de son compte, et sera jugé correctement et justement sur la base de sa feuille, d'actes qui contient le détail de ce qu'il aura fait. Le Juge sera Allah qui est Juste, Omniscient, absolument Indépendant et au dessus de toute partialité ou d'opportunisme. IL n'est enclin à aucune menace ni à aucune tentation (cf. Sourate al-Nûr, 24: 24 et Sourate Yassine, 36: 65)

L'Au-delà

L'Au-delà est un monde dans lequel l'homme jouit de fruits de ses efforts d'ici-bas, à une très large échelle, et où se qualités et sa conduite seront absolument claires.

Dans ce monde-là, les plaisirs et le succès, de même que les misères et les afflictions, sont purs et absolus, contrairement à ce qui se passe ici-bas où toute chose est relative et mélangée.

Le succès complet et pur de l'homme dans toutes les dimensions de sa vie se présente au Paradis où tous ses désirs, espoirs et aspirations sont réalisés et où il prospère physiquement, spirituellement, matériellement et mentalement. De la même façon, son échec dans tous les domaines se révèle en Enfer.

Les quelques versets suivants projettent une grande lumière sur l'immensité de la jouissance dans le Paradis: «Hâtez-vous vers le pardon de votre Seigneur et vers le Paradis, vaste comme le ciel et la terre» (Sourate al-Hadîd, 57: 21). «Les bien-heureux seront au Paradis où ils demeureront immortels, aussi longtemps que dureront les Cieux et la Terre, à moins que ton Seigneur n'en décide autrement. Ce sera un don inaltérable» (Sourate Houd, 11: 108). «Là-bas, vous trouverez ce que vous désirez, et vous obtiendrez ce que vous demanderez» (Sourate Fuççilat, 41: 31). «Là-dedans ils trouveront tout ce qui satisfait le coeur et tout ce dont se délectent les yeux» (Sourate al-Zukhruf, 43: 71).

Ces versets montrent que le Paradis dépasse l'imagination. Sur le plan du temps, il est éternel. Et tout ce qu'on peut désirer y est disponible, sans aucune restriction ou limitation. C'est plus qu'idéal. Ses bénédictions et plaisirs sont aussi bien matériels et physiques que spirituals et mentaux. Dans la Sourate al-Câffât, versets 41 et suivants, il est question de fruits, de jardins, de lits de repos et de coupes délicieuses. Dans le verset 49 de la même Sourate, ainsi que dans celle d'al-Rahmân, versets 64-71, et dans celle d'al-Wâqi'ah, verset 36, il y a une description de l'existence de houris, de beauté, de vivacité, de fraîcheur, de joie et d'ambiance musicale, au Paradis. Dans quelques autres versets, le climat plaisant du Paradis, ses rivières, ses arbres verts et fleuris, ses places magnifiques et charmantes, son air parfumé et agréable, sont évoqués. En somme, le Paradis offre un si haut degré de plaisirs et de réalisations matériels, qu'il est au-dessus de toute imagination.

D'un autre côté, il y a d'autres versets qui mettent en évidence les dimensions spirituelle et morale de l'homme a décrivent les tendances humaines élevées: «Voilà ceux qui seront honorés au Paradis» (Sourate al-Ma'ârij, 70: 35). «Ils sont dirigés vers la bonne parole» (Sourate al-Hajj, 22: 24). «Ils y demeureront immortels. Quel excellent lieu de séjour» (Sourate al-Furqân, 25: 76). «Nous avons arraché ce qui se trouvait de haine dans leur coeur. Ils seront comme des frères sur des lits de repos qui se font face» (Sourate al-Hijr, 15: 47). «Allah les recevra alors qu'ils seront rayonnants de joie» (Sourate al-Dahr, 76: 11).

De tels versets montrent qu'il y a dans le Paradis, joie, bonheur, confort et contentement. Ses habitants sont à l'abri de la peur, de l'inquiétude, de la rancoeur, du langage grossier, et ils ne sont confrontés à aucun malaise ni à aucune anxiété. Il est évident qu'il y a au Paradis une félicité éternelle, que chacun peut y avoir tout ce qu'il désire, qu'il ne peut s'y produire de conflits d'intérêts, et que par conséquent il n'y peut avoir ni sentiment de jalousie, ni menace d'un danger, ni désir de se venger.

Dans chaque cas, tous les besoins sont satisfaits et tous les désirs exaucés. Il en résulte que l'homme qui jouit de cette vie dans toutes ses dimensions sent pleinement la vérité de la vie humaine.

En même temps, le progrès et l'avancement vers la perfection continuent. Allah Lui-Même dit qu'IL multiplie les choses pour qui IL veut. Ceux qui développent leur pensée et leurs facultés intellectuelles d'une manière fructueuse, surtout, réaliseront plus de progrès dans leur vie au Paradis.

Par dessus tout ce que nous avons mentionné, le plus grand acquis de l'habitant du Paradis est l'obtention de la satisfaction d'Allah, laquelle constitue le succès suprême pour une âme sublime. «Quoi de mieux! Allah sera satisfait d'eux. Voilà le triomphe suprême!» (Sourate al-Tawbah, 9: 72)

Un habitant du Paradis trouve Allah, l'essence de toute perfection et vertu, la vérité absolue en laquelle se terminent le mouvement et l'évolution du monde entier, satisfait de lui. Il sent qu'il a obtenu là, tout ce qu'il pourrait espérer, et trouve qu'il n'y a pas de distance entre lui-même et Allah, Qui est la Source de tout ce qui est bien et bénéfique, et sur Lequel sont centrés tous les espoirs, et pour la demande de la satisfaction Duquel tout effort doit être fait. Il a le sentiment qu'il a réussi à obtenir la proximité d'Allah.

L'effet de la croyance en l'Au-delà sur l'équilibre de la vie

Suite à l'exposé exhaustif que nous avons fait sur le futur de l'homme, sur les résultats inévitables de ses actions et efforts, et sur sa réapparition dans l'Au-delà dans toutes les dimensions de son existence, nous arrivons à la conclusion que la vraie croyance en l'Au-delà doit rendre l'homme plus attentif et plus vigilant en se formant et en déployant ses efforts. Lorsque l'homme est convaincu que toute forme de perversion dans la satisfaction de ses désirs, et tout excès qu'il commet, détermineront ses intérêts et ne seront préjudiciables qu'à lui-même, et qu'il sait que sa réapparition dans l'Au-delà sous forme d'une personnalité déséquilibrée et vicieuse n'aboutira qu'à sa ruine et son cheminement vers l'Enfer, il fera, alors, les plus grands efforts pour développer son existence dans toutes ses dimensions.

Nous avons vu que le Paradis est la manifestation d''une vie humaine parfaite dans tous les domaines. L'Islam vise à ce que l'homme mène une telle vie idéale dans ce monde aussi, à l'intérieur de ses limitations. Il veut que l'homme ait un corps sain et une âme saine. Il vise aussi bien à fournir la nourriture, les vêtements, l'abri et tous les autres conforts physiques, qu'à un développement spirituel saint.

Un homme qui croit en l'Au-delà, essaie d'améliorer la vie d'ici-bas à tous les égards et fait attention à son éducation, à sa recherche et sa santé, à son travail, à l'assiduité au travail et à son progrès intégral. En même temps, il croit à la justice, à la fraternité, à la liberté, aux droits de l'homme, à la sincérité, à la loi, à l'ordre, à la pensée claire, à la raison, à l'amour du prochain, à la bonne volonté et à la spiritualité. La croyance correcte en l'Au-delà rend l'homme équilibré, large d'esprit et travailleur.

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L'HOMME ET L'EVOLUTION
 

De tous les phénomènes naturels qui nous sont familiers, les êtres vivants ont un mécanisme plus complexe et plus merveilleux. On peut dire que la vie est le sommet de la perfection à l'échelle du mouvement naturel.

LA VIE

Aucun penseur, à quelque école de pensée qu'il se rattache, ne doute du fait que les êtres vivants ont des caractéristiques qu'on ne trouve pas chez les êtres non doués de vie.

Les principales caractéristiques d'un être vivant sont l'autodéfense, l'adaptation à l'environnement, la croissance et la procréation. Les êtres vivants des hautes catégories se meuvent d'un endroit vers un autre, et ceux d'une catégorie encore plus haute sont doués de sentiment et de conscience. C'est la raison pour laquelle les lois de la chimie organique sont différentes de celles de la chimie inorganique, ou, pour cette question, de la géologie.

Pour autant que l'observation et les expérimentations scientifiques l'aient montré, un être vivant naît seulement d'un autre être vivant, et non d'une matière inanimée. De la même façon, aucun être vivant ne naît subitement et automatiquement. En même temps, il ne fait pas de doute qu'un être vivant est apparu seulement à un stade particulier de l'évolution de la nature: le stade qui était naturellement celui du commencement de la vie. De là une question se pose: quelle est l'origine de la vie?

A cet égard, différentes théories ont été formulées:

- Tout au début, la vie serait venue sur la Terre de quelqu'autre planète, sous forme de cellules vivantes.

- La matière nécessaire à la formation d'une cellule vivante, après réception de l'énergie requise dans certaines conditions, aurait été accidentellement transformée en un être vivant, se serait répandue, à partir de cette première vie, sur toute la terre.

- Le premier être vivant serait apparu subitement par la Volonté de Dieu. Maintenant tous les êtres vivants développés seraient sa progéniture.

- Chaque espèce des êtres vivants apparaîtrait sur terre d'une façon indépendante. Dieu aurait garanti la vie à chacun d'eux.

Il y a quelques autres théories aussi. Mais nous ne voulons pas nous impliquer dans la discussion de la question de savoir laquelle de ces théories est correcte, car pour aboutir à une conclusion bien définie à cet égard, une investigation scientifique approfondie est nécessaire.

Ce que nous voulons mettre en évidence, c'est que la vie de chaque être vivant, qu'elle soit le résultat d'un processus évolutif ou non, est un signe d'Allah. C'est ce qui a été souligné par le Coran.

«Il y a des signes évidents en vous-mêmes. Ne les voyez-vous pas?» (Sourate al-Thâriyiât, 51: 21)

«Allah a fait descendre du Ciel une eau par laquelle IL fait revivre la Terre après sa mort. II y a vraiment là un signe pour ceux qui entendent». (Sourate al-Nihal, 16: 65)

La fabrication de cellule vivante

Si un jour les scientifiques réussissent à fabriquer une cellule vivante, la doctrine de ceux qui croient en Allah ne sera pas affectée, de la même façon que le vol de l'homme vers d'autres planètes, la fabrication de reins artificiels, la greffe du membre d'un homme sur un autre, la fabrication d'un cerveau électronique, ainsi que bien d'autres petites ou grandes inventions, ne constituent en rien un conflit ou une rivalité avec Allah. De telles inventions signifient seulement la fructification de la force créative de l'homme et l'exploitation de la matière naturelle et de ses forces cachées. Le Coran lui-même nous incite à faire usage de nos idées et compétences et à utiliser les dons de la nature.

Comme nous l'avons dit souvent, le progrès scientifique est un mouvement dans la direction de la Guidance divine et n'est nullement en conflit avec elle.

En tout cas, on ne doit pas oublier que la créativité humaine ne signifie pas l'invention d'un phénomène ou d'une norme totalement nouveaux. Elle signifie seulement l'exploitation de la matière et de l'énergie disponibles dans la nature et la création des conditions nécessaires à l'utilisation des lois et des normes qui leur sont relatives.

S'il y a vraiment une possibilité de produire la vie par la combinaison de matériaux naturels sous certaines conditions encore inconnues de l'homme, alors celui-ci pourra découvrir dans le futur la loi de l'origine de la vie et les conditions et normes la concernant. Si cela arrive, cette découverte ne sera pas différente de la découverte et de l'utilisation de tant d'autres lots, déjà intervenues dans des domaines autres que celui de la vie.

Evidemment la découverte d'une loi et son utilisation n'abaisse en aucune façon la position du Créateur de la Loi.

A un niveau plus bas, nous voyons un couple, homme et femme, préparant la voie à la naissance d'un enfant. Mais ce couple affecte-t-il pour autant la position d'Allah en tant que créateur? Un fermier cultive sa terre. Mais ce faisant, remplace-t-il vraiment Allah en tant que créateur de la récolte ?

Si l'on découvre que la vie peut être produite à partir de la matière, dans certaines conditions, cela signifiera que la matière peut aller dans son mouvement évolutif jusqu'au point où elle reçoit la vie, et puis continuer plus loin et jusqu'à un stade plus élevé.

Il est intéressant de noter que le Coran, décrivant la naissance de l'homme, dit notamment:

«Parmi Ses signes: IL vous a créés d'argile». (Sourate al-Roum, 30: 20)

En réalité, l'argile devient homme - l'être vivant le plus élevé - après être passé par de très nombreux développements.

Le Coran parle aussi de la naissance de l'homme à partir d' "argile noire" et d' "argile malléable". (cf. Sourate al-Hijr, 15: 28 et Sourate al-Çâffât, 37: 11)

Il dit aussi: «Nous avons créé à partir de l'eau, toute chose vivante». (Sourate al-Anbiyâ', 21: 30)

Lorsque le Coran a un horizon si large, il n'y a aucune raison que le Musulman - qui le suit - ait un esprit étroit.

La vie, un phénomène divin

On peut souligne r que le Coran attribue formellement la vie à Allah: «C'est Lui qui a créé la mort et la vie» (Sourate al-Mulk, 67: 2). «C'est Lui qui vous a créés pour mourir» (Sourate al-Hajj, 22: 66)

De tels versets signifient-ils que personne d'autre ne peut faire un être vivant? Comme réponse à cette question, on peut dire que:

Tout d'abord, le Coran attribue à Allah tous les changements naturels, depuis la descente de la pluie et la domestication des rivières et des montagnes jusqu'à la naissance de l'homme.

Dans d'autres occasions, le Coran attribue ces changements aux facteurs naturels aussi. Ces deux groupes de versets ne sont toutefois pas contradictoires; ils se corroborent réciproquement, car les lois scientifiques qui gouvernent les changements naturels sont tout simplement des normes prescrites par Allah. Sa Volonté ne signifie pas qu'IL suscite directement tous les changements et les événements naturels. En fait, il a créé un système de changements naturels. Telle est Sa volonté.

Ensuite, si nous trouvons que le Coran a accordé une attention particulière à la vie, c'est seulement en raison de son importance et de sa haute valeur. Allah décrit la vie comme l'infusion de l'Esprit Divin. Nous expliquerons ce que cela signifie lors de notre discussion sur l'homme.

Troisièmement, chaque mouvement évolutif est une manifestation de la Volonté d'Allah et de Son Dessein Créatif, spécialement si le changement est tel que l'organisme matériel arrive à un stade où il peut recevoir la vie, devenir un être vivant et aboutir finalement à la vie humaine.

L'HOMME ET L'EVOLUTION

La théorie de l'évolution a dans son ensemble une longue histoire. Lamarck avait énoncé certains principes à ce propos. Mais c'est Charles Darwin qui a effectué des études approfondies sur les organismes vivants et leur façon de naître, et qui a rassemblé suffisamment de preuves scientifiques pour montrer que l'évolution a eu lieu réellement. Il a soutenu que:

a) Chaque être vivant, où qu'il puisse être, s'adapte graduellement à son environnement et pourvoit à ses besoins naturels, tels que l'obtention de nourriture, l'auto-défense selon les conditions prévalant dans cet environnement. Cet effort provoque parfois des changements dans son corps, comme l'apparition de la membrane réunissant les orteils du canard lorsqu'il fut forcé par son environnement de nager pour chercher sa nourriture dans les lacs, ou comme l'allongement de la nuque de la girafe lorsqu'elle fut obligée de se servir sur des arbres élevés.

b) Bien que ces changements organiques aient lieu progressivement, à travers plusieurs générations, ils sont transmis finalement des parents à la progéniture.

c) Il y a parmi les êtres vivants une lutte sévère pour la survie, pour l'obtention de nourriture, et pour le choix d'un conjoint agréable. Cette lutte pour l'existence, qui est un conflit avec les facteurs de l'environnement de la vie et une rivalité avec les autres êtres vivants, est un principe constant dans la vie des animaux et des plantes, et un des facteurs qui mènent au changement de leur forme.

d) Le résultat de cette lutte est que les seuls organismes qui survivent sont ceux qui peuvent s'adapter le mieux à leur environnement et obtenir les conditions nécessaires pour vivre dans leur demeure naturelle. Les organismes les plus faibles et les moins adaptés s'éteignent peu à peu.

De cette façon les diverges espèces sont transformées graduellement, et seules les meilleures d'entre elles survivent. C'est de cette manière que l'évolution des espèces a lieu.

La propagation de la théorie du développement des organismes vivants - dont l'homme - sur la base de ces principes a suscité beaucoup de controverses à l'époque de Darwin et après. Des opinions appuyant ou contestant cette théorie ont été exprimées ouvertement. Parfois le ton du débat concernant ce sujet était scientifique, mais parfois il était enraciné dans des préjugés religieux et anti-religieux, car on a dit que les affirmations de Darwin étaient en désaccord avec le récit biblique du commencement du monde et de la naissance de l'homme, tel qu'il est exposé dans le livre de la Genèse.

En tout cas, avec les nouvelles découvertes en archéologie et l'élargissement du domaine des expérimentations, la théorie de l'évolution a été considérablement modifiée depuis l'époque de Darwin, spécialement en ce qui concerne les questions relatives à l'anthropologie.

Beaucoup de questions relatives à presque chaque principe mentionné par Darwin ont été soulevées. Par exemple, on se demande si l'apparition d'un nouvel organe ou tout autre changement organique, résulte toujours de l'utilisation de cet organe et de sa tentative de s'adapter à son environnement, ou si elle peut être due à une mutation ou à toute autre cause? Les qualités acquises sont-elles héréditaires en principe? Ou bien les investigations génétiques ont-elles rejeté cette théorie?

Les changements organiques, quelles que soient leurs causes, visent-ils la survie et l'évolution, ou bien peuvent-ils être parfois dus à la contradiction avec les conditions de l'environnement et aboutir à la mort et à l'extinction?

La sélection naturelle est-elle ou non comme la sélection artificielle qui conduit la génération existante à l'évolution? Nous trouvons que les animaux sauvages et les plantes sont pareils et de type moyen, alors que la sélection artificielle donne aux animaux et aux plantes plus de variétés et les conduit à une évolution meilleure.

Il y a beaucoup d'autres questions du même genre.

En tout cas, malgré toutes les objections soulevées pour la discréditer, la théorie de l'évolution a été acceptée par les scientifiques comme un objectif principal des sciences naturelles. En même temps, il est certain également que des naturalistes éminents et impartiaux ne considèrent pas cette théorie comme définitive et incontestable. La voit n'est pas fermée à davantage d'investigation scientifique. Tout ce qu'ils disent est que la recherche n'a pas découvert jusqu'ici de nouveaux principes qui puissent prendre la place du principe de l'évolution.

Maintenant, on peut dire que si un observateur impartial examine attentivement les résultats des investigations concernant la genèse des organismes vivants, il aboutira aux conclusions suivantes:

Les principes qui peuvent être découverts

1. Les organismes vivants ont, suivant leur degré d'évolution, une succession historique. En d'autres termes, les espèces les plus développées sont apparues habituellement, au cours de l'histoire, après les espèces les moins développées.

2. Cette succession historique est similaire à celle qu'on trouve pour toutes les autres choses dans le monde. Le cosmos s'est développé entièrement à partir d'un état simple pour constituer graduellement des galaxies et des systèmes solaires dans un environnement dépourvu de toutes traces de vie. Les conditions conduisant à l'apparition de la vie se sont développées progressivement. D'une façon similaire, un développement a eu lieu successivement depuis les plantes jusqu'aux animaux développées. En somme; les organismes les plus complexes ont suivi les plus simples.

3. Une similitude organique totale existe entre le premier organisme vivant et l'organisme vivant le plus développé qui nous soit connu.

4. Les stades à travers lesquels passe un embryon humain pendant le développement embryonnaire ressemblent tout à fait aux stades par lesquels sont passés les organismes vivants à travers l'histoire.

Lorsque nous juxtaposons tous ces indices, nous pouvons présumer scientifiquement que les différentes espèces des organismes vivants sont des progénitures les unes des autres (transformisme) et qu'elles ne sont pas venues à l'existence d'une façon indépendante (fixisme).

Une présomption scientifique et non un principe incontestable

De toute façon, il serait équitable de dire que les conclusions auxquelles nous sommes arrivés ne sont rien de plus qu'une estimation corroborée par quelques preuves. Elles ne peuvent pas être considérées comme décisives et définitives, car si un chercheur impartial examine attentivement l'histoire de l'origine du mécanisme, il trouvera que le développement des différentes machines n'est pas sans rapport avec les quatre conclusions mentionnées ci-dessus, bien que l'origine des machines n'ait pas été à la base du transformisme dans son sens moderne, et que les différentes sortes de machines ne soient pas nées les unes des autres.

En fait, l'étude scientifique de l'origine du mécanisme nous conduit aussi aux conclusions suivantes:

1. Les machines, suivant leur évolution, ont une succession historique, car les plus perfectionnées d'entre elles sont apparues après les moins modernes.

2. La succession historique est sans rapport avec la naissance de toutes les autres choses du cosmos.

3. Il y a une ressemblance totale entre la première machine et la machine la plus perfectionnée.

4. Les stades de la fabrication de la dernière machine la plus perfectionnée ressemblent, dans l'ensemble, à ceux du développement des autres machines, bien que ce soit sous une forme condensée.

Malgré tous ces quatre points, tout le monde sait que l'origine des machines les plus perfectionnées sur les traces des machines les plus simples ne s'est pas produite sur la base de transformisme. En d'autres termes, les machines les plus perfectionnées ne sont pas la progéniture des plus simples.

L'évolution des machines est le résultat des initiatives de l'homme, de son efficacité et de l'évolution de sa pensée. Elle est le produit de l'expérience qu'il a acquise. Mais les machines de type supérieur ne sont pas nées de celles qui existaient avant elles.

Il est vrai que dans le cas des machines, à la base, il n'est pas possible que les plus perfectionnées d'entre elles soient nées des plus simples, mais dans le cas des êtres vivants, une telle possibilité existe. Mais cette possibilité peut se présenter seulement comme une estimation scientifique. Elle n'est pas la preuve qu'une telle chose est arrivée vraiment, car la simple possibilité d'une chose n'est pas la preuve de son occurrence affective.

Nous rencontrons quelques autres cas de l'évolution, dans lesquels la succession historique de leurs étapes est relative à la pensée du constructeur et résulte d'une croissance graduelle dans une capacité déjà existante.

L'exemple d'une telle évolution est l'obtention de la connaissance depuis l'enfance jusqu'aux années tardives.

Par contre, l'évolution de la faculté d'apprendre une langue étrangère est. liées au développement de la capacité de celui qui l'apprend, et non de celui qui la lui enseigne.

Conclusion

Un chercheur impartial, qu'il soit partisan ou détracteur de la théorie de l'évolution doit admettre que:

1. Nous connaissons beaucoup de cas dans lesquels un organisme plus développé est la progéniture d'un autre, moins développé.

2. Il y a des indications sur la base desquelles on peut présumer que c'est une règle générale applicable à toutes les choses existantes.

3. Mais là encore, ce n'est qu'une simple estimation scientifique, et la voie menant à plus d'investigations sur la base d'une preuve contraire, est, comme nous l'avons dit, encore ouverte.

4. D'après la doctrine qui affirme que le monde a un Tout-Puissant Créateur, qui a donné existence à l'Univers et qui le dirige, il est tout à fait possible que certaines espèces aient pu venir à l'existence d'une façon indépendante, de la même manière que celle que nous avons décrite dans le cas des machines. Bien entendu, dans ce cas, la création des espèces développées n'est pas le produit d'un développement mental du Créateur, ni de son acquisition d'une expérience. C'est à la base que le mouvement évolutif existe dans le dessein créatif du monde. En d'autres termes, c'est par la Volonté d'Allah que les espèces de plus en plus développées viennent à l'existence, de la même manière qu'il existe un mouvement évolutif dans le développement d'un embryon.

L'émergence de l'homme

En conformité avec leur ligne générale de pensée, les scientifiques affirment que l'homme a évolué à partir des primates qui avaient existé avant lui. Nous laissons aux anthropologues le soin d'écouter et d'apprécier cette preuve et les autres indications concernant ce sujet, pour nous borner à faire des remarques générales relatives à l'origine de l'homme.

1. Ce que nous avons dit sur la théorie de l'évolution est applicable aussi à ce qui a été dit ou se dit sur la base de cette théorie sur les ancêtres du premier homme, mais comme nous l'avons déjà souligné, cette théorie n'est qu'une estimation scientifique. Elle est encore sujette à davantage d'investigations et ne doit pas être considérée comme définitive à cent pour cent.

2. En tout cas, il est important de noter que l'émergence de l'homme, sur la base son évolution à partir des autres primates n'entre pas en conflit avec les enseignements des religions révélées, notamment avec la croyance en un Tout-Puissant Créateur du monde. Nous avons déjà mentionné à plusieurs reprises dans les "Enseignements Islamiques" qu'Allah est, comme décrit par le Coran, le Créateur de la nature et Celui qui en dispose. C'est pourquoi, le système parfait de la nature est l'un de Ses Signes, et ne Lui est pas parallèle, ni ne Le nie. Tous les efforts et discussions scientifiques visent seulement à découvrir ce système de la nature, comme il existe réellement.

3. Le seul point qui ait donné naissance à la thèse selon laquelle, il y aurait une contradiction entre la religion et les principes généraux de l'évolution réside dans le fait que le livre de la Genèse de l'Ancien Testament, et certains versets du Coran, indiquent apparemment que tous les hommes qui se trouvent sur la terre sont la progéniture d'Adam, lequel a été créé d'une façon indépendante, et n'est pas un produit développé à partir d'êtres vivants préexistants.

A ce propos les points suivants méritent d'être pris en considération:

a) Ce qui est mentionné, à cet égard, dans le livre de la Genèse, ne peut pas être pris au sérieux, du point de vue religieux, car l'authenticité de nombreuses parties de l'Ancien Testament est historiquement sujette à caution.

b) Les versets coraniques relatifs à la naissance d'Adam soulignent généralement le fait que cette naissance a été un événement important et que l'Esprit Divin avait été insufflé dans le corps matériel et fait d'argile, d'Adam. Cette sorte de naissance peut être décrite seulement comme une mutation.

Donc, il s'agit d'un être fait d'argile qui vint à l'existence et qui fut destiné à être le maître de la Terre, et aucun autre être visible ou invisible ne put mettre une restriction totale à son inclination vers Allah ou envers ses bas désirs.

c) Il y a dans tout le Coran un seul verses qui décrit la naissance d'Adam comme quelque chose de miraculeux. Ce verses dit: «Oui, au regard d'Allah, 'Issâ est comme Adam. IL le créa d'argile, puis IL lui dit "Sois", et il fut». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 59)

Ce verses est venu à la suite d'autres versets relatifs au Prophète 'Issâ (P). Le Coran insiste invariablement sur le fait que 'Issâ fut créé par Allah et qu'il n'était pas Son fils. Le fait qu'il fut né de la Vierge Marie, et qu'il n'eut pas de père, ne prouve pas qu'il soit le fils d'Allah. Sa naissance fut un événement surnaturel qui se produisit par la Volonté d'Allah, à l'instar d'un autre événement surnaturel, celui de la naissance d'Adam, l'être vivant à l'Esprit Divin, survenu antérieurement.

On peut remarquer que ce même verses montre que la naissance d'Adam et celle de 'Issâ sont semblables.

Peut-on prétendre que ce que le Coran a dit à propos de la naissance de 'Issâ rejette la procédure générale de la naissance des hommes à travers toute l'histoire? Nie-t-il que les hommes naissent normalement d'un père et une mère? Absolument pas.

Le Coran déclare dans des douzaines de versets que le système de la reproduction et de la procréation sont un signe du Pouvoir et de la Sagesse du Créateur du Cosmos.

Ainsi, du point de vue coranique, la naissance miraculeuse d'Adam, le premier être vivant doté d'un Esprit Divin, ne doit pas être interprétée comme une opposition du Coran à la théorie de l'émergence des choses existantes dans le monde, ou de la naissance des organismes vivants sur la base de l'évolution. Ce point de vue coranique signifie seulement que l'émergence de l'homme d'une façon extraordinaire fut une faveur spéciale accordée par Allah.

Des organismes exceptionnels

Indépendamment de tout ce qui a trait à la naissance de 'Issâ ou d'Adam, on peut demander à un naturaliste s'il est possible ou non qu'au cours de l'émergence des organismes ordinaires, certains organismes exceptionnels voient aussi le jour?

Nous savons tous qu'en règle générale chaque main et chaque pied d'homme ont cinq doigts; mais nous savons aussi que certains enfants naissent avec six doigts.

D'une façon similaire, nous savons que chaque enfant naît avec une tête, mais vous avez dû lire dans certains journaux qu'il y avait des cas exceptionnels dans lesquels des enfants sont nés avec deux têtes.

Lorsque vous soumettez de tels cas exceptionnels aux naturalistes, ils n'en nient pas l'existence, mais les expliquent tout simplement comme étant des caprices de la nature.

Les gens crédules acceptent facilement cette explication, mais ceux qui ont un esprit critique demandent, s'il est vrai que l'émergence évolutive du monde et de l'homme est le résultat de la domination des lois de la nature sur toutes les particules de ce monde et, si ces lois tiennent bon partout, quel est ce facteur qui les perturbe ?

Est-ce qu'il y a un facteur qui perturbe le travail de la nature et le système de ses lois, ou bien les lois de la nature perturbent-elles, elles-mêmes, leur propre travail? Dans le premier cas nous devons reconnaître qu'il existe quelque "surpouvoir" qui dépasse. Dans le second cas, la question qui se pose est celle de savoir pourquoi la possibilité de la survenance de quelques événements exceptionnels, appelés parfois "miracles", est repoussée avec tant de véhémence et considérée comme étant contraire au système de la nature?

Cette discussion montre qu'il n'y a pas la moindre contradiction entre le principe général de l'évolution concernant le monde et l'homme, et les enseignements des religions révélées, et notamment ce que le Coran dit à propos de la naissance d'Adam. Disons au passage que les principes de l'évolution sont encore sujets à davantage d'investigations scientifiques, car ils sont confrontés à beaucoup de critiques, notamment sous leur forme énoncée par Darwin.

Comme nous avons maintenant terminé la discussion sur l'origine de l'homme, nous abordons une question plus fondamentale. En effet, la question importante qui se pose le plus de nos jour est: Quelle est la vrai nature de l'homme? Quelle est sa valeur et quelle voie doit-il suivre?

Tout d'abord, nous nous référerons brièvement à la position de l'homme en Occident, et en suite, nous nous proposons d'étudier l'homme du Coran, afin que, tout en gardant présentes à l'esprit les opinions des écoles contemporaines, nous puissions connaître l'approche islamique sur cette question.

* * *
 
 
L'HOMME
 

La philosophie scolastique soumit la position de l'homme à un Dieu conçu par l'Eglise médiévale qui s'était inspirée du point de vue de l'ancienne Grèce sur ses dieux, et mélangea cette conception avec quelques mythes religieux. Or les dieux grecs avaient une relation hostile avec l'homme, et on considérait qu'ils appréhendaient l'accession de l'homme au Feu Sacré, et son acquisition par lui de la connaissance et de la force. Ils voyaient en l'homme un rival qui devait être contrôlé par tous les moyens possibles.

Les seigneurs des espèces, dont on croyait qu'ils contrôlaient les forces de la nature, avaient peur que l'homme ne maîtrisât ces forces et qu'il ne soumît la nature.

L'histoire du Paradis d'Adam fut présentée comme une tentative faite par Dieu pour cantonner l'homme dans l'ignorance. On représentait l'Arbre Interdit dont l'homme était censé ne pas manger, comme un arbre du Savoir, dont l'homme ne devait pas s'approcher de crainte qu'il ne s'érigeât en Dieu.

Bien plus, on croyait que la désobéissance d'Adam était un péché éternel et le signe de la perversité complète de la nature humaine. Finalement, pour sauver l'homme et le délivrer son péché originel, Dieu avait dû apparaître Lui-Même dans corps de Jésus-Christ à travers le Saint Esprit. La spiritualité devint donc la spécialité des successeurs de Jésus et des hommes de l'Eglise.

De ce point de vue, l'homme est un pécheur méprisable. Et seuls les ecclésiastiques méritent la bénédiction divine. La clé des trésors cachés étant entre leurs mains, on doit s'approcher d'eux pour son salut.

La connaissance fut confinée aux doctrines chrétiennes et toutes les facultés intellectuelles furent vouées à la discussion et à l'interprétation des textes religieux. La vertu résidait donc dans l'attachement à l'organisation de l'Église établie.

L'homme croyait être privé de la Grâce divine, parce qu'il était captif entre les mains des gardiens du sanctuaire du fils de Dieu. Comme il avait tout perdu, l'homme fut obligé de se rendre avec résignation. Ce qui disparut totalement dans ce processus, ce fut le respect de soi. Telle fut la position de l'homme dans l'Occident d'avant la Renaissance.

L'apparition du nouvel humanisme

Cette situation a suscité naturellement une réaction. La Renaissance débuta comme une révolte contre la conception de Dieu qui prévalait à l'époque, et elle suscita la renaissance de l'homme. L'humanisme prit racine sous une nouvelle forme et essaya d'affranchir l'homme de la servitude du Dieu, qui lui avait été imposée. Mais hélas! L'homme ainsi émancipé fut remis entre les griffes de nouveaux dieux humains, et placé sous une nouvelle servitude, à savoir le mécanisme, l'expansion et la diversification de la consommation, ainsi qu'une course à l'exploitation et aux profits.

Le mode de penser fut libéré de toutes les entraves des doctrines médiévales. Les sciences fleurirent, mais furent toutes mobilisées au service de la cause de l'augmentation de la production et de l'exploitation.

Etant donné que toutes les contraintes avaient été enlevées, et que la pression avait conduit à la liberté, l'homme s'adonna au libertinage et à la permissivité, et sa vie devint insensée (comme dans le cas du libéralisme occidental).

Une fois de plus "l'homme" fut donc oublié, et la question qui continua à se poser était: Qu'est-ce que l'homme? Que devrait-il être? Que devrait-il faire pour rester homme et atteindre la perfection humaine?

L'homme du point de vue coranique

L'histoire d'Adam, telle qu'elle est décrite dans le Coran, montre qu'au cours de son développement matériel et de ses changements physiologiques,(3) l'homme atteignit un stade où il obtint une nouvelle naissance(4) avec l'infusion de l'Esprit Divin(5). Puis au cours de son développement normal, il a soudainement connu un nouveau changement à la suite duquel il s'est transformé en un être(6) d'autant plus superbe qu'il a été exigé, même des anges, de lui obéir(7), et que les forces du monde lui ont été subordonnées.

L'Arbre Interdit n'est pas l'arbre de la connaissance dont on ne devait pas s'approcher, mais un arbre de désir qui devait être contrôlé. Il est un moyen par lequel l'homme teste sa force de volonté et sa force d'auto-contrôle. Même la désobéissance de l'homme est un symbole de la liberté qu'Allah lui a garantie.

Allah a choisi l'homme comme Son lieutenant sur la Terre,(8) c'est dire qu'IL lui a donné autorité et pouvoir. Bien plus, tout ce que l'homme peut utiliser et contrôler dans les cieux lui a été asservi également.(9)

Allah ne craint pas l'homme. IL l'encourage à s'établir sur la Terre(10) et à utiliser toutes les forces cachées dans les montagnes et dans les plaines.(11)

La domination et le contrôle de l'homme sur la Terre et la mer constituent l'une des exigences de sa dignité.(12)

Selon le Coran, l'homme n'est pas un être prédestiné(13) ni n'a toute liberté de mener une vie sans finalité.(14)

Il a été pourvu de beaucoup de capacités, de dispositions, et de motivations, accompagnés d'une sorte de direction intérieure(15) et de guidance innée(16) qui, si elles ne sont pas corrompues, le conduisent à la vérité, à la connaissance(17) et à tous les stades d'habilité créative, y compris les stades des découvertes fondées sur l'expérience antérieure, ceux de l'invention de nouveaux outils et équipements lui donnent la possibilité de contrôler la nature, et ceux de l'accroissement de ses capacités à dépasser toutes les difficultés qu'il peut rencontrer.

En outre, l'homme est aussi le porteur du "Dépôt Divin"(18) qui représente la conscience, la volonté et la faculté de choisir lesquelles symbolisent son humanité et font de lui un homme responsable. Le "Dépôt Divin" est le don magnifique d'Allah, que ni les Cieux, ni la Terre, ni les montagnes n'étaient suffisamment compétents pour accepter. Seul l'homme a pu assumer cette responsabilité d'avoir le pouvoir d'un choix conscient et d'une volonté libre.

L'ÉTENDUE DU CHOIX ET DE LA VOLONTÉ DE L'HOMME

Afin de connaître les conditions, les limites, et le domaine du choix de l'homme, de constater les effets de ce pouvoir en lui, et de découvrir quels sont les facteurs qui influencent sa façon de penser, nous devons prendre en considération les points suivants:

1. La nature innée de l'homme et sa disposition

L'homme a beaucoup de motivations et d'instincts qui l'attirent. Certains de ces instincts dérivent d'une source matérielle, certains autres, de l'Esprit Divin.

Vous pouvez appeler ces instincts: propension, disposition, besoin naturel, tendance ou inclination. Ci-après quelques-uns des plus importants de ces instincts:

- Le besoin de nourriture, de vêtement et d'abri

- L'instinct d'auto-défense

- Le désir sexuel

- Le sens esthétique

- L'instinct d'accession à une position et au respect

- L'instinct de la recherche et de l'amour de la Vérité

- L'amour de la connaissance

- L'amour de la justice

- La sympathie

- L'amour de la perfection et le désir de la recherche

De tels instincts et besoins sont entremêlés avec la nature innée de l'homme(19) et, de là, ils ne sont ni passagers ni acquis. Ces instincts provoquent seulement une sorte de pulsion et d'attraction. Ils travaillent comme force motrice, mais ils ne liens pas les mains de l'homme. L'homme a le pouvoir de les suivre ou de ne pas les suivre. Il est en son pouvoir de satisfaire ses désirs instinctifs aussi bien que de les refréner, de les contrôler, de les orienter, ou de changer leur objet.

Ces instincts sont réellement contrôlés par la volonté de l'homme, qui est fondée sur sa façon de penser.

2. La modification des propensions

La modification des propensions et des instincts est fondamentale, mais elle est très difficile et requiert beaucoup d'efforts, une grande conscience, et un travail acharné.

On peut facilement comprendre que chacun des instincts mentionnés précédemment est en lui-même un besoin de la vie.

S'il n'y avait pas de pulsion sexuelle il n'y aurait pas de motivation pour la procréation et pour la formation de familles.

S'il n'y avait pas désir de nourriture, l'homme ne prendrait pas de mesures pour satisfaire ses besoins nutritionnels et en conséquence, il périrait.

Si l'homme ne souhaitait pas accéder aux honneurs et à la position sociale, il sombrerait dans la disgrâce et l'humiliation.

Le désir d'acquérir une position sociale et d'être respectable peut pousser l'homme à faire des efforts fructueux dans une action sociale. Mais si ce même désir devient excessif, il peut avoir raison de toutes les autres motivations et tourner en soif de pouvoir et course aux honneurs. Auquel cas, l'homme commence à adorer cette idole qu'est le pouvoir, et devient un tyran. Il peut aller aussi loin que possible et recourir à tous les moyens, y compris, l'argent, la flatterie, et toute action méprisable. Dans certains cas, on peut même supporter la faim et toutes autres épreuves pour aboutir à ses fins égoïstes.

Même après avoir obtenu le pouvoir, une telle personne peut, pour le conserver et l'étendre, commettre n'importe quel crime et recourir au mensonge, à l'intimidation et à l'assassinat(20). En d'autres termes, il peut piétiner les hautes valeurs de justice, de réalisme et de bienveillance.(21)

Nous remarquons comment un instinct peut dominer un homme, s'il n'est pas convenablement contrôlé et si on lui permet de dépasser des limites appropriées; mais nous ne devons pas oublier que dans ce cas l'instinct devient une idole que l'homme crée pour lui-même(22) par une mauvaise utilisation de sa faculté de choisir, et que c'est lui-même qui peut briser cette idole et cultiver ses tendances sublimes. Il peut contrôler et réformer les instincts qui dépassent les limites convenables afin d'éviter de s'adonner au péché. «Quant à celui qui se sera repenti, qui aura cru et qui aura été droit, peut-être sera-t-il prospère». (Sourate al-Qaçaç, 28: 67). «Mais celui qui aura craint la position de son Seigneur et freiné ses bas désirs, aura sûrement le Paradis pour demeure». (Sourate al-Nâzi'ât, 79: 4-41). «Ceux qui sont sauvés de leur propre avidité, seront sûrement prospères». (Sourate al-Hachr, 59: 9)

Il y a beaucoup de versets qui réprouvent les tendance. déséquilibrées chez l'homme et déclarent que celui-ci doit les corriger en faisant des efforts en vue de cultiver les tendances positives.

Le Coran considère l'homme comme étant toujours tenu de déployer ses efforts pour se réformer et d'orienter ses tendances de sorte qu'aucune d'elles ne puisse excéder ses limites, ni diminuer la vigueur de la nature humaine.

3. Le rôle de l'environnement naturel et géographique

Il n'est pas possible que l'environnement naturel et géographique d'un homme soit sans effet sur sa vie spirituelle et émotive. Tout comme les traits de caractère ont la puissance musculaire, la force morale des hommes ne peut pas être la même. De la même façon, la spiritualité d'un homme qui a grandi dans la chaleur torride d'un désert au milieu des dunes, ne saurait être pareille à celle d'un autre homme qui vit dans une région littorale, au climat humide et aux forêts denses. Il n'y a pas de doute que le climat chaud, l'eau salée ou la région montagneuse ne peuvent pas avoir les mêmes effets sur les tendances de l'homme que le climat froid, l'eau douce ou une terre marécageuse, par exemple. Donc, de même que le physique des gens de toutes les régions ne peut être le même, de même leurs tendances ne sauraient être les mêmes.

Toutefois, ces conditions naturelles et physiques ne peuvent aller jusqu'à contraindre l'homme à s'engager dans une direction particulière, bien qu'elles poissent contribuer, dans une certaine mesure, à la création d'une atmosphère tendant à inciter l'homme à adopter un certain mode de vie. Aucune région ne peut contraindre l'homme à maintenir ou à perdre sa respectabilité, à défendre sa liberté ou à succomber à la tentation, à être vertueux ou malfaisant, laxiste ou industrieux.

C'est l'homme lui-même qui, en dépit de toutes les difficultés et conditions défavorables, peut trouver sa voie et utiliser sa force de volonté pour consolider sa spiritualité constructive.

4. Le rôle des facteurs historiques sociaux et économiques

Les facteurs historiques, l'atmosphère sociale, les relations économiques, l'atmosphère sociale, les relations économiques et les conditions sociales jouent aussi un rôle fondamental dans l'orientation des tendances de l'homme, de ses motivations, de sa vision et de son mode de vie. Parfois, ils dressent des barrières sur la voie de la liberté de l'homme et devant son pouvoir de choisir.

Mais nous ne devons pas oublier que les cites conditions ont été provoquées graduellement par certains individus, et que d'autres individus peuvent combattre les mauvais facteurs existants, sous la bannière de la liberté et de la connaissance, et parvenir par la force de leur maturité intellectuelle et, par l'utilisation de ce qui reste de leur volonté et de leur pouvoir de décision, lutter contre la corruption. Ce sujet sera discuté plus en détails lorsque nous traiterons de la vision islamique de l'histoire.

5. Le rôle des règles et des réglementations dans le domaine du choix

Nous venons de voir que l'homme a certains instincts et tendances qui doivent être orientés et modifiés. Et comme les facteurs naturels et les conditions de l'environnement affectent son choix et son mode de vie, il doit agir en vue d'améliorer son milieu ambiant. Les principes et les règles sur la base desquels doivent s'opérer, cette amélioration et cette modification, constituent l'un des plus importants thèmes ayant trait aux choix de l'homme et à sa volonté.

Comment doit-il façonner sa vie, et vers quelle direction doit-il se tourner? Que doit-il choisir, et sur quelle base? Doit-il permettre aux autres de lui imposer certains principes pour "choisir" par la suite, de son propre chef, ces mêmes principes et s'engager dans la voie vers laquelle on l'a guidé sans qu'il s'en rende compte, comme c'est le cas normalement dans la démocratie moderne?

Ou bien, doit-il s'impliquer dans un conflit idéologique, sur la base de la théorie de la contrainte matérielle et de la dialectique historique (comme l'affirment certaines écoles de pensée), et renforcer ainsi le mouvement et le développement de l'histoire en provoquant davantage de contradictions dans ce processus?

Ou bien encore, l'homme doit-il, en théorie, se libérer de tous principes déjà énoncés et se défaire de ses propres idéaux préconçus, pour faire, par la suite, son choix avec une liberté totale et créer ses propres principes et règles, étant supposé qu'il n'existe d'autre principe que celui qu'on choisit soi-même?

Ou bien y a-t-il une tout autre issue? Et si oui, laquelle?

Du point de vue islamique, l'homme a été créé libre de telles contraintes, et aucun principe préconçu ne peut lui être imposé pour le priver de sa libre volonté et de son pouvoir de choisir.

L'homme doit choisir lui-même les règles et les principes pour se former correctement et servir sa société à la lumière de ses connaissances étendues. L'insistance avec laquelle le Coran met l'accent sur la pensée, la compréhension et le bon sens, ainsi que sur la pensée libre de toutes les fantaisies, de tous les mythes et de toutes les notions incorrectes qui prévalent dans l'environnement ou qui sont hérités des ancêtres, a pour but de tracer la voie à la recherche de la Vérité.

6. La Révélation divine

La Révélation divine est l'une des plus importantes sources de la connaissance, et l'un des plus importants domaines de la pensée.

Le monde n'est ni noir, ni vice. En plus des facultés intérieures dont Allah a gratifié l'homme pour l'aider à trouver la Vérité, IL a envoyé des prophètes pour le guider vers le Droit Chemin. La guidance ne signifie ni la soumission forcée à la Volonté d'Allah, ni la suppression de la volonté créative, mais constitue plutôt une forme d'exhortation et une aide divine. Elle montre la Bonté et la Grâce d'Allah. La guidance est une lumière qui s'ajoute à la perspicacité de l'homme, et elle ne restreint pas sa libre volonté.

L'homme doit tirer avantage de cette guidance avec des yeux grands ouverts et, pour cela, il doit utiliser sa connaissance et sa perspicacité. Il doit tout d'abord penser et apprécier, et choisir ensuite. Si, même après l'identification de la Vérité, il persiste dans son incroyance, il sera déclaré coupable.

Il y a beaucoup de preuves dans le Coran qui corroborent ces points. Nous avons déjà cité quelques versets en ce sens.

7. Ce sont les propres actes d'un homme qui font sa destinée

Une autre question qui donne une direction à la volonté et aux choix de l'homme est l'attention qu'il accorde au fait que ses actes font sa destinée, et que chacune de ses actions suscitera, tôt ou tard, une réaction. Le futur de l'homme dépend vraiment de ses propres actes.

Le Coran dit à cet égard:

«L'homme n'aura que le résultat de ses efforts». (Sourate al-Najm, 53: 39)

«La corruption est apparue sur la Terre et sur la mer par suite des mauvaises actions des gens». (Sourate al-Roum, 30: 41)

C'est la résistance des gens qui prévient la corruption:

«Si Allah n'avait pas repoussé les gens les uns par les autres, la Terre aurait été corrompue». (Sourate al-Baqarah, 2: 251)

Le Paradis et l'Enfer sont le résultat et le reflet des actes des gens: «Tel est le Paradis qui vous sera donné en héritage, en contrepartie de vos bonnes actions» (Sourate al-Zukhruf, 43: 72). «Ceux qui ont commis un péché, et qui sont enveloppés par leur transgression, se sont consignés dans le Feu où ils demeureront éternellement». (Sourate al-Baqarah, 2: 81)

En réalité, les actes des gens sont enregistrés exactement et soigneusement: «Ceux-là auront une partie de ce qu'ils se sont acquis. Allah est prompt dans Ses calculs». (Sourate al-Baqarah, 2: 202)

Etant donné que dans ce monde toute chose est bien planifiée et bien dirigée, et que rien n'y est futile ni fortuit, tous les actes humains ont un rôle et un effet constructif.

Ce point de vue indique clairement que l'homme doit être très attentif en faisant un choix. Il ne lui est pas permis d'entreprendre quoi que ce soit fortuitement et avec négligence.

Il est essentiel aussi qu'il choisisse seulement ce qui est bien. Il ne faut pas qu'il prenne une décision à la légère. C'est la raison pour laquelle il est anxieux et craintif. Peut-être est-ce cette peur d'Allah qui le conduit à pratiquer la piété.(23)

8. Le but des efforts de l'homme

Maintenant, voyons ce que doit être le but des efforts de l'homme. Nous savons que l'Islam propose certains objectifs et principes, et appelle l'homme à les adopter. C'est, en soi, une bénédiction d'Allah. Mais c'est l'homme lui-même qui doit choisir sa voie d'une manière réfléchie.

La prospérité et le salut

Selon le Coran, l'un des buts des efforts de l'homme consiste à obtenir le "falâh", qui signifie le salut et la prospérité.

"Falâh", signifie "cultivateur", celui qui fend la terre et la prépare à la culture, lui confère toutes les conditions nécessaires à la croissance et au développement des graines qui, dans les conditions favorables du sol et de l'eau, germeront et croîtront en hauteur et en volume avec l'aide des forces naturelles.

D'une façon similaire, si l'homme s'assure les conditions conduisant à sa croissance humaine spirituelle et à la perfection dans chaque domaine et dans toutes les dimensions de sa nature, il se libérera des entraves de son égoïsme et de ses bas désirs. Il sera capable de tirer grand avantage de ses talents et potentialités, et ses instincts sublimes s'enracineront solidement. On dit d'un tel homme qu'il a obtenu le falâh et qu'il a prospéré. Le Coran déclare que cette prospérité résulte de l'auto-formation(24), de la modification des besoins naturels(25), des bonnes actions(26), des efforts positifs et constructifs(27), de la résistance au mal, de la coopération en vue du bien et de la piété(28), de l'amélioration de l'environnement, de la propagation de la vertu, de la prévention de la corruption(29) et ainsi de suite.

9. Les idéaux et les valeurs

Dans un bond évolutif, l'homme commence à cultiver un idéal pour lequel il s'oublie lui-même et concentre son attention sur la foi et sur les services à rendre à l'humanité. Un stade arrive où, pour la réalisation de son idéal, il abandonne non seulement ses plaisirs, son confort, sa position et sa fortune, mais il sacrifie même sa vie.

Un scientifique qui déploie des efforts sincères en vue d'une découverte, ne le fait ni pour servir un tyran, ni pour devenir célèbre, ni pour obtenir une récompense, mais pour enrichir la connaissance et servir l'humanité.

Un travailleur social sincère fait des efforts en vue de soulager le malade, aider une personne affligée ou qui a faim, et défendre l'opprimé, et non par une récompense quelconque, ni pour se faire de la publicité, et il ne le fait pas d'une façon formelle ou professionnelle, mais pour l'amour de l'humanité et pour rendre service.

Un travailleur idéologique rencontre toutes sortes de difficultés et de dangers et rend des services pour la délivrance d'une nation. Quel nom donnerez-vous à un tel homme et comment interprétez-vous sont travail pour un idéal?

Il n'y a pas de mal à le qualifier d'idéaliste car ce pour quoi il se débat n'existe pas déjà comme une réalité, ni dans la nature, ni dans la société. Il le perçoit seulement comme un idéal dans son esprit et en fait une partie de sa vie. Cet idéal devient une force conductrice qui le pousse à continuer ses efforts jusqu'à ce que, ce qui n'était qu'une simple idée, se réalise et devienne un fait historique.

Chaque école idéologique doit avoir un idéal qui, sans être déjà existent comme une réalité, exige des sacrifices pour se réaliser. C'est quelque chose qu'aucune théorie d'inspiration matérialiste ne peut expliquer. Il ne peut être ni jugé d'après un critère scientifique, ni interprété par aucune loi matérielle ou naturelle.

Ces mêmes idéaux sont les hautes valeurs auxquelles on doit se consacrer et pour lesquelles on doit se sacrifier. Si vous voulez trouver une personne qui possède vraiment des qualités "humaines", vous devez chercher quelqu'un qui se voue à ces idéaux et valeurs qui dépassent la portée des lois physiologiques et biologiques.

10. La recherche d'Allah et de la Vérité

L'Islam affirme que ces valeurs, sous leur forme la plus sublime, sont concentrées en Allah, et que l'homme de l'Islam est féru de cette perfection absolue. Il brûle d'envie de s'acheminer vers elle et de l'atteindre. Un homme ayant une foi parfaite se meut réellement vers ce but. Cette perfection absolue est une pure réalité et l'essence de l'existence qui a créé les valeurs et la force. Cette vérité ne peut être perçue par une pensée matérielle, laquelle est incapable d'aller au-delà de la matière et de l'énergie et de penser à la réalité et à la valeur, ou à la source de la force et du mouvement.

En ce qui concerne l'homme, c'est lui-même qui prend l'initiative de son mouvement vers la perfection, bien que ce soit Allah qui l'appelle et l'attire vers elle, mais pas au point de la lui imposer ou de l'y contraindre, autrement, son initiative serait sans valeur. Il lui appartient personnellement d'effectuer le voyage avec des efforts inlassables pour arriver à son but. Quelle promesse encourageante! «O l'homme! Tu fais des efforts pour t'approcher de ton Seigneur, et tu seras récompensé (de tes actes)». (Sourate al-Inchiqâq, 84: 6)

L'HOMME DU POINT DE VUE EXISTENTIALISTE

Etant donné que l'existentialisme, qui est l'une des plus célèbres écoles contemporaines de pensée, a concentré le plus son attention sur l'homme, nous devons étudier ses doctrines pour nous faire une idée claire des théories qui prévalent sur l'homme. Pour ce faire, nous nous proposons de reproduire tout d'abord les opinions de quelques penseurs représentatifs de cette école, et de les commenter ensuite:

«L'existence de l'homme précède son essence; par conséquent, premièrement, il n'y a pas de but, de plan ou de destin le concernant, qui soient antérieurs à l'émergence de sa personnalité, de son existence; deuxièmement, en tant qu'agents libres, nous pouvons choisir et changer notre essence à volonté». (Jean-Paul Sartre)

«J'émerge seul, et confronté aux troubles et aux anxiétés, j'avance et je recule. C'est ce qui donne forme à mon existence. C'est moi qui peux surpasser toutes les difficultés et donner une valeur à mon existence. Nul autre que moi ne peut me donner satisfaction. J'ai coupé mes relations avec le monde. Je combats mon propre fondement, lequel est la non-existence que je suis moi-même. Il est de mon devoir de conférer une réalité à la signification du monde et de moi-même». (Principes de la Philosophie de l'Existentialisme)

«Dans la mesure où il est question de "désappointement", cela signifie que nous nous confinons dans la dépendance de ce qui est dans notre volonté ou dans les responsabilités totales qui rendent notre action possible. Nous coupons nos relations avec toutes autres choses et nous ne caressons aucun espoir. Lorsque René Descartes dit: "Subjugue toi-même, et non le monde", il voulait dire, en réalité, que nous devons travailler sans chercher à caresser un espoir». (Jean-Paul Sartre)

«La conception de l'homme est synonyme d'un mélange d'anxiété et d'encouragement. Lorsque l'homme prend un engagement, il détermine que, par son action, non seulement il décide pour lui-même et choisit ce qu'il fera, mais il donne également une loi pour toute l'humanité, il ne peut pas éviter d'avoir un sentiment d'une responsabilité totale et profonde». (Jean-Paul Sartre)

«Ceux qui ont une responsabilité, telle celle d'un commandant militaire qui projette de lancer une attaque, savent bien à quelle anxiété nous sommes confrontés». (Jean-Paul Sartre)

A propos de "la mauvaise intention" et de "l'auto-déception", qui doivent être évitées, Sartre dit:

«Comme les êtres humains sont des êtres libres et indépendants, et qu'ils inventent eux-mêmes leurs critères moraux, la seule chose qu'on peut leur demander de faire est d'être loyaux envers leurs propres critères et valeurs».

L'assertion selon laquelle un homme est un agent libre signifie nécessairement que les êtres humains ne sont pas des jouets dans les mains des dieux ou de n'importe quelle force extérieure à eux-mêmes. En un mot, "ils sont ce qu'ils sont".

Citant Dostoïevski, qui a écrit: "Si Dieu n'avait pas existé, toutes les choses auraient été permises", Sartre dit:

«C'est le point de départ de cette école. En effet, si Dieu n'existe pas, tout est permis. Par conséquent, l'homme se sent déprimé, car il ne trouve rien dont il dépende, ni en lui-même, ni à l'extérieur de lui-même».

«L'homme est condamné à être libre. Je dis "condamné", car il ne s'est pas créé. Cependant il est libre, et du moment où il est entré dans ce monde, il est responsable de toutes ses actions».

A propos des idées de cette école concernant l'homme, les points suivants peuvent être déduits de ce qui vient d'être cité:

1. Contrairement aux autres êtres naturels qui ont une essence définie et toute faite, l'homme n'a pas une essence particulière. Son essence est celle qu'il détermine lui-même.

2. L'homme est un agent libre et a le pouvoir de choisir.

3. Aucune volonté, ni aucun principe, ni aucune loi, ne peut restreindre le champ de la liberté de l'homme.

4. C'est l'homme lui-même qui est responsable de ce qu'il fait.

Son destin repose exclusivement sur son choix personnel. Il est aussi responsable de l'environnement social qu'il crée et des changements qu'il suscite dans son milieu naturel, et cela aussi sur la base des principes qu'il formule lui-même.

5. Pour cette même raison il est toujours agité et se sent mal à l'aise, parce qu'il ne peut avoir une guidance ni un soutien de l'extérieur, et que le choix qu'il fait n'est pas facile.

6. Le malaise et le "désappointement constructif" qui poussent l'homme à "l'action" sont comme toute autre chose, le résultat de sa propre "action".

En ce qui concerne la croyance en Dieu, on peut dire que cette philosophie ne ramène pas nécessairement à l'athéisme:

Sartre dit:

«Il y a deux types d'existentialistes: il y a d'une part les existentialistes chrétiens, parmi lesquels je cite Karl Jasper et Gabriel Marcel qui, tous deux, avouent être catholiques, et d'autre part les existentialistes athées, tels que Martin Heidegger et moi-même. Le seul point commun entre ces deux types d'individus est qu'ils croient généralement que l'existence de l'homme précède son essence».

Sartre dit ailleurs:

«Dans la philosophie de l'existentialisme, la conception de l'athéisme n'implique pas la négation du Créateur. Elle signifie seulement que rien ne serait radicalement changé, même si le Créateur n'existait pas. L'homme doit découvrir et savoir lui-même qu'il ne trouve le moyen de son salut nulle part».

Il dit aussi:

«Si l'existentialiste est très perturbé à l'idée de la non-existence de Dieu, c'est parce que dans un tel cas la possibilité de trouver des valeurs dans un Paradis perceptible disparaît totalement. En outre, aucune vertu n'existerait plus, car aucune conscience n'est si parfaite et illimitée qu'elle peut penser à chaque vertu. Il n'est écrit nulle part que la vertu a une existence définie et qu'elle est toujours jugée justement».

Nous remarquons que les existentialistes qui présentent des vues athéismes, le font parce qu'ils s'imaginent que l'homme ne peut avoir de liberté absolue que s'il n'y a pas, derrière lui une "volonté extérieure qui détermine son action".

Ils disent parfois expressément: s'il y a un Dieu qui destine toute chose ou, tout au moins, Qui sait toute chose, tous les événements future auront lieu nécessairement tels qu'ils ont été prévus par Lui. Pour cette raison, la négation du Tout-Puissant Créateur est une condition préalable de la liberté absolue de l'homme.

Nous nous proposons d'analyser ce point lorsque nous établirons une étude comparative entre les points de vue islamique et existentialiste.

L'HOMME DU POINT DE VUE DE L'ISLAM

En prenant en considération ce que nous avons déjà dit concernant l'homme et la portée de sa volonté et de son choix, nous pouvons tirer quelques conclusions. Ici nous nous référons brièvement à quelques principes seulement. Ce faisant, nous essaierons de réconcilier les points de vue fondamentaux de l'Ecole Existentialiste afin d'éclairer les questions prises en considération.

1. L'essence de l'homme (ce qu'il a et ce qu'il doit faire lui-même)

L'homme a une essence illimitée. Il a une nature à la fois terrestre et céleste. Il a des tendances variées et des capacités et des désirs divers. Mais il doit développer son essence individuelle, à travers ses efforts et sa volonté. Ses tendances et talents fournissent le terrain sur lequel il doit construire son essence et décider ce qu'il doit être.

2. La liberté humaine et le destin divin

L'homme est un agent libre, mais cette liberté lui a été conférée par Allah. Selon la terminologie de quelques écrivains contemporains, l'homme est destiné à être libre.

Aucune école de pensée n'affirme que c'est l'homme lui-même qui s'est donné la liberté. Elles s'accordent toutes pour admettre que la liberté lui a été donnée et imposée de l'extérieur. Si tel est le cas, pourquoi ne devrions-nous pas admettre qu'elle lui a été accordée par Allah(30) et qu'elle est un don divin?

On peut objecter qu'une telle croyance conduit à la prédétermination et qu'elle équivaut à la négation de la liberté de l'homme et de sa libre volonté.

Nous savons que selon la vision religieuse, s'il existe une contrainte divine concernant l'homme, cette contrainte va dans un sens positif, c'est-à-dire la contrainte de jouir d'une volition et de la liberté, et que s'il y a une prédétermination de la part d'Allah, elle signifie que l'homme doit exercer son choix avec conscience et liberté. De là, la volonté divine implique nécessairement - la liberté de l'homme et non sa prédestination.

3. Le domaine du choix et le rôle de la guidance

Nous savons que les besoins naturels, la Guidance divine et même les conditions de l'environnement affectent le choix de l'homme et sa liberté. Mais leur rôle n'est pas déterminant. Il consiste seulement en la création d'une tendance et en la préparation de la voie à l'action. C'est toujours la propre volonté libre de l'homme qui donne une forme déterminée à ces tendances et les modifie. Il lui appartient d'identifier la vérité et de tirer avantage de la Guidance avec sa perspicacité. Nous avons déjà dit que la Révélation divine est une Guidance qui éclaire, instruit et aide. C'est une Bénédiction d'Allah qui guide l'homme vers le droit chemin.

4. L'homme a un but

Nous avons déjà déclaré que l'Univers n'a pas été créé sans but, ni en vain. L'homme et la vie ne peuvent, non plus, être sans but. L'homme a été créé pour réaliser un progrès évolutif dans toutes les dimensions de son existence et en dernier lieu, pour effectuer un voyage vers la Perfection Absolue (comme nous l'avons indiqué plus haut).

5. L'homme est responsable

C'est l'homme qui a la responsabilité de se former lui-même et de constituer son environnement. Mais responsable devant qui?

Certaines écoles de pensée ne donnent pas de réponse à cette question, car elles soutiennent qu'il n'y a, au-delà de l'homme, aucune autorité consciente pour lui demander des comptes.

Mais en Islam il a bien une responsabilité, et cette responsabilité est vis-à-vis du Tout-Puissant, du Sage, de l'Omniscient, qui appellera chacun pour lui demander des comptes et le rétribuer.

Le Saint Coran dit:

«Vous serez interrogés sur ce que vous faisiez». (Sourate al-Nihal, 16: 93)

«Par Allah! Vous serez appelés à rendre des comptes pour ce que vous avez inventé». (Sourate al-Nihal, 16: 56)

«Arrêtez-les! Ils doivent être interrogés». (Sourate al-Çâffât, 37: 24)

«Allah ne peut pas être interrogé sur ce qu'IL fait, mais ils (les hommes) seront interrogés». (Sourate al-Anbiyâ', 21: 23)

Une telle responsabilité peut produire un grand effet, et servir de stimulant.

6. La vigilance et l'ardeur

Un homme ayant reçu une formation islamique est vigilant. En d'autres termes, il se sent impatient et préoccupé, parce qu'il est responsable de faire un bon choix. Il est responsable de son salut, de son bien-être et de celui de sa société. De même, il a à répondre de son éventuelle déchéance et de sa décadence. Chacune de ses actions est durable et produit un résultat. C'est pourquoi, cette préoccupation et cette vigilance sont constructives, accroissent sa responsabilité et affectent son choix.

7. L'homme n'est pas sans refuge

En Islam, la libre volonté de l'homme ne signifie pas que celui-ci soit sans refuge ni qu'il doive compter totalement et uniquement sur lui-même. Il est gratifié de la Protection et de la Faveur Divine. S'il fait un effort et se meut dans la bonne direction, il reçoit l'aide d'Allah(31). Il n'est pas seul; Allah est avec lui.(32) Vous pouvez dire que toute chose est entre les mains d'Allah. Si l'homme établit des relations avec Allah, les portes d'une pensée claire, de la connaissance et du pouvoir lui sont ouvertes.(33) Il se sent encouragé et un esprit d'un nouvel élan est infusé en lui.

8. Indépendance , crainte et espoir

L'Islam reconnaît une sorte particulière de "désappointement". On ne doit pas dépendre des actions des autres.(34) La famille, la position, les enfants et la fortune ne peuvent sauver personne.(35) Chacun est son propre formateur et doit compter sur ses propres actes.

Donc l'homme est un mélange de crainte et d'espoir,(36) de désir et d'appréhension. Sa crainte est telle qu'elle l'empêche de faire des fautes et de sombrer dans le péché. Elle n'est pas cette sorte de crainte qui peut le frustrer et le conduire à l'inertie.

Son espoir lui inspire les bonnes actions et fait de lui un être qui n'est ni hautain, ni égoïste, ni paresseux, ni mou.

L'HOMME DU POINT DE VU MATÉRIALISME DIALECTIQUE

Selon cette théorie philosophique, c'est la société qui a l'importance principale. L'homme est étudié seulement comme une partie de la société dont les lois de développement découlent de la loi dialectique qui est supposée gouverner la nature. Ainsi, pour pouvoir connaître les idées de cette école philosophique concernant l'homme, nous devons étudier les principes fondamentaux du matérialisme dialectique, relatifs à la nature et à la société. Là encore, nous devons tout d'abord reproduire les idées des interprètes de cette école. Après quoi, nous décrirons le point de vue de l'Islam sur ce qu'ils professent.

1. La nature ne consiste pas en des choses rassemblées, ni en des événements détachés les uns des autres. C'est un ensemble de choses et d'événements qui sont corrélatifs. Aucun phénomène de la nature ne peut être compris ou étudié séparément des autres événements naturels et de leur environnement.

2. La nature n'est ni statique ni en repos. Elle est en état de mouvement et de changement continu. A chaque moment quelque chose apparaît, change et évolue, et une autre chose est annihilée.

3. Le mouvement de développement des choses n'est pas un simple mouvement de croissance. Il est un développement dans lequel des changements mineurs et rapides vont se transformer subitement et rapidement en des changements qualitatifs ouverts et fondamentaux de caractère inévitable et imprévisible. Le mouvement de développement n'est ni un mouvement circulaire, ni une simple répétition d'une chose. C'est un mouvement en avant et une transformation d'un ancien état qualitatif à un nouvel état qualitatif. Ce mouvement s'effectue de bas en haut.

4. Toutes choses et tous événements naturels contiennent une contradiction interne. La précédente thèse existante entre en conflit avec une antithèse produite par elle. Leur conflit produit une nouvelle thèse, laquelle entre à son tour en conflit avec une autre antithèse qui émerge de son intérieur. Donc, la voie de cette évolution est déblayée. Selon cette théorie, tous les développements sont nés de cette même contradiction intérieure.

Maintenant, voyons ce que dit cette école à propos de l'homme et comment elle interprète l'histoire?

5. L'homme est un être matériel et naturel dont le cerveau et le système nerveux sont plus développés que ceux de tous les autres animaux, et à cause de cette évolution, il jouit d'une meilleure faculté de compréhension et de perception.

C'est la société qui a l'importance réelle. L'homme individuel est un être faible dont les efforts sont voués à l'échec. C'est la société qui lui octroie la volonté. L'homme sans la société est porté à commettre trop de fautes et il est toujours en danger de destruction totale.

6. Etant donné que le monde matériel existe indépendamment de la perception et de la pensée humaine, l'existence matérielle de l'homme et la vie matérielle de la société sont plus importantes que leur vie intellectuelle, laquelle n'est qu'un élément secondaire, dérivé de la vie matérielle. Même la perception et la pensée du peuple ne sont que le reflet du monde matériel.

7. Le moyen et les méthodes de production constituent la vie de la société. A différents stades du développement de la société, les méthodes de production et les instruments utilisés à ce propos sont différents. Dans le système social primitif, les gens avaient une méthode de production différente de celle du système de l'esclavagisme. De même, dans le système féodal, la méthode et les instruments utilisés sont eux aussi différents de ceux des époques précédentes. Et ainsi de suite. Et puisque les méthodes de production changent, le système social des gens, leur vie intellectuelle, leurs idées et leur organisation politique aussi subissent des changements.

8. La principale force motrice de l'histoire est le changement dans les moyens et les méthodes de production, lequel provoque une contradiction avec les anciennes relations de production. A la suite de ce conflit et de cette contradiction, les relations de production subissent un changement.

A chaque période de l'histoire, le système économique et social qui avait subi un tel changement a constitué l'histoire politique et intellectuelle de cette période. Par conséquent, depuis que la propriété terrienne a remplacé le système social primitif, l'histoire est devenue principalement un registre de la guerre de classes entre les oppresseurs et les opprimés, les gouvernants et les gouvernés. C'est cette contradiction et ce conflit qui suscitent les différents stades de l'évolution de la société.

9. Selon les idées de cette école, l'histoire comporte cinq périodes qui se sont succédé. Ce sont: 1) Le socialisme primitif; 2) L'esclavage; 3) La féodalité; 4) Le capitalisme, et en dernier lieu, 5) Le socialisme conduisant au communisme.

10. Concernant le rôle des nouvelles idées dans la provocation d'un changement dans la société, cette école dit:

Les nouvelles idées sociales et les nouvelles théories sociales apparaissent seulement lorsqu'un changement dans la vie matérielle de la société crée de nouveaux devoirs envers la société. Etant donné que les nouvelles idées se développent, elles se transforment en une force qui facilite l'acquittement des nouveaux devoirs et rend la société capable de progresser. Et puisque chaque changement est provoqué par une contradiction, celle-ci doit être intensifiée à l'intérieur de la société, afin que la solution des problèmes que connaît la société puisse être trouvée. C'est seulement la contradiction qui introduit les nouvelles idées et les nouvelles théories qui aident à résoudre les problèmes existants.

L'approche de l'Islam de ces questions

En ce qui concerne les thèmes évoqués dans les quatre premiers points énumérés, nous les avons abordés en détail dans les chapitres précédents de ce livre. Toutefois, pour maintenir la continuité, nous nous y référons encore ici, mais brièvement.

1. Il n'y a pas de doute qu'il existe une cohérence et une harmonie bien déterminées dans l'Univers, et que tous les éléments et phénomènes de la nature sont minutieusement corrélatifs. C'est pourquoi, il n'est pas possible d'avoir une connaissance juste et complète de n'importe quel phénomène naturel sans connaître tous les éléments qui le forment, et tous les facteurs et causes qui l'affectent, ainsi que ses relations et sa tendance évolutive.

2. Tous les phénomènes naturels sont sans cesse et d'une façon ininterrompue en état de mouvement. Aucun élément matériel, ni aucun phénomène naturel, n'est statique ni en repos. Le changement et l'évolution, la croissance et la décadence, la vie et la mort, la transformation et la transfiguration sont les lois par lesquelles la matière est gouvernée.

3. En somme, tout ce mouvement est évolutif et progressif. Il a une finalité, il est bien calculé et bien organisé. D'une manière générale, le résultat final de ce mouvement du monde et de ces phénomènes est la croissance, le développement, la résistance contre les facteurs anti-évolutifs, l'utilisation des facteurs positifs pour le progrès et l'amélioration.

4. Ce mouvement et cette transformation ont certaines caractéristiques et produisent certains effets selon les lois relatives à la matière et à la nature. Ces lois affectent toute chose matérielle de l'intérieur et de l'extérieur, et influencent sa relation avec les autres phénomènes. Cette influence peut s'exercer soit sous forme de contradictions et de conflits, soit sous forme d'harmonie et d'accord, soit tout simplement sous forme de préservation de l'existence et de la croissance de la chose en question.

La somme globale de ces lois et relations constitue les Voies Divines, le dessein créatif et la volonté judicieuse d'Allah. Comme nous le verrons, ces Voies Divines opèrent sans cesse et sans interruption dans la nature et dans la société.

Maintenant nous arrivons au point principal de notre discussion relative à l'home et à la société. Le point de vue islamique sur ce sujet peut être résumé comme suit:

5. L'homme est une partie de la nature et il a des caractéristiques matérielles et naturelles. Mais il est parvenu à un tel stade d'évolution qu'il est devenu propre à être gratifié de l'Esprit Divin et des valeurs surnaturelles. Par conséquent, il a acquis les facultés de libre volonté, de connaissance et de responsabilité. A cause de ces dons, il n'est pas subordonné aux phénomènes naturels, ni prisonnier des relations génétiques. Au contraire, il est capable de dominer la nature et de provoquer des changements dans les relations matérielles et les phénomènes naturels.

6. Bien qu'il fasse partie intégrante de la société, l'homme est, comme nous le savons, un être indépendant. II n'est pas si subordonné à la société qu'il ne puisse avoir une volonté personnelle, la liberté personnelle et le droit de choisir. Sa conduite n'est pas déterminée seulement par la société et l'histoire, bien qu'on ne puisse le considérer comme un être séparé de la société.

7. Etant donné que l'existence tout entière de l'homme n'est pas le résultat direct de l'évolution de la matière, sa vie intellectuelle et mentale ne peut être inspirée et dérivée uniquement de la matière, des relations matérielles et génétiques de la société. Néanmoins, puisqu'il est enfoncé dans la matière et qu'il en a émergé, les conditions naturelles, géographiques et physiques et les relations matérielles dans la société ne manquent pas de l'affecter.

8. La contradiction qui existe à l'intérieur de l'homme est le produit du conflit entre ses désirs matériels (les désirs humains) et ses impulsions célestes (des inspirations venant d'Au-delà de ce Monde). Etant donné que l'homme est doué de connaissance, il doit faire le meilleur usage de cette contradiction et faire des efforts en vue de modifier toutes ses impulsions et de les guider vers sa propre évolution, vers l'amélioration de son milieu, vers la formation et le progrès de l'humanité.

Lorsque nous discutions du matérialisme dialectique, nous avons reproduit certaines idées ayant un rapport direct avec la conception historique de cette école. De là, il sera tout à fait naturel d'étudier aussi la conception islamique de l'histoire et des facteurs qui la font évoluer. Aussi, nous proposons-nous de traiter cette question dans le détail.

* * *
 
 
 
LA CONCEPTION ISLAMIQUE
DE L'HISTOIRE
 
 

Pour faire connaissance avec la conception islamique des changements historiques et des facteurs qui font l'histoire, il est nécessaire de prendre en considération les points suivants:

Le Coran fait attention au cours normal de l'histoire

Nous avons déjà appris que les changements dans les phénomènes naturels sont gouvernés par des lois bien déterminées et qu'ils sont provoqués par certains facteurs et causes. En un mot, nous pouvons dire que la nature a des voies bien définies et que l'Islam met fortement l'accent sur leur existence.

Selon l'optique islamique, il y a, dans la société aussi, des lois spécifiques qui constituent les modèles sur la base desquels les changements sociaux ont lieu. La montée et la chute des nations, leur force et leur faiblesse, l'accession au pouvoir de tout groupe particulier, la solidité ou la fragilité d'une société, tous ces faits sont soumis aux lois qui gouvernent la société et ses relations avec les autres sociétés. Donc, les événements historiques ne sont pas accidentels. Ils ne sont pas sujets à un destin capricieux. Toute chose dans la société et dans la nature est soumise à une loi.

Les lois et les modèles sociaux ne viennent pas à l'existence automatiquement, ni comme conséquence d'une contrainte interne.

En fait, ils font tous partie du dessein créatif et des "Voies Divines". Ci-après quelques exemples des voies auxquelles s'est référé le Coran (Voyons quel rôle joue la volonté humaine dans ce domaine).

«Nous avons fait périr avant vous plusieurs générations, lorsqu'elles se montrèrent injustes» (car leurs relations sociales étaient fondées sur un système injuste). (Sourate Yûnis, 10: 13)

«Si les habitants de ces cités avaient cru et avaient pratiqué la piété, Nous leur aurions accordé les bénédictions du Ciel et de la Terre». (Sourate al-A'râf, 7: 96)

Dans sourate al-Fajr, versets 43 et suivants, le Coran parle de ceux qui, à cause de leur égoïsme et de leur arrogance, s'opposent à la mission des prophètes et aux efforts de ceux qui plaident en faveur de la Vérité. De telles gens emploient toutes sortes de moyens illégaux pour étendre leur pouvoir et parvenir à leurs fins égoïstes. Ci-après le Coran dit:

«La ruse méchante n'enveloppe que ses auteurs. S'attendent-ils donc à autre chose qu'au sort réservé aux gens qui les ont précédés? Tu ne trouveras pas un changement dans les voies d'Allah et tu ne trouveras pas que les voies d'Allah aient à être modifiées. N'ont-ils pas parcouru la terre? N'ont-ils pas vu de sort de ceux qui vécurent avant eux et qui possédaient un pouvoir plus redoutable que le leur?» (Sourate Fâtir, 35: 44)

Dans la sourate Ale 'Imrân, verses 137, le Coran dit également: «Différentes traditions ont existé dans le passé. Parcourez donc la Terre et voyez le sort de ceux qui rejetèrent la Vérité».

Un verses suivant dit: «Ne vous découragez pas, ni ne vous affligez, car vous aurez une vraie dignité si vous êtes de vrais croyants». (Id. ibid. verses 139)

Le verses suivant dit: «Si une blessure vous atteint, une même blessure avait atteint les incrédules. Ce sont seulement des vicissitudes que Nous provoquons afin qu'elles se suivent pour l'humanité, pour qu'Allah reconnaisse ceux qui croient et choisisse ceux qui font le sacrifice suprême». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 140)

Dans leur ensemble, ces versets indiquent que ce qui provoque un changement dans l'histoire d'une nation, ce sont les qualités de persévérance, de sacrifice pour une bonne cause, de refus de l'égoïsme et des actions indignes. C'est là l'une des normes qui ont toujours prévalu parmi les gens.

On peut déduire de la sourate Banî Isrâ'îl, versets 70-77, les principes suivants:

Les nations et les communautés se distinguent les unes des autres par leurs dirigeants et par la guidance qu'elles en reçoivent. L'adhésion à un but idéologique est nécessaire. Si une communauté attachée à la continuation de ses activités égoïstes et malfaisantes se fâche contre ses dirigeants sincères et désintéressés qui l'obligent à travailler dur, et qu'elle décide de les chasser, une telle communauté n'aura pas beaucoup de répit. Ci-après le Coran dit: «Telle avait été Notre voie dans le cas de Nos messagers que Nous avons envoyés avant vous». (Sourate Banî Isrâ'îl, 17: 77)

Le verses 16 de la même sourate nous informe que lorsqu'une région était soumise à la destruction, ceux de ses habitants qui vivaient dans l'aisance s'étaient livrés à la débauche et à la malfaisance. Puis un commandement d'Allah était donné, concernant ces gens corrompus et méprisables, enfoncés dans la thésaurisation de l'argent et la recherche des plaisirs. Cette région était détruite et ses habitants anéantis.

Dans la sourate al-Fajr, versets 6-14, le Coran dit: «N'as-tu pas vu comment ton Seigneur a traité les 'Ad, qui avaient des bâtiments à colonnes à Eram, dont la pareille ne fut jamais construite dans aucun autre pays, et (comment Nous avons traité) les Thamoud qui taillaient les rocs dans la vallée, et Pharaon, avec ses épieux? Tous ces gens furent hautains dans leurs régions et ils y firent beaucoup de mal. C'est pourquoi, ton Seigneur abattit sur eux le fouet du châtiment. Certes oui, ton Seigneur est toujours aux aguets».

Ce sont là seulement quelques exemples parmi bien d'autres que l'histoire a connus et auxquels le Coran s'est référé.

Le violent déchaînement des désirs et des émotions

Nous avons déjà appris que l'homme a une nature à la fois terrestre et céleste. Il a plusieurs sortes d'inclinations et d'émotions, et il est responsable de l'orientation et de la modification de ses désirs. Nous savons aussi, plus ou moins, que les sentiments d'égoïsme, de mégalomanie, de libertinage et d'amour du pouvoir se déchaînent parfois avec une telle violence qu'ils peuvent ruiner l'individu et la société. Le Coran décrit les individus et les factions qui ne contrôlent pas leurs passions comme extravagants, méchants, malfaiteurs, pervers, hautains, diaboliques et agressifs. A travers toute l'histoire, et dans toutes sortes de conditions économiques, de telles gens ont travaillé pour atteindre leurs fins égoïstes, pour étendre leur pouvoir et leur autorité, et pour subjuguer et exploiter les autres. Pour réaliser leurs objectifs vicieux, ils n'hésitent pas à recourir à la force, aux moyens frauduleux, aux menaces, aux tentations et à la persécution. Ils divisent les gens et les intoxiquent. Ils créent ces conditions afin de pouvoir imposer aux masses des idées et un mode de vie qui peut faciliter la continuité de leur propre autorité offensive.

Les mythes, les idées fausses, l'idolâtrie, les mauvaises habitudes, les anciens et nouveaux dieux, sont introduits et remis à l'ordre du jour pour empêcher les gens de penser correctement et de progresser dans la bonne direction, et donc pour préparer la à leur exploitation. Il y eut tellement de guerres déclenchées par les flammes de l'avarice, de la convoitise et des intérêts égoïstes des tyrans. Combien de destructions, de malheurs, d'effusions de sang et de répressions ne furent-ils pas causés par leur soif du pouvoir et de position!

Le Coran considère la corruption et les agissements tyranniques et oppressifs de telles gens comme la cause des changements destructifs de l'histoire.

Nous pouvons déduire de la sourate al-Baqarah, verses 205 que: chaque fois qu'un homme égoïste accède au pouvoir, il fait le mal, essaie de ruiner l'agriculture et commet un massacre.

Dans la sourate al-Mâ'idah, versets 62 et suivants, le Coran parle de ceux qui, à cause de leur orgueil et de leur négation de la vérité, sont toujours prêts à commettre des péchés et des transgressions, à déclencher les flammes de la guerre, et à répandre la corruption.

Dans les versets 4 et suivants, le Coran dit: «Pharaon était devenu puissant sur la terre. Il avait divisé les gens en castes. Il opprimait un groupe d'entre eux: il tuait leurs fils et épargnait leurs filles. Certes oui, il était l'un des mécréants».

Dans la sourate al-Zukhruf, verses 54, Pharaon est décrit ainsi: «Il a opprimé son peuple jusqu'à ce qu'il lui ait obéi. Certes oui, c'était un peuple pervers».

Dans la sourate al-Nisâ', verset 27, Allah dit: «Ceux qui suivent leurs désirs lascifs veulent vous entraîner sur une voie terriblement dévoyée».

Ce sont là quelques exemples de versets qui montrent qu'il y a des hommes qui, parce qu'ils suivent aveuglément leurs désirs, et qu'ils n'essaient pas de les modifier, ni de les orienter vers la bonne direction, causent un grand mal et engendrent les événements malheureux de l'histoire.

La question de la contradiction

Selon la conception islamique, la contradiction joue un rôle important dans la provocation des changements de l'histoire, mais elle n'est pas le seul facteur qui les provoque.

De plus, la contradiction ne signifie pas simplement une contradiction entre les relations de production et les instruments de production.

Il existe, à l'intérieur de l'homme lui-même, deux forces contradictoires: l'insinuation diabolique et la guidance de la raison. En d'autres termes, à l'intérieur de l'homme, ses propensions animales et ses instincts sublimes sont en conflit. Côte à côte, dans l'homme, il y a son aspect divin, et il y a Satan qui est la manifestation de tous les facteurs d'égarement et d'insinuation. Dans la société, il existe une lutte incessante entre la vérité et le faux. Dès l'aube de l'histoire, deux fils d'Adam, représentant les deux côtés des hommes de l'histoire, se sont battus entre eux. L'un d'eux se battait pour satisfaire ses vains désirs et parvenir à ses fins. A cause de sa jalousie et son égoïsme, il a détruit l'autre. Son égoïsme aboutit tout d'abord au meurtre, et à la transgression, et établit la tradition d'hostilité des individus et des factions égoïstes, lascifs et transgresseurs, (qualifiés par le Coran d'extravagants, de diaboliques et de méchants) à l'encontre des réformateurs et des défenseurs de l'intégrité et de la justice. Ce conflit a continué, sous diverges formes, tout au long de l'histoire.

Les racines de ce conflit et de cette lutte qui se déroule entre les deux côtés des oppresseurs et des opprimés, des exploiteurs et des exploités, des tyrans et des suppliciés, existe à l'intérieur de l'homme lui-même. C'est l'explosion de ses passions et émotions interne qui provoque ce ravage. Bien sûr, les conditions sociales et l'environnement ont leur effet sur le déclenchement ou la modération de cette explosion.

En tout cas, le résultat de cette contradiction et de ce conflit, qu'ils soient à l'intérieur d'un individu ou entre différentes classes de la société, n'est pas toujours la destruction de l'une des parties en lutte. Dans beaucoup de cas le résultat est la modification, la guidance et même l'harmonisation des deux forces opposées.

Par exemple, s'il y a un conflit entre la raison et la passion, son résultat ne sera pas l'extinction de la dernière. De la même façon, s'il y a un conflit entre les désirs matériels et les tendances humaines sublimes, son résultat ne sera pas l'extermination des désirs matériels et naturels au point que l'homme ne puisse faire un effort pour obtenir de la nourriture, des vêtements et un conjoint. L'objet de ce conflit est l'auto-formation, en vue de pouvoir contrôler et discipliner ces désirs et exprimer ses instincts avec modération et sans excès.

Dans la société aussi, le conflit vise souvent à guider et à entraîner les gens d'une façon pacifique en les exhortant au bien et en leur interdisant le mal, et ce dans le but d'améliorer l'environnement et de réformer les gens pervers et coupables. Cela n'empêche qu'il vise parfois à exterminer les oppresseurs aussi, comme c'est le cas pour la punition de l'homicide volontaire ainsi que dans le cas de la guerre sainte. De là, le rôle des facteurs constructifs ne doit pas être négligé.

La nécessité de l'augmentation de la force positive de la contradiction et de la résistance à la corruption

Dans chaque conflit la partie la plus forte obtient le plus grand succès. De là, si les tyrans et les oppresseurs sont plus forts, l'oppression et la corruption prévalent et les gens sont privés de leurs droits.

Mais lorsque le parti de l'intégrité et de la justice devient plus fort, la justice sociale devient dominante et l'oppresseur est éliminé de la scène. Naturellement il faut des efforts persistants et un travail acharné pour renforcer le parti de la droiture.

«Si seulement il y avait eu parmi les générations qui vous ont précédés des hommes de bon sens qui eussent pu avertir leur peuple et l'empêcher de répandre la corruption sur la terre». (Sourate Houd, 11: 116)

«Si Allah ne repoussait pas certains hommes par d'autres, la Terre serait corrompue». (Sourate al-Baqarah, 2: 251)

Des dizaines d'autres versets, qui mettent l'accent sur la nécessité de combattre les mécréants, les agresseurs, les tyrans et les égoïstes, et qui promettent le succès à ceux qui travaillent fermement et résistent aux malfaiteurs avec persévérance, corroborent le bien-fondé de ce point de vue.

C'est pourquoi la simple intensification de la contradiction et l'augmentation des causes du conflit ne peuvent pas rendre plus proche le changement requis. Seul le réveil et la guidance correcte des opprimés, le renforcement de la partie qui cherche la justice, et la promotion des inclinations et des sentiments positifs, peuvent aider au triomphe de la vérité:

- La connaissance du cours de l'histoire

- L'identification des opportunités, et

- La saisie de ces opportunités pour en tirer avantage.

Il est évident qu'une simple personne, quel que soit le niveau de sa conscience sociale et sa capacité de direction, ne peut faire à elle seule l'histoire. Une connaissance solide du cours de l'histoire, la pénétration de la structure des diverges sociétés, une interprétation correcte des événements historiques, la connaissance de ce qui est arrivé aux gens du passé et une pensée claire sur les coutumes, les traditions, les inclinations et le génie de la société sont nécessaires pour que l'on puisse entreprendre une action convenable, opportune et fructueuse.

Outre la connaissance, la capacité de former, de guider et d'organiser la pensée des gens et de vaincre les forces de l'opposition est nécessaire.

Il est également fondamental d'avoir une conviction ferme, un but déterminé et la force de résistance et de persévérance. C'est pourquoi nous remarquons que l'histoire a produit un nombre très limité d'individus et de groupes qui ont pu se charger de cette mission sociale et qui, avec leurs idées créatives et constructives, leur hardiesse, leur ouverture d'esprit, et leur aptitude extraordinaire à la direction, sont parvenus à trouver le moyen de changer l'esprit des gens et d'opérer de grands changements dans l'histoire d'une nation. Il ne fait pas de doute que l'histoire humaine est l'histoire des hommes grandioses et remarquables qui y ont joué un rôle décisif.

LE GRAND RÔLE DES PROPHÈTES DANS LA FORMATION DE L'HISTOIRE

Une étude du mouvement des prophètes nous montre que ceux-ci étaient la plus grande source de révolution intellectuelle et de réforme de la société. Ce sont eux qui ont prêché la justice, l'humanité, l'amour du prochain, la fraternité, l'égalité, le service de l'humanité, l'amour, la liberté humaine, la paix, la pureté, la piété et bien d'autres vertus sociales et humaines.

Par ailleurs, ce sont eux qui ont, plus que tous autres, démasqué les oppresseurs, les tyrans, les hypocrites et les égoïstes, et appris aux gens à leur résister courageusement et à se sacrifier dans ce but. Le principal trait de leur programme était le combat contre la tyrannie et l'humiliation, et la lutte pour la liberté et pour l'émancipation. Méditez à ce propos les versets suivants:

«Oui, nous avons envoyé à chaque communauté un prophète, (proclamant): Adorez Allah et fuyez les tyrans!» (Sourate al-Nihal, 16: 36)

«Nous avons envoyé Nos prophètes avec des preuves claires et Nous avons révélé avec eux le Livre et la balance afin que les gens observent l'équité. Nous avons fait descendre le fer dans lequel il y a une force vitale et des avantages pour les gens, afin qu'Allah connaisse celui qui LE secourt, à travers le mystère, et aide Ses prophètes. Allah est Fort et Puissant».(Sourate al-Hadîd, 57: 25)

Le Prophète Ibrâhîm (P)

Dès l'aube de l'histoire enregistrée, Ibrâhîm a été reconnu comme le champion du monothéisme et de la lutte contre l'idolâtrie, et comme le dénonciateur des superstitions. C'est lui qui enseigna comment on sacrifie sa vie, ses biens et ses enfants pour la cause qu'on chérit, et c'est lui qui combattit la transgression et l'égoïsme que Nimrûd incarnait. C'est ainsi qu'il fut jeté dans le feu pour avoir continué sa lutte contre les idoles et les fausses divinités. Il donna l'exemple de la résistance et du sacrifice, et reprit sa lutte dès qu'il eut traversé cette épreuve terrible. Il édifia le plus ancien centre du monothéisme, appelé la Ka'bah. Il fut l'inspirateur de toutes les religions sémitiques, croyant en Un seul Dieu, dans une vaste région du monde.

Le Prophète Moussâ (P)

Les efforts de Moussâ en vue de l'émancipation de son peuple, sa lutte contre la tyrannie et l'humiliation, et son soulèvement audacieux contre ceux qui possédaient le lucre et le pouvoir et qui incarnaient l'oppression et la soif du pouvoir, couronnèrent de succès l'histoire de la lutte populaire et des mouvements humains.

«Allez, tous deux, chez pharaon. II a transgressé les limites». (Sourate Tâhâ, 20: 43)

«Allez donc tous deux chez lui et dites-lui: Nous sommes deux messagers de ton Seigneur. Laisse donc les enfants d'lsrâ'îl partir avec nous et ne les tourmente pas». (Sourate Tâhâ, 20: 47)

«Nous avons envoyé Moussâ et Hâroun avec Nos signes et un pouvoir manifeste, à Pharaon et aux chefs de son peuple. Mais ils les méprisèrent, car ils étaient des gens despotiques. Ils dirent: "Allons-nous croire des mortels comme nous, alors que leur peuple nous sert d'esclaves."» (Sourate al-Mo'minoun, 23: 45-47)

Pour contrarier les demandes de Moussâ, Pharaon et son entourage recoururent à la calomnie, à l'intimidation et au lavage de cerveau.

«Mais seulement quelques-uns parmi le peuple de Moussâ crurent en lui, de crainte d'être mis à l'épreuve par Pharaon et leurs chefs, car Pharaon était un tyran sur la Terre, et coupable de transgression». (Sourate Yûnis, 10: 83)

«Mais quand il leur apporta la Vérité venant de Notre Part, ils dirent: "Tuez les fils de ceux qui croient comme lui, et laissez vivre leurs filles." Mais le plan des incrédules fut voué à l'échec. Pharaon dit: "Laissez-moi tuer Moussâ. Laissez Moussâ appeler son Seigneur (s'il peut). Je crains qu'il n'altère votre religion et qu'il ne sème le désordre sur la terre." Moussâ dit: "J'implore la protection de mon Seigneur et de votre Seigneur contre tout orgueilleux qui ne croît pas au Jour du Jugement."». (Sourate al-Mo'min, 40: 25-27)

«Pharaon fit une proclamation à son peuple et dit: "O mon peuple! Le royaume d'Egypte ne m'appartient-il pas avec les fleuves qui coulent à mes pieds? Ne voyez-vous pas. Je suis certainement meilleur que cet homme misérable et incapable de s'exprimer clairement. (Si ce qu'il dit est vrai), pourquoi donc n'a-t-il pas sur lui des bracelets d'or, et pourquoi les anges ne sont-ils pas venus en sa compagnie?"» (Sourate al-Zukhruf, 43: 51-53)

«Pharaon dit (à Moussâ): "Si tu adoptes un autre seigneur que moi, je te ferai mettre en prison."» (Sourate al-Chu'arâ', 26: 28). «Mais Moussâ était ferme. II n'a pas renoncé à la lutte. II dit à ses compagnons: "Demandez le secours d'Allah et soyez patients. La Terre appartient à Allah et IL en fait hériter qui IL veut parmi Ses serviteurs; La fin sera heureuse pour les pieux."» (Sourate al-A'râf, 7: 128)

Moussâ encouragea son peuple et lui apporta de bonnes nouvelles: «Peut-être votre Seigneur fera-t-IL périr votre ennemi et, après la disparition de celui-ci, vous fera-t-il succéder à lui sur la Terre pour voir comment vous vous comporterez?"» (Sourate al-A'râf, 7: 129)

Comme nous le savons, Moussâ réussit finalement à délivrer son peuple. L'ennemi, malgré tout son pouvoir et son importance, fut annihilé. Donc un nouveau chapitre de l'histoire fut ouvert et mit en mouvement une série d'événements.

Le Prophète 'Issâ (P)

Il y a environ deux mille ans 'Issâ fut reconnu dans l'histoire comme étant un Sauveur et un Messager de la paix et de la justice. Il se tint intègre au milieu de l'égoïsme, du commerce de guerre, de la thésaurisation, des rivalités et de l'effusion de sang. A l'époque, l'avidité et les affaires frauduleuses étaient à leur zénith. Des hommes d'église indignes, qui étaient supposés être des dirigeants religieux et les porteurs des Commandements Divins, se trouvaient impliqués dans des rivalités intestines et commettaient des crimes abjects tels que la falsification, la tromperie, l'usure et l'hypocrisie. Dans de telles circonstances, 'Issâ se souleva et combattit tous les maux de son époque. Il réforma et réintroduit la religion de Moussâ, qui avait été dénaturée et mal interprétée, et prêcha la droiture, la pureté, l'amour du prochain et le service de l'humanité. Il mena sa vie dans la plus grande simplicité, et poursuivit sa mission avec ferveur, même au péril de sa vie.

Ses enseignements ont soulevé au cours de l'histoire une énorme vague de nouvelles idées de morale et de sympathie dans une grande partie du monde. Ils furent la source de nombreux mouvements et révolutions mémorables.

L'histoire du Christianisme et de l'Eglise est riche en événements et mouvements bons et mauvais. Evidemment ce qui était mauvais découlait du mauvais usage et de la mauvaise interprétation de ces enseignements, ainsi que de la dénaturation de son message.

Enfin vint le tour du plus grand et du plus fructueux Mouvement Divin, en l'occurrence, le Message de l'Islam. Nous nous proposons de nous appesantir un peu sur ce sujet à la fin de notre discussion.

La révélation fut la force motrice des mouvements prophétiques

Il ne fait pas de doute que, chaque prophète commença sa mission au moment le plus opportun, où l'injustice, les conceptions erronées, la discrimination injuste, les dissensions et la négligence des devoirs étaient répandues et où la situation exigeait le déclenchement d'un mouvement réformateur en vue de dissiper les ténèbres et d'illuminer l'atmosphère par la lumière de la vertu et de la vérité. Mais dans tous les cas, la vraie campagne pour changer les conditions intellectuelles et sociales débuta seulement sur ordre de la Révélation divine.

Il est vrai que Moussâ se sentit dès sa jeunesse, extrêmement perturbé et bouleversé par l'humiliation et l'asservissement de son peuple. Il était conscient que le pouvoir et la richesse se concentraient dans les mains d'une partie de la société alors que l'autre partie souffrait la pauvreté, l'esclavage, la peine et la torture. Mais il n'avait pas encore de plan pour entreprendre une action ou faire des réformes. Même lorsqu'il tua une personne du camp ennemi au cours d'un accrochage, il s'enfuit de la ville, dans un état de grande confusion, sentant que sa vie était en danger. Mais quelques années plus tard, lorsqu'il accéda à la prophétie et que la Révélation divine lui ordonna d'agir, il retourna dans la même ville, se dirigea tout droit vers Pharaon, l'ennemi puissant et dangereux de lui-même et de son peuple, et lui demanda de libérer les enfants d'Isrâ'îl et de cesser de les tourmenter. C'est là seulement que les choses commencèrent à bouger. Jusqu'à l'âge de quarante ans, le Prophète de l'Islam avait vécu avec des gens analphabètes, dont le mode de vie était indigne d'un homme et très déraisonnable. Son esprit pur et clair perçut la perversion morale de la société et il en fut affligé. De temps en temps il faisait des efforts même pour prévenir une agression ou aplanir un différend.(37)

Mais il ne prenait pas de mesures pour prêcher la réforme sociale ou lancer une campagne à cet égard.

Sa lancée ne commença que lorsqu'il reçut la première révélation dans une grotte située sur la colline de Harâ'. Et ce fut l'événement qui annonça la naissance du Mouvement Islamique.

C'est pourquoi on peut dire que la Révélation est le principal pilier et la pierre fondamentale de la mission des prophètes. Mais qu'est-ce que la révélation et quels sont les effets qu'elle produit?

La Révélation

La Révélation est une sorte de connaissance sublime des réalités du monde, de leurs valeurs et des buts élevés de la vie humaine. Cette connaissance est sans ambiguïté, directe et claire. C'est un Don divin spécial accordé à un homme pur et saint.

La Révélation n'est pas une sorte de conscience ou de perception ordinaire, obtenue par les sens, l'observation ou l'expérience. Elle n'est pas, non plus, une sorte de prise de conscience mentale fondée sur un événement antérieur ou sur une connaissance acquise antérieurement et se manifestant à la suite des efforts créatifs de l'esprit humain. Elle est également différente de l'intuition et de l'illumination mystique. C'est une connaissance pure et décisive, une conception transcendante et un Don divin.

Quelques effets de la Révélation

a) Le Réveil intérieur: la Révélation crée un réveil dans l'âme du prophète et remue toute son existence. Elle éveille ses facultés et ses forces dormantes et les dirige vers l'accomplissement de sa mission. Grâce à son contact avec la source éternelle de la Révélation, il est pénétré d'un nouvel esprit et d'un nouveau zèle.

b) Une perspicacité claire: l'esprit du prophète est doté, à la suite de la Révélation, d'une perspicacité claire et d'une vision large, comme s'il avait été relié à une Source pure et jaillissante le connaissance. Son esprit est plein d'idées pures et fructueuses.

Le Coran décrit la révélation comme une lumière, une perspicacité, une illustration, une sagesse, un remède, une miséricorde, une preuve et une source de vie et de connaissance. Evidemment, cette lumière et cette perspicacité doivent avant tout éclairer le coeur même du Prophète sur lequel la Révélation est descendue.

Etant donné que les idées du prophète sont inspirées par la Révélation divine, elles ne sont polluées ni par les mythes et les conceptions erronées, ni par ses propres intérêts ou ses caprices personnels. Et comme l'a dit le Coran: «Il ne parle pas sous l'empire de la passion. (Ce qu'il dit) c'est seulement une Révélation qui lui a été inspirée». (Sourate al-Najm, 53: 3)

En raison de sa perspicacité et de la pureté de sa pensée, un prophète atteint l'infaillibilité. Ses idées missionnaires sont immunisées contre toute sorte d'erreur ou de faux pas.

c) Une orientation fructueuse de la pensée des gens: la Révélation guide les gens et leur montre le Droit Chemin. Elle conduit leurs talents intérieurs vers une floraison complète, et développe leurs sentiments et leurs inclinations sublimes. Elle donne une orientation utile à leur mode de penser, et les conduit, grâce au nouveau réveil, vers tout ce qui est bien et plaisant.

Après avoir traité des fausses idées, des fausses croyances, des mauvaises pratiques et de bien d'autres pièges susceptibles de se développer dans la société, et après avoir souligné la nécessité des prophètes, l'Imam Ali (P) explique de la façon suivante, dans le premier sermon de son "Nahj al-Balâghah", le but dans lequel les prophètes sont envoyés:

«Allah a envoyé Ses prophètes aux gens. IL les a envoyés les uns après les autres afin que les gens puissent se conformer à leur nature. (C'est-à-dire afin qu'ils ne laissent pas s'éteindre la lumière de leur disposition innée à adorer Allah et à suivre ce qui est bien. IL a envoyé les prophètes afin de rappeler aux gens les faveurs qu'IL leur a accordées et de les inviter à la Vérité afin qu'il ne leur reste aucune excuse d'ignorance.

»IL a envoyé les prophètes aux gens pour mettre en évidence le trésor caché de leur âme et pour les prévenir de leurs énormes et très utiles potentialités».

d) La dernière Révélation porte le grand message des prophètes concernant le changement de la société. En réalité, la révélation a une mission sociale, à savoir: la reconstruction de la société, l'établissement d'un système juste et la réorganisation d'une nation.

Les Messages divine, historiquement reconnus ont joué un rôle immense dans ce domaine. Maintenant nous étudions le Message universel de l'Islam, qui est le plus important de tous ces messages.

LE MOUVEMENT ISLAMIQUE: UNE MANIFES-TATION DES LOIS DE L'HISTOIRE

Nous nous proposons de poursuivre cette étude à plusieurs stades:

La domination de l'injustice ne saurait durer long-temps

Nous savons déjà que l'une des plus importantes lois de l'histoire veut que lorsque l'injustice et la corruption envahissent un environnement, une révolution s'ensuit obligatoirement. La débâcle des éléments qui soutiennent la discrimination indue et la tyrannie est inévitable.(38)

Ayant cette règle ferme de l'histoire bien présente à l'esprit, nous observons que pendant les six siècles de l'Ère Chrétienne, l'Arabie et les Empires Iranien et Romain, ainsi que tous les autres pays célèbres de cette époque-là, étaient prêts à exploser. A l'époque, ce n'était pas seulement en Arabie que la discrimination, la croyance aux mythes, l'idolâtrie, les dissensions tribales, la pauvreté, la tyrannie et beaucoup d'autres iniquités et vices prévalaient, mais même les grands et puissants (bien que décadents) pays dits civilisés de l'époque étaient victimes de ce genre de conceptions erronées, de croyances fausses, de conflits fratricides entre les gouvernants, lois cruelles, de préjudices, de coutumes barbares, et d'attaques contre la connaissance. L'atmosphère sociale générale était suffocante. Les masses grognaient sous de lourdes charges financières, alors que quelques groupes et individus privilégiés vivaient dans le luxe. Il y avait des milliers d'autres maux. Le Coran décrit cette condition comme une erreur manifeste.(39)

L'Imam Ali (P) dépeint comme suit la situation qui prévalait en ces jours-là:

«Allah a envoyé le Prophète de l'Islam à un moment où il n'y avait pas eu de prophète depuis longtemps. Les gens étaient plongés dans un sommeil profond. Une confusion totale régnait partout. Les guerres se répandaient. Les feuilles de l'arbre de la vie étaient devenues jaunes et il n'y avait pas d'espoir que cet arbre portât un jour des fruits. Les eaux avaient séché. La lumière de la vraie religion avait été éteinte. La misère avait étendu sa face hideuse et s'était abattue sur l'humanité. Le résultat de cette situation malheureuse ne pouvait être que le chaos et le trouble. La peur avait envahi les coeurs des gens, lesquels n'avaient d'autre refuge que l'épée, assoiffés de sang». (Nahj al-Balâghah)

Cette situation du monde laissa présager un grand événement qui allait renverser les systèmes cruels et surannés.

Le réveil des gens

L'injustice n'aurait pas pu prendre fin sans l'intervention de facteurs humains et d'un mouvement idéologique. Il était nécessaire que les gens aient eu une meilleure connaissance et qu'il y ait eu une école pour éclairer leurs pensées et établir un programme pour eux afin que leurs forces dormantes puissent se réveiller.

«Il en est ainsi; car il ne convient pas que ton Seigneur détruise arbitrairement une cité dont les habitants étaient inconscients (de la faute qu'ils commettaient)». (Sourate al-An'âm, 6: 131)

«Nous n'avons jamais détruit une cité dont le sort n'avait pas déjà fixé». (Sourate al-Hijr, 15: 4)

«Nous n'avons jamais détruit une cité sans qu'elle fût avertie». (Sourate al-Chu'arâ', 26: 208)

Comme nous le savons, un réveil intellectuel et humain suit habituellement l'arrivée des prophètes.

«Si Nous les avions fait périr dans un châtiment antérieur à sa venue (la venue du Saint Prophète), ils auraient certainement dit: "Notre Seigneur! Pourquoi ne nous as-TU pas envoyé un messager afin que nous ayons pu suivre Tes révélations avant d'être humiliés et disgraciés."» (Sourate Tâhâ, 20: 135)

Pour ces raisons Allah envoya Mohammad, le Prophète de l'Islam, comme une nécessité historique et mondiale.

L'Arabie, pourvue d'une atmosphère favorable

Si la corruption, l'injustice et la croyance aux mythes demandent un tel mouvement, l'Arabie présentait naturellement l'atmosphère la plus favorable à cet égard, car elle jouissait de moins de qualités humaines que ses voisins, et était submergée dans un marécage profond.

Le Commandeur des Croyants, l'Imam Ali (P) a dit:

«Allah envoya Mohammad (Que la Paix soit sur lui et sur ses descendants) pour prévenir les peuples du monde contre les coutumes et les manières qu'ils avaient adoptées. Il a nommé Mohammad (Que la Paix soit sur lui et sur ses descendants) le dépositaire de Ses Commandements célestes. A cette époque-là, vous les Arabes, professiez la pire religion et viviez dans la pire demeure. Vous dormiez parmi des pierres dures et des serpents venimeux. Vous buviez de l'eau trouble. Vous mangiez une nourriture grossière. Vous répandiez le sang les uns des autres. Vous rompiez les liens avec vos proches et vous vous battiez contre eux. Les idoles étaient dressées parmi vous et vos péchés liaient vos mains et vos pieds». (Nahj al-Balâghah, sermon 26)

Telles étaient les circonstances lorsque cette société dégradée et cette terre inhospitalière furent choisies pour être le berceau de l'Islam.

Les pionniers: les compagnons élus

Pour que ce mouvement divinement populaire puisse réussir à changer le système corrompu et à faire l'histoire, il fallait absolument que les pionniers fussent éduqués sur la base de son idéologie et que, par la suite, les masses aient reçu, dans un réveil général, un entraînement révolutionnaire et qu'elles fussent préparées à poursuivre leur mouvement.

Le Saint Prophète, dès qu'il a accédé à la prophétie, a commencé à prêcher l'Islam parmi des individus bien choisis, et il s'est mis à les élever et à les éduquer. Au début, le prêche se faisait secrètement et en privé. Les gens furent choisis individuellement. Les enseignements étaient fondamentaux: on devait adorer seulement Un Dieu et renoncer à toute forme de polythéisme. Une soumission totale à ce qui avait été révélé était nécessaire. Tous les hommes, étant les esclaves d'Allah, avaient l'obligation de se purifier et de s'accoutumer aux bonnes actions et à la résistance au mal.

«Je jure par le temps (celui de la naissance du vrai homme)! Oui, l'homme est en perdition. A l'exception de ceux qui croient, de ceux qui accomplissent des oeuvres bonnes; de ceux qui s'encouragent mutuellement à rechercher la Vérité, de ceux qui s'encouragent mutuellement à la patience». (Sourate al-'Açr, 103: 1-3)

Peu de gens, mais parmi l'élite, acceptèrent de tout coeur les principes de la nouvelle école et devinrent ainsi fermes dans leur foi. Avec la croyance en Un Dieu, le rejet de toutes les fausses divinités, la formation du caractère, la piété, la connaissance, la largeur d'horizon et la soumission à la Vérité, le terrain passe au stade du prêche ouvert. A la fin de cette période, des attaques persistantes et puissantes avaient été lancées contre le système qui prévalait. L'idolâtrie , principale cause de la pensée erronée et principale arme de l'aristocratie, fut condamnée. Une nouvelle vague se forma. Un bon nombre de gens parmi les esclaves, les déshérités, les sans-logis, les opprimés, ainsi que quelques aristocrates, joignirent le nouveau mouvement. Mais simultanément, la résistance de l'ennemi, ses menaces, la torture, la calomnie et la médisance atteignirent leur paroxysme.

Les versets divine furent révélés sous forme de maximes ardentes. Ils contenaient des critères constructifs de la foi. Les hommes nouveaux-nés continuèrent à avancer avec fermeté sans fléchir sur la voie de la formation de 1'histoire future.

Le rôle de l'émigration

Du point de vue islamique, l'émigration est l'un des éléments qui font l'histoire. Réfléchissez aux versets suivants: «Lorsque les anges ôtent la vie de ceux qui se sont fait tort à eux-mêmes, ils leur demandent: "Dans quelle situation étiez-vous?" Ils répondent: "Nous étions opprimés sur la Terre." Les anges disent: "La Terre d'Allah n'était-elle pas assez vaste pour vous permettre d'émigrer?" Voilà ceux qui auront la Géhenne pour refuge: Quel détestable sort! A l'exception de ceux qui sont faibles et incapables parmi les hommes, les femmes et les enfants; car ils ne sont pas dirigés sur le Chemin Droit. Tels sont ceux qu'Allah absoudra peut-être. Allah est Celui qui absout et qui pardonne. Celui qui émigre sur le chemin d'Allah trouvera sur la Terre de nombreux refuges et de l'espace. Celui qui sort de sa maison pour émigrer pour Allah et pour Son Prophète, et qui, en cours de route est frappé par la mort, sera rétribué par Allah. Allah est Celui qui absout, IL est Miséricordieux». (Sourate al-Nisâ', 4: 97-100)

Si l'environnement suffocant d'un lieu n'est pas propice à faire admettre la vérité, si la pression est si forte que toutes les valeurs sont supprimées, et s'il n'y a pas de possibilité d'influer sur le milieu et de réformer la société, on doit rechercher un lieu plus convenable où la foi, l'indépendance et la vérité pourraient fleurir, pour s'y établir. Selon l'Islam, c'est l'émigration, dans son sens le plus large, qui aide à résoudre les problèmes et à ouvrir de nouvelles voies. L'Islam nous enjoint d'émigrer d'un milieu fermé et aveugle vers des terres ouvertes et prêtes à accepter la Vérité, et des montagnes rugueuses vers des lieux peuplés. Il prescrit l'émigration en vue de l'étude de la nature et de l'histoire des hommes, l'émigration de l'égocentrisme vers Allah, de l'étroitesse de l'égoïsme et de la mégalomanie vers l'atmosphère, plus large, de l'honneur et de l'humanité. Quand le Prophète de l'Islam constata que ses compagnons vivaient sous pression, il ordonna tout d'abord à un nombre limité d'entre eux d'émigrer en Ethiopie. Et finalement, ayant pris des contacts avec les habitants de Médine et obtenu de leur part des engagements fermes, et s'étant assuré secrètement que l'atmosphère de cette ville lui était favorable, il s'apprêta à y émigrer. Toute sa fortune et toutes ses relations familiales furent sacrifiées pour la cause de la foi, pour la promotion de son but et pour la continuation de la lutte. Avec l'émigration, une nouvelles époque de l'histoire des Musulmans a commencé pour le Saint Prophète et ses loyaux compagnons. Nous savons combien cette grande étape de l''émigration à Médine fut efficace pour l'expansion du mouvement islamique.

Une des conditions fondamentales du progrès d'un mouvement est la formation d'une équipe ou d'une société disciplinée et exemplaire, familiarisée avec son idéologie, et loyale envers elle. A Médine, une nation fut formée. Certes il s'agissait d'une toute petite nation, mais conforme aux critères requis. Dans cette petite société, il n'y avait pas de discrimination raciale, tribale ou de classe. Personne n'était plus noble qu'un autre. Toute forme de discrimination et de distinction fut écartée. Chaque individu, qu'il fût Mohâjir (émigré) ou Ançârî (partisan médinois) avait l'obligation de mettre réellement en pratique les principes de la fraternité et de l'égalité. Un Mohâjir et un Ançârî étaient déclarés frères l'un de l'autre, et avaient le devoir de partager maison et biens et de vivre ensemble.

Le Saint Prophète promulgua la charte de Médine, qui était la vraie constitution sur laquelle le système social de cet Etat avait été fondée. Les droits, les obligations et les relations mutuelles furent fixés avec précision sur la base de l'unité, de la justice et de l'équité. De nouveaux membres joignirent le mouvement qui continua à se répandre lentement.

La guidance des masses

Les masses sont généralement maintenues dans l'ignorance, et exploitées politiquement et économiquement par ceux qui détiennent le pouvoir. Tel fut leur sort habitue! tout au long de l'histoire. Que ce soit ouvertement ou subrepticement, elles sont asservies pour nourrir la guerre des gens de pouvoir et pour servir les intérêts des égoïstes.

L'Islam connaît cette situation et décrie(40) l'ignorance de la majorité, mais il veut que les masses organisent leurs forces éparpillées et qu'elles oeuvrent en vue d'opérer des changements sociaux fondamentaux pour améliorer leur sort.

Le message de l'Islam est universel. Il veut amener tout le monde vers lui, et transformer tout le monde en des gens vertueux et pieux.

Le Coran dit: «O vous les hommes! Je suis envoyé vers vous tous par Allah». (Sourate al-A'râf, 7: 158)

Il y a des centaines d'autres versets qui exhortent toute l'humanité à la piété, aux bonnes actions, à la connaissance, à l'adoration d'Allah, à la pureté, à la serviabilité et à la dépense de la richesse pour une bonne cause. Contrairement à d'autres systèmes qui exploitent les masses, l'Islam veut les guider vers le Droit Chemin et améliorer leur sort. Chaque Musulman ordinaire peut obtenir la distinction et joindre le groupe des gens éminents. Accessoirement, beaucoup de personnalités éminentes de l'Islam sortirent des rangs des masses des déshérités et des anonymes. Etant donné qu'elles se sont forgées sur les orientations prescrites par l'Islam et qu'elles ont acquis des vertus humaines, elles ont pu atteindre une position éminente dans les cercles islamiques.

Médine connut un réveil général. Les familles vivant dans tous ses quartiers montrèrent un grand enthousiasme à joindre le nouveau mouvement. Ils furent peu à peu préparés à accomplir le devoir collectif du "Jihâd".

L'élément du "Jihâd"

Le jihâd et les conflits violents sont parmi les plus importants facteurs des changements intervenus dans l'histoire. Lorsqu'un combat contre l'injustice et l'oppression commence, il donne au mouvement évolutif de la société une nouvelle impulsion et il débouche sur un succès décrit par le Coran comme un grand accomplissement(41), une grande récompense(42) et une délivrance(43).

«O vous les croyants! Vous indiquerai-JE un marché qui vous sauvera d'un châtiment douloureux? Ayez foi en Allah et en Son Messager et combattez pour Sa cause avec vos biens et vos personnes. C'est mieux pour vous, si seulement vous le saviez! IL pardonnera vos péchés et vous admettra dans les Jardins au-dessous desquels coulent les ruisseaux. IL vous logera dans des demeures agréables dans les Jardins d'Eden. C'est, en vérité, un grand accomplissement. Et IL vous accordera une autre faveur que vous aimez énormément, (à savoir) un secours venant d'Allah et une prompte victoire. Annonce cette bonne nouvelle aux croyants». (Sourate al-Çaf, 61: 1-13)

Dès que le Saint Prophète s'est assuré de la préparation de ses compagnons et de la disponibilité d'une force offensive, il entreprit la tâche d'une marche générale sur les bases de l'idolâtrie et de l'oppression. Les batailles de Badr, d'Ohod, d'al-Khandaq, etc. étendirent rapidement la zone du conflit et affaiblirent la position de l'ennemi. Elles firent remonter le moral des Musulmans et attirèrent l'attention des tribus avoisinantes. Ainsi, la voie était désormais aplanie devant la propagation rapide du nouveau système et la destruction de l'ennemi.

L'universalité du mouvement

En adressant un avertissement aux pays voisins et aux grands empires, le Saint Prophète déclara que l'Islam est un mouvement mondial. Après avoir réalisé des victoires notables et conclu une course trêve avec Quraych, l'incroyant, le Saint Prophète eut la possibilité de répandre le message de l'Islam parmi les territoires étrangers. Il écrivit des lettres aux dirigeants du monde et leur demanda d'accepter l'Islam. Ces lettres montrèrent à l'évidence que le message de l'Islam était celui de la croyance en Un Dieu Unique et du rejet de tous dieux terrestres. Bien qu'il y eût des réactions variées à ces lettres, elles constituèrent un ferme avertissement qui ouvrit un nouveau chapitre dans l'histoire de ces pays, comme en témoignèrent les années suivantes.

On peut dire ici que de nombreux mouvements historiques furent seulement de caractère local ou régional. Leurs buts, leurs principes et leurs programmes s'adaptaient à un environnement particulier, et de là, ils furent confinés à des peuples spécifiques. En conséquence, les appels de beaucoup de prophètes antérieurs avaient été, eux aussi, limités et régionaux.

Mais si le programme d'un mouvement est de niveau mondial et qu'il bénéficie d'autres conditions, telles que des conditions sociales favorables, une direction puissante, un corps fort et large de partisans, il peut sûrement pénétrer dans d'autres régions, et une vague internationale peut voir le jour.

LA DIRECTION

A l'approche de la mort du Saint Prophète la question délicate de la direction de la Ummah devint d'actualité. Pendant les vingt-trois premières années du Mouvement islamique, la raison principale de son progrès était l'extraordinaire capacité du Saint Prophète à la direction, à la guidance et à l'organisation. Dans l'analyse historique, cette capacité apparaît comme le plus merveilleux des principaux facteurs qui contribuèrent au succès de l'Islam. Mais après le décès du Prophète?

Le nouveau système avait porté ses fruits alors que le Prophète était encore vivant. Le Coran avait été révélé, les fondements du système social et intellectuel islamique fixés. Cependant, les enseignements islamiques exigeaient la présence d'un Superviseur et d'un Interprète digne de foi. Autrement ils pourraient être exposé à l'altération et à un mauvais usage.

Le Saint Prophète avait donné lui-même la solution de ce problème. Il avait en effet choisi Ali et l'avait présenté aux Musulmans comme étant leur " Walî " (maître). Ali avait reçu le meilleur entraînement. Il était à la tête des pionniers qui avaient lutté pour le succès du mouvement et fait des sacrifices pour lui (ce mouvement). Il était, plus que tout autre, imprégné des enseignements islamiques et familiarisé avec eux.

Mais l'histoire ne se termine pas là. Immédiatement après le décès du Prophète, la situation prit un nouveau tour.

Le Califat fut accaparé lors d'une réunion d'un nombre limité de personnel qui se hâtèrent de nommer un calife parmi elles. Ainsi, la question de direction prit un cours différent. Les troubles ne tardèrent pas à commencer et le progrès du mouvement en pâtit. Dans certains domaines, notamment dans celui de la justice social et de l'idéologie, le mouvement souffrit énormément. En tout cas, le nouvel arrangement avait beaucoup de partisans.

Trois principes de l'efficacité des mouvements historiques

L'efficacité de tout grand mouvement historique dépend largement de trois éléments essentiels: le système idéologique, la direction, et l'existence d'une solide équipe de partisans et d'autres potentialités. Avant la disparition du Saint Prophète, un système mondial vivant avait été mis en place et un groupe relativement solide de Musulmans entraînés avait été formé. C'est pourquoi, malgré l'absence d'une direction convenable par la suite, le poids de ce système et la présence de ses partisans bien organisés constituèrent des facteurs assez viables pour pousser le mouvement en avant. Le progrès rapide de l'Islam au cours du premier siècle et le grand mouvement scientifique et académique des siècles suivants, ainsi que le grand rôle joué par l'Islam dans la culture et la civilisation humaines, furent tous dus à l'efficacité du système et aux efforts des vrais et vaillants Musulmans.

Les êtres humains comme agents de la rétribution divine

Comme nous l'avons déjà dit, l'effondrement de l'injustice et de la corruption est inévitable. Dans le passé lointain, pour vaincre les gens injustes et ceux qui niaient la Vérité, l'intervention de facteurs surnaturels et la rétribution céleste étaient habituels, mais cela n'arrivait qu'après l'envoi d'un message et d'un avertissement clair. (44)

A notre époque, l'homme a intellectuellement mûri et il a atteint un degré de perfection relative. II peut maintenant réaliser que les privations sociales, la discrimination indue et bien d'autres calamités sont aussi une sorte de punition. En s'aidant de son sens commun et de son intuition, il peut sentir les conséquences de ses mauvaises actions et anticiper son avenir. Il peut maintenant utiliser sa volonté et sa détermination pour combattre l'injustice et la corruption; il n'a pas à répéter ce que dirent les Israélites: «Allez toi et ton Seigneur, et combattez tous deux; nous, nous restons ici».(45) Car maintenant la rétribution naturelle est imposée à travers les êtres humains.(46) Cette position aussi est conforme à l'ancienne Tradition divine consistant à éliminer les difficultés qui se dressent sur la voie de l'évolution. C'st la raison pour laquelle le Mouvement Islamique ne fut accompagné d'aucune punition divine durant l'époque du Prophète,(47) et seul le jihâd et l'effort humain jouèrent un rôle décisif dans l'éradication du système corrompu. C'est ce qui explique pourquoi nous trouvons que l'histoire de l'Islam est riche en guerres d'émancipation.

Les larges masses des peuples des pays envahis par les Musulmans accueillirent les envahisseurs à bras ouverts parce que tout d'abord l'atmosphère de leurs pays était suffocante, et qu'elles vivaient dans la contrainte, et ensuite parce qu'elles étaient sûres de la justice et de l'esprit émancipé de l'Islam. Ces peuples savaient bien que le compagnon musulman leur avait apporté justice et liberté. C'est pourquoi, dans certains cas, les portes des cités avaient été volontairement ouvertes devant l'avance de l'Armée musulmane, et les soldats musulmans avaient été heureusement surpris de constater que les déserteur des rangs de l'ennemi se joignaient à eux et se battaient côte à côte avec eux contre le système injuste et inhumain qui prévalait dans leur propre pays.

Le respect de la culture et des valeurs humaines d'autrui

L'avance humaine vers les autres pays ne signifiait pas la destruction de tout dans ces pays. Certes, le système social injuste fut remplacé, les fausses divinités et la croyance aux mythes et aux fables religieuses cédèrent la place à la croyance en Un Dieu et à une pensée réaliste, mais les fruits de la culture et de la pensée philosophique, ainsi que les organisations sociales utiles et avancées ne furent pas perturbés. Le mouvement de l'Islam avait pour but d'aider l'évolution de l'histoire et non de la stopper ou d'en inverser le cours. L'Islam est venu pour construire et améliorer et non pour détruire et dégrader.

Il est intéressant de noter que l'Islam a joué un grand rôle dans la préservation et la renaissance des anciennes cultures de l'Inde, de la Grèce, de l'Iran et de la Mésopotamie. En encourageant la connaissance des pensées des autres et l'investigation dans ce domaine, et en incitant les Musulmans à étudier l'histoire et les mouvements historiques des peuples antérieure, à voyager à travers les régions lointaines et à y ramasser tout ce qui était positif, l'Islam suscita une activité de traduction, d'écrits, de compilation et d'investigation sans précédent, dans la dernière partie du premier siècle, activité qui s'épanouit encore davantage pendant le deuxième siècle et les suivants, pour devenir un événement marquant dans l'histoire de la culture. Tout cela était le résultat de la formation islamique.

En réalité, la tradition évolutive de l'histoire requiert que les réalisations des nations antérieures soit plus développées. Bien que l'histoire humaine soit pleine de hauts et de bas, de déviations, de pauses et de rétrogradation, la réaction du mouvement réformateur et révolutionnaire conduisait toujours, en général, à de bons résultats. Il existe beaucoup d'exemples illustrant ce point, spécialement dans l'histoire islamique. En somme, on peut dire que l'histoire s'acheminait vers l'avant.

La corruption de la direction

Nous ne devons pas oublier que les porteurs du Message de l'Islam (les gouvernants) étaient des hommes qui avaient acquis, d'une façon ou d'une autre, de l'influence dans les cercles islamiques. Et en tant qu'hommes, ils avaient diverges émotions et passions, et pouvaient même parfois être disposés à devenir oppressifs et déloyaux envers le système.

C'est le système idéologique lui-même qui guide et modifie l'action des individus et la conserve au cours de l'évolution.

Mais il est nécessaire, pour conserver son pouvoir constructif, que le système soit conduit, administré et interprété par des dirigeants dignes de foi, au courant de ses fondements, et disposés à tenir leurs engagements.

Si la direction elle-même a une disposition à la corruption, et que malgré les instructions du système, elle s'implique dans la thésaurisation de la fortune, la discrimination de classe, la vie luxueuse et dans d'autres vices, le système cesse d'être efficace par manque d'adeptes sincères.

Dans un tel cas, progressivement, les principales instructions du système sont déformées, car les gouvernants essaient de garder tout sous leur contrôle pour servir leurs propres intérêts, faute de pouvoir oser s'opposer directement et ouvertement au système, étant donné que, tout en étant usurpateurs, ils doivent leur position et leur pouvoir au système lui-même. En outre, ils doivent tenir compte des sentiments du public et du soutien populaire au système. De là, ils prétendent publiquement être les champions de la défense du système, mais ils enfoncent un poignard dans son dos secrètement.

Cette tragédie survint vraiment dans l'histoire de l'Islam. Les gouvernants corrompus des Omayyades et des Abbassides n'étaient pas des produits authentiques de l'Islam. Ils se sont emparés de la direction de la société musulmane contre tous les critères islamiques. Puis, pour édifier le haut palais de leur propre pouvoir, ils se mirent à dénaturer l'Islam avec l'aide de leurs agents stipendiés qu'ils avaient choisis parmi les historiens, les prêcheurs, les "traditionnistes" et les exégètes. Dans ce processus, ils ébranlèrent l'entité islamique éducatrice de l'homme.

En fait, tel fut le sort de tous les grands mouvements de l'histoire. Il arrive souvent qu'après s'être installés, les pionniers tombent en proie à l'égoïsme et aux dissensions, et que pour obtenir le pouvoir ils commencent à se battre entre eux. Progressivement, les buts et les objectifs du mouvement sont sacrifiés aux individus. Le système est utilisé au service des dirigeants, alors que ceux-ci ne rendent aucun service valable au système.

La résistance interne

Cette situation demande une action de l'intérieur de la société. Face à cette tragédie, l'Islam détient un brillant record de soulèvements internes. L'agitation contre 'Othman, le troisième Calife, la grande épuration interne sous le Califat de l'Imam Ali (P), la résistance héroïque de l'Imam al-Hussayn (P), puis son martyre, les mouvements académiques de l'Imam al-Bâqir (P) et de l'Imam al-Çâdiq (P) en vue de la renaissance du système, les soulèvements sanglants des Alawites et des descendants de l'Imam al-Hassan (P), ainsi que d'autres événements qui eurent lieu en Iran, en Egypte et dans d'autres pays musulmans durant les règnes des Omayyades et des Abbassides, tous ces mouvements survinrent en réaction contre la situation odieuse créée parles gouvernants et le système corrompu imposé de force par eux (les détails de ces mouvements intérieurs doivent être abordés dans un livre à part).

En tout cas, pour remédier à une telle situation, l'Islam a prescrit les principes de vigilance, de sacrifice de soi, de jihâd intérieur (auto-réforme) ainsi que l'exhortation au bien et l'interdiction du mal.

Les envahisseurs influencés

Les guerres et les conflits internationaux cristallisent les événements marquants de l'histoire.(48)

L'objectif des croisades était inhumain. Elles furent lancées contre les Musulmans par ceux qui souffraient de rigidité mentale, de préjudice, de conceptions erronées, de discrimination de classe, de stagnation intellectuelle, de retard éducationnel, et de fossilisation médiévale. Ces guerres furent déclenchées dans le but de s'opposer à une nouvelle religion et à un système mondial qui croyaient aux valeurs humaines et qui avaient remplacé la discrimination et l'inégalité par la justice et l'égalité, et mis à la place du paganisme la femme croyance en Un Dieu. Le résultat fut une terrible effusion de sang, une destruction à grande échelle et beaucoup d'incidents ignobles qui se poursuivirent pendant plus d'un siècle.

Même dans cette situation, l'Islam joua son rôle constructif. Les croisés se mélangèrent aux Musulmans et découvrirent la grande et riche culture de l'Islam de leurs propres yeux. Ils furent les témoins oculaires du système social avancé des Musulmans, de leurs bibliothèques, leurs centres éducatifs, leurs lois sociales, leurs organisations sociales, leurs centres civiques et toutes les autres réalisations sociales et intellectuelles. Il s'ensuivit que les yeux et les oreilles des croisés furent ouverts. Ils sortirent donc de leur environnement fermé et de l'étroitesse suffocante de leurs systèmes intellectuel et social. Leur plus grande réalisation, au-delà de toute cette effusion de sang et de ce combat, fut leur contact avec la culture et les principes idéologiques de l'Islam. L'Europe se réveilla après un sommeil de mille ans. La pénétration de la culture de l'Islam en Espagne et sur les côtes françaises, ouvrit les portes d'une nouvelle culture et d'une nouvelle pensée aux Européens.

Les travaux et les livres islamiques furent traduits de plus en plus en langues européennes. On peut dire justement qu'au début, le progrès industriel et scientifique, et les changements sociaux dans la nouvelle Europe et pendant la période qui suivit la Renaissance, furent inspirés de la culture musulmane.

Un triple effort

Pour assurer l'évolution historique, l'homme doit se battre sur trois fronts.

a) Il doit faire des efforts pour découvrir les lois de la nature, soumettre les forces naturelles et les utiliser.

b) Il doit combattre les rapports sociaux injustes et assurer la justice, la liberté et les droits humains.

c) Il doit contrôler ses passions, combattre l'égoïsme, les vils désirs et les maux intérieurs.

L'Islam a incité ses adeptes à entreprendre une action sur tous les trois fronts. Il a mis en avant, à cet égard, ses enseignements et ses plans, les a expérimentés et les a mis en pratique jusqu'à un certain point.

L'Islam a également fait l'expérience de la formation d'une société juste et libre et mis en avant les vraies grandes lignes des droits humains. Ce que l'homme a pu apprendre dans ce domaine, après avoir subi des guerres prolongées et des tribulations terribles, l'Islam l'avait déjà enseigné.

Ce qui est plus important que toute autre chose, c'est que les instructions que l'Islam a données dans le "grand jihâd" consistent en la formation du caractère et l'auto-contrôle. Ces instructions sont pratiques et détaillées, et encadrées dans un vaste programme. L'Islam a produit également des hommes modèles qui peuvent être un exemple idéal pour les autres. Le fait que l'histoire de l'Islam soit riche en ce genre de modèles, peut être considéré comme le plus grand miracle de ladite histoire.

Le monde contemporain obtient des succès rapides sur le premier front. Beaucoup de grandes réalisations scientifiques et industrielles ont permis à l'homme de contrôler la nature. Et étant donné que l'homme utilise ses réalisations scientifiques pour son succès matériel et pour la satisfaction de ses désirs, il est probable que le progrès dans ce domaine se poursuivra sans arrêt.

Pour ce qui concerne le second front, on ne peut pas nier que quelques grands changements sociaux aient eu lieu et que la lutte pour opérer d'autres changements radicaux se poursuive. Tout au long de l'histoire, on a assisté à certains succès sur ce front aussi. Mais le problème demeure encore irrésolu. On peut dire que ce qui a été accompli, n'est que le début d'un long voyage. En tout cas, la grande question est de savoir si la lutte contre les bases d'un pouvoir acharné à déployer son autorité dans le but d'exploiter les gens et de piller leurs ressources naturelles et humaines peut déboucher facilement sur un succès final? Est-ce que les acteurs internationaux empreints de malveillance, qui ont tant d'astuces dans leurs bagages et qui inventent même de nouvelles méthodes pour dévorer les nations, laissent faire l'homme opprimé et réprimé?

Le voyage est long. Des sacrifices, des mesures adéquates, d'autres efforts sont nécessaires pour s'assurer ce succès.

Le succès sur ce front ne peut pas être atteint sans obtenir de succès sur le troisième front. L'histoire a soif de vrais hommes, et aujourd'hui, cette soif devient intense. Il y a un vice spiritual. On a l'impression que l'humanité a été oubliée. Les sentiments humains sont piétinés. L'endurance, le sacrifice de soi, l'humanisme, la liberté spirituelle, la pureté, la renonciation à l'égoïsme et l'égoïsme étroit sont des besoins universels. L'acquisition de ces qualités est essentielle pour que des hommes purs puissent être capables d'utiliser les réalisations du premier front au profit de l'homme, et non au service du mal, ni pour la satisfaction de leurs propres désirs, et pour qu'ils puissent trouver, sur le second front, une atmosphère libre et humaine dans laquelle la terre pourra être remise à des hommes droits. Le Coran dit: «Mes serviteurs intègres hériteront de la terre».

Le triomphe final de la vérité

L'Islam annonce une bonne nouvelle selon laquelle le plus haut et le dernier stade du cours de l'histoire est nettement heureux. Il affirme que l'apogée de l'histoire et la fin des efforts humains enregistreront le triomphe total et logique de la vérité et de la justice.

Mais ce stade n'arrivera qu'après que:

a) Le monde sera devenu plein d'oppression, de tyrannie, de contradictions extrêmes, et prêt à exploser;

b) Les guerres étendues et prolongées, régionales et mondiales, auront débouché sur une destruction et une effusion de sang à grande échelle;

c) Les partisans d'une authentique révolution mondiale finale de l'histoire auront été prêts à la déclencher.

Cette révolution finale (prédite par le Prophète de l'Islam) aura lieu sous la direction du plus grand Réformateur divin et révolutionnaire, le Madhi Promis, et aboutira à la purification permanente, à l'amélioration de l'environnement, au développement ininterrompu de la personnalité et à une vigilance totale et bien déterminée.

Le résultat sera l'émergence d'un homme équilibré et pleinement développé, doté de tous les talents et valeurs, dans une société mondiale unique.

«Nous voulions favoriser ceux qui avaient été opprimés sur la Terre, et Nous voulions en faire des chefs et des héritiers; Nous voulions leur donner le pouvoir sur la Terre et montrer à Pharaon, à Hâmân et leurs armées ce dont ils avaient peur». (Sourate al-Qaçaç, 28: 5-6)

* * *
 
 
LA VICTOIRE FINALE
 

L'Islam explique l'histoire comme étant une lutte constante entre le bien et le mal. Cette lutte se déroule, aux différents niveaux de la société, entre les forces du bien, de la vertu et de l'amour d'Allah, de la justice, de la foi, de l'égalité, du sacrifice, de la pensée correcte, de la pureté et de la vérité d'une part, et d'autre part celles du faux, de l'égoïsme, du matérialisme, du pragmatisme, de la tyrannie, de l'injustice, de l'incroyance, de la discrimination, de la corruption, de la violation des droits des autres. La vraie source de la lutte entre le bon droit et le faux existe à l'intérieur de l'homme lui-même (voir: Sourate al-Chams, 91:7). Elle se manifeste tantôt sous la forme des flammes de l'égoïsme, de la vénalité et de la lascivité, tantôt sous la force des sentiments les plus nobles, de la recherche d'Allah, de la droiture et de l'amour de l'humanité.

L'impact de ces sentiments sur la société crée des vagues puissantes qui provoquent parfois un conflit débouchant sur la corruption et la misère, et qui entraînent parfois des changements tendant au bonheur et à la prospérité de la société. Il n'y a pas de doute que les changements vers le mieux sont suscités par l'Assistance divine, mais le rôle de l'effort humain et de la lutte ne peut pas être nié.

Un Prophète se soulève. Il réveille les coeurs qui sont potentiellement prêts à accepter la vérité. La foi d'un groupe de convertis est mûre. Ceux-ci combattent avec lui contre la corruption et le mal. Ils continuent de progresser graduellement et ne vacillent à aucun stade, jusqu'à ce que la société connaisse un changement fondamental.

Le polythéisme, les mythes, l'injustice et la corruption s'effondrent. La croyance en Allah, la Vérité et la Justice prennent racine. Avant longtemps, l'égoïsme, la lascivité et les tendances aristocratiques surgissent de l'intérieur de la même société et se mettent rapidement en avant. Occasionnellement, la même société, bien qu'elle maintienne la forme traditionnelle, dévie tellement de la voie introduite par le réformateur qu'elle commence à pourrir de l'intérieur, et une fois de plus, elle revient vers les voies de l'anté-réforme, bien entendu, dans un nouvel habit d'hypocrisie et sous de nouvelles formes d'injustice et de corruption.

Parfois, des éléments extérieurs oeuvrent efficacement, avec l'aide de leurs agents intérieurs, en vue de répandre la corruption et la dislocation. Pour atteindre leurs buts égoïstes, ces agents coopèrent volontairement avec l'ennemi extérieur.

Cet état d'injustice, de corruption, de mythe et de fraude incite les gens intelligents et les opprimés à lancer un nouveau mouvement. Ainsi le processus de lutte contre le bon droit et le faux continue.

L'Islam croit que cette pompe, cette démonstration et ce pouvoir du mal étaient éphémères tout au long de l'histoire. Il considère toutes les sortes d'intrigues, de fraudes, d'hypocrisies et de faussetés comme l'écume de l'eau. Elles n'ont pas de racines et sont condamnées à disparaître finalement (cf. Sourate al-Ra'd, 13: 17; Sourate al-Asrâ', 17: 81; Sourate al-Anbiyâ', 21: 18; Sourate al-Chourâ, 42: 24, et beaucoup d'autres versets).

La Vérité maintient toujours son effet positif soit dans une action individuelle, soit dans un mouvement social même lorsqu'elle est menacée par la fausseté, et elle a toujours besoin de partisans pour la défendre.

L'Islam reconnaît la nécessité des efforts humains, de la persévérance et de la foi dans la mise en oeuvre d'un changement social, et considère la faiblesse, le manque de foi et le dévergondage comme les causes de la domination du faux.

En tout cas, c'est cette lutte qui fait l'histoire. Pour ce qui concerne l'avenir, il est brillant. A la fin, le bon droit sera victorieux et la justice prévaudra. Toutes les formes du faux seront annihilées, l'oppression et la tyrannie disparaîtront définitivement.

L'AVÈNEMENT D'AL-MAHDI

Une suprématie complète et définitive du bon droit, et une victoire universelle de la justice, se matérialiseront durant la période de l'apparition de Mohammad al-Mahdi, le douzième Imam. A cette époque-là une société islamique idéale sera établie sous l'égide d'un gouvernement idéal (Pour plus de détails, voir: "The Awaiter Saviour", ISP, 1979, et en français: "Al-Mahdi", trad., Abbas Ahmad al-BOSTANI, 1983).

Dans les pages suivantes, nous esquissons une perspective de la société et du système de cette époque-là, dépeinte d'après des centaines de hadith décrivant les caractéristiques de cette période. Il est à rappeler que cette société sera une vraie société et que son système ne sera en aucune manière différente de celle prescrite par l'Islam.

Nous nous proposons de diviser cette étude en plusieurs rubriques:

Au seuil de l'apparition

Le Saint Prophète (P) a dit:

«Il se soulèvera à un moment où le chaos prévaudra dans le monde. Différents pays seront engagés dans des attaques de nuit que les uns lanceront contre les autres. Ni l'aîné n'aura de compassion pour le cadet, ni le fort ne fera preuve de bonté envers le faible».

L'Imam Mohammad al-Bâqir (P) a dit:

«Al-Mahdi se soulèvera à une époque de grande anxiété, où les gens seront plongés profondément dans des crises, des perturbations, des désastres et des malaises, et où de vastes massacres, de violentes dissensions et des discordes religieuses seront des signes des temps. A cette époque-là les gens se sentiront affligés et déprimés et seront à couteaux tirés les uns avec les autres. Ils éprouveront, jour et nuit, le désir de se voir morts. Il apparaîtra à un moment de manque total d'espoir».

«Il se lèvera pour établir la justice à une époque où le monde sera plein d'injustice et de tyrannie».

Il n'y a pas de doute qu'il se soulèvera à une époque où le monde entier sera plongé dans l'injustice et la tyrannie, et pour combattre tous ces maux, il aura à engager une lutte terrible. Il aura besoin de partisans fidèles, prêts au sacrifice et possédant toutes les qualités d'un vrai héros.

Le Dirigeant révolutionnaire et ses partisans

Le Saint Prophète a décrit l'Imam de l'Époque dans les termes suivants:

«C'est un homme pieux, pur et ravissant. C'est un admirable dirigeant qui est bien guidé et qui impose la justice. Allah le reconnaît et il reconnaît Allah».

En ce qui concerne la foi et la persévérance de ses compagnons, l'Imam Ja'far al-Çâdiq (P) a dit:

«Chacun de ses compagnons sera si fort qu'on dirait qu'il possède la force de quarante hommes. Leurs coeurs seront aussi forts qu'un morceau d'acier. S'ils passaient sur une colline de fer, ils la perceraient. Ils ne déposeront leurs armes que lorsqu'ils auront plu à Allah».

D'autres rapports nous apprennent qu'à cette époque-là il y aura certaines gens qui seront sincères, vertueux, fidèles, religieux, pieux, consciencieux, tolérants, fermes, constants et attachés à Dieu. Ils seront reconnaissants envers Allah qui les aura rendus héritiers du pouvoir et de la richesse sur la terre et qui aura établi leur foi choisie. Ils n'adoreront qu'Allah, ils feront leurs prières à l'heure prescrite et paieront la zakât à l'échéance. Ils appelleront au bien et interdiront le mal».

On attribue à l'Imam al-Çâdiq (P), les propos suivants, relatifs aux adeptes d'al-Mahdi:

«La peur aura été éliminée de leurs coeurs et placée dans celui de l'ennemi. Chacun d'eux sera plus rapide que la flèche et plus hardi que le lion».

Subir les difficultés pour réaliser le succès

On doit comprendre que le succès ne s'obtiendra pas facilement. Il ne se réalisera qu'après de longues périodes de troubles et d'inconfort.

Al-Mufadh-dhal, un compagnon de l'Imam Ja'far al-Çâdiq (P) dit: «Une fois nous parlions d'al-Mahdi en présence de l'Imam (al-Çâdiq). J'ai dit que je souhaitais qu'il réussisse facilement. L'Imam a répondu: "Non, ce ne sera pas ainsi. Le succès ne sera atteint que par la sueur et le sang"».

En d'autres termes, le succès ne se réalisera qu'à la suite de grands efforts et qu'après qu'on aura subi de lourdes pertes.

Un compagnon de l'Imam Mohammad al-Bâqir (P) dit:

«J'ai informé l'Imam qu'on avait dit qu'al-Mahdi aurait une marche calme, et qu'il n'aurait à répandre aucune goutte de sang. L'Imam m'a répondu: "Non, ce ne sera pas ainsi. Si les choses pouvaient se dérouler si calmement, (je jure) par Celui qui dispose de ma vie, que le Prophète de l'Islam n'aurait pas été blessé et ses dents n'auraient pas été cassées dans une bataille. Non, ce n'est pas possible. Par Allah, il n'y a pas d'autre voie que celle dans laquelle nous sommes submergés, vous et nous, dans notre propre sueur et dans notre sang"».

Cela signifie qu'aussi bien les dirigeants que leurs parti sans devront faire des sacrifices avant de parvenir au succès.

L'Imam Ja'far al-Çâdiq (P) a dit également: «Je vois al-Mahdi et ses compagnons comme s'ils étaient menacés par un danger venant de toutes parts: leurs vivres sont épuisés, leurs vêtements usés, leurs fronts portent la marque de leurs prosternations; pendant la journée, ils sont aussi courageux qu'un lion et durant la nuit, ils sont occupés à l'adoration d'Allah, et leurs coeurs sont aussi solides qu'un morceau d'acier».

En tout cas, tous ces sacrifices et toutes ces difficultés auront une fin heureuse.

L'Imam Ja'far al-Çâdiq (P) a dit:

«Il est vrai que l'homme droit mène toujours une vie dure. Mais la fin de ses difficultés n'est pas loin».

Néanmoins, le succès d'al-Mahdi sera largement dû à l'Assistance divine invisible. Beaucoup de hadiths en témoignent.

A la suite de ces sacrifices et de cette Assistance divine, un vrai gouvernement islamique sera établi.

Ci-après quelques rapports qui projettent un peu de lumière sur le système doctrinal et social qui sera établi par al-Mahdi.

Expliquant le verses coranique, «C'est Allah qui a envoyé Son Messager avec la Guidance et la Religion vraie pour la faire prévaloir sur toutes autres religions, en dépit de l'opposition des polythéistes.» (Sourate al-Tawbah, 9: 33), l'Imam al-Çâdiq (P) a dit: «Ce verses se réalisera à l'époque d'al-Mahdi, où les incroyants n'existeront plus longtemps».

A présent, l'Islam est entouré de certaines gens qui sont imprégnés de tellement de mythes et de doutes qu'il apparaît comme une religion différente (de ce qu'il est réellement). Cette situation durera jusqu'à l'apparition d'al-Mahdi.

L'Imam Ja'far al-Çâdiq (P) a dit:

«Dès qu'al-Mahdi apparaîtra, il établira un nouveau système, identique à celui que le Prophète avait établi au début de l'Islam».

L'Imam Ja'far-Çâdiq (P) a dit encore:

«Al-Mahdi fera ce que le Saint Prophète avait fait. Il renversera le système existent de la même manière que le Prophète avait brisé le système païen de l'anté-Islam pour le remplacer par le système islamique».

Le nouveau système qu'introduira al-Mahdi semblera tellement bizarre à certains de ceux qui se diront être les défenseurs de la religion et en avoir une parfaite connaissance, qu'ils s'opposeront à lui, mais ils ne seront pas capables de résister au mouvement divin mondial et périront.

Au terme d'un discours détaillé, l'Imam al-Bâqir (P) dit: «En une certaine occasion, alors qu'al-Mahdi sera occupé à relater les Commandements divine et à parler des traditions du Saint Prophète et des Imams, une attaque contre lui sera lancée à partir des lieux de culte. L'Imam ordonnera à ses partisans d'arrêter les insurgés et de les mettre à mort. Ce sera la dernière action hostile contre al-Mahdi».

Lorsque les pécheurs auront été écrasés et que l'attitude islamique correcte aura été généralisée, l'atmosphère conduira à la croissance et à l'expansion de la connaissance.

On rapporte de l'Imam Ali (P) les propos suivants: «Je vois un grand nombre de tentes dressées sous lesquelles des gens sont en train d'apprendre le Coran selon l'ordre dans lequel il a été révélé».

Au cours d'un discours sur cette époque-là, l'Imam Muhammad al-Bâqir (P) a dit:

«La connaissance sera si communément répandue que même les femmes prendront leurs décisions sur la base du Coran et de la Sunnah du Saint Prophète».

La connaissance dans les divers domaines se développera. La somme des découvertes du passé sera très insignifiante par rapport à celles qui seront faites pendant cette période-là. Selon un rapport, l'Imam Ja'far al-Çâdiq (P) a expliqué cette situation d'une façon allégorique: «Si la totalité de la connaissance humaine possible, a-t-il dit, est supposée être de soixante-douze lettres, deux lettres seulement auront fait partie du passé et les soixante dix restantes seront découvertes graduellement pendant cette époque-là».

A propos du développement intellectuel et moral des gens, l'Imam Mohammad al-Bâqir (P) dit:

«Lorsque notre Imam Qâ'im apparaîtra et que les gens seront sous sa protection, leurs facultés intellectuelles s'épanouiront et leurs qualités humaines seront perfectionnées et porteront leurs fruits».

Durant cette période, les masses des dépossédés seront les maîtres du pouvoir et de la richesse du monde. De nombreux hadiths disent que le verset suivant relate ladite période: «Nous voulions favoriser ceux qui avaient été persécutés sur la Terre et Nous voulions en faire des gouvernants de la Terre». (Sourate al-Qaçaç; 28: 5)

Ainsi, le pouvoir et l'autorité des tyrans et des égoïstes prendront fin et la justice sera restaurée partout sous le nouveau système. Il remplira la Terre de justice après qu'elle aura été pleine d'injustice et de tyrannie.

«L'Imam al-Qâ'im enjoindra la justice. Durant son époque, l'injustice sera défaite. Les chemins seront sûrs. Les droits seront restaurés. L'égalité prévaudra totalement».

L'Imam Mohammad al-Bâqir (P) a dit: «Immédiatement après son apparition, l'Imam al-Qâ'im distribuera la richesse avec égalité, et il restaura les droits des masses».

Lorsque le bon travail aura été confié à l'homme droit et que la justice aura complètement prévalu, tout le monde sera naturellement heureux à tous les égards.

«Les bénédictions tomberont en abondance du Ciel sur la Terre. La Terre fera pousser le meilleur produit. Les arbres porteront des fruits juteux. L'atmosphère de la Terre sera verdoyante et parfumée».

Il est également évident que dans une telle atmosphère les minéraux et les ressources naturelles seront exploités au maximum. Selon un hadith: "Allah lui révélera les trésors de la Terre".

A la fin, toutes les forces naturelles seront contrôlées par les gens, lesquels auront obtenu les moyens de les utiliser à leur propre avantage. Il y aura progressivement tellement de richesses que personne ne restera pauvre ou nécessiteux.

«On paiera un double salaire aux travailleurs. L'égalité entre les gens sera observée. Personne n'aura le droit de recevoir la Zakât. L'argent sera offert aux gens, mais ils déclineront cette offre, parce qu'ils n'en auront pas besoin. Toutes les ressources naturelles du sous-sol et de la surface de la terre seront à la disposition de l'Imam. S'adressant aux gens, celui-ci leur dira: "Voilà la richesse pour laquelle vous vous battiez, vous coupiez vos liens avec vos proches et vos parents, et vous répandiez le sang des autres". Puis il leur donnera de l'argent en quantités inouïes».

Dans ces circonstances, la paix totale, la loi et l'ordre prévaudront.

«A cette époque-là, une paix totale régnera sur le monde. Personne ne nuira à personne. La peur et l'anxiété n'auront pas d'existence. Même les animaux sauvages se déplaceront parmi les gens sans faire de mal à personne. Les gens éprouveront de l'amour et de la sympathie , les uns pour les autres. Ils distribueront la richesse entre eux d'une façon égalitaire. Il n'existera plus aucun pauvre ni aucun nécessiteux. Aucun groupe de gens ne cherchera à dominer un autre groupe. Les aînés se montreront bons envers les cadets, et ceux-ci respecteront ceux-là. Tous les gens seront consciencieux dans leurs actions et leurs décisions».

L'amour, la bonté, l'intégrité et la fraternité prévaudront. Il ne sera pas question de tromper ou de traiter mal quiconque; une sincérité et une cordialité totales domineront.

«Lorsqu'al-Qâ'im apparaîtra, on connaîtra une telle sincérité bienveillante et une telle cordialité que lorsque quelqu'un prendra dans la poche d'un autre ce dont il aura besoin ce dernier ne s'en fera guère».

Toutes les formes de faiblesse, de malaise et d'invalidité disparaîtront.

«Concernant ceux qui vivront à l'époque d'al-Qâ'im, leurs malades recouvreront la santé, et leurs faibles se renforceront».

«Tous les aveugles et les estropiés seront guéris, et tous les gens souffrants se débarrasseront de leurs souffrances».

«Un gouvernement mondial caractérisé par la justice et la droiture sera instauré. Il s'étendra de l'Est à l'Ouest. Tous les gens vivront sous ce gouvernement dans un climat de paix, de justice et de prospérité».

«Des relations cordiales régneront entre les croyants dans le monde entier. On dirait que les gens, d'un bout à l'autre de la Terre, se voient les uns les autres, parlent les uns aux autres et coopèrent les uns avec les autres».

Ces relations seront différentes des relations et des accords de paix de nos jours, qui sont conclus uniquement dans le but de sauvegarder les intérêts des puissances concernées et qui, de ce fait, ne sont pas stables. Tous les accords de ce type seront annulés avec l'apparition d'al-Qâ'im et seront remplacés par un système universel juste».

A cette époque-là, il n'y aura pas d'hypocrisie, ni d'intrigues, de démonstrations de courtoisie, ou de méthodes sournoises. Chacun devra se soumettre de bon coeur au gouvernement légitime. Tous les réfractaires seront annihilés.

Ce gouvernement marqué par la restauration finale et complète de la justice et du plein développement sera le dernier stade de l'histoire de l'humanité. Le Gouvernement Divin sera établi après la chute des autres systèmes, pour réaliser les objectifs désirés. Bien qu'il soit d'une durée limitée, il sera le dernier mot dans la justice et la droiture. Il sera la fin de l'histoire.(49)

Fin du Livre 1
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Notes
 

1. L'année-lumière est l'unité de mesure de l'espace, et consiste en la distance que la lumière parcourt en une année. La lumière se propage à la vitesse de trois cent mille kilomètre/seconde.

2. Ou en français: "Le Révélateur, le Messager, le Message", Traduit par Abbas Ahmad al-Bostani, 1983.

3. «... Nous vous avons créés d'argile, puis d'une goutte de sperme, puis d'un caillot de sang, puis d'un morceau de chair... » (Sourate al-Hajj, 22: 5)

4. «... puis de cela Nous avons produit un nouvel être...» (Sourate al-Mo'min, 23: 14)

5. «IL l'a parachevé et insufflé en lui de Son Esprit». (Sourate al-Sajdah, 32: 9)

6. «Nous avons ennobli les fils d'Adam... et Nous leur avons conféré une supériorité sur beaucoup de Nos créatures». (Sourate al-Asrâ', 17: 70)

7. «Lorsque JE l'ai parachevé et que J'ai insufflé en lui Mon Esprit: Tombez prosternés devant lui». (Sourate Çâd, 38: 72)

8. «Lorsque ton Seigneur dit aux anges: "JE vais établir un lieutenant sur la Terre». Sourate al-Baqarah, 2: 30)

9. «Ne voyez-vous pas qu'Allah a mis à votre service ce qui est dans les Cieux et ce qui est sur la Terre?» (Sourate Luqmân, 31: 20)

10. «IL vous a créés de la Terre et IL vous y a établis». (Sourate Houd, 11: 61)

11. «C'est Lui qui a fait pour vous la Terre très soumise. Parcourez donc ses vastes étendues et mangez ce qu'Allah a produit». (Sourate al-Molk, 67: 15)

12. «Nous avons ennobli les fils d'Adam. Nous les avons portés sur la terre ferme et sur la mer». (Sourate al-Isrâ', 17: 70)

13. «L'homme pensera-t-il que nous allons le laisser libre». (Sourate al-Qiyâmah, 75: 36)

14. «Pensiez-vous que Nous vous avions créés sans but et que vous ne seriez pas ramenés vers Nous?» (Sourate al-Mo'min, 23: 115)

15. «Nous avons créé l'homme, pour l'éprouver, de l'union d'un sperme et d'un oeuf. Nous lui avons donné l'ouïe et la vue». (Sourate al-Dahr, 76: 2)

16. «Par l'âme et Son Créateur qui lui a inspiré ce qui est bon et ce qui est mauvais pour elle». (Sourate al-Chams, 91: 7-8)

17. «Suis les commandements de la (vraie) nature humaine telle qu'elle a été créée par Allah. La création d'Allah ne change pas. Voici la religion droite». (Sourate al-Roum, 30: 30)

18. «... Nous avions proposé le "Dépôt" de la Foi aux Cieux, à la Terre et aux montagnes. Ceux-ci ont refusé de s'en charger, ils en ont été effrayés. Seul, l'homme s'en est chargé, ... » (Sourate al-'Ahzâb, 6: 72)

19. - «Suis les commandements de la (vraie) nature humaine, telle qu'elle a été créée par Allah». (Sourate al-Roum, 30: 30)

- «L'homme a été créé sans repos». (Sourate al-Ma'ârij, 70: 19)

- «L'amour des joies que procurent les femmes, les enfants, les lourds amoncellements d'or et d'argent, les chevaux racés, le bétail et les plantations, est enjolivé aux gens». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 14)

- «Il est passionné dans son amour des richesses». (Sourate al-'Adiyât, 100: 8)

20. «L'homme se rebelle, dès qu'il se considère comme étant indépendant et auto-suffisant». (Sourate al-'Alaq, 96: 6-7)

21. «Juge les hommes selon la justice et ne suds pas tes propres caprices qui te feraient dévier du Chemin d'Allah». (Sourate Çâd, 38: 26)

22. «Si Nous lui faisons goûter un bienfait, après que le malheur l'a touché, il dit: "Les maux se sont éloignés de moi" et il devient fier et insolent; sauf ceux qui sont fermes et qui font des oeuvres bonnes». (Sourate Houd, 11: 10-11)

23. «Voilà la punition dont Allah menace Ses serviteurs. Mes serviteurs! Craignez-Moi donc!» (Sourate al-Zumar, 39: 16)

24. «Prospère est celui qui se purifie». (Sourate al-Ghâchiyah, 87: 14)

25. «Ceux qui se gardent de leur propre avidité seront prospères». (Sourate al-Hachr, 59: 9)

26. «Adorez Allah et faites le bien afin que vous soyez prospères». (Sourate al-Hajj, 22: 77)

27. «Prospères sont les croyants qui sont humbles dans leurs prières, qui évitent ce qui est absurde...». (Sourate al-Mo'minoun, 23: 1-11)

28. «O les croyants! Soyez patients! Encouragez-vous mutuellement à la patience! Etablissez de bonnes relations entre vous et craignez Allah, afin que vous puissiez être prospères». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 200)

29. «... Ils appellent à la vertu, exhortent à ce qui est bien et interdisent ce qui est mal. Voilà ceux qui seront prospères». (Sourate Âle 'Imrân, 3: 104)

30. «Nous avions proposé le Dépôt...» (Sourate al-Ahzâb, 33: 72)

31. «Nous dirigeons sur Nos Chemins ceux qui font des efforts pour Notre cause». (Sourate al-'Ankabout, 29: 69)

32. «Nous sommes plus près de l'homme que sa veine jugulaire». (Sourate Qâf, 50: 16)

33. «Ne perdez pas courage; ne vous affligez pas, car vous aurez une vraie dignité, si vous êtes croyants». (Sourate Âle 'Imrân, 3: 139)

34. «Personne ne portera le fardeau de quelqu'un d'autre». (Sourate Fâtir, 35: 18)

35. «Le Jour où ni la richesse, ni les enfants ne seront utiles, sauf pour ceux qui iront à Allah avec un coeur pur». (Sourate al-Chu'arâ', 26: 88-89)

36. - «O Mes serviteurs! Vous n'avez rien à craindre ni à regretter aujourd'hui». (Sourate al-Zukhruf, 43: 68)

- «Ils s'arrachent de leur lit pour invoquer leur Seigneur avec crainte et espoir». (Sourate al-Sajdah, 32: 16)

- «Ils craignent leur Seigneur et redoutent les mauvais résultats de leur compte». (Sourate al-Ra'd, 13: 21)

37. Sa participation au pacte connu sous le nom de "Hilf al-Fudhûl" et l'histoire de la remise de la Pierre Noire à sa place en sont deux exemples.

38. «Leur Seigneur leur révéla: "Nous allons faire périr les injustes".» (Sourate Ibrâhim, 14: 13)

«Nous n'avons jamais détruit de cités, à moins que leurs habitants ne soient des injustes». Sourate al-Qaçaç, 28: 59)

39. Sourate al-Jum'ah; verset 2

40. «Mais la plupart des hommes ne savent pas» (Sourate al-Jâthiyah, 45: 26), et beaucoup d'autres versets. «La plupart d'entre eux ne suivent qu'une conjecture» (Sourate Yûnis, 10: 36). «Mais la plupart d'entre eux sont insensés» (Sourate al-'Ankabout, 29: 63). «Mais la plupart d'entre eux détestent la Vérité» (Sourate al-Mo'minoun, 23: 70). «Mais la plupart des hommes ne croient pas» (Sourate al-Ra'd, 13: 1)

41. Sourate al-Tawbah; verset 113.

42. Sourate al-Nisâ'; verset 98.

43. Sourate al-Çaf; verset 10.

44. «Nous n'avons jamais puni un peuple avant de lui avoir envoyé un messager». (Sourate al-Asrâ', 17: 15)

45. Sourate al-Mâ'idah, 6: 24

46. «Combattez-les: Allah les châtiera par vos mains». (Sourate al-Tawbâh, 9: 14)

47. «Allah ne veut pas les châtier, tant que tu es parmi eux, pas plus qu'IL ne les châtie tant qu'ils demandent pardon». (Sourate al-Anfâl, 8: 33)

48. «L'écume s'en va au rebut, mais ce qui est utile aux hommes reste sur la Terre». (Sourate al-Ra'd, 13: 17)

49. Toutes les citations et narrations de ce chapitre sont tirées de: "Bihâr al-Anwâr", d'al-Allâmah Mohammad Bâqir al-Majlisi, Livre II, vol. 52