(Ma'âlim-ul-Madrasatayn)
Les Repères des deux Ecoles
Celle des califes
et
Celle
d'Ahl-ul-Bayt (a.s)
Sayyid Murtadâ
Al-'Askarî
Publication de la
Cité du Savoir
Editeur:
Abbas
Ahmad al-Bostani
(La Cité
du Savoir)
C. P. 712 Succ.
(B)
Montréal,
Qc., H3B 3K3
Canada
E-Mail: abbas
@bostani.com
Site wb:
www.bostani.com
Première
édition: Novembre 2002
Titre original
(arabe): Ma'âlim-ul-Madrasatayn
Auteur:
'Allâmah Sayyid Murtadâ Al-'Askarî
Traducteur:
Sayyid Abû 'Ali Hâshimî
© Tout droits de reproduction et d'adaptation
réservés à:
Abbas Ahmad al-Bostani
ISBN: 2-922223-16-7
Avis
au lecteur : abréviations et termes utilisés dans ce livre :
V = Verset du Coran
Vs = Versets.
Muhammad = le prénom du Prophète
de l'Islam.
Mohamed = prénom de musulman.
Compagnon = Compagnon du Prophète de
l'Islam, en particulier
compagnon = celui qui
tient compagnie
prophète = tout
prophète autre que Muhammad (SAW).
Prophète = Muhammad (SAW).
(SAW) = Sallâllahu 'Alayhi wa
'âlihi wa Sallam
(a. s.) = 'Alayhis-Salâm
(r. d.) = radiyallâhu
'anhû ('anhâ)
imam = celui qui
guide la prière ou calife
Imam = l'un des douze Imams d'Ahlul-Bayt (a.s)
Ahlul-Bayt = La famille du Prophète
('Ali, Fâtimah, Hassan, Hussayn, et neuf des descendants de Hussayn (a.
s.).
Makkah = La Mecque.
***********************
**************************
Table
des Matières
Avis
au lecteur 5
1ère
partie 7
- I -
Préliminaires (9)
Introduction
9
- II -
De l'Impact de la Discorde au Sein
de la Communauté Musulmane (13)
Lors
du premier voyage 13
Lors
du deuxième voyage 14
- III -
Certains Attributs d'Allah - Exaté soit-IL - et l'Origine de la
Divergence les Concernants (21)
L'opposition
quant à l'interprétation des hadiths précédents 23
L'origine
du désaccord relatif aux attributs divins et à la
visibilité d'Allah 24
- IV -
L'Origine du Désaccord Relatif
aux Qualités Spécifiques des Prophètes (27)
1- La
considération des reliques bénies des prophètes 27
L'effet
bénéfique de la salive du Prophète 28
La
recherche de la bénédiction dans l'eau ayant servi aux ablutions
du Prophète 28
La
recherche de la bénédiction dans les cheveux du Prophète 29
La
recherche de la bénédiction dans l'endroit touché par la
main du Prophète 30
2- La
demande de l'intercession au Messager d'Allah 31
Premièrement:
chercher accès auprès d'Allah par l'intermédiaire du
Prophète (SAW) avant sa création (physique) 31
Deuxièmement:
Durant sa vie 32
Troisièmement:
Après sa mort 33
Nous
abordons à présent l'origine de ces divergences et de la
négation des traits distinctifs du Messager 33
- V -
Les Divergences Relatives à la Commémoration :
des Prophètes (a. s) et des Saints Serviteurs d'Allah (40)
1-
Maqâmu - 'Ibrâhîm (la station d'Abraham) 40
2-
Al-Çafâ et Al-Marwah 41
3- La
lapidation 41
4
Le Sacrifice 42
5- La
bénédiction s'étend d'Adam 43
- VI -
La Divergence relative à la Construction des Tombeaux et des
Mausolées élevés
sur les Tombes des Prophètes (a. s.) et à la
Validité de la Prière faite en ces Lieux (44)
1- La
défectuosité de ce récit 44
La
défectuosité de ce récit 46
Arguments
en faveur de la prise des Mausolées des prophètes pour des lieux
de prière 47
-VII -
L'Origine de la Divergence relative aux Pleurs versés sur le Mort (50)
Le
Messager (SAW) pleure son fils Ibrâhîm 50
Le
Prophète (SAW) pleurait sur la tombe de sa mère jusqu'à
faire pleurer ceux qui étaient avec lui. .
. 51
Le
Prophète (SAW) désigne les jours de deuil à la mort de
quelqu'un 51
L'origine
de la divergence relative à cette question 52
- VIII -
Versets Coraniques dont l'Interprétation est l'Objet de
Divergence (54)
A-
L'invocation de quelqu'un d'autre qu'Allah 54
B- Le jugement
de quelqu'un d'autre qu'Allah 55
Réplique
des antagonistes: 55
La
Royauté appartient à Allah 56
Le
Créateur, Celui Qui ressuscite les morts 57
L'Intercesseur,
Le Maître 57
L'invocation
du Messager (SAW) par Laquelle on cherche accès auprès d'Allah 58
L'ORGUEIL
ÉTERNEL DES ÊTRES HUMAINS 59
1- Le premier
mobile à l'origine des divergences susmentionnées 59
a)- Au
début de la Création 59
b)-
Dans les communautés anciennes: 60
c)- A
l'époque du Sceau des prophètes 61
d) A notre époque 62
2- Le
deuxième mobile à l'origine des divergences 62
II ème
Partie :
Les Sources de la
Shari'ah islamique
selon les Recherches respectives des Deux Ecoles (65)
Préliminaires
67
SUJETS
DE DIVERGENCE 67
La
langue arabe - la terminologie islamique 68
A
La langue des Arabes 68
B
La terminologie Shar'î ou islamique 69
C- La
terminologie musulmane usuelle 69
D- Le
sens propre et le sens figuré : 71
2- La
compilation des recueils de langue arabe 72
Le Premier
Champ de Recherche :
Les approches
respectives des deux Ecoles (73)
A- La
définition du ''Compagnon'' dans les deux Ecoles. 74
1)-
Dans l'Ecole des califes 74
2)- La
définition du "Compagnon" dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt 75
3)-
Leur critère quant à la détermination du
"Compagnon" 75
Critique:
76
B-
L'équité des Compagnons dans les deux Ecoles 77
1)-
Selon l'Ecole des califes, tous: 77
2)-
L'opposition de l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s.) au sujet de l'équité
des Compagnons. 79
3)-
Critère pour la distinction du croyant de l'hypocrite 81
2e Champ de Recherche:
Les Approches respectives de la Question de l'Imamat, par les deux
Ecoles (85)
Chapitre
1
L'Avènement
du califat musulman La Réalité historique 86
L'ordre
d'écrire le testament du Messager d'Allah 87
L'attitude
du calife 'Umar face à la mort du Prophète 88
La
"Saqîfah" et le serment d'allégeance
prêté à Abû Bakr 89
L'annonciateur
95
L'allégeance
générale 96
Après
l'allégeance générale 97
L'inhumation
du Messager d'Allah (SAW) - ceux qui y étaient présents 97
Après
l'inhumation du Messager 98
Le
retranchement dans la maison de Fatima (a. s) 99
La
désignation de 'Umar au califat son investiture 105
La
délibération et l'investiture de 'Uthmân 106
L'Imam
'Ali (a. s.) savait que le califat fut volontairement écarté de
lui 110
L'allégeance
prêtée serment à l'Imam 'Ali (a. s.) 114
Chapitre
2
De
l'Imamat: Recherches dans l'Ecole des califes 116
La
terminologie de cette recherche 116
1)- Ash-Shûrâ
(la délibération) 116
2)- Al-Bay'ah
116
3) et
4)- Le calife et le prince des croyants 118
5)- L'Imam 119
6)- Al-'Amr - 'Ulûl-'Amr
120
7)- Al-Waçiyyu
- le Waçî du Prophète (le légataire). 121
Le
Califat et l'Imamat. Le point de vue de l'Ecole des califes 121
1)-
L'argumentation de l'Ecole des califes 121
2)-
Critique de ces deux arguments: 122
Le
point de vue de l'Ecole des califes au sujet du califat - récapitulatif 124
1)- La
Shûrâ comme argument 124
2)-
L'argument de la bay'ah (l'allégeance) 128
3)- Le
troisième argument: Les actes des Compagnons 134
4)-
L'établissement du califat par la force et la coercition Discussion
de cet argument. 140
5)-
L'obligation d'obéir à l'imam (au calife) quand bien même
il désobéit au Messager 141
Chapitre
3
De l'Imamat :Recherches dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a.
s.) 145
L'infaillibilité
d'Ahlul-Bayt (a. s.) 146
L'importance
que donnait le Messager (SAW) à la désignation de ses
légataires 148
Les
traditions prophétiques relatives à la désignation; De son
dépositaire (le détenteur de l'autorité après lui) 152
Le
dépositaire du Messager (SAW): Son ministre, son héritier et son
successeur. Al-Waçîy (le
dépositaire) dans les hadiths du Messager 152
Le
testament dans les livres des nations antérieures 154
Le
testament dans les récits des Compagnons et des Tâbi'îne 155
1)-
Dans le sermon d'Abî Dhar 155
2)-
Dans des propos d'al-Ashtar 155
3)- Le
récit de 'Amru b. al-Hamiq al-Khuzâ'î 155
4)-
Dans une lettre de Mohamed b. Abî Bakr 156
5)-
Dans une lettre de 'Amru b. al-'Açi 156
6)-
Dans les propos de l'Imam 'Ali (a. s.) et dans son argumentation 156
7)-
Dans le sermon d'Al-Hassan (a. s.) 157
8)- Dans
les condoléances de la Shi'ah présentées à l'Imam
Al-Hussayn (a. s.) après la mort de son frère l'Imam Al-Hassan
(a. s.) 157
9)-
Dans le sermon de l'Imam Al-Hussayn (a. s.) 158
10)-
Dans les propos de 'Abdullah b. 'Ali, l'oncle du 1er calife 'Abbasside
As-Saffâh (le sanguinaire) 159
11)-
Dans les propos de Mohamed b. 'Abdillah b. al- Hassan lors de son argumentation
à l'encontre du calife 'Abbasside, Al-Mançur. 159
Waçîyyun-Nabîy:
(le dépositaire du Prophète) (SAW) 160
L'Ecole
des califes fournit de grands efforts en Vue de masquer les récits
relatifs au testament et d'interpréter ceux qui s'étaient
répandus 166
Comparaison des hadîths rapportés par la mère des Croyants
'Aïsha 170
L'occultation
des mérites de l'Imam 'Ali (a. s.) 172
La
prohibition d'écrire le hadîth du Messager 184
La
politique du califat quraishite et des Banî Umayyah 185
1)-
À l'époque de Mu'âwiyah 185
a)-
L'enseignement de la haine et de la malédiction de 'Ali (a. s.) aux
habitants de la grande Syrie fut systématique depuis l'époque de
Mu'âwiyah 186
b)-
Les raisons de la rancune que nourrissait Mu'âwiyah à
l'égard de Banî Hâchim 187
c)- La
politique d'Ibnuz-Zubayr 187
d)-
Après Ibnuz-Zubayr 188
2) A l'époque de 'Abdul-Malik et de son fils
Al- Walîd 188
-
Exemples de ce que fit Al-Hajjâj dans la mise en application de la
politique quraïshite. 189
-
Comme Al-Hajjâj, son frère Mohamed b. Yûssuf allait dans le
même sillage pendant qu'il était gouverneur du Yaman 190
3)- A
l'époque de 'Umar b. Abdil-'Azîz 191
Les
Umayyades tuaient les hommes nommés 'Ali 193
4)- A
l'époque des Abbassides 193
a)-
Des actes des savants 194
b)-
Les actes des dirigeants 195
c)-
Des actes du reste de la population 195
Dix
sortes d'occultation et de falsification de la Sunnah du Messager (SAW) et des
récits relatifs à la sîrah d'Ahlul-Bayt et des Compagnons 197
|1|-
La suppression d'une partie du hadith prophétique; Et son remplacement
par un mot vague 197
|2|-
La suppression de la totalité du récit relatif à la sîrah
des Compagnons, avec, toutefois, une allusion à cette suppression 200
|3|-
L'interprétation du sens du hadith prophétique 201
|4|-
La suppression d'une partie du propos d'un Compagnon sans y faire allusion 203
|5|-
La suppression de l'intégralité du hadîth
prophétique sans y faire allusion 204
-Ibn
Kathîr fit de même dans son livre . 206
|6|-
L'interdiction d'écrire la sunnah du Messager 206
|7|-
La dépréciation des récits, des narrateurs de la sunnah du
Messager (SAW) et des livres qui critiquent l'Autorité en place et -
parfois - le meurtre des opposants 208
|8|-
La mise à feu des livres et des bibliothèques.
. . . . 208
|9|-
La suppression d'une partie du récit relatif à la sîrah des
Compagnons et sa falsification 210
|10|-
La fabrication des récits inventés pour remplacer les
hadîths authentiques 211
Les
autres textes prophétiques se rapportant au droit d'Ahlul-Bayt 213
Le
Ministre (l'assistant) du Prophète (SAW) 214
a)-
Dans le Saint Coran avec l'éclairage de la sunnah. 214
b)-
Quand le Messager (SAW) fit-il de 'Ali son assistant 214
Le
Calife, l'Adjoint du Prophète 215
i)- Le
récit de la plainte 216
- Une
deuxième plainte 218
- La
période de la plainte 218
La
cérémonie de l'institution de l'Imam 'Ali (s.a) Successeur du
Messager(SAW) et Tutélaire de l'Islam et des Musulmans 219
Le
Récit d'Al-Ghadîr 222
Al-Wilâyah
(la Souveraineté) et les détenteurs de l'autorité dans le
saint Coran 225
i) La
Wilâyah de 'Ali dans le Sait Coran 225
Critique
de la signification donnée au verset 226
ii)-
Les détenteurs de l'autorité: 'Ali et les Imams de sa descendance
(a. s.) 229
iii)-
La tradition de 'Arche: 230
La
fonction des Imams: 'Ali et ses onze descendants (a. s.): Transmettre et faire
connaître la Sunnah du Messager d'Allah 231
Histoire
de la transmission de la sourate «L'Immunité» 233
'Ali
était du Prophète (SAW) ce qu'était Hârûn de
Mûssâ (a. s.) 234
Le
porteur des connaissances prophétiques 235
Les traditions
relatives au statut des petits-fils du Messager d'Allah 237
Le
Prophète (SAW) annonce la bonne nouvelle de l'apparition
d'Al-Mahdî (a. s.) vers la fin des temps: Al-Mahdî (a. s.) porte le
même prénom que celui du Prophète 239
Al-Mahdî
(a. s.) est descendant de Fatima (a. s.) 240
Al-Mahdî
(a.s) est descendant d'Al-Hussayn (a. s.) 240
Des
traditions prophétiques relatives à l'Imamat d'Ahlul-Bayt (a. s.)
241
-
Hadîth Ath-Thaqalayn 241
- Le
nombre des Imams (a. s.) 242
- Leur
perplexité face à ce hadîth 245
- Les
Douze Dépositaires du Prophète 247
-
L'orientation du pouvoir politique durant treize siècles 248
3ème champ de
recherche:
Les Sources de la Législation islamique (la Shari'ah) dans les
deux Ecoles (249)
Chapitre
1
L'attitude des deux Ecoles à l'égard du Saint Coran 250
La
compilation du Sait Coran par le Messager (SAW) et ses Compagnons
revêtait pour eux une grande importance 251
Chapitre:
2
L'Attitude
des deux Ecoles à l'égard de la Sunnah du Messager 256
As-Sunnah et la Bid'ah
(la Tradition et l'Invocation) 256
1)-
As-Sunnah 256
2)-
Al-Bid'ah 256
A-
L'attitude des deux Ecoles à l'égard des narrateurs des
traditions prophétiques 257
B- La
position de chacune des deux Ecoles quant à la diffusion des Traditions
prophétiques durant le siècle 1 de l'hégire 259
C- Un
siècle de "censure" prohibitive de L'écriture de la
sunnah 261
1)- A
l'époque d'Abû Bakr 261
2)- A
l'époque de 'Umar 262
3)- A
l'époque de 'Uthmân 264
4)- A
l'époque de l'Imam 'Ali (a. s.) 266
5)- A
l'époque de Mu'âwiyah 266
L'ouverture
des affluents israélites 267
6)- A
l'époque de 'Umar b. Abdil-'Azîz 271
Les
autres compilations eurent le même sort 272
Pourquoi
deux hadîths contradictoires ont-ils pu être rapportés? 274
Chapitre:
3
L'Attitude des deux Ecoles à l'égard du Droit islamique (al-Fiqh)
et de l'Ijtihâd 280
1-
L'évolution sémantique du terme Al-Ijtihâd dans l'Ecole des
califes. 280
2- Al-Ijtihâd
- cette appellation 284
At-Ta'wîl: terminologie
linguistique et terminologie Shar'î 284
3- Les
Mujtahidîne de l'Ecole des califes au premier siècle de
l'Islam 286
1)- Le
Sceau des prophètes et le maître des Messagers 286
2)- Le
premier calife Abû Bakr (r. d.) 287
3)- Le
Compagnon Mujtahid Khâlid b. al-Walîd 288
4)- Le
deuxième calife 'Umar b. al-Khattâb 288
5)- Le
troisième calife 'Uthmân 289
6)-
Al-Mujtahidah, la mère des croyants 'Aïsha 291
7)-
Mu'âwiyah b. Abî Sufiân 292
8)-
Son Ministre Amru b. al-'As 292
9)-
Al-Mujtahid Abûl-Ghâdiyah, le meurtrier de 'Ammâr 293
10)-
Mujtahidîne dans l'ensemble 294
11)-
Le calife imam Yazîd b. Mu'âwiyah 295
4
L'objet de leur Ijtihâd (effort d'interprétation ou de
déduction) 296
1)-
L'Ijtihâd du Messager d'Allah 296
2)-
L'Ijtihâd d'Abû Bakr 296
3)-
L'Ijtihâd de 'Umar 301
5-
L'Ijtihâd des deux califes Abû Bakr et 'Umar dans le domaine du
quint (Al-Khums, le cinquième); Introduction sur la signification des
termes Zakât-Çadaqah-Fay', Çafîy, Anfâl,
Ghanîmah et Al- Khums 303
La
Zakât (Çadaqah) après le Messager (SAW) 307
Le
patrimoine du Messager (SAW) 307
Le
patrimoine du Prophète et la plainte de Fâtimah 308
1-
Elle leur demanda la restitution du don prophétique 308
2- La
controverse au sujet de l'héritage du Prophète 309
3- La
controverse relative à la part du Proche parent 311
L'usage
qu'ont fait les califes du Khums, du patrimoine du Messager et de Fadak, son
don à Fâtimah 316
A
l'époque d'Abû Bakr et de 'Umar 316
A
l'époque de 'Uthmân 318
A
l'époque de l'Imam 'Ali (a. s.) 319
A
l'époque de Mu'âwiyah 319
A
l'époque de 'Umar b. Abddil-'Azîz 319
Après
Ibn Abdil-'Azîz 319
6-
L'Ijtihâd du calife 'Umar dans la question des deux Mut'ah
(actes de jouissance) 320
A - Le pèlerinage de jouissance 321
La
tradition du Messager (SAW) en matière d'Al-'Umrah
322
Exemple
et enseignement 329
B- Le
mariage de jouissance 330
- Le
mariage de jouissance dans le Livre d'Allah 331
- Le
mariage de jouissance dans la sunnah 332
7-
L'Ijtihâd durant et après le deuxième siècle de
l'hégire; la déduction des lois à partir des actes des
Compagnons 335
-
Leurs arguments pour fonder l'Ijtihâd 336
a- Le
récit de Mu'âdh 336
b- Le
récit de 'Amru b. al-'As 336
c- La
lettre de 'Umar b. al-Khattâb, adressée à Abû
Mûsâ al-Ash'arî 337
Notre
discussion de leur propos sur l'Ijtihâd 339
La
déduction des règles juridiques à partir des actes des
Compagnons 340
L'imam
des Hanafites et le recours à l'opinion personnelle 341
Chapitre:
4
Le
Coran et la Sunnah sont les deux Sources de la Législation dans l'Ecole
d'Ahlul-Bayt 347
Les
Imams d'Ahlul-Bayt (a. s.) ne se basent pas sur l'opinion personnelle pour la
clarification des lois 347
Les
récits des Imams (a. s.) sont rapportés à partir d'Allah
et de Son Messager 348
Les
Imams d'Ahlul-Bayt (a. s.) héritent de leurs sciences 349
Les
Imams (a. s) rapportent les hadîths à partir du Messager, leur
grand-père (SAW) 349
Le
Prophète (SAW) ordonna à 'Ali (a. s.) d'écrire pour ses
associés les Imams (a. s.) 352
Le
Livre d'Al-Jafr et le Muçhaf de Fâtimah 354
Comment
les Imams s'étaient-il transmis la science? Les
Imams 'Ali, Hassan, Hussayn, As-Sajjâd, et Al-Bâqir (a. s) 356
L'Imam
'Ali b. al-Hussayn, en particulier 356
L'Imam
Mohamed Al-Bâqir (a.s.) en particulier 357
L'Imam
Ja'far As-Çâdiq (a. s.) 357
L'Imam
Mûsâ b. Ja'far (a. s.) 358
L'Imam
'Ali b. Mûsâ Ar-Ridâ (a. s) 359
Les
Plaintes de l'Imam 'Ali (a. s) à cause de l'altération de la
sunnah prophétique 359
4e champ de recherche:
Le Soulèvement de l'Imam Al-Hussayn (a. s.) contre la
Déviation entraînée par l'Ijtihâd et l'Opinion
personnelle loin de la Sunnah du Messager d'Allah(377)
Comment
les Musulmans ont-ils pris conscience? 380
Allah
et Son Messager ont préparé l'Imam Al- Hussayn (a. s.) à
opérer le changement voulu 380
La
condition musulmane à l'époque de l'Imam Al- Hussayn (a. s.) 384
Le but
de l'Imam Al-Hussayn (a. s.); Sa devise et sa voie 387
En
répondant à son appel, l'Imam oppose son argument à
l'encontre du peuple de Kûfah 391
L'Imam
(a. s.) était parti pour l'Irak afin que son argument soit le plus haut
et non à cause de l'insistance des fils de 'Aqîl 393
Le
côté de la sagesse dans l'insurrection de l'Imam 394
La
mise à mort des descendants du Prophète (SAW) :
Le premier martyr des descendants du Prophète (SAW) 402
Le
massacre des petits-fils d'Abî Tâlib 406
'Abdullah
b. Muslim b. Aqîl (tué à al-Kûfah), sa mère
fut Ruqayyah al-Kubrâ fille de l'Imam 'Ali 406
Ja'far
b. Aqîl b. Abî Tâlib (l'oncle du précédent) 406
'Abdur-Rahmân
b. 'Aqîl (le frère du précédent) 406
Mohamed
b. 'Abdillah b. Ja'far 407
'Awn
b. 'Abdillah b. Ja'far 407
Les
fils de l'Imam Al-Hassan (a. s.) 407
La
mise à la mort des frères de Hussayn (a. s.) 409
Abû
Bakr b. 'Ali (a. s) 409
'Umar b. 'Ali (a. s.) 410
'Uthmân
b. 'Ali (a. s.) 410
Ja'far
b. 'Ali (a. s.) 410
'Abdullah
b. 'Ali (a. s.) 410
Le
martyre d'Al-'Abbâs b. 'Ali (a. s.) 411
Le
massacre des enfants descendants du Prophète 413
Le
massacre d'un enfant à la mamelle 413
Le massacre
d'un autre enfant de Hussayn (a. s.) 414
Une
bataille sur le chemin de l'Euphrate 414
Le
massacre d'un enfant effrayé 415
Le massacre
d'un enfant de l'Imam Al-Hassan 415
Al-Hussayn
(a. s.) et ses dépouilles 416
Les
fantassins de l'armée califale chargent le campement des descendants du
Prophète 417
Le
dernier combat de Hussayn (a. s.) 417
Le cri
de Zaynab (a. s.) 418
L'assassinat
du petit-fils du Prophète 418
L'armée
califale dépouille les descendants du Prophète 419
Le
dernier martyr de Karbalâ'. 420
Le
meurtrier de Hussayn demande sa récompense 421
Les
guerriers faisaient écraser le corps de Hussayn (a. s.) par leurs
chevaux 421
L'état
de l'Ecole des califes après le martyre de Hussayn (a. s.) 425
1)-
Don et gratification 425
2)-
Les regrets de la clique califale 427
Les
insurrections dans les lieux saints de l'Islam après le Martyre de
l'Imam Al-Hussayn (a. s.) 427
Les
émissaires de Yazîd auprès d'Ibn Az-Zubayr 430
La
délégation médinoise chez Yazîd 432
La
révolte des Compagnons et des Tâbi'îne 433
L'insurrection
des Médinois et l'allégeance prêtée à
Abdullah b. Handhalah 433
As-Sajjâd
(a. s) donne la protection aux femmes de Banî Umayyah 434
Les
Banî Umayyah demandent des secours à Yazîd 434
Les
instructions du calife au chef de son armée 435
Le
calife des musulmans chante ses menaces 436
L'armée
califale en marche vers les lieux saints 436
L'armée
califale profane l'enceinte sacrée du Prophète 439
Les
Médinois survivants prêtèrent serment d'allégeance,
assorti de la clause selon laquelle ils étaient esclaves de Yazîd 440
L'envoi
des têtes au calife Yazîd 442
Au
service de l'obéissance au calife 444
- La marche
de l'armée califale vers Makkah et l'agonie de son chef 444
- Dans
la guerre qui l'opposait à Ibn Az-Zubayr, l'armée califale
brûla la Ka'bah et chanta son épopée 445
-
Al-Hajjâj catapulte la Ka'bah 446
- La
Ka'bah prit feu et la foudre frappa 447
- La
Maison brûlait et Al-Hajjâj chantait l'événement
. . 448
- La
fin d'Ibn Az-Zubayr et l'envoi des têtes à Damas 448
-
Al-Hajjâj scelle les coups des Compagnons du Prophète
449
Après
l'insurrection dans les lieux saints, les révoltes se
succédèrent 450
Les repentants
révoltés combattaient l'armée califale à 'Aïn
al-Wardah jusqu'au dernier martyr 450
Les
révoltes ont affaibli le califat et les Imams (a. s.) ont
restitué les lois de l'Islam 451
5ème champ de
recherche:
Après le Soulèvement de l'Imam Al-Hussayn (a. s.).
La restitution par les Imams (a. s.) de la Sunnah prophétique
à la Société musulmane (453)
La
méthode poursuivie dans les Etudes (de hadith) depuis l'Epoque
d'Al-Kulaynî 456
Les
Etudes après l'institution de la Hawzah (l'Université islamique)
d'An-Najaf Al-Ashraf 457
Appréciation
des livres de hadîth dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt 461
- Des
errata dans la transcription des livres du hadîth 461
- Les
hadîths 7 et 14 461
- Le
résultat de la recherche et de la comparaison. 462
Les
critères désignés par les Imams d'Ahlul-Bayt 462
- Pour
la connaissance du hadîth 462
- Les
Mujtahidûn au premier siècle de l'Islam 465
L'appréciation
des livres du hadîth; le point de vue de chacune des deux Ecoles 467
-
L'appréciation des livres de hadîth dans l'Ecole des califes 467
-
L'appréciation des livres du hadîth dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt 469
Les
savants d'Ahlul-Bayt (a. s.) n'imitent pas les Anciens ni dans le domaine de la
législation ni dans la science du hadîth 470
Le
puisement des jugements du Fiqh de la sunnah prophétique 471
Les
hadîths authentiques d'après les juristes de l'Ecole d'Ahlul-Bayt 471
La
diffusion des récits de l'Ecole des califes parmi les partisans de
l'Ecole d'Ahlul-Bayt 473
La probité scientifique des savants de
l'Ecole d'Ahlul-Bayt 474
*************************************
**********************************
- I -
Allah instaura
l'Islam et en fit pour l'homme un système de vie compatible avec sa Fitrah,
son innéité (sa conception originelle), IL le guida par
l'intermédiaire de Ses prophètes (a. s)(1). Quand l'un
parmi ceux-ci vint à mourir et que sa communauté altéra,
après lui, Sa Shari'a (loi divine), Allah envoya un nouveau
prophète afin de renouveler Sa religion. De par Sa sagesse, IL
décida de couronner Ses shara'î' successives par celle du
Sceau des prophètes et sauvegarder les fondements de l'Islam par la
conservation éternelle du Qur'ân(2) contre toute
altération par addition ou par soustraction. La clarification des lois
et leurs explications sont consignées dans la sunnah
(Tradition) du Messager d'Allah (SAW). Toutefois, celle-ci ne fut pas
conservée au même titre que le Coran; ses rapporteurs ne furent
pas exempts de l'inadvertance ou de l'oubli et les transcripteurs de livres de hadîths
(récits de la sunnah) n'échappèrent pas non plus
à l'erreur et à la faute. Durant quatorze siècles, les
récits de la sunnah du Prophète (SAW) étaient
transmis par les Musulmans qui, en matière de Sîrah
(biographie du Prophète) et de traditions diverses, rapportèrent
beaucoup de récits contradictoires. L'existence de l'implicite et de
l'explicite, du général et du spécifique dans les dits
récits, l'infiltration et la diffusion des traditions
judéo-chrétiennes dans les études islamiques par des
personnages tels Ka'bul-Ahbâr et Tamîm Ad-dârî, les
histoires et les récits apocryphes inventés par des hypocrites
tels Ibn Abîl'Aujâ' et Sayf b. 'Umar, contribuèrent à
susciter la discorde et l'opposition dans les commentaires des Mujtahidînes
ou Ulémas qui, en évaluant ces récits pour
en retenir les plus valables, exprimaient aussi leurs opinions
particulières dans les différents domaines des sciences
islamiques. Les uns et les autres s'agrippant à leurs opinions
respectives, des clans se formèrent, chacun ayant une vision
spécifique de l'Islam conformément à laquelle il
interprétait les versets "équivoques" (Mutashâbihât)
du saint Coran et y ramenait la signification des versets clairs et
confirmés (Muhkamât).
Avec
de tels contrastes et de telles oppositions, comment est-il possible d'unifier
la parole des Musulmans? Non. Le rapprochement entre eux ne se réalisera
jamais ainsi et tant qu'ils resteront, dans leur imitation non fondée,
cramponnés aux prises de positions du Salaf (musulmans des
premières générations).
Il est
nécessaire que tout rite musulman clarifie sa position en exposant ses
différentes vues de l'Islam, les procédés adoptés
pour l'interprétation du Sain Coran, du hadîth et des
avis religieux résultant des efforts déployés (ijtihâd)
par le salaf (les anciens) quand ces avis sont matière de
divergence et de polémiques. Toutefois, il faut que cette exposition se
fasse dans le cadre d'une recherche scientifique rigoureuse, dans le style
consacré de l'appel à la vérité et sans recours
aucun aux injures et aux diffamations en vue de faire triompher son point de
vue et son clan - qu'Allah nous en préserve -. Ensuite, la
vérité étant fille de la recherche, il faudra
écouter sans parti pris ce que les autres écoles ou clans veulent
aussi faire entendre et valoir.
Le
chemin le plus droit pour y arriver serait que les savants musulmans prennent
l'initiative, entament ces études (comparatives) avec
l'objectivité et un pur esprit scientifique. Ensuite les
résultats de leurs travaux seront exposés dans les
séminaires et les plus hautes sphères scientifiques et islamiques
telles l'Université d'Al-Azhar ash-Sharîf au Caire, celle de la
Sainte Médine, la Ligue Mondiale Islamique à la Sainte Makkah (la
Mecque) celles d'An-Najaf al-Ashraf, de Qum, de Khurassân,
d'Al-qayrawân et d'Az-Zaytûnah, afin d'être l'objet d'examen
et de critique. Par après, les gouvernements des pays musulmans
publieront les résultats de ces études universitaires et les
diffuseront parmi tous les Musulmans afin que ceux parmi eux qui veulent
comprendre le point de vue de l'autre le saisissent exempt de confusion et de
calomnie. Ainsi ce point de vue sera soit accepté volontiers et
partagé, soit son auteur sera, en tant que musulman, respecté et
excusé dans sa prise de position et ses opinions. Il sera ainsi
aisé pour les Musulmans de se comprendre les uns les autres, de se rapprocher
et d'unifier leurs efforts pour sauvegarder leurs intérêts.(3)
Pour
ce faire, il est nécessaire que les chercheurs commencent par scruter
les sources islamiques de la Shari'â et établir la manière
dont les Musulmans usèrent et quels chemins ils empruntèrent pour
aborder la sunnah prophétique.
C'est
pour atteindre ce but noble que j'entrepris la composition de ce livre en
implorant l'aide d'Allah-gloire à Lui.
- II -
De l'Impact de la Discorde au Sein
de la Communauté
Musulmane
(notes de voyages)
Dans
la description de l'état de division que connaissent les Musulmans
accusés les uns par les autres de mécréance ou
d'apostasie, je me suis appuyé sur leurs diverses argumentations que
j'exposerai plus tard, sur leurs publications et sur les observations que
j'avais notées lors de mes voyages effectués en terre d'Islam et
suite à mes rencontres avec les Ulémas et penseurs des
différentes Ecoles musulmanes (surtout lors de mes dix voyages de
pèlerinage aux lieux saints de l'Islam).
C'était
à l'époque du Roi Adbal'aziz al-Sa'ud. Quand le groupe des
pèlerins irakiens dont je faisais partie arriva à Rimah, une
ville saoudiene, nous y passâmes vingt quatre heures durant lesquelles
nous assistons tous aux prières faites en commun avec les habitants de
la ville dans leur mosquée. A l'heure du départ, certains d'entre
eux assistèrent à notre embarquement. Un orateur parmi eux prit
la parole nous montre du doigt et dit: «Ce sont des polythéistes.
Ceux-ci pleurent sur Hassan et Hussayn!». Ensuite, en me
montrant, il dit: «C'est leur guide! S'il vient à échoir
entre mes mains, je l'égorgerai et lécherai son sang!».
L'un de nos pèlerins lui dit: «Pourquoi sommes-nous polythéistes?
Nous avons fait le pèlerinage à la Maison d'Allah; nous avons
rendu visite au tombeau du Prophète!». Sur ce, l'orateur cria,
écuma et dit: «Tu as mécru! Si Abû Sa'ûd (le
roi saoudien à l'époque) venait en personne, il ne saurait te
protéger! Qui fut Muhammad? Muhammad était un homme comme moi! Il
est mort et s'en est fini de lui». Le pèlerin irakien trembla puis
demanda que dirai-je alors? Que dirai-je? L'autre répondit: «Dis
que seul Allah porte préjudice, seul Allah fait le bien!».
Le
pèlerin répétait l'apprentissage quand un autre
pèlerin irakien intervient en demandant: «Le Prophète (SAW)
fut-il un homme comme toi?». L'orateur confirme de nouveau ses propos. Le
pèlerin rétorqua alors: «Muhammad a reçu le Coran en
révélation, en reçois-tu, toi?». L'homme ne
répondit point et nous nous hâtâmes de monter en voiture et
de nous en aller.
Dans
notre groupe de pèlerins, il y avait un homme qui habitait l'Irak mais
avait un passeport saoudien. Quand nous arrivâmes aux frontières,
l'employé à la douane le gronda, se moqua de lui et dit: «Délaisses-tu
la terre de l'Islam pour aller habiter en terre du polythéisme!?».
Le pèlerin en question ne put que s'humilier devant lui et
quémanda humblement la remise de son passeport!
A
cette époque, le souci majeur des savants musulmans irakiens
était de réintroduire les lois islamiques dans la
société en sensibilisant les membres de la communauté
islamique dans leurs mosquées et lors des fêtes et des
festivités religieuses. Ils s'opposaient aussi au pouvoir en place qui
instaurait des lois en contradiction avec les principes islamiques. Tout ce qui
se rapportait aux mouvements des Musulmans dans ce chemin, là où
ils se trouvaient, était pour nous un sujet d'intérêt et
d'attention. Nous avons soutenu de toutes nos forces la révolution
algérienne contre la France et la révolution palestinienne. Celle
de l'Erythrée contre l'Ethiopie retenait notre attention
également. Nous estimions que la consciencisation des Musulmans, leur
solidarité, leur soutien mutuel et la mise en veilleuse de leurs
divergences cautionnaient le succès de leur combat en vue de
réhabiliter les lois islamiques dans leurs sociétés. Quand
éclata le combat islamique en Iran, entre le pouvoir du tyran (taghût)
et les Ulémas musulmans, à commencer par l'émeute de
l'école Faydiyyah à la grande Université islamique de Qum,
le 25 Shawwâl 1382 h, nous y vîmes un prélude de bien. Pour
y venir en aide, nous mobilisions toutes nos énergies et nous nous
mîmes à son service. Qu'Allah rétribue tous les
Ulémas d'Irak qui l'(le mouvement irakien) ont soutenu de toutes leurs
forces. Je fis partie de ceux qui organisèrent des
cérémonies funèbres dont l'une, celle de Bagdad, qui dura
trois nuits successives durant lesquelles des sermons visant à clarifier
toutes les dimensions de la lutte islamique qui se déroulait en Iran,
ses retombées et le sens qui s'en dégageait.
C'était
dans ces circonstances que je suis parti en pèlerinage emportant une
devise et une thèse. Ma devise était l'appel à
l'unité des Musulmans en vue de l'instauration dans leurs pays d'une vie
islamique authentique. Ma thèse consiste à promouvoir
l'éveil islamique dont les prémices virent le jour en Iran par le
fait des Ulémas musulmans. Je m'attelais alors à en expliquer les
motivations aux leaders et penseurs musulmans et à leur demander de lui
apporter leur appui. L'argument était que le combat des Musulmans dans
la voie de la réinstauration des lois islamiques est un; que s'il
aboutit dans un pays musulman, les retombées bénéfiques du
succès se répandront dans toute la Communauté Musulmane.
J'étais tout espoir de rencontrer des réactions positives
à mon appel relatif au drame que subirent les Musulmans d'Iran,
étant donné que la cause et le devenir des uns et des autres,
étaient communs à tous.
Lors
de ce voyage, je rencontrai les leaders des «frères
musulmans» de Syrie, Adam, le leader de la révolution
érytréenne à la station 'Arafât, une élite
palestinienne en Jordanie et à Baytul-Maqdis, des journalistes
musulmans, des orateurs, des savants et des leaders de mouvements islamiques
tels Abul-Hassan an-Nadawî, Abul-A'lâl- Mawdûdî et
d'autres.
A
Médine, je commençai mon travail par la participation à la
rédaction des publications destinées à la diffusion parmi
les pèlerins. J'y ai introduit quelques modifications. Nous avons
expliqué les dimensions du soulèvement musulman en Iran et
souligné l'injustice du pouvoir taghûtî en place et
sa complicité avec les Etats mécréants. J'avais
opté pour la distribution des publications la veille d'Al-'Aïd
(fête du sacrifice) à Muzdalifah (Al-Mash'arul-Harâm). Mais
le soir du septième jour du Dhul-Hijjah, je fus surpris à la
Mecque, par la nouvelle que le sheikh responsable de la diffusion des
publications avait été arrêté après en avoir
distribué quelques-unes dans l'enceinte de la Sainte Mosquée
mecquoise. Toutes les publications furent confisquées et le sheikh fut
incarcéré. Nous, savants d'Irak et d'Iran, rencontrâmes, le
jour de l'Aïd (la fête), le prince héritier Fayçal.
J'en pris alors acte et lui demandai la libération du sheikh
incarcéré et la restitution des publications en rappelant que son
gouvernement avait levé pour devise l'application des lois coraniques,
que cela impliquait le devoir d'aider les Musulmans qui combattent chez eux
dans cette voie à l'encontre de leurs gouvernements qui veulent
plutôt appliquer les lois de la mécréance et que la
Cité sacrée devait être, par conséquent, un refuge
pour les persécutés parmi les Musulmans qu'on devait aider
à expliquer leur cause à leurs frères pèlerins afin
que se réalisât effectivement ce verset: «Pour
témoigner des bienfaits qui leur ont été
accordés...»
Après,
j'ai invoqué le soulèvement des Ulémas musulmans à
la grande Université de Qum en Iran et me suis étendu sur
l'explication des tenants et aboutissants de cet événement et sur
le devoir des leaders musulmans, le gouvernement saoudien en particulier,
à son égard avant de conclure par la défense de la cause
du sheikh arrêté pour avoir distribué les dites
publications. Des discussions furent engagées à ce sujet, qui aboutirent à la libération de l'homme
incarcéré.
Après
l'accomplissement des rites du pèlerinage et notre retour à la
Mecque, nous apprîmes que des journaux avaient invité le public
à assister dans la mosquée indienne de la Mecque au discours du
professeur Al-Mawdûdî prononcé le vendredi après la
prière d'Al-'Ishâ' et comportant d'autres les huit questions
nécessaires (selon l'orateur) aux Musulmans en vue de la restitution de
la vie islamique à la société.
Après
lui, je me tins derrière le micro pour prendre la parole et commenter
son discours en disant: «pour leur éveil et redressement; les
Musulmans ont besoin aujourd'hui de trois choses:
»Premièrement:
Quatorze siècles après l'apostolat du Messager d'Allah
(SAW) et en raison des vicissitudes qu'ils ont traversées, les Musulmans
ressentent le besoin d'entreprendre une étude objective englobant la
manière dont les lois devraient être puisées des sources
islamiques et la science des hadiths (la sunnah) loin du mimétisme par lequel
on ne faisait qu'imiter les anciens et ruminer leurs traités en ces
matières.
»Deuxièmement:
Réaliser que les conquérants et colonisateurs
mécréants après avoir pris possession des terres de
l'Islam, purent diviser la parole des Musulmans et mater tout mouvement
islamique naissant là où il apparut. Là, j'ai dû
parler des révolutions, algérienne et erytréenne, et du
soulèvement des Ulémas iraniens contre le Tâghût
agent et pion des Etats nantis. Je me suis étendu sur ces
événements afin de sensibiliser les Musulmans et les inciter
à venir en aide à leurs frères.
»Troisièmement:
Avoir enfin une foi solide comme celle d'Abî Dahr, de
'Ammâr et de Sumayyah. J'ai expliqué alors comment ces compagnons
glorieux du Prophète avaient enduré dans la voie de l'Islam, la
persécution et la douleur, là à la Mecque où nous
étions».
A la
Sainte Médine, le Doyen de son Université islamique Sheikh
Abdul-'Aziz b. Bâz qui fut informé de mes rencontres avec les
délégations musulmanes voulut me faire visiter la nouvelle
Université islamique de Médine, croyant que j'étais
disciple de l'Ecole des califes. Il envoya des voitures de service pour nous
prendre ainsi que des ulémas de Bagdad et certains de ses dignitaires et
hommes de culture. Dans le préau de l'Université ses professeurs
étaient réunis et attendaient de nous recevoir. Des
étudiants se penchaient des fenêtres pour nous voir. Quand nous
avons pris place, je commençai après les louanges
consacrées adressées à Allah, par transmettre les
salutations des Ulémas de l'Irak et leurs félicitations
exprimées à l'occasion de l'institution à Sainte
Médine de l'Université islamique. Ensuite je dis:
«Quand
le Prophète (SAW) arriva en 1ère année de l'hégire
à Médine, il commença par établir le pacte de la
confraternisation parmi les Emigrés (Al-Muhâjirîne)
et les Alliés (Al-Ancâr). Sur cette base, la glorieuse
société islamique fût bâtie. Aujourd'hui, vous, qui
comptez parmi vous des étudiants appartenant à 45 Etats, pouvez
lui emboîter le pas et présenter d'immenses services à
l'Islam et aux Musulmans qui en ont besoin. Partout dans le monde, ils sont
éprouvés par l'invasion du colonisateur mécréant.
Parmi eux certains gémissent directement sous son joug, d'autres
subissent l'assujettissement de ses agents et complices. Les uns et les autres
mènent aujourd'hui le combat contre l'agression de l'envahisseur. Je
citai encore l'exemple de l'Algérie, de l'Erythrée et de l'Iran
où le but était de rétablir les lois islamiques dans un
pays musulman...»
J'avais
bien sûr introduit ce discours par le rappel des drames causés par
la division des rangs musulmans, en citant des exemples à l'appui...
Quand
vint le tour de mon hôte Sheikh Ben Bâz - c'était un homme
aveugle - qui apprit finalement que j'étais disciple de l'Ecole
d'Ahlul-Bayt, il toussota avant de dire textuellement: «Vous êtes
polythéistes! Embrassez d'abord l'Islam puis demandez aux Musulmans de
faire l'union avec vous».
Le
sang brûla dans mes veines et j'ai dû entrer avec lui dans une
longue discussion qu'il est inopportun de rapporter ici(4).
Lors
de mes voyages de pèlerin, j'eus l'occasion d'écouter les
orateurs des vendredis, à la Mecque et à Médine. J'entrais
en discussion avec certains d'entre eux à la Mosquée Al-Khayf
entre les deux dernières prières de la journée. J'ai
assisté à des réunions tenues à la Mecque par la
Ligue islamique mondiale. Je fis aussi connaissance avec des savants d'Egypte,
en particulier ceux de l'Université Al-Azhar, du Liban, du Golf, de
l'Inde, du Pakistan, de Kashmîr et d'autres contrées musulmanes.
Nous avons causé de tout. Parfois on me dit ce qu'il n'est pas commode
de rapporter aujourd'hui. A travers ces discussions avec les penseurs et
leaders musulmans, j'appris - mieux que l'informé ne saurait vous aviser
- que nul rapprochement ou entente ne pouvait se réaliser sans une
étude commune préalable des divergences qui les opposent, de
leurs origines et des démarches à suivre afin de les traiter et
de les dépasser. Nous en citons ici des exemples avant de conclure par
la proposition de l'acte à mener dans la voie du traitement
adéquate. Commençons par les divergences relatives à
certains attributs divins-gloire à Allah.
- III -
Certains Attributs
d'Allah
- Exaté soit-IL
-
et l'Origine de
la Divergence
les Concernants
Certains
Musulmans croient:
-
Qu'Allah créa Adam à son image.(5)
-
Qu'IL a des doigts(6), une jambe(7) et un pied.
- Que
le jour de la Résurrection, IL posera Son pied sur le feu de la
Géhenne qui dira alors «Qat», assez, assez.(8)
-
Qu'IL a un espace, qu'IL se déplace d'un lieu à un autre,
à cause de ce qui est rapporté que le Messager d'Allah(SAW) dit:
«Son trône est situé sur ces cieux comme cela (en montrant
avec ses doigts l'exemple d'un dôme) et qu'il (le trône)
fléchit sous Son poids comme le fait le bât ou le chargement sous
le cavalier».(9)
-
Qu'IL descend chaque fin de nuit au ciel de ce bas monde et dit: «Qui
M'appelle pour que Je l'exauce? Qui Me demande pour que Je lui
donne?...».(10)
- Que
le Prophète (SAW) dit: «Certes, vous verrez à vue d'il
votre Seigneur!»(11)et ceci: «Lorsque
les habitants du Paradis s'adonnent aux délices, soudain, une
lumière leur apparaît; quand ils lèvent leurs têtes,
leur Seigneur se penche d'en haut, sur eux et leur dit:
As-Salâmu-alaykom, Habitants du Paradis!, le Prophète ajouta:
c'est l'interprétation de la parole d'Allah (verset coranique):
«"Paix"
telle est la parole qui leur sera adressé de la part d'un Seigneur
Miséricordieux. (V. 58/XXXVI).
»Alors,
ajouta le Prophète: IL regardera vers eux et ils regarderont vers Lui,
sans pouvoir se détourner de Lui vers quelque délice que ce soit
tant qu'ils Le regardent et jusqu'à ce qu'IL se cache d'eux. Mais Sa
Lumière et Sa Bénédiction subsisteront».(12)
Contentons-nous
de ces exemples de hadiths - très nombreux en fait - qui parlent des
attributs divins, de la vision qu'auront les serviteurs de leur Seigneur, le
Jour de la Résurrection... Ne voulant pas recenser ces traditions,
analysons-en néanmoins l'interprétation donnée par les uns
et les autres.
L'opposition quant à l'interprétation
des hadiths précédents
Il y a
parmi les Musulmans ceux qui croient à la lettre de ces hadiths et
trouve que la foi qu'on y porte équivaut à la foi en Allah et en
Son Unicité - gloire à Lui -. Ceux-qui, pour éviter tout
anthropomorphisme, donnent une autre interprétation à ces
hadiths, sont taxés par les littéralistes de
«Négateurs des Attributs Divins».
Les
dits hadîths furent rapportés par Muslim dans le livre Al-'Imân
de son Sahih ainsi que par Al-Bukhârî dans le livre d'At-Tawhîd
du Sahîh.
Ibn
Khuzaymah composa en la matière un livre intitulé: At-Tawhîd
wa Ithbâtu-Sifâtur-Rabbi, (l'Unicité et la confirmation
des Attributs du Seigneur, exalté soit-IL, par lesquels IL s'est
décrit dans Sa Révélation et par l'intermédiaire de
Son Prophète), selon une transmission de récits authentiques de
justes en justes sans rupture dans la chaîne de transmission ni
flétrissure ni stigmatisation des rapporteurs équitables de ces
hadiths.(13)
Ad-Dhahabî
composa à son tour, le livre: Al-'uluwwul-'âl
lil'Aliyyil-Ghaffâr (14) (La Hauteur
suprême du Très Haut, le Pardonneur).
L'auteur
y cita les versets et les hadiths dont ils (les littéralistes)
comprennent que la suprématie d'Allah réside dans la hauteur
spatiale. Il y cita à l'appui de cette thèse les récits
des Compagnons, des Tâbi'îne (leurs disciples) et des
traditionnistes.
L'origine du désaccord relatif aux attributs
divins et à la visibilité d'Allah
Contrairement
à ceux parmi les Musulmans qui optaient, à ce sujet, pour le
premier point de vue cité ci-dessus, il y en a d'autres qui
évoquent aux antipodes de cette thèse, des versets coraniques
tels que:
«Les
regards ne sauraient L'atteindre alors qu'Il peut atteindre les regards...»
(V. 103/ VI)
Quant
au verset 22/LXXV: «Ce jour-là, il y aura des visages
brillants qui tourneront leurs regards vers leur Seigneur», le
regard sera tourné vers l'ordre du Seigneur dans l'expectative, à
l'instar du verset 82/XII «Interroge la cité où nous
étions», c'est-à-dire les gens de la cité.
Ainsi se fait l'interprétation des versets dont la lettre indique en
apparence qu'Allah, exalté soit-IL, est un corps. Pour cette
dernière Ecole, sont donc des mujassimah ou mushabbihah
(anthropomorphistes) ceux qui prêtent à leur Seigneur les
attributs de Ses créatures.
A
l'appui de cette thèse, on cite l'Imam 'Ali (a. s): «Allah ne
descend pas et n'a pas besoin de le faire. Parle ainsi celui qui Lui attribue
quelque manque ou ajout. Tout mouvant a besoin d'être mû par
quelqu'un ou par quelque chose. Prenez garde, au sujet de Ses Attributs, ne
parlez pas de limite, n'évoquez ni manque ni ajout, ni l'acte de mouvoir
ni l'état d'être mû, ni départ, ni descente, ni
redressement ni station assise».(15)
Le
narrateur dit à l'Imam 'Ali b. Mûssâr-Ridâ (a. s.):
«Nous rapportions qu'Allah - glorifié soit-IL - a fait un partage
au sujet de Sa parole et de Sa vision: à Mûssâ (Moïse)
(a. s.) la parole et à Muhammad (SAW) la
vision! Abûl-Hassan Ar-Ridâ (a. s.) rétorqua alors:
«Ne fut ce pas Muhammad (SAW) qui a transmis aux djinns et aux Humains,
ces versets?
«Les
regards ne sauraient L'atteindre alors qu'Il atteint les regards».
(V. 103/XX)
«Leur
science ne peut L'atteindre». (V. 110/XX)
«Rien
n'est semblable à Lui». (V. 11/XLII)
Il (le
narrateur) répondit: Si.
L'Imam
(a. s.) ajouta: «comment alors un homme vient-il à tous les
Humains pour leur annoncer qu'il est l'Envoyé d'Allah à Qui il
les appelle sur ordre d'Allah que Celui-ci dit: "les regards ne sauraient
L'atteindre ...", puis il (l'Envoyé) dit qu'il L'a vu avec ses
yeux, qu'il L'a cerné avec sa science et qu'IL est à l'image des
hommes?". N'avez-vous pas honte? Les mécréants ne purent lancer
un tel blasphème: transmettre les paroles d'Allah puis d'une autre
manière, proférer ce qui les contredit».
Le
narrateur répondit: mais IL dit: «Il L'a vu, en
vérité, une autre fois». (V. 13/LIII)
Abul-Hassan
(a. s) dit alors: la suite de ce verset indique ce qu'il a vu étant
donné qu'IL dit d'abord: «Le cur n'a pas menti en ce qu'il a
vu». (V. 11/LIII)
C'est
à dire que le cur de Muhammad (SAW) n'a pas démenti ce que ses
yeux avaient vu: «Il a vu les plus grands signes de son Seigneur».
(V. 18/LIII)
Les
signes d'Allah exalté soit-IL ne sont pas Allah qui dit: «Leur
science ne peut L'atteindre». (V. 110/XX)
Or, si
les regards venaient à L'atteindre, l'entendement L'atteindrait et Le
connaître (le cerner) serait effectif.
Abu
Qurrah demanda alors: «Nies-tu donc les récits?» Abul-Hassan
(a. s) répondit: «Si les récits sont en contradiction avec
le Qur'ân je les nie...».(16)
C'est
ainsi que les Imams d'Ahlul-Bayt (a. s.) expliquèrent les versets
coraniques et donnèrent la signification des termes tels que la jambe,
la main et le trône dans le Sait Coran.
- IV -
L'Origine du
Désaccord Relatif
aux
Qualités Spécifiques des Prophètes
Certains
Musulmans croient:
- Que
chercher les reliques des prophètes et prier auprès de leurs
tombes relèvent du polythéisme!
- Que
la construction de mausolées sur leurs tombes équivaut
également au polythéisme!
- Que
la célébration de leurs anniversaires et de ceux des hommes
justes et alliés d'Allah est un péché et une innovation
illicite.
- Que
l'imploration d'Allah par l'intermédiaire de quelqu'un d'autre que Lui
avoisine le polythéisme.
- Que
chercher l'intercession du Prophète (SAW) après sa mort est en
contradiction avec les lois islamiques.
Ceux
qui ne partagent pas ce point de vue avancent les arguments suivants:
1- La considération des reliques
bénies des prophètes (a. s.)
Les
adeptes de ce point de vue arguent de ce qui est amplement rapporté dans
les livres de hadiths (mutawâtir) que les Compagnons
considéraient avec vénération la personne du Prophète
(SAW) et ses effets personnels de son vivant et après sa mort (ses
reliques).
L'effet
bénéfique de la salive du Prophète (SAW)
Sahl.
B. Sa'd rapporte dans le sahîh de Bukhârî que le
Messager d'Allah (SAW) dit le Jour de Khaybar: «Demain je remettrai ce
drapeau à l'homme par lequel Allah nous accordera la victoire, un homme
qui aime Allah et Son Messager et qui l'aiment également».
Les
gens passaient leur nuit à se chamailler et à se demander qui en
aurait le privilège. Le matin, une fois auprès du Messager
d'Allah (SAW), tous espéraient se faire accorder le drapeau. Le
Prophète (SAW) demanda: «Où est 'Ali?». «Il a
mal aux yeux, ô! Messager d'Allah», répondit-on. Le
Prophète demanda qu'on l'amenât.
Dans
une autre version au sein du même livre, le Prophète cracha sur
ses yeux (de 'Ali a. s.), ce qui les guérit sur-le-champ comme s'il
n'avait jamais été malade.(17)
Dans
le récit rapporté par Salamah b. Al-Akwa' (dans la Shîh de
Muslim), le Compagnon dit: «Je conduisis 'Alî chassieux jusque
devant le Messager d'Allah (SAW). Il cracha alors sur ses yeux. 'Alî
guérit et reçut le drapeau».(18)
La
recherche de la bénédiction dans l'eau ayant servi aux ablutions
du Prophète (SAW).
Anas
b. Mâlik rapporte (dans le Sahîh de Bukhârî): «Le
moment de la prière du 'Asr (la 3e prière) fut venu, les hommes
cherchaient de l'eau pour faire les ablutions mais ils n'ont trouvé
qu'un vase contenant un peu d'eau, qu'on apporta devant l'Envoyé d'Allah
(SAW). Il y plongea sa main et ordonna aux hommes de faire leurs ablutions. Je
vis à ce moment l'eau jaillir du dissous de ses doigts et les hommes
faire leurs ablutions du premier au dernier».(19)
Dans
le même recueil, à l'occasion du traité d'Al-Hudaybiyyah,
'Urwah b Mas'ûd rapporte ceci: «Par Allah, le Messager (SAW)
n'eût rejeté quelque crachat sans qu'une main de Compagnon ne le
prît pour en frotter le visage et la peau. De même quand il finit
de faire ses ablutions, ils (les Compagnons) allaient s'entre-tuer pour
s'emparer de l'excédent de ses ablutions».(20)
La
recherche de la bénédiction dans les cheveux du Prophète
(SAW)
Muslim
rapporte dans son Sahîh que le Messager d'Allah (SAW) se rendit à
Mîna, se fit couper les cheveux (rite du pèlerinage) après
avoir lapidé et immolé. Ensuite, il en donnait aux gens. Dans une
autre version, il appela le coiffeur et quand il s'est fait couper les cheveux,
il les donna à Abî Talhah pour les partager entre les gens.(21)
La
recherche de la bénédiction dans l'endroit touché par la
main du Prophète (SAW)
A
propos de la biographie de Handhalah tant dans Al-Içâbah
(Ibn Hajar) que dans Al-Musnad (Ibn Hanbal) le dit: Compagnon raconte:
«Mon grand-père m'amena devant le Prophète (SAW) et dit:
j'ai des fils dont certains possèdent des barbes, d'autres sont mois
âgés. En voici le plus jeune. Je te prie de demander à
Allah pour son bien (bénis-le). Alors le Prophète (SAW) passa sa
main sur sa tête en disant: Qu'Allah te bénisse. Le narrateur
commente: par après, j'ai vu qu'on amenait à Handhalah une
personne souffrant d'une enflure au visage ou une bête atteinte
d'dème, qu'il dit Bismillah, soufflant sur sa main qu'il posa
sur sa tête là où le Prophète (SAW) avait
posé la sienne puis la passa sur l'organe soufflant. Le narrateur
ajoute: et l'dème disparaît».(22)
Un
récit similaire est rapporté par l'auteur d'Al-
Içâbah (Ibn Hajar Al-'Asqalânî).
Enfant
ou âgé, en voyage ou en résidence, de nuit ou de jour,
bébé dans la tente de Halimas-Sa'diyyah ou en mission commerciale
en Syrie, émigré chez ummi Ma'bad ou chef d'Etat à
Médine, la bénédiction se répandait immanquablement
de la personne du Prophète (SAW) à la manière de la
lumière qui se dégageait du soleil et du parfum qu'exhalait la
fleur. Ce n'est qu'à titre d'exemple que les récits ci-dessus
sont proposés au lecteur. En faire un recensement exhaustif serait ici
hors de propos; ce qui vient d'en être dit est suffisant pour «qui
a un cur, prête l'oreille et est témoin».(23)
Ci-après,
nous étudions la question de l'intercession du Messager d'Allah (SAW)
implorée par le croyant ainsi que les autres spécificités
qui distinguent le Messager des autres Humains.
2- La demande de l'intercession au Messager d'Allah
(SAW)
Ceux
qui croient en la légitimité de cette demande (adressée en
tout temps par le croyant au Seigneur) avancent le fait que cela fut un
agrément pour Allah avant la création de la personne du
Prophète (SAW), durant sa vie sur terre, après sa mort et au Jour
de la Résurrection. En voici les arguments:
Premièrement:
chercher accès auprès d'Allah par l'intermédiaire du
Prophète (SAW) avant sa création (physique)
Ceci
est rapporté par nombre de traditionnistes dont Al-Hâkim (dans son
Mustadrak citant b. Al-Khattâb) qui dit: «Quand Adam
commit sa contravention il dit: Oh! Seigneur, par Muhammad, je T'implore de me
pardonner. Allah dit: Adam! Comment as-tu connu Muhammad que je n'ai pas encore
créé? Adam répondit: Oh Seigneur! Parce que quand Tu m'as
créé, insufflé en moi de Ton Esprit, j'ai levé la
tête et aperçu cet écrit sur les colonnes du Trône:
«Il n'y a d'autre divinité qu'Allah; Muhammad est-Son
Messager», j'ai alors compris que Tu n'as joint à Ton Nom que
celui de l'être le plus aimé par Toi. Allah dit: tu dis vrai,
Adam, c'est lui le bien-aimé de Mes créatures, implore Moi par
son nom, je t'ai pardonné et (sache que) n'eût été
Muhammad, je ne t'ai pas créé».
At-Tabarânî
rapporta le même récit avec cette addition: «Et c'est le
dernier prophète de ta postérité».(24)
Deuxièmement:
Durant sa vie
Ahmad.
B. Hanbal, Tirmidhî, Ibn Mâjah et Al- Bayhaqî rapportent
à partir de 'Uthmân b. Hunayf qu'un homme aveugle vint
auprès du Prophète (SAW) et dit: «Demande à Allah de
me guérir! Le Prophète lui dit: je le ferai si tu veux mais si tu
supportes (ton mal) en patience, ce sera mieux pour toi! L'aveugle
réitère: implore (pour moi)! Le Prophète (SAW) lui ordonna
alors de bien faire ses ablutions, et de faire cette invocation: Seigneur (Allahumma)!
je T'implore en ayant recours à Ton
Prophète Muhammad, le Prophète de la Miséricorde, ô
Muhammad! j'ai recours à Toi pour demander au
Seigneur d'exaucer mon vu «Allahumma», permets-lui
d'intercéder en ma faveur». Al-Bayhaqî et At-Tirmidhî
disent que(25)ce hadith est
authentique.
Troisièmement:
Après sa mort
At-Tabarânî
rapporte dans son grand Mu'jam, à partir de 'Uthmân b.
Hunayf qu'un homme se rendait pour une affaire à la porte du Calife
'Uthman b. 'Affân (r.d). Mais ce dernier ne faisait pas attention
à lui et ne se pencha point sur son affaire. L'homme s'en est plaint
auprès de 'Uthmân b. Hunayf (le Compagnon) qui le conseilla ainsi:
«fais tes ablutions, ensuite va à la Mosquée et quand tu
auras fait une prière de deux inclinations, tu diras ceci avant
d'évoquer ton besoin: Allahumma (Seigneur), je T'implore en
ayant recours à Ton Prophète Muhammad (SAW), le Prophète
de la Miséricorde. Ô Muhammad, j'ai recours à toi pour
demander à mon Maître d'exaucer mon vu! De me donner
satisfaction». L'homme dit alors ce qu'on lui a conseillé de faire
puis se rendit à la porte du Calife. Le concierge vint à lui, lui
prit la main et l'introduisit chez 'Uthmân qui le fit s'asseoir avec lui
sur le tapis avant de lui demander: «C'est quoi ton affaire?» Le
Calife donna alors satisfaction à l'homme en disant: «chaque fois
que tu as besoin de quelque chose, viens me le dire!»
En
principe, avec l'existence de ces hadiths clairs dans la Sunnah du Messager
(SAW), aucune divergence n'aurait dû être envisagée quant
aux hautes qualités des prophètes en particulier celles du Sceau
des prophètes (SAW).
Nous abordons à présent l'origine de
ces divergences et de la négation des traits distinctifs du Messager
d'Allah (SAW)
En
fait, le problème vient de la diffusion de plusieurs récits
relatifs au dénigrement des prophètes (a.s) dans les livres de
hadith. De tels récits placent les prophètes au-dessous du niveau
commun des gens. Ces récits qui sont diamétralement
opposés à ceux que nous avons cités ci-haut forment chez
celui qui y croit une vision particulière du statut d'un
prophète. Pour quiconque veut y prêter attention, voici des exemples
de récits concernant le sceau des prophètes et le meilleur des
messagers (SAW):
1)-
Al-Bukhârî rapporte dans son Sahîh: «Avant la
révélation, le Messager d'Allah (SAW) présenta un jour un
plat contenant de la viande à Zayd b. 'Amru b. Nufayl qui refuse d'en
manger en disant: je ne mange que de ce sur quoi le nom d'Allah a
été invoqué».(26)
Ce
Zayd donc était à l'époque anté-islamique (la Jâhilliyyah),
meilleur que le Messager d'Allah puisqu'il évitait les turpitudes de
cette époque plus que ne le faisait le Messager d'Allah (SAW).
2)-
Al-Bukhârî et Muslim rapportent que: lorsque Jibril
(Gabriel) (a. s.) révéla au Messager d'Allah (SAW) ces versets du
Coran. «Prêche au Nom de ton Seigneur Qui créa par le
calame» (XCVI), le Prophète (SAW) revint
chez lui plein de frisson et dit à Khadijâ (son épouse): Je
crains pour moi-même. Elle lui rétorqua: Mais non, sois heureux de
la bonne nouvelle. Je jure par Allah qu'IL ne t'humiliera jamais. Ensuite, elle
l'emmena chez Waraqah b. Nawfal qui était devenu chrétien
auparavant. Le Messager l'informa de ce qu'il avait vu. Waraqah lui dit alors:
il s'agit de la loi divine qui descendit sur Moïse ...».(27)
Donc
ce Waraqah le chrétien en savait plus sur la Révélation et
sur Gabriel que le Messager d'Allah (SAW) qui en fut pourtant l'interlocuteur.
C'était donc la parole de ce Waraqah qui apaisa le Prophète (SAW)
sur son devenir, sinon il voulait - comme le rapporte Ibn Sa'd dans At-Tabaqât
- se jeter d'une crête de montagne. At-Tabarî rapporte aussi que le
Messager d'Allah (SAW) dit à ce propos: «celui-là
(c'est-à-dire lui-même) s'avère un poète ou un fou!
Non! Quraych ne parlera jamais de la sorte sur moi».(28)
3)-
Al-Bukhârî et Muslim rapportent ceci: «Le Messager
d'Allah (SAW) se fâchait, maudissait, insultait ainsi ceux qui ne le
méritaient pas. Mais il demanda à Allah qu'il en fît un
bien et une purification pour la personne concernée».(29)
4)-
Ils rapportent aussi ce récit: «Quelque juif
ensorcela le Messager d'Allah (SAW) jusqu'à ce qu'IL lui arrivât
d'imaginer qu'il faisait la chose alors qu'il n'en était rien».(30)
5)-
Muslim rapporte ceci: «Le Messager d'Allah (SAW) passa près
d'un groupe de personnes qui étaient en train de ''féconder'' des
dattiers et leur dit: si vous ne le faites pas, ce sera mieux. Ces gens mirent
fin alors à cette opération de fécondation. Quand la
récolte en dattes s'est avérée bien médiocre, le
Prophète se contenta de dire: Vous êtes plus à même
de savoir ce qui arrange les affaires de votre vie (d'ici-bas)».(31)
6)-
Al-Bukhârî et Muslim rapportent aussi ceci: «Le
Messager d'Allah (SAW) écoutait des filles d'Al- Ançâr qui
chantaient jusqu'à ce qu'Abû Bakr les
éloignât».(32)
7)-
Muslim rapporte ceci: «Le Messager d'Allah (SAW) porta un jour
Aïsha sur son épaule afin qu'elle puisse regarder les Abyssins qui
jouaient dans la Mosquée, jusqu'à ce que 'Umar les
grondât».(33)
Dans
la version d'At-Tirmidhî: «Soudain il ('Umar) surgit; les gens
alors se dispersèrent ce qui fit dire au Messager d'Allah (SAW): j'ai vu
des démons tant parmi les djinns que parmi les Humains s'enfuir devant
'Umar».(34)
Dans
une autre version: «Au retour d'une de ses batailles, une esclave noire
joua du tambour et chanta devant le Messager (SAW). Quand 'Umar fut
entré, elle mit le tambour sous son séant et s'assit dessus. Le
Messager d'Allah dit alors: Certes, Satan te craint, ô 'Umar!».(35)
8)-
Al-Bukhârî et Muslim rapportent à partir de Aïsha que: «Lorsque
le Prophète (SAW) entendit une fois un homme réciter du Coran
dans la Mosquée, il dit: Qu'Allah lui accorde Sa grâce, il vient
de me rappeler le verset "tel" que j'avais amputé de la
sourate "telle"».(36)
Ces
hadiths (et un tas d'autres similaires) affirment que le Messager d'Allah (SAW)
était, avant l'Islam, inférieur à Zayd, que par
après, Waraqah le chrétien savait plus que lui au sujet de la
Révélation et de Gabriel, qu'Abû Bakr et 'Umar
évitaient le divertissement et les futilités mieux que ne le
faisait le Messager d'Allah (SAW), que le Compagnon qui, par sa
récitation, rappela ce que le Messager avait amputé du Coran
avait une mémoire plus fidèle que celle du Prophète, et
que celui-ci était comme le commun des mortels, faillible et sujet aux
moqueries des juifs et à leur sorcelleries et qu'il s'emportait et
insultait celui qui ne le méritait pas.(37)
Ainsi
quiconque croit en l'authenticité de ces hadiths ne peut qu'avoir une
conception diamétralement opposée au contenu des hadîths
que nous avons signalés auparavant, c'est à dire ceux
d'après lesquels Allah dota exclusivement le sceau de Ses
Prophètes de vertus nombreuses. Autrement dit, c'était cette
conception dénigrante qui fit dire à l'homme (de science)
saoudien que «Muhammad était un homme comme moi, qu'il est
mort».
Outre
ces hadiths dégradants cités ci-dessus, il y a, dans la
mémoire des gens, l'acte perpétré par le calife 'Umar b.
Al-Khattâb, qui, selon une interprétation personnelle, ordonna de
couper l'arbre sous lequel le Messager d'Allah (SAW) reçut
l'allégeance des Musulmans (voir les détails de ce récit
dans le commentaire de Nahj Al-Balâghah
d'Ibn Abîl-Hadîd 1/59).
Nous
soulignerons plus loin lors de l'étude consacrée aux sources de
la Shari'ah islamique, les diverses tentatives du pouvoir dans les
Etats Musulmans pour hausser aux yeux des Musulmans le statut du calife
au-dessus de la prophétie. Contentons-nous ici de citer un seul exemple,
celui d'Al-Hajjâj b. Yûssuf Ath-Thaqafî, gouverneur sur
l'Irak du calife 'Abdel-Malik b. Marwân, à savoir Al-Hajjâj
b. Yûssuf, lors d'un sermon à Kûfah, critiqua les
pèlerins qui se recueillaient à Médine auprès du
Tombeau du Messager (SAW): «Malheur à eux, ils tournent autour de
lattes et de vieux ossements! Qu'ils tournent autour du palais du Commandant
des Croyants Abdel-Malik! Ne Savent-ils pas que le représentant d'un
homme a plus de valeur que son envoyé?».(38)
De nos
jours, l'esprit de dénigrement qu'on rencontre chez certains musulmans
au sujet du Prophète (SAW) n'est que le résultat de ces tentatives
malveillantes perpétrées au cours des siècles tant au
niveau des récits dégradants qu'ils ont rapportés
qu'à celui de l'exégèse et de l'interprétation
qu'ils inculquaient aux Musulmans afin de les orienter là où ils
voulaient. En fait partie leur opinion au sujet de la célébration
de l'anniversaire (Al-Mawlid) du Messager (SAW).
- V -
Les Divergences
Relatives
à la
Commémoration:
des
Prophètes (a. s) et
des Saints
Serviteurs d'Allah
Dans
l'exposition de l'opinion opposée à cette commémoration,
il suffit de citer la fatwa (l'avis religieux) du sheikh 'Abdel'Aziz
b. Bâz, le président général des directions des
études scientifiques, de l'émission d'avis religieux, de la Da'wah
et de l'instruction islamique, en Arabie saoûdite. A ce propos, il dit:
«il n'est pas permis de fêter ou célébrer
l'anniversaire du Messager (SAW) ou de quelqu'un d'autre, car cela fait partie
des innovations...».(39)
Quant
à ceux qui recommandent par contre cette commémoration en Islam,
ils justifient cette recommandation par le fait que la plupart des rites du
pèlerinage sont en fait des formes de commémoration des
prophètes et alliés d'Allah (saints), comme le montrent les
exemples suivants:
1- Maqâmu - 'Ibrâhîm (la station
d'Abraham)
Allah
- exalté soit-il - dit:
«...Prenez
la station d'Abraham comme lieu de prière...». (V. 125/II)
Ainsi,
comme il est clair, Allah - glorifié soit-IL, ordonna aux gens de
chercher bénédiction là où se tenait
Ibrâhîm (a. s.) dans la demeure sacrée et d'en faire un lieu
de prière, en guise de commémoration de ce Prophète et
pour la perpétuation de ce nom. Cela n'est donc en rien entaché
de polythéisme.
Allah
exalté soit-IL dit:
«Al-çafâ
et Al-Marwah comptent vraiment parmi les choses sacrées d'Allah. Celui
qui fait le grand pèlerinage à la Maison ou bien le petit
pèlerinage, ne commet pas de péché s'il accomplit les
circuits rituels ici et là». (V. 128/II)
Ainsi
Allah institua la course rituelle entre Al-Çafâ et d'Al-Marwah
comme étant un rite à accomplir lors du pèlerinage en
commémoration de Hâjar, la mère d'Ismâ'îl (a.
s.), qui allait (à la recherche de l'eau) entre Al-Çafâ et
Al-Marwah. Il est recommandé, lors de l'accomplissement de ce rite,
d'aller plus vite (accélérer le pas) au lieu indiqué de la
vallée entre Al-Çafâ et Al-Marwah tel un être humain
essoufflé en souvenir de Hâjar (a. s.) et de sa course à
cet endroit.
3- La lapidation (le jet rituel des cailloux)
Ahmed
et At-Tayâlissî rapportent dans leurs musnads respectifs
que le Messager d'Allah (SAW) dit: «Gabriel emmena Ibrâhîm
(a. s.) jusqu'à Jamratul-'Aqabah et quand Satan
lui apparut, il le lapida avec sept cailloux; alors Satan s'enfonça dans
la terre. Quand il arriva à la Jamrah médiane, Satan lui apparut
de nouveau. Ibrâhîm le lapida avec sept cailloux. Alors, Satan
s'enfonça. Enfin, à la dernière Jamrah, ce dernier se
manifesta encore et Ibrâhîm (a. s.) lui jeta sept autres cailloux.
Satan s'enfonça...».(40)
Ainsi
font partie des rites du pèlerinage la commémoration de la
lapidation de Satan par Ibrâhîm et la célébration du
nom de ce dernier.
Allah
- exalté soit-IL - dit au sujet de l'histoire d'Ibrâhîm et
d'Ismâ'îl (a. s.):
«Nous
lui avons alors annoncé une bonne nouvelle: la naissance d'un
garçon longanime. Quand celui-ci fut en âge d'accompagner son
père, celui-ci dit: Ô mon fils! Je me suis vu moi-même en
songe en train de t'immoler. Considère ce que tu en penses! Il dit:
Ô mon père! Fais ce qui t'est ordonné. Tu me trouveras
patient, si Allah le veut. Après que tous deux se furent soumis et
qu'Abrâhâm eut jeté son fils, le front à terre, Nous
lui criâmes: Ô Abrâhâm! Tu as cru en cette vision et tu
l'as réalisée; c'est ainsi que Nous récompensons ceux qui
font le bien. Voilà l'épreuve concluante. Nous le
libérâmes contre un sacrifice solennel. Nous avons
perpétué son souvenir dans la postérité. Paix sur
Abraham...». (Vs. 100 - 109/ XXXVII)
Ainsi
fait partie des rites du pèlerinage la perpétuation du souvenir
du sacrifice d'Ismâ'îl (a. s.) par son père
Ibrâhîm (a. s.) qui reçut en rachat de son fils un
bélier envoyé par Allah. Les pèlerins, en
commémoration d'Ibrâhîm et de son obéissance à
Allah, se rendent à Minan et offrent des sacrifices.
5- La bénédiction s'étend
d'Adam (a. s.) - Sa commémoration
Certains
récits rapportent qu'Allah - glorifié soi-IL - pardonna à
Adam (a. s.) au crépuscule du neuvième jour du mois Dhul-Hijjah
à 'Arafat. Ensuite Gabriel (en guise de déferlement de 'Arafat
à Muzdalifah) emmena Adam (a. s.) au coucher du soleil au lieu
sacré: Al-Mash'arul-Harâm où il passa la nuit (la veille du
10e jour et de la fête du sacrifice) à invoquer Allah et à
Le louer et Le remercier d'avoir accepté son repentir. De là il
l'emmena le matin à Minan où il coupa ses cheveux, cet acte
concrétisant l'agrément d'Adam et sa libération de ses
péchés. Ce jour (le 10e du mois Dhul-Hijjah) sera
commémoré en fête ('îd) par Adam et sa
descendance. Les actes rituels d'Adam pendant ces jours sont ainsi
perpétués dans le temps et dans les lieux du pèlerinage
pour la postérité qui reçoit le pardon d'Allah le soir du
9e jour à 'Arafat, se rend à Al-Mash'arul-Harâm pour y passer
la nuit dans l'invocation avant d'aller à Minan pour s'y faire couper
les cheveux le 10e jour du même mois. A ces rites perpétués
en souvenir d'Adam (a. s.) furent ajoutés ceux vécus par
Ibrâhîm, Ismâ'îl et Hâjar (a. s.).
Tous
les actes du pèlerinage cristallisent donc la recherche de la
bénédiction par le souvenir de ces temps et dans ces lieux
sacrés où passèrent de saints serviteurs d'Allah. Leur
commémoration sera donc perpétuelle et consistera, pour nous,
dans la lecture par exemple de la biographie authentique du Messager d'Allah
(SAW), la veille de son anniversaire, le don de la nourriture dans la voie
d'Allah dont la rétribution sera dédiée au Prophète
(SAW)... et non dans la pratique de certains actes d'innovation, forgés
à l'occasion par certains sûfis.
- VI -
La Divergence relative
à la Construction
des Tombeaux et
des Mausolées élevés
sur les Tombes des
Prophètes (a. s.) et
à la
Validité de la Prière faite en ces Lieux
Ceux
parmi les Musulmans qui interdisent ce genre de constructions se basent sur un
ensemble de récits dont celui rapporté par Ahmed b. Hanbal
à partir de 'Ali (a. s.) qui aurait dit: «Le Messager d'Allah
(SAW) assistait à des funérailles quand il dit à ses
Compagnons: Qui parmi vous ira à Médine pour y casser toutes les
idoles, aplatir toutes les tombes et salir toutes les images? Un homme dit:
Moi, ô Messager d'Allah! Une fois, arrivé à Médine,
cet homme craignit ses habitants et revint (sans avoir exécuté
l'ordre), 'Ali dit alors: Moi, j'irai le faire, ô Messager d'Allah! -
Oui, vas-y dit-il. Quand 'Ali retourna auprès de lui, il dit: Ô
Messager d'Allah! C'est fait (j'ai cassé toute idole, aplati toute tombe
et sali toute image)».
Ce
récit est rapporté dans plusieurs livres de hadith dont Al-Musnad
où il est sous sa forme, la plus complète .(41)
Premièrement: Nous verrons
que le Messager (SAW) se rendit à la tombe de sa mère, pleura et
fit pleurer ceux qui étaient autour de lui. Sa mère était
morte à Médine quand il avait six ans. C'était donc après
plus de quarante ans que le Messager, après avoir immigré
à Médine, s'est recueilli sur la tombe de sa mère, dont la
trace était encore manifeste à cette époque (sinon il ne
l'aurait pas reconnue). Si alors la position de l'Islam était d'aplanir
les tombes pourquoi le Prophète (SAW) n'a-t-il pas ordonné en ce
moment de démolir celle de sa mère?
Deuxièmement:
Quand certains Médinois eurent embrassé l'Islam, le
Messager d'Allah (SAW) envoya d'abord Muç'ab b. 'Umayr afin qu'il leur
apprît les enseignements de l'Islam. Ensuite, quand ils se rendirent en
pèlerins à la Mecque, ils prêtèrent serment
d'allégeance en cachette au Prophète (SAW) à Al- 'Aqabah,
ce qui veut dire que l'Islam ne s'est vraiment propagé parmi les
Médinois qu'après l'émigration du Messager (SAW) suivi,
après quelques jours, par l'Imam 'Ali (a. s.). Après la
conclusion des pactes avec les tribus juives (Quraydha-Banûn-Nadir et
Banû Qaynûqâ') le pouvoir du Messager (SAW) gagna,
progressivement, Médine. A quel moment donc, l'Imam 'Ali (a. s.) fut-il
envoyé, lors de quelques funérailles, par le Prophète
(SAW) afin qu'à Médine il démolît les idoles,
aplanît les tombes et barbouillât les images en
délégué de gouvernement totalement maître de la
situation??
En
plus, selon le récit, un premier homme fut envoyé à cet
effet lors de ces funérailles mais il revint de Médine sans y
avoir exécuté l'ordre du Prophète. Celui-ci, alors, envoya
l'Imam 'Ali (a. s.), toujours pendant ces mêmes funérailles, pour
accomplir à Médine ce que son prédécesseur ne put
faire. Comment fut-ce possible?
Troisièmement: Dans la suite
du hadith en question, il est stipulé que l'Imam 'Ali (a. s.) dit
à Abil-Hayaj Al-Assadî: Je t'envoie comme le Messager d'Allah
(SAW) m'avait envoyé en vue de faire disparaître toutes les
idoles.(42)
Or,
l'Imam ne pouvait envoyer cet homme en mission qu'à l'époque de
son califat; mais quand était-ce? Après les conquêtes
islamiques? A l'époque des trois califes ou avant? Où l'a-t-il
envoyé? Pour détruire les tombeaux et faire disparaître les
idoles?
Enfin,
dans les deux récits, s'ils sont authentiques, tant l'ordre du Messager
(SAW) que celui de l'Imam 'Ali (a. s.) visaient la destruction des tombeaux des
polythéistes en terre polythéiste; comment cela peut-il signifier
l'étendue du décret pour qu'il englobe les tombeaux musulmans et
l'obligation de les détruire? On rapporte ainsi que le Prophète
(SAW) dit: «Ô Seigneur, ne permets pas que ma tombe soit une idole!
Qu'Allah punisse ceux qui prennent pour lieux de prosternation (masâjid)
les tombes de leurs prophètes».(43)
Dans
une autre version, le récit spécifie le peuple dont il s'agit:
«Allah maudit les juifs! Ils prirent les tombes de leurs prophètes
comme lieux de prière (masâjid)».(44)
Après
être sortis de l'Egypte, les Juifs traversèrent la mer et,
après avoir erré (dans le pays) ils arrivèrent en
Palestine où ils eurent un temple, celui de Jérusalem à
l'exclusion de tout autre lieu de prière. Après, il y eut le
temple de Salomon. Où étaient donc ces tombes de prophètes
dont ils firent des lieux de prière, le temple de Jérusalem et
tout le pays ayant été connus des Musulmans et des Arabes avant
l'avènement de l'Islam? Quant aux tombes des autres prophètes
telle celle d'Al-Khalîl et celle de Mûssâ, nous n'avons ni vu
ni entendu que les Juifs dont aucun d'eux n'avait écrit une chose
semblable en firent un objet d'idolâtrie. Si, quand bien même ils
le faisaient, cela ne correspondrait nullement à la position islamique:
respecter la tombe et lui rendre visite. En faire une idole serait s'orienter
vers elle, la considérer comme «qiblah», telle la Ka'bah -
dans nos prières. Les deux attitudes sont-elles identiques?
Ce ne
sont pas les hadiths du Messager d'Allah (SAW) qui sont (ou qui seront) l'objet
de doute loin s'en faut, mais plutôt la parole des rapporteurs de
récits qui ne sont pas infaillibles et sont donc sujets à
l'erreur, à l'inadvertance et à l'oubli.
Voici,
à présent, les arguments de ceux qui considèrent que la
construction des tombeaux est, par contre, en concordance avec la Shari'ah
islamique.
Arguments en faveur de la prise des
Mausolées des prophètes pour des lieux de
prière
Il est
unanimement admis par les Ulémas de la Communauté islamique que
le rite de la circumambulation (autour de la Ka'bah) se fait aussi autour du
Hijr d'Ismâ'îl (a. s.) contre le mur duquel se frottent les
pèlerins et qui abrite aussi les deux tombes d'Ismâ'îl et de
Hâjar, sa mère.
Il est
utile, à ce propos, de se rapporter aux livres suivants.
Ceux
de l'Ecole des califes
La
Sîrah (biographie) d'Ibn Hichâm (mort en 218h), L'Histoire
d'At-Tabarî (mort en 310h), Ibnul-Athîr (m. 630h), Ibn Kathîr
(m. 774).
Selon
Ibn Hichâm: Ismâ'îl fut enterré dans l'enceinte du
Hijr avec sa mère Hâjar. Quant à Ibn Kathîr, il dit:
Ismâ'îl recommanda en testament qu'on l'enterrât
auprès de la tombe de sa mère dans Al-Hijr.(45)
D'après
les livres de l'Ecole d'Ahlul-Bayt
Dans Al-Kafî
d'Al-Kulaynî (mort en 329 h.), dans Man Lâ
yahduruhul-Faqîf et 'Ilalish-Sharâ'i'
d'As-çadûq (m. 381 h.), Al-Wâfî d'Al Fayd (m.
1089 h.) et Al-Bihâr d'Al Majlissî (m. 1111 h.):
«C'est dans Al- Hijr que se trouvent la tombe de Hâjar et celle
d'Ismâ'îl (a. s.)».(46)
On
avance aussi, à ce propos, le verset suivant:
«Prenez
donc la station d'Ibrâhîm comme lieu de prière...».
(V. 125/II)
Et cet
autre verset relatif aux "Gens de la Caverne":
«Ceux
dont l'avis prévalut dirent: Elevons un sanctuaire au-dessus d'eux».
(V. 21/XVIII)
Les
Wahhabites qui taxent de qubûriyyîne les Musulmans qui
rendent visite aux tombeaux des prophètes, des Compagnons et des Imams
devraient donc dire la même chose du Sceau des prophètes (SAW), de
ses compagnons et des prophètes qui pratiquaient la circumambulation
autour d'Al-Hijr où furent enterrés Hâjar,
Ismâ'îl (a. s.) et certains de ses descendants!!
C'était
donc un aperçu sur les divergences relatives aux hadiths concernant la
construction des tombeaux et au sens qu'on devait lui attribuer.
Ci-après
un aperçu sur la divergence relative aux pleurs et aux lamentations sur les mort.
-VII -
L'Origine de la
Divergence relative
aux Pleurs
versés sur le Mort
Pleurer un mort surtout s'il s'agit d'un martyr
relevait de la sunnah du Messager d'Allah (SAW) comme le rapporte
Al-Bukhârî dans son Sahîh: «Le Prophète
(SAW) annonça aux gens la mort de Zayd, de Ja'far et d'Ibn Rawâhah
bien avant que ne parvînt la nouvelle par les voies normales. Il dit
alors: Zayd, Ja'far et Ibn Rawâhah prirent tour à tour
l'étendard puis furent atteints l'un après l'autre. Ses yeux (du
Prophète) se fondirent en larmes.... Asmâ', l'épouse de
Ja'far lui demanda alors: Par mon père et ma mère, qu'est-ce qui
te fait pleurer? As-tu appris quelque chose sur Ja'far et ses compagnons? -
Oui, répondit-il, ils sont atteints aujourd'hui. Je me suis levée
en criant, raconta Asmâ', et je suis allée réunir les
femmes. Fatima Az-Zahrâ' entra en pleurs et répétait: wâ
'Ammâh (ô cher oncle!). Le Messager d'Allah (SAW) ajouta:
c'est sur quelqu'un comme Ja'far que doivent pleurer les pleureuses!».(47)
Le Messager (SAW)
pleure son fils Ibrâhîm
Dans le recueil de Bukhârî, Anas (r.
d.) rapporte ce récit: «Nous entrâmes avec le Messager
d'Allah (SAW)... alors qu'Ibrâhîm rendait les derniers soupirs. Les
yeux de l'Envoyé d'Allah (SAW) fondirent en larmes. Abdar-Rahmân
b. 'Awf lui dit alors: Toi aussi, ô Messager d'Allah! Il répondit:
Ô! Ibn 'Awf c'est une miséricorde; puis il ajouta: l'il pleure, le
cur se chagrine mais nous ne disons que ce qu'il plaît à Allah.
Nous sommes, en effet, très affligés par ton départ,
ô Ibrâhîm!».
Dans les Sunan d'Ibn Mâjah; «Il (le
Prophète SAW) s'est penché sur lui et pleurait».(48)
Le Prophète
(SAW) pleurait sur la tombe de sa mère jusqu'à faire pleurer ceux
qui étaient avec lui.(49)
Le Prophète (SAW) désigne les
jours de deuil à la mort de quelqu'un
Il est très répandu que le
Prophète (SAW) avait permis à la femme de porter le deuil pendant
trois jours si le parent décédé était quelqu'un
d'autre que son mari. Si c'était lui la durée du deuil est celle
précisée par le verset 234/II: quatre mois et dix jours.(50)
L'origine de la divergence relative à
cette question
Nous avons vu que pleurer un mort, porter le
deuil et donner de la nourriture à sa famille relèvent de la
sunnah du Messager (SAW). Mais d'où viennent alors la divergence et
l'interdiction de pleurer les morts? La réponse se trouve dans les deux
recueils d'Al-Bukhârî et de Muslim où l'interdiction est
attribuée au calife 'Umar (r. d.).
Ils y rapportent ce récit à partir
d'Ibn 'Abbâs: «Quand 'Umar fut atteint (assassiné), Suhayb
entra chez lui en pleurant et répétait: Ô frère,
Ô compagnon! 'Umar lui dit alors: Suhayb! Pleures-tu sur moi alors que le
Messager d'Allah (SAW) a dit que le mort se tourmente à cause des pleurs
des siens? Quand 'Umar fut mort, dit Ibn 'Abbâs, j'ai rapporté ses
dires à Aïsha qui dit: Qu'Allah accorde Sa grâce à
'Umar! Par Allah! Le Messager n'a pas dit qu'Allah tourmente le mort croyant
à cause des pleurs des siens. Mais Allah augmente le châtiment du
mécréant à cause des pleurs des siens. Elle ajouta aussi:
Le Coran vous suffit: «Aucune âme pécheresse ne portera
le faix d'une autre». (V. 18/XXXV)
»Ibn 'Abbâs ajouta alors: «C'est
Lui Qui fait rire et pleurer». (V. 43/LIII).(51)
De même, dans le recueil de Muslim, il est
rapporté qu'on a évoqué, chez Aïsha, le récit
d'Ibn 'Umar d'après lequel le Prophète (SAW) aurait dit:
«Le mort se fait châtier à cause des pleurs des siens.
Aïsha dit alors: Erreur, voici ce que dit le Messager d'Allah (SAW): Il
(le mort) se fait châtier à cause de ses péchés
alors que les siens sont en train de le pleurer!»
Dans une autre version, Aïsha dit:
«Qu'Allah accorde Sa grâce d'Abî-Adar-Rahmân (Ibn
'Umar): il a entendu le récit mais il ne l'a pas retenu; il ne
s'agissait que d'un cortège funèbre juif qui passe avec des
pleurs près du Messager (SAW) qui remarqua: Vous le pleurez et lui se
fait châtier maintenant».
Il paraît donc - comme le montre le hadith
ci-dessous - que l'origine de la divergence réside dans le point de vue
du calife 'Umar qui interdisait les pleurs sur les morts en opposition avec la
tradition du Messager (SAW): «Lorsqu'un membre de la famille du
Prophète (SAW) mourut, les femmes se réunirent pour le pleurer.
'Umar se mit alors, une fois, à les réprimander et à les
disperser. Le Messager d'Allah (SAW) intervint alors et dit: Laisse les, 'Umar!
Les yeux pleurent, le cur s'afflige et le leur vient à peine de les
quitter».(52)
Al-Bukhârî rapporte aussi que 'Umar
(r. d.) frappait de sa canne, lançait des cailloux ou du sable à
celui ou celle qui pleure un mort.(53)
- VIII -
Versets
Coraniques dont
l'Interprétation est l'Objet de Divergence
A- L'invocation de
quelqu'un d'autre qu'Allah
Sheikh Muhammed b. Abdel-Wahhâb, fondateur
de l'Ecole wahhabite dit dans son livre Les trois fondements et leurs
arguments, p. 4:
«Sache qu'Allah t'accorde Sa grâce,
que tout Musulman et toute Musulmane doivent apprendre ces trois questions et
les pratiquer.(54)
1)- Allah nous créa
2)- Allah n'aime pas en matière de culte
qu'on Lui associe quelqu'un d'autre, que ce soit un ange très proche ou
un prophète envoyé (aux humains). Le prouve ce verset coranique:
«Les Moquées appartiennent à Allah, n'invoquez donc
personne à côté d'Allah». (V. 18/LXXII)
Ils (les wahhabites) entendent par l'invocation
de quelqu'un d'autre qu'Allah le fait que le Musulman dise par exemple:
(Ô Messager d'Allah! (ou un autre allié d'Allah), en vue de le
faire intercéder en sa faveur. Tous leurs arguments reposent sur les
versets susmentionnés.
B- Le jugement de
quelqu'un d'autre qu'Allah
Selon eux, il est aussi condamnable que
l'invocation de quelqu'un d'autre qu'Allah. Leurs antagonistes
s'étonnent de voir cette ressemblance frappante entre l'argumentation
wahhabite et celle des Khawârij (les dissidents à l'époque
de l'Imam 'Ali (a. s.) qui taxèrent de renégats ceux qui avaient
accepté l'arbitrage à Siffine. En effet, les deux camps
s'appuient sur des versets tels:
«... Le jugement n'appartient
qu'à Allah. Je me confie en Lui. Qu'en Lui se confient ceux qui s'en
remettent entièrement à Lui». (V. 67/XLL)
«Chercherai-je un autre qu'Allah comme
arbitre alors que c'est Lui Qui a fait descendre vers vous l'Ecriture?
...»
En réponse aux arguments wahhabites,
leurs adversaires disent que les versets du Coran se clarifient les uns les
autres. Ainsi, si l'on trouve dans le Coran: «Le jugement
n'appartient qu'à Allah», on trouve aussi ce verset:
« ... Juge entre eux ou bien
détourne-toi d'eux, s'ils viennent à toi. Si tu te
détournes d'eux, ils ne te nuiront en rien. Si tu les juges, juge-les
avec équité ...». (V. 42/V)
Par ce verset, Allah permet à Son
Messager de juger, d'arbitrer entre les Gens du Livre (Juifs). Dans un autre
verset, il s'agit même de chercher l'arbitrage d'un particulier:
«Si vous craignez la séparation
entre des conjoints, suscitez un arbitre de la famille de l'époux et un
arbitre de la famille de l'épouse. Allah rétablira la concorde
entre eux deux, s'ils veulent se réconcilier». (V. 35/IV)
Nulle contradiction donc entre ces versets.
Celui qui stipule que le jugement appartient à Allah n'enseigne pas que
ce jugement est similaire à celui des juges humains dans leurs
tribunaux. Celui-ci est circonscrit, en conformité avec les lois en
vigueur et limité aux personnes intéressées. Ces juges ne
sont pas habilités à désigner des juges en leur nom, ce
pouvoir étant celui d'une autorité supérieure. Autrement
dit, les juges humains ne disposent pas du jugement absolu mais seulement de
celui (relatif) de juger entre leurs semblables. Quant à Allah, IL juge
selon Sa Science et Son Pouvoir, permet à qui IL veut de juger dans Sa
Royauté et dans les limites qu'il veut car c'est à Lui
qu'appartient le jugement absolu. Ainsi quand les prophètes jugent, ils
le font en dépendance avec le Jugement d'Allah. Ceux qui cherchent en
arbitres à trancher le différend de deux conjoints, quand ils le
font conformément aux bois d'Allah, n'appliquent pas le jugement de
quelqu'un d'autre qu'Allah, ne le font pas non plus
à l'exclusion d'Allah ou contre Sa volonté ou en concomitance
avec Lui. Ils jugent selon Son ordre et après Son autorisation. Comme
pour le jugement d'Allah, Ses autres attributs, dont des exemples vont suivre,
ne souffrent d'aucune limite puisqu'ils sont absolus.
La Royauté appartient à Allah
Entre ce verset: «La Royauté
des cieux et de la terre et de ce qui est entre les deux appartient à
Allah. Le retour final se fera vers Lui» (V. 18/V),
et celui-ci:
«... Et ce que détiennent vos
mains», (Vs. 3, 24, 25, 36/IV),
il n'y a pas de contradiction puisque Allah -
glorifié soit-IL - dit:
«Ô Allah, Souverain du Royaume!
Tu donnes la royauté à qui Tu veux et Tu enlèves la
royauté à qui Tu veux. Tu honores qui Tu veux et Tu abaisses qui
Tu veux. Le bonheur est dans Ta main. Tu es, en vérité, Puissant
sur toute chose». (V. 26/III).
Le Créateur, Celui Qui ressuscite les
morts
Ainsi «Allah est Créateur de
toute chose» (V. 102/VI) et «C'est Lui
Qui fait vivre et Qui fait mourir». (V. 80/XXIII)
Ces deux versets ne sont pas contredits par
celui selon lequel Allah permit à Jésus (a. s.) de créer
et de faire vivre:
«Je suis venu à vous avec un
signe de votre Seigneur: je vais, pour vous, créer d'argile comme une
forme d'oiseau. Je souffle en lui et il est "oiseau" - avec la
permission d'Allah. Je guéris l'aveugle, le muet et le lépreux;
je ressuscite les morts avec la permission d'Allah». (V. 49/III)
L'Intercesseur, Le Maître
Quand on lit ce verset: «Prendront-ils
des intercesseurs en dehors d'Allah? Dis: Et s'ils ne possèdent rien,
s'ils ne comprennent pas? Dis: l'intercession appartient à Allah. A Lui
la Royauté des cieux et de la terre! Vous retournerez vers Lui».
(Vs. 42-43/XXXLX)
Et cet autre verset :
«... Il n'y a d'intercesseur qu'avec
Sa permission ...» (V. 3/X)
Nous comprenons que l'intercession appartient
à Allah, qu'IL permet à Ses saints serviteurs d'intercéder
et qu'ils ne le font pas en dehors de Lui.
Ce verset qui dit:
«La Royauté des cieux et de la
terre appartient à Allah. IL fait vivre et IL fait mourir. Vous n'avez,
en dehors d'Allah, ni maître, ni défenseur» (V.
116/IX), n'est nullement en contradiction avec cet autre verset:
«Vous n'avez pas de Maître en
dehors d'Allah, de Son Messager et de ceux qui croient: ceux qui s'acquittent
de la prière, qui font l'aumône tout en s'inclinant humblement».
(V. 55/V)
Par conséquent, si nous disons qu'Allah
est notre Maître ainsi que Son Messager et celui qui fait l'aumône
en état de génuflexion parmi les croyants, cela ne relève
en rien du polythéisme parce que la souveraineté
(Autorité) appartient exclusivement à Allah Qui l'accorde
à Son Prophète et à Ses alliés, à l'instar
de l'autorité que détient le père sur son enfant.
L'invocation du Messager (SAW) par Laquelle on
cherche accès auprès d'Allah
Comme nous avons vu qu'un juge, un
propriétaire, un intercesseur, un créateur, un maître ou
quelqu'un qui fait vivre ou fait mourir, ne jouit de son statut que par la
permission d'Allah et non, en dehors de Lui ou avec Lui, de même
l'invocation du Prophète (SAW) par laquelle on cherche accès
auprès d'Allah ne signifie en aucun cas l'invocation en dehors de Lui ou
avec Lui, de personne d'autre que Lui. C'est à dire que l'invocation du
Prophète (SAW) n'est pas une application de ce verset:
«N'invoquez donc personne à
côté d'Allah». (V. 18/LXXII)
Rappelons, à ce propos, le hadith
authentifié par les traditionnistes, rapporté par Ahmed,
At-Tirmidhî, Ibn Mâjah et Al-Bayhaqî, selon lequel le
Messager d'Allah (SAW) enseigna à un Compagnon aveugle une invocation
qu'il devait faire après la prière: «Ô Allah, je Te
demande en m'appuyant sur Ton Prophète Muhammad! Le Prophète de
la miséricorde, ô Muhammad par Ta personne, je t'implore Allah
pour qu'IL me satisfasse. Ô Allah accepte son intercession en ma faveur!»
Après l'intercession du Messager et
l'invocation de cet homme, Allah exauça son vu et le guérit.
Cette forme d'invocation par le Prophète (SAW) est une application de
ces deux versets:
«Ô vous, qui croyez! Craignez
Allah et recherchez les moyens d'aller à Lui ...» (V. 35/V)
«Ceux-là mêmes qu'ils
invoquent recherchent le moyen de se rapprocher de leur Seigneur ...»
(V. 57/XVII)
Après avoir passé en revue ces
exemples de divergence et leur origine apparente, il s'agit d'en étudier
le véritable mobile sous-jacent, à savoir deux raisons
principales:
* * * * *
L'ORGUEIL ÉTERNEL DES ÊTRES HUMAINS
Le besoin ressenti par le pouvoir exercé
au sein de la communauté musulmane de justifier la conduite luxurieuse
et dissolue "des gouverneurs" par la présentation des vies des
prophètes qui servent de modèles à l'humanité,
comme étant conformes à la leur.
1- Le premier mobile
à l'origine des divergences susmentionnées
a)- Au début de la Création, Allah - exalté soit-IL - raconta dans le
Coran ce qui s'était passé entre Adam (a. s.) et Satan:
«Allah dit: Ô Iblîs,
qu'est ce qui t'a empêché de te prosterner devant celui que j'ai
crée de Mes mains? Est-ce l'orgueil ou bien fais-tu partie des
êtres les plus élevés? Il dit: je suis meilleur que lui: Tu
m'as créé de feu et Tu l'as créé d'argile».
(Vs. 75-76/XXXVIII)
Dans un autre verset, il (Satan) dit: «je
n'ai pas à me prosterner devant un mortel que Tu as créé
d'une argile extraite d'une boue malléable». (V. 33/XV)
Iblîs (Satan) avait ainsi adoré
Allah durant une vie d'ange puis se rebiffa un jour, refusa de se prosterner
devant l'élu d'Allah et se moqua de lui. La conséquence de son
acte fut ce qu'on sait.
Quant aux humains qui s'enorgueillirent et se
moquèrent des envoyés d'Allah et de Ses élus, le Coran relate
leur histoire comme dans les exemples suivants:
b)- Dans les communautés anciennes:
«Le peuple de Nûh (Noé)
(a. s.) lui dit: Nous ne voyons en toi qu'un mortel
semblable à nous. Nous ne te voyons, à première vue, suivi
que par les plus misérables d'entre nous ...». (V. 27/XI)
«Ceux qui, parmi les chefs de son
peuple étaient incrédules dirent: qui donc est celui-ci sinon un
mortel comme vous? Il veut s'élever au-dessus de vous ...»
(V. 24/XXIII)
«Qui est donc celui-ci sinon un mortel
comme vous? Il mange ce que vous mangez, il boit ce que vous buvez ...»
(V. 33/XXIII)
Comme le peuple de Nûh, 'Âd et
Thamûd dirent à leurs prophètes: «vous
n'êtes que des mortels comme nous!» (V. 10/XIV)
La réponse des prophètes fut celle
que relate le Coran dans ce verset:
«Leurs prophètes leurs dirent:
Nous ne sommes que des mortels comme vous mais Allah accorde Sa grâce
à qui IL veut parmi Ses serviteurs» (V. 11/XIV)
c)- A
l'époque du Sceau des prophètes (SAW): Dans son livre Al-'Içâbah,
consacré aux biographies des Compagnons du Prophète, Ibn Hajar
cite Dhul-Khuwayçirah, le chef des Kharijites (dissidents) et
rapporte ce hadith à partir de 'Anas:
«Il y avait, à l'époque du
Messager d'Allah (SAW), un homme dont on admirait la dévotion et la
constance dans la pratique du culte. Quand bien même nous avons
signalé son nom et sa description au Prophète (SAW), celui-ci ne
le reconnut point. Soudain, il apparut. Nous dîmes alors: c'est de cet
homme qu'il s'agit. Le Prophète dit alors: vous me parlez, en
vérité, d'un homme portant au visage la marque de Satan. Quand
l'homme arriva, il resta debout et ne salua pas. Le Prophète lui demanda
alors: par Allah, dis-moi la vérité, quand tu t'es mis debout
près de ce groupe de personnes, t'es-tu dit "parmi eux il n'y a pas
un meilleur que moi?". L'homme répondit alors: par Allah, oui!
Ensuite, quand il fut entré pour faire ses prières, le
Prophète demanda: qui peut tuer cet homme? Qui peut tuer cet homme? ...
S'il avait été tué aucune divergence (en ma religion)
n'aurait pu être suscitée entre deux hommes de ma
Communauté! ...».(55)
d) A notre époque: Cela se manifeste dans des actes et des propos
tels que celui du pédant saoudien déjà cité:
«Muhammad? Un homme comme moi. Et il est mort», (nous disait-il).
C'est l'orgueil qui se trouve à l'origine de cette attitude.
2- Le deuxième
mobile à l'origine des divergences
Il s'agit du besoin ressenti à travers
les siècles par les autorités qui exerçaient le pouvoir
dans la Communauté musulmane de justifier leur mode de vie luxurieuse en
le présentant comme étant conforme à celui des
prophètes et des élus d'Allah.
Ces factures ont tellement joué dans
l'histoire musulmane qu'on en est venu à l'interprétation de
nobles versets coraniques de la manière qui permettrait l'attribution
des péchés aux prophètes et aux élus d'Allah. Des
récits furent aussi inventés pour montrer ces derniers dans les
jeux et la volupté. Souvent les fabriquants de récits puisaient
leur matière dans la littérature israélite telle l'anecdote
rapportée au sujet de Dâûd (a. s.) (David) et de la femme
d'Urie(56) et un tas d'autres
fabulations racontées sur le compte des prophètes (a. s.) y
compris celles collées à la biographie du Sceau des
prophètes (SAW), le but étant de rendre égaux les communs
des mortels et les élus d'Allah qui seraient alors dépourvus de
toute spécificité les distinguant de leurs semblables. Ainsi, les
versets coraniques parlant des miracles des prophètes comme celui de
Jésus (a. s.) qui, par la permission d'Allah, créa à
partir de l'argile un oiseau vivant, furent interprétés en
concordance avec des récits fabriqués en vue de confirmer
l'hypothèse selon laquelle les élus d'Allah ne jouissent point de
qualités distinctes.
A l'opposé de cette tendance
expliquée par les mobiles mentionnés ci-dessus, nous trouvons
dans l'exégèse et les livres des hadiths et de la biographie
plusieurs traditions qui confirment l'existence de ces qualités
exceptionnelles accordées par Allah à Ses élus. Un autre
groupe de Musulmans y croit fermement et interprète les versets
coraniques conformément à ces hadiths. Ceci eut pour conscience
l'apparition d'une vision spéciale opposée à la
première tendance et permettant une approche différente des
Attributs divins, des qualités prophétiques, du trône, de
l'Escabeau et des autres vérités islamiques. Chacun des groupes
s'accrocha donc à travers les siècles à ce qu'il croyait
en cette matière et jeta l'anathème contre le point de vue
opposé. D'où la division qui sévit parmi les Musulmans.
page blanc
II ème
Partie
Les Sources de
la Shari'ah
islamique
selon les Recherches
respectives
des Deux Ecoles
Préliminaires
Dans l'histoire de la pensée musulmane,
après la mort du Prophète (SAW), on constate une division nette
entre deux Ecoles opposées: celle du pouvoir en exercice détenu
par les califes (jusqu'au dernier calife ottoman) et celle des Imams
d'Ahlul-Bayt (a. s.) (jusqu'au douzième Imam)(57). Cette discordance est toujours en vigueur entre
ces deux Ecoles et leurs adeptes parmi les Musulmans.
Ci après nous évoquons l'origine
du schisme et donnons quelques exemples de ses aspects.
Les deux Ecoles s'accordent sur la
prééminence du Saint Coran et s'imposent de respecter ses
stipulations sur le licite, l'illicite, l'obligatoire et le recommandable mais
divergent quant à l'interprétation de ses versets en particulier
ceux qui paraissent équivoques (mutashâbihât). Les
deux Ecoles s'opposent aussi au sujet:
1- Des Compagnons
2- De l'Imamat et du Califat en tant que moyen
d'atteindre les sources de la Shari'ah
3- Des sources de la législation
islamique qui viennent après le Coran.
Après une étude
préliminaire de la terminologie consacrée, nous entamerons
progressivement l'étude de ces sources.
La langue arabe - la
terminologie islamique
1- Nous définissons ces trois termes:
a)- La langue arabe,
b)- La terminologie juridique (Shar'î)
ou islamique et
c)- L'appellation islamique.
4)- est consacré à la question du
sens propre et du sens figuré.
A La langue des Arabes:
Nous en parlons en particulier parce qu'elle est
la langue coranique.
La plupart des mots arabes usités
actuellement avaient les mêmes sens avant et après l'Islam;
exemple: manger, dormir, le jour, la nuit ...
Dans cette langue, on trouve aussi des
homophones. Le mot Ghunm par exemple signifiait d'abord l'acquisition
du Ghanam (têtes de troupeau) puis il fut utilisé dans le
sens de gain remporté sans grand effort; ensuite, dans l'Islam, il finit
par signifier le gain tout court c'est à dire obtenu avec ou sans
effort.
Parfois une tribu arabe donne un certain sens
à un mot qui signifie autre chose dans une autre tribu. Ainsi
"Al-Athlab" signifie au Hijâz de la prière et à
Tamîm de la terre.(58) A notre
époque, le mot "mabsût" signifie en Iraq
"battu", frappé et en Syrie, au Liban "gai", joyeux.
Dans ce cas, il faudra alors déterminer d'avance le sens du terme
employé.
B La terminologie Shar'î ou islamique:
Avec l'apostolat du Sceau des prophètes
Muhammad (SAW), celui-ci dut employer des mots arabes ayant d'autres sens que
ceux usités par les Arabes de cette époque. Açalât
(la prière), par exemple, qui signifiait la simple évocation est
employée par le Messager d'Allah (SAW) dans le sens d'un acte religieux
spécifique comportant de paroles particulières
accompagnées de stations physiques différentes telles
l'inclination et la prosternation, ce que les Arabes ne connaissaient pas
auparavant! C'est ce qu'on entend par terminologie Shar'î ou
islamique, que le sens du mot usité soit une modification du sens
initial comme Açalât (prière) ou tout à
fait nouveau comme "Ar-Rahmân", un nom divin
employé par le Législateur islamique. On peut donc définir
le terme islamique comme étant le mot employé par le Saint Coran
ou par le hadîth prophétique. Sans cet emploi, le mot ne saurait
faire partie de la terminologie islamique.
C- La terminologie musulmane usuelle:
On trouve chez les Musulmans des mots
utilisés dans des sens particuliers tels "Lijtihâd"
et "Al- Mujtahid" relatifs respectivement à la
jurisprudence islamique et au faqih musulman (le jurisconsulte, le
docte). Initialement; dans la langue arabe, les deux mots (le substantif et le
participe présent) signifiaient simplement le déploiement
d'efforts (lijtihâd) en vue d'atteindre un but - al-Mujtahid
(le studieux) -. C'est ce dernier sens qu'on trouve dans un certain nombre de
hadîths. Ainsi, le Messager (SAW) dit: «De cent degrés,
l'homme savant dépasse en mérites l'homme studieux».(59)
Dans la biographie du Prophète (SAW), il
est dit: «pendant les dix dernières nuits (du Ramadan), le
Messager d'Allah (SAW) fournissait plus d'efforts (yajtahidu) plus
qu'il ne faisait pendant les autres jours».(60)
Dans le sens de jurisprudence et de
jurisconsulte, les deux mots Ijtihâd et mujtahid ne
figurent ni dans le Sait Coran ni dans le noble hadîth du
Prophète. L'appellation est venue plus tard, c'est à dire qu'elle
est une terminologie musulmane (et non islamique).
Quand la terminologie est répandue en
particulier dans une contrée musulmane telle cette expression: le
jeûne de Zakaria(61), il ne convient
pas de la qualifier de "musulmane" mais il faut spécifier son
lieu d'origine ou l'usage courant en disant par exemple que l'expression
signifie ceci à Bagdad ou au Caire sans pouvoir l'étendre ou la
généraliser.
De même, quand la terminologie est
spécifique à l'un des rites ou des groupes musulmans, il faudra
en préciser l'origine en disant qu'il s'agit par exemple d'une
expression Kharijite ou usitée dans l'Ecole des califes ou dans celle
d'Ahlul-Bayt
Ainsi le mot 'Ashshârî
signifie d'après les Kharijites seulement "Al-Mujâhid"
celui qui fait du jihâd. Mais "Al-Mushrik" (le
polythéiste) signifie tout musulman qui ne partage pas leur opinion et
ne fait pas partie de leur rite.
"Arrâfidî" (le
réfractaire) signifie, d'après l'Ecole des califes, tout adepte
de l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s).
"An-naçibî" (le
rebelle) signifie, d'après cette dernière, celui qui prend les
Imams d'Ahlul-Bayt en aversion.
Si l'on rencontre donc de telles appellations en
dehors des Ecoles où elles sont nées, il ne faudra pas les charger
des significations précédentes.
D- Le sens propre et le sens figuré:
Quand un mot est usité dans un sens
déterminé de telle sorte que seul ce sens est donné au mot
par la personne qui l'entend, tel le mot "lion" qui signifie l'animal
féroce qu'on connaît ou "la prière" qui est pour
tous les Musulmans l'ensemble des actes particuliers accomplis en conjugaison
avec des invocations particulières.
Dans cas on dit que le mot "lion" est
au sens propre dans la terminologie linguistique tandis que le mot
"prière" est au sens propre dans la terminologie Sha'î
(scientifique).
Quand le mot "lion" signifie dans une
phrase "l'homme courageux", il est alors utilisé au sens
figuré mais il est nécessaire alors de trouver dans la phrase ou
dans le contexte un indice susceptible d'orienter l'esprit vers le sens
figuré du terme. Ainsi dans cette phrase: "le lion parlait dans la
mosquée", étant donné que le "lion" (le
fauve) ne parle pas, l'on sait que c'est de l'homme courageux qu'il s'agit et
non de l'animal féroce.
2- La compilation des recueils de langue arabe
Dans les 2è et 3è siècles
de l'hégire, les linguistes qui procédaient à la
compilation de la sémantique arabe notaient pour chacun des termes
étudiés le sens et son évolution depuis l'époque
antéislamique jusqu'au temps où ils vivaient.
Après les sémanticiens, les
jurisconsultes musulmans déployèrent de louables efforts pour
définir la terminologie juridique et en préciser les
données, telles la prière, le jeûne, le pèlerinage
et d'autres. Aussi ces termes sont-ils devenus clairement entendus par tous les
Musulmans. Par contre comme les termes qui ne s'apparentaient pas à la
langue juridique n'avaient pas bénéficié des mêmes
efforts dans leur étude, certains d'entre eux sont encore
méconnus des Musulmans qui, ne sachant pas en définir l'origine
linguistique ou juridique, se trouvent, à cause de
l'ambiguïté des sens, dans l'incapacité se saisir les
concepts islamiques et de connaître les jugements y afférents. A
titre d'exemple, on peut citer, à ce propos, les deux termes de
compagnie et de Compagnons (du Prophète SAW).
Le Premier
Champ de Recherche
Les approches
respectives
des
deux Ecoles
Quant aux termes de compagnie et de Compagnons:
1- La définition du "Compagnon"
donnée par chacune des deux Ecoles
2- L'équité des Compagnons dans
les deux Ecoles
A- La définition
du ''Compagnon'' dans les deux Ecoles
1- Dans l'Ecole des califes
Ibn Hajar dit dans l'introduction de son Içâbah,
chap. 1 (la définition du terme Compagnon): c'est celui qui rencontra le
Prophète (SAW) en croyant en lui puis mourut en musulman. Cela englobe
ainsi ceux dont la compagnie était de longue durée ou courte, qui
avaient ou non rapporté ses hadiths, qui avaient ou non combattu avec
lui, qui l'avaient simplement vu sans pouvoir l'aborder et ceux qui n'ont pu le
voir à cause d'un empêchement quelconque comme la
cécité.(62)
Le même auteur ajoute les
précisions suivantes: Lors des conquêtes
musulmanes seuls des Compagnons étaient chefs
d'expéditions.
En l'an 10 (dix) de l'hégire, tout homme
originaire de la Mecque ou de Tâ'if embrasse l'Islam et participe au
pèlerinage de l'Adieu, effectué par le Prophète (SAW).
A la fin de l'apostolat du Prophète, tous
les membres d'Al-Aws et d'Al-Khazraj (les deux tribus d'Al-Ançars)
étaient devenus musulmans de telle sorte qu'à la mort du
Prophète aucun d'eux ne manifestait d'incrédulité.(63)
Par ailleurs, dans notre livre (150 Compagnons
inventés), le chercheur pourra voir les méfaits de cette
indulgence sur les hadiths prophétiques.
2- La définition du "Compagnon"
dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s.)
Selon cette Ecole, le sens du Compagnon est
celui qu'on trouve dans les dictionnaires de langue arabe: As-çâhib,
plur : çahb, Açhâb, çihâb
et çahâbah, celui qui vit avec, qui tient compagnie pour
une durée assez importante.(64)
Comme toute compagnie implique l'existence de
deux personnes au moins, il est évident que le terme compagnon doit
être suivi du complément de nom comme cela est utilisé dans
le Sait Coran: «Ô mes compagnons de prison!», «Les
compagnons de Mûssâ (Moïse)» et dans la Sîrah et
les hadîths: «compagnon du Prophète, les Compagnons (Açhâbu)
du Messager d'Allah», «les Compagnons de l'allégeance
prêtée sous l'Arbre», «les compagnons
d'As-çuffah». Le qualificatif "compagnon" n'était
pas, à l'époque du Prophète (SAW), utilisé comme
nom comme il le sera plus tard chez les adeptes de l'Ecole des califes. Le
terme compagnon devient alors porteur d'une terminologie propre venant
s'ajouter à son sens primitif.
3- Leur critère quant à la
détermination du "Compagnon".
Ibn Hajar rapporte la position des adeptes de
l'Ecole des califes et donne dans son livre Al-Içâbah le
critère choisi pour distinguer ce qui fut compagnon de ce qui ne le fut
point:
«D'après les dires des imams
(ulémas), le qualificatif par lequel on reconnaît le Compagnon du
Prophète est celui rapporté par Ibn Abî Shaybah dans son Muçannaf,
d'après une chaîne de récits valables, à savoir que
lors des premières conquêtes (futûh), seul un
Compagnon (du Prophète) était désigné pour
être à la fête d'une expédition».(65)
Le récit dont il s'agit, qu'Ibn Hajar
qualifie de valable, est celui rapporté par At-Tabarî et Ibn
'Assâkir à partir de Sayf, Abî 'Uthmân, Khâlid
et 'Ubâdah. Le même At-Tabarî rapporte, à partir du
même Sayf que le calife 'Umar ne désignait comme chefs (commandants,
gouverneurs) que des Compagnons tant qu'il en trouvait(66), sinon, il nommait, à cet effet, des Tâbi'îne
(disciples des Compagnons). Ceux qui ont connu la rébellion de
l'apostolat (après la mort du Prophète) ne pouvaient
accéder à ce genre de postes...(67)
Critique:
L'origine des deux récits
précédents est Sayf accusé d'hérésie et
d'invention de hadiths.(68)
Par ailleurs, Abû 'Uthmân
cité par Sayf est une pure imagination de ce dernier. Il s'agit de
Yazîd b. Ussayd Al-Ghassânî qui était une fabrication
de Sayf.(69)
Quoi qu'il en soit, la réalité
historique rapporte à ce sujet des informations contraires. Ainsi, dans Al-
'Aghânî, l'auteur rapporte ceci: «le nommé
Mru'ul-Qays embrassa l'Islam devant 'Umar (le 2e calife) qui le nomma aux
commandes avant qu'il ne fît une rak'ah - (une prière).
Quand il accepta d'adopter l'Islam que 'Umar lui eut proposé, il lui
donna l'autorité sur les Musulmans originaires de Qudâ'ah en
Syrie. L'homme repartit alors avec l'étendard (du chef) qui flottait
au-dessus de sa tête».(70)
De même, 'Alqamah b. 'Ilâthah
al-Kalbî qui, après avoir renié l'Islam et regagné
Bizance, revint à l'époque de 'Umar le calife, réembrassa
l'Islam devant lui et se vit attribuer l'autorité sur la province de
Hurân, une région de Damas (en Syrie).
C'est la réalité que nous enseigne
l'histoire, mais les 'Ulémas de l'Ecole des califes s'appuyèrent
sur des récits tels que ceux rapportés par Sayf et consorts
(étudiés dans notre livre: 150 compagnons inventés) et en
puisèrent leur critère relatif à la reconnaissance des
compagnons.
B-
L'équité des Compagnons dans les deux Ecoles
1- Selon l'Ecole des califes, tous:
Les Compagnons du Prophète sont justes et
équitables. Cet a priori lui permet de puiser
ses convictions auprès des Compagnons considérés tous
comme des références valables.
Ibn Abî Hâtim Ar-Râzî
(imam "sunnite": de la critique des rapporteurs) dit dans
l'introduction de son livre(71): «quant aux
Compagnons du Prophète (SAW), ce sont eux qui ont été
témoins de la Révélation, qui ont pris connaissance de son
interprétation et qu'Allah avait choisis pour la compagnie de Son
Prophète, pour son soutien pour l'établissement de Sa religion et
la manifestation de Sa Vérité. Il les a agréés
comme compagnons de Son Prophète et érigés pour nous comme
exemples à suivre...
Allah - glorifié soit-iL - nous appelle
à nous en tenir à leur guidance et à leur emboîter
le pas :
«Quiconque se sépare du
Messager... quiconque suit un autre chemin que celui des croyants sera
chargé par Nous de ce dont il se sera chargé ...». (V.
115/IV)(72)
On rapporte, à ce propos, qu'Abû
Zar'ah dit: «Si tu entends qn diminuer un Compagnon du Prophète (SAW),
sache alors qu'il s'agit d'un zindîq (un
hérétique). La raison en est que la prophétie est vraie,
que le Coran est vrai, que le Message qui vous est parvenu est vrai et que
c'étaient les Compagnons qui l'ont transmis. Attaquer nos témoins
c'est vouloir annuler le livre et la Sunnah. La critique ne concerne en fait
que ces hérétiques là».(73)
2- L'opposition de l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s.)
au sujet de l'équité des Compagnons.
A l'instar du Sait Coran, cette Ecole
considère que parmi les Compagnons il y eut des croyants qu'Allah a
loués, disant à propos de l'allégeance sous l'Arbre:
«Allah a très certainement
agréé les croyants quand ils t'ont prêté serment
d'allégeance sous l'Arbre (de Hudaybiyyah). Il a su ce qu'il y avait
dans leur cur et a fait descendre sur eux la quiétude et les a
gratifiés par une victoire proche». (V. 18/XLVIII)
La louange est donc spécifiée et
ne concerne que les croyants qui ont assisté à ce serment,
à l'exclusion des hypocrites qui y étaient présents comme
Abdullah b.'Ubay et Aws b. Qaydhâ.(74)
Parmi ceux-ci, certains osèrent
même calomnie la maison même du Messager d'Allah (SAW) et son foyer
conjugal, qu'Allah nous protège de ce genre de propos.(75)
Concernant d'autres, Allah dit:
«Quand ils entrevoient quelque
commerce ou quelque divertissement, ils s'y dispersent et te laissent debout».
(V. 11/LXII)
Cela s'est passé quand le Messager (SAW)
était dans la mosquée en plein serment du vendredi.
D'autres ont essayé de tuer le Messager
d'Allah (SAW) au niveau de 'Aqabah à son retour de la bataille de Tabûk
(76)ou du
pèlerinage d'adieu.(77)
Avoir bénéficié de la
compagnie du Prophète (SAW) n'est certainement pas plus
considérable que la prérogative d'être son épouse.
Le mariage avec lui constituait certes, le plus haut degré de la
compagnie. Or, Allah - exalté soit-IL - dit, au sujet des épouses
du Prophète (SAW):
«Ô femmes du Prophète!
Celle, d'entre vous, qui commettra une turpitude prouvée le
châtiment lui sera doublé par deux fois! Et ceci est facile pour
Allah. Et celle d'entre vous qui entièrement soumise à Allah,
à Son Messager et qui fait le bien, Nous lui accorderons deux fois sa
récompense et Nous avons préparé pour elle une
généreuse attribution. Ô! femmes
du Prophète vous n'êtes comparables à aucune autre femme».
(Vs. 30-32/XXXIII)
Allah dit, en ce qui concerne deux d'entre
elles:
«Si vous vous repentez à Allah,
c'est que vos curs ont fléchi. Mais si vous vous soutenez l'une l'autre
contre le Prophète, alors ses alliés seront Allah, Gabriel et les
Vertueux d'entre les croyants et les anges sont par surcroît son soutien
... jusqu'à: Allah à cité, en parabole pour ceux
qui ont mécru, la femme de Nûh (Noé) et la femme de Lot.
Elles étaient sous l'autorité de deux vertueux de Nos serviteurs.
Toutes deux les trahirent et ils ne furent, vis à vis d'Allah, d'aucune
aide pour elles (ces deux femmes). Et il fut dit: Entrez au feu, toutes les
deux avec ceux qui y entrent ...» (Sourate At-Tahrîm tout
entière LXVI)
Parlant du Jour de la Résurrection, le
Messager d'Allah (SAW) dit: «On amènera des hommes de ma
Communauté, qui seront conduits à gauche. Je dirai alors: ô
mon Seigneur! ce sont mes Compagnons! IL me dira: tu
ne sais pas ce qu'ils ont fait après toi! Je dirai ce qu'a dit le
serviteur vertueux: «et je fus témoin à leur encontre
aussi longtemps que je fus parmi eux. Puis quand tu m'as rappelé, c'est
Toi Qui fus Surveillant à leur endroit ...» (V. V117/V); IL
me dira: «ceux-là sont retournés à leur ancien
état depuis que tu les as quittés».(78)
Dans un autre récit: «Certains de
mes compagnons seront refoulés du Bassin; je les reconnais et dis: ce
sont mes compagnons! IL répondit: tu ne sais pas ce qu'ils ont commis
après toi».(79)
3- Critère pour la distinction du croyant
de l'hypocrite
Les hypocrites parmi les Compagnons
n'étaient connus que par Allah. Néanmoins, pour en informer Son
Prophète, IL en donna des indices, notamment le récit selon
lequel «'Ali ne sera aimé que par le croyant et ne sera
détesté que par l'hypocrite», rapporté par 'Ali
lui-même (a. s), Ummu Salamah (mère des croyants), Abdallah b.
Abbâs, Abû Dhar al-Ghifârî, Anas b. Malik et
'Imrân b. Huçayn. Ce récit était répandu et
célèbre à l'époque du Prophète (SAW).
En effet, Abû Dhar dit: «Nous ne
reconnaissions les hypocrites que parce qu'il leur arrivait de nier la parole
d'Allah et celle de Son Prophète, de s'absenter des prières et de
détester 'Ali b. Abî Tâlib».(80)
Abû Sa'îd al-Khudrî dit aussi:
«Nous reconnaissions les hypocrites - nous al-Ançars - à
l'animosité qu'ils avaient à l'égard de 'Ali b. Abî
Tâlib».(81)
A son tour, Abdallah b. Abbâs dit:
«À l'époque du Prophète (SAW), nous reconnaissions
les hypocrites à la haine qu'ils manifestaient à l'égard
de 'Ali b. Abî Tâlib».(82)
Jâbir b. 'Abdallah
al-Ançârî rapporte un récit similaire.(83)
A cause de tout ceci et de cet autre
récit dit en faveur de l'Imam 'Ali (a. s): «Ô Seigneur! Sois
l'Allié de ceux qui le soutiennent et l'ennemi de ses ennemis»*23,
les partisans de l'Ecole d'Ahlul-Bayt, se gardent bien de chercher les
repères de leur religion auprès d'un Compagnon qui
détestait 'Ali et ne l'aimait point de peur que ce Compagnon ne
fît partie des hypocrites que seul Allah connaît.
2e Champ de
Recherche:
Les Approches respectives de la Question de
l'Imamat, par les deux Ecoles (celle
des caifes et celle d'Ahlul-Bayt (a. s.)
En quatre chapitres:
Chap. 1: L'avènement du califat musulman
- la réalité historique
Chap. 2: Approches de l'Imamat dans l'Ecole des
califes.
Chap. 3: Approches de l'Imamat dans l'Ecole
d'Ahlul-Bayt (a. s.)
Chapitre 1
L'Avènement
du caifat musulman
La
Réalité historique
La discorde au sujet de la détention
(légitime) du pouvoir en Islam commença avec la mort du
Prophète (SAW). Celui-ci venait d'accorder la bannière d'une
expédition militaire pour le Shâm, à son mawlâ'
Ussâmah b. Zayd dont le père y fut tué par les romains. Le jeune
chef fut donc nommé à la tête d'une armée qui
comportait d'éminents Muhâjirîne (Immigrés)
et Ançars (Alliés de Médine), dont Abû
Bakr, 'Umar b. al-Khattâb, Abû 'Ubaydah, Sa'd b. Abî
Waqqâs, Sa'îd b. Zayd ... Cette armée stationna alors au
Jarf, une banlieue de Médine. D'aucuns se demandaient comment le
commandement sur al- Muhâjirîne et al-Ançars fut
assigné à un jeune homme (de vingt ans). Cette parole provoqua
une grande colère chez le Prophète (SAW) qui, la tête
bandée et le corps couvert d'une étoffe, dut s'adresser aux gens
et dire: «Quelle est cette parole qui m'est parvenue de certains d'entre
vous au sujet du commandement accordé à 'Ussâmah? Comme
vous avez auparavant critiqué l'assignation de son père à
la tête de l'expédition, alors qu'il en était digne, vous
faites de même pour le fils qui mérite, je vous l'assure,
d'être nommé à ce poste».
Après, ceux qui étaient là
parmi les effectifs de l'expédition susmentionnée, venaient dire
au revoir au Prophète avant d'aller rejoindre le corps de
l'armée. Tout en étant de plus en plus souffrant, le
Prophète (SAW) ordonnait d'expédier le détachement
d'Ussâmah. Le dimanche, la maladie du Prophète (SAW) devint plus
forte. Lundi, quand Ussâmah ordonna néanmoins à
l'armée de se préparer au voyage, l'information vint de
Médine que le Messager d'Allah (SAW) était mourant. Ussâmah,
'Umar et Abû 'Ubaydah revinrent alors à Médine.(84)
L'ordre d'écrire
le testament du Messager d'Allah (SAW)
Selon le récit d'Ibn 'Abbâs:
«Quand le Prophète (SAW) allait mourir et qu'il y avait dans la
même pièce que lui des hommes dont 'Umar b. al-Khattab, il (le
Prophète) dit: «Qu'on m'apporte (un feuillet) pour vous
écrire ce qui vous préservera de l'égarement».
'Umar, alors, répliqua: «Le Prophète souffre beaucoup et
vous avez le Livre d'Allah. Le Livre d'Allah nous suffit».
»Comme ceux qui étaient
présents n'arrivaient pas à s'entendre et se partagèrent
entre l'opinion de 'Umar et l'ordre du Prophète, celui-ci, devant leur
discussion de plus en plus hurlante et confuse, leur dit: «Sortez et
laissez moi car la discorde ne peut être de mise auprès de
moi».(85)
Après cet incident, Ibn 'Abbâs ne
cessait de dire: «La calamité, toute la calamité,
réside dans ce fait d'empêcher le Messager d'Allah, par leur
discorde en sa présence, de leur remettre cet écrit».(86)
L'attitude du calife
'Umar face à la mort du Prophète
Le Prophète (SAW) mourut un lundi
à midi. Abû Bakr n'y était pas. Il était à
Sinh. 'Umar qui était là demanda l'autorisation de le voir. Il
entra alors en compagnie d'Al-Mughîrah b. Shu'bah, découvrit le
visage du Prophète (SAW) et s'écria: «Quel
évanouissement le Messager d'Allah a subi!». Al- Mughîrah
répliqua: «Je jure par Allah que Son Messager est mort».
'Umar lui rétorqua: «Tu mens. Il n'est pas mort. Tu n'es qu'un
homme soumis à une tentation! Le Messager d'Allah ne mourra
qu'après l'extinction des hypocrites».(87)
'Umar continuait à dire: «Des
hommes parmi les hypocrites prétendent que le Messager d'Allah est mort.
Or il n'en est rien. Il s'est simplement rendu auprès de Son Seigneur
comme l'avait fait Mûssâ (Moïse) avant lui pendant quarante
nuits. Je jure par Allah que Son Messager reviendra et coupera des mains et des
pieds de ceux qui prétendent qu'il est mort».(88) «Avec mon épée, j'abattrai
quiconque prétend que le Prophète est mort. Il est simplement
monté au ciel».(89)
On lui récita alors ce verset: «Muhammad
n'est qu'un Messager; des Messagers ont vécu avant lui. Retournerez-vous
sur vos pas, s'il mourait ou s'il était tué?» (V.
144/III)(90)
Al-'Abbâs b. Abdul-Muttalib (l'oncle du
Prophète) dit alors: «Le Messager d'Allah est certes mort. J'ai vu
sur son visage ce que j'ai toujours vu à leur agonie sur les visages des
fils de 'Abdel-Muttalib. A sa mort, le Prophète a-t-il testé
devant quelqu'un parmi vous, dites, que l'on sache!» Ils
répondent, non. Il conclut alors: «Soyez en témoins».(91)
Pourtant, 'Umar continuait à parler,
à écumer jusqu'à ce qu'Abû Bakr revînt de Sinh
et lût: «Muhammad n'est qu'un Messager...», le verset
précédent 'Umar demanda alors : «Ce verset figure-t-il
dans le Livre d'Allah?». Oui, répondit Abû Bakr. 'Umar se
tut alors.(92)
La "Saqîfah" et le serment d'allégeance
prêté à Abû Bakr
A ce sujet, At-Tabarî(93) rapporte ceci: «Les Ançars se
réunissent au préau de Banî Sâ'idah (la Saqîfah)
alors que la famille du Prophète (SAW) s'occupait de sa dépouille
mortelle. Ils dirent: «Après Muhammad (SAW), nous chargeons Sa'd
b. 'Ubâdah du pouvoir (politique)». On le leur amena malade ....
Quand il prit la parole et après avoir loué Allah, il rappela la
primauté d'al-Ançar dans le domaine religieux, leur mérite
en Islam, la puissance qu'ils avaient donnée au Prophète et
à ses Compagnons, et leur jihâd contre les ennemis, un jihâd
qui a duré jusqu'à ce que les Arabes allassent droit. Le
Prophète est resté, jusqu'à sa mort, satisfait d'eux.
«Accaparez donc ce pouvoir ...», ordonna-t-il.
Tous répondirent: «Tu as bien vu et bien dit; nous pensons
comme toi et nous t'en investissons». Par après, les Ançars
ont discuté et dit: «Si les immigrés Quraychites protestaient
en disant: ce sont nous les Muhâjirîne, les premiers Compagnons du
Prophète, sa tribu et ses alliés; pourquoi alors nous
disputez-vous son pouvoir (après lui)? Nous rétorquerions alors,
répondit une fraction d'entre eux, "un prince de nous et un prince
de vous!"». Sa'd b. 'Ubaydah répliqua alors: «Ce que
vous venez de dire est le début de votre faiblesse».(94)
Abû Bakr et 'Umar eurent écho de
cette réunion et se hâtèrent d'y aller en compagnie
d'Abî 'Ubaydah b. al-Jarrâh, 'Ussayd b. Hudayr, 'Uwaym b.
Sâ'idah et 'Âçim b. Adiy des Banî 'Ajlân.(95)
Une fois arrivé, Abû Bakr
empêcha 'Umar de parler, prit la parole et, après avoir
loué Allah, rappela aux assistants la primauté
d'al-Muhâjirîne sur tous les Arabes quant à la foi qu'ils
avaient eue en le Prophète (SAW): «Ils (al-Muhâjirîne)
sont les premiers à avoir adoré Allah sur terre, cru en Son
Messager dont ils sont les alliés et le clan. Ce sont eux qui ont le
plus droit à ce pouvoir; ne le leur disputera qu'un homme
injuste». Abû Bakr ajouta aussi: «Après les premiers
Muhâjirîne, personne n'a votre rang. Nous sommes donc les princes
et vous les ministres». Al-Hubâb b. al-Mundhir se tint alors debout
et dit: «Ô les Ançars, prenez vos affaires en mains et
sachez que les gens sont chez vous, sous votre ombre. Personne ne pourra vous
contrarier mais si vous vous opposiez votre position se gâterait et votre
situation serait intenable. Si ces gens persistent... un prince sera de nous et
un prince sera d'eux».
'Umar répliqua: «Loin de là!
Deux (épées) ne sauraient tenir en un seul étui ... Par
Allah, les Arabes n'accepteront pas de vous investir alors que leur
Prophète vient d'un autre clan que le vôtre. Par contre, ils
n'hésiteront pas à le faire au profit de ceux dont la
prophétie émana. Sur nos adversaires nous avons l'argument
manifeste et la probation évidente. Qui osera nous disputer le pouvoir
de Muhammad et Sa place alors que nous sommes ses alliés et son clan, à
moins qu'il s'agisse d'un homme parlant faux ou se précipitant dans le
péché ou s'engouffrant dans une calamité».(96)
Al-Hubâb b. al-Mundhir reprit la parole et
dit: « Ô les Ançars, gardez vos mains et n'écoutez
pas ce que disent cet homme et ses compagnons, sinon votre part en cette
affaire sera usurpée. S'ils refusent ce que vous leur proposez,
chassez-les de ce pays et emparez-vous de ces questions car, par Allah, vous en
êtes plus dignes qu'eux. C'était avec vos épées que tout
rebelle à cette religion s'y était finalement soumis. Sachez que
je suis un as en cette affaire! Si, par Allah, vous le voulez bien, on
l'attisera de plus belle!»
'Umar répliqua: «Allah te tuerait
alors!»
Al-Hubâb répondit: «C'est toi
qu'IL tuera!»
Abû Ubaydah prit la parole et dit: «Ô
les Ançars! Vous étiez les premiers à soutenir et à
aider; ne soyez pas alors les premiers à changer et à
altérer!»
Bachîr b. Sa'd al-Khazrajî,
Abûn-Nu'mân b. Bachîr se tint alors debout et dit:
«Ô les Ançars! Certes, par Allah, nous avons eu le
mérite de combattre les polythéistes, notre primauté en
cette religion est évidente mais notre but était
l'agrément d'Allah, l'obéissance à notre prophète
et servir notre propre intérêt. Il ne convient pas donc d'en user
pour avoir le dessus sur les gens ou avoir quelque profit de ce bas-monde. A
nous ce qu'Allah nous accorde de biens. Muhammad (SAW) est originaire de
Quraych; les siens sont donc les ayants droits. Je jure par Allah qu'il ne me
verra jamais leur disputer ce droit. Craignez donc Allah et ne vous opposez pas
à eux!»
Abû Bakr dit alors: «Voici 'Umar,
voici Abû 'Ubaydah, prêtez allégeance à l'un de ces
deux hommes!»
Ceux-ci dirent alors: «Par Allah, nous ne
prendrons jamais le pas sur toi ...»
A son tour, 'Abdur-Rahman b. 'Awf se tint debout
et dit: «Ô les Ançars! Bien que vous soyez méritants,
il n'y a pas parmi vous des hommes tels qu'Abû Bakr, 'Umar et
'Ali».
Al-Mundhir b. al-Arqam répliqua alors:
«On ne nie pas le mérite de ceux que tu as cités puisque
l'un d'eux aurait l'unanimité pour lui s'il venait à se
proposer-il», fit allusion à 'Ali b. Abî Tâlib.(97) Les Ançars ou certains parmi eux disent
alors: «Nous ne prêtons allégeance qu'à 'Ali».
Quand l'assemblée devint houleuse et que
les voix s'élevaient, je craignis, raconta 'Umar, la discorde et
déclarai (à l'intention d'Abî Bakr): «Tends la main
que je te prête serment d'allégeance!» A ce moment là
Bachîr b. Sa'd les devança et prêta allégeance
à Abî Bakr. Al-Hubâb b. al-Mundhir interpella alors:
«Ô! Bachîr b. Sa'd, tu as trahi, as-tu envié ton
cousin au sujet du poste suprême?» L'autre répondit:
«Non, par Allah mais je n'ai pas voulu disputer aux gens le droit
qu'Allah leur a accordé».
Quand Al-Aws (l'une des deux tranches d'al-
Ançars, l'autre étant al-Khazraj) réalisèrent ce
que fit Bachîr b. Sa'd, les revendications de Quraych et l'ambition
d'al-Khazraj à l'investiture de Sa'd b. 'Ubâdah, ils se disent
parmi-eux il y avait 'Ussayd b. Hudayr l'un des chefs
délégués - : «Par Allah! si
al- Khazraj ont une fois le dessus sur vous, ils prendront pour toujours le pas
sur vous et ils ne vous concéderont jamais rien! Allez donc prêter
serment d'allégeance à Abû Bakr!».
Ils se levèrent alors et
prêtèrent serment d'allégeance. Les gens vinrent ensuite,
de toute part, pour faire de même. Le projet de Sa'd b. 'Ubâdah et
d'al-Khazraj avorta enfin et Sa'd faillit être piétiné. Des
gens de son camp demandèrent: «Faites attention à Sa'd, ne
le piétinez pas!»
'Umar rétorqua: «tuez le, qu'Allah
le tue!»
Ensuite 'Umar se tint debout près de sa
tête et lui dit: «J'allais te piétiner tout à l'heure
jusqu'à te faire crever!».
Qays b. Sa'd, (le fils du prétendant
malade) saisit alors la barbe de 'Umar et lui dit: «Par Allah, si tu
avais fait tomber un cheveu de sa tête, tu ne serais pas revenu chez toi
avec une dent, dans ta bouche!»
Abû Bakr intervint en disant: «Vas-y
doucement ô 'Umar! Ici la douceur est la plus efficace!».(98)
Sa'd reprit à l'adresse de 'Umar et lui
dit: «Par Allah, si j'avais encore mes forces, si je pouvais me lever, tu
entendrais à travers ses régions (de Médine) et ses rues
le rugissement qui vous ferait entrer dans votre trou, toi et tes compagnons!
Tu aurais alors rejoint les tiens, là où tu n'étais pas
suivi mais subalterne; emmenez-moi d'ici ...».(99)
Al-Jawharî (Abû Bakr) rapporte dans
son livre As-Saqîfah, que 'Umar s'était au moment de
l'allégeance prêtée à Abû Bakr,
retroussé et accourait devant Abî Bakr en répétant: «Les
gens ont effectivement prêté serment d'allégeance à
Abû Bakr ...!»(100)
Ce dernier fut alors conduit à la
Mosquée pour que l'allégeance y continuât. Al-'Abbâs
et 'Ali qui n'avaient pas encore achevé le lavage rituel du Prophète
(SAW) entendirent le Takbîr (la glorification d'Allah) dans la
Mosquée. 'Ali demanda: «Qu'est-ce que c'est?» Al-Abbâs
répondit: «C'est du jamais vu! Ne t'avais-je pas dit ...?»(101)
Al-Barâ'b b. 'Âzib frappa à
la porte de Banî Hâchim et leur annonça la nouvelle de
l'allégeance prêtée à Abî Bakr. Certains
d'entre eux dirent: «Les Musulmans n'auraient pas dû entreprendre
quoi que ce soit en notre absence puisque nous sommes les plus dignes de
Muhammad (SAW)». Al-'Abbâs dit aussi: «Par le seigneur de la
Ka'bah! Ils l'ont fait»
C'est que les Muhâjirîne et
al-Ançars, dans leur majorité, ne doutaient pas que le pouvoir
suprême après le Messager d'Allah, allât être
dévolu à 'Ali.(102)
At-Tabarî rapporte aussi à ce sujet
que la tribu "Aslam" entra en grand nombre à Médine, au
moment de la réunion d'As-Saqîfah, et prêta serment
d'allégeance à Abû Bakr. Content, 'Umar dit alors:
«Quand j'ai vu "Aslam" surgir, j'ai cru, à coup
sûr, en la victoire».(103)
Quand l'allégeance fut
prêtée à Abû Bakr, les gens le conduisaient (tel un
homme en cortège nuptial) à la Mosquée du Messager d'Allah
(SAW). Abû Bakr monta alors sur la chaire du Prophète (SAW) et
reçut l'allégeance des gens jusqu'au soir; c'est-à-dire
que cela leur a fait oublier l'inhumation de la dépouille du
Prophète (jusqu'au soir du mardi).(104)
Le lendemain, Abû Bakr s'assit sur la
chaire. 'Umar prit alors la parole avant Abû Bakr, loua Allah, reconnut
que ses paroles de la veille n'étaient ni du Coran ni du Prophète
qui leur légua le Livre d'Allah, qui les guiderait s'ils s'y
accrochaient et ajouta enfin qu'Allah les a réunis autour du meilleur d'entre
eux, le Compagnon du Messager d'Allah «tous deux dans la grotte»
(V. 40/IX): «Levez-vous donc, continua 'Umar, et prêtez-lui serment
d'allégeance!». Ce fut alors l'allégeance
générale après celle (restreinte) de la Saqîfah
(le préau). Comme le précisa Al-Bukhârî dans son Sahîh
(Tom. 4, p. 165). L'initiative de 'Umar qui incita Abû Bakr à
monter sur la chaire du Prophète est rapportée par Anas b.
Mâlik.
Ensuite Abû Bakr donna son discours.
Après les louanges adressées à Allah, il dit: «On
m'a chargé d'exercer le pouvoir sur vous sans être meilleur que
vous. Si j'agis bien aidez-moi, sinon corrigez moi ... Obéissez-moi tant
que j'obéis à Allah et à Son Messager. Si je
désobéis à Allah et à Son Messager je perdrai tout
droit à votre obéissance. Levez-vous pour accomplir votre
prière, qu'Allah vous accorde Sa Miséricorde».(105)
Selon Ibn Sa'd, le Messager d'Allah mourut un
lundi juste après midi mais les gens s'étaient occupés
à autre chose que son inhumation(106) et ce,
jusqu'à mardi soir.(107) Ces
occupations étaient d'abord les discours de la Saqîfah puis la
première allégeance prêtée à Abû Bakr
et celle de la Mosquée, accompagnée de son discours et celui de
'Umar. Après tout cela, les gens se sont intéressés aux
opérations funèbres relatives à la dépouille du
Prophète (SAW). Les gens sont entrés alors par groupes pour faire
sur lui, sans imam, la prière rituelle (qui procède l'enterrement).
L'inhumation du
Messager d'Allah (SAW) - ceux qui y étaient présents
Al-'Abbâs, 'Ali, Al-Fadl et Sâlih,
son serviteur, qui s'étaient chargés de son lavage, le
portèrent. Sur la quatrième personne, les récits
divergent, était-ce Sâlih, Shaqrân ou Ussâmah b. Zayd?(108)
Selon une version rapportée dans Kanz
al-'Ummâl, Abû Bakr et 'Umar n'assistèrent pas à
l'enterrement du Prophète (SAW).(109)
Aïsha rapporte ceci: «On n'a appris
l'inhumation du Messager qu'après avoir entendu la nuit le crissement
des pelles. C'était la veille de mercredi».(110)
Selon Ibn Sa'd, seuls les proches du
Prophète (SAW) s'étaient chargés de son inhumation. Banu
Ghanm entendirent chez eux le crissement des pelles.(111)
Après
l'inhumation du Messager (SAW)
Sa'd b. 'Ubâdah et ses partisans avaient
donc échoué. 'Ali et son groupe sont devenus une minorité.
Ils se chamaillaient avec le parti victorieux d'Abû Bakr. Les uns et les
autres uvraient pour s'attirer la sympathie des Ançars.
Az-Zubayr b. Bakkâr rapporte dans Al-Muwaffaqiyât
qu'après l'investiture d'Abû Bakr, beaucoup d'ançarites
regrettèrent de lui avoir prêté allégeance, s'en
blâmaient, évoquèrent 'Ali b. Abî Tâlib et
l'acclamèrent.(112)
Al-Ya'qûbî rapporte que des
Muhâjirîne et des Ançars refusèrent, toutefois, de
prêter allégeance à Abû Bakr et penchaient pour 'Ali
b. Abî Tâlib. Parmi eux, il y eut Al-'Abbâs b. 'Abdel-Muttalib,
Al-Fadl b. 'Abbâs, Az-Zubayr b. al-'Awwâm, Khâlid b.
Sa'îd, Al-Miqdâd b. 'Amru, Salmâm al-Fârissî,
Abû Dhar al- Ghifârî, 'Ammâr b. Yâssir, Al-Bara'
b. 'Azib, 'Ubay b. Ka'b ...
Abû Bakr fit venir alors 'Umar, Abu
'Ubaydah b. al- Jarrah et Al-Mughîrah b. Shu'bah et les consulta:
«Que faire?»
Al-Jawhari rapporte qu'Al-Mughîrah b.
Shu'bah conseille à Abû Bakr d'aller voir Al-'Abbâs b.
Abdel-Muttalib, et de lui concéder une part du pouvoir, qu'il
léguerait à sa postérité. «Ainsi, ajouta
Al-Mughîrah, vous isolerez 'Ali b. Abî Tâlib et votre
argument sera très fort vis à vis de 'Ali».
La nuit, Abû Bakr, 'Umar, Abû
'Ubaydah, Al- Mughîrah sont allés voir Al-'Abbâs qui,
après avoir compris leur proposition, les récusa.
Le retranchement dans
la maison de Fatima (a. s.)
'Umar b. al-Khattâb dit:
«Après la mort du Prophète, 'Ali, Az-Zubayr et ceux qui
étaient avec eux se sont retranchés dans la maison de
Fatima».(113)
Les historiens citent les noms de ceux qui
étaient avec 'Ali et Az-Zubayr:
1- Al-'Abbâs b. 'Abdel-Muttalib
2- Utabah b. Abî Lahab
3- Salmân al-Fârissî
4- Abû Dhar al-Ghifârî
5- 'Ammâr B. Yâssir
6- Al-Miqdâd b. al-Aswad
7- Al-Barâ' b. 'Azib
8- 'Ubay b. Ka'b
9- Sa'd b. Abî Waqqâs
10- Talha b. 'Ubaydillah
et des groupes de Hashimites,
d'al-Muhâjirîne et d'al-Ançars.(114)
Ce retranchement est rapporté d'une
façon régulière et inaltérée par un grand
nombre de narrateurs dans les livres de la Sîrah, de l'histoire,
des hadîths, de la littérature de la théologie, des
biographies ... mais, ayant mal apprécié ce qui s'était
passé entre les retranchés et le parti vainqueur, ces auteurs
clarifièrent rarement les événements en question.
Al-Balâdhurî par exemple, rapporte
que lorsque 'Ali (a. s.) s'est abstenu de l'allégeance en faveur
d'Abû Bakr, celui-ci envoya 'Umar b. al-Khattâb avec l'ordre de le
lui amener avec rigueur et sévérité. Une fois
arrivé chez 'Ali, celui-ci dit à 'Umar après une vive
discussion: «Tu procèdes à une traite dont tu auras la
moitié. Par Allah! tu n'insistes aujourd'hui
pour consolider son investiture que pour qu'il te la lègue
demain!»(115)
Au cours de la maladie qui précéda
sa mort, Abû Bakr dit: «Je ne regrette dans cette vie d'ici-bas que
trois actes que je n'aurais pas dû commettre. D'abord j'aurais
aimé ne pas avoir découvert la maison de Fatima même s'ils
s'y étaient retranchés avec l'intention de déclarer la
guerre».(116)
Quant à la manière dont on avait
procédé pour découvrir la maison de Fatima et contrecarrer
les hommes qui s'y étaient retranchés, des historiens rapportent
que certains Muhâjirîne n'étaient pas contents de
l'allégeance prêtée à Abû Bakr. Parmi eux 'Ali
et Az-Zubayr qui se retranchèrent avec des armes dans la maison de
Fatima.(117)
Dans une autre version, ils s'y étaient
réunis pour prêter allégeance à 'Ali(118). Abû Bakr leur envoya 'Umar b.
al-Khattâb pour les en sortir bon gré mal gré. 'Umar y alla
avec une torche de feu allumé pour incendier la maison (en cas de
besoin).
Fatima lui demanda: «Viens-tu, ô
'Umar pour brûler notre maison?». «Oui, répondit-il,
à moins que vous entriez dans le giron de la Communauté».(119)
Selon Al-Ya'qûbî, «Ils y sont
allés ('Umar et son groupe), investirent la maison, après que
l'épée de 'Ali eut été cassée»
(Al-Ya'qûbî, 2/126). Selon At-Tabarî c'était Zubayr
qui sortit de la maison, l'épée brandie, tituba et perdit
l'épée que les envahisseurs finirent par récupérer.(120)
Al-Jawharî (Abû Bakr) rapporte que:
'Ali répétait: «Je suis le serviteur d'Allah et le
frère du Messager d'Allah», tout au long du chemin jusque devant
Abû Bakr. Quand on lui ordonna de prêter allégeance, il dit:
«C'est moi qui suis l'ayant droit. Je ne vous prêterai pas
d'allégeance. C'est vous qui devez le faire pour moi. Vous avez
évincé les Ançars en avançant que vous êtes
les proches du Messager d'Allah. Si vous êtes justes, comme les
Ançars ont reconnu le bien fondé de votre argumentation, faites
de même en reconnaissant que je suis plus proche de lui que vous.
Craignez Allah, soyez équitables sinon-vous le savez bien, l'injustice
sera votre lot».
'Umar dit alors: «Tu ne partiras
qu'après avoir prêté allégeance!». 'Ali
répondit: «Procède, ô! 'Umar à une traite dont
tu auras la moitié; consolide aujourd'hui son pouvoir pour qu'il te le
lègue demain. Non, par Allah, je n'accepte pas ton propos et ne le suis
point». Abû Bakr dit alors: «si tu ne prête pas
allégeance je ne t'y forcerai pas». Abu 'Ubaydah intervient alors
et dit: «Ô Abûl-Hassan ('Ali)! Tu es encore jeune et tu n'as
pas encore l'expérience et le savoir-faire des anciens de Quraysh ton
peuple. A mon avis, Abû Bakr est plus à même que toi
d'assumer cette affaire, concède la lui et sois en content car si tu vis
longtemps, tu es certes digne, intègre, méritant par ton lien de
parenté, ton passé glorieux et ton jihâd».
'Ali répliqua et dit: «Ô les
Muhâjirîne! Allah! Allah! Ne sortez pas le pouvoir de Muhammad de
sa maison pour l'installer dans les vôtres. N'évincez pas sa
famille de son rang dans la Communauté. Je jure par Allah, ô les
Muhâjirîne, que nous les Ahlul-Bayt sommes les ayants droits bien
avant vous. N'était-ce pas parmi nous qu'il y avait le liseur du Livre
d'Allah? Le docte dans la religion d'Allah? L'érudit de la sunnah?
L'apte à gérer les affaires publiques? Par Allah! C'est chez nous
qu'il réside; ne succombez donc pas à vos passions, sinon vous
vous éloignerez encore plus du droit et de la justice!».
Bachîr b. Sa'd lui dit alors:
«Ô 'Ali! Si les Ançars avaient entendu ton propos avant de
prêter allégeance à Abû Bakr, ils n'auraient pas
hésité à te soutenir mais, c'est trop tard (cela est fait)».
'Ali est reparti chez lui sans avoir prêté allégeance
(Al-Jawharî selon An-Nahj, 2/3-5).
Ce dernier rapporte aussi qu'après avoir
réalisé ce qui était arrivé à 'Ali et
à Zubayr, Fâtimah (a. s) s'est tenue au seuil de sa maison et dit:
«Ô Abû Bakr! Pour envahir la famille du Messager d'Allah vous
êtes allés vite en besogne. Par Allah, je n'adresserai jamais la
parole à 'Umar, jusqu'à ce que je rencontre Allah».(121)
Dans une autre version: Fatima est sortie de
chez elle, en pleurs. Elle criait et les gens s'en abstenaient.(122)
Al-Ya'qûbî, (relatant les
événements de la maison) rapporte qu'elle (Fatima) devança
les intrus au seuil de sa porte et dit: «Par Allah! Ou bien vous sortirez
ou bien je découvrirai mes cheveux et crierai à Allah».
Tout le monde sortit alors de la maison.(123)
Al-Mas'ûdî rapporte ceci: quand
Abû Bakr a bénéficié de l'allégeance des gens
à la Saqîfah et qu'on la lui a renouvelée le mardi, 'Ali
alla à sa rencontre et lui dit: «Tu as gâché
l'état des choses; tu n'as pas consulté et tu n'as eu aucune
considération à notre égard!». «Si,
répondit Abû Bakr, mais j'ai craint la fitnah (la
tentation, la sédition)».(124)
Al-Ya'qûbî rapporte aussi qu'un
groupe (de musulmans) proposa à 'Ali de lui prêter serment
d'allégeance. Ce dernier leur dit alors: «Rendez-vous tôt
chez moi les têtes rasées». Le lendemain matin, seules trois
personnes s'étaient rendues chez lui.(125)
Par après, 'Ali porta Fatima sur un
âne, se rendit de nuit avec elle chez les Ançars pour leur
demander de le soutenir. Fatima leur demandait la même chose. Tous
disaient: «Ô fille du Messager d'Allah! Notre allégeance a
été prêtée à cet homme! Si ton cousin avait
précédé Abû Bakr chez nous, nous ne l'aurions pas
laissé pour un autre». 'Ali leur rétorqua alors:
«Est-ce-que j'aurais pu laisser la dépouille mortelle du Messager
d'Allah (SAW) chez lui, sans procéder aux opérations
funèbres nécessaires! Aurais-je dû sortir à ce
moment là disputer aux gens le devenir de son pouvoir?». A son
tour, Fatima dit: «Adûl-Hassan ('Ali) n'a fait que ce qu'il devait
faire. Quant à eux, ils ont fait ce dont ils sont responsables devant
Allah».(126)
Mu'ammar rapporte à partir
d'Az-Zuhrî citant Aïsha, la mère des croyants, le
récit relatant ce qui s'est passé entre Fatima et Abû Bakr
au sujet de l'héritage légué par le Prophète (SAW):
«Fatima a donc rompu avec lui (Abû Bakr) et, jusqu'à sa
mort, ne lui adressa point la parole. Elle a vécu six mois après
la mort du Prophète (SAW). Son époux l'a enterrée, a
prié sur elle sans prévenir Abû Bakr. De son vivant, 'Ali
jouissait parmi les gens de certains égards. Après mort, ils
l'ont ignoré et délaissé. Un homme demanda à
Az-Zuhrî: pendant six mois, 'Ali n'a donc pas prêté serment
d'allégeance à Abû Bakr? - Non, répondit
Az-Zuhrî, les Banî-Hâshim, non plus. Lorsque 'Ali a pris acte
du changement d'attitude à son égard, il se résolut
à prêter allégeance et les Banî-Hâshim lui
emboîtèrent le pas».(127)
Al-Balâdhurî dit: quand des Arabes
avaient manifesté leur apostasie (après la mort du
Prophète) 'Uthmân alla voir 'Ali et lui dit: «Ô mon
cousin! Personne n'ira combattre l'ennemi tant que tu ne prêtes pas
allégeance». Il lui parlait ainsi jusqu'à ce qu'il se
décidât finalement à aller voir Abû Bakr et à
lui prêter serment d'allégeance. Les Musulmans
manifestèrent alors leur joie, s'activèrent pour le combat et
cessèrent d'envoyer des délégations ...(128)
Même après avoir prêté
allégeance, 'Ali continuait à se plaindre de ce qui s'est
passé après la mort du Prophète. Ses plaintes furent
notées même au cours de son califat. Le prouve son sermon
célèbre appelé Ash-Shiqshiqiyyah.
La désignation
de 'Umar au califat son investiture
Malade, Abû Bakr appela 'Uthmân seul
chez lui. «Ecris, lui ordonna-t-il: Au Nom d'Allah le Clément le Miséricordieux,
voici le testament d'Abû Bakr b. Abî Quhâfah, adressé
aux Musulmans. Ensuite ... (Abû Bakr s'évanouit à ce moment
là, dit le narrateur, 'Uthmân écrit (de son propre chef):
J'accorde l'autorité sur vous (je désigne calife) à 'Umar
b. al-Khattâb. En cela, tout le bien est pour vous!.
Quand il s'est réveillé, il demanda à 'Uthmân de lui
lire ce qu'il avait écrit. Lorsque ce dernier s'exécuta,
Abû Bakr dit Allahu Akbar et remarqua: «Je vois que tu as
prévenu la discorde chez les gens si jamais je venais à mourir
dans mon évanouissement de tout à l'heure!».
«Oui», affirma 'Uthmân. «Qu'Allah te récompense
pour l'Islam et les Musulmans». Abû Bakr confirma alors tel quel le
texte écrit par 'Uthmân.
Dans l'histoire d'At-Tabarî, 'Umar
était assis parmi des gens. Il tenait une branche de dattier. A
coté de lui, Shadîd, un serviteur d'Abû Bakr, tenait le
feuillet dans lequel figurait la désignation de 'Umar au califat. 'Umar
s'adressait aux gens en disant: «Ô les gens! Ecoutez et
obéissez à la parole du successeur du Messager d'Allah, qui dit
(dans son testament) qu'il vous a donné le meilleur conseil!».(129)
Quel contraste entre cette attitude de 'Umar et
celle qu'il avait eue à l'égard de la volonté du Messager
d'écrire son testament!!
La
délibération et l'investiture de 'Uthmân
Dans Al-'Iqdul-Farîd, Ibn 'Abdi
Rabbih rapporte ceci: quand 'Umar fut frappé par la lance, on lui
proposa de désigner quelqu'un à sa succession. En guise de
réponse, il dit: «J'aurais désigné Abu 'Ubaydah b.
al- Jarrah, s'il était resté en vie. Si Allah me demande pourquoi
je le fais, je lui dirai que j'ai entendu Son Prophète dire qu'Abû
'Ubaydah est l'homme de confiance dans cette Communauté. J'aurais
désigné Sâlim, Mawlâ Abî Hudhayfah s'il
était resté en vie. Si Allah me demande pourquoi je le fais, je
lui dirai que Son Prophète dit que Sâlim aime Allah, Le craint et
ne Lui désobéit point».(130)
Dans une autre version, 'Umar dit aux gens qui
lui demandèrent de tester en faveur de quelqu'un: «Après ce
que je vous avais dit, je me suis résolu à désigner un
homme - en montrant 'Ali - capable, comme je l'espère, de vous conduire
dans le droit chemin. Puis je me suis ravisé. C'est que je ne veux pas
en porter le fardeau vivant et mort ...»
Selon Al-Balâdhurî, 'Umar dit
encore: «Faites venir 'Ali, 'Uthmân, 'Abdur-Rahmân b. Awf et
Sa'd b. Abî Waqqâs». Une fois réunis chez lui, 'Umar
n'adressa la parole qu'à 'Ali et à 'Uthmân: «Ô,
'Ali! il se peut que ces gens reconnaissent tes liens
de parenté avec le Prophète (SAW) et ce qu'Allah t'a donné
de Fiqh (savoir religieux) et de science. Crains donc Allah (sois
pieux) si on te désigne à ce poste». Ensuite, 'Umar dit
à 'Uthmân: «Ô 'Uthmân, il se peut que ces gens
reconnaissent ton alliance avec le Prophète et considèrent ton
âge. Crains donc Allah si on te désigne à ce poste. Ne
porte pas Âl Abî Mu'ayt (ton clan, Bani Umayyah) sur les nuques
(dos) des gens». Enfin 'Umar ordonna de faire venir 'Çuhayb
à qui il enjoignit de guider pendant trois jours la prière (faite
en commun dans la Mosquée). Que ces (les six précédents)
s'isolent dans une pièce pour délibérer. S'ils sont
unanimes à désigner l'un d'entre eux, qu'on coupe la tête
à quiconque s'opposera à eux. Lorsqu'ils sont sortis de chez lui,
'Umar dit: s'ils investissent le chauve ('Ali), il les conduira dans le droit
chemin!».
Al-Muhib Tabarî rapporte autrement ce
même propos de 'Umar (Ar-Riyâdun-Nadirah, 2e éd,
Egypte, 1373 h., 2/95): «Quel serait leur
exploit s'ils désignaient le chauve. Comme il est capable de les
maintenir dans le Vrai fût-il menacé d'une épée sur
le cou!» Mohamed b. Ka'b lui demanda alors: «lui reconnais-tu cela
et tu ne le désignes pas?!» 'Umar lui dit: «Si j'omets de le
faire pour eux un meilleur que moi avait fait de même avant moi».
Dans une autre version rapportée par
Al-Ya'qubî et Al-Balâdhurî, 'Umar dit une fois: «On
remarque que l'allégeance prêtée à Abû Bakr
était brusque et celle prêtée à 'Umar non
procédé de délibération. Eh bien! Après moi,
l'affaire se conclura après délibération: si les six se
partagent en deux groupes, l'un de quatre, l'autre de deux (voix), qu'on suive
le groupe majoritaire. Si les voix des deux groupes sont équivalentes
(3+3) qu'on suive l'opinion de 'Abdur-Rahmân b. 'Awf; écoutez et
obéissez et, quand il bat d'une main sur l'autre, suivez-le».
Al-Muttaqî rapporte aussi (Kanzul-'Ummâl,
3/160) à partir de Mohamed b. Jubayr citant son père: 'Umar dit:
«Si 'Abder-Rahmân b. 'Awf bat d'une main sur l'autre, prêtez
allégeance!»
Selon Aslam, 'Umar dit: «prêtez
serment d'allégeance à un homme désigné par
'Abder-Rahmân b. Awf et coupez la tête à quiconque s'y
refuse».
Il apparaît de ce qui
précède que le calife 'Umar concentra la question de la
candidature entre les mains de 'Abdur-Rahmân b. Awf à qui il
enjoignit de poser aux autres candidats la condition préalable de suivre
la politique des deux Sheikhs (les deux califes Abû Bakr et 'Umar). Ils
savaient d'une part que l'Imam 'Ali se refuserait sûrement à
considérer la politique des deux Sheikhs comme faisant partie des
piliers de la politique islamique (le Livre d'Allah et la sunnah du Messager
SAW), d'autre part que 'Uthmân y consentirait volontiers. Le dernier
bénéficierait alors de l'allégeance et 'Ali, dans le cas
où il s'y opposerait, serait menacé de mort.
En outre, cette thèse est prouvée
par le récit rapporté par Ibn Sa'd dans At-Tabaqât,
à partir de Sa'îd b. al-'Açi: «Ce dernier alla un
jour demander au calife 'Umar de lui accorder une parcelle de terre
supplémentaire en vue de l'élargissement de sa maison. Le calife
lui donna rendez-vous pour le lendemain après la prière de
l'aube. Une fois chez Sa'îd b. al-'Açi, le calife lui
délimita le terrain en le traçant des pieds. Quand Sa'îd le
supplia d'en augmenter la superficie (en raison de sa famille nombreuse), 'Umar
lui dit: «Cela te suffit et voici un secret que tu dois garder pour toi:
celui qui prendra le pouvoir après moi considérera bien ton lien
de parenté et satisfera ta demande». Sa'îd raconte:
«J'attendais alors jusqu'à ce que 'Uthmân fût
chargé du califat après délibération et
agrément. Par après, 'Uthmân m'a fait beaucoup de bien,
satisfait ma demande (antérieure) et m'a même associé dans "des
responsabilités"».
Le calife 'Umar avait donc informé
Sa'îd b. al-'Açi qu'un homme de sa famille (umayyade) prendrait le
pouvoir et déclaré que c'était une confidence à
bien garder. Il s'ensuit que la question de l'investiture de 'Uthmân a
été tranchée du vivant même du calife 'Umar et que
la désignation des six candidats fut manuvrée pour faire passer
l'affaire en douceur et à la satisfaction générale.
Quant à la mise de l'Imam 'Ali sous la
menace de l'exécution, le prouve, en plus de ce qui
précède, le récit rapporté par Ibn Sa'd à
propos du même Sa'îd b. al-'Açi: «Un jour 'Umar dit
à Sa'îd al-'Açi: «Pourquoi t'éloignes-tu de
moi comme si tu croyais que j'ai tué ton père? Ce n'est pas moi
qui l'ai tué, c'est 'Ali b. Abî Tâlib». Son
père (dans le camp des infidèles) fut tué dans la bataille
de Badr.
N'y avait-t-il pas là une incitation
contre l'Imam 'Ali et une vivification de la haine et des rancunes?
L'Imam 'Ali (a. s.)
savait que le califat fut volontairement écarté de lui
L'Imam 'Ali savait qu'on le repoussait
volontairement du califat. Toutefois, il continuait de participer aux
délibérations pour qu'on ne prétendît pas qu'il se
désintéressait du califat. Le récit suivant prouve que
l'Imam savait ce qu'on tramait contre lui.
Al-Balâdhurî (Ansâbul-Ashrâf,
5/19) rapporte que 'Ali s'est plaint auprès de son oncle Al-'Abbâs
de l'injonction de 'Umar, selon laquelle l'investiture devrait échoir
dans le groupe où se trouvait 'Abdur-Rahmân b. 'Awf. 'Ali dit:
«Par Allah, la partie est perdue pour nous!». Al-'Abbâs
demanda alors: «Ô mon neveu! comment le
sais-tu?» 'Ali répondit: «Sa'd n'ira pas à l'encontre
de son cousin 'Abder-Rahmân b. Awf; ce dernier est l'égal de
'Uthmân et son beau-frère c'est à dire que l'un ne
s'opposera sûrement pas à l'autre. Même si Az-Zubayr et
Talhah étaient de mon côté, cela ne me profiterait pas du
moment qu'Ibn 'Awf se trouve avec les autres». (Voir Al-'Iqdul-Farîd,
3/74).
Dans la référence
précédente (p. 21), Abû Mikhnaf rapporte ceci: quand 'Umar
fut enterré (un dimanche le 4e jour de son assassinat), les candidats
à la délibération s'abstenaient de tout acte pendant
qu'Abû Talhah guidait leur prière (faite en commun à la
Mosquée). Un matin, Abû Talhah les incita à la
délibération dans la maison du "Trésor public"
(ou dans la maison d'al-Miswar b. Makhramah). Quand leur discussion lui
paraissait interminable, 'Abdur-Rahmân b. 'Awf leur dit:
«Écoutez-moi: moi, je me retire ainsi que Sa'd (b. Abî
Waqqâs) pourvu que les quatre restants finissent par choisir. Sachez que
cela est devenu trop long, que les gens (les Médinois) s'impatientent de
connaître leur calife et imam et que les provinciaux ici présents
attendent d'en être informés avant de revenir dans leurs
contrées ...». Les candidats au califat répondirent: oui,
à l'exception de 'Ali qui s'est contenté de dire: «je vais
voir».
'Abdur-Rahmân informa Abû Talhah de
la proposition qu'il avait faite aux candidats et des réticences de
'Ali. Abû Talhah s'adressa à ce dernier et lui dit: «Ô
Abûl-Hassan! Sache qu'Abû Mohamed (Abdur-Rahmân b 'Awf) est
un homme de confiance pour toi et pour les Musulmans. Dis pourquoi tu chicanes
alors qu'il s'est retiré de la candidature! il
ne pourra donc pas mal agir au profit d'autrui!». 'Ali fit alors jurer
'Abder-Rahmân b. Awf qu'il ne se laisserait pas guider par ses passions,
qu'il préférerait le juste et le Vrai et qu'il ferait de son
mieux pour servir la Ummah (la communauté) et qu'il ne ferait pas preuve
de favoritisme au profit d'un proche parent. Quand 'Abder-Rahmân jura
à l'Imam 'Ali, celui-ci lui dit: «Choisis alors, bien
guidé!».
Ensuite 'Abdur-Rahmân fit jurer chacun des
candidats qu'il ne s'opposerait pas à lui s'il venait à
prêter allégeance à l'un d'eux, qu'ils seraient avec lui
contre celui qui se rebifferait.
'Abder-Rahmân prit alors la main de 'Ali
et lui dit: «T'engages-tu par le pacte d'Allah, si tu es investi du
califat, de ne pas porter Banî 'Abdel-Muttalib (son clan, sa famille) sur
les nuques des gens (les favoriser) et de suivre la Sîrah du
Messager d'Allah (SAW) sans en dévier ni y manquer!». 'Ali
répondit: «Je ne porterai pas le pacte d'Allah ainsi. Qui pourra
suivre (à la lettre) la Sîrah du Messager d'Allah (SAW)?
Néanmoins, je ferai de mon mieux, selon ma capacité et dans les
limites de la science que j'ai». Abder-Rahmân lâcha alors la
main de 'Ali. Ensuite, il fit de même avec 'Uthmân qu'il fit jurer,
par le pacte d'Allah (conclu avec les Musulmans) qu'il ne favoriserait pas
Banî Umayyah (son clan, sa famille) au détriment des gens, qu'il
suivrait la Sîrah du Messager d'Allah (SAW) et celle d'Abû
Bakr et de 'Umar sans s'y opposer. 'Uthmân jura. 'Ali dit alors:
«Abû 'Abdillahi ('Uthmân) a accepté volontiers ce que
tu as demandé! Prête-lui allégeance si tu veux».
Par après 'Abdur-Rahmân revint
auprès de 'Ali, lui demanda de jurer de suivre la sîrah
du Messager d'Allah et celle d'Abû Bakr et de 'Umar. 'Ali
répondit: je devrai faire preuve d'ijtihâd (effort
personnel basé sur la science)». Mais 'Uthmân continuait
à jurer qu'il se conformerait à la politique du Prophète
et à celle d'Abû Bakr et de 'Umar sans s'en écarter ni y
manquer. 'Abder-Rahmân battit alors la main sur la sienne et lui
prêta serment d'allégeance. Les autres candidats lui
emboîtèrent le pas. 'Ali qui était debout s'assit.
'Abder-Rahmân le menaça alors en disant: «Prête allégeance,
sinon tu seras exécuté!».
On rapporte que 'Ali est sorti très
fâché. Les hommes de la délibération le rejoignirent
et le menacèrent de mort s'il ne prêtait pas allégeance.
'Ali revint avec eux auprès de 'Uthmân et lui prêta
allégeance.
Dans le récit précédent, il
y a une altération des propos de l'Imam 'Ali (la suppression dans la
1ère proposition faite à 'Ali, du groupe nominal et "la sîrah
des deux Sheikhs (Abû Bakr et 'Umar)".
Le récit est plus complet dans l'histoire
d'Al-Ya'qûbî, 1/162: Abder-Rahmân emmena 'Ali b. Abî
Tâlib à l'écart, lui demanda de jurer par Allah de se
conformer, si le califat venait à lui échoir, au Livre d'Allah,
à la sunnah de Son Prophète et à la sîrah
d'Abû Bakr et de 'Umar. 'Ali répondit: «Je me conduirai,
dans les limites de ma capacité, conformément au Livre d'Allah et
à la Sunnah de Son Prophète». 'Abder-Rahmân
répéta alors la même proposition à 'Uthmân qui
répondit: «Oui, je me conduirai parmi vous selon le livre d'Allah,
la sunna de Son Prophète et la sîrah d'Abû Bakr et de
'Umar». De nouveau 'Abder-Rahmân alla voir d'abord 'Ali, ensuite
'Uthmân pour leur réitérer les mêmes propos. Chacun
des deux candidats réaffirme sa première réponse. En
troisième lieu, 'Ali lui dit: «Sache qu'avec le Livre d'Allah et
la sunnah de Son Prophète, on n'a pas besoin de la tradition
d'autrui». «En effet, ajouta 'Ali, tu t'acharnes à
m'éloigner de cette affaire (à écarter le califat de
moi)». Finalement 'Abder-Rahmân battit de la main sur celle de
'Uthmân (en guise d'allégeance).
Dans l'histoire d'At-Tabarî (Événements
de l'année 23, 3/297) ainsi que d'après Ibn al-Athîr
(3/37), l'Imâm 'Ali dit à 'Abder-Rahmân, le 3e jour de
l'investiture de 'Uthmân: «Tu lui as fait un don séculaire!
En fait, ce n'est pas la première fois que vous faites cause commune
contre nous. «Douce patience! Allah est Celui dont l'aide est
demandée contre ce que vous débitez» (V. 18/XII). Par
Allah! Tu ne l'as investi que pour qu'il te favorise de retour! Mais «Allah
crée chaque jour quelque chose de nouveau». (V. 29/LV) (voir
aussi Al-'Iqdul-Farîd, 3/76).
* * * * *
L'allégeance
prêtée serment à l'Imam 'Ali (a. s.)
Après l'assassinat de 'Uthmân, les
Musulmans se libérèrent de tout lien d'allégeance
antérieure. Ils se précipitèrent alors auprès de
'Ali b. Abî Tâlib et demandèrent de lui prêter serment
d'allégeance. At-Tabarî rapporte ceci (5/152; voir aussi Al-Kanz,
3/161, h/2471):
Les Compagnons du Messager d'Allah
allèrent chez 'Ali et lui dirent: «Cet homme a été
tué et il est nécessaire que les gens aient un imam (un calife).
Aujourd'hui, nous ne trouvons pas plus digne de cette affaire que toi, ni plus
glorieux ni plus proche du Messager d'Allah (SAW)!». 'Ali
répondit: «Ne faites rien (dans ce sens) peut-être est-il
mieux pour vous que je sois ministre (assistant) plutôt que
prince!». Ils dirent: «Non, par Allah! Nous ne te laisserons pas,
à moins que tu acceptes l'allégeance de notre part». 'Ali
dit: «Alors ce sera dans la Mosquée car mon allégeance ne
pourra se faire en cachette et devra bénéficier du consentement
des Musulmans ...».
Dans une autre version At-Tabarî rapporte
ceci: les Musulmans et les Ançars se réunirent - parmi eux,
Talhah et Az-Zubayr notamment - puis allèrent voir 'Ali et lui dirent:
«Ô Abûl-Hassan, viens qu'on te prête allégeance!»
Il répondit: «Je n'ai nul besoin de votre affaire! Je suis avec
vous j'accepterai celui que vous choisirez ...». «Par Allah! Nous
ne choisissons que toi», rétorquèrent-ils.
Ainsi, après l'assassinat de
'Uthmân, ils sont allés plusieurs fois chez 'Ali à qui ils
dirent finalement: «Les gens ne sont corrects qu'en présence d'une
autorité et tu vois que cela se fait attendre». 'Ali leur dit:
«Vous êtes venus me voir à maintes reprises. Si vous
acceptez ce que je vais vous dire, je me chargerai de votre affaire sinon je n'en
voudrai pas . Ils lui déclarèrent:
«Quel que soit ton propos, nous l'accepterons inshâ-Allah».
Il monta alors sur la chaire et les gens se réunirent autour de lui.
Ensuite, il dit: «En fait, je n'aime pas votre affaire, mais vous avez
insisté. Sachez donc que je n'agirai pas arbitrairement en dehors de
vous, que je garderai les clefs des finances publiques et que je n'en prendrai
pas un dirham en dehors de vous, avez-vous accepté?»
- Oui, répondirent-ils.
- Ô Seigneur! Sois-en
témoin». Puis 'Ali reçut, à cette condition, leur
allégeance.
Al-Balâdhurî rapporte ceci: quand
'Ali est rentré chez lui, les gens - Compagnons et autres - accoururent
chez lui en disant: «'Ali est le prince des croyants». Une fois
chez lui, ils lui dirent: «Il est nécessaire d'avoir un imam;
tends la main: nous voulons te prêter allégeance!». 'Ali
leur fit remarquer que cela était du ressort d'Ahlu-Badr (les Compagnons
qui assistèrent avec le Prophète à la bataille de Badr) et
que celui qui bénéficierait de leur consentement serait
nommé calife. Alors tous les Badrî allèrent voir 'Ali et
lui dirent: «On ne voit pas plus digne que toi dans cette affaire!
...» 'Ali monta alors sur la chaire. L'y rejoignit en premier pour lui
prêter allégeance Talhah qui avait un doigt estropié. 'Ali
en tira mauvais augure et dit: «Comme il est digne de parjurer!».
Dans le même sens, At-Tabarî
rapporte que lorsque Habîb b. Dhu'ayb vit Talhah prêter serment
d'allégeance, il remarqua: «c'est une main estropiée qui a
commencé par prêter serment d'allégeance; cette affaire
n'ira pas bien! ...».
Après cette étude de la
réalité historique et des circonstances dans lesquelles le
pouvoir politique en Islam vit le jour, nous étudions à
présent les points de vue respectifs des deux Ecoles au sujet du califat
et de l'Imamat.
Chapitre 2
De l'Imamat:
Recherches dans
l'Ecole des califes
La terminologie de
cette recherche
1)- Ash-Shûrâ (la délibération)
Ash-Shûrâ et les substantifs de la
même famille signifient l'action de se consulter les uns et les autres
afin de déterminer l'opinion de tout un chacun. C'est dans cette
terminologie linguistique (et non-Shar'î) que le terme est employé
dans le Sait Coran: «Leur affaire est objet de
délibération entre eux». (V. 38/XLI)
2)- Al-Bay'ah
En langue arabe c'est d'abord une transaction de
vente consentie par les deux parties et manifestée par l'action de
battre une main sur l'autre en guise de conclusion de l'acte.
Les Arabes se servaient de moyens divers pour
conclure une alliance ou un pacte. Par exemple, en concluant un pacte, ils
devaient ensemble immerger leurs mains dans une cuvette pleine de parfum ou de
sang.
En Islam, al-Bay'ah (ou serment
d'allégeance) est un acte par lequel une partie contracte l'engagement,
vis-à-vis de l'autre partie, de lui obéir conformément aux
clauses de leur accord. Dans le Coran, Allah -exalté soit-IL - dit:
«Ceux qui te prêtent serment d'allégeance ne font que
prêter serment à Allah. La main d'Allah est posée sur leurs
mains». (V. 10/XLVIII).
Le premier serment d'allégeance exigé des Musulmans par le Messager d'Allah
se tint à la 1ère 'Aqabah et eut pour objet l'Islam (en
général).
Le deuxième serment d'allégeance se tint aussi Al-'Aqabah. Il eut pour
objet le droit de faire la guerre (le cas échéant) en vue
d'établir la société islamique.
Ainsi, en premier lieu c'était ce qu'on
appelle la Bay'ah des femmes, limitée à la
fidélité à la religion de l'Islam, exempte de l'obligation
de combattre.
Le troisième serment d'allégeance se tint sous l'arbre d'al-Hudaybiyyah
quand les Musulmans sortirent en sacralisation d'al-'Umrah
(n'ayant que l'intention de faire à la Mecque le petit
pèlerinage). Mais parce que les quraychites les empêchèrent
de la Ka'bah et manifestaient un air belliqueux, le voyage pour la 'Umrah
(petit pèlerinage) se transforma en l'obligation de combattre, la
nouvelle situation exigea la prise d'un nouveau serment d'allégeance
ayant pour objet la nouvelle action envisagée. Effectivement ce nouveau
serment d'allégeance porta ses fruits et effraya les Mecquois. C'est
ainsi que le Messager d'Allah (SAW) s'est conduit en matière
d'allégeance (pour l'Islam, pour la défense par le combat et en
cas de guerre). On rapporte aussi dans sa tradition qu'il stipulait dans le
serment d'allégeance l'obligation de lui obéir dans la limite de
la capacité et à condition d'avoir "la puberté
légale".
De la sîrah du Messager (SAW), il
apparaît que le serment d'allégeance repose sur trois piliers:
1- La personne qui s'engage
2- La personne au profit de qui se fait
l'engagement
3- L'accord sur l'obéissance.
La Bay'ah repose aussi sur la
compréhension des clauses convenues et des actes qu'implique
l'obligation d'obéir. Sur le plan de la forme, les parties contractantes
battent d'une main (de celui qui prête serment d'allégeance) sur
l'autre (de celui pour qui bl'allégeance est tenue). Ainsi le mot "Bay'ah"
(allégeance) est un terme Shar'î. Les conditions de sa
réalisation en conformité avec la loi islamique ne sont pas
claires et nettes dans les esprits de certains musulmans. Ces conditions de
validité sont:
- La partie qui prête serment
d'allégeance doit être intègre et libre. L'enfant et le
simple d'esprit en sont dispensés par la loi. Comme le contrat de vente
ne produit pas d'effet sous la contrainte, le serment d'allégeance ne
peut se faire sous l'oppression et par l'épée.
- La partie pour qui l'allégeance est
prise ne doit pas être un pécheur déclaré
(publiquement) parce que le Messager (SAW) dit: «Nulle obéissance
au profit de quelqu'un qui désobéit à Allah».(131)
L'allégeance n'est pas valide quand elle
a pour objet de commettre ce qu'Allah a défendu de faire et de violer
Ses injonctions et celles de Son Messager (SAW). Dans le hadîth, il est
dit: «S'il ordonne d'accomplir une contravention (un péché),
il ne doit être ni écouté ni obéi».(132)
3) et 4)- Le calife et le prince des croyants
Al-Khilâfah, en langue arabe, signifie la
représentation d'autrui. Al-Khalîfah (le calife) est
celui qui remplace autrui et remplit son rôle. C'est dans ce sens que le
terme est utilisé par le Saint Coran:
«Souvenez-vous que le Seigneur a fait
de vous Khulafâ' après le peuple de Noé». (V.
69/VII)
Dans la sunnah, le hadîth dit:
«Ô Allah! Fais miséricorde à mes
Khulafâ'». Comme définition, le Messager (SAW) dit:
«Ce sont ceux qui viendront après moi, qui rapporteront mon
hadîth et ma tradition (sunnah)». Le terme de Khalîfah
dans le Coran et la Sunnah n'est donc pas le nom donné à celui
qui gouverne au nom du Messager d'Allah (SAW). Ceci est resté ainsi
jusqu'à l'époque de 'Umar b. al-Khattâb qu'on appelait Khalîfah
du Khalîfah du Messager. Ensuite il fut appelé
"prince des croyants". L'appellation passa dans l'usage
jusqu'à l'époque des Abbassides qui qualifiaient leur gouverneur
de Khalîfah d'Allah ou de prince des croyants. A l'époque
des Ottomans, le gouverneur musulman suprême fut appelé "Khalîfah"
tout court. Jusqu'à nos jours, ce terme reste courant parmi les
Musulmans.
Les deux surnoms "Khalîfah"
et "prince des croyants" relèvent donc de la terminologie
musulmane et non de la terminologie Shar'î.
5)- L'Imam
En langue arabe, l'Imam est celui que suivent
les gens. C'est ainsi que le Coran l'utilise mais il attache à l'Imamat
certaines conditions citées (par exemple) dans la parole d'Allah
révélée à Ibrâhîm (a. s.):
«Je vais faire de toi un Imam pour les
hommes Abraham dit: Et pour ma descendance aussi? Le seigneur dit: Mon alliance
ne concerne pas les injustes». (V. 124/II)
L'Imamat est donc une institution émanant
d'Allah (divine) et un pacte qui ne vaut point pour quiconque contracte
l'injustice, qu'on soit injuste envers soi-même ou envers les autres. Le
mot Imam est donc un terme Shar'î et relève de la
terminologie islamique.
6)- Al-'Amr - 'Ulûl-'Amr
Le terme 'Amr est employé dans
la langue arabe, l'usage musulman et les textes islamiques dans le sens de
l'autorité (la Wilâyah) exercée sur les gens et du
commandement.
La locution "'ûlûl-'Amr"
peut être considérée comme un terme islamique étant
donné qu'elle est employée dans le Sait Coran dans le sens de
l'autorité sur les gens:
«Ô vous qui croyez!
Obéissez à Allah! Obéissez au Messager et à ceux
d'entre vous détenant l'autorité ...». (V. 59/VI)
Les deux Ecoles (celle des califes et celle
d'Ahlul-Bayt) divergent quant à l'identification des 'ûlûl-'Amr
(pluriel) et de Waliyyul-'Amr (singulier) (détenteurs de
l'autorité) après le Messager (SAW):
l'Ecole d'Ahlul-Bayt estime que l'Imam ou Waliyyul-'Amr
(le détenteur de l'autorité) qui n'entre en fonction
qu'après le Messager (SAW) est désigné par Allah Qui
choisit qui IL veut, le Prophète informant sa Communauté de cette
désignation, tandis que l'Ecole des califes estime que Waliyyul-'Amr
est désigné soit par l'allégeance soit par le fait
accompli s'il a pris le pouvoir par la force. Après qu'il s'empare de
l'autorité suprême, quel qu'il soit, on lui doit
obéissance. De là, ils (des partisans de cette Ecole) ont
obéi à Yazîd qui a tué et assujetti la descendance
du Messager (SAW), saccagé et violé Médine la ville du
Prophète, tué ses Compagnons et les Tâbi'îne qui
vivaient encore à cette époque et catapulté la Ka'bah.
Après tous ces actes abominables, les partisans de cette Ecole
continuent jusqu'à nos jours de donner à Yazîd le surnom de
"prince des croyants".
7)- Al-Waçiyyu - le Waçî du Prophète (le légataire).
Al-waçî dans le Livre et la sunnah
est la personne mandatée par quelqu'un d'effectuer après sa mort
quelque chose qui l'intéresse, que le testateur en charge le
légataire expressément en lui disant: fais ceci ou cela
après moi ou qu'il en informe les autres en leur disant: un tel est
chargé de faire ceci ou cela après moi ou tout autre locution
signifiant (clairement) l'établissement d'une Waçiyyah
(un testament). Le Waçî du Prophète est la
personne envers qui il stipule le droit de veiller après lui sur (les
intérêts) la Shari'ah et de la Communauté.
Le Califat et l'Imamat.
Le point de vue de l'Ecole des califes
Après la clarification de la terminologie
utilisée (dans ce domaine), il devient aisé pour nous
d'étudier les points de vue respectifs des deux Ecoles au sujet du
califat et de l'Imamat.
L'argumentation de l'Ecole des califes
a- Le calife Abû Bakr dit:(133) «On ne reconnaît la dévolution
du pouvoir qu'à Quraysh parce qu'ils en sont dignes de par leur
lignée et leur territoire. Je vous propose l'un de ces deux hommes
('Umar et Abû 'Ubaydah) prêtez serment d'allégeance
indifféremment à l'un d'eux!
b- 'Umar b. al-Khattâb dit: «Qu'on
ne se trompe pas en voulant suivre l'exemple de l'allégeance brusque
mais accomplie, prêtée à Abû Bakr. Celle-ci fut
effective-ment ainsi mais Allah nous en a épargné les
méfaits. Parmi vous, il n'y a pas l'égal à Abû Bakr.
Si donc, sans délibération préalable des Musulmans,
quelqu'un prête serment d'allégeance à un homme, l'un et
l'autre risquent de se faire tuer».
Critique de ces deux arguments:
L'argumentation d'Abû Bakr à la Saqîfah
ainsi que celle des autres protagonistes suivent une logique tribaliste. Quand
les Ançars délaissèrent la dépouille mortelle du
Prophète (SAW) dans sa petite famille et accoururent au préau (Saqîfah)
de Banî Sâ'idah pour investir Sa'd, ils ne prétendaient pas
que celui-ci était meilleur que les autres ou plus digne qu'eux de
l'autorité suprême mais se contentaient simplement de dire:
«Les gens sont chez vous, dans votre ombre et personne ne pourra oser
vous contrarier».
A leur tour les Muhâjirîne parmi les
Qurayshites ont eu recours à la même logique tribale quand ils ont
dit: «Quraysh est, parmi les Arabes, plus digne de cela par leur "Maison".
Qui ose nous disputer le pouvoir de Muhammad alors que nous sommes les siens et
son clan?», ajoutèrent-ils. On peut dire la même chose tant
de l'intervention de l'Ançarite qui dit: «De nous un prince et de
vous un prince» que de celle du Mahâjirite qui dit: «Nous
sommes les princes et vous les ministres».
De même, Ussayd b. Hudayr,
l'Ançarite qui favorisa le camp des Muhâjirîne et amena sa
tribu Al- 'Aws à lui emboîter le pas, fut mû par un mobile
tribal: craignant la prise du pouvoir par Al-Khazraj - les frères
ennemis d'autrefois - et se rappelant la guerre "Al-Bi'âth" qui
les opposait (avant l'Islam mais à peine vingt ans les en
éloignèrent), les Ançars d'Al-'Aws dirent: «Par
Allah! S'il arrive une fois qu'al-Ançars (l'autre tribu ançarite)
prenne le pouvoir, elle aura et à jamais le mérite à vos
dépens et ne vous concédera rien de cette affaire. Levez-vous
donc et prêtez serment d'allégeance à Abû
Bakr».
Enfin les Muhâjirîne qurayshites se
sont assurés la victoire par l'entrée à Médine de
la tribu "Aslam" dont les membres remplirent les rues de la ville et
prêtèrent serment d'allégeance à Abû Bakr au
détriment d'al- Ançars.
Quant aux propos du calife 'Umar relatifs
à la Shûrâ (délibération), on voit
qu'il n'a avancé aucun argument puisé du Livre ou de la sunnah
mais se basa uniquement sur son Ijtihâd (effort personnel
d'interprétation). Celui qui considère la Sîrah
(la conduite) des Compagnons et leurs dires au même titre que le Livre
d'Allah et la tradition de Son Messager c'est à dire des sources de la Shari'ah
islamique, pourrait alors arguer de la tradition de 'Umar pour fonder le
pouvoir politique ou établir le califat. Toutefois, les propos de 'Umar
s'opposent à sa propre tradition et celle du premier calife Abû
Bakr dont l'allégeance fut brusque comme l'a qualifié le calife
'Umar. Ce dernier fut nommé au poste suprême, sans
délibération préalable, par le premier calife. De
même 'Umar dit: «Si 'Abû 'Ubaydah avait été encore
en vie, je l'aurais désigné à ma succession». Et cet
autre propos: «Si Sâlim le serviteur affranchi d'Abû Hudhafah
avait été encore en vie je l'aurai désigné à
ma succession. Ces affirmations s'opposent (catégoriquement) à
l'engagement d'établir le califat ou la succession sur la base de la Shûrâ
(la délibération des Musulmans).
Même en dehors de ces contradictions et en
supposant qu'il soit valable d'établir le califat sur la shûrâ
'umarienne, quelles sont ses modalités? Quel est le nombre des
membres de l'"Assemblée" délibérante? En guise
de réponse à cette dernière question on dit: «Le
nombre des délibérants est limité à six. Cinq
d'entre eux prêteront serment d'allégeance au
sixième». Ensuite sur quel fondement fut basé l'octroi
à 'Abder-Rahmân b. 'Awf le droit exclusif de prendre la
décision finale au détriment des autres membres de
"l'assemblée" délibérante? Sur quel fondement
fut basé l'ordre de tuer quiconque s'opposerait à la
décision de 'Abder-Rahmân et à son opinion personnelle? De
qui craignait-on une éventuelle opposition à l'opinion de
'Abder-Rahmân? Enfin, l'Ecole des califes a-t-elle appliqué une
fois le principe de la shûrâ 'umarienne ou établi
sur sa base durant les siècles passés un régime califal au
profit de l'un de ses califes?
Le point de vue de
l'Ecole des califes au sujet du califat - récapitulatif
Ce point de vue se résume en deux choses.
A) Le califat s'établit par:
1- La Shûrâ (la
délibération)
2- La Bay'ah (l'allégeance)
3- L'imitation dans ce domaine des actes des
Compagnons
4- La force et la coercition
B)- L'obligation d'obéir au calife
à qui le serment d'allégeance est prêté quand bien
même il désobéit à Allah (Il s'agit maintenant de
discuter successivement chacun de ces arguments).
1)- La Shûrâ comme argument
'Umar fut le premier à avoir
évoqué la shûrâ et son application pour
établir le califat mais il n'avança pas d'argument (valable)
stipulant que l'Imamat en Islam s'établit par le biais de la shûrâ.
Ce ne sera que tardivement que les partisans de l'Ecole des califes avanceront
comme argument deux versets coraniques: le fait que le Messager (SAW) a
consulté ses Compagnons dans certaines affaires importantes et un mot
d'ordre de l'imam. Etudions alors leur argumentation.
Le Verset coranique: « ... Dont l'affaire, entre eux, est
objet de délibération ... » (V. 38/XLII)
C'est un fragment du verset 38 de la sourate
"la délibération. Après lui vient cette
proposition : "(qui) sur ce que Nous leur avons attribué, font
dépense (en aumônes). Ce qui veut dire d'une part que les deux phrases
ne signifient que la recommandabilité de l'acte dont il est question et
non l'obligation de délibérer et de dépenser.
D'autre part, la délibération
n'est valide que si l'affaire en question n'a pas fait l'objet d'un jugement
rendu par Allah et Son Messager. Le prouve ce verset coranique:
«Lorsque Allah et Son Messager ont
pris une décision, il ne convient ni à un croyant, ni à
une croyante de maintenir son choix sur cette affaire. Celui qui
désobéit à Allah et à Son Messager s'égare
totalement et manifestement». (V. 36/XXXIII)
Nous verrons un peu plus loin les
déclarations divines et prophétiques sur la question de l'Imamat.
De telles déclarations ne laissent aucune place à la
délibération.
Le Verset coranique: «consulte les sur l'affaire»
(V. 159/III)
Ce verset est situé dans un contexte
englobant les versets 139-166 de la sourate Al-'Imrân. Tous parlent des
batailles menées par le Messager (SAW) et de la victoire qu'Allah y
accorda à Ses serviteurs. Dans certains de ces versets le Coran
s'adresse aux Musulmans et aux guerriers, parmi eux, en particulier et les
exhorte; dans d'autres, il ne s'adresse qu'au Messager (SAW). Ce verset en fait
partie: «Tu as été doux à leur égard par
une miséricorde d'Allah. Si tu avais été rude et dur de
cur, ils se seraient séparés de toi. Pardonne-leur. Demande
pardon pour eux; consulte-les sur l'affaire; mais, lorsque tu as pris une
décision, place ta confiance en Allah - Allah aime ceux qui ont
confiance en Lui». (V. 159/III)
Il apparaît donc clairement que dans ce
verset l'ordre de consulter avait pour but la consécration de ma douceur
et de la miséricorde dans le traitement des Compagnons et non l'ordre
d'agir selon leur opinion.
Le prouve la suite du verset: «Mais
lorsque tu as pris une décision, place ta confiance en Allah»,
c'est à dire aie confiance et agis comme tu l'entends. De tout le
contexte, on comprend aussi que la consultation n'est de mise qu'en cas de
guerre comme le clarifiera ce qui suit:
Le Messager (SAW) consulte ses Compagnons
Leur consultation s'est limitée aux
périodes des expéditions militaires comme le confirme le
compagnon Abû Hurayrah: «En matière de consultation des
Compagnons, je n'ai pas vu quelqu'un qui l'a fait plus que le Messager d'Allah
(SAW); il ne les consultait qu'en période de guerre».(134)
Bien sûr, le but poursuivi par le Messager
(SAW) en matière de consultation n'était pas d'apprendre de ses
Compagnons ce qu'il devait faire. Parfois, le Prophète avait recours
à ce style pour inculquer à ses compagnons le bon choix qui
était le sien avant de le leur apprendre et qui devient le leur aussi
(du fait de la consultation). Citons à titre d'exemple la consultation
qui précéda la bataille de Badr. On sait qu'Allah avait appris
d'avance le résultat de cette bataille à Son Messager qui savait
que la victoire serait remportée contre l'armée de Quraysh.
Après la délibération, il le leur apprit et leur montra
les lieux où les guerriers qurayshites allaient être battus. Par
le biais de la consultation, le Prophète (SAW) orientait les Musulmans
vers ce qu'il convenait de faire. Loin de lui la méthode des rois et des
tyrans qui dictent et imposent leurs opinions aux gens, en disant par exemple:
«Nous le Roi ... avons donné notre ordre royal de ...».
Le début du verset précité
(V. 159/III) corrobore ce que nous avons dit. En effet, ici, la consultation
des Compagnons par le Prophète (SAW) est une pierre de touche de la
douceur et de la miséricorde émanant d'Allah.
Il arrivait aussi que le Prophète (SAW) consultait
ses Compagnons pour atteindre un autre but que la tendresse et
l'amabilité. Il s'agissait parfois de procéder à une
véritable éducation psychique, spirituelle ou morale. On peut
citer à cet égard la consultation qui précéda la
bataille de 'Uhud. Le Prophète (SAW) n'était pas d'avis de
quitter Médine pour aller à la rencontre de l'ennemi. Mais comme
ils insistaient pour y aller, il porta alors ses vêtements de guerre en
vue de se diriger vers 'Uhud. A ce moment là, les Compagnons
regrettèrent leur insistance en disant: «Ô Messager d'Allah!
On n'aurait pas dû s'opposer à toi; mais fais ce que bon te
semble!». Le Prophète (SAW) leur rétorqua: «Je vous
avais appelé à la retenue mais vous avez refusé, mais
sachez qu'il ne convient pas qu'un Prophète dépose sa cuirasse
après l'avoir portée avant qu'Allah ne tranche entre lui et ses
ennemis».
Ainsi, tout en sachant que l'opinion de ses
Compagnons n'était pas pertinente, le Prophète (SAW) y souscrivit
afin d'élever leur moral et les éduquer. S'il n'avait pas
répondu positivement à leur désir très fort de
sortir (à la rencontre de l'ennemi) cela aurait laissé un
très mauvais effet sur leur psychisme et engendré la faiblesse,
l'hésitation ou la défection en temps de guerre.
2)- L'argument de la bay'ah (l'allégeance)
Nous avons vu que la bay'ah est un acte
qui ne s'accomplit - comme le contrat de vente - que par consentement mutuel et
non par l'épée et la coercition.
- Qu'il n'y a pas de bay'ah dans le
péché
- Ni allant à l'encontre des injonctions
d'Allah
- Ni au profit de quelqu'un qui
désobéit à Allah.
Nous avons vu aussi que la première bay'ah
qui fut contractée était celle prêtée à
Abû Bakr. Sur sa validité, repose la bay'ah de 'Umar qui
a été effectuée sur ordre d'Abû Bakr. De même
sur la validité de la bay'ah du calife 'Umar repose celle du
calife 'Uthmân à qui on prêta serment d'allégeance
sur ordre du calife 'Umar qui, après avoir désigné six
candidats au poste de calife successeur, leur enjoignit de prêter serment
d'allégeance à celui d'entre eux que 'Abder-Rahmân b 'Awf
aurait désigné et de tuer celui qui s'y opposerait.
Nous avons vu aussi comment le serment
d'allégeance fut prêté à Abû Bakr au
préau (la Saqîfah) de Banî Sâ'idah, comment l'aide
apportée par la tribu "Aslam" dont les membres remplirent les
rues de Médine, était décisive, comment le feu fut
porté jusqu'à la maison de Fatima (a. s.) la fille du
Prophète (SAW), parce que chez elle s'étaient retranchés
les récalcitrants à la bay'ah d'Abû Bakr, comment
les Banî Hâchim refusaient de prêter serment
d'allégeance à Abû Bakr durant la vie de la fille du
Prophète (SAW) et comment Sa'd b. 'Ubâdah qui avait refusé
de prêter serment d'allégeance à Abû Bakr fut
tué par deux flèches tirées par les "djinns"!
C'était ainsi que la bay'ah se
déroulait à Médine. Ailleurs, ceux qui refusèrent
de prêter serment d'allégeance à Abû Bakr ou de
verser la zakât (l'aumône légale) à ses
percepteurs, furent tués, leurs femmes tombées en
captivité et leurs biens confisqués.
Citons à ce propos l'exemple de
Mâlik b. Nuwayrah, Compagnon et gouverneur du Messager (SAW), et de sa
famille appartenant à la tribu de Tamîm. Pendant la nuit,
l'armée de Khâlid b. al- Walîd les envahit. Ils prirent
alors leurs armes. Les envahisseurs leur disent: «Nous sommes des
musulmans». Les compagnons de Mâlik dirent: «Et nous sommes
des Musulmans». Les guerriers de Khâlid leur dirent: «Si vous
êtes comme vous dites, déposez alors les armes». Ils les
déposèrent et firent ensuite la prière (commune) avec les
guerriers de Khâlid. Par après ceux-ci les capturèrent et
les conduisirent devant Khâlid b. al-Walîd qui ordonna de couper la
tête à Mâlik. Celui-ci regarda vers son épouse - qui
était très belle - et dit à Khâlid: «C'est
celle-ci qui m'a tué» (c'est à cause d'elle que je vais
être exécuté). Khâlid lui dit: «C'est Allah Qui
te tue à cause de ton reniement de l'Islam». Mâlik dit:
«Nous sommes dans l'Islam (toujours musulmans)». Après qu'on
l'a tué, Khâlid ordonna de se servir de sa tête comme
trépied à leur marmite. Pendant cette nuit même et avant
que Mâlik ne fût enterré, Khâlid épousa sa
veuve(135) (sans attendre
l'écoulement Shar'î de la retraite légale
exigée par le Sait Coran, abstraction faite des circonstances de
l'affaire).
On peut citer aussi l'exemple des tribus de
Kindah. Ziyâd b. Labîd le percepteur d'Abû Bakr s'empara
d'une chamelle appartenant à un jeune homme de Kindah. Celui-ci lui
demanda d'en prendre une autre. Ziyâd refusa la proposition sous
prétexté qu'il avait (déjà) marqué la
chamelle par la marque de la Zaqât (l'aumône
légale). Le jeune homme alla voir Hârithah b. Surâqah, un
notable de Kindah et lui raconta ce qui s'était passé, en
ajoutant qu'il était très attaché à cette chamelle
et qu'il aimerait bien voir sa chamelle détachée et remplacée
par une autre de son troupeau. Quand Hârithah parla à Ziyâd,
intercédant en faveur du jeune homme et que Ziyâd refusa son offre
avec véhémence, Hârithah alla lui-même dans le troupeau
de la zakât, sortit la chamelle en question et dit au jeune homme:
«Prends la et si quelqu'un t'interpelle, je lui casserai le nez par
l'épée». Hârithah dit aussi: «Quand le Messager
d'Allah (SAW) était vivant, nous lui avons obéi. Si un homme de
sa propre famille (Ahlu Baytihi) avait pris sa place, nous lui aurions obéi
également. Quant à Ibn Abî Quhâfah (Abû Bakr),
je jure par Allah que nous ne lui devons ni obéissance ni
allégeance». Ensuite, il a donné des vers de poésie
dont celui-ci:
Nous avons obéi au Messager d'Allah
Quand il était parmi nous,
Ô combien m'étonnent ceux qui
Obéissent à Abû Bakr!
Al-Hârith, un autre notable de la tribu
Kindah dit à Ziyâd: «Tu invites à obéir
à un homme à qui on n'a pas été engagé. Ni
à nous, ni à vous, aucune stipulation n'a été
notifiée à son sujet!». Ziyâd lui dit: «Tu dis
vrai mais nous l'avons choisi pour ce poste». Al-Hârith demanda
alors: «Dis-moi pourquoi vous en avez écarté les siens (la
famille du Prophète SAW) alors qu'ils sont, parmi les gens, les plus
dignes de ce poste puisque Allah - gloire à Lui - dit: «D'après
le Livre d'Allah, la parenté a la priorité sur les liens existant
entre les croyants et entre les émigrés (Muhâjirîne)».
(V. 6/XXXIII)
Ziyâd répondit ainsi: - Les
Muhâjirîne et les Ançars connaissent mieux que toi leurs
intérêts.
- Non par Allah, répliqua
Al-Hârith, vous n'avez écarté le califat de ses ayants
droit que par envie de votre part. Moi, je ne peux croire que le Messager
d'Allah (SAW) a quitté ce bas-monde sans avoir établi aux gens le
guide qu'ils devraient suivre. Comme ce que tu dis est inacceptable, je te
demande de décamper d'ici». Ensuite Al-Hârith dit: C'est le
Messager qui était obéi.
Voilà qu'il est parti
Qu'Allah prie sur lui
Il n'a pas été remplacé
Ziyâd détacha alors les chameaux de
la zakât et se dirigea vers Médine. Là il informa
Abû Bakr de ce qui s'était passé. Le calife le dota alors
de quatre mille guerriers. En chemin vers Hadramawt, Ziyâd attaqua
à l'improviste, ici et là, certaines tribus de Kindah, tuant des
hommes et faisant des prisonniers. Ainsi Banû Hind furent conquis par
Ziyâd qui tua des hommes parmi eux et s'empara de leurs femmes et
enfants. Arrivé à la contrée de Banîl-'Aqil (de
Kindah) il les prit à l'improviste, les combattit quelque temps, leur
infligea la défaite et s'empara de leurs femmes et de leurs biens.
Par surprise, ses cavaliers envahirent aussi, au
milieu de la nuit, la contrée de Banî Hujr (de Kindah), en
tuèrent deux cents, en firent cinquante prisonniers et
s'emparèrent des femmes et des enfants.
Ensuite Al-Ash'ath b. Qays combattit Ziyâd
et l'assiégea dans la ville de Taym, récupéra les biens et
les enfants qu'il rendit à leurs familles. Pour le contenter, le calife
envoya une missive à Al-Ash'ath b. Qays qui répliqua en disant
à l'émissaire: «Abû Bakr, ton compagnon, nous prend
pour incrédules si nous nous opposons à lui et ne fait pas de
même vis-à-vis de son compagnon (Ziyâd) que tua mon peuple
et mes cousins ». L'émissaire lui dit: «Oui, ô
Al-Ash'ath! L'incrédulité s'applique effectivement à toi
parce qu'Allah - gloire à Lui - te la flanque en raison de ton
opposition à la communauté des Musulmans». Un jeune cousin
d'Al-Ash'ath frappa alors l'émissaire de son épée et le
tua. Comme Al-Ash'ath approuva l'acte du jeune homme, la plupart de ses compagnons
se fâchèrent contre lui à tel point qu'il ne resta avec lui
qu'environ deux milles hommes. Ziyâd écrivit alors à
Abû Bakr pour l'informer de l'exécution de l'émissaire et
du siège dont ils furent l'objet. Quand le calife consulta les musulmans
sur la décision qu'il devrait prendre, Abû Ayyub Ançârî
lui dit: «Ces gens comptent un grand nombre de guerriers et ils peuvent
en réunir davantage. Je propose que tu en fasses reculer ton
expédition le long de cette année dans l'espoir qu'ils
t'apporteront leur zakât, de bon gré, l'année
prochaine!!»
Abû Bakr dit alors: «Par Allah,
s'ils me refusent un licou (attache de bête) de ce que le Prophète
leur avait imposé, je me verrai dans le droit de les combattre
jusqu'à ce qu'ils reviennent vers le vrai (dans la légalité)».
Ensuite, le calife écrivit à 'Ikrimah b. Abî Jahl, lui
ordonnant d'aller avec les fidèles parmi les Mecquois à la
rencontre de Ziyâd, en emmenant avec lui ceux qu'il pourrait mobiliser
dans les contrées avoisinantes.
'Ikrimah partit avec deux mille cavaliers pour
"Ma'rib". Les habitants de Dubâ décidèrent de les
combattre pour les empêcher d'aller faire la guerre à leurs
cousins de Kindah. Ils commencèrent par chasser le gouverneur
nommé par Abû Bakr. 'Ikrimah reçut alors l'ordre de leur
faire la guerre, de ne pas les ménager et de lui envoyer les
prisonniers. Quand 'Ikrimah les eut assiégés, ils
demandèrent à signer la paix et à verser la zakât
mais il n'accepta de leur part que la capitulation. Quand ils se sont rendus,
'Ikrimah entra dans leur fort, tua leurs notables, réduisit leurs femmes
et leurs enfants en captivité, s'empara de leurs biens et en envoya
d'autres à Abû Bakr.
Quand celui-ci voulut tuer les hommes et
partager les femmes et les enfants, 'Umar lui dit: «Ô calife du
Messager d'Allah! Ces gens sont musulmans et jurent fort qu'ils n'ont pas
renié l'Islam ...». Abû Bakr les mit alors en prison
où ils resteraient jusqu'après sa mort. 'Umar les libéra.
Quand 'Ikrimah rejoignit Ziyâd et
qu'Al-Ash'ath en prit connaissance, il se réfugia dans le fort
d'An-Nagîr où il mit à l'abri ses femmes et celles de sa
tribu. Ceux parmi les hommes de Kindah qui avaient quitté Al-Ash'ath
lorsqu'il cautionna l'assassinat de l'émissaire d'Abû Bakr,
regrettèrent d'avoir abandonné les leurs et décidèrent
d'aller combattre Ziyâd. Celui-ci s'en effraya et dit à 'Ikrimah:
«A mon avis, tu maintiendras le siège de ce fort et moi j'irai
à la rencontre des autres». Ziyâd acquiesça en
disant: «Très bien mais si tu as la victoire sur eux, ne range ton
épée qu'après l'extermination du dernier homme parmi
eux!». Je ferai ce que je pourrai, répondit 'Ikrimah.
Ce dernier rencontra les renforts d'Al-Ash'ath
et se livrèrent une guerre où, dans les deux camps, les
succès alternèrent avec les échecs. Al-Ash'ath qui n'en a
pas été informé, qui supporta mal l'état de
siège, la faim et la soif, demanda à Ziyâd de lui accorder
la vie sauve ainsi qu'à sa famille et à une dizaine de ses
hommes.
Le traité de paix fut écrit et
envoyé par Ziyâd à 'Ikrimah qui le montra aux tribus de
Kindah (ne voyant plus de raison pour continuer la guerre), elles
cessèrent le combat et s'en allèrent. Ziyâd entra alors
dans le fort et, (faisant fi du traité signé avec Al- Ash'ath!),
commença par couper les têtes des guerriers. Par après,
Abû Bakr ordonna, par écrit, à 'Ikrimah de lui envoyer les
captifs à Médine. Ceux qui sont restés en vue furent donc
enchaînés et expédiés à Médine.(136)
C'est ainsi que s'accomplit l'allégeance
d'Abû Bakr, qualifiée de brusque par le calife 'Umar et
légitimant le califat d'Abû Bakr, de 'Umar et de 'Uthmân.
C'est cette allégeance qu'on érige en argument (pour fonder
l'établissement du califat).
3)- Le troisième argument: Les actes des
Compagnons
Arguer des actes des Compagnons serait valable
si leur conduite (sîrah) faisait partie des sources de la
législation islamique au même titre que le Livre et la Sunnah ou
si la Révélation recommandait de les suivre comme elle l'avait
fait pour le compte du Messager d'Allah (SAW):
«Vous avez, dans le Messager d'Allah,
un bel exemple ...». (V. 21/XXXIII)
«Prenez ce que le Messager vous donne
et abstenez-vous de ce qu'il vous interdit». (V. 7/LIX)
Sans cela, nous ne sommes pas tenus d'invoquer
les actes des Compagnons comme arguments.
En outre, nous ne savons pas qui des Compagnons
nous devons prendre comme exemple alors que les actes et les propos des uns
s'opposent à ceux des autres. D'où les divergences dans les
positions des 'ulémas (savants) quant à la façon
d'établir le califat: suffit-il qu'un seul homme prête serment
d'allégeance à un autre pour que ce dernier soit nommé
calife? D'aucuns l'affirment parce qu'Al-'Abbâs,
l'oncle du Prophète (SAW) dit à 'Ali (a.s): «Tends la main
que je te prête serment d'allégeance. Si je le fais les gens le
feront après moi».
Ou bien faut-il s'inspirer des propos de 'Umar
pour qui l'allégeance d'Abû Bakr était brusque? Ou encore
de la conduite de Mu'âwiyah qui brandit l'épée contre le
calife légitime de l'époque, (l'Imam 'Ali (a. s.)?
Nul besoin, après ce que nous avons
étayé, de discuter tous ces points de vue. Reste l'argument selon
lequel l'Imam 'Ali (a. s.) dans Nahjul-Balâghah, se basa sur la
validité de la Shûrâ, de l'allégeance et des
actes des Compagnons.
La discussion de cet argument
D'aucuns arguent du récit rapporté
par Ash-Sharîfur-Radîy à partir de l'Imam 'Ali (a. s) (Nahjul-Balâghah,
les lettres de l'Imam dont-celle-ci adressée à Mu'âwiyah):
«Ceux qui avaient prêté
serment d'allégeance à Abû Bakr, 'Umar et 'Uthmân
viennent d'en faire autant pour moi, dans les mêmes conditions et pour
les mêmes causes. Aucune contestation n'était acceptable ni pour
ceux qui y avaient pris part ni pour ceux qui y étaient absents. Car la
délibération y était aussi bien l'affaire des
Muhâjirîne que celle d'Al-Ançars. Si l'unanimité se
réalise sur le choix d'un dirigeant (Imam, calife), ce choix est
satisfaisant (agréé par Allah?). S'il arrive que par contestation
de ce choix ou par hérésie, quelqu'un rompe avec la
volonté de la nation on tâche de le persuader d'y retourner. En
cas de refus, il sera combattu, pour s'être écarté de la
volonté (du chemin) des Croyants. Ensuite Allah le chargera de ce dont
il se sera chargé ...»(137)
Dans cette lettre, l'Imam fonde son
argumentation à l'encontre de Mu'âwiyah sur l'allégeance,
la délibération et l'unanimité des Muhâjirîne
et d'Al- Ançars. Ce qui veut dire pour certains que l'Imam est d'avis
que le califat établi sur ces fondements est valide. En fait
Ash-Sharîfur-Radîy (le compilateur de Nahjul-Balâghah)
choisissait parfois des passages extraits des lettres et des sermons de l'Imam,
qu'il jugeait d'une rhétorique sans égal et délaissait le
reste comme il fit avec la lettre en question, dont l'intégralité
se trouve dans le livre de Nasr b. Muzâhim çaffîne. En voici
le texte:
«Au Nom d'Allah, le Clément le
Miséricordieux.
»Ensuite sache que tu es tenu en Syrie de
respecter l'allégeance qui me fut accordée à Médine
car ceux qui avaient prêté serment d'allégeance à
Abû Bakr, 'Umar et Uthmân ont fait autant pour moi, dans les
mêmes conditions et pour les mêmes causes. Aucune contestation
n'était acceptable ni pour ceux qui y avaient pris part ni pour ceux qui
y étaient absents. Car la délibération y était
aussi bien l'affaire des Muhâjirîne que celle d'al-Ançars.
Si l'unanimité se réalise sur le choix d'un dirigeant (Imam,
calife), ce choix sera satisfaisant. S'il arrive que par contestation de ce
choix ou par convoitise, quelqu'un rompt avec cette volonté, il y sera
ramené par la persuasion. En cas de refus, il sera combattu pour
s'être écarté de la volonté (du chemin) des
Croyants. Ensuite Allah le chargera de ce dont il se sera chargé et lui
fera affronter la Géhenne et quel détestable "devenir"!
Talhah et Az-Zubayr m'ont prêté serment d'allégeance puis
se sont parjurés. Leur parjure ayant été
l'équivalent de la contestation, je les ai combattus pour cela
jusqu'à ce vînt la Vérité et qu'apparût
l'Ordre d'Allah en dépit de leur aversion. Rejoins alors dans cette
affaire les Musulmans qui t'ont précédé et sache
qu'à ton sujet, l'état sauf est ce que j'aime le plus à
moins que tu t'exposes à la tentation. Si tu le fais, je te combattrai
en implorant l'aide d'Allah contre toi. Pour ce qui est des meurtriers de
'Uthmân dont tu as trop parlé, rejoins d'abord les Musulmans dans
leur unité, ensuite si tu les cites (ces meurtriers) à
comparaître devant moi, je statuerai entre vous selon le Livre d'Allah.
Quant à l'affaire à laquelle tu aspires, ce n'est en fait qu'une
tromperie à la manière de celle qu'on inflige à l'enfant
pour le sevrer. Ô Mu'âwiyah! de par ma
vie, si tu jugeais raisonnablement et en l'absence de tout caprice, tu te
rendrais compte que je suis plus que quiconque, innocent de l'assassinat de
'Uthmân. Sache aussi que tu fais partie des affranchis de la Mecque, qui
n'ont droit ni au califat ni à la délibération. A toi et
à ton voisinage, j'ai envoyé mon représentant, Jarîr
b. 'Abdullah un homme de foi et un Muhâjir, pour que tu prêtes
auprès de lui ton serment d'allégeance et nulle puissance que par
Allah».(138)
A la lecture de cette lettre, il devient clair
que l'Imam 'Ali fit valoir contre Mu'âwiyah l'argument qu'ils se sont
engagés de considérer - l'Imam dit à Mu'âwiyah:
«tu es tenu en Syrie de respecter l'allégeance qui me fut
accordée à Médine, comme c'était le cas avec
'Uthmân qui reçut à Médine l'allégeance que
tu étais tenu, en Syrie, de respecter. Tes semblables vivant
à l'extérieur de Médine sont tenus également de se
plier à l'allégeance qui me fut accordée à
l'intérieur de Médine, comme cela s'était passé
à l'époque de 'Umar».
C'est ainsi qu'agissent les hommes raisonnables
dans leur argumentation: ils n'avancent à l'encontre de l'adversaire que
ce qu'il est tenu de considérer comme arguments.
D'autre part dans cette lettre ou bien l'Imam a
dit: «... ce choix sera satisfaisant (comme l'avait rapporté Nasr
b. Muzâhim) ou bien la même phrase avec cet ajout "pour
Allah".
Selon la première version quand
l'unanimité des Croyants se réalise sur le choix d'un dirigeant,
cela sera satisfaisant pour eux à condition qu'ils n'aient pas
prêté serment d'allégeance sous la contrainte et la menace
de l'épée.
Si l'on suppose que c'est la deuxième
version qui correspond à ce que dit l'Imam, cela revient au même
car l'unanimité d'al-Muhâjirîne et d'al-Ançars y compris
l'Imam 'Ali et les petits-fils du Messager, Hassan et Hussayn aurait fait
sûrement l'objet d'une satisfaction divine.
Enfin je ne sais pas pourquoi ces auteurs
arguent de cette lettre figurant dans Nahjul-Balâghah et
oublient ou font semblant d'oublier les autres propos de l'Imam contenus dans
le même livre. En voici un exemple (chap.: "Des pensées de
l'Imam, de sa sagesse"):
«Quand le "Prince des Croyants"
fut informé de ce qui s'était passé à la Saqîfah,
après la mort du Messager d'Allah, il dit: «Qu'avaient dit
al-Ançar?».
- De nous un prince et de vous un prince»,
lui répond-on. Pourquoi n'avez-vous pas argué à leur
encontre que le Messager d'Allah (SAW) avait commandé qu'on fît du
bien aux bienfaiteurs parmi eux et qu'on pardonnât au fautif? Y a-t-il
là un argument valable à leur encontre?, lui demanda-t-on.
- Oui, puisque si c'était à eux
que devrait échoir le califat, il serait inopportun de commander quoi
que ce fût à leur profit!
Ensuite, l'Imam (a. s.) demanda: «Qu'avait
dit Quraysh alors?»
- Elle (la tribu) argua qu'elle était
l'arbre du Messager (SAW), lui répondit-on. Ils (les Quraychites)
arguèrent de l'arbre et en perdirent le fruit.
Dans un contexte, l'Imam (a. s.) dit:
«Comme c'est étonnant! Que le califat s'établit par la
compagnie (du Prophète) et non par la compagnie et la parenté
ensemble!»
Ar-Radîy rapporte dans ce sens des vers de
poésie attribués à l'Imam (a. s.): si c'est par le
principe de la délibération.
Que tu as pris possession de leurs affaires,
Comment était-ce possible alors que
Les délibérants étaient
absents?
Si par contre, c'est par la parenté que
tu as évincé l'adversaire,
Comment était-ce et d'autres sont plus
dignes du Prophète et plus proches?
Mais le discours de l'Imam (a. s), le plus
complet relativement à cette affaire se trouve dans son fameux sermon
appelé Ash-Shiqshiqiyyah dans lequel il dit:
«Par Allah! un
tel se l'est appropriée (la succession) alors qu'il savait que ma place
est celle du pôle des dirigeants ... Comme c'est étonnant! Tandis
qu'il cherchait à s'en démettre de sa vie, il l'assigna à
un autre après sa mort ... Pourtant j'ai gardé patience
malgré la longueur de la durée et la dureté de
l'épreuve. Avant de s'en aller (mourir), l'autre désigna pour le
califat un groupe de candidats, prétendant que je serai l'un d'entre
eux! Depuis quand doutait-on de ma priorité face au premier qui se l'est
appropriée pour qu'on me joigne après à ces
comparables?!».
Ils (les partisans de l'Ecole des califes) ont
oublié ou feint d'oublier tous ces propos de l'Imam 'Ali (a. s.) pour ne
s'en tenir qu'au propos dans lequel l'Imam ne fit qu'avancer des arguments
admis par Mu'âwiyah et les autres adversaires.
4)- L'établissement du califat par la
force et la coercition Discussion de cet argument.
Quiconque explore l'histoire de l'Islam trouve
que depuis le début jusqu'à l'époque des califes-ottomans,
le califat reposait sur la coercition exception faite du califat de l'Imam 'Ali
(a. s). Cette donnée historique est vraie et indiscutable.
Voici leur propos (de partisans de l'Ecole des
califes) selon lequel: «Quiconque devient calife et se nomme "prince
des croyants" après avoir remporté la victoire par
l'épée sur ces concurrents se trouve (légitimement
établi) de telle façon qu'il est illicite pour tout musulman qui
croit en Allah et au Jugement dernier de passer une nuit sans le
considérer comme Imam, peu importe que cet homme soit vertueux ou
libertin».(139)
Je ne sais de quoi parlent ces excellences! De
l'application de la loi d'Allah pour l'établissement du pouvoir
politique dans la société islamique ou de la loi de la jungle,
propice aux lions et aux léopards?!
Mais pour qu'on ne nous reproche pas de citer
les propos des Anciens et passer sous silence ceux des contemporains qui ne
partagent pas leurs idées et leurs croyances et pour qu'on ne dise pas
«qu'on soit dans le présent de l'Islam»,(140) nous citons le titre d'un livre publié
à l'intention des écoles d'un pays où se trouvent la Ka'bah,
la Maison Sacrée et la Mosquée du Messager des croyants:
«Vérités sur le prince des croyants Yazîd b.
Mu'âwiyah», publié par le ministre d'al-Ma'ârif et
diffusé dans les deux lieux sacrés (à la Mecque et
Médine). Ce livre vante les mérites de Yazîd et rapporte
des hadîths faisant son éloge. C'est ce Yazîd qui donna
l'ordre de catapulter la Ka'bah et de livrer pendant trois jours la
Mosquée du Messager et son enceinte sacrée à son
armée qui, à Médine tua les hommes et viola les femmes.
5)- L'obligation d'obéir à l'imam
(au calife) quand bien même il désobéit au Messager (SAW).
Muslim rapporte dans son sahîh,
à partir de Hudhayfah: le Messager d'Allah dit: «Après moi
viendront des imams qui ne suivront pas ma guidance et ne s'inspireront pas de
ma sunnah; des hommes ayant des curs sataniques dans des corps humains».
Hudhayfah demanda : «Que ferais-je alors ô Messager d'Allah!
Si j'y étais présent?». Le Prophète répondit:
«Tu écoutes et tu obéis au prince quand bien même il
frappe ton dos et s'empare de tes biens. Ecoute et obéis».
Ibn 'Abbâs rapporte que le Messager
d'Allah dit: «Que celui qui désapprouve ou déteste quelque
acte de son imam fasse preuve de patience car celui qui meurt, après
avoir quitté d'un empan la communauté (musulmane), fait une mort
jâhiliyyah (mort en impie).(141)
Dans son commentaire du Sahîh de
Muslim, An-Nawawî dit (chap., "L'obligation d'obéir aux
princes quand il ne s'agit pas de perpétrer un
péché"):
«La totalité des partisans de la
sunnah, jurisconsultes, traditionalistes et théologiens affirment que
l'imam (le calife) ne doit pas abdiquer pour prévarication, injustice ou
abolition des droits, ni être démis de ses fonctions. Il n'est pas
permis non plus de se soulever contre lui. Il faut plutôt l'exhorter et
l'inciter à la crainte (d'Allah) en raison des hadîths relatifs
à ce sujet».
Avant ce passage, An-Nawawî dit dans le
même sens:
«Quant à la rébellion et
à la lutte armée contre eux (les califes), elles sont illicites
de par le consensus des Musulmans quand bien même ils (ces princes) sont
prévaricateurs et injustes. Les hadiths rapportés concordent sur
ce point. Les gens de la sunnah sont unanimes à dire que le sultan
n'abdique pas pour cause de prévarication».(142)
Ainsi l'Ecole des califes rapporte des
récits selon lesquels le Messager d'Allah (SAW) aurait prohibé le
soulèvement contre le prince injuste et infidèle à la
sunnah du Messager (SAW) et prescrit l'obéissance à son
égard.
Quant à l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s) elle
rapporte à partir du Messager d'Allah (SAW) des récits
opposés comme celui de l'Imam Al-Hussayn (a. s), petit fis du Messager
d'Allah (SAW): «Si quelqu'un voit un prince injuste, profanant le
sacré d'Allah, parjurant Son pacte, opposé à la sunnah du
Messager d'Allah (SAW) et abusant des créatures d'Allah par le
péché et l'agressivité et qu'il n'essaie de changer cet
état de chose ni par une parole ni par un acte, Allah sera dans le droit
de lui réserver le même sort que lui (l'injuste)».(143)
De la comparaison des récits
rapportés par l'une ou l'autre Ecole, on comprend que ce que l'Ecole des
califes a rapporté se situe dans le cadre des intérêts
recherchés (par les narrateurs) et du soutien apporté aux
autorités en place. Cela se passait au début de l'époque
Umayyade. Ensuite, ces récits furent notés au temps de la
compilation des recueils des hadîths au début du IIème
siècle de l'hégire. Comme on qualifiait ces
récits d'authentiques, l'unanimité s'est faite autour d'eux. La
mise en application de ces récits et les études qu'on leur
consacrait amenaient les savants des palais, traditionnistes, magistrats,
orateurs, imams des Vendredis et leurs semblables à s'y accrocher avec
insistance à travers les siècles et partout dans le monde
(islamique) et ce, depuis le califat umayyade en Syrie et en Andalousie en
passant par les 'Abbassides de Bagdad, les Ottomans de Turquie, les
Mamâlîk d'Egypte, les Saljuqides, les Ghaznawiyyîne d'Iran et
les Kurdes de Syrie. Les Autorités les comblaient alors de prestige, de
fortune et des autres faveurs du palais. Leurs partisans qui en profitaient
aussi les suivirent...
Ainsi les Musulmans se sont divisés en
deux Ecoles: celle des califes dont les patrons comblaient de biens, de prestige,
de fonctions et de faveurs les personnes qui en diffusaient les idées,
et l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s.) qui résista à ces idées et
aux récits rapportés dans le but de soutenir les Autorités
en place et leurs thèses. Le pouvoir gouvernant réserva alors
à cette Ecole toute une gamme d'assassinat, d'incarcération de
persécution, de campagnes d'extermination, d'incinération des
livres et des bibliothèques afin d'écarter de la
société et de cacher aux yeux des Musulmans, ses idées qui
garantissent la sauvegarde de la sunnah du Messager (SAW).
Après tout cela, quelle quantité
de vérités peut-elle parvenir à cette époque?
Chapitre: 3
De l'Imamat
Recherches dans
l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s.)
Nous avons passé en revue les principes
et les idées de l'Ecole des califes et ses arguments au sujet de
l'Imamat.
Les partisans de l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s.)
posent comme conditions que l'Imam après le Prophète soit un
homme infaillible, exempt des péchés, désigné de la
part d'Allah - gloire à Lui - et textuellement nommé par Son
Prophète (SAW) en raison de la parole d'Allah adressée à
Son messager Ibrâhîm (Abraham) (a. s.):
«Je vais faire de toi un Imam pour les
Hommes. - (Feras-Tu de même) de ma descendance?, demanda (Abraham). (Mais
le Seigneur) dit: Mon pacte ne vaudra point pour les injustes». (V.
124/II)
L'Imamat est donc un pacte émanant
d'Allah Qui informe Son Prophète de l'homme qui en est chargé
comme IL l'informe des autres prescriptions et stipulations divines.
D'après le verset précédent
l'Imamat ne vaut point pour un Injuste. En revanche, celui qui n'a jamais fait
preuve d'injustice envers lui-même et envers les autres s'avère
infaillible.
L'Imamat est donc un pacte et une investiture
divine, le Messager ne fait que transmettre (ce pacte à la
communauté). Ceci implique l'infaillibilité chez la personne qui
en est chargée. Ces deux conditions préalables à l'Imamat
sont toutes les deux remplies par les Imams d'Ahlul-Bayt (a. s.).
L'infaillibilité
d'Ahlul-Bayt (a. s.)
Allah - gloire à Lui - informa
qu'Ahlul-Bayt c'est à dire Muhammad, 'Ali, Fatima, Al-Hassan et Al-
Hussayn (SAW) sont infaillibles et exempts des péchés:
«... Ô vous, les gens de la
Maison (Ahlul-Bayt) Allah veut seulement éloigner de vous la souillure
et vous purifier totalement». (V. 33/XXXIII)
La révélation de ce verset et ce que fit le Messager (SAW) en cette occasion.
'Abdullah b. Ja'far b. Abî Tâlib
rapporte ceci(144): lorsque le
Messager d'Allah (SAW) vit que la Miséricorde descendait il ordonna:
«Faites-venir, faites-venir!». Safiyyah demanda alors: «Qui
ô Messager d'Allah?». «Ahlul-Baytî» (les gens de
ma maison 'Ali, Fatima, Hassan et Hussayn), répondit-il. Quand ils
arrivèrent, le Prophète (SAW) les couvrit de son manteau puis
leva les mains en disant: «Allâhumma, voici mes Proches,
prie sur Muhammad et sur ses Proches!». La révélation est
venue alors avec ce verset: «Ô les gens de la Maison! Allah
veut seulement éloigner de vous la souillure et vous purifier totalement».
Dans le récit rapporté par la
mère des Croyants Aïsha, "le manteau était en
étoffe noire".(145)
Le compagnon Wâ'ilah b. al-Asqa' donne une
autre précision: «Le Messager d'Allah (SAW) rapproche un jour 'Ali
et Fatima qu'il fit s'asseoir devant lui puis fit s'asseoir Hassan et Hussayn
sur ses cuisses ...».(146)
La mère des Croyants 'Ummu Salamah dit
dans un autre récit: «Ce verset (celui de la purification) fut
révélé chez moi où il y avait sept (personnes):
Jabrâ'îl, Mikâ'îl (a. s.), 'Ali, Fatima, Al-Hassan et
Al-Hussayn (a. s). Moi, j'étais près de la porte. J'ai
demandé: Ô Messager d'Allah! Ne fais-je pas partie d'Ahlul-Bayt?. Le prophète répondit: tu es dans le bien;
tu fais partie des épouses du Prophète».(147)
Dans le verset coranique précité,
Allah parla des gens infaillibles vivant en particulier à
l'époque du Messager qui se chargea de les désigner par l'acte,
de les couvrir de son manteau et par la récitation du même verset
à la porte de leur maison des mois durant au vu et au su de plusieurs de
ses Compagnons.
Ce verset et ce que le Messager d'Allah (SAW) a
dit et fait pour son interprétation suffisent largement pour prouver
l'infaillibilité des gens de la maison, Ahlul-Bayt (a. s.). Sur le plan
pratique, l'histoire n'a pas enregistré une infraction à cette
infaillibilité de la part des Imams d'Ahlul-Bayt (a. s.) quand bien
même l'histoire islamique fut écrite par des savants appartenant à
l'Ecole des califes et souvent acculés des siècles durant
à noter dans leurs livres ce qui devrait satisfaire les califes. Ceux-ci
s'activaient à travers les époques pour éteindre la
lumière des Imams d'Ahlul-Bayt (a. s.) de peur de voir les Musulmans
portés à les suivre ou à leur prêter serment
d'allégeance. C'est pour cette raison que ces Imams (a. s.) furent
assassinés ou emprisonnés et persécutés surtout
à l'époque des banî 'Umayyah (ou mayyades) qui avaient
donné l'ordre d'insulter l'Imam 'Ali (a. s.) dans les sermons des
Vendredis, sur les chaires des mosquées et de châtier la
Shî'ah d'Ahlul-Bayt, c'est à dire leurs partisans et ceux qui les
aimaient et croyaient en leur Imamat. Malgré tout cela, on ne trouve pas
dans l'Histoire quelque petite faute ou erreur imputée aux Imams
d'Ahlul-Bayt (a. s.); ce qui prouve qu'effectivement Allah les a
éloignés de toute souillure et les a purifiés totalement,
comme le dit le verset coranique précité.
Ce qui précède consiste l'argument
le plus important dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt, relativement à l'infaillibilité
des gens de la Maison (a. s.).
Ci-après, un ensemble de traditions
prophétiques se rapportant à l'Imamat d'Ahlul-Bayt (a. s.),
sachant qu'Allah - gloire à Lui -, dit à propos de Son
Prophète:
«Il n'est pas dans l'erreur. Il ne
parle pas sous l'empire de la passion. C'est seulement une
Révélation qui lui a été transmise».
(Vs. 2-3-4/LIII)
L'importance que
donnait le Messager (SAW) à la désignation de ses
légataires
La question de la dévolution de l'Imamat
après le Messager (SAW) (la succession) était d'une grande
importance et ne fut esquivée ni par le Prophète ni par son
entourage. Tous y pensèrent dès le début. C'est ainsi que
Bayharah de Banî 'Amir b. Ça'ça'ah posa comme condition
préalable à la conversion des membres de sa tribu à
l'Islam, que le pouvoir leur soit dévolu après le Messager (SAW).
Dès le début de son apostolat, le
Prophète (SAW) pensait à la question de sa succession et uvrait
dans ce sens. Ainsi, le jour où il reçut l'allégeance pour
l'édification de la société islamique, le Prophète
signala cette question à ses Compagnons. Al-Bukhârî, Muslim,
An-Nassâ'î, Ibn Mâjah, Mâlik, Ahmed et d'autres
traditionnistes rapportent (version d'Al- Bukhârî):
- 'Ubâdah Açâmit dit:
«Nous avons prêté serment
d'allégeance au Messager d'Allah (SAW) aux termes d'écouter et
d'obéir dans l'adversité comme dans la félicité,
quand nous sommes pour et quand nous sommes contre et de ne pas disputer
l'affaire à ses ayants droits...».(148)
Soixante douze hommes et deux femmes
ançarites prêtèrent serment d'allégeance dans ces
termes, s'engageant à ne pas disputer l'affaire à ses ayants
droit. L'affaire dont il s'agit dans cette tradition authentique est la
même qui sera plus tard (après la mort du Prophète)
disputée au préau (la Saqîfah) de Banî
Sâ'idah. Les dépositaires dans cette affaire sont ceux que le
Coran signale dans ce verset:
«Obéissez à Allah,
obéissez au Messager et à ceux d'entre vous détenant
l'autorité». (V. 59/IV)
A l'occasion de l'allégeance
contractée par les Ançars, le Messager d'Allah (SAW) ne
désigna pas par le nom son dépositaire parce qu'il n'était
pas opportun de le faire: n'étant pas un homme d'Al- Ançars,
certaines personnes qui ont prêté serment d'allégeance
auraient mal supporté cela à cette époque. Mais les termes
du serment d'allégeance étaient clairs: qu'on ne dispute pas
l'autorité à celui qui sera désigné par
après!
Lors d'une autre cérémonie, dans
une communauté plus petite que celle d'al-Ançars
(susmentionnée) le Messager d'Allah (SAW) désigna le
détenteur de l'autorité après lui et nomma son
dépositaire et son calife. C'était le jour où il invita
ses proches à embrasser l'Islam lorsque Allah
lui enjoignit de le faire dans ce verset:
«Avertis ton clan le plus proche!».
(V. 214/ XXVI); le récit y afférent est rapporté par
plusieurs traditionnistes et biographes tels: At-Tabarî, Ibn
'Assâkir, Ibn al-Athîr, Ibn Kathîr, Al-Muttaqî et
d'autres.(149)
D'après ce récit, le Messager
(SAW) dit à 'Ali b. Abî Tâlib: «Certes, voici mon
frère, mon dépositaire et mon calife parmi vous. Ecoutez-le donc
et obéissez-lui. Les gens se sont levés alors en riant et en
disant à Abî Tâlib: il t'a ordonné d'écouter
ton fils et de lui obéir».
C'était en l'an trois de l'apostolat et
la première fois que le Messager d'Allah (SAW) appela ouvertement
à l'Islam, désigna l'Imam après lui et le présenta
à ses proches. La raison pour laquelle le Messager l'a fait à
cette occasion et non dix ans après, lors de l'allégeance
contractée par al-Ançar en vue d'établir la
société islamique, est que l'Imam en question ('Ali (a. s.)
n'appartient pas à l'une des tribus d'al-Ançars et les
sociétés s'édifiaient à cette époque sur une
base tribale. Il n'était pas alors opportun ou sage d'obtenir leur
allégeance pour un Imam non ançarite. Il se contenta en cette
occasion de les faire s'engager à ne pas disputer l'autorité
à son dépositaire.
Le Messager d'Allah (SAW) donnait donc beaucoup
d'importance à sa succession: tantôt il nomma son successeur,
tantôt il stipula dans le contrat de l'allégeance qu'on ne lui
disputerait pas son rang, tantôt il récusait la convoitise des
prétendants à ce poste.
Un autre fait concrétisait l'importance
accordée par le Messager (SAW) à sa succession: chaque fois qu'il
lui arrivait de sortir de Médine, de s'absenter pendant quelques jours,
il désigna quelqu'un pour l'y représenter durant son absence
fût-elle d'un seul jour comme se fut le cas lors de la bataille d'Uhud
(une montagne située à un mile de Médine) ou lors de la
bataille du fossé (al-Khandaq) qui s'est déroulée à
Médine même mais comme le Prophète (SAW) était pris
par la guerre, il dut désigner quelqu'un (pour l'expédition des
affaires courantes); (voir à ce sujet: Al-Mas'ûdî, At-Tanbîh
wal-'Ishrâf, de "L'an 2 à l'an 8 de
l'hégire").
Si c'était donc une habitude du Messager
(SAW) que de désigner quelqu'un pour le remplacer à Médine
pendant une partie de la journée ou quand il est très
occupé à l'intérieur même de Médine, que
ferait-il alors pour sa communauté avant de la quitter pour
l'au-delà? La laisserait-il sans berger? Ne désignerait-il
personne pour être sa référence après lui? C'est ce
que nous allons étudier inchâ Allah dans ce qui suit:
Les traditions
prophétiques relatives à la désignation; De son
dépositaire (le détenteur de l'autorité après lui)
Commençons ici par la tradition des
prophètes (a.s) relative à la désignation de leurs
successeurs dans leurs communautés respectives. Al-Mas'ûdî(150) en donna la chaîne depuis Adam jusqu'au
sceau des Prophètes (SAW):
- Le dépositaire d'Adam était
Hibatullah ou Sheth (a. s.) en hébreu.
- Le dépositaire d'Ibrâhîm
était Ismâ'îl (a. s)
- Le dépositaire de Ya'qûb
était Yûssuf (a. s).
- Le dépositaire de Mûssâ
était Yusha' b Nun (Josué), descendant de Yûssuf (a. s.),
ce dépositaire fut combattu par Safûrâ, l'épouse de
Mûssâ (a. s.).
- Le dépositaire de 'Issâ
(Jésus) était Sham'ûn (a. s.).
- Le dépositaire du Sceau des
prophètes Muhammad (SAW) était 'Ali b. Abî Tâlib, puis
les onze Imams de ses descendants (a. s.).
Le dépositaire
du Messager (SAW): Son ministre, son héritier et son successeur. Al-Waçîy (le dépositaire) dans les hadiths du
Messager (SAW)
Nous avons déjà rapporté le
récit de l'avertissement de ses proches par le Prophète (SAW) qui
leur dit en présence de Banî Hâshim: «Certes voici mon
frère, mon dépositaire et mon successeur parmi vous,
écoutez-le donc et obéissez-lui».
Par ce propos, le Messager (SAW) désigna
son dépositaire et son calife et ordonna de lui obéir. Or, Allah
- gloire à Lui - dit: «Prenez ce que le Messager vous donne».
(V. 7/LIX).
At-Tabarânî rapporte à partir
de Salmân (r. d.) qui dit:
«J'ai demandé, ô Messager
d'Allah! chaque prophète avait un
dépositaire; qui est le tien?». Le Prophète ne me
répondit pas sur le coup mais, par après, lorsqu'il m'a vu, il
m'appela: «Salmân!». Je répondis: «Oui, et
j'accourus vers lui. Il me demanda: «Sais-tu qui était le
dépositaire de Mûssâ?». Je répondis:
«Oui, c'était Yusha' b. Nun». Il demanda alors: «Pour
quelle raison?». J'ai dit: «Parce qu'il était le plus savant
de la communauté». Le Prophète me dit alors: «Mon
dépositaire, mon confident et le meilleur que je puisse laisser
après moi pour l'accomplissement de ma promesse et l'acquittement de ma
dette est 'Ali b. Abî Tâlib».(151)
Abû Ayyûb rapporte que le Messager
d'Allah (SAW) dit à sa fille Fatima (a. s.): «Ne sais-tu pas
qu'Allah - gloire à Lui - s'est penché sur les Habitants de la
terre, en choisit d'abord ton père et en fit un prophète; ensuite
il en choisit ton époux et me révéla l'ordre de vous
marier et de le prendre pour dépositaire».(152)
Abû Sa'îd rapporte aussi que le
Messager d'Allah (SAW) dit: «Certes mon dépositaire, mon confident
et le meilleur que je puisse laisser après moi pour l'accomplissement de
ma promesse et l'acquittement de ma dette est 'Ali b. Abî
Tâlib».(153)
Anas b. Mâlik rapporte aussi que le
Messager a fait (un jour) ses ablutions, a accompli une prière de deux
Rak'at et me dit: «Le premier qui entre par cette porte est l'Imam des
Vertueux, le maître des Musulmans, le bourdon de la religion et le sceau
des dépositaires ...». 'Ali (a. s.) vint le premier. Alors Le
Messager (SAW) se leva rayonnant et lui donna l'accolade ...».(154)
Buraydah, à son tour, rapporte que le
Prophète (SAW) dit: «Chaque prophète a un
dépositaire et un héritier. Le mien est 'Ali».
Dans son livre Al-Mahâssine et Al-Massâwi',
Al- Bayhaqî rapporte un récit dont voici le résumé:
Jabrâ'îl (a. s.) apporta d'Allah un don pour que le Messager (SAW)
en fît cadeau à son cousin et dépositaire 'Ali b. Abî
Tâlib ...
Le testament dans les
livres des nations antérieures
Dans son livre Waq'atu Saffîne,
Nasru b. Muzâhim rapporte ceci (un récit semblable se trouve dans Târikh
Bagdâd d'Al-Khatîb):
«En se dirigeant vers Saffîne,
l'Imam 'Ali constata que son armée avait soif en plein désert. Il
la conduisit alors jusqu'à une roche et aida les hommes à
l'arracher (pour trouver de l'eau). L'armée y but à satisfaction.
A côté, il y avait un monastère. Quand l'abbé fut
informé de l'événement, il dit: ce monastère n'a
été construit que par cette eau (de la roche) et ne put l'en
extraire qu'un prophète ou un dépositaire de
prophète».(155)
Le testament dans les récits des
Compagnons et des Tâbi'îne
1)- Dans le sermon d'Abî Dhar: A l'époque de 'Uthmân, Abû Dhar
se tint un jour debout à la porte de la mosquée du Messager
d'Allah (SAW), donna un sermon et dit: «... et Muhammad est
l'héritier de la science adamique et des mérites des
prophètes tandis que 'Ali b. Abî Tâlib est le
dépositaire de Muhammad et l'héritier de sa science ...».
2)- Dans des propos d'al-Ashtar: Quand les gens prêtèrent serment
d'allégeance au Prince des Croyants (a. s), Mâlik b.
al-Hârith al-Ashtar dit: «Ô les gens! Voici le
dépositaire des dépositaires, l'héritier de la science des
prophètes; celui dont l'effort est grandiose et beau; le Livre d'Allah
témoigne de sa foi et le Messager témoigne de ce qui l'attend
comme agrément au Paradis. Ses Vertus sont complètes; son
passé glorieux, sa science et son mérite sont indubitables tant
chez les Contemporains que chez les Anciens».(156)
3)- Le récit de 'Amru b. al-Hamiq
al-Khuzâ'î: Lorsque
le Prince des Croyants rassembla les gens à Al-Khûfah (en Iraq)
pour leur parler de sa décision d'aller à Saffîne où
il combattrait Mu'âwiah, 'Amru b. al-Hamiq al-Khuzâ'î se leva,
s'adressa à l'Imam et dit: «Ô Prince des Croyants! Ce n'est
ni pour une quelconque parenté entre toi et moi, ni pour recevoir
quelque bien que ce soit de toi, ni pour me faire accorder un pouvoir
susceptible de me rendre célèbre, que je t'ai aimé et
prêté serment d'allégeance! Je t'ai aimé pour tes
cinq qualités: tu es le cousin du Messager d'Allah (SAW), son
dépositaire, le père de sa descendance qui reste parmi nous (en
souvenir) du Messager d'Allah (SAW), le premier à avoir embrassé
l'Islam et, de tous les Muhâjirîne, ta contribution au Jihâd
est la plus importante!».(157)
4)- Dans une lettre de Mohamed b. Abî Bakr: de la lettre qu'il a envoyée à
Mu'âwiah, Mohamed b. Abî Bakr écrivit ceci: «Comment,
malheur à toi! Te permets-tu de te comparer à 'Ali alors qu'il
est l'héritier du Messager d'Allah, son dépositaire, le
père de sa descendance, le premier homme à l'avoir suivi et le
dernier à l'avoir quitté pour l'au-delà. Il lui confiait
ses secrets et le fit participer à son affaire!».(158)
5)- Dans une lettre de 'Amru b. al-'Açi: Al- Khawârizmî rapporte le contenu
d'une lettre envoyée par 'Amru b. al-'Aç à Mu'âwiyah
à qui il dit: «Quant à l'affaire à laquelle tu m'as
invité: t'aider dans le faux et brandir l'épée contre 'Ali
alors qu'il est le frère du Messager d'Allah, son dépositaire,
son héritier, celui qui acquitte sa dette, remplit sa promesse et il est
l'époux de sa fille ...».(159)
6)- Dans les propos de l'Imam 'Ali (a. s.) et
dans son argumentation:
Al-Khawârizmî rapporte ce propos de l'Imam 'Ali (a. s.): «Je
suis le frère du Messager d'Allah (SAW) et son dépositaire
...».(160)
Al-Ya'qûbî évoque aussi
l'argumentation des Khawârij (les dissidents), dans laquelle ils lui
reprochent d'avoir gâché le testament. En guise de réponse,
l'Imam (a. s.) leur dit: «Quant à votre propos selon lequel
j'étais effectivement le dépositaire mais j'ai
déconsidéré le testament, sachez qu'Allah - gloire
à Lui - dit: «IL incombe aux hommes - à celui qui en
possède les moyens - d'aller, pour Allah, en pèlerinage à
la Maison. Quant à l'incrédulité, qu'il sache qu'Allah se
suffit à Lui-Même et qu'IL n'a pas besoin de l'univers».
(V. 97/III)
»La Maison à laquelle on est tenu
de se rendre en pèlerinage aurait-elle été
incrédule si personne n'y avait été en pèlerinage?
Non, c'est celui qui en a les moyens et ne s'y rend pas qui devient incrédule.
Vous, en me laissant, vous êtes tombés dans l'incrédulité
et non moi ...».(161)
Ibn Abîl-Hadîd dit: «Un jour
'Ali (a. s.) dit dans son sermon: «Je suis le
serviteur d'Allah et le frère de Son Messager. Personne ne le dit avant
moi et personne ne le dira après moi. J'ai hérité le
Prophète de la Miséricorde et épousé la meilleure
des femmes de cette Communauté et je suis le sceau des
dépositaires». (162)
7)- Dans le sermon d'Al-Hassan (a. s.): Après l'assassinat de son père,
l'Imam Al-Hassan (a. s.) dit alors dans son sermon: «Je suis Al-Hassan b.
'Ali. Je suis le fils du Prophète et je suis le fils du
dépositaire».(163)
8)- Dans les condoléances de la Shi'ah
présentées à l'Imam Al-Hussayn (a. s.) après la
mort de son frère l'Imam Al-Hassan (a. s.): A cette occasion les Shi'ites d'al-Kûfah se
réunirent dans la maison de Sulaymân b. Çurad et
écrivirent à Al-Hussayn b. 'Ali (a. s.) pour lui présenter
leurs condoléances: «La calamité qui s'est abattue sur
cette Communauté en général et sur toi et les Shi'ites en
particulier, est immense. On a perdu le fils du dépositaire et le
petit-fils du Prophète ...».(164)
Selon Al-Mas'ûdî (Murûjudh-Dhahab),
quand la nouvelle de la mort de l'Imam Al-Hassan est parvenue en Syrie, Ibn
'Abbâs dit à Mu'âwiyah: «Si aujourd'hui nous sommes
atteints par sa perte, nous l'avons été auparavant par la perte
du Maître des Prophètes, l'Imam des Vertueux, le Messager du Seigneur
de l'Univers et après lui par la perte du maître des
dépositaires. Qu'Allah répare ce malheur (cette perte)
...».(165)
9)- Dans le sermon de l'Imam Al-Hussayn (a. s.): Le 10e jour d'Al-Muharram ('Ashûrâ),
l'Imam Al- Hussayn (a. s.) donna un sermon devant l'armée de
Yazîd:
«... Savez-vous qui je suis? Pensez-y
ensuite, revenez à vous-mêmes en vous blâmant et
demandez-vous s'il vous est permis de me tuer et de profaner ma dignité?
Ne suis-je pas le petit-fils de votre Prophète (SAW) et le fils de son
dépositaire qui fut son cousin, le premier à avoir
embrassé l'Islam, à avoir cru en Allah et en Son Messager?
Hamzah, le maître des Martyrs n'est-il pas l'oncle de mon père?
Ja'far, le martyr-ailé n'est-il pas mon oncle?».(166)
De cette argumentation de l'Imam Al-Hussayn (a.
s.) il apparaît que la qualité de dépositaire qu'il donna
à son père était aussi célèbre que la
prophétie de son grand-père (SAW) et le martyr de Hamzah et de Ja'far.
C'est pour cette raison que personne de ceux qui ont entendu le serment
d'Al-Hussayn (a. s.) n'a contesté son affirmation.
10)- Dans les propos de 'Abdullah b. 'Ali,
l'oncle du 1er calife 'Abbasside As-Saffâh (le sanguinaire): Adh-Dhahabî rapporte à ce sujet le
récit d'Abî 'Amru al-Awzâ'î. En voici l'essentiel:
«Quand 'Abdullah b. 'Ali l'oncle d'As-Saffâh s'était rendu
en Syrie, après avoir massacré Banî 'Umayyah, il me fit
venir et me demanda: «Bon sang! Le califat n'est-il pas à nous de
par la religion même?
- Comment est-ce? Répondis-je. Le
Messager d'Allah (SAW) ne l'avait-il pas confié (légué)
à 'Ali?».
11)- Dans les propos de Mohamed b. 'Abdillah b.
al- Hassan lors de son argumentation à l'encontre du calife 'Abbasside,
Al-Mançur.
En évoquant les événements
de l'an 145 h., At-Tabarî et Ibn Athîr respectivement dans leurs
traités de L'Histoire, rapportèrent que lorsque Mohamed
b. 'Abdillah b. al-Hassan b. 'Ali b. Abî Tâlib s'était
soulevé contre le calife Abbasside Abî Ja'far al-
Mançûr et que les gens lui avaient prêté serment d'allégeance
à Médine, il écrivit une lettre - réponse
détaillée au calife Al-Mançur - et lui présenta les
arguments selon lesquels il avait la primauté sur lui quant à la
dévolution du califat:
«Notre père 'Ali était le
dépositaire et l'Imam. Comment alors héritiez-vous de son califat
du vivant même de ses enfants? ...
A son tour, Al-Mançur lui écrivit
sa réplique dans laquelle il récusa les arguments de son
concurrent mais garda le silence sur cet argument (celui de la priorité
au droit de commander). Le silence d'Al-Mançur est une reconnaissance de
la part des 'Abbassides de la validité de cet argument.(167)
Waçîyyun-Nabîy:
(le dépositaire du Prophète) (SAW)
Un sermon très connu de l'Imam 'Ali (a.
s.) et très répandu dans la poésie des Compagnons et des
Tâbi'îne ainsi que dans les recueils de la langue
Au début de l'Islam:
Dès le début, l'Imam 'Ali (a. s.)
fut surnommé Al- Waçîy (le légataire, le
dépositaire) et cela était célèbre à tel
point qu'il serait relaté par les auteurs des grands traités de
la langue. Ainsi, dans (le grand dictionnaire) Lissânul-'Arab le
terme Al-Waçîy ... surnom de 'Ali (a. s.). De même
dans Tâjul-'Arûs = Al-Waçîy = surnom de 'Ali
(a. s.).
A l'époque des Compagnons, ce surnom fut
évoqué dans leurs poèmes tel celui que composa le
Compagnon et poète du Prophète (SAW), Hassân b.
Thâbit, après la mort du Messager (SAW):
Qu'Allah dont les récompenses sont entre
les mains rétribue
Abâ Hassan ('Ali) et qui peut être
comme Abûl-Hassan?
Tu as gardé en nous le souvenir du
Messager d'Allah et son pacte
Et qui est plus digne de lui que toi? Qui?
N'es-tu pas son frère dans la guidance et
son dépositaire?
N'es-tu pas plus savant qu'eux du Livre et des
traditions?(168)
Dans son livre Al-Muwaffaqiyyât, Az-Zubayr
b. Bakkâr rapporte la poésie d'un Qurayshite faisant
l'éloge de 'Abdullah b. 'Abbâs:
Par Allah! Personne après 'Ali le
Dépositaire ne sut parler aux gens comme l'a fait Ibn 'Abbâs!(169)
Le poète d'al-Ançar,
An-Nu'mân b. 'Ajlân dit dans un poème, après la mort
du Prophète (SAW):
Notre penchant était pour 'Ali et il en
est
Certainement digne mais tu ne le sais pas
Ô 'Amru!
Le dépositaire du Prophète
élu et son cousin
Et le tueur des cavaliers égarés
et impies.
Ces vers furent composés en
réponse à 'Amru b. al- 'As qui, lors de l'événement
de la Saqîfah, attisa la colère d'al-Ançar que l'Imam 'Ali
a bien défendus à l'encontre des émigrés
Qurayshites.(170)
Ibn Abîl-Hadîd dit aussi: «De la
poésie qui comporte l'attribution du surnom d'al-Waçîy
à 'Ali (a. s.), au début de l'Islam, il y a ces vers de 'Abdillah
b. Abî Sufyân b. al-Hârith b. 'Abdil-Muttalib»:
'Ali est de nous, l'homme de Khaybar
Et de Badr aux troupes déferlantes.
Le dépositaire du Prophète
élu, et son cousin,
Qui pourra l'égaler? Qui pourra en
être près?
De même, Abdur-Rahmân b. Ju'ayl dit:
Par ma vie! Vous avez prêté serment
d'allégeance à un homme
Protecteur de la religion, vertueux et bien
guidé
'Ali est le dépositaire du
prophète élu, et son cousin
Le frère de la religion et de la
piété
Et le premier qui ait fait une prière(171)
Ce sermon est resté célèbre
des siècles durant.
Al-Mubarrid rapporte dans Al-Kâmil)
ce vers d'Al- Kumayt:
Le dépositaire que le Tujubûy (Ibn
Muljam) a assassiné
En vue de faire pencher le trône de la
communauté vers la destruction
Dans son commentaire, Al-Mubarrid dit:
Le surnom Al-Waçîy (le
dépositaire)!
On en parlait beaucoup.
On savait donc très bien que le surnom de
dépositaire était tel bel et bien attribué à l'Imam
'Ali (a. s.) au même titre que son autre surnom Abû Turâb.
Dans le même sillage, Al-Mubarrid pour
prouver que le surnom d'Al-Waçîy attribué à l'Imam
'Ali était très célèbre, cita de la poésie
d'Abîl Aswad Ad-Du'abîy qui, sans citer 'Ali par le nom, se
contenta du surnom pour parler de lui:
D'un grand amour,
J'aime Muhammad, 'Abbâs, Hamza et
Al-Waçîy.
De même Al-Himyarîy dit :
Mon culte préféré est celui
que pratiqua la Dépositaire ...
Allah les gratifia de Muhammad
Les a guidés, vêtus et nourris
Puis ils s'attaquèrent à son
dépositaire et son allié
Par leurs actes abominables.
Ainsi ils lui firent boire la coloquinte(172)
L'imam des shafi'ites, Mohamed b. Idriss (mort
en 204h) dit aussi:
Si l'amour que je porte pour le
Dépositaire est considéré comme un refus
Eh bien! Je suis le plus grand
"refuseur" des humains!(173)
Dans le recueil de poésie
d'Al-Mutanabbîy on trouve cette conversation: «Pourquoi ne
composes-tu pas de poèmes pour faire l'éloge du Prince des
Croyants 'Ali b. Abî Tâlib (a. s.)?»
Je n'ai pas fait l'éloge du
dépositaire exprès.
C'est une lumière totale allant du ciel
à la terre
Quand un être est indépendant il se
tient de lui-même
Comme la lumière du soleil, qui passe
inaperçue(174)
répondit-il en vers.
De même Sheykhul-Islâm
al-Hamwînî al-Juwaynî (mort en 722 h.) dit en vers:
Le frère de l'Elu, le meilleur de
Banî Hâchim
Le père des Maîtres,
célèbres et bénis, l'homme de confiance
Le dépositaire de l'Imam des Messagers
Muhammad.
'Ali le Prince des Croyants Abîl-Hassan(175)
A son tour, le Mufti d'Al-Moçul,
en Iraq (Mohamed Habîb Al-'Ulbaydî) (mort en 1383 h.), lors de la
révolution irakienne en 1920 contre la colonisation britannique,
réfuta la prétention de celle-ci au droit
d'Al-Wiçâyah (le protectorat) sur l'Irak et les Irakiens en
composant son poème intitulé:
"Le Premier cri"
Ô l'Occident, tu dis là quelque
chose de monstrueux!
De Waçîy, on ne connaît que
le Waçîy (du Prophète)!
Par le Coran et l'Evangile,
On n'acceptera guère de protectorat
d'autrui
Du sang coulerait alors comme un torrent
Après le Waçîy, époux
de la dame purifiée
Accepterons-nous la Wiçâyah des
Anglais?(176)
De ce qui précède, il
apparaît que le surnom d'al- Waçîy était
célèbre chez les partisans de l'Ecole des califes depuis le
premier siècle de l'hégire jusqu'au 14e siècle.
Déjà, à l'époque de 'Aïsha, lors de la
bataille du chameau, Addabbîy, l'un de ses partisans, dit en vers:
Nous, Banû Dabbah, sommes les ennemis de
'Ali
Celui-là qu'on surnommait autrefois le
Waçîy.
En fait ce n'était que dans un moment
d'inattention, le sens du terme passant inaperçu dans ce cas là,
que les partisans de l'Ecole des califes parlaient de l'Imam 'Ali en citant son
surnom: le Dépositaire.
Mais quand ils faisaient attention à sa
signification, ils le nièrent ou l'occultèrent. Ainsi, «...
ils détournaient le Discours de ses sens ...». (fragment du V. 46/IV).
L'Ecole des califes
fournit de grands efforts en Vue de masquer les récits relatifs au
testament et d'interpréter ceux qui s'étaient répandus
La personne qui uvra, en premier lieu, dans ce
sens fut 'Aïsha la mère des Croyants. Les récits
rapportés à partir d'elle le montrent clairement mais ses
hadîths qui nient le testament (en faveur de 'Ali) prouvent (par le fait
même) que l'Imam 'Ali était connu déjà à
cette époque pour être le dépositaire du Prophète.
Les traditions rapportées par 'Aïsha
prouvent que 'Ali (a. s) était le dépositaire du Messager d'Allah
(SAW)
Muslim rapporte dans son Sahîh
que lorsqu'on a évoqué chez 'Aïsha le fait que 'Ali soit le
Waçîy, elle dit: «Quand l'a-t-il institué alors qu'il
appuyait son dos contre ma poitrine et rendit l'âme sans que je m'en
aperçusse, quand alors l'a-t-il institué?»(177)
'Aïsha, la mère des Croyants avait
besoin de mobiliser les gens pour alimenter sa guerre déclarée
contre l'Imam 'Ali, guerre connue dans l'histoire sous le nom de "Guerre
du Chameau". La conversation susmentionnée était tenue dans
ce contexte. Dans ces conditions de guerre fratricide, on voulait
sûrement arguer auprès d'elle du fait que l'Imam 'Ali qu'elle
combattait était le Waçîy, le Dépositaire du
Prophète (SAW). En tout cas, son attitude à cette époque
ressemble à ce que relate la réalité historique quant
à la position de 'Aïsha à l'égard de l'Imam 'Ali.
Dans le récit relatif à la maladie du Messager d'Allah (SAW), Ibn
Sa'd rapporte que 'Aïsha dit:
«Il (le Prophète) est sorti,
appuyé sur deux hommes, entre Ibn 'Abbâs, Al-Fadl, et un autre
homme. 'Ubaydullah dit: «J'ai rapporté son récit à
Ibn 'Abbâs (le frère du précédent) qui me demanda
alors: «Sais-tu qui était l'autre homme que 'Aïsha n'a pas
nommé?». «Non», répondis-je.
«C'était 'Ali», ajouta Ibn 'Abbâs, mais 'Aïsha ne
supportait pas qu'on dise du bien de lui».(178)
Ainsi, Aïsha, la mère des Croyants,
ne voulait pas nommer 'Ali (a. s.) dans ses récits et
préférait dire: un homme ... Cette dureté ne lui suffisait
pas: Abûl-Faraj rapporte à propos de l'assassinat de l'Imam 'Ali
(a. s.) que «lorsque la nouvelle de sa mort parvint à 'Aïsha,
celle-ci s'est prosternée» en guise de remerciement pour Allah.
Les hadîths rapportés par la
mère des Croyants 'Aïsha comparés à ceux
rapportés par d'autres Compagnons
Ce récit selon lequel «quand
l'a-t-il institué alors qu'il est mort contre moi (entre mes seins et
mon menton)»(179) est une
narration unique, spécifique à elle. D'autres récits s'y
opposent:
Ibn Sa'd dit dans sa Tabaqât:
(titre: "Ceux qui disent que le Prophète (SAW) est mort entre les
bras (dans le giron) de 'Ali b. Abî Tâlib):
Le Messager d'Allah (SAW) dit dans sa maladie:
«Faites venir (appelez) mon frère», 'Ali fut
"appelé". «Approche-toi», lui ordonna-t-il.
«Je me suis alors approché de lui, raconta 'Ali. Il s'appuyait
alors contre moi, me parlait de si près à tel point que je
recevais de la salive du Prophète (SAW). Enfin, il commença
à agoniser et à s'alourdir dans mes bras (mon giron) ...».
On rapporta aussi que 'Ali b. al-Hussayn dit: Le
Messager d'Allah (SAW) fut mort la tête dans le giron de 'Ali.
Ash-Sha'bî dit: même récit
avec en plus cette précision: 'Ali lui fit le lavage rituel.
Abû Ghatafân dit: j'ai
demandé à Ibn 'Abbâs: «Le Messager d'Allah (SAW)
est-il mort, la tête entre les bras de quelqu'un?». «Oui,
répondit-il, il est mort appuyé sur la poitrine de 'Ali».
Je dis: «Mais 'Urwah m'a raconté que 'Aïsha avait dit: le
Messager d'Allah (SAW) est mort dans mes bras!». Ibn 'Abbâs me
rétorqua alors: «Comprends-tu? Par Allah! Le Messager (SAW) est
mort appuyé contre la poitrine de 'Ali, et c'est lui qui a fait son
lavage rituel ...».
Ka'bul-Ahbâr se leva un jour, à
l'époque de 'Umar, alors que nous étions assis chez ce dernier,
et demanda : «Quelle fut la dernière parole du Messager
d'Allah (SAW)?». 'Umar lui dit: «Demande à 'Ali, il est
ici». 'Ali répondit en disant: «Appuyé contre ma
poitrine, il posa (finalement) la tête sur mon épaule et dit: La
prière, la prière». Ka'b dit alors: «Oui, elle est la
dernière injonction des prophètes. C'est sur cela que l'ordre
leur a été notifié et c'est sur cela qu'ils seront
ressuscités». Puis Ka'b demanda: «Ô prince des
Croyants! Et qui l'a lavé?». 'Umar dit: «Ddemande à
'Ali». 'Ali, en répondant à Ka'b, dit: «C'est moi qui
faisais le lavage; 'Abbâs était assis (là); 'Ussâmah
et Shuqrân m'apportaient de l'eau».(180)
Si le Prophète avait faibli et mourut
dans le giron de 'Aïsha ou entre son estomac et son menton comme elle l'a
dit, le calife 'Umar aurait dit à Ka'bul-Ahbâr: «Demande
à la mère des Croyants 'Aïsha pour t'informer de la
dernière parole du Prophète (SAW)», et ne l'aurait pas
renvoyé à 'Ali (a. s).
Mais le récit le plus solide reste celui
d'un témoin oculaire, de la mère des Croyants Ummu Salamah qui
dit:
«Par Allah! 'Ali fut la dernière
personne ayant abordé le Messager d'Allah (SAW) avant sa mort. Nous lui
avons rendu visite un matin alors qu'il demandait: «'Ali est-il venu?
'Ali est-il venu?», plusieurs fois. Fatima dit alors:
«Peut-être l'as-tu envoyé effectuer quelque chose».
Par après 'Ali vint. Croyant qu'il avait besoin de lui (pour
régler une affaire), nous sommes sortis de la pièce et
restés à la porte. J'y étais la proche, affirma Ummu
Salamah «le Messager d'Allah (SAW) s'est penché alors sur 'Ali et
entama avec lui un entretien confidentiel. Ensuite le Prophète (SAW)
mourut le même jour. 'Ali était la dernière personne
l'ayant abordé avant sa mort».(181)
Dans le récit de 'Abdullah b. 'Amru, le
Messager d'Allah (SAW) dit dans la maladie qui précéda sa mort:
«Faites venir mon frère!». 'Ali vint auprès de lui,
il le cacha d'un rideau et se pencha sur lui (en confident) ...».(182)
En parlant de la mort du Messager (SAW) l'Imam
'Ali (a. s.) dit:
«Le Messager d'Allah (SAW) a rendu le
dernier souffle, sa tête sur ma poitrine. J'ai recueilli ce souffle et
l'ai passé sur mon visage. Je me suis chargé de lui faire les
dernières ablutions (lavage rituel consécutif à la mort),
aidé par les anges qui se succédaient groupe après groupe;
cela créait un véritable grouillement dans la demeure. Leurs
louanges murmurées ne cessèrent de chatouiller mes oreilles
jusqu'à sa mise dans la tombe».(183)
Comparaison des
hadîths rapportés par la mère des Croyants 'Aïsha
Face aux hadîths précédents,
'Aïsha, la mère des Croyants fut donc la seule à avoir
rapporté que le Prophète (SAW) était mort dans son giron.
Il est fort probable qu'elle a raconté
cela lors de la guerre d'al-Baçurah, c'est-à-dire après
les deux califes 'Umar et 'Uthmân. Cela coïncidait aussi avec
l'époque de Mu'âwiyah où celui-ci défendait de
rapporter les mérites de l'Imam 'Ali (a. s.) et ordonnait de raconter
des récits contraires.
Mais même dan l'hypothèse où
le Prophète (SAW) aurait été mort contre sa poitrine, cela
contredirait-il les nombreux récits affirmant que l'Imam 'Ali (a. s) fut
institué comme dépositaire par le Messager d'Allah (SAW)? N'y
avait-il pas d'autres occasions dans un autre temps (que celui de sa
dernière maladie) où le Messager (SAW) aurait pu transmettre son
testament à l'Imam 'Ali? Si. Le prouvent de nombreux récits
rapportés par les traditionnistes, dont ceux qui suivent:
L'Imam 'Ali dit: «J'avais deux
entrées chez le Messager d'Allah (SAW): l'une pendant la nuit, l'autre
pendant la journée. S'il m'arrivait de me rendre chez lui alors qu'il
priait, il toussa (pour m'avertir)».(184)
Dans une autre version, il dit: «J'avais
auprès du Messager d'Allah (SAW) un rang qu'aucune autre créature
n'avait: à l'aube de chaque jour, je me rendais chez lui et je saluais
(pour entrer) à moins qu'il toussât (pour m'avertir qu'il
était occupé)».(185)
Ibn 'Asâkir dans son Târîkh,
rapporte que Jâbir dit: «Le jour d'At-Tâ'if, le Messager
d'Allah (SAW) eut avec 'Ali un long conciliabule. Certains Compagnons dirent
alors, il est vraiment long le conciliabule qu'il a eu avec son cousin! Quand
le Prophète (SAW) en prit connaissance, il dit: «Ce n'est pas moi
qui ai ordonné ce conciliabule à son profit, c'est Allah».
Dans une autre version: ils parlaient longtemps
en confidents alors qu'Abû Bakr et 'Umar regardaient parmi d'autres gens.
Une fois devant ceux-ci, ils dirent: «Ô Messager d'Allah! Ton
conciliabule aujourd'hui est long!». Le Prophète leur dit alors:
«Ce n'est pas moi qui aie tenu ce conciliabule avec lui; c'est
Allah!».(186)
L'attitude de la mère des Croyants
'Aïsha face aux hadîths de l'institution de 'Ali faisait partie des
actes du califat qurayshite dont la position à l'égard des
hadîths relatifs au rang d'Ahlul-Bayt, dépendait de la politique
générale de Quraysh: la prophétie et le califat ne doivent
pas être cumulés par Banî Hâshim (le clan du
Prophète).
L'occultation des mérites de l'Imam 'Ali
(a. s.). Les raisons pour lesquelles il fut insulté et maudit (par ses
adversaires)
Commençons d'abord par les raisons pour
lesquelles on l'a insulté et maudit notamment sur les chaires des
mosquées avant d'évoquer les récits relatant l'occultation
de ses mérites.
Quraysh a refusé le cumul de la
prophétie et du califat par Banî Hâchim
At-Tabarî rapporte que deux conversations
avaient lieu entre le calife 'Umar et Ibn 'Abbâs.
Dans l'une d'elles, le calife demanda à
Ibn 'Abbas:
«Qu'est ce qui a empêché
votre peuple (Quraysh) d'accepter votre califat?.
- Je ne sais pas, répondit Ibn
'Abbâs.
- Moi, je sais, affirma 'Umar. Ils (les
Quraychites) détestent votre tutelle en cette affaire. Pourquoi alors
que nous sommes pour eux comme le bien (une incarnation du bien?)
- Pardon! Dit 'Umar, ils détestent que
soient cumulés en vous la prophétie et le califat; ce cumul vous
aurait donné matière à vous enorgueillir. Peut-être
dites-vous que c'était Abû Bakr qui a fait cela. Non, par Allah,
mais en cette situation il a fait preuve de fermeté...».
Dans la deuxième conversation, 'Umar demanda:
- Ibn 'Abbâs! Sais-tu ce qui a
empêché votre peuple de vous après Muhammad?
- Je n'ai pas aimé, lui répondre
et j'ai dit: Si je ne sais pas, le prince des Croyants me fera savoir.
- Ils ont détesté le cumul de la
prophétie et du califat par vous; ce qui vous aurait donné
matière à vous montrer orgueilleux à leur égard.
Quraysh a donc fait son choix et elle a vu juste et fut bien guidée!
- Si tu me permets de parler sans que tu t'en
fâches, je parlerai, proposa Ibn, 'Abbas
- Parle, ô Ibn Abbas!
- Pour ce qui est du choix qu'avait fait
Quraysh, si elle avait accepté le choix d'Allah pour elle, la rectitude
aurait été entre ses mains, ni contestée ni enviée.
En ce qui concerne l'aversion de Quraysh pour le cumul de la prophétie
et du califat par nous, eh bien! Allah - gloire à Lui - parla de cette
aversion dans ces termes: «Il en est ainsi parce qu'ils ont
éprouvé de l'aversion pour ce que Allah a
révélé: IL rendra vaines leurs oeuvres». (V.
9/XLVII)
- Loin de toi! Par Allah! Ô Ibn
'Abbâs, des choses répréhensibles me parvenaient sur toi
mais je ne voulais pas te les faire reconnaître pour ne pas abaisser ton
rang à mes yeux.
- Quelles sont ces choses ô prince des
Croyants? Si j'étais dans le Vrai, tu ne devrais pas abaisser mon rang
à tes yeux, si par contre j'étais dans le faux, je serais
à même d'écarter le faux de moi-même!
- Il m'est parvenu que tu disais que nous avions
écarté le califat de vous par envie et injustement!
- Ô prince des Croyants! Que cela ait
été injuste, tout le monde en convient - Quant à l'envie,
eh bien! Iblîs (Satan) avait envié Adam et nous sommes les
enviés parmi ses fils.
- Loin de toi! Vos coeurs - ô Banî
Hâchim sont rongés par une envie qui dure et une rancune qui ne
s'en va pas.
- Doucement, ô prince des Croyants ne
parle pas ainsi des curs de ceux qu'Allah veut seulement éloigner d'eux
toute souillure et les purifier totalement. Le cur du Messager d'Allah (SAW) ne
fait-il pas partie des curs de Banî Hâchim?
- Ecarte-toi de moi, ô Ibn 'Abbâs!
- Oui, je m'en vais.
Quand je me fus apprêté à me
lever, il eut honte et me rappela: ta place ô Ibn 'Abbâs! Par
Allah, je considère bien tes droits et j'aime ce qui te contente.
- Oui, ô prince des Croyants!
- J'ai des droits sur toi et sur tout Musulman
(le respect dû à la famille du Prophète) quiconque les
considère bien, oeuvre pour son propre bien; quiconque les bafoue, fait
sûrement fausse route!
Ensuite 'Umar se leva et s'en alla.(187)
Qu'on médite ces deux hadîths!
Le calife a dit clairement dans les deux
récits que Quraysh refusèrent que la prophétie et le
califat fussent cumulés par Banî Hâchim qui en auraient
été fiers.
Dans le deuxième récit, il
reconnaît que Quraysh a vu juste quand elle a choisi pour
elle-même. Cela veut dire que la question de la succession et du pouvoir
fut discutée par Quraysh et tranchée dans l'intérêt
- celui d'ici-bas - de la seule tribu de Quraysh et non dans
l'intérêt général des Musulmans.
Pour mettre en valeur son appréciation du
choix qurayshite, 'Umar n'a avancé aucun argument, ni du Livre d'Allah
ni de la sunnah du Messager (SAW).
De la réplique d'Ibn 'Abbâs (si
Quraysh s'était contentée du choix que fit Allah pour elle ...),
on comprend deux choses:
Le choix de Quraysh n'a pas coïncidé
avec celui d'Allah Qui choisit l'Imam 'Ali (a. s.) (pour
présider à la destinée de cette Communauté) comme
nous le montrerons plus loin inshâ Allah.
Quraysh n'aurait pas dû effectuer de choix
en présence de celui que fit Allah. Ibn 'Abbâs fait ainsi allusion
au contenu de ce verset:
«Lorsque Allah et Son Messager ont
pris une décision, il ne convient ni à un croyant ni à une
croyante de maintenir son choix sur cette affaire». (V. 36/XXXIII)
Quand Ibn 'Abbâs souligna la
gravité de l'aversion qu'on a pour ce qui fut
révélé (verset 9/XIVII), 'Umar en guise de réplique
passa à l'attaque et à l'accusation - (Quraysh
évinça Banî Hâchim injustement et par envie) ...
Malgré ces arguments
"incontournables" avancés par Ibn 'Abbas, Quraysh continua
d'avoir en horreur la prise du pouvoir par Banî Hâchim. Le montre
clairement cette conversation entre le calife 'Umar et Ibn 'Abbâs,
après la mort du gouverneur de Hims (en Syrie):
- Ô Ibn 'Abbâs! Le gouverneur de Hims est mort, il était un
homme de bien et les hommes de bien sont peu nombreux!
- En fait j'ai toujours espéré que
tu ferais parti de ces hommes de bien! En moi-même, j'ai quelque chose
à te reprocher mais comme tu ne le manifestes pas, je ne dis rien et cela
me chiffonne. Bref, que penses-tu de l'exercice de la fonction?
- Non, je ne m'en chargerai que si tu m'informes
de ce que tu nourris à mon égard!
- Pourquoi? Que veux-tu en faire?
- Je veux savoir. S'il s'agit de quelque chose
de nuisible pour moi-même, je partagerai ta crainte à ce sujet. Si
par contre, je suis innocent, je saurai que ce défaut n'est pas des
miens et j'accepterai alors ma nomination à la fonction que tu me
désigneras (être gouverneur) car je sais que tu arrives toujours
promptement à ce que tu veux. Ô Ibn 'Abbâs! Si je te
nommais à cette fonction, je crains que mes jours prennent fin et que tu
dises (exploitant ton poste de gouverneur): Venez à nous; or, vous
n'avez pas de venue à vous à l'exclusion des
autres...».(188)
Il semble que cette conversation se passa vers
la fin du califat de 'Umar voire même durant le dernier mois de sa vie.
Ibn Abbâs rapporte ce récit:
«Je faisais réciter du Coran
à des Muhâjirîne y compris 'Abdur-Rahmân b. 'Awf. Un
jour je l'attendais chez lui à Minâ alors qu'il était chez
'Umar b. al-Khattâb lors de son dernier pèlerinage. Quand
'Abdur-Rahmân revint auprès de moi, il dit: «Si tu avais vu!
Un homme est allé aujourd'hui voir le prince des Croyants et lui
rapporta qu'un tel avait dit: «Si 'Umar venait à mourir, je
prêterai serment d'allégeance à un tel, car, par Allah,
l'allégeance d'Abû Bakr était brusque mais achevée.
'Umar se fâcha alors et dit: «Ce soir, inshâ Allah,
j'avertirai les gens et les mettrai en garde contre ceux qui veulent s'emparer
de leur affaire».
- Non, ô prince des Croyants!, dis-je.
Cette cérémonie réunit des foules du bas peuple et, une
fois près de toi, j'ai peur que ces gens, après avoir mal-compris
ce que tu auras dit, diffusent ta parole à tort et à travers.
Attends de revenir à Médine, ville de l'hégire et de la
tradition; les gens cultivés et les notables seront près de toi,
comprendront bien ta parole et sauront l'apprécier...
'Umar dit: Par Allah, je le ferai inshâ
Allah dès que je reviendrai à Médine!.
Ibn 'Abbâs raconte qu'une fois à
Médine, après le mois Dhul-Hijjah, il s'est rendu un vendredi
à midi à la Mosquée afin d'y rencontrer Sa'îd b.
Zayd b 'Amru b. Nufayl.
Je me suis assis à côté de
lui, ajouta Ibn 'Abbâs, quelques instants après, quand je vis
surgir 'Umar b. al-Khattâb je dis à Sa'îd b. Zayd: «Il
va dire cet après midi ce qu'il n'a jamais dit depuis qu'il est
calife!».
Mon interlocuteur ne me crut pas. Quand les
muezzins se sont tus, 'Umar prit place sur la chaire, loua Allah et dit:
«... Ensuite, je vais bien vous dire
quelque chose qui, d'après le destin, doit-être dit,
peut-être est-ce un prélude à l'extinction de mes jours.
Quiconque le conçoit bien et le comprend, qu'il en parle là
où il arrivera; sinon je ne permets à personne de mentir à
mon compte...». Ensuite 'Umar dit: «Il m'est parvenu que l'un
d'entre vous a dit: «Par Allah! Si 'Umar vient à mourir, je
prêterai serment d'allégeance à un tel». Qu'on ne se
trompe pas en disant «l'allégeance prêtée à
Abû Bakr était brusque, pourtant elle est arrivée à
terme!». Elle l'a été effectivement mais Allah nous en a
épargné les méfaits. Parmi vous, il n'y a sûrement
pas quelqu'un comme Abû Bakr. Si, sans délibération
préalable entre les Musulmans, quelqu'un veut prêter serment d'allégeance
à un autre, qu'il ne le fasse de peur qu'on les tue tous les deux. A la
fin de son discours, cette dernière phrase fut
répétée: «Si un homme veut prêter serment
d'allégeance à un autre sans délibération
préalable des Musulmans, qu'il ne le fasse pas de peur qu'on les tue
tous les deux».(189)
A qui donc allait-on prêter serment
d'allégeance après la mort de 'Umar? Et à qui appartient
le propos qui a provoqué la colère du calife? Le Shâfi'ite
Ibn Abîl-Hadîd donna la réponse à cette question:
l'homme à qui on voulait prêter serment d'allégeance
était 'Ali; celui qui l'a proclamé était 'Ammâr b.
Yâsir.(190)
L'étude de ce discours
Il est clair que le calife eut peur que Quraysh
perde le contrôle de la situation après sa mort et que des
Musulmans - Compagnons et Tâbi'îne - se hâtent de
prêter serment d'allégeance à quelqu'un dont Quraysh
déteste l'investiture, à savoir l'Imam 'Ali. Pour barrer la route
aux prétendants, il les menaça en disant: «si un homme veut
prêter serment d'allégeance à un autre sans
délibération préalable des Musulmans, qu'il ne le fasse
pas de peur qu'on les tue tous les deux». alors
qu'il avait accédé lui-même sans délibération
préalable des Musulmans. La légitimité de son pouvoir ne
s'est basée que sur sa désignation par Abû Bakr. En tous
cas, par ce stratagème il prit les choses en main et, quand il fut
poignardé, il concrétisa sa pensée dans un
procédé inédit: «six hommes de Quraysh devront,
dit-il, se réunir pour choisir, en fin de compte, l'un d'entre eux, qui
serait le successeur de 'Umar. Il posa deux conditions: que la candidature de
l'un ou de l'autre soit cautionnée par 'Abdur-Rahmân b. 'Awf qui
imposerait, à son tour, au candidat prétendant - et c'est la
deuxième condition convenue, l'obligation de suivre à la fois le
Livre d'Allah, la sunnah du Messager et la Sîrah des deux
Sheikhs (Abû Bakr et 'Umar). On savait que l'Imam 'Ali refuserait de
placer sur le même pied d'égalité, la politique des deux
Sheikhs et la guidance du Livre d'Allah et de la Sunnah du Messager.
'Uthmân, l'un des six candidats, s'y engagea et fut ainsi investi de
l'autorité suprême.
Ceci avait été conçu et
préparé d'avance. Le prouve ce que le calife 'Umar dit à
Sa'îd b. al-'Âçi, l'umayyade: «c'est un proche parent
de Sa'îd qui me succédera», c'est-à-dire,
'Uthmân b. 'Affân l'umayyade.
On savait aussi qu'Abû Bakr, avant de
mourir, invita 'Uthmân seul chez lui et lui dicta son testament mais,
avant de pouvoir l'achever, il s'évanouit. 'Uthmân écrivit
alors: «Je désigne, pour diriger, 'Umar b. al-
Khattâb», quand Abû Bakr reprit conscience et prit
connaissance de ce qu'avait écrit 'Uthmân, il en fut content parce
que cela coïncida avec sa volonté.
A son tour, 'Uthmân allait désigner
'Abder-Rahmân b. Awf à sa succession. Al-Ya'qûbî
rapporte ceci:
«Quand 'Uthmân fut tombé
gravement malade, il fit venir Humrân b. Abân son serviteur
affranchi, lui fit écrire son testament où il laissa vide la
place du nom du successeur institué. Mais, de sa propre main,
'Uthmân écrivit le nom de 'Abder-Rahmân b. 'Awf, à
part et après l'avoir noué, il l'envoya à Ummu
Habîbah, fille d'Abû Sufiân. Humrân le descella en
route, le lut et informa 'Abder-Rahmân b. 'Awf de son contenu. Au lieu
d'en être content, 'Abder-Rahmân s'est mis en colère et dit:
«Je l'ai désigné ouvertement (à la succession de
'Umar) et il me désigne maintenant en cachette!». La nouvelle est
répandue à Médine et les Umayyades (le clan de
'Uthmân) se mirent en colère (parce que l'homme qui allait
succéder n'était pas des leurs). 'Uthmân pour punir
Humrân qui divulgua le secret, lui fit infliger cent coups de fouet et un
exil à Bassorah. C'était cet incident qui provoqua
l'animosité (connue) entre 'Uthmân et 'Abder-Rahmân b. Awf.
Par après, ce dernier envoya son fils avec cette missive à
'Uthmân: «Par Allah, je t'avais prêté serment
d'allégeance alors que j'avais trois qualités qui me rendaient
meilleur que toi ...».(191)
Il semble que même la succession de
'Uthmân fut tranchée d'avance mais 'Abder-Rahmân b. Awf
mourut avant 'Uthmân en l'an 31 ou 32 h. après qu'ils
s'étaient très fort disputés.(192)
A leur tour les Banî Umayyah,
connaîtront, par après, la discorde et disputeront le pouvoir aux
autres clans de Quraish.
Le clan d'Abû Bakr (Taym) avec à sa
tête la mère des Croyants 'Aïsha, conduisait à son
tour l'opposition contre 'Uthmân qui fut assassiné chez lui
à Médine sous les yeux des Muhâjirîne et des
Ançars.(193)
Ce n'est qu'après ces
événements que les Musulmans prirent leur affaire en main
après s'être débarrassés de tout pacte
d'allégeance contraignant. Ils se précipitèrent alors vers
l'Imam 'Ali (a. s.) pour lui prêter serment d'allégeance. Les
Compagnons du Messager d'Allah (SAW) furent les premiers à le faire.
Quand l'Imam 'Ali (a. s.) eut pris le pouvoir, il annula toutes les
prérogatives que Quraysh s'était attribuées à
l'époque de ses prédécesseurs. Les quraychites et les
autres Musulmans, les Arabes et les Mawâlî furent traités
sur le même pied d'égalité quant à la distribution
des revenus économiques de l'Etat et au rang social au sein de la
Communauté. Quraysh, jalouse de ses intérêts, se ressaisit
et quatre mois après la prise du pouvoir par l'Imam (a. s.),
déclara la guerre du chameau contre lui, attisée par Marwân
qui voulait venger le sang de 'Uthmân, Talhah et Az-Zubayr qui avaient
auparavant incité à l'assassinat de 'Uthmân et à
leur tête, 'Aïsha la mère des Croyants qui avait émis
un avis religieux (une fatwâ) autorisant le meurtre de
'Uthmân.
Après la bataille du chameau, Quraysh
déclara contre l'Imam, la bataille de Çaffîne au nom de la
vengeance due au sang de 'Uthmân, ce qui brouilla à
l'extérieur de Médine, les idées des Musulmans et leur
position. Après l'arbitrage de Çaffine, Al-Khawârij (les
dissidents) se soulevèrent à Nahrawân contre l'Imam (a.
s.).
C'était pour tout cela que l'Imam se
plaignait de l'injustice de Quraysh et disait par exemple à son
frère Aqîl: «Laisse donc tomber Quraysh qui patauge dans
l'égarement et erre dans la discorde. Laisse-les (les qurayshites) se
pervertir car ils sont unanimes à me faire la guerre comme ils l'ont
été à la faire auparavant au Messager d'Allah (SAW). Que
leur récompense (châtiment) ne leur soit pas
épargnée! Ils ont coupé mes liens de parenté
...».(194)
Après que l'Imam 'Ali (a. s.) eut eu une
querelle avec l'un d'entre eux, il rapporta la conversation suivante:
Il (l'adversaire) dit: Tu tiens très fort
à cette affaire (le califat)!
Je répondis: Non! Par Allah! Vous y tenez
encore plus tout en étant plus loin. Moi, je suis le plus
concerné et le plus proche! Je n'ai demandé que mon droit auquel
vous vous êtes opposés. Vous vous êtes interposés
entre moi-même et mon droit de façon à m'en
détourner. Quand je l'ai accablé par l'argument incontournable,
devant les gens qui assistaient (à notre querelle), il se leva confondu
et ne sut que répondre!
Ô Allah! Je Te demande secours contre
Quraysh et ceux qui les ont aidés, ils ont tranché ma
parenté, rabaissé mon illustre rang; ils furent unanimes à
me disputer une chose qui est mienne puis ils dirent: «aux yeux de la
justice c'est égal que tu aies ce droit ou que tu ne l'aies point».(195)
Dans un autre sermon, en plus du passage
précédent, l'Imam (a. s.) ajoute:
«J'ai regardé, je n'ai
trouvé de soutien que chez ma famille, je leur ai épargné
la mort, j'ai fait abstraction de la douleur, j'ai bu l'amertume et contenu ma
colère, plus amère que la coloquinte et faisant souffrir le cur
plus que ne le font des lames acérées».(196)
Enfin l'Imam 'Ali (a. s) fut assassiné en
martyr, par un dissident dans la mosquée d'al-Kûfah. Après
lui, Mu'âwiyah s'empara du pouvoir en l'an 40 de l'hégire. Cette
année fut appelée l'année de la collectivité (Al-
Jamâ'ah), celle de Quraysh bien entendu! Mu'âwiyah reste vingt ans
au pouvoir et mourut en l'an 60 de l'hégire.
L'une des conséquences de l'aversion
qu'avaient les Quraïshites pour la dévolution du pouvoir à
l'Imam 'Ali (a. s.) fut leur acharnement à empêcher la diffusion
des hadîths prophétiques.
La prohibition
d'écrire le hadîth du Messager (SAW)
'Abdullah b. Amru b. 'Açî rapporte
ceci: J'avais l'habitude d'écrire tout ce que disait le Messager
d'Allah (SAW) mais Quraïsh me le défendit en disant: «Tu
écris tout ce que tu entends de la bouche du Messager d'Allah (SAW),
alors qu'il est un être humain qui se fâche, qui agrée
...», je m'en suis alors abstenu. Quand j'ai rapporté cela au
Messager d'Allah (SAW), il montra sa bouche du doigt et dit:
«Eécris! Car, par Allah! Seule la vérité en
sort!».
Quraïsh a donc montré sans
détour la raison pour laquelle elle s'opposa à l'écriture
du hadîth prophétique: celui-ci pouvait relater la colère
du Prophète contre quelqu'un d'entre eux ou sa satisfaction à
l'égard d'un autre. Dans le premier cas, le hadîth du Messager
d'Allah (SAW) serait, pour la personne en question, une tare, une diminution
pour elle. A cet égard on sait combien le Prophète (SAW) a
parlé des tyrans de Quraïsh et expliqué les versets
coraniques qui furent révélés pour les blâmer! Dans
le deuxième cas, le hadîth du Messager (SAW) serait un texte
fondateur de droit au profit de la personne agréée par le
Prophète (SAW). Or cela ne devait surtout pas avoir lieu.
C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on a
empêché l'écriture du testament du Prophète (SAW)
lors de la maladie précédant sa mort, quand il dit:
«Apportez que je vous fasse écrire ce qui vous épargnera de
l'égarement». 'Umar dit alors: «Le Prophète est
souffrant; vous avez le Livre d'Allah; cela nous suffit».
«Qu'est-ce qu'il a? Délire-t-il?».(197) Dirent-ils.
La prohibition de l'écriture et
l'empêchement d'écrire furent donc motivés par la crainte
chez les Quraïshites de la diffusion d'un texte prophétique
susceptible de favoriser quelqu'un dont ils détestent la tutelle
éventuelle dans le cas où le califat et la prophétie
seraient concentrés dans le même clan!
C'était aussi la même raison qui
poussa le calife 'Umar à empêcher l'écriture du
hadîth à son époque et à brûler ce que des
Compagnons en avaient écrit.
Cette mesure d'interdiction est restée de
vigueur jusqu'à l'époque du calife umayyade 'Umar b.
'Abdil-'Azîz ...
La politique du califat
quraishite et des Banî Umayyah
1)-
À l'époque de Mu'âwiyah
Ibn
Abîl Hadîd rapporte à partir d'Al-Jâhidz
l'essentiel de la politique du califat quraïshite à l'époque
de Mu'âwiyah:
«Mu'âwiyah
ordonna aux gens, en Irak, en Syrie et ailleurs d'insulter publiquement 'Ali
(a. s.) et de s'innocenter à son égard.
»Ainsi
il était obligatoire d'exécuter cet ordre du haut des chaires des
Mosquées dans le monde islamique de telle manière que cela est
devenu une tradition établie jusqu'à l'avènement de 'Umar b.
Abdil-'Azîz (r. d.) qui annula l'ordre susmentionné.
Mu'âwiyah
lui-même avait l'habitude, comme le rapporta notre Sheikh Abû
'Uthmân al- Jâhidz, de dire à la fin de son sermon de
vendredi: «Ô Allah! Certes, Abû Turâb ('Ali, a. s.) a
profané Ta religion et écarté les gens de Ton chemin,
maudis-le alors très fort et inflige-lui un châtiment
douloureux!». Ce texte fut un mot d'ordre envoyé dans tous les
horizons pour être divulgué dans les mosquées. Cela dura
jusqu'au califat de 'Umar b. al-Abdil-'Azîz».(198)
Ibn
Abîl Hadîd rapporte aussi à partir d'Al-Madâ'inî
dans son livre Al-Ahdâth: «Après l'année de
la collectivité (de l'union) Mu'âwiyah écrivit à ses
gouverneurs une copie unique (de ce qui devrait être fait à ce
sujet): «Nulle protection ne sera accordée à celui qui
rapporte quelque chose relatant le mérite d'Abî Turâb ('Ali,
a. s.) ou de sa famille... Les plus
éprouvés furent alors les habitants d'al-Kûfah».(199)
a)-
L'enseignement de la haine et de la malédiction de 'Ali (a. s.) aux
habitants de la grande Syrie fut systématique depuis l'époque de
Mu'âwiyah
Ath-Thaqafîy
dans son livre Al-Ghârât rapporte que 'Umar b.
Thâbit montait à cheval et allait tour à tour dans tous les
villages de la grande Syrie (Ash-Shâm) et, quand il eut rassemblé
les habitants d'une bourgade, il leur dit: «Ô les gens! 'Ali b.
Abî Tâlib était un homme hypocrite. Pendant la nuit d'al-'Aqabah, il voulut piquer la monture du Messager
d'Allah (SAW) (afin de le dégringoler du haut d'une crête),
maudissez-le alors! Les villageois le maudirent alors. Ensuite il ('Umar b.
Thâbit) fit de même dans les autres villages. C'était
à l'époque de Mu'âwiyah.(200)
b)-
Les raisons de la rancune que nourrissait Mu'âwiyah à
l'égard de Banî Hâchim
Pour
connaître ces raisons, il convient de lire le chapitre (avec
Mu'âwiyah) dans notre livre intitulé: Hadîths de la
mère des Croyants 'Aïsha. Parmi ces raisons il y eut
l'éducation maternelle. Mu'âwiyah hérita cette rancune de
sa mère Hind qui, à la bataille d'Uhud avait mâché
le foie de Hamzah, l'oncle du Prophète (SAW), et fait de ses membres un
collier dans le but d'assouvir sa colère contre Banî Hâchim.
Mais
cette rancune umayyade ne fut vraiment assouvie que par Yazîd b.
Mu'âwiyah qui tua la famille du Messager à Karbalâ', coupa
les têtes des hommes et réduisit les femmes en captivité.
c)-
La politique d'Ibnuz-Zubayr
Ibn
Abî Hadîd expliqua cette politique en disant: «'Umar b.
Shubbah, Ibnul-Kalbîy, Al-Wâqidîy et d'autres biographes
rapportent qu'Ibnuz-Zubayr, à l'époque de son califat,
s'abstenait pendant quarante vendredis de prier sur le Prophète (SAW) et
dit: «C'est le fait que des hommes puissent s'en enorgueillir qui m'empêche
de le faire!»
Dans
une autre version (celle de Mohamed b. Habîb et d'Abî 'Ubaydah
Ma'mar b. Al-Muthannâ) il dit: «(je ne
prie pas sur le Prophète) parce que de mauvais membres de sa famille
secouent leurs têtes quand son nom est évoqué».
Sa'îd
b. Jubayr rapporte aussi que 'Abdullah b. Zubayr dit un jour à 'Abdullah
b. 'Abbâs: «J'ai entendu dire que tu médis de moi!».
«J'ai entendu le Messager d'Allah (SAW) dire : ... est mauvais
musulman, celui qui mange à satiété alors que son voisin a
faim», répondit Ibn 'Abbâs. L'autre dit alors: «Sachez
ô les membres ce cette famille que je cache votre haine depuis quarante
ans ...»
Ibn
Abîl-Hadîd rapporte qu'Ibnuz-Zubayr détestait 'Ali (a.s)
cherchait à le diminuer et le calomniait.(201)
d)-
Après Ibnuz-Zubayr
La mort
d'Ibnuz-Zubayr (tué par l'armée umayyade) laissa le champ libre
aux califes marwanîy (un clan umayyade) qui, au sujet de 'Ali (a. s.)
poursuivirent la politique de Mu'âwiyah:
2) A
l'époque de 'Abdul-Malik et de son fils Al- Walîd
Ibn
Abîl-Hadîd rapporte ce récit à partir
d'Al-Jâhidz:
«'Abdul-Malik
n'était pas l'homme à ignorer le mérite de 'Ali (a. s.),
lui qui était méritant, posé et intelligent. Il savait que
maudire 'Ali devant les gens, dans les sermons et du haut des chaires retomberait
sur lui et le diminuerait car il appartenait comme 'Ali à la tribu de
'Abdi Manâf (englobant Banî Hâchim et Banî umayyad)
mais (que faire?). Il voulait édifier la royauté, insister sur le
bien-fondé des actes de ses prédécesseurs, inculquer aux
gens que Banî Hâshim n'avaient aucun droit au califat, que leur
maître ('Ali (a. s.) par le nom duquel ils prétendaient et de qui
ils étaient fiers, était en deçà de l'estimation;
donc ceux qui s'apparentent à lui sont encore plus loin de
"l'autorité suprême". Son fils Al-Walîd qui ne
parlait même pas correctement la langue arabe n'hésitait pas
à insulter l'Imam 'Ali (a. s.) en disant de lui par exemple: voleur fils
de voleur! Les témoins de cette insulte s'étonnèrent à
la fois de l'imputation du vol à l'Imam 'Ali (a. s.) et de
l'incorrection dans son langage.(202)
Exemples
de ce que fit Al-Hajjâj dans la mise en application de la politique
quraïshite.
Ibn
Abîl-Hadîd en rapporte ce qui suit:
Connaissant
l'habitude d'Al-Hajjâj (qu'Allah le maudisse) qui maudissait et ordonnait
aux autres de maudire 'Ali (a. s.). Un homme le croisa un jour et lui dit:
-
Ô prince! Ma famille était méchante avec moi puisqu'elle
m'a nommé 'Ali; je t'en prie donne-moi un autre nom et de quoi pourvoir
à ma subsistance car je suis pauvre!»
- Pour
la délicatesse du moyen que tu as utilisé pour m'aborder, je te
donne le nom de tel, et je te nomme à ce poste là ... Vas-y
alors!».(203)
Dans
la biographie de 'Attiyyah b. Sa'd Al'ûfî, Ibn Sa'd rapporte dans At-Tabaqât
Al-Kubrâ que (le gouverneur) Al-Hajjâj écrivit à
(son subalterne) Mohamed b. al-Qâsim Ath-Thaqafîy une lettre et lui
enjoignit d'inviter 'Atiyyah à maudire 'Ali b. Abî Tâlib;
s'il ne le fait pas inflige-lui quatre cents coups de fouet et rase sa
tête et sa barbe! Quand il lui a lu la lettre d'Al-Hajjâj et qu'il
a refusé d'obtempérer, il lui donna quatre cents coups de fouet
et rasa sa tête et sa barbe.(204)
Comme
Al-Hajjâj, son frère Mohamed b. Yûssuf allait dans le
même sillage pendant qu'il était gouverneur du Yaman
Adh-Dhahabîy
rapporte le récit de Hujr Al Madarîy qui dit:
«Un
jour Ali b. Abî Tâlib me demanda:
- Que
feras-tu quand on t'ordonnera de me maudire?
- Cela
pourra-t-il arriver?
- Oui,
répondit 'Ali (a. s.)
-
Comment ferai-je alors?, lui demandai-je.
-
Maudis-moi (sous la contrainte) mais ne t'innocente pas de moi!
Par
après, Mohamed b. Yûssuf, le frère d'Al-Hajjâj lui
ordonna de maudire 'Ali.
- Le
prince m'ordonne de maudire 'Ali, maudissez le (le prince)!
-
Qu'Allah le maudisse!, dit-il en guise de réponse. (Hujr n'a pas maudit
'Ali), mais ne s'en-est aperçu qu'un homme!
La
politique quraïshite et umayyade s'est poursuivie ainsi jusqu'à
l'époque du calife 'Umar b. Abdil-'Azîz.
3)- A l'époque de 'Umar b.
Abdil-'Azîz
Ce calife umayyade ordonna aux gens de cesser de
maudire l'Imam 'Ali (a.s). La raison de ce changement de politique est
évoquée par les historiens dont Ibn Abîl Hadîd:
'Umar b. Abdil-'Azîz raconte lui-même
et dit:
«Quand j'étais enfant
j'étudiais le Coran chez l'un des fils de 'Utbah b. Mas'ûd. Un
jour, celui-ci passa près de moi alors que je jouais avec des enfants,
que nous maudissons 'Ali - j'ai vu qu'il n'a pas aimé ce que nous avons
dit. Lorsqu'il fut entré à la mosquée, je laissai les
enfants et je le joignis pour étudier auprès de lui, la partie de
la journée. Quand il m'a vu, il s'est levé pour effectuer une
prière. Mais sa prière devenait si longue que j'ai senti
finalement qu'il m'évitait. A la fin de sa prière, il me regarda
méchamment. Je lui demandai alors: «Qu'est ce qu'a le
Sheikh?»
- Ô fils!, est-ce toi qui as maudit 'Ali?,
demanda-t-il.
- Oui, répondis-je
- Depuis quand sais-tu qu'Allah Qui avait
agréé les guerriers musulmans de Badr les a ensuite maudits?, me
demanda-t-il encore.
- Mais 'Ali était-il un guerrier de
Badr?, demandai-je.
- Malheur à toi! La bataille de Badr
n'était-elle pas en totalité pour lui?
- Je ne recommencerai pas, dis-je
- Pour Allah, n'y reviendras-tu point?
- Oui, répondis-je.
Depuis, je n'ai pas maudit 'Ali (a. s.). A
Médine, j'assistais à la prière du vendredi
présidée alors par mon père qui était le Gouverneur
de la ville. Je m'asseyais sous la chaire de la mosquée où mon
père donnait son sermon. Il le faisait très bien, parlait avec
éloquence et facilité jusqu'à la phrase du sermon dans
laquelle il devait maudire 'Ali (a. s.). Là, il commença à
bégayer, éprouva des difficultés à continuer. Cela
m'étonnait beaucoup de lui. Un jour je lui ai demandé: - «Papa,
tu es le plus éloquent des gens, pourquoi alors te voyais-je, le jour de
ta cérémonie, le plus éloquent des orateurs jusqu'à
ce que tu commences à maudire cet homme là?
- Aucun de tous ceux que tu vois sous notre
chaire - syriens et autres - ne nous suivrait un instant s'ils savaient du
mérite de cet homme ('Ali) ce qu'en sait ton père, me
répondit-il». En plus de ce que le maître d'école
m'avait dit à mon bas âge, la parole de mon père est
restée gravée dans mon cur à tel point que je me suis
engagé devant Allah de changer cet état de chose si une partie du
pouvoir m'incombait un jour. Quand Allah m'octroya l'accès au califat,
j'ai annulé cette malédiction et je l'ai remplacée par le
verset suivant. J'en fis un mot d'ordre transmis à tous les lieux de
l'Islam et cela est devenu une sunnah (une tradition): «Certes, Allah
ordonne l'équité, la bienfaisance et la libéralité
envers les proches parents. IL interdit la turpitude, l'acte
répréhensible et la rébellion. IL vous exhorte,
peut-être, réfléchirez-vous». (V. 90/XVI)
Pourtant 'Umar b. Abdil-'Azîz
échoua finalement dans l'entreprise de sa réforme pour deux
raisons:
Les Musulmans à cette époque,
s'étaient habitués à la malédiction de l'Imam 'Ali
(a. s.) à tel point qu'ils y voyaient une tradition qu'ils ne devraient
pas délaisser. Les habitants de Harrân, comme le rapportent
Al-Hamawî et Al-Mas'ûdî, refusèrent d'obéir
à l'ordre de délaisser l'insulte à l'époque
même de 'Umar b. Abdil-'Azîz:
«Les habitants de Harrân - qu'ils
soient maudits par Allah - quand fut annulée la malédiction
d'Abî Turâb - 'Ali (r. d.) - du haut des chaires les jours de
vendredis, refusèrent d'en exécuter l'ordre et dirent: «Pas
de prière sans la malédiction d'Abî Turâb». Ils
restaient accrochés à cette "tradition" pendant une
année jusqu'aux bouleversements que connut l'Orient (le Proche-Orient)
et l'apparition des drapeaux noirs (les 'Abbassides)».(205)
Après 'Umar b. Abdil-'Azîz les
califes umayyades réinstallèrent cette mauvaise
"tradition"?
Les Umayyades tuaient les hommes nommés
'Ali
Ibn Hajar rapporte dans la biographie de 'Ali b.
Rabâh ce qui suit:
«Quand les Banî Umayyah entendaient
dire qu'un nouveau-né s'est fait nommer 'Ali, ils le turent. Quand
Rabâh qui détestait 'Ali (a. s.) le sut, il dit: «Le nom de
mon fils est Ulay». Ibn Hajar ajoute ceci: «'Ali ('Ulay) b.
Rabâh dit: «Je ne pardonne pas à quiconque m'appelle 'Ali,
car mon nom est 'Ulay».(206)
4)- A l'époque des Abbassides
A cette époque des séquelles de ce
que firent les califes et les gouverneurs umayyades restaient encore manifestes
dans la société musulmane. Prenons en trois exemples
empruntés à trois classes sociales différentes.
a)- Des actes des savants
Ibn Hajar rapporte dans la biographie
d'Abî 'Uthmân Hurayz b. 'Uthmân Al-Himçî(207):
«Hurayz avait l'habitude de diminuer 'Ali
(a. s.) et de le maudire. Ismâ'îl b.
'Ayyâsh dit: «J'ai partagé la monture avec Hurayz b.
'Uthmân de l'Egypte à Makkah (la Mecque) et il insultait 'Ali et
le maudissait. Il dit aussi: j'ai entendu Hurayz dire: ce récit que
rapportent les gens, selon lequel le Prophète (SAW) a dit à 'Ali:
«Tu as pour moi le même statut qu'avait Hârûn pour Mûssâ»
est juste mais (pas dans ces termes) celui qui l'avait entendu (le rapporteur)
s'est trompé. Je lui ai demandé: «Quelle est son
erreur?»
Le récit est ainsi: «Tu as pour moi
le même statut qu'avait Qârûn (Coré) pour
Mûssâ», me répondit-il.
Al-Azdî raconte aussi que Hurayz b.
'Uthmân rapporta que le Prophète (SAW) faillit tomber de sa
monture parce que 'Ali b. Abî Tâlib avait détaché
dans ce but la sangle de sa mule.
On demanda à Yahyâ b.
Sâlih pourquoi il ne rapportait pas de hadîth à partir de
Hurayz - comment pourrais-je me faire dicter des hadîths par un homme
avec qui j'avais fait la prière de l'aube pendant sept ans durant
lesquels, il ne sortait de la mosquée qu'après avoir maudit 'Ali
soixante-dix fois.
b)- Les actes des dirigeants
Ibn Hajar rapporte dans la biographie de Nasr b.
'Ali, le récit suivant: «Nasr b. 'Ali rapporta (à ses
étudiants, aux interlocuteurs) le hadîth de 'Ali b. Abî
Tâlib, selon lequel le Messager d'Allah (SAW) prit (un jour) la main de
chacun de Hassan et Hussayn et dit: «Quiconque aime ces deux-ci, leur
père et leur mère, sera, le jour de la Résurrection, au
même rang que moi». Quand le calife abbasside Al-Mutawakkil l'a
appris, il ordonna d'infliger à Nasr b. 'Ali (le rapporteur du
hadîth) mille coups de fouet. Heureusement, Ja'far b. 'Abdil-Wâhid
intercéda en sa faveur en répétant au calife:
«Celui-là appartient à l'Ecole sunnite ...».(208)
c)- Des actes du reste de la population
Adh-Dhahabî rapporte dans la biographie
d'Ibn As-Saqqâ(209) le
récit suivant: Ibn As-Saqqâ, érudit, imam, le
traditionniste de Wâsit (contrée musulmane), Abû Mohamed,
'Abdullah b. Mohamed b 'Uthmân al- Wâsitî. Un jour, il dicta
le hadith de l'oiseau(210) à son
assistance. Alors les curs de ces gens ne le supportant pas, ils
sautèrent sur lui, le chassèrent et lavèrent sa place
après lui. Il s'en alla, garda la maison et ne donna plus de
hadîth à un Wâsitî. C'est pour cela qu'on rencontre
peu de ses hadîths parmi les Wâsitiyyîne.
Les épreuves d'Ahlul-Bayt (a. s.),
à travers les siècles, et leur persécution par les
dirigeants ne se limitaient pas aux exemples cités (les insulter, les
maudire, masquer leurs mérites et leurs hadîths) mais comportaient
toutes sortes de mauvais traitements y compris l'assassinat et l'extermination
(les martyrs d'Ahlul-Bayt à Karbalâ par exemple). Cela s'est
enchaîné aux deux époques umayyade et abbasside comme le
rapporte Abul-Faraj dans son livre Maqâtilu-Tâlibiyyîne.
* * * * *
Dix sortes
d'occultation et de falsification de la Sunnah du Messager (SAW) et
des récits
relatifs à la sîrah d'Ahlul-Bayt et des Compagnons.
Le comportement de l'Ecole des califes à
l'égard de la Sunnah du Messager (SAW), qui s'oppose à son
orientation
La négation du testament
Comme le surnom du Waçi
(dépositaire institué par le Prophète SAW) qu'avait l'Imam
'Ali (a. s) était très célèbre et que cette
célébrité contrariait la politique de l'Ecole des califes,
celle-ci réagit par la négation d'Al- Waçiyyah (le
testament) et l'occultation des textes qui s'y rapportaient.
La mère des Croyants Aïsha
commença par concrétiser cette réaction par une campagne
de contre information très forte visant à la négation du
testament puis cette campagne a été continuée sous
d'autres formes, à travers les siècles. L'occultation des textes
relatifs au testament fut l'entreprise la plus importante de l'Ecole des
califes dans ce domaine. Le chercheur qui s'y penche et persévère
dans l'exploration des documents découvrira sûrement quelque chose
d'énorme et de grave. Ci-après dix sortes de cette occultation,
allant de la moins importante à la plus importante.
|1|- La suppression d'une partie du hadith
prophétique; Et son remplacement par un mot vague.
Citons à titre d'exemple ce que firent
At-Tabarî et Ibn Kathîr du récit relatif à l'appel
lancé par le Prophète (SAW) à Banî Hâshim. A
propos du commentaire du verset 214/XXVI (Avertis ton clan le plus proche),
les deux exégètes supprimèrent une partie du hadîth
prophétique: «mon dépositaire et mon calife parmi
vous» et la remplacèrent par (comme ci, comme çà).
Le même sort fut réservé au
récit relatif à la consultation par le Messager (SAW) de ses
Compagnons au sujet de la bataille de Badr et à leur réponse.
Ibn Hishâm et At-Tabarî
rapportèrent ceci:
«L'information parvient au Messager (SAW)
que Quraïsh s'est mobilisée pour défendre sa caravane. Le
Prophète (SAW) consulta alors les gens à ce sujet. Abû Bakr
as-Siddîq se leva et parla bien. Ensuite 'Umar b. al-Khattâb se
leva et parla bien. Al-Miqdâd b. Amru, lui, dit: «Ô Messager
d'Allah! Va à l'exécution de l'ordre d'Allah et nous sommes avec
toi. Par Allah, nous ne te disons pas comme avaient dit les fils d'Israël à
Mûssâ («Mets-toi en marche, toi et ton Seigneur;
combattez tous deux; quant à nous, nous restons ici» V. 24/V)
mais nous te disons: mets-toi en marche, toi et ton Seigneur; combattez et nous
combattons sûrement avec vous!». Jusqu'alors le Messager d'Allah
(SAW) apprécia son propos et invoqua Allah pour le récompenser en
bien.
La réponse de Sa'd b. Mu'âdh
al-Ancârîy fut celle-ci: «Mets-toi en marche ô Messager
d'Allah en vue de réaliser ce que tu veux. Nous sommes avec toi. Par
Celui Qui t'a envoyé avec la Vérité, si tu affrontes avec
nous cette mer, nous y plongerons avec toi sans que l'un de nous ne s'en
abstienne...»
Le Prophète (SAW) fut très content
de la parole de Sa'd et cela l'encourage (à y aller).
Voyons! Quelle était, au juste, la
réponse des deux Compagnons Abû Bakr et 'Umar au Messager d'Allah
(SAW)??
Il est clair que le contenu de leur
réponse fut supprimé et remplacé par une expression vague:
parla bien. Si cela était bien pourquoi le supprimer tandis que le
propos d'al-Miqdâd le Muhâjirite et celui de Sa'd b. Mu'âdh
l'ançarite furent rapportés? Consultons le recueil (Sahîh)
de Muslim. Voici comment il rapporta le récit précédent
(le début): «Le Messager d'Allah (SAW) consulta ses Compagnons
lorsqu'il apprit l'arrivée d'Abî Sufiân. Quand Abû
Bakr parla, le Prophète lui tourna le dos; ensuite parla 'Umar et il lui
tourna le dos ...».(211) Pourquoi le
Prophète (SAW) leur a-t-il tourné le dos s'ils avaient dit du
bien? Quel était au juste le propos de chacun d'eux? Nous avons
cherché et trouvé le contenu de la réponse chez Al-
Wâqidîy et Al-Maqrîzîy:
«'Umar dit: Ô Messager d'Allah! il s'agit - par Allah - de Quraïsh et de sa puissance!
Par Allah, elle n'a jamais succombé depuis qu'elle est devenue
puissante! Elle n'a jamais cru depuis qu'elle s'est accrochée à sa
mécréance. Par Allah! elle ne
cédera jamais et elle te déclarera la guerre; prépare-toi
donc à cela et amasse ton équipement...»
Nous avons vu que d'après le récit
d'Ibn Hishâm d'At-Tabarî et de Muslim le Compagnon 'Umar parla
après Abû Bakr, que chacun d'eux (selon At-Tabarî et Ibn
Hishâm) parla bien, que selon Muslim, le Prophète tourna le dos
à l'un puis à l'autre. De là on déduit que leur
parole (celle d'Abû Bakr et de 'Umar) était identique. En faisant
abstraction de la parole d'Abû Bakr et en se contentant d'évoquer
celle de 'Umar, Al- Wâqidî et Al-Maqrîzîy, nous mettons
le doigt sur le fait que la parole de ces deux Compagnons était
identique.
Comme leur propos contrarie certaines personnes,
une partie en fut supprimée dans chacun des récits rapportés
par At-Tabarî, Ibn Hishâm et Muslim.
C'est pour avoir réussi ce genre
d'occultation, que ces livres sont devenus les références par
excellence de l'Ecole des califes.
Le recueil d'Al-Bukhârî qui,
à ce sujet, n'en souffla pas mot, est devenu le plus célèbre,
le plus authentique et le plus sûr!
At-Tabarî et Ibn Kathîr
remplacèrent, donc, dans le hadith prophétique, «mon
dépositaire et mon calife» par «comme ci, comme
çà», parce que le récit dans son intégralité
était susceptible d'aviser la communauté du droit de l'Imam 'Ali
(a. s.) au pouvoir suprême. Or cela ne devait pas être
diffusé!
Ce genre d'occultation est très
répandu chez les savants de l'Ecole des califes.
|2|- La
suppression de la totalité du récit relatif à la sîrah des Compagnons, avec, toutefois, une allusion
à cette suppression.
Citons, à ce propos, l'exemple de la
correspondance qui fut entretenue par Mohamed b. Abî Bakr et
Mu'âwiyah. L'auteur de Çaffine, Nasr b. Muzâhim
(mort en 212 h.) et celui de Murûj Adhahab,
Al-Mas'ûdî (mort en 346 h.) donnèrent en détail le
texte de la lettre envoyée par Mohamed b. Abî Bakr à
Mu'âwiyah. Comme le texte comporte les mérites de l'Imam 'Ali y
compris celui d'être le dépositaire du Prophète et la
réponse de Mu'âwiyah qui reconnut ces mérites en plus des
détails en opposition avec l'auréole des califes, At-Tabarî
supprima les deux lettres de son livre en citant la chaîne des
rapporteurs de ces deux lettres, jusqu'à lui-même. Comme excuse,
il affirme que les gens ne supporteraient pas d'entendre le contenu des deux
lettres. Cela veut dire qu'il a caché la vérité (aux
lecteurs et aux gens).
Après lui, Ibn al-Athîr fit de
même et donna la même excuse.
Ensuite Ibn Kathîr fit allusion à
la lettre de Mohamed b. Abî Bakr dans son encyclopédie de
l'histoire(212) et se contenta
de dire: «elle est dure» (les gens ne supporteraient pas d'entendre
le contenu de ces deux lettres) signifie en fait qu'après avoir pris
connaissance des deux lettres, la foi des gens en les califes sera ébranlée,
voire perdue. Ce genre d'occultation (supprimer le récit tout en
reconnaissant l'existence de son contenu) est rare chez les savants de l'Ecole
des califes.
|3|-
L'interprétation du sens du hadith prophétique.
Citons ici l'exemple d'Adh-Dhahabî(213) qui, à propos de la biographie
d'An-Nasâ'î, rapporta ce qui suit:
On demanda à An-Nasâ'î de
rapporter les mérites de Mu'âwiyah. An-Nasâ'î dit:
«Que rapporterai-je? Ô Seigneur! Ne rassasie jamais son
ventre!».
Adh-Dhahabî commente:
«Peut-être est-ce là un
mérite, une vertu de Mu'âwiyah en raison du hadith selon lequel le
Prophète (SAW) aurait dit (dit): «Ô Seigneur! Fais que la
malédiction ou l'insulte que j'inflige à quelqu'un soit pour lui
une purification et une miséricorde!».
Adh-Dhahabî (mort en 748 h.) se contenta
de dire (peut-être, il est probable ...) Mais, après lui, Ibn
Kathîr (mort en 774 h.) dit carrément: «Mu'âwiyah tira
bénéfice dans sa vie d'ici-bas et dans l'autre vie de cette
invocation (faite par le Prophète contre lui: Ô Seigneur! Ne
rassasie jamais son ventre!).
Ainsi les hadiths et les récits qui
comportent une condamnation des dirigeants, des califes ou des gouverneurs sont
interprétés de telle manière que cela se transforme en un
éloge de leurs mérites.
Enfin examinons de plus près ces
récits selon lesquels le Prophète (SAW) aurait - Qu'Allah nous en
préserve - maudit des croyants.
Méditons ces récits imputés
au Messager d'Allah (SAW).
Il aurait dit: «Ô Seigneur! J'ai contracté auprès de
Toi un pacte; Tu n'y manqueras pas, pour moi: je ne suis qu'un homme donc quel
que soit le croyant que j'offense, que j'insulte, que je maudisse ou que je
fouette, Tu feras que cela soit transformé pour lui en prière,
purification et oblation susceptible de le rapprocher de Toi le Jour de la
résurrection».
En écrivant cela, je sens comme si
j'étais poignardé dans le cur à cause de
l'énormité de ce qu'on a imputé au Messager d'Allah (SAW).
Ces gens rapportent ce récit en opposition avec la parole d'Allah -
gloire à Lui -: «En vérité, tu es d'une
moralité éminente». (V. 4/LXVIII)
Ce récit aurait pu être cité
aussi comme exemple de la huitième sorte de l'occultation (le
remplacement des hadîths authentiques par des récits
fabriqués).
|4|- La
suppression d'une partie du propos d'un Compagnon sans y faire allusion.
Prenons comme exemple de ce genre d'occultation
l'amputation du poème du Compagnon ançarite An-Nu'mân b.
'Ajlân, dont nous avons déjà cité deux vers dans le
cadre des traces de la Waçiyyah (le testament) dans la poésie
arabe. Ce poème fut rapporté dans son intégralité
par Az-Zubayr b. Bakkâr au cours des événements relatifs
aux disputes et argumentations d'al-Muhâjirîne et d'al-Ançar
à la Saqîfah. Pour répliquer à 'Amru b.
al-'Açi qui parla, en cette occasion, contre al-Ançar,
An-Nu'mân b. 'Ajlân récita ce poème dans lequel, il
rappelait l'attitude d'al-Ançar lors des batailles menées par le
Messager d'Allah (SAW) contre Quraïsh, l'hospitalité dont ils
avaient fait preuve à l'égard des Muhâjirîne
quraïshites (par le partage notamment de leurs biens avec eux) et, enfin,
les événements de la Saqîfah:
Et vous dites que l'investiture de Sa'd est
illicite. Que celle de 'Atîq b. 'Uthmân (Abû Bakr) est
licite!
Certes Abû Bakr en est digne ...
Mais 'Ali en est plus digne.
Notre tendance était pour 'Ali!
Comprends-tu, ô 'Amru qu'il en est digne
à ton insu? Par la force d'Allah, il appela à la guidance,
Prohibe la turpitude, l'injustice et le
blâmable
Dépositaire du Prophète élu
et son cousin
Tueur des cavaliers de l'égarement et de
la mécréance.
Et celui-ci - Abû Bakr - louange à
Allah -, guide les yeux contre l'aveuglement et ouvre des oreilles alourdies
par la fissure, confident du Messager d'Allah, seul, avec lui dans la grotte et
son ancien ami As-Siddîq.
Dans son livre, Alistî'âb,
Ibn 'Abdil-Bar rapporta le poème précédent à
l'exception des vers suivants:
Par la fore d'Allah, il appela à la
guidance,
Prohibe la turpitude, l'injustice et le
blâmable.
Dépositaire du Prophète élu
et son cousin
Tueur des cavaliers de l'égarements
et de la mécréance.
Ibn 'Abdil-Bar supprima ces vers du fait qu'ils
comportent l'éloge de 'Ali (a. s.) le Dépositaire du
Prophète (SAW) et son cousin mais il garda bien les vers qui vantent les
mérites d'Abû Bakr.
Après lui vint Ibn al-Athîr qui,
à propos de la biographie du même poète ançarite,
rapporte (dans son livre 'Usudul-Ghâbah) une partie du
poème de ce Compagnon, récité à la Saqîfah.
Mais, à son tour, il en supprima les vers relatifs à la
polémique de ce jour-là et les vers faisant l'éloge de
l'Imam 'Ali (a. s.) et soulignant sa qualité de Waçi ou
Dépositaire du Prophète.
Enfin vint Ibn Hajar et rapporta le poème
sans en citer les vers relatifs à la question du califat.
Ainsi, au fur et à mesure qu'on
s'éloigne de l'époque et de l'événement, les
savants suppriment dans les récits rapportés les passages qui ne
leur plaisent pas. Par conséquent, la compréhension de la
réalité historique devient de plus en inaccessible.
|5|- La
suppression de l'intégralité du hadîth prophétique
sans y faire allusion.
Quand Ibn Hishâm s'était
inspiré de la "Sîrah" prophétique d'Ibn
Ishâq, rapportée par Al-Bakkâ'î, il dit dans la
préface du livre: «... En laissant de côté une partie
de ce que rapporta Ibn Ishâq dans ce domaine ... des choses qu'il ne
conviendra pas de citer dans notre propos afin qu'elles ne l'entachent paset
des choses susceptibles de choquer les gens ...».
Le récit de l'avertissement fait partie
de ce qu'Ibn Hishâm a retranché de la Sîrah
prophétique d'Ibn Ishâq: On a vu qu'après la
révélation du verset 214/XXVI (Avertis ton clan le plus
proche), le Messager (SAW) invita Banî 'Abdil-Muttalib, les appela
à l'Islam et dit : «Qui parmi vous m'aidera à cet
effet? Il serait alors mon frère, mon dépositaire et mon calife parmi
vous!». Quand tous les hommes s'en abstinrent et que 'Ali b. Abî
Tâlib répondit: «Moi, ô Messager d'Allah! Je serai ton
assistant (ministre) en cette affaire», il le prit de la nuque et dit:
«Certes voici mon frère, mon dépositaire et mon calife parmi
vous! Ecoutez-le donc et obéissez-lui!». A ce moment là,
les hommes se levèrent en riant et dirent à Abî
Tâlib: «Il t'a ordonné d'écouter ton fils et de lui
obéir».(214)
Ibn Hishâm supprima ce récit de son
livre ainsi que d'autres récits que la clique du califat n'aimait pas
entendre. C'est pour cette raison que la "Sîrah
prophétique" d'après Ibn Ishâq fut
négligée à tel point qu'on n'en trouve presque pas de
copie.(215) En revanche, la
Sîrah d'Ibn Hishâm est devenue la plus célèbre et la
plus sûre chez les gens.
Lorsque At-Tabarî s'est rendu compte de la valeur du récit
précédent qu'il avait rapporté dans son Histoire,
il se rattrapa dans son oeuvre exégétique et commenta ainsi le
verset précité:
«Qui m'aidera en cela pourvu qu'il soit
frère et comme ci comme çà ...». Ensuite il dit:
«certes voici mon frère et comme ci, comme çà!
Ecoutez-le donc et obéissez-lui! ...».(216)
Ibn Kathîr fit de même dans son
livre Al-Bidâyah wan-Nihâyah et dans son commentaire du
Coran.
Pire encore ce que fera après eux Mohamed
Hussayn Haykal dans son livre Hayât-Muhammad. Dans la page 104
de la première édition de son livre, il rapporta le récit
précédent dans ces termes: «Qui m'aidera en cela et il sera
mon frère, mon Dépositaire et mon Calife parmi vous?». Dans
la deuxième édition de 1354 h., page
139, il supprima le récit tout entier.(217)
Ce genre d'occultation (la suppression du
récit sans y faire allusion est très répandue chez les
savants de l'Ecole des califes).
|6|-
L'interdiction d'écrire la sunnah du Messager (SAW).
C'était l'une des sortes d'occultation de
la sunnah, les plus importantes dans l'Ecole des califes. Cette interdiction débuta
à l'époque du Messager (SAW) quand Quraïsh eut interdit
à 'Abdillah b. 'Amru b. al-'Aç d'écrire le hadith du
Messager (SAW) sous prétexte que celui-ci pourrait parler tantôt
sous l'emprise de la colère, tantôt sous le coup du contentement.
Quraïsh ici signifie al-Muhâjirîne parmi les Compagnons du
Messager (SAW); c'est à dire ceux qui empêchèrent le
Prophète d'écrire son testament à la dernière heure
de sa vie. Lorsqu'ils eurent pris le pouvoir après sa mort, ils
interdirent l'écriture du hadîth et cette interdiction resta de
rigueur jusqu'à l'époque du calife umayyade 'Umar b.
Abdil-'Azîz qui leva la prohibition et ordonna de compiler le hadith du
Messager (SAW).
L'auteur d'Al-Aghânî
rapporta selon sa propre chaîne, à partir d'Ibn Shihâb, le
récit suivant: «Khâlid b. 'Abdillah al-Qasrî me dit:
- Écris-moi les lignées arabes.
Je commençai alors par Mudar (ensemble de
tribus arabes). J'y suis resté des jours durant. Une fois chez lui, il
me demanda:
- Qu'as-tu fait?
- J'ai commencé par les lignées de
Mudar mais je n'ai pas fini, répondis-je.
- Déchire le (le
travail écrit). Qu'Allah le déchire avec leurs racines!,
m'ordonna-t-il, et écris-moi la sîrah (biographie et vie
du Prophète (SAW)).
- Oui, remarquai-je, mais quelques traits de la sîrah
de 'Ali b. Abî Tâlib interviendront au passage, les noterai-je
aussi?.
- Non, répondit-il à moins que tu
le voies au fond de la Géhenne!!».(218)
On le voit bien. Les autorités en place
empêchèrent d'écrire le nom de l'Imam 'Ali (a. s.) à
moins que cela constitue une diminution pour lui; comment permettent-elles
alors d'écrire la sunnah du Messager (SAW) qui stipule que le Messager
le désigna comme successeur et dépositaire??
Les califes ont prohibé donc et à
travers les siècles la diffusion de la sunnah du Messager (SAW) et
condamné ceux qui s'opposaient à leur orientation à la
liquidation au sens propre ou au sens figuré.
|7|- La
dépréciation des récits, des narrateurs de la sunnah du
Messager (SAW) et des livres qui critiquent l'Autorité en place et -
parfois - le meurtre des opposants.
Le chercheur ne peut pas recenser les actes par
lesquels les savants (de l'Ecole des califes) déprécient le
narrateur ou le livre qui diminue le sultan ou le gouverneur. Parfois la foule,
portée contre les opposants, tue le savant qui marche en sens inverse du
courant comme cela fut arrivé à An-Nasâ'î, l'auteur
de l'un des recueils de hadîths les plus authentiques (chez l'Ecole des
califes).
Le compagnon Abû Dhar (r. d.) fut aussi,
bien avant An-Nasâ'î, éprouvé et offensé.
Plusieurs savants furent tués pour s'être opposés aux choix
politiques en vigueur. L'érudit Al-Amînî dressa la
biographie de certains d'entre eux dans son livre Shuhadâ'ul-Fadîlah
(Les Martyrs de la Vertu).
|8|- La mise
à feu des livres et des bibliothèques.
Ce genre d'occultation des hadiths
prophétiques commença à l'époque du calife 'Umar b.
al-Khattâb. Ibn Sa'd rapporte dans At-Tabaqât que les
hadiths devenaient, à l'époque de 'Umar, de plus en plus
nombreux. Alors le calife pria les gens de les lui apporter. Une fois entre ses
mains, il les brûla.
Az-Zubayr b. Bakkâr(219) rapporte aussi que Sulaymân b. 'Abdil-Malik,
quand il était seulement prince héritier, passa en pèlerin
par Médine et ordonna à Abân b. 'Uthmân de lui
écrire (composer) la biographie (la sîrah) du
Prophète (SAW) et ses expéditions militaires. Abân lui dit
alors: «Je l'ai déjà; je l'ai eue de quelqu'un de confiance
et authentifiée». L'ordre fut donné à dix scribes de
la recopier sur un parchemin. Quand le prince l'eut parcourue et trouvé
l'allégeance d'al-Ançar aux deux 'Aqabah, leurs mérites
à la bataille de Badr, il dit:
«Je ne croyais pas que ces gens avaient
tout ce mérite; ou bien les membres de ma famille - c'est à dire
les califes umayyades - les ont brimés ou bien ils ne sont pas aussi
valeureux que cela». Adâm dit alors: «Ô prince! Leur
attitude à l'égard du martyr tué injustement -
'Uthmân, le calife - ne nous empêchera pas de dire la
vérité: ils sont tels que le raconte notre livre. Je n'en
ferai une copie qu'après avoir averti le prince des Croyants - son
père 'Abdil Malik - peut-être s'y opposera-t-il. Finalement, il
brûla le livre. Quand son père fut informé de ce qui s'est
passé, il dit: «Que veux-tu d'un livre où nous n'avons
aucun mérite? Veux-tu apprendre aux Syriens les choses que nous voulons
qu'ils n'apprennent jamais?, demanda 'Abdil Malik. Sulaymân
répondit: «C'est pour cela que j'ai ordonné de brûler
la copie et attendu de connaître le point de vue du prince des
croyants».
Le calife apprécia son opinion.
Ainsi les califes des Musulmans et leurs princes
héritiers ordonnèrent de brûler les livres de la sunnah du
Messager (SAW) pour que les Musulmans n'apprennent pas ce qui pourrait
s'opposer aux intérêts de l'Autorité en place. En outre,
des bibliothèques entières comportant des livres de hadiths
furent brûlées.
La bibliothèque d'Al-Karkh,
édifiée à Bagdad par le ministre des Buwayhî et
partisan de l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s) fut brûlée par les
Saljuqides (partisans de l'Ecole des califes) après leur conquête
du pouvoir.
La bibliothèque du Sheikh
At-Tûsî, à Al-Karkh, fut brûlée aussi.
En Egypte, après la conquête du
pouvoir par Salâhud-Dine, les bibliothèques des califes fatimides
furent brûlées. Voyons! Qui peut savoir combien de hadîths
sont allés en pure perte à cause de ces incendies volontaires?
Combien y avait-il de hadîths authentiques
relatant les droits d'Ahlul-Bayt (a. s.), le testament du Prophète (et
les autres trésors de la sunnah)?
|9|- La suppression
d'une partie du récit relatif à la sîrah des Compagnons et
sa falsification.
Citons
l'exemple du sermon de l'Imam Al-Hussayn (a. s.) rapporté par
At-Tabarî et Ibn al-Athîr dans leurs traités respectifs de
l'histoire:
«Savez-vous
qui je suis? Pensez-y ensuite, revenez à vous-mêmes en vous
blâmant et demandez-vous s'il vous est permis de me tuer et de profaner
ma dignité. Ne suis-je pas le petit-fils de votre Prophète (SAW)
et le fils de son dépositaire (Waçi) qui fut son cousin, le premier
à avoir embrassé l'Islam, à avoir cru en Allah et en Son
Messager? ... Hamzah, le maître des martyrs n'est-il pas l'oncle de mon
père? Ja'far, le martyr ailé n'est-il pas mon oncle?».
Dans son Histoire,
Ibn Kathîr falsifia le récit et rapporta le récit comme
suit:
«Revenez
à vous-mêmes et jugez-vous vous-mêmes! Vous convient-il de
combattre un homme comme moi alors que je suis le petit-fils de votre
Prophète? Il n'y a pas sur terre un autre petit-fils du Prophète
que moi, 'Ali est mon père, Ja'far, celui qui a deux ailes est mon oncle
et Hamzah le maître des martyrs est l'oncle de mon père».(220)
On le voit; Ibn
Kathîr supprima l'évocation du testament et en amputa le sermon de
l'Imam Al- Hussayn parce que la mention d'al-Waçiyyah attirerait
l'attention de la communauté au droit de l'Imam 'Ali et des petits-fils
du Messager (SAW) à la succession et au pouvoir. Or la diffusion de ce
statut inquiète - l'autorité en place. Alors Ibn Kathîr falsifia
le sermon (pour y parer).
|10|- La fabrication des récits inventés pour remplacer
les hadîths authentiques.
Prenons un
exemple: At-Tabarî rapporte à propos des événements
de l'année 30 de l'hégire le récit concernant Abû
Bakr (r. d.): «En cette année, Mu'âwiyah bannit Abû
Dhar de la Syrie à Médine. On en a cité plusieurs
motivations que je n'aime pas citer. Ceux qui trouvent une excuse à
Mu'âwiyah évoquèrent une anecdote que m'a envoyée
Assarîy qui rapporte que Sayf raconta à Shu'ayb ...».
Ibn al-Athîr
emboîta le pas à At-Tabarî et dit à propos de
l'année 30 de l'hégire: «En cette année, Abû
Dhar fut expulsé par Mu'âwiyah de la Syrie à Médine.
Parmi les conditions et les causes de cet exil auquel fut assujetti Abû
Dhar, on a cité les insultes, la menace de meurtre
proférée par Mu'âwiyah contre lui, le bannissement de la
Syrie à Médine sur une monture sans selle, sans bât et
l'expulsion de Médine dans de très mauvaises conditions qu'il ne
convient pas de transmettre ...».
Qui
était donc ce Sayf qui rapporta l'anecdote qui comportait les excuses
trouvées à Mu'âwiyah dans sa persécution d'Abû
Dhar?
C'est Sayf b.
'Umar At-Tamîmîy (mort en 170 h.). Il a rapporté des
récits relatifs à l'époque du Messager (SAW), à la Saqîfah,
à l'allégeance prêtée à Abu Bakr, à la
guerre menée contre les apostats, aux conquêtes islamiques,
à la Guerre du Chameau ...
Les
traditionnistes et critiques des narrateurs disent de lui:
- Faible; son
hadîth délaissé; il est nul; grand menteur; inventeur de
hadîths; accusé d'hérésie.(221)
Dans ses
récits, il a inventé plus de 150 compagnons du Prophète
(SAW). Nous avons publié des études détaillées sur
soixante treize d'entre eux dans le 1e et 2e tomes de
notre livre (cent cinquante Compagnons inventés).
Ses
récits fabriqués ont été diffusés dans plus
de 70 (soixante-dix) recueils et références concernant des
domaines divers comme le hadith, l'histoire, la littérature et d'autres
sources d'études islamiques dans l'Ecole des califes. L'auteur qui puisa
le plus des écrits de Sayf fut At-Tabarî dans son
"histoire".
Les autres textes prophétiques se rapportant au droit
d'Ahlul-Bayt
Il était
nécessaire de présenter au lecteur les sections de recherche
précédentes qui montrent combien la tradition prophétique
avait souffert des différentes sortes d'occultation du fait qu'elle
contrariait à travers les siècles la politique des califes. Allah
- gloire à Lui - nous a guidés à trouver le peu qui en
reste dans les livres, qui échappa à la vigilance de la
"censure". En plus des textes significatifs précédents
dans le domaine de la succession du Prophète (SAW) et de la
dévolution du pouvoir politique, en voici d'autres qui indiquent
clairement le droit des Imams d'Ahlul-Bayt (a. s.) au gouvernement islamique.
La désignation
du dépositaire par des termes différents
Dans la section
consacrée à la terminologie, nous avons vu que la
désignation du Waçi peut se faire par le substantif
d'Al-Waçiyyah ou par les termes de la même famille comme le verbe
Awçâ-Yûçi ou encore par des termes différents
qui portent le même sens que celui par lequel l'instituant dit à
l'institué: «je te demande de faire ceci ou cela» ou sous
forme d'information donnée à d'autres personnes que
l'institué. Par exemple: j'ai institué un tel ou j'ai mandaté
un tel, de faire ceci ou cela après moi comme l'avait fait le Messager
d'Allah (SAW) pour la désignation de son dépositaire sous des
formes différentes.
Le Ministre
(l'assistant) du Prophète (SAW)
a) Dans le
Saint Coran avec l'éclairage de la sunnah.
Les versets
29-35 de la sourate Tâhâ parlent du rang du Prophète
Hârûn (a. s.) à côté de son frère le
prophète Mûssâ (a. s.). Or, le Messager d'Allah (SAW) dit
à l'Imam 'Ali (a. s. ): «N'es-tu pas
content d'avoir pour moi le même statut qu'avait Hârûn pour
Mûssâ, sauf qu'il n'y aura pas de prophète après
moi».
A propos de ce
statut, Allah - gloire à Lui - dit:
«Donne-moi
un assistant de ma famille; Mon frère Aaron; Accrois ainsi ma force;
Associe-le à ma tâche, afin que nous Te glorifiions sans cesse et
que, sans cesse nous t'invoquions. Oui, Tu nous vois parfaitement».
(Vs. 29-35/XX)
Allah
exauça Mûssâ (a. s.) et dit dans le Sait Coran :
«Certes,
Nous avons donné l'Ecriture à Mûssâ et Nous avons
placé à côté de lui son frère Aaron
(Hârûn) comme assistant». (V. 35/XXV)
b)- Quand le
Messager (SAW) fit-il de 'Ali son assistant
Ce fut le jour
où il invita Banî 'Abdil-Muttalib et leur proposa ceci: «Qui
parmi vous m'assistera en cette affaire ...». Seul l'Imam 'Ali
répondit positivement à sa demande. Le Messager d'Allah (SAW) le
prit alors pour wazîr (assistant, auxiliaire, ministre) dans son
entreprise (céleste). Dans son Tafsîr
(exégèse), As-Suyûtî rapporte qu'après la
révélation des versets précédents concernant
Hârûn et Mûssâ, le Messager d'Allah (SAW) invoqua Allah
et dit:
«Ô
Seigneur! Accrois ma force par mon frère 'Ali» et Allah
l'exauça.
Ibn 'Umar
rapporte que le Messager d'Allah (SAW) dit à l'Imam 'Ali: «Tu es
mon frère et mon wazîr (assistant, ministre), tu rembourses ma
dette et tu remplis ma promesse ...».(222)
Ainsi, en
disant à 'Ali «tu as pour moi le même statut qu'avait
Hârûn pour Mûssâ sauf qu'il n'y aura pas de
prophète après moi», le Messager d'Allah (SAW) attribua
à l'Imam 'Ali (a. s.) tout ce qu'avait Hârûn auprès
de Mûssâ à l'exception de la prophétie. Or la
première qualité dans le statut de Hârûn (a. s.) fut
l'assistance, le ministère, le "vicariat"...
Le Calife,
l'Adjoint du Prophète (SAW)
Quand le
Messager sortit à la tête de l'expédition pour Tabûk
et désigna 'Ali pour le remplacer à Médine, celui-ci lui
dit:
«Me
laisses-tu avec les enfants et les femmes?».
Le
Prophète lui dit alors: «N'es-tu pas content que tu aies pour moi
le même statut qu'avait Hârûn pour Mûssâ sauf
qu'il n'y a pas de prophète après moi? Alors qu'Allah dit
à propos de Hârûn, Moïse dit à son frère
Aaron:
«Remplace-moi
auprès de mon peuple, fais ce qui est bien et ne suis pas le chemin
des Pervers ». (V. 142/VII)
Dans l'une des
deux versions du récit précédent, rapportées par
Ahmed b. Hanbal dans son Musnad,(223) le Messager (SAW) dit «... et mon
Calife».
Ce fut ce que
nous pouvions citer à propos des termes: waçi, wazîr,
khalifah respectivement dépositaire- assistant- calife.
Ci-après
d'autres textes qui échappèrent à l'occultation
systématique de l'Ecole des califes.
Waliyyul-Muslimîne,
le Souverain allié, le Tutélaire des Musulmans après le
Messager (SAW).
Cette
qualité fut donnée par le Messager (SAW) à l'Imam 'Ali
dans divers lieux et sous plusieurs formes.
i)- Le récit de la plainte
Buraydah rapporte que le Messager d'Allah (SAW)
envoya deux expéditions au Yaman à la tête de l'une 'Ali b.
Abî Tâlib (a. s.) et à la tête de l'autre Khalid b.
al-Walîd et leur donna cette instruction: «Si vous vous rencontrez,
'Ali sera à la tête (des expéditions), sinon chacun
conduira la sienne». Nous avons rencontré, ensemble, Banî
Zayd, des Yamanistes. Après le combat et la victoire remportée
par les Musulmans sur les polythéistes, 'Ali (a. s.) prit une captive
pour lui-même. Alors, raconta Buraydah, Khalid b. al-Walîd
écrivit une lettre et me la fit porter au Messager d'Allah (SAW) pour
l'en informer. Quand je suis arrivé auprès de lui et qu'il a lu
la lettre, je vis la colère sur son visage. Alors je dis: «Ô
Messager d'Allah! Je cherche refuge auprès de toi, tu m'as envoyé
avec un homme et tu m'as ordonné de lui obéir. Alors j'ai
exécuté ce qu'il avait ordonné». Sur ce, le Messager
d'Allah (SAW) me dit: «Ne médis pas d'Ali, il est de moi et je
suis de lui et il est votre Walî (tutélaire) après
moi». Il l'a dit deux fois.(224)
Dans une autre version, Buraydah ajouta:
«Par notre compagnie! Tends la main pour que
je te renouvelle mon serment d'allégeance! Je ne l'ai quitté
qu'après lui avoir prêté serment d'allégeance sur
l'Islam».(225)
'Imrân b. Huçayn rapporta au sujet de
cet incident le récit suivant:
«Quatre des Compagnons du Messager d'Allah
(SAW) se sont mis d'accord, lors de cette expédition pour porter plainte
contre 'Ali dès qu'ils se trouveraient auprès du Messager (SAW).
Une fois arrivés, l'un d'eux se leva et dit:
«N'as-tu pas vu ô Messager d'Allah ce qu'avait fait 'Ali b.
Abî Tâlib?». Mais le Messager lui tourna le dos. Le
2è, le 3è et le 4è firent comme le premier et, à
chaque fois, le Messager tournait le dos au plaignant. Ensuite, la
colère bien manifeste sur le visage, le Messager (SAW) les envisagea et
dit: «Que voulez-vous de 'Ali (trois fois). Certes 'Ali est de moi et moi
de lui (2 fois) et il est le Walî (le tutélaire) de tout croyant,
après moi».(226)
Une deuxième plainte.
Wahb b. Hamzah rapporta ceci:
«J'ai tenu compagnie à 'Ali (r. d.) de Médine à Makkah. J'ai vu de sa part quelque
chose que je n'ai- pas aimé et lui ai dit: «Je porterai plainte
contre toi lorsque nous serons revenus, auprès du Messager d'Allah
(SAW)». Quand je l'ai rencontré je lui ai dit: «J'ai vu ceci
et cela de 'Ali». Il me rétorqua alors: «Ne dis pas cela car
il est après moi le plus digne de vous (commander)».(227)
La période de la plainte
Les historiens et les biographes parlent de deux
expéditions pour le Yaman, présidées par 'Ali. Nous
croyons qu'elles sont trois. En tout cas la dernière fut en l'an 10 de
l'hégire, à l'issue de laquelle, l'Imam 'Ali (a. s.) rejoignit le
Messager d'Allah (SAW) au pèlerinage d'Adieu avant le Jour de la
Tarwiyah (le 8e jour du mois Dhul-Hijjah).
En ce qui concerne la plainte évoquée
dans le contexte de l'expédition envoyée au Yaman, si elle a
été portée par deux fois au Messager d'Allah (SAW), la
première a eu donc lieu à Médine avant l'an 10 et la
deuxième à Makkah après l'arrivée des compagnons de
l'Imam auprès du Prophète (SAW) avant le Jour de la Tarwiyah,
avant le commencement proprement dit des jours du pèlerinage.
Donc ceux parmi les savants qui ont avancé
que l'événement d'Al-Ghadîr avait eu lieu à cause de
la plainte précitée, n'ont fait que conjecturer parce que
l'événement d'Al-Ghadîr eut lieu après le
pèlerinage à Juhfah et en présence des masses musulmanes
alors que l'audience relative à la plainte était limitée
aux plaignants et se déroula séance tenante, juste après
la formulation des griefs. Quant à la deuxième plainte, le texte
du hadîth précise bien qu'elle eut lieu à leur retour
à Médine.
ii) D'autres traditions dont le contexte ne fut
pas déterminé.
Ibn 'Abbâs rapporte que le Prophète
(SAW) dit à 'Ali «tu es après moi le Tutélaire de
tout croyant».(228)
'Ali lui-même rapporte que le Prophète
(SAW) lui dit: «Certes, tu es le Tutélaire des Croyants
après moi».(229)
La
cérémonie de l'institution de l'Imam 'Ali (s.a) Successeur du
Messager(SAW) et Tutélaire de l'Islam et des Musulmans
Ce fut une grande cérémonie
organisée par le Messager (SAW) en vue de désigner son successeur
héritier et le tutélaire de l'Islam et des Musulmans.
Al-Hâkim al-Haskânî rapporte à ce sujet le
récit suivant:
Ibn 'Abbâs et Jâbir dirent:
«Allah ordonna à Muhammad (SAW) de présenter 'Ali aux gens
pour les informer de son institution (comme successeur)». Le Messager
(SAW) craignit alors qu'on parlât de favoritisme à l'égard
de son cousin et qu'on critiquât la décision. Mais Allah lui
révéla ce verset:
«Ô Messager! Fais connaître
ce qui t'a été révélé par Ton Seigneur. Si
tu ne le fais pas, tu n'auras pas fait connaître Son message. Allah te
protège contre les hommes ...». (V. 67/V)
Alors, le Messager d'Allah (SAW) déclara
l'institution de 'Ali le jour de "Ghadîr Khum".
Ziyâd b. al-Mundhir racontait:
«J'étais chez Abî Ja'far Mohamed
b. 'Ali (a. s.) alors qu'il enseignait aux gens des
hadîths. Soudain un homme de Baçorah nommé 'Uthmân
al-A'shâ, un disciple de Hassan al-Baçrî, se leva et dit:
«Ô fils du Messager d'Allah! (Qu'Allah me sacrifie pour toi).
Al-Hassan (Al-Baçrî) nous informe que ce verset
(susmentionné) fut révélé à propos d'un
homme mais ne précise pas de qui il s'agit». Abû Ja'far (a.
s.) lui dit: «S'il avait voulu le nommer, il l'aurait fait mais il a
peur. (Sache alors que) Jabrâ'îl descendit voir le Prophète
(SAW) ... et lui dit: «Allah t'ordonne d'indiquer à Ta
Communauté leur Tutélaire (Walî) comme tu leur as enseigné
leur prière, leur aumône, leur jeûne et leur pèlerinage,
pour que l'argument (décisif) soit établi contre eux».
Le Messager d'Allah (SAW) dit alors: «Ô
Seigneur! (Tu sais que) mon peuple est encore proche de la Jâhiliyyah
(l'obscurantisme antéislamique). Ils (les gens du peuple) sont remplis
de rivalité et de vanité. Il n'est parmi eux personne qui ne soit
proche parent d'un impie tué par leur Walî ('Ali). Alors j'ai peur
... qu'ils me traitent d'imposteur. Allah - gloire à Lui -
révéla alors le verset (précité, V. 67/V)».
Quand Allah lui garantit Sa protection et le menaça (de
considérer sa mission comme non accomplie parfaitement dans le cas
où il ne transmettrait pas l'ordre de la Wilâyah) le
Prophète (SAW) prit la main de 'Ali ...».(230)
Al-Hâkim al-Haskânî rapporte aussi
ce récit à partir d'Ibn 'Abbâs:
«Lors de l'Ascension (Al-Mi'râj)
du Messager (SAW), Allah que son Nom soit exalté lui dit: «Je n'ai
envoyé de prophète que Je n'aie pas assisté d'un
auxiliaire et tu es le Messager d'Allah et 'Ali ton assistant».
Ibn 'Abbâs ajouta: «Quand le Messager
(SAW) fut descendu, il n'aimait pas tellement en informer les gens du fait
qu'ils étaient encore proches de la Jâhiliyyah ... Le
Prophète (SAW) supportait alors (le fardeau de la mission jusqu'au
18è jour du moi Dhul-Hijjah quand le verset 67/V fut
révélé. Alors il dit: «Ô les gens! Allah m'a
chargé de vous faire parvenir un message lourd à porter car je
craignais que vous me traitiez d'imposteur jusqu'à ce que Allah me
reprochât (cette crainte) et me menaçât par le Verset révélé
...».(231)
D'après Al-Haskânî et Ibn
'Asâkir, le verset précédent voulait dire, selon le
Compagnon Abû Hurayrah, qu'il était nécessaire de faire
connaître aux gens ce qui fut révélé au sujet de
'Ali.
D'autres récits similaires furent
rapportés par Al- Haskânî, Al-Wâhidî,
As-Suyûtî à partir de 'Abdillah b. Abî Awfâ,
Abû Sa'îd al-Khudrî et Ibn Mas'ûdî.
A son retour du pèlerinage d'Adieu, le
Messager d'Allah (SAW) reçut la révélation du verset 67/V.
alors il descendit à l'étang (Ghadîr) Khom, à Al-
Juhfah(232) qui
était le croisement de trois chemins: celui de Médine, celui de
l'Egypte et celui de la grande Syrie (Ash-Shâm).(233) Le
Prophète (SAW) attendit ceux parmi ses Compagnons qui étaient
derrière et y fit revenir ceux qui avaient devancé.(234) Il se
réserva alors une place sous quelques arbres à épines,
qu'on eut d'abord déblayée. On appela à la prière(235) et le
Prophète (SAW) prit place sous ces arbres(236) après
qu'on eut tendu une pièce de tissu sur un arbre en guise de parasol.(237) Après
avoir fait la prière du Dhuhr à une heure très chaude de
la journée,(238) il donna son
sermon qu'il commença par les louanges d'Allah, l'appel à la
vertu et l'exhortation (à faire le bien). Ensuite il dit:
- Bientôt Allah me rappellera à Lui et
je suis responsable et vous êtes responsables. Qu'en dites-vous alors
(comme réponse au jugement dernier)?
- Nous attestons que tu as transmis; tu as bien
conseillé, qu'Allah te récompense bien!, dirent-ils.
- N'attestez-vous pas qu'il n'y a d'autre
divinité qu'Allah, que Muhammad est Son Serviteur et Son Messager, que
le Paradis est vrai et que le Feu est vrai?, leur demanda-t-il.
- Si, nous l'attestons, répondirent-ils.
- Ô Seigneur! Sois-en témoin,
affirma-t-il. N'écoutez-vous pas?
- Si!
- Ô les gens! Je vous devancerai au Bassin
(paradisiaque de l'au-delà) dont la largeur est comme la distance entre
Buçrâ et San'â' et dont les verres en argent pur sont aussi
nombreux que les étoiles. Là, je vous demanderai compte au sujet
d'Ath-Thaqalayn (les deux charges). Regardez donc bien comment vous
les traitez après moi.
Un homme appela pour demander: - que sont-ils
Ath-Thaqalayn? Ô Messager d'Allah!
- Le Livre d'Allah, tel une corde entre Allah et
vous; attachez-vous-y, ne vous égarez pas, ne changez pas. Et Ahlu-Baytî
(ma famille). Allah, le Doux, l'Omniscient m'informa qu'ils (le Livre et
Ahlul-Bayt) ne se sépareront pas jusqu'à ce qu'ils reviennent
vers moi près du Bassin ... J'avais demandé cela à mon
Seigneur! Ne les devancez donc pas! Sinon vous péririez. Ne vous
attardez pas à les rejoindre! Sinon vous péririez; ne leur
enseignez rien non plus car tous deux (le Livre et Ahlul-Bayt) sont plus
savants que vous,(239)
ajouta-t-il.
Ensuite le Prophète (SAW) leur demanda:
- Ne savez-vous pas que je suis plus responsable
des Croyants qu'eux-même?
- Si, Ô Messager d'Allah!,(240)
répondirent-ils.
- Ne savez-vous pas que je suis plus responsable de
tout croyant qu'il ne l'est de lui-même?
- Si, Ô Messager d'Allah! (Ahmed, Ibn Kathîr, idem).
Alors le Prophète (SAW) saisit la main de
'Ali b. Abî Tâlib et la leva jusqu'à ce que les gens vissent
la blancheur de leurs aisselles, puis il dit:
- Ô les gens! Allah est mon Maître; je
suis aussi votre maître. Quiconque me prend pour maître, voici
'Ali, son maître. Ô Seigneur, sois l'allié de ses
alliés et l'ennemi de ses ennemis. Soutiens ceux qui le soutiennent et
abandonne ceux qui l'abandonnent, aime ceux qui l'aiment et hais ceux qui le
haïssent.(241)
Puis le Prophète dit: «Ô
Seigneur sois-en Témoin!»
Ensuite le Messager et 'Ali ne se
séparèrent pas jusqu'à ce que ce verset fût
révélé:
«Aujourd'hui, J'ai rendu votre Religion
parfaite, J'ai parachevé ma grâce sur vous; J'agrée l'Islam
comme étant votre Religion». (V. 3/V)
Le Prophète (SAW) dit alors: «Allahu
Akbar pour le perfectionnement de la Religion, le parachèvement de
la grâce et l'agrément du Seigneur relativement à mon
apostolat et à la Wilâyah pour 'Ali».(242)
Al-Ya'qûbî rapporte dans son Târikh
(histoire) que le dernier verset révélé à
Médine fut le verset 3 de la sourate "La Table Servie",
à l'occasion de l'institution du Prince des Croyants 'Ali b. Abî
Tâlib (a. s.) à Ghadîr Khum.(243)
Par après, 'Umar b. al-Khattâb le
rencontra et lui dit, dans plusieurs versions: «Félicitations
ô Ibn Abî Tâlib! Tu es devenu - matin et soir - Maître
de tout croyant et de toute croyante!»(244)
Al-Wilâyah (la
Souveraineté) et les détenteurs de l'autorité dans le
saint Coran
i) La Wilâyah de 'Ali dans le Sait Coran
Les hadîths que nous avons cités
confirment l'institution de 'Ali par le Prophète (SAW) comme Walî
sur les croyants en conformité avec le verset coranique suivant:
«Vos n'avez pas de maître en dehors
d'Allah et Son Messager et de ceux qui s'acquittent de la prière, ceux
qui font l'aumône tout en s'inclinant humblement (en
génuflexion)». (V. 55/V)
D'après Ibn 'Abbâs, Abî Dhar,
Anas b. Mâlik, l'Imam 'Ali et d'autres Compagnons: «Un Musulman
pauvre entra un jour dans la Mosquée du Messager (SAW) et
quémanda quelque chose. 'Ali qui était en train de faire une
prière facultative fut néanmoins sensible à l'appel du
mendiant et lui fit signe par la main droite derrière le dos afin qu'il
prît la bague de son auriculaire. L'homme l'a fait, invoqua Allah pour
'Ali puis s'en alla. Avant que l'assistance ne sorte de la Mosquée,
Jabrâ'îl (a. s.) descendit avec le verset
précédent».(245)
Hassân b. Thâbit, le poète, dit
alors des vers à ce sujet:
Ô Abâ Hassan! Que mon âme et mon
cur soient sacrifiés pour toi,
Ainsi que tout homme lent ou actif dans le chemin
de la guidance.
C'est toi qui donna en
pleine génuflexion
Ô le meilleur incliné! que les âmes du peuple soient sacrifiées pour
toi
Allah révéla à ton sujet la
meilleure Wilâyah
Qu'Il affirma dans les législations
confirmées.
Critique de la signification donnée au
verset
D'aucuns ont dit que les pronoms personnels dans la
partie du verset relative à ceux qui font la prière,
l'aumône ... sont au pluriel tandis que l'homme désigné est
une seule personne (l'Imam 'Ali)?
L'auteur fait à ce propos la remarque
suivante: «cette critique n'est qu'une conjecture! Car ce qui n'est pas
correct c'est l'emploi du terme singulier pour désigner un pluriel. En
revanche, l'inverse, comme dans le verset en question, est fort possible et
permis dans les conversations arabes. Cela se trouve aussi dans
différents lieux du Sait Coran. Prenons en l'exemple de ce qu'il y a
dans la sourate Al- Munâfiqîne (les Hypocrites):
«Au Nom d'Allah le Clément le
Miséricordieux. Quand les hypocrites viennent à toi, ils disent:
«Nous attestons que tu es le Messager d'Allah.»
Allah sait que tu es Son Messager. Et Allah sait
que les hypocrites sont menteurs ...
Quand on leur dit: «Venez le Messager d'Allah
va demander pardon pour vous», ils détournent la tête. Et tu
les vois s'éloigner, remplis d'orgueil ...
Ce sont eux qui dirent: «Ne dépensez
rien pour ceux qui sont auprès du Messager d'Allah afin qu'ils se
séparent de lui».
Les trésors des cieux et de la terre
appartiennent à Allah. Mais les hypocrites ne comprennent pas.
Ils disent: «Si nous revenions à
Médine, le plus puissant de cette ville en expulsera le plus
faible».
La puissance appartient à Allah, à
Son Messager et aux Croyants. Mais les hypocrites ne savent pas». (Vs. 1-8/LXIII)
Dans son exégèse, At-Tabarî
dit: «Seul 'Abdullah b. Abî Salûl était visé
par tous ces versets. Selon les récits rapportés et les livres
des savants, toute la sourate fut révélée à son
sujet».(246)
A son tour, As-Suyûtî rapporte, citant
Ibn 'Abbâs que celui-ci dit: «Tout ce qui fut
révélé dans cette sourate, ne concernait que 'Abdullah b.
Ubay».(247)
Son histoire, en résumé, est
relatée par les biographes et dans les oeuvres
exégétiques: «Jahjâh al-Ghifârî,
travailleur salarié de 'Umar b. al-Khattâb et Sinân al-Juhaniy
l'allié de Banîl-Khazraj se bousculèrent après la
bataille de Banî Mustaleq, au sujet de l'eau (qu'ils voulaient puiser) et
en venaient à se battre. Al-Juhaniy cria alors: «Au secours
ô Al-Ançar!». Et Jahjâh cria, à son tour,
«Au secours! ô les Muhâjirîne!».
Sur ce, 'Abdullah b. Ubay se fâcha en présence d'un groupe
d'Ançarites qui étaient avec lui - parmi eux il y avait Zayd b.
Arqam, encore un jeune homme à cette époque. Ibn Ubay dit:
«L'ont-ils fait? Ils nous ont bousculés, concurrencé
dans notre propre pays! Par Allah! Le proverbe qui s'applique à nous en
rapport avec ces Quraïshites est celui qui dit: Engraisse bien ton chien
pour qu'il te morde, par Allah, si nous revenions à Médine le
plus puissant de cette ville en expulserait le plus faible .
Ensuite, parlant à l'assistance il dit: «Voici ce que vous avez
fait de vous-mêmes! Vous les avez hébergés chez vous, et
partagé vos biens avec eux; par Allah, si vous les empêchez
d'avoir accès à ce qu'il y a entre vos mains, ils quitteront
sûrement votre pays». Zayd b. Arqam rapporte alors ses propos au
Messager d'Allah, qui était entouré de ses Compagnons, parmi eux
'Umar b. al-Khattâb».(248)
Dans le même sens, on peut citer les versets
suivants: Le Prophète en disant: «il est tous oreilles»
(V. 61/IX).
«Ceux auxquels les gens disaient: (les
gens les impies) ont sûrement réuni leurs forces contre vous ...».
(V. 173/III)
«... Ils disaient: «y a-t-il quoi
que ce soit qui nous concerne en cette affaire? ...». (V. 154/III)
Et d'autres versets encore où le pluriel est
employé mais une seule personne est visée.
ii)- Les détenteurs de l'autorité:
'Ali et les Imams de sa descendance (a. s.)
Les récits et les narrations successives et
concordantes ont confirmé l'institution de 'Ali (a. s.) successeur du
Messager (SAW) et que les détenteurs de l'autorité
signalés par le verset coranique précité n'étaient
que 'Ali et les Imams parmi sa descendance.
«Ô vous qui croyez! Obéissez
à Allah! Obéissez à Son Messager et à ceux, d'entre
vous, qui détiennent l'autorité». (V. 59/IV)
Les récits suivants le confirment aussi:
D'après Shawâhid At-Tanzil, 'Ali
demanda au Messager d'Allah: «Qui sont-ils?». «Tu es le
premier d'entre eux», répondit-il.
D'après Mujâhid, «les
détenteurs de l'autorité parmi vous», il s'agit de
'Ali b. Abî Tâlib que le Messager d'Allah (SAW) désigna
après lui à Médine. Allah ordonna alors à Ses
serviteurs de lui obéir, de ne pas être en désaccord avec
lui.
«Que dis-tu de ce verset (V. 59/IV)?, demanda
Abû Baçîr à Abî Ja'far.
- Ce verset fut révélé
à propos de 'Ali b. Abî Tâlib, répondit-il.
- Les gens disent: qu'est ce qui L'empêcha de
nommer 'Ali et Ahlul-Bayt dans Son Livre?, redemandai-je.
- Dis-leur: Allah a descendu sur Son Messager les
Versets relatifs à la prière sans préciser s'il s'agissait
de trois ou de quatre "Ra'kat" inclinantes. Et c'était le
Messager d'Allah qui en donna l'explication. Le verset 59/IV fut
révélé à propos de 'Ali, Hassan et Hussayn et le
Messager d'Allah (SAW) dit à sa Communauté: «Je vous
recommande le Livre d'Allah et Ahlul-Bayt. J'ai demandé à Allah
de ne les séparer qu'une fois revenus à moi au Bassin
(paradisiaque) et IL m'a exaucé».
iii)- La
tradition de 'Arche:
La tradition
prophétique selon laquelle l'exemple d'Ahlul-Bayt dans cette
Communauté est celui de l'Arche de Noé (a. s.) et celui de la
porte du "pardon" chez les Israéliens
Ahlul-Bayt et des
Compagnons tels que Abû Dhar, Abû Sa'îd al-Khudrî, Ibn
'Abbâs et Anas b. Mâlik rapportèrent ce récit:
«Le Messager
d'Allah (SAW) dit: «Ahlu-Baytî comme l'arche de Noé: celui
qui y monte sera sauvé et celui qui s'y attarde périra (sera
noyé)».
Dans certaines
versions: «... sont comme la porte du "Pardon" (Hittah)
que devaient franchir les Israélites».
Les
références qui comportent ces hadiths sont Dhakhâ-irul
'Uqbâ (Al-Muhib At-Tabarî) p. 20; Mustadrak,
Al-Hâkim (2/343, 3/150); Hilyatul-Awliyâ' (Ibn Nu'aym,
4/306); Târîkh Bagdad (Al- Khatîb, 12/19); Majma'uz-Zawâ'id
(Al-Haythamî, 9/168); Ad-Durrul-Mantûr
(As-Suyûtî, commentaire du verset 58/II). Dans un autre livre
d'As-Suyûtî (Târîkhul-Khulafâ', p. 270),
Al-Ma'mûn citant Ar-Rachîd citant Al-Mahdî citant
Al-Mansûr citant son père, citant son grand-père, tous
rapportent qu'Ibn 'Abbâs entendit le Prophète (SAW) dire:
«Ahlu-Baytî sont comme l'Arche de Noé; celui qui y monta fut
sauvé et celui qui s'y est attardé, a péri». Voir
aussi Kanzul-'Ummal, 6/153-216. Aç-Çawâ'iqul-Muhriqah
(Ibn Hajar p. 75) cité à partir du Dâruqutnî,
At-Tabarânî, Ibn Jarîr, Ahmed b. Hanbal et d'autres.
Tous ces arguments
puisés du Livre et de la sunnah prouvent la désignation de son
successeur par le Messager (SAW). Corroborent cette thèse d'autres
textes et d'autres récits relatés dans ce qui suit:
La fonction des
Imams: 'Ali et ses onze descendants (a. s.): Transmettre et faire
connaître la Sunnah du Messager d'Allah (SAW)
Dans plusieurs versets
coraniques, la fonction des messagers est limitée à la
transmission (de la parole d'Allah à leur peuple):
«Il n'incombe
au Prophète que de transmettre le message». (V. 99/V)
«Il incombe
seulement au Messager de transmettre en toute clarté Ses messages».
(V. 54/XXIV; 18/XXIX et 35/XVI)
La fonction du Sceau
des prophètes Muhammad (SAW) fut limitée à la transmission
du message divin:
«Tu es
seulement chargé de transmettre le message prophétique».
(V. 20/III; V. 48/XLII)
La transmission est de
deux sortes: directe et indirecte. Elle a aussi pour objet l'acte qu'il est
temps d'accomplir ou celui qu'on devra accomplir par après. Ainsi on
peut citer à titre d'exemples: l'urgence de l'arbitrage entre les deux
groupes de Musulmans qui se combattent; le devoir des Musulmans - après
le Prophète - à l'égard d'un dirigeant injuste.
Ce que transmet le
Prophète se devise aussi en deux parties:
Le Livre d'Allah,
c'est-à-dire dans cette Communauté le Sait Coran dont le sens et
la lettre sont révélés par Allah au Messager: «...
Ce Coran m'a été révélé pour que je vous
avertisse vous et ceux auxquels il est parvenu». (V. 19/IV)
Ce dont le
Prophète a reçu en révélation le sens et non la
lettre comme la transmission par le Prophète (SAW) dans son propre style
des détails de la Shari'ah - (la législation islamique).
«IL a établi pour vous, en fait d'obligations religieuses; ce
qu'IL avait prescrit à Noé ce que nous te révélons
et ce que Nous avons prescrit à Abraham à Moïse et à
Jésus: «acquittez-vous du culte! Ne vous divisez pas en sectes!».
(V. 13/XLII)
Le Messager (SAW) ne
fit que transmettre en dehors du Sait Coran ce qui lui a été
révélé en matière du nombre des inclinations de la
prière, de ses invocations, des jugements législatifs, de
l'histoire des communautés anciennes, des événements
ultérieurs dans ce bas-monde et dans l'au-delà. L'objet de cette
sorte de transmission s'appelle: "Le noble hadîth du
Prophète".
«Il ne parle
pas sous l'empire de la passion. C'est seulement une Révélation
qui lui a été inspirée». (Vs. 3-4/LIII)
La fonction du
Prophète est donc limitée à la transmission. C'est sa
qualité principale quand il dit alors: «cet homme est de
moi», cela signifie qu'il est de lui en cette matière, dans le
domaine de la transmission. Ce n'est pas arbitrairement que nous
avançons cette explication. Le Prophète lui-même le dit
clairement dans une partie de ses hadîths dont celui-ci:
Histoire de la
transmission de la sourate «L'Immunité»
Anas, Ibn 'Abbâs,
Sa'd b. Abî Waqqâs, 'Abdullah b. 'Umar, Abû Sa'îd
al-Khudrî, 'Umar b. Maymun, Abû Bakr et 'Ali b. Abî
Tâlib rapportèrent tous le verset de la transmission de
l'Immunité. En voici selon 'Ali (a. s.) telle qu'elle fut relatée
par Ahmed b. Hanbal dans son Musnad:
«Le
Prophète fit venir Abâ Bakr et l'envoya avec la sourate de
l'Immunité vers les habitants de Makkah pour leur transmettre ces
instructions: «Il est désormais (après cette année
là) défendu qu'un polythéiste fasse le pèlerinage
qu'une personne nue fasse la circumanbulation autour de la Maison (d'Allah).
Qu'on sache qu'une âme non musulmane n'aura pas accès au Paradis,
que ceux (parmi les impies) qui ont conclu un pacte avec le Messager d'Allah
(SAW), leur pacte sera respecté jusqu'à son terme et que Allah et
Son Messager désavouent les Associateurs». Trois jours du
départ d'Abû Bakr avec l'Immunité, le Prophète dit
à 'Ali: «Rejoins-le, renvois-le moi et transmets
l'Immunité!». Ce que 'Ali fit. A son retour, Abû Bakr pleura
et demanda: «Ô Messager d'Allah! Quelque chose (de mal) fut-il
révélé à mon sujet?»
- Non, répondit
le Prophète, il ne s'est passé que du bien; seulement, il m'a
été ordonné de transmettre moi-même ou un homme de
moi». (249)
Les versions de ce
récit, rapportées par Ibn 'Umar et Abû Sa'îd
al-Khudrî sont similaires.
Ainsi tant le texte que
le contexte nous renseignent du but visé par la transmission: il s'agit
de faire connaître ce qui a été
révélé, en premier lieu par Allah à Son Messager en
matière de prescriptions religieuses adressées aux individus
responsables. Or, seul un Messager ou un homme de lui peut s'en acquitter. En
revanche, la transmission en second lieu c'est à dire après celle
faite par le Messager ou par un homme de lui, pourrait être accomplie par
les sujets responsables à leurs semblables. Cette permission de
transmettre, voire son obligation sera ainsi et pour toujours poursuivre par
tous ceux auxquels le message est parvenu. Seule donc la transmission au sens
premier du terme fut visée par le Messager (SAW).
Un autre récit
prophétique corrobore l'interprétation donnée au terme
"Minnî" (de moi) employé par le Messager (SAW):
'Ali
était du Prophète (SAW) ce qu'était Hârûn de
Mûssâ (a. s.)
Le Messager d'Allah dit
à 'Ali: «Tu es de moi ce qu'était Hârûn de
Mûssâ sauf qu'il n'y a pas de prophète après
moi».(250)
Ce que signifie
"minnî" (de moi)
dans les récits prophétiques
Le hadîth
précédent montre clairement le sens de cette locution
employée dans d'autres récits: comme Hârûn
était l'associé de Mûssâ (a. s.) dans la
prophétie et son auxiliaire dans la transmission du message, 'Ali qui a
pour le Sceau des prophètes (SAW) le même statut qu'avait
Hârûn pour Mûssâ à l'exception de la
prophétie garde l'autre qualité c'est à dire la fonction
d'auxiliaire dans la transmission.
Le Prophète
(SAW) clarifia lui-même le sens du terme "minnî"
le Jour de 'Arafat durant le pèlerinage d'Adieu:
«'Ali est de moi
et je suis de 'Ali. Ne transmettra mon message que moi-même ou
'Ali».(251)
La narration de
Buraydah (histoire de la plainte) et celle de 'Imrân b. Huçayn
sont similaires.
Ainsi donc la fonction
de 'Ali et des Imams parmi ses descendants consiste en la transmission directe
du message religieux aux sujets de la Communauté. La différence
qui sépare leur statut de celui du Prophète (SAW) est que
celui-ci reçoit les stipulations par l'intermédiaire d'Al-Wahye
(la Révélation) tandis qu'ils ne font que transmettre ces
prescriptions religieuses par l'intermédiaire du Prophète (SAW)
à la Communauté. Le Messager d'Allah les a préparés
à porter le fardeau de la transmission, aidés par l'infaillibilité
que leur accorda Allah contre toute souillure, par le fait qu'il les a
purifiés totalement et par l'éducation spécifique que
donna le Prophète (SAW) à l'Imam 'Ali qui eut grand soin de
transmettre ses connaissances et sa sagesse aux Imams parmi sa descendance.
Le porteur des
connaissances prophétiques
D'après
Ar-Râzî (Tafsîr) et Al-Muttaqî al-Hindî
(Kanz-Al-'Ummâl) 'Ali (a. s.) dit: «De la science, le
Messager d'Allah m'enseigna mille portes (voies). Chacune de ces portes s'est
ramifiée en mille portes».
Abût-Tufayl dit:
«J'ai assisté à un sermon donné par 'Ali et je l'ai
entendu dire: «Demandez-moi à savoir, car par Allah! des événements (choses) qui se produisent
d'ici jusqu'au Jugement dernier, il n'y a pas un seul au sujet duquel vous me
questionnerez que je ne vous en donne le récit. Demandez-moi à propos
du Livre d'Allah car, par Allah, il n'y a pas de verset que je ne sache! Je
vous dirai s'il fut révélé de jour ou de nuit dans une
plaine ou sur une montagne ...».(252)
D'où le
hadîth rapporté par Jâbir b. 'Abdillah: «Je suis la
Cité de la science et 'Ali en est la porte (le portail); quiconque
désire se rendre à la cité doit passer par la
porte». En commentant ce hadîth, Al- Hâkim dit: «C'est
un hadîth authentique de par sa chaîne de transmission».(253)
Dans une autre version:
«quiconque veut la science qu'il aille voir la porte».(254)
Selon un autre
récit: «Le Messager d'Allah (SAW) saisit la main de 'Ali le Jour
de Hudaybiyyah et dit: «Voici le Prince des Vertueux, le tueur des
Pervers, est victorieux celui qui le soutient; est abandonné celui qui
l'abandonne. - Il le disait à haute voix - je suis la Cité de la
science et 'Ali sa porte. Quiconque veut la maison qu'il passe par la porte».(255)
Les traditions
relatives au statut des petits-fils du Messager d'Allah (SAW)
Dans son Musnad,
Ahmed rapporte à partir d'Al- Miqdam b. Ma'dîy Karib que «Le
Messager d'Allah (SAW) posa Al-Hassan dans son giron et dit: «celui-ci
est de moi».(256)
Al-Barâ' b. 'Azib
rapporte aussi que le Prophète (SAW) dit à Hassan ou à
Hussayn: «celui-ci est de moi».(257)
De même,
Al-Bukhârî, At-Tirmidhî, Ibn Majah et d'autres rapportent que
le Messager d'Allah (SAW) dit: «Hussayn est de moi et moi, suis de
Hussayn. Qu'Allah aime celui qui aime Hussayn. Hussayn est Sibt mina
Al-Asbât (mon descendant)».(258)
Plusieurs autres
récits similaires sont rapportés dans ce sens (Kanz
Al-'Ummâl, Al-Muttaqî 16/270, 13/106, 13/101-105; 16/270)
Ici encore, lorsque le
Messager d'Allah (SAW) dit que Hassan et Hussayn sont de lui (minnî),
cela veut dire que dans le domaine de la transmission du Message divin et des
prescriptions de l'Islam, ils sont de lui (et sont chargés de la
même fonction).
Quand le
Prophète dit que Hassan et Hussayn sont ses petits-fils, ses descendants
(Asbât), il ne s'agit pas d'une redondance inutile - loin du
Prophète ce genre de bavardage - mais il fait là le rapprochement
entre ses petits-fils et ceux d'Ibrâhim et d'Isaâq (a. s.)
cités par le Sait Coran dans le verset suivant:
«Dites:
Nous croyons en Allah,
à ce qui nous a
été révélé,
à ce qui a
été révélé à Abraham, à
Ismâ'îl, à Isaâq, à Jacob et à
Al-Asbât (descendants de Ya'qub),
à ce qui a
été donné à Moïse et à Jésus;
à ce qui a
été donné aux prophètes, de la part de leur
Seigneur.
Nous ne
distinguerons point l'un d'entre eux. Nous sommes soumis à Allah». (V. 136/II)
(voir
aussi le verset 140/II, et le verset 84/III et le verset 163/IV)
Ainsi le récit
relatif à Hassan et à Hussayn s'apparente à celui du
statut de l'Imam 'Ali (a. s.). Celui-ci est du Prophète ce
qu'était Hârûn de Mûssâ. Le statut de
Hârûn (a.s) est décrit dans le St Coran: (Tâhâ,
Vs. 29-36), (Le Récit, Vs. 34-35), (Al-A'râf, V. 142),
(Al-Furqân, V. 35), (Les Croyants, V. 45).
D'après ces
versets Allah fit de Hârûn un auxiliaire de son frère et un
associé dans la prophétie. Il l'aide et le fortifie; il le
remplace à la tête de son peuple ... De même 'Ali (a. s.)
avait, à l'exception de la prophétie, le même statut que
celui de Hârûn c'est à dire qu'il était l'auxiliaire
du Sceau des prophètes, de son vivant, son associé dans la
fonction de la transmission seulement. Après sa mort, il incombait
à l'Imam 'Ali de le remplacer dans son peuple et de continuer à
porter le fardeau de la transmission. Ce même statut fut attribué,
après leur père, à Hassan et à Hussayn (a. s.)
à l'exception de la prophétie, la seule différence qui les
distingue d'Al-Asbât (les fils d'Israël) à cause du fait
qu'il n'y a pas de prophète après Muhammad (SAW). Leur reste la
responsabilité de la transmission des prescriptions islamiques
émanant d'Allah.
Le dernier
dépositaire de ce statut jouit aussi d'une place particulière
dans la sunnah prophétique.
Le
Prophète (SAW) annonce la bonne nouvelle de l'apparition
d'Al-Mahdî (a. s.) vers la fin des temps: Al-Mahdî (a. s.) porte le
même prénom que celui du Prophète (SAW)
Le Messager d'Allah
(SAW) dit: ne disparaîtra ce bas monde qu'après le règne
sur les Arabes d'un homme issu de ma famille, portant le même
prénom que le mien.(259)
Selon Abû
Sa'îd al-Khudrî, le Messager (SAW) dit: «L'heure ne
viendra que lorsque la terre aura été remplie d'injustice et
d'agression. Ensuite paraîtra un homme des Ahlu-Baytî et y fera
régner l'équité et la justice».(260)
Al-Mahdî
(a. s) est l'issu d'Ahlu-Bayt (a. s.)
Ibn Mâjah
rapporte à partir d'Abû Hurayrah que le Messager d'Allah (SAW)
dit: «S'il ne restait de ce bas monde qu'un seul jour, Allah allongerait
ce jour pour y faire régner un homme de ma famille (Ahlu-Baytî)
qui s'emparera de la montagne du Daylam et Constantinople».
Ibn Mâjah (Sunan,
chap.: "L'apparition d'Al-Mahdî") et Ahmed (Al-Musnad,
1/84) rapportent à partir de 'Ali (a. s.) que le Messager (SAW) dit:
«Al-Mahdî
est issu de nous (Ahlul-Bayt). En une nuit, Allah le rendra bon à
agir».
Al-Mahdî (a. s.) est descendant de Fatima
(a. s.)
Abû Dâûd rapporte à partir
d'Umm Salamah qui dit: «J'ai entendu le Messager (SAW) dire:
«Al-Mahdî est issu de ma descendance, de Fatima».(261)
Al-Mahdî
(a.s) est descendant d'Al-Hussayn (a. s.)
D'après Al-Muhib
Tabarî (Dhakhâ'ir Al-'Uqbâ, p. 136), Abû Ayyûb
al-Ançârî dit: «Le Messager d'Allah (SAW) dit:
«Des deux (Hassan et Hussayn) naîtra le Mahdî de cette
Communauté».
Dans le même
livre, le récit est rapporté aussi par Hudhayfah: «Le
Prophète (SAW) dit: «S'il ne restait de ce bas monde qu'un seul
jour, Allah allongerait ce jour pour faire apparaître un homme issu de ma
descendance et portant le même prénom que le mien. Salmân
demanda alors: «Issu de qui de tes fils?». De celui-ci,
répondit le Prophète (SAW) en tapotant de sa main sur Al-Hussayn
(a. s.)».
Ainsi, dans les
traditions rapportées, le Messager d'Allah (SAW) insista sur l'Imamat du
premier Imam 'Ali (a. s.) et sur l'annonciation de la bonne nouvelle relative
à l'apparition du dernier Imam: Al-Mahdî (a. s.) tout en signalant
que le nombre des Imams est douze. Si donc on connaît le premier, le
dernier et le nombre des Imams, aucun doute ne subsistera quant à
l'identité des Imams (a. s.).
Des traditions
prophétiques relatives à l'Imamat d'Ahlul-Bayt (a. s.)
Les récits qui
se rapportent à l'Imamat d'Ahlul-Bayt (a. s.), sont nombreux. Les uns et
les autres concernent l'ensemble des Imams, les autres parlent de certains
d'entre eux en particulier. Commençons par la première
catégorie de ces récits.
Hadîth
Ath-Thaqalayn
a)- Lors du
pèlerinage d'Adieu
Jâbir rapporte
qu'il a vu le Messager d'Allah (SAW) sur sa chamelle Al-Quçwâ', le
Jour de 'Arafah' lors de son pèlerinage et qu'il l'a entendu dire dans
son sermon:
«Ô les
gens! J'ai laissé parmi vous ce qui vous préservera de
l'égarement si vous vous y attachez: le Livre d'Allah et 'Itratî
(Ahlu-Baytî)».
Selon At-Tirmidhî
d'autres Compagnons que Jâbir rapportent ce hadîth notamment
Abû Sa'îd al-Khudrî, Zayd b. Arqam et Hudhayfah b. Usayd.(262)
b)- A Ghadîr
Khum
Zayd b. Arqam rapporte,
selon plusieurs traditionnistes, que le Messager d'Allah (SAW) a tenu un sermon
à un étang appelé Khum entre Makkah et Médine ...
et dit:
- «Ô les
gens! Je ne suis qu'un être humain (mortel), bientôt, Allah me
rappellera à Lui. Je laisse parmi vous deux poids, d'abord le Livre
d'Allah comportant guidance et Lumière; attachez-vous au Livre d'Allah
puis Ahlu-Baytî».(263)
- «Je laisse
parmi vous deux choses; si vous vous y attachez, vous ne vous égarerez
pas après moi, l'une étant plus grande que l'autre: le Livre
d'Allah, comme une corde tendue entre le ciel et la terre et ma descendance,
Ahlu-Baytî et ils ne se sépareront qu'une fois arrivés auprès
de moi au Bassin (paradisiaque), alors considérez bien la manière
dont vous m'y remplacerez».(264)
Les récits
rapportés par Al-Hâkim dans Al- Mustadrak sont
similaires.(265)
Comme le
Prophète parla de l'origine de ses Dépositaires, il parla de leur
nombre.
Le nombre des
Imams (a. s.)
Le Messager (SAW)
informa que le nombre des Imams tutélaires et dirigeants de la
Communauté après lui, est douze comme l'ont rapporté les
traditionnistes suivants:
(1)- Muslim rapporte
à partir de Jâbir Samurah qui affirme avoir entendu le
Prophète (SAW) dire: «La religion restera établie (sur
terre) jusqu'à l'avènement de l'Heure, jusqu'à ce que
douze califes aient pris (successivement) le pouvoir parmi vous. Tous, issus de
Quraïsh».
(2)- Dans un autre
récit: «Cette Communauté (Ummah) ira bien droit
(victorieuse sur son ennemi) jusqu'à ce que douze de ses Clifes soient
passés, tous de Quraïshe. Après eux il y aura des troubles
et du chaos».(266)
(3)- «Cette
Communauté aura douze Dirigeants à qui ne nuiront point ceux qui
les auront abandonnés. Tous issus de Quraïshe».(267)
(4)- «Le cours
des choses ira normalement tant que Dirigent la Communauté douze
hommes».(268)
(5)- D'après
Anas, Le Messager (SAW) dit: «Cette religion restera établie
jusqu'au passage de douze issus de Quraïsh. Après leur mort, la
terre s'agitera de ses habitants».(269)
(6)- Une autre version
semblable à (3).
(7)- Ahmed, Al-Hâkim
et d'autres rapportent à partir de Masrûq qui raconte: «Une
nuit, nous étions assis chez 'Abdullah b. Mas'ûd qui nous
enseignait du Coran quand un homme lui demanda: « Ô Abâ
'Abdir-Rahmân! Avez-vous demandé au Messager d'Allah (SAW) combien
de Califes dirigeront cette Ummah (Communauté)?» 'Abddullah dit
alors: «Personne, depuis que je suis venu en Irak, ne m'a posé
cette question! Oui, on le lui a demandé: douze, le même nombre
que celui des chefs des fils d'Israël».(270)
(8)- Dans une autre
version, Ibn Mas'ûd rapporte que le Messager (SAW) dit: «Il y aura
après moi autant de califes qu'il y avait dans la communauté
(compagnons) de Mûssâ»(271) Ibn Kathîr
ajoute que d'autres récits similaires furent rapportés à
partir de 'Abdillah b. 'Amru, Hudhayfah et Ibn 'Abbâs.(272)
Les récits
concordent donc sur le nombre des douze Califes et sur le fait qu'ils sont
issus de Quraïsh. Or, l'Imam 'Ali (a. s.) précise ce qu'il faut
entendre par Quraïsh dans les hadîths du Prophète (SAW):
«Sachez que les
Imams de Quraïsh sont plantés dans sa branche hashimite. L'Imamat
ne convient pas s'il est attribué à d'autres hommes qu'eux, qui
ne peuvent pas non plus convenir à ce poste».(273)
Il dit aussi:
«Par Allah! Oui! La terre ne sera pas privée d'homme
défendant la cause d'Allah publiquement et solennellement ou bien
fébrilement et secrètement afin que ne disparaissent pas les
preuves et manifestations d'Allah!».(274)
Leur perplexité face à ce
hadîth
Les savants de l'Ecole des califes sont perplexes
quant au sens qu'il faudrait donner au nombre Douze sur lequel les
récits rapportés concordent. Leurs paroles divergent et se contredisent:
Ibn al-'Arabî, commentateur des Sunan d'At-Tirmidhî dit:
«Nous avons compté après le Messager d'Allah (SAW) douze
princes: Abû Bakr, 'Umar, 'Uthmân, 'Ali, Al-Hassan,
Mu'âwiyah, Yazîd, Mu'âwiyah b. Yazîd, Marwân,
'Abdul-Mâlik b. Marwân, Al-Walîd, Sulaymân, 'Umar b.
Abdil-'Azîz, Yazîd b. 'Abdil Malik, Marwân b. Mohamed b.
Marwân, As-Saffâh ...».
Puis il compta Vingt sept califes abbassides
jusqu'à son époque ensuite il dit: «Si nous nous limitons
à douze, le compte formel s'arrête sur Sulaymân; si nous
introduisons une interprétation (compte par le sens), on en aura cinq
seulement: les quatre califes et 'Umar b. Abdil-'Azîz. En tout cas, je
n'en sais rien».(275)
Al-Qâdî 'Iyâd, commentant Ibn
al-'Arabî selon lequel, le pouvoir fut pris par plus de douze califes:
«C'est une objection fausse car le Messager (SAW) n'a pas dit qu'il n'y
aurait que douze califes. Rien n'empêche qu'il y en ait plus ...».(276)
As-Suyûtî dit: «Le hadith signifie
l'existence de douze califes, durant tout le règne de l'Islam
jusqu'à la fin des temps, qui oeuvrent dans le vrai, même s'ils ne
se succédaient pas ».(277)
Ibn Hajar, dans Fath-Al Bârî,
dit: «Des douze il y eut jusqu'à présent les quatre califes
et, avant l'avènement de l'heure, le compte sera fait».(278)
Ibn al-Jawzî dit à propos de la
locution (et après viendront les troubles) qu'après les douze et
avant l'Heure il y aura des épreuves qui annonceront la fin des temps
telle l'apparition de l'Imposteur «Ad-Dajjâl ...».(279)
«Des douze il y avait les quatre califes,
Al-Hassan, Mu'âwiyah, Ibn Az-Zubayr et 'Umar b. Abdil-'Azîz. Ce
sont huit califes. Il est probable que fassent partie des douze
Al-Mahdî-al-'Abbasî parce qu'il était chez les Abbassides
comme 'Umar b. Abdil-'Azîz chez les umayyades et At-Tâhir
al-'Abbasî qui était juste. Restent deux califes, l'un d'eux sera
Al-Mahdî parce qu'il est issu d'Ahlul-Bayt ».(280)
On dit aussi que «le hadith veut dire que les
Douze ne seront califes que lorsque le califat est fort et l'Islam victorieux
grâce justement à chacun de ces califes, autour de qui les
Musulmans se rassemblent». (281)
Enchaînant, Al-Bayhaqî (pour en finir)
dit que «le nombre de califes ayant cette qualité
(précitée) s'est réalisé avec l'avènement
d'Al-Walîd b. Yazîd b. Abdil-Malik. Après lui, la grande
sédition et les troubles se produisirent. Ensuite apparut le
règne abbasside ...».(282)
L'auteur de ce livre dit: «Ainsi, ils ne sont
pas tombés d'accord sur une position commune quant à
l'interprétation des récits précédents et ont tout
à fait négligé de rapporter les récits dans
lesquels le Messager d'Allah (SAW) donna les prénoms des douze Imams
parce que cela s'opposait à travers les siècles à la
politique du pouvoir en place reconnu par l'Ecole des califes. En revanche, les
savants de l'Ecole d'Ahlul-Bayt ont rapporté ces hadîths dans
leurs recueils des traditions, selon des chaînes de transmission
aboutissant aux Compagnons pieux du Messager d'Allah (SAW).
Voici les noms des Douze Imams comme ils furent
désignés par le Messager (SAW).
Les Douze Dépositaires du Prophète
(SAW)
1- 'Ali b. Abî Tâlib, Prince des
croyants, le Légataire, le Tutélaire
2- Al-Hassan b. 'Ali, le grand fils (As-Sibt)
3- Al-Hussayn b. 'Ali (As-Sibt al-Açghar),
le Martyr
4- 'Ali b. al Hussayn, As-Sajjad.
5- Muhammad b. 'Ali, Al-Bâqir
6- Ja'far b. Muhammad, Aç-Çâdiq
7- Mûssâ b. Ja'far, Al-Kâdzim
8- 'Ali b. Mûssâ, Ar-Ridâ
9- Muhammad b. 'Ali, Al-Jawâd
10- 'Ali b. Muhammad, Al-Hâdî
11- Al-Hassan b. 'Ali, Al-'Askarî
12- Muhammad b. al-Hassan, Al-Mahdî,
Al-Hujjah, Al-Muntadhar.
L'orientation du pouvoir politique durant 13
siècles
Nous avons puisé les arguments relatifs
à l'Imamat d'Ahlul-Bayt (a. s.) des livres les plus sûrs de
l'Ecole des califes. Dans ceux de l'Ecole d'Ahlul-Bayt, plusieurs textes
rapportés du Messager d'Allah (SAW) désignent les douze Imams
(a.s) avec leurs prénoms et leurs qualités.
Les partisans de l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s.)
disent qu'il ne faut pas perdre de vue que le califat des califes umayyades,
abbassides, ottomans et d'autres ainsi que les fonctions dévolues aux
princes, aux gouverneurs, aux juges, aux imams des vendredis et des
prières quotidiennes dans tout le pays de l'Islam ne furent
légitimés et passés que par l'occultation des droits de
l'Imam 'Ali b. Abî Tâlib et des Imams (a. s.) parmi ses
descendants.
3ème
champ de recherche:
Les Sources
de la Législation islamique (la Shari'ah)
dans les deux Ecoles
Chapitre 1
L'attitude des deux Ecoles à
l'égard
du Saint Coran
Al-Qur'ân:
C'est la parole d'Allah descendue successivement sur le Sceau des
prophètes (SAW), par opposition à la poésie et à la
prose arabes.
Les savants citent
d'autres noms pour le Coran qui ne sont en fait que des qualificatifs du Coran:
le Livre, la Lumière, le Rappel ...etc.
Dans l'Ecole des
califes, on trouve un autre nom du Coran: "Al-Muçhaf".
Mais c'est un terme qui n'est cité ni dans le Saint Coran ni dans le
noble hadith prophétique.
A ce propos,
Az-Zarkashî et d'autres savants rapportent ceci:
«Quand Abû
Bakr eut compilé le Coran, il dit: «donnez-lui un nom!».
Certains dirent: Evangile mais ce nom ne fut pas aimé. D'autres dirent:
le livre (avec connotation biblique). On ne l'a pas aimé non plus. Ibn
Mas'ûd dit alors: «J'ai vu en Abyssinie un livre appelé Al-Muçhaf,
prenez-le donc pour nom».(283)
Cela relève donc
de la terminologie musulmane et non islamique.
Conformément
à ces données, il convient de préciser que lorsque dans
l'Ecole des califes on parle de Muçhaf, il s'agit bien du Sait
Coran; mais dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt il n'en est rien. Muçhaf
veut seulement dire livre d'où l'appellation usitée:
"Muçhaf de Fatima", Çahifah Sajjâdiyyah (livre
contenant les invocations de l'Imam As-Sajjâd, célèbre et
publié).
Les traditions nous
enseignent que le "Muçhaf de Fatima" contient des informations
relatives à ceux qui commanderont la Communauté islamique et ne
comporte pas de versets coraniques.
Pourtant des
écrivains (tendancieux) voulurent exploiter cette appellation
("Muçhaf de Fatima") pour pousser à des troubles
ourdies contre l'Ecole d'Ahlul-Bayt sous prétexte qu'ils ont un autre
Coran. Ils ont oublié que le terme Muçhaf signifie ici
livre tout court comme les savants de l'Ecole des califes avaient appelé
le livre de grammaire de Sibawayh: le livre.
La compilation
du Sait Coran par le Messager (SAW) et ses Compagnons revêtait pour eux
une grande importance
Le Messager d'Allah
(SAW) avait l'habitude de réciter dès leur
révélation les versets du Sait Coran et d'en expliquer les termes
et le sens à l'ensemble des Musulmans qui assistaient à la
récitation et en particulier à l'Imam 'Ali (a. s.) qui avait
reçu l'ordre de noter ce qu'il se faisait dicter par le Prophète
(SAW). Après l'émigration (l'hégire), il incita
les Musulmans à l'apprentissage de l'écriture pour noter le Sait
Coran et pouvoir l'apprendre; ce qu'ils ont fait sans tarder et dans une saine
émulation. Ils utilisaient ce qu'ils avaient sous la main, parchemins et
autres pour écrire les sourates du Coran et les versets dont la place
parmi les sourates était indiquée par le Prophète (SAW)
comme Allah le lui en enseigna. Après sa mort, des dizaines de
Compagnons avaient appris tout le Coran; d'autres l'avaient écrit dans
son intégralité mais cela ne fut pas fait sous forme de livre
proprement dit. Toutefois dès la mort du Prophète (SAW), l'Imam
'Ali (a. s.) se hâta de compiler le Coran dans un seul livre. D'autres -
comme 'Abdillah b. Mas'ûd - avaient aussi une copie du Coran compilé.
Mais le calife Abû Bakr ne s'est pas procuré ces copies et donna
l'ordre à un groupe de Compagnons de compiler le Coran dans un livre
qu'il plaça chez la mère des Croyants Hafsah. A l'époque
de 'Uthmân, comme les conquêtes se multipliaient et les Musulmans
se dispersaient dans les pays, le calife donna l'ordre de faire de la copie
originelle gardée chez Hafsah plusieurs copies qu'il envoya dans les
provinces musulmanes. Les gens en firent alors des copies et, de
génération en génération jusqu'à nos jours,
les Musulmans se passaient la même copie ni augmentée d'un mot ni
amputé d'un autre, quelle que soit l'Ecole à laquelle ils
appartiennent: Sunnite, Shi'ite, Ash'arite, Mu'tazilite, Hanafite, Shafi'ite,
Kharijite, Wahhabite ...
Ce que certains livres
de hadîths présentent comme étant une diminution ou
amputation du Sait Coran, est resté tel quel dans ces livres et ne s'est
pas traduit en un acte de "correction" ou plutôt
d'altération de l'une des copies (la vulgate) du Sait Coran.
A titre d'exemple,
citons, à ce sujet ce qu'avaient rapporté les six recueils de
hadîths, les plus authentiques (dans l'Ecole des califes), à
savoir: Al- Bukhârî, Muslim, Abû Dâûd,
At-Tirmidhî, Ibn Mâjah et Ad-Dârimî (ou An-Nasâ'î):
On rapporte que 'Umar
(r. d.) dit sur la chaire (al- Minbar): «Allah a certes envoyé
Muhammad avec la vérité, en tant que Prophète à qui
IL révéla le Livre. L'un des versets qu'il contenait fut celui de
la lapidation. Nous l'avons lu, compris et retenu. Le Messager d'Allah (SAW) a
appliqué la lapidation et nous l'avons appliquée après
lui. Je crains que sous le coup du temps, les gens l'oublient et qu'on dise:
«On ne trouve pas le verset de la lapidation dans le livre d'Allah.
Ainsi, quiconque le dit s'égarera par le fait de délaisser une
obligation révélée par Allah. Dans Son Livre, le
décret de la lapidation est d'application à l'encontre de l'homme
et de la femme quand ils sont muhçan (mariés)».(284)
Le verset
prétendu est rapporté par Ibn Majah à partir de 'Umar,
ainsi que par Mâlik dans Al- Muwatta': «Lapidez absolument les deux
adultes - l'homme et la femme - quand ils ont eu recours à la
fornication». Dans le Sahîh d'al-Bukhârî, à la
suite du récit rapporté par 'Umar, (susmentionné), on
trouve: «... Nous lisons aussi, ajouta 'Umar, dans le Livrer d'Allah:
«Ne tournez pas le dos (par aversion) à vos pères car c'est
de l'incrédulité (l'ingratitude?) de
votre part si vous le faites».
Les traditionnistes
rapportent aussi le récit de la mère des croyants Aïsha
selon laquelle il y avait dans le Coran: «Dix tétées bien
sues» (empêchent le mariage) qu'on lisait dans le Coran
jusqu'à la mort du Prophète (SAW).(285)
Dans le recueil d'Ibn
Mâjah, la même Aïsha rapporte que «le verset de la
lapidation et celui de l'allaitement de l'adulte dix fois étaient
écrits dans un feuillet sous mon lit». Après la mort du
Messager (SAW) et à cause de la préoccupation qu'elle avait
entraînée, un animal domestique entra et mangea le feuillet.
Dans le Sahîh de
Muslim, on trouve aussi le récit d'Abû Mûssâ
Al-Ash'arîy.
«Celui-ci invita
les qurrâ' (les récitateurs) d'Al-Baçrah. Trois
cents hommes ayant étudié le Coran entrèrent alors chez
lui. Nous avions lu, leur dit-il, une sourate que nous trouvions aussi longue
et dure que Barâ'ah - (l'Immunité, IX). Je l'ai oubliée.
Toutefois j'en ai retenu ceci: «Si l'être humain avait deux
vallées pleines d'argent, il chercherait à en avoir une
troisième. Seule la terre remplit la poitrine (l'intérieur) de l'être
humain». «Nous récitions aussi, ajouta-t-il, une sourate que
nous trouvions semblable à l'une des Musabbihât (les
glorificatrices) et que j'ai oubliée aussi. Néanmoins, j'en ai
retenu ceci: Ô vous qui croyez! Pourquoi dites-vous ce que vous ne faites
point? Cela sera autour de vos cous un témoignage dont vous serez
responsables le jour de la Résurrection».(286)
Malgré
l'existence de ce genre de hadîths dans les recueils de l'Ecole des
califes, les partisans de cette Ecole ne furent pas accusés par ceux de
l'Ecole d'Ahlul-Bayt d'avoir opéré des soustractions dans le Sait
Coran ou des ajouts inventés.
En revanche, quand on
trouve dans certains livres des partisans de l'Ecole d'Ahlul-Bayt des
récits semblables, certains auteurs partisans de l'Ecole des califes
n'hésitent pas à soulever une tempête contre leurs
frères de l'autre Ecole, les accusant d'avoir altéré ou
falsifié le Coran alors que, si dans l'Ecole des califes on
considère certains recueils de hadîths comme authentiques (Al-Bukhârî
et Muslim)(287), les partisans de
l'Ecole d'Ahlul-Bayt n'accordent la qualité d'authentique qu'au Livre
d'Allah.
Qu'on sache que le
Coran qu'on a entre les mains aujourd'hui est bien celui qu'Allah a
révélé au Sceau des prophètes, en parfait
état à la fin de sa vie sur terre. Les Compagnons, après
sa mort, l'ont réuni, compilé, copié et distribué
des copies aux Musulmans. Le début de ce Coran est «Au Nom
d'Allah le Clément le Miséricordieux + Al-Hamdu lillah
Rabbil 'Alamîne» et la fin est: «Minal-Jinnati
wannâs». Sur ce point, il n'y a aucun désaccord. En
aucun jour depuis le début jusqu'à notre époque, un
Musulman n'a saisi une copie du Coran ajoutée ou diminuée. La
divergence repose seulement sur l'explication qu'on donne au Coran et sur
l'interprétation de ses versets ''mutashâbihat'' qui paraissent ambigus, parce que cette interprétation
est puisée des hadîths (sujets de discorde).
Chapitre: 2
L'Attitude des deux Ecoles à
l'égard
de la Sunnah du
Messager (SAW)
As-Sunnah et la Bid'ah (la Tradition et
l'Invocation)
Ce sont deux termes
islamiques dont la connaissance de l'un dépend de la connaissance de
l'autre.
1)- As-Sunnah
Il s'agit dans la
terminologie linguistique de la méthode de la conduite qu'elle soit
louable ou répréhensible. Dans la terminologie shar'î
ou islamique, il s'agit de ce que le Prophète (SAW) a prescrit ou
défendu ou préconisé, par la parole ou par l'acte, non
modifié par le Livre saint.(288)
Cela englobe aussi la
confirmation tacite d'un acte accompli par un musulman sans que le
Prophète (SAW) ne le lui défende. Son silence est compris comme
une approbation sous-entendue. On dit le Livre et la Sunnah c'est à dire
le Coran et le hadîth.
2)- Al-Bid'ah
Dans la langue al-Bid'ah
signifie la question qu'on tranche en premier lieu; dans la terminologie l'acte
dont l'auteur ne suit pas le Législateur Shar'î, dans ce
qu'il dit ou fait.(289)
Les deux Ecoles
concordent sur l'obligation de suivre la sunnah du Messager (SAW) comme l'une
des sources de la Shari'ah islamique. Mais étant donné
que la sunnah du Messager (SAW) sous sa forme de Sirah ou de
hadîth ou de confirmation tacite, nous parvient par le moyen de la
narration des récits rapportés à partir du Prophète
(SAW), les deux Ecoles divergent quant à:
La
légitimité (la fiabilité) de certains
intermédiaires dans la transmission des traditions prophétiques.
L'autorisation
d'écrire le hadîth du Messager d'Allah (SAW) durant le premier
siècle de l'hégire.
Nous procédons
à l'étude de ces deux questions, séparément.
A- L'attitude
des deux Ecoles à l'égard des narrateurs des traditions
prophétiques
Les partisans de
l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s.) cherchent, après l'époque du
Prophète (SAW) les repères de leur religion auprès des Douze
Imams (a. s.) tandis que les partisans de l'Ecole des califes s'inspirent
indistinctement de tout un chacun des Compagnons du Messager d'Allah (SAW).
Pour eux tous ceux-ci sont justes et équitables. En revanche les
partisans de l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s.) ne se réfèrent
nullement à des compagnons tels que Talhah et 'Abdillah b. Zubayr qui
combattirent l'Imam 'Ali "Le Jour du Chameau" ou Mu'âwiyah et
'Amru b. al-'As qui le combattirent à Çaffine ou Dhul-Khuwayçirah
et 'Abdullah b. Wahb qui le combattirent "Le Jour
d'An-Nahrawân".
Ils ne s'inspirent pas
non plus des autres ennemis de 'Ali (a. s.) qu'ils soient comptés parmi
les Compagnons, les Tâbi'îne, les
Tâbi'it-Tâbi'îne ou parmi les autres catégories des
narrateurs.(290)
Dans l'autre camp, on
trouve que l'imam des traditionnistes - Al-Bukhârî - ne rapporte
aucun hadîth dans son Sahîh à partir de Ja'far b.
Muhammad As-Çâdiq, le sixième Imam d'Ahlul-Bayt dont les
partisans avaient rapporté des milliers de hadîths.
Al-Bukhârî,
Abû Dâûd et An-Nasâ'î rapportèrent ainsi,
dans leurs recueils, des récits à partir des hommes tels que
'Umrân b. Hittân le Kharijite qui composa une poésie
d'éloge en mémoire de l'assassin de l'Imam 'Ali: "'Abdur-Rahmân
b. Muljam":
Oh! Le coup du pieux!
Dont il ne vise
que l'agrément d'Allah.
Quand je me
souviens de lui
Je le
considère comme ayant auprès d'Allah
Le plateau de
la balance le plus rempli.
Quant à
An-Nasâ'î, il rapporta dans son recueil des récits à
partir de 'Umar b. Sa'd, le meurtrier d'Al- Hussayn. Les biographes et les
critiques des rapporteurs disent à son sujet: «véridique
mais les gens le détestent parce qu'il était le prince des
soldats qui ont tué Al-Hussayn b. Ali (a. s.)». Les partisans de
l'Ecole d'Ahlul-Bayt, quant à eux, les maudissent.
C'est pour ces raisons
que les pensées des deux Ecoles divergèrent au sujet des
narrateurs de confiance dont on peut rapporter les hadîths du Messager
d'Allah (SAW).
B- La position
de chacune des deux Ecoles quant à la diffusion des Traditions
prophétiques durant le siècle 1 de l'hégire
Cette question eut un
grand impact sur la formation ultérieure des deux Ecoles. Tandis que les
califes empêchaient l'écriture des traditions prophétiques,
l'Ecole d'Ahlu-Bayt (a. s.) allait dans le sens opposé et voulait
relever le défi par la diffusion des hadîths. Le combat
commença très tôt, ouvert et franc depuis l'heure où
le Messager (SAW), agonisant, dit: «Apportez-moi de quoi vous écrire
un message susceptible de vous préserver de l'égarement». Les
hommes présents dirent: «Le Messager d'Allah délire».(291)
Dans un autre
récit rapporté à partir d'Ibn 'Abbâs,
Al-Bukhârî désigna l'auteur du propos
précédent: «Lorsque le Prophète (SAW) allait mourir,
que des hommes parmi eux 'Umar b. al-Khattâb étaient
présents dans sa chambre, le Messager (SAW) demanda alors:
«Approchez-vous, je veux vous écrire un message qui vous
protégera de l'égarement après moi». 'Umar dit:
«Le Messager d'Allah est trop souffrant et vous avez le Coran. Le Livre
d'Allah nous suffit». Les compagnons présents se divisèrent
en querelles. Les uns disaient «qu'il vous écrive son message qui
vous évitera l'égarement». D'autres se rangèrent à
l'avis de 'Umar. Lorsque leurs voix s'élevèrent du fait de leur
divergence, le Prophète dit: «Allez-vous-en! Auprès de moi,
il ne convient pas de se disputer».
'Umar lui-même
rapporta la manière dont ils se sont disputés, et dit:
«Nous
étions chez le Prophète, le voile (le rideau) nous séparant
des femmes, quand il demanda de lui faire un lavage avec sept outres et de lui
apporter un feuillet et un encrier afin qu'il nous écrive l'écrit
qui nous préserverait de l'égarement. Les femmes dirent(292): «Donnez au
Messager d'Allah ce dont il a besoin!». 'Umar leur dit:
«Taisez-vous, vous êtes ses compagnes, quand il est malade, vous
pressez vos yeux et quand il se rétablit vous lui serrez le cou».
Le Messager d'Allah (SAW) dit alors:
«Elles sont
meilleures que vous ».(293)
Dans une autre version,
c'était Zaynab, l'épouse du Prophète (SAW) qui dit:
«N'entendez-vous pas que le Prophète vous lègue son
testament?». Mais ils crièrent et il leur dit alors:
«Allez-vous-en!». Quand ils sont sortis, le Prophète (SAW)
mourut à la même place.(294)
De ces hadîths,
on comprend que ces gens s'activaient dans ce domaine (l'empêchement
d'écrire le hadîth) du vivant même du Prophète (SAW)
et bien avant qu'il tombât malade. 'Abdullah b. 'Amru b. al- 'As raconte:
«J'écrivais tout ce que j'entendais de la bouche du Messager
d'Allah (SAW) mais Quraïsh me le défendit sous prétexte
qu'il était un homme qui pourrait parler dans un état de
colère ou d'agrément. Je m'en suis alors abstenu. Quand je l'ai
rapporté au Messager d'Allah, il me dit en montrant sa bouche du doigt:
«Ecris, car, par Allah, seule la vérité en sort».(295)
Les Quraïshites
ont donc dévoilé dans leur conversation avec 'Abdullah la raison
pour laquelle ils l'empêchèrent d'écrire le hadîth du
Messager. Il s'agit de la crainte qu'ils ressentaient de voir se propager les
hadiths concernant des gens dont il était content ou d'autres à
l'égard desquels il était fâché.
C'est la même raison
qui fut derrière l'empêchement du Messager (SAW) d'écrire,
aux dernières heures de sa vie, son testament. Ils provoquaient la
dispute pour l'en empêcher. Après sa mort, ils continuaient
après avoir pris le pouvoir, d'empêcher l'écriture des
hadîths pour la même raison.
C- Un
siècle de "censure" prohibitive de L'écriture de la
sunnah
1)- A
l'époque d'Abû Bakr
Adh-Dhahabî
rapporte que le calife Abû Bakr réunit les gens après la
mort de leur Prophète et leur dit: «Certes, vous rapportez
à partir du Messager d'Allah (SAW) des hadîths à propos
desquels vous vous opposez. Les gens, après vous, se divisèrent
encore plus. Ne rapportez donc rien à partir du Messager d'Allah! Si on
vous demande - quoi que ce soit - dites: Voici le Livre d'Allah entre nous! Accomplissez
ce qu'il considère comme licite et abstenez-vous de l'illicite».(296)
2)- A l'époque de 'Umar
Ibn Sa'd rapporte ceci dans ses Tabaqât:
«Quand les hadîths se sont propagés à l'époque
de 'Umar b. al- Khattâb, il pria les gens de les lui apporter. Une fois
les écrits entre ses mains, il donna l'ordre de les brûler»(297)
L'Ecole des califes prohiba donc l'écriture
et la compilation de la sunnah prophétique jusqu'au bout du premier
siècle de l'hégire. Mais cela ne lui suffisait pas. Elle prohiba
aussi la narration du hadîth.
Quradzah b. Ka'b rapporta ce récit:
Quand le calife 'Umar nous envoya en Irak, il nous
reconduisit jusqu'au Çurâr puis il dit:
-Savez-vous pourquoi je vous ai raccompagnés?»
- Pour nous tenir compagnie et nous rendre hommage,
avons-nous répondu.
- Oui et une préoccupation avec! Vous allez
en Irak, vous y rencontrez des gens qui s'occupent du Coran et le lisent d'une
lecture qui rappelle le bourdonnement des abeilles. Ne les y écartez pas
par les hadîths que vous rapportez à partir du Messager d'Allah et
je suis votre associé!
Quradzah ajouta: «après cela, je n'ai
rapporté aucun hadîth du Messager d'Allah (SAW)».
Dans une autre version: «quand Quradzah b.
Ka'b fut arrivé (en Irak), on lui demanda de rapporter des
hadîths, mais il répondit: «'Umar nous l'a
défendu».(298)
Comme Quradzah b. Ka'b, d'autres Compagnons
suivirent la politique des califes et s'empêchèrent de diffuser la
tradition prophétique: Ad-Dârimî rapporte ceci (Sunan,
titre: "Ceux qui craignent de donner l'avis religieux", livre de la
science 1/84-85). Ash-Shi'bî dit: «j'ai accompagné Ibn 'Umar
pendant un an sans l'avoir entendu rapporter un hadîth à partir du
Messager (SAW)».
A son tour, Ash-Shi'bî b. Yazîd
raconte: «J'ai accompagné Sa'd b. Abî Waqqâs
jusqu'à Makkah puis jusqu'à Médine sans l'avoir entendu
rapporter un hadîth à partir du Messager d'Allah (SAW)».
En revanche, il y eut parmi les Compagnons ceux
qui, en opposition à la politique des califes, rapportèrent la
sunnah du Messager (SAW) quitte à subir des épreuves:
Dans Kanzul-'Ummâl,
'Abdur-Rahmân b. 'Awf dit:
«Bien avant sa mort, 'Umar fit venir à
Médine les Compagnons du Messager d'Allah (SAW), qui s'étaient
dispersés dans tous les horizons. Il fit venir 'Abdullah b. Hudhayfah,
Abûd-Dardâ, Abû Dhar et 'Uqbah b. 'Amir et leur demanda:
- Quels sont ces hadîths que vous avez
répandus dans les pays (les horizons)?
- Nous l'interdis-tu?, lui demandèrent-ils.
- Non, répondit-il. Mais restez ici
près de moi. Par Allah, vous ne me quitterez pas, tant que je vis. Nous
sommes plus savants (que les habitants des autres contrées musulmanes).
Nous pouvons tantôt approuver ce que vous dites tantôt le
récuser.
Ils restèrent alors près de lui
jusqu'à sa mort».(299)
Adh-Dhahabî rapporte que 'Umar emprisonna
trois Compagnons pour propagation des hadîths prophétiques: Ibn
Mas'ûd, Abû-Dardâ' et Abû Mas'ûd
al-Ançârî.(300)
Il disait souvent aux Compagnons: «Rapportez
le moins possible de récits à partir du Messager d'Allah à
l'exception de ce qui est nécessaire dans la pratique (du culte)».(301)
3)- A
l'époque de 'Uthmân
'Uthmân a suivi
dans ce domaine la même politique que celle de ses
prédécesseurs puisqu'il dit sur la chaire: «Il n'est permis
à personne de rapporter un récit dont on n'a pas entendu parler
à l'époque d'Abû Bakr ou de 'Umar».(302)
Ad-Dârimî
rapporte qu'un jour «Abû Dhar était assis à
côté du lieu médian de la lapidation rituelle. Autour de
lui, les gens s'étaient réunis pour se renseigner en
matière de religion. Soudain un homme se tint debout près de lui
et dit: «Ne t'a-t-on pas interdit de donner des avis religieux?».
En levant la tête vers lui, Abû Dhar lui demanda: «Me
surveilles-tu? A supposer que vous mettiez l'épée sur ma nuque et
que je puisse malgré cela faire aboutir un mot que j'avais entendu du
Messager d'Allah (SAW), avant que vous m'acheviez, eh bien! Je le ferai
aboutir». Il paraît que cela s'est passé à
l'époque de Uthmân.(303)
C'est à cette
époque aussi que se passa le récit rapporté par Al-Ahnaf
b. Qays:
«J'ai
été en Syrie et, le vendredi, je me rendis à la
mosquée. Un homme était là, seul et sa prière
était courte. Chaque fois qu'il se mettait devant une colonne de la
mosquée (pour compléter le rang, paraît-il) les gens s'en
allèrent. Je me suis approché de lui et pris place à côté.
- Qui est-tu, ô serviteur d'Allah?, lui demandai-je.
- Je suis Abû
Dhar, et toi?
- Je suis Al-Ahnaf b.
Qays, répondis-je.
- Va d'ici, que mon mal
ne te contamine pas, me dit-il.
- Comment le ferais-tu?
- Ecoute,
celui-là, c'est-à-dire Mu'âwiyah, a donné l'ordre
que personne ne doive s'asseoir près de moi.(304)
C'était en
raison de son opposition aux ordres des Autorités qu'Abû Dhar fut
exilé d'une contrée à l'autre jusqu'à ce qu'il
fût mort solitaire et banni à la Rabadhah en l'an 31 de
l'hégire.
Cette
persécution se passait durant la première moitié du
califat de 'Uthmân. Quand il a faibli et que des Compagnons comme la
mère des Croyants Aïsha, Talhah, Az-Zubayr, 'Amru b. al-'As
l'eurent abandonné voire critiqué ouvertement, les gens
n'hésitaient pas à braver l'interdiction de rapporter la sunnah
du Prophète (SAW) dont une partie put être diffusée mais
non compilée.
4)- A l'époque de l'Imam 'Ali (a. s.)
A cette époque, les Compagnons pouvaient
rapporter une bonne partie des traditions prophétiques à tel
point qu'on découvrit à cette époque les divergences qui
existaient entre le contenu de la sunnah du Messager (SAW) et celui des avis
religieux et juridiques des trois califes prédécesseurs de 'Ali
(a. s.), qui n'ont fait que marmonner les raisons pour lesquelles ils
interdisaient l'écriture de la sunnah. Mu'âwiyah, lui, les exprima
clairement et sans détour.
5)- A
l'époque de Mu'âwiyah
'Abdullah b. 'Amir
al-Yahçubî dit: «J'ai entendu Mu'âwiyah parler sur la
chaire, à Dimashq (Damas) et dire: «Ô les gens! Ne rapportez
pas les hadîths du Messager d'Allah (SAW) à moins qu'il s'agisse
d'un hadîth cité à l'époque de 'Umar qui, pour
Allah, faisait peur aux gens (dans ce domaine)».(305)
Dans son Târîkh
(histoire), At-Tabarî rapporte ce récit: «Quand
Mu'âwiyah eut désigné en l'an 41 de l'hégire,
Al-Mughîrah b. Shu'bah - comme gouverneur d'al-Kûfah il lui dit:
«Je veux te recommander plusieurs choses mais, comptant sur ta
perspicacité, je m'en passe, à l'exception d'une chose: ne
néglige pas l'insulte de 'Ali et son dénigrement, ni l'appel de
la grâce et du pardon sur 'Uthmân, ni le dénigrement des
compagnons de 'Ali et leur mise à l'écart, ni l'éloge des
partisans de 'Uthmân et leur rapprochement (de toi)».
Al-Mughîrah dit: «J'ai éprouvé et on m'a
éprouvé; j'ai été auparavant gouverneur pour le
compte de quelqu'un d'autre que toi sans avoir été
critiqué. Toi, quand tu m'auras éprouvé, tu
apprécieras ou tu déprécieras».
«J'apprécierai, inshâ Allah!»,
rétorqua Mu'âwiyah.(306)
Dans son livre Al-Ahdâth
(les événements) Al- Madâ'inî rapporte que
Mu'âwiyah, après l'année de l'union envoya la même
copie à ses gouverneurs (dans le monde musulman): «On n'est pas
responsable de ce qui peut arriver à quiconque rapporte quelque
hadîth que ce soit sur les mérites d'Abû Turâb ('Ali)
ou de sa famille». Les plus éprouvés alors furent les
habitants d'al-Kûfah (en Irak).(307)
C'est dans ce contexte
et pour cette cause que furent assassinés Hujr b. 'Adîy et ses
compagnons, qui furent tués et crucifiés: Rashid al-Hujrî
et Maytham At-Tammâr.
Ainsi donc l'Ecole des
califes persécuta des Compagnons et des Tâbi'îne et liquida
ceux qui étaient opposés à sa politique. En même
temps, elle a ouvert la porte à d'autres clients qui pouvaient, en toute
liberté, raconter ce qu'ils voulaient parmi les Musulmans.
L'ouverture des affluents israélites
En empêchant de rapporter les hadiths
prophétiques, l'Ecole des califes se trouva acculée à
ouvrir la porte des récits israélites en permettant à des
conteurs tels Tamîm Ad-Darî le Chrétien et Ka'b al-
Ahbâr le Juif, qui s'étaient convertis apparemment à
l'Islam, de diffuser leurs récits judéo-chrétiens parmi
les Musulmans. A l'époque de 'Umar, celui-ci attribua au premier le
droit de parler pendant une heure aux Musulmans, avant la prière du
vendredi dans la Mosquée du Prophète. 'Uthmân, lui, accorda
deux heures de prêche dans deux jours différents à
Tamîm Ad-Darî.
Quant à Ka'b al-Ahbâr, les califes
'Umar, 'Uthmân et Mu'âwiyah se faisaient renseigner auprès
de lui au sujet de la création, de l'eschatologie, de
l'interprétation du Coran.
Des Compagnons tels Anas b. Mâlik, Abû
Hurayrah, 'Abdullah b. 'Umar b. al-Khattâb, 'Abdullah b. Az-Zubayr et
Mu'âwiyah rapportèrent, à leur tour, les hadîths de
ces deux prêcheurs.
D'autres savants et disciples d'obédience
judéo-chrétienne (que les deux premiers) avait le champ libre
d'enseigner les musulmans jusqu'à l'époque abbasside - à
l'exception de la période pendant laquelle l'Imam 'Ali (a. s.)
était au pouvoir. Il les a chassés des mosquées où,
sous le nom d'Al-Qaççâçîne (les conteurs), ils
inculquaient aux Musulmans ce qu'ils voulaient.
Ces conteurs ont beaucoup influencé la
pensée islamique de l'Ecole des califes. La culture
hébraïque a pénétré et coloré une
partie de l'Islam, de ses propres couleurs. D'où ces croyances
très répandues au sein de l'Ecole des califes qu'Allah est un
corps, que les prophètes commettent des péchés etc ...
Ces éléments intrus ont vu leur
pouvoir accru surtout à l'époque umayyade en particulier durant
le règne de Mu'âwiyah. Celui-ci avait des confidents
chrétiens tels Serjûn son secrétaire "général"
Ibn Athâl son médecin et Al-Akhtal son poète. Dans la cour umayyade,
ceux-ci et leurs pairs ne remplissaient pas leurs fonctions en dehors de leurs
idées et coutumes judéo-chrétiennes d'autant plus que la
capitale umayyade, Damas, était auparavant une capitale byzantine c'est
à dire de civilisation chrétienne.
Pour ce qui est de Mu'âwiyah, avant de se
trouver dans ce contexte culturel, il fut élevé dans un milieu
obscurantiste (iâhilite) et tribal. Il a vu et vécu les
guerres que menaient les tribus arabes contre l'Islam qui en est sorti
victorieux. Mu'âwiyah qui avait déjà un certain âge
lorsqu'il a quitté Makkah conquise par l'Islam, pour Médine, ne
passa que peu de temps dans la société islamique, en tout cas pas
assez pour acquérir des habitudes islamiques et une culture spirituelle
à même de lui permettre d'agir en Musulman convaincu sur la
société syrienne aux racines bizantines très anciennes.
C'était plutôt lui qui fut influencé par la nouvelle
société.
Ceux parmi les Compagnons versés dans la
spiritualité islamique, qui s'opposaient à Mu'âwiyah, tels
Abû Dhar, Abû-Dardâ' et les liseurs de Kûfah furent
systématiquement écartés du chemin de Mu'âwiyah et
de sa nouvelle société.
Depuis cette époque, les facteurs
socioculturels marquèrent l'Ecole des califes du sceau de la culture
judéo-chrétienne. Aucune étude objective de ces facteurs
n'a été faite jusqu'à nos jours pour en mesurer l'impact
sur cette Ecole. En plus de ses visées tribales et de son engagement
Jâhilite qui le poussait à vivifier les us et coutumes des tribus
arabes, Mu'âwiyah avait des buts personnels qu'il cherchait à
atteindre. D'abord assurer l'héritage du trône umayyade à
sa descendance et, pour ce faire, mater l'opposition des conservateurs qui le
combattaient par l'Islam et la sunnah du Messager (SAW). Mu'âwiyah devait
donc faire quelque chose pour traiter tous ses problèmes et parvenir
à ses fins. Il eut recours alors à certains Compagnons dont
l'attachement à la religion était suffisamment mince pour
répondre positivement à la demande de Mu'âwiyah. Celui-ci
utilisa ainsi les services de 'Amru b. al-'As, de Samurah b. Jundub,
d'Abû Hurayrah, qui lui fabriquaient des hadîths sur mesure, qu'ils
imputaient ensuite au Messager d'Allah (SAW). On commença d'abord
après avoir institué l'insulte et le dénigrement de 'Ali
(a. s.) par propager des hadîths relatant les mérites de
'Uthmân. Ceux qui s'en étaient chargés reçurent de
Mu'âwiyah, argent, cadeaux et fiefs. Les gens rivalisaient donc de talent
et d'ingéniosité pour rapporter une vertu ou un mérite
relatif à 'Uthmân. Cela suffisait pour être comblé de
faveurs et de richesses.
Ensuite Mu'âwiyah envoya à ses
gouverneurs un nouvel ordre "impérial": «Les
hadîths qui vantent les mérites de 'Uthmân sont devenus
effectivement nombreux et diffus. A l'arrivée de ma lettre, invitez les
gens à rapporter des hadîths vantant les mérites des
Compagnons et des trois premiers califes et qu'on cherche ensuite tout
récit qu'un musulman rapporte en faveur de 'Ali pour apporter son
opposé qui cite la même faveur attribuée à des
Compagnons. Sachez que j'aime mieux cela; que ce sera très fort pour
réfuter les arguments d'Abî Turâb ('Ali) et de sa Shi'ah et
plus cuisant que le simple fait de rapporter les mérites de
'Uthmân».
Des récits furent alors inventés et
propagés partout sur les chaires des mosquées dans les écoles
coraniques pour enfants et adolescents qui, sous la direction de leurs
enseignants, apprenaient par cur ces pseudo-Hadîths au même titre
que le Coran. On les inculquait aussi aux jeunes filles, aux femmes et aux
esclaves. Cela a duré un bon bout de temps.
Devant ces hadiths inventés, devant cette
infamie répandue, les juristes, les juges et les gouverneurs s'en
accommodaient. Quant aux liseurs (du Coran) et aux dévots
miséreux qui affichaient la piété et l'ascétisme,
ils fabriquaient à leur tour les hadîths susceptibles de les
favoriser auprès des autorités en place et de leur rapporter
ainsi argent, femmes et maisons. Quand les véritables hommes religieux
et pieux qui condamnaient sincèrement le mensonge et la calomnie ont
trouvé ces faux hadîths, ils les ont acceptés et
rapportés, croyant qu'ils comportaient la vérité. Si ces
hommes s'étaient doutés qu'ils étaient en présence
du faux, ils ne l'auraient ni rapporté ni pris comme article de foi.(308)
Ibn Abîl-Hadîd cita les noms des
Compagnons et des Tâbi'îne que Mu'âwiyah avait
désignés à la narration des récits. Nous en avons
parlé dans notre livre «Les hadîths de la mère
des Croyants Aïsha».(309)
Ces faux hadîths furent donc appelés
sunnah du Prophète et malheur à celui qui y émit des
doutes ou qui osa les refuser.(310)
6)- A
l'époque de 'Umar b. Abdil-'Azîz
Quand il eut pris le
pouvoir, le calife umayyade(311) leva l'interdiction d'écrire
la sunnah du Messager (SAW) et donna cet ordre aux habitants de Médine:
«Cherchez les hadîths du Messager d'Allah (SAW) et notez-les car
j'ai bien peur que la science soit effacée et que les hommes de science
s'en aillent».
Ainsi, à la fin
du premier siècle de l'hégire, Ibn Shihâb Az-Zuhrî
fut, sur ordre du calife, le premier à avoir compilé le
hadîth(312)
Mais l'entreprise de
'Umar b. Abdil-'Azîz mort emprisonné (en 101 h.) ne fut pas
achevée: tout ce qu'on a compilé fut perdu.
Ibn Hajar rapporte ceci
à l'occasion de la biographie d'Abî Bakr b.M.b. 'Amru b. Hazm
(mort en 117 h.): «'Umar b. Abdil-'Azîz lui ordonna de noter et de
compiler la science (religieuse)». Par après son fils dit après
la mort de son père: «ces livres sont perdus».(313)
Les autres compilations eurent le même
sort
Il faudra attendre l'époque d'Abî
Ja'far al-Mançur (abbasside) pour voir l'encouragement à la
composition des recueils. Adh-Dhabî, en parlant des événements
de l'an 143 h., dit:
«A cette époque, les savants de
l'Islam commencèrent la compilation du hadîth, du fiqh et
de l'exégèse. Ibn Jurayj composa ses livres à Makkah;
Sa'îd b. 'Urûbah, Hammâd b. Salamah à Baçurah,
Al Awzâ'î en Syrie, Mâlik (al-Muwatta') à
Médine, Ibn Ishâq (al-Maghâzî), Ma'mar au Yaman,
Abû Hanîfah et consorts le fiqh à Kûfah et
Sufiân Ath-Thawrî son livre Al-Jâmi'. Ensuite
Hushaym composa ses livres, de même Al-Layth en Egypte, Ibn
Lahya'ah, Ibn al- Mubârak, Abû Yussuf et Ibn Wahb écrivirent
des livres. La compilation se propage et les livres traitant de la langue arabe
et de l'histoire apparaissent. Avant cette époque, les savants
rapportaient de mémoire ce qu'ils avaient appris ou à, partir de
feuillets disparates».(314)
L'encyclopédie du fiqh islamique
(publié par le Conseil supérieur des affaires islamiques au Caire
en 1386 h. 1/47) dit aussi: quand Al-Mançur était en
pèlerinage en l'an 143 h., il encouragea Malik
à composer son livre Al-Muwatta' et les autres savants à
faire des livres.
Cela ne contredit pas, dit l'auteur, notre
affirmation antérieure selon laquelle il y avait bien avant cette
époque, des compilations de hadîths comme celle de 'Abdullah b.
'Amru b. al-'As et celle du Tâbi'î Az-Zuhrî. En effet, ce
n'est qu'à l'époque abbasside qu'on sut qu'il y avait ce genre de
compilations.
Avec la Sunnah du Prophète (SAW) furent
composés aussi des livres comportant les avis religieux et les
interprétations des califes parfois en opposition avec la Sunnah.
S'y étaient infiltrés
aussi les récits israélites (voir nos recherches dans Le
rôle des Imams dans la vivification de la sunnah).
Malgré l'essor de l'écriture et de la
composition des livres, la politique de l'occultation de la sunnah
prophétique continuait, pendant toutes ces époques, à
être de rigueur.
Après la propagation des récits
forgés à l'époque de Mu'âwiyah en vue de soutenir la
politique des califes, il était normal de rencontrer des hadîths
contradictoires.
Pourquoi deux
hadîths contradictoires ont-ils pu être rapportés?
Citons des
hadîths forgés à l'époque de Mu'âwiyah et
considérés depuis comme des traditions prophétiques:
«N'écrivez rien à partir de moi: à part le Coran
effacez ce que vous avez écrit».(315)
D'autres récits
vont dans le même sens: ils ont demandé au Prophète (SAW)
la permission d'écrire à partir de lui mais il ne l'autorisa
point.(316)
Abû Hurayrah
raconte:
«Nous
étions assis, en train d'écrire ce que nous avons entendu du
Prophète (SAW). Soudain il sortit et nous demanda:
- Qu'est ce vous
écrivez?
- Ce que nous entendons
de toi, répondîmes-nous.
- Un livre à
côté du Livre d'Allah?, nous demanda-t-il?
- Quoi?
- Ecrivez le Livre d'Allah;
seul le Livre d'Allah. Pas de livre à côté du Livre
d'Allah!, ordonna-t-il.
Nous avons alors
ramassé ce que nous avions écrit puis nous l'avons
brûlé».(317)
Que resterait-il alors
des lois islamiques si nous brûlions les traditions prophétiques
ou les jetons dans la mer? Non. Le Prophète (SAW) n'a sûrement pas
proféré de tels hadîths. Voici ce qu'il a dit à
Minan lors du pèlerinage d'Adieu:
«Qu'Allah rende
prospère tout serviteur qui, après avoir entendu et compris mes
propos, les a transmis à quelqu'un qui ne les a pas entendus car il se
peut qu'on porte du fiqh à quelqu'un qui en saura davantage que
soi-même». Dans une autre version, le Prophète (SAW) dit:
«Que la personne présente (ici) transmette (cela) à celle qui
est absente. Car il se peut qu'on transmette une science à quelqu'un qui
en aura une meilleure conception».(318)
Le Prophète
(SAW) dit aussi:
- Qu'Allah fasse
grâce à mes Califes (deux fois)
- Qui sont tes Califes,
Ô Messager d'Allah?, lui demanda-t-on.
- Ce sont ceux qui
après moi rapportèrent mon hadîth et ma sunnah.(319)
Dans le recueil d'Al
Bukhârî (chap.: "L'écriture du savoir"), un homme
du Yaman a entendu des propos du Messager d'Allah et demanda qu'on les lui
note. «Ecrivez-lui (le hadîth)», ordonna le Prophète.(320)
De même un homme
d'al-Ançar avait l'habitude de s'asseoir près du Prophète.
Mais il avait beau entendre des hadîths et les apprécier, il n'en
retenait rien. Quand il s'en est plaint au Prophète (SAW), celui-ci lui
dit: «Aide-toi de ta main droite», en lui montrant qu'il s'agissait
d'écrire.(321)
'Amru b. Shu'ayb
rapporte ce récit à partir de son père citant son grand-père:
- Ô Messager
d'Allah! Puis-je écrire tout ce que j'entends de toi?
- Oui,
répondit-il.
- En cas
d'agrément comme en cas de colère?, redemandai-je.
- Oui, affirma-t-il.
Car en tout état de cause je ne dis que vrai.(322)
Le récit
rapporté par 'Abdullah b. Amru b. al-'As est similaire (voir note 8).
Selon un autre récit du 'Amru b. Shu'ayb précédent:
«Ô Messager d'Allah! Nous entendons des hadîths mais nous ne
parvenons pas à tout apprendre; pouvons-nous les écrire?»
«Oui, répondit-il, écrivez-les».(323)
Le Messager (SAW) a
donc bel et bien, ordonné d'écrire ses hadîths de les
compiler et de les diffuser comme l'affirment les récits
précédents. Pourquoi donc a-t-on rapporté des
hadîths qui affirment le contraire?
La réponse est
que Quraïsh (les Muhâjirîne parmi les Compagnons)
empêchait l'écriture du hadîth du vivant même du
Prophète. C'était elle aussi qui empêcha l'écriture
du testament du Prophète juste avant sa mort. Le deuxième calife
consacre cette prohibition, brûla des hadîths écrits,
empêcha de diffuser la sunnah et emprisonna à Médine les
Compagnons qui s'y sont opposés. Le troisième calife
emboîta le pas à son prédécesseur. Il était
normal que certains compagnons se soumettaient aux
volontés du pouvoir. D'autres n'hésitaient pas à s'y
opposer et à diffuser coûte que coûte les hadîths du
Messager. Abû Dhar subit à cause de cette orientation des
épreuves dures et douloureuses. Nous montrerons plus tard que l'Imam
'Ali (a. s.) encouragerait cette prise de position avant son investiture
populaire comme 4e calife. Une fois au pouvoir, il était normal qu'il
uvrait pour la diffusion du hadîth mais après sa mort et la prise
du pouvoir par Mu'âwiyah, celui-ci trouva, au début, des difficultés
à empêcher l'écriture du hadith prophétique. Pour y
parvenir, il fallait trouver des assistants et des rapporteurs de récits
prohibitifs. D'où cette contradiction flagrante entre les hadîths
selon lesquels le Messager (SAW) dit: «Ecrivez mon hadîth» et
ceux qui disent: «N'écrivez pas mon hadîth». C'est
pour cela que nous disons: chaque fois qu'on se trouve devant des hadîths
contradictoires, il convient de rejeter ce qui était conforme aux
orientations du pouvoir régnant (à travers les époques).
Rappelons aussi que la
prohibition de l'écriture des hadîths avait pour but
d'empêcher la diffusion des mérites de l'Imam 'Ali (a. s.) parmi
les Musulmans, surtout à l'époque de Mu'âwiyah qui ordonna
de maudire l'Imam dans les sermons du vendredi sur les chaires musulmanes.
Mu'âwiyah avait
aussi besoin de changer la conception islamique générale
relativement aux qualités exceptionnelles que devait avoir l'Imam des
Musulmans. Pour ceux-ci, le premier dirigeant islamique, le Prophète
(SAW) était le modèle de la perfection humaine et infaillible.
Cette conception ne plaisait pas à Mu'âwiyah parce qu'elle
empêchait les gens vertueux de le suivre et d'accepter son fils
Yazîd, un ivrogne et un pervers avéré, comme héritier
du califat. Il fallait donc, pour lui, que l'idéal des Musulmans - Le
Messager d'Allah (SAW) - se métamorphosât aux yeux des gens.
D'où l'apparition, à cette époque, de hadîths
montrant le Prophète (SAW) à un niveau aussi bas que celui de
Yazîd et de Mu'âwiyah. Ces pseudo-hadîths furent
rapportés par certaines mères des croyants et certains
compagnons.
Comme les récits
israélites allaient dans le même sens (le dénigrement des
prophètes anciens (a. s.)), Mu'âwiyah encourageait leur diffusion
parmi les Musulmans. La sunnah véritable n'étant rapporté
à cette époque que de mémoire et la prohibition de
l'écrire et de la diffuser étant de vigueur, les récits
hébraïques s'entre mêlaient aux hadîths du Messager
(SAW) au sein de l'Ecole des califes. Par après cette pensée
islamique modelée à l'époque de Mu'âwiyah allait
devenir l'Islam officiel. Tout ce qui s'y opposait était refusé
et banni. Quand le petit-fils du Messager d'Allah (SAW), Al- Hussayn et
Ahlul-Bayt (a. s) avec lui eurent mis fin, par leur martyre, à la
déviation et à l'auréole fabriquée que s'était
donnée le califat, le pouvoir politique se distingua alors de la
véritable représentation dans la Communauté islamique.
C'était donc
l'attitude de l'Ecole des califes à l'égard des hadîths
prophétiques. Reste à étudier l'attitude opposée,
celle de l'Ecole d'Ahlu-Bayt (a. s). Mais, avant de le faire, complétons
la recherche dans ce chapitre par l'évocation de la principale
conséquence de la prohibition par l'Ecole des califes d'écrire et
de diffuser la sunnah du Prophète (SAW): le recours à
l'élaboration personnelle des lois et à la mise en application
des opinions des jurisconsultes. Parfois ceux-ci se permettaient de
légiférer en opposition à la sunna du Messager (SAW).
(L'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s) avait bien sûr une autre position bien
différente).
Chapitre: 3
L'Attitude des
deux Ecoles à l'égard
du Droit islamique (al-Fiqh) et
de l'Ijtihâd*
* (l'effort
fourni par le jurisconsulte
pour déduire le décret divin, la loi)
1- L'évolution
sémantique du terme Al-Ijtihâd dans l'Ecole des califes.
Les deux termes Ijtihâd
et Mujtahid sont apparus après l'époque des Compagnons
et des Tâbi'îne qui parlaient plutôt d'interprétation
quand cela voulait dire une violation de leur part de la loi religieuse en
vigueur. Ainsi par exemple, lorsque Khâlid b. al- Walîd eut
tué Mâlik b. Nuwayrah, le gouverneur du Prophète (SAW), il
se présenta devant le calife Abû Bakr et dit en guise d'excuse:
«Ô successeur du Messager d'Allah! J'ai interprété;
j'ai eu (un peu) raison, (un peu) tort ». De même, quand 'Umar eut
dit à Abû Bakr: «Khâlid a commis le zinâ
(la fornication); lapide-le », le calife lui dit: «je ne peux le
lapider car comme il a interprété, il s'est
trompé!».
Citons aussi le
récit d'Az-Zuhrî à partir de 'Urwah citant 'Aïsha: la
prière fut décrétée (d'abord) deux Rak'at; celle du
voyageur est restée ainsi tandis que celle du résident fut
complétée (par deux autres rak'at). Az-Zuhrî demanda
à 'Urwah: «Mais pourquoi donc 'Aïsha en état de voyage
parachève-t-elle la prière?». «Elle a
interprété comme l'a fait 'Uthmân». (324)
A son tour, Ibn Hazm
dit (dans Al-Fiçal): «'Ammâr (r. d.) fut tué par Abîl-Ghâdiyah. Sachant que
'Ammâr avait prêté serment d'allégeance au
Prophète (SAW) qu'il avait donc assisté à
l'allégeance de la satisfaction divine, qu'Allah connaissait le contenu
de son cur, qu'IL a fait descendre sur lui la Sakînah (la
quiétude), 'Ammâr est tombé martyr (témoin d'Allah).
En revanche, Abîl-Ghâdiyah, le Compagnon qui l'a tué a fait
preuve d'interprétation. Mais, malgré son Ijtihâd, il s'est
trompé. Sa récompense (et non-châtiment) est de recevoir
une seule rétribution (au lieu de deux rétributions s'il ne
s'était pas trompé). Mais le cas d'Abîl-Ghâdiyah est
différent de celui des meurtriers de 'Uthmân (r. d.) car il n'y
avait pas lieu pour ceux-ci d'opérer de l'Ijtihâd dans ce
meurtre».(325)
En parlant du
même compagnon: Abîl-Ghâdiyah, Ibn Hajar dit: «il
convient de croire que les Compagnons qui ont participé à toutes
ces guerres, faisaient usage d'interprétation. Or le musulman Mujtahid
qui se trompe a droit à une rétribution, à plus forte
raison s'il fait partie des Compagnons».(326)
Ibn Hazm
(Al-Muhallâ) et Ibn At-Turkmânî (Al- Jawharun-Naqî)
disent ceci: «Nulle divergence au sein de la Communauté, que
'Abdur-Rahmân b. Muljam n'a tué 'Ali qu'après avoir fait
preuve d'interprétation et considère que son acte était
juste, comme le dit en poésie 'Umrân b. Hittân:
Oh! Le coup du pieux!
Dont il ne vise
que l'agrément d'Allah.
Quant je me
souviens de lui
Je le
considère comme ayant auprès d'Allah
Le plateau de
la balance le plus rempli.(327)
Le Sheikh 'Abdullatif
écrivit aussi en marge du livre Aç-Çawâ'iq:
«Tous les Compagnons à l'époque de 'Ali étaient ou
bien de son côté ou bien contre lui ou neutres pour cause
d'interprétation. (L'erreur) ne les sort point du statut de
l'équité».(328)
En parlant de
Yazîd b. Mu'âwiyah, Ibn Kathîr dit: «Ils ont
expliqué ses agissements comme consécutifs à son
interprétation qui déboucha sur l'erreur... Ils ont dit aussi: il
était imam (calife) vicieux mais non passible de démission... Il
n'est pas permis de se soulever contre lui. Quant à l'information selon
laquelle Yazîd afficha une grande joie quand il a entendu parler de ce
qu'avait fait son armée des habitants de Médine le Jour
d'Al-Harrah, cela s'explique par le fait qu'il se voyait l'imam (le calife)
légitime à l'obéissance duquel ils ont manqué.
Comme ils ont pris un autre prince que lui, il avait le droit de les combattre
jusqu'à leur retour à l'obéissance et leur
intégration à l'ensemble de la Communauté».(329)
Ainsi les deux
compagnons Khâlid b. al-Walîd et Abû Bakr, dans le premier
récit, qualifièrent l'assassinat de Mâlik b. Nuwayrah et le
mariage avec sa femme, d'interprétation.
Etait aussi une
interprétation l'acte par lequel Aïsha parachevait la prière
du voyageur en contradiction avec le hadîth qu'elle avait elle-même
rapporté.
Pour Ibn Hazm,
Abûl-Ghâdiyah, l'assassin de 'Ammâr b. Yâsir a fait
preuve d'interprétation et eut donc droit à une seule
rétribution (parce qu'il s'est trompé).
On a dit la même
chose du meurtrier de 'Ali (a. s.) ...
Ainsi la mise en
application des opinions personnelles fut d'abord comprise comme un acte d'Ijtihâd.
Ensuite, les savants dans l'Ecole des califes, emboîtèrent le pas
aux Compagnons et aux califes dans ce domaine et se permirent d'ouvrir la porte
de l'Ijtihâd c'est à dire en fait la valorisation de
l'opinion personnelle. Mais ils ont découvert pour cela des
règles dont l'ensemble fut appelé science des fondements de la
jurisprudence. Le recours à ces règles et l'acte par lequel ils
en déduisaient les décrets religieux ou lois furent aussi
appelés: Ijtihâd; celui qui s'y exerce fut appelé Mujtahîd.
Pour la terminologie
islamique proprement dite la science religieuse s'appelle Al-fiqh et
celui qui l'exerce s'appelle Al-faqîh. Pour en savoir plus, il
convient d'étudier ces trois volets de la question.
- L'appellation
- Les premiers Mujtahîd
du premier siècle de l'hégire et les différents lieux de
leur Ijtihâd.
-
Al-Ijtihâd au deuxième
siècle de l'hégire et après cette période - la
déduction des lois par le recours aux acts des Compagnons.
2- Al-Ijtihâd - cette appellation
At-Ta'wîl: terminologie
linguistique et terminologie Shar'î
Tah'lab (mort en 291
h.) dit: At-Ta'wîl = la signification et l'explication se
valent.(330)
Al-Jawharî (mort
en 396 h.) dit: At-Ta'wîl = l'explication de la fin vers
laquelle tend une chose donnée.(331)
Ar-Râghib
Awl = At-Ta'wîl,
du substantif Awl, le retour à l'origine.
Al-Mu'il = le lieu du retour
At-Ta'wîl = le fait de ramener
la chose à sa fin voulue:
«Nul autre
qu'Allah ne connaît son interprétation (Ta'wilahu) du Livre. Et
ceux qui sont enracinés dans la science ...». (V. 7/III)
«Qu'attendent-ils?
Sinon son At-Ta'wîl (son interprétation, son accomplissement) Le
jour ou viendra son At-Ta'wîl, ...» (V. 53/VII)
Le mot Ta'wîl
est employé ainsi tant dans le Livre que dans la sunnah dans le sens de
l'interprétation du rêve:
«Fais-nous
connaître son Ta'wîl (sa signification, son
interprétation)». (V. 36/XII)
De même, le
Messager (SAW), suite au songe au sujet de la bataille de 'Uhud: «J'ai
interprété (ta'awwaltu) le bouclier comme étant
Médine».(332)
Dans l'emploi du
Ta'wîl par les Compagnons et les Tâbi'îne, on trouve un sens
nouveau, (sens figuré). At-Ta'wîl veut dire dans l'Ecole
des califes: le changement qu'on opère sur les décrets (Al-Ahkâm).
Ibn al-Athîr dit alors: «At-ta'wîl, substantif de awala
plus la préposition à "ilâ " veut
dire devenir quelque chose; le ta'wîl signifie donc le transfert
du sens apparent du terme, de sa signification première, originelle vers
un autre sens basé sur un argument. N'eût été cet
argument, le sens premier du terme n'aurait pu être délaissé»(333)
Ainsi ils (les partisans
de cette Ecole) ont changé la signification du terme et cela s'est
propagé dans les livres du hadîth. Dans le livre Al-Adab du
Sahîh, Al- Bukhârî dit par exemple: « "celui
qui" accuse son frère de mécréance, sans ta'wîl,
"ceux qui considèrent que cela ne relève pas de la
mécréance s'il l'a dit muta'awwilan,
interprétant, ignorant».(334)
Dans Fath
al-Bârî, sous la rubrique "des
interprétants", le commentateur dit: «Celui qui accuse un
Musulman de mécréance (lui impute - la
qualité de mécréant), il faudra voir: si cela n'est pas
fait sur base de ta'wîl, l'accusateur est blâmable,
peut-être est-ce lui le mécréant. S'il l'a dit en arguant
d'un ta'wîl, il faudra voir; si celui-ci n'est pas valable,
l'accusateur est blâmable mais non mécréant (on lui
expliquera alors le lieu de son erreur et on le réprimandera); si par
contre, l'imputation de la mécréance s'est faite sur base d'un ta'wîl
valable, son auteur n'est pas blâmable ...
Les savants disent:
tout muta'awwil (interprétant) est excusable,
non-pécheur si son ta'wîl est sémantiquement passable.(335)
C'est ainsi que
s'opère l'évolution du terme Ta'wîl qui
équivaudrait par après au terme ijtihâd. Voyons
à présent les Mujtahidîne de la première époque
musulmane et l'objet (les lieux) de leur ijtihâd.
3- Les Mujtahidîne de l'Ecole des califes au premier siècle
de l'Islam
1)- Le Sceau
des prophètes et le maître des Messagers (SAW)
Ce sont les partisans
de l'Ecole des califes qui croient que le Messager d'Allah (SAW) figure parmi
les Mujtahidîne. Ceux de l'Ecole d'Ahlu-Bayt refuse
cette appellation et n'impute point d'Ijtihâd au Prophète
(SAW)
Nous ne
commençons ici par le Prophète (SAW) que pour respecter le point
de vue adverse.
Ibn
Abîl-Hadîd, le Mu'tazilite dit par exemple, à l'occasion de
l'attardement d'Abû Bakr et de 'Umar à rejoindre l'escadron de
'Ussâmah: «Le Messager d'Allah (SAW) envoyait ses
expéditions militaires par Ijtihâd personnel et non
suivant une révélation divine qu'il n'aurait pu
transgresser».(336)
2)- Le premier calife Abû Bakr (r. d.)
A l'occasion de la réplique qu'il a faite
à l'encontre d'At-Tûsî qui reprocha au calife Abû Bakr
«d'avoir brûlé al-Fujâ'ah As-Sulamî, de ne pas
avoir assimilé Al-Kalalah, en matière successorale, et d'avoir
ignoré la part de l'héritage dévolue à la
grande-mère», Al- Qawshajî dit: «Il l'a
brûlé parce qu'il s'était trompé dans son
Ijtihâd (effort d'interprétation) et combien de fois, des
Mujtahidîne comme lui se trompent! Quant aux deux questions
successorales, il n'est pas nouveau qu'un Mujtahid (un jurisconsulte
capable d'interpréter) cherche à connaître les fondements
des lois auprès de ceux qui les ont bien assimilés ...».(337)
Pour ce qui est du reproche adressé à
Abî Bakr qui n'appliqua pas la sanction appropriée à Khalid
b. al- Walîd, le même Al-Qawshajî dit: «Il a
épousé sa femme (celle de Mâlik b. Nuwayrah) en temps de
guerre; c'est donc une question objet d'Ijtihâd. Quant à la
critique adressée par 'Umar à Abî Bakr, à ce sujet,
elle ne signifie pas que 'Umar s'est attaqué à la qualité
de calife qu'avait Abû Bakr, car il arrive que certains savants
critiquent d'autres».(338)
3)- Le
Compagnon Mujtahid Khâlid b. al-Walîd
Ibn Kathîr dit:
«Abû Bakr garda Khâlid à la tête de
l'expédition bien que ce dernier se soit trompé dans son
Ijtihâd relatif au meurtre de Mâlik b. Nuwayrah».(339)
4)- Le deuxième calife 'Umar b. al-Khattâb
Ibn Abîl-Hadîd rapporte le
cinquième reproche adressé à 'Umar: «Il donnait du
trésor public ce qu'il ne pouvait légalement donner. Ainsi il
donnait à Aïsha et à Hafsa dix mille dirhams chaque
année mais ne donna pas le quint (le cinquième)
dévolu à Ahlul-Bayt ...».
Comme réponse à cette critique, il
dit: «Le trésor public est à répartir entre les
ayants droits et il incombe au calife de faire preuve d'Ijtihâd en
matière de distribution (peu ou prou). De même "le
cinquième" est une question d'Ijtihâd ... 'Umar n'est donc
pas sorti du domaine de l'Ijtihâd qui était la méthode des
Compagnons».(340)
Le septième reproche adressé à
'Umar:
«Il changeait de dispositions quant aux
jugements qu'il émettait à tel point qu'en matière de
l'héritage du grand-père, il a émis soixante-dix jugements
voire cent. Il faisait preuve de favoritisme en matière de distribution
des allocations annuelles alors qu'Allah - gloire à Lui - traite
également l'ensemble des Musulmans. Il basait son verdict sur l'opinion
personnelle et l'intuition».
En guise de réponse, on a dit: «Le
désaccord et le changement de dispositions d'après les
présomptions et la conjecture sont permis dans le domaine de
l'Ijtihâd».
Al-Qawshajî dit: «Effectivement, il
('Umar) a donné aux épouses du Prophète, statué en
matière successorale, priva Fatima et Ahlul-Bayt de leur
cinquième donna cent jugements différents, partagea l'argent
partialement alors que cela n'était pas ainsi à l'époque
du Prophète». «Mais, ajouta-t-il, tout cela car un mujtahid
peut toujours s'opposer à un autre en matière
d'Ijtihâd».(341)
Il veut dire que l'opposition de 'Umar b.
al-Khattâb (r. d.) au Messager d'Allah (SAW) dans toutes ces questions relève
de l'opposition d'un Mujtahid ('Umar) à un autre Mujtahid (le Messager
d'Allah SAW) et cela n'est point blâmable!!!
5)- Le
troisième calife 'Uthmân
On reprochait à
'Uthmân de ne pas avoir appliqué la loi du talion à
'Ubaydillah b. 'Umar (qui avait tué un homme soupçonné
d'avoir participé au meurtre de son père) Al-Qawshajî y
répondit ainsi:
«Il a fait preuve
d'Ijtihâd et cru qu'il ne devait pas la lui appliquer parce que le
meurtre s'est passé avant son investiture proprement dite (comme
calife)».(342)
De la même
question, Ibn Taymiyyah dit: «C'est une affaire sujette à
l'Ijtihâd».(343)
On reprochait aussi
à 'Uthmân d'avoir ramené Al- Hakam (un Umayyade) de son
exil auquel il fut condamné par Le Messager (SAW). La réponse
à cette critique fut formulée ainsi: «Même si le
Messager n'a pas permis le retour d'Al-Hakam à Médine,
'Uthmân pouvait, s'il faisait preuve d'Ijtihâd, le faire puisque
les circonstances changent».(344)
Ibn Taymiyyah dit
à propos des relations très tendues entre 'Uthmân et Ibn
Mas'ûd: «Si chacun d'eux était mujtahid en ce qu'il disait,
Allah le rétribuera pour ses bonnes actions et lui pardonnera les
mauvaises».
Même en
appliquant une sanction, l'imam mujtahid peut être digne de
rétribution (en cas d'erreur); citons l'exemple du témoignage
d'Abî Bakrah à l'encontre d'Al-Mughîrah. Le premier
(témoin) est un homme de bien et pieux. Par son témoignage, il
cherchait l'agrément d'Allah et voulait en être
rétribué.(345)
La peine
infligée par 'Uthmân à Ibn Mas'ûd et à
'Ammâr pouvait aussi relever de ce genre d'Ijtihâd et voir ainsi
son erreur pardonnée,(346) à fortiori, les
erreurs des adversaires en dispute (sont pardonnées). (347)
Pour ce qui est du
troisième appel à la prière, ajouté par
'Uthmân les jours de vendredi, Ibn Taymiyyah dit que c'était aussi
une question d'Ijtihâd.(348)
A son tour, Ibn Hajar
al-Haythamî dit: «Ibn Mas'ûd reprochait beaucoup de choses
à 'Uthmân. L'intérêt exigeait donc qu'il fût
démi de ses fonctions.(349) Ensuite, on ne
s'oppose pas ainsi aux auteurs de l'Ijtihâd mais ces maudits opposants
n'ont ni compréhension ni raison (cervelle)».(350)
«L'Ijtihâd
de 'Uthmân, ajoute Ibn Hajar, impliquait qu'il arrêta le versement
des allocations annuelles d'Ibn Mas'ûd. Chacun d'eux était
Mujtahid donc on ne peut arguer des actes de l'un pour s'opposer à
l'autre».(351)
Ibn Hajar dit de
même au sujet de la prière du voyageur, 'Uthmân l'ayant
effectuée à Minan comme s'il était résident.(352)
6)- Al-Mujtahidah, la mère des croyants
'Aïsha (r. d.)
A propos de la critique signalée par
Al-'Allâmah Abû Mançûr Ibn al-Mutahhar al-Hullîy
(mort en 726 h.) à l'encontre de 'Aïsha qui, en se soulevant contre
l'Imam 'Ali (a. s.), a violé l'ordre prescrit par le Coran («Restez
dans vos demeures; ne vous montrez pas dans vos atours comme le faisaient les
femmes au temps de l'ancienne ignorance». (V. 33/XXXIII), Ibn
Taymiyyah(353) dit: «Elle ne s'est pas montrée dans
ses atours comme le faisaient les femmes de la première
Jâhiliyyah. Quant à l'ordre de garder la demeure, cela n'est pas
contredit par une sortie motivée par la sauvegarde d'un
intérêt ... 'Aïsha dont le voyage était dans l'intérêt
général, a fait preuve d'interprétation. Or, tout mujtahid
faisant une erreur dans son Ijtihâd est pardonné. L'erreur de
'Aïsha est donc à fortiori pardonnée. Et ce, de par le Livre
et la sunnah».(354)
A son tour Al-Qurtubî dit à propos de
'Aïsha: «Mujtahidah, droite, rétribuée pour avoir fait
de l'interprétation et pour avoir agi car tout Mujtahid dans la
déduction des lois est dans son droit».(355)
7)-
Mu'âwiyah b. Abî Sufiân : Le juste
Mujtahid qu'on ne saurait concurrencer et le docte qu'on ne saurait
égaler.(356)
8)- Son Ministre Amru b. al-'As
Ibn Hazm dit: «Certes Mu'âwiyah et ceux
qui étaient avec lui se sont trompés, mais ils étaient
Mujtahidîne donc rétribués d'une seule
récompense».(357)
En parlant de Mu'âwiyah et
de 'Amru b. al-'As, Ibn Hazm dit aussi: «Ils ont fait preuve
d'Ijtihâd dans des questions relatives aux délits de sang comme
les juges qui divergent sur la question de condamner ou non le sorcier à
mort. Quelle différence y a-t-il donc entre l'Ijtihâd des juges et
celui de Mu'âwiyah et de 'Amru? Si ce n'est l'ignorance, l'aveuglement et
l'amalgame non fondé sur une science».(358)
A propos de l'histoire de l'arbitrage (entre les
deux camps musulmans opposés ('Ali et Mu'âwiyah), sachant que
'Amru b. al-'As confirma Mu'âwiyah dans sa place contrairement à
l'accord conclu auparavant avec Abû Mûsâ al-Ash'arî,
Ibn Kathîr dit: 'Amru l'a fait parce qu'il voyait un intérêt
(général). Or l'Ijtihâd aboutit tantôt à
l'erreur tantôt à la rectitude».(359)
9)- Al-Mujtahid Abûl-Ghâdiyah, le
meurtrier de 'Ammâr
Ibn Hazm dit encore dans Al-Fiçal:
«'Ammâr (r. d.) fut tué par
Abîl-Ghâdiyah (Yasâr b. Saban As-Sulamî). Sachant que
'Ammâr avait prêté serment d'allégeance au
Prophète (SAW) qu'il avait donc assisté à
l'allégeance de la satisfaction divine, qu'Allah connaissait le contenu
de son cur, qu'IL a fait descendre sur lui la Sakînah (la
quiétude), 'Ammâr est tombé martyr (témoin d'Allah).
En revanche, Abîl-Ghâdiyah, le compagnon qui l'a tué, a fait
preuve d'interprétation. Mais, malgré son Ijtihâd, il s'est
trompé. Sa récompense (et non-châtiment) est de recevoir
une seule rétribution (au lieu de deux rétributions s'il ne
s'était pas trompé). Mais le cas d'Abîl-Ghâdiyah est
différent de celui des meurtriers de 'Uthmân (r. d.) car il n'y
avait pas lieu pour ceux-ci d'opérer de l'Ijtihâd dans ce
meurtre».(360)
C'est ainsi que parla de lui Ibn Hajar As 'Asqalânî
à l'occasion de sa biographie (dans Al-Içâbah)
où il le considère parmi les Compagnons qui ont fait preuve
d'Ijtihâd.
10)-
Mujtahidîne dans l'ensemble
Al-'Allâmah dit:
«Les reproches adressés à la communauté (des
compagnons) sont si nombreux qu'Ibn al-Kalbî put composer tout un livre
se rapportant aux défauts, et mauvais agissements des Compagnons sans
citer un seul défaut sur le compte d'Ahlul-Bayt».
Ibn Taymiyyah dit en
guise de réplique: «Dans la plupart de ces questions, les
Compagnons sont excusés parce que leurs actes n'étaient pas des
péchés mais des occasions d'Ijtihâd dans lesquelles celui
qui vise juste aura la rétribution double et celui qui se trompe n'aura
qu'une seule récompense. L'ensemble des actes des califes pieux,
étaient de cette sorte». (3/19-30 du Minhaj-As-Sunnah).
Ainsi donc, les
partisans de l'Ecole des califes, depuis le deuxième siècle de
l'hégire jusqu'à nos jours - le début du quinzième
siècle - sont unanimes à croire que tous les Compagnons sont
Mujtahidûn, qu'Allah les rétribuera pour leurs disputes et leurs
meurtres. Ils n'en sont pas seulement innocents, ils seront
rétribués pour leurs mauvais actes.
Si ce qu'ils
prétendent est juste, quelle justice de la part d'un Seigneur juste Qui
considère nos mauvais actes comme mauvais et passibles de punition et
les leurs comme bons et passibles de récompense!!!
Ils sont unanimes
à juger ainsi les actes des Compagnons jusqu'à l'époque de
Mu'âwiyah. Certains des partisans de l'Ecole des califes disent que cela
englobe aussi l'époque de Yazîd, comme l'affirma Ibn Khaldûn
dans sa Muqaddimah(361)
(Bon Sang!) Si tous ces
gens étaient Mujtahidûn par le seul fait qu'ils étaient
Compagnons du Messager, pourquoi ne disent-ils pas la même chose des
meurtriers de 'Uthmân? Pourquoi ne les considèrent-ils pas comme
Mujtahidûn?
Ibn Hazm s'est
posé la question et y a répondu ainsi: «Non, ce n'est pas
la même chose, l'Ijtihâd n'a pas lieu ici car 'Uthmân n'a pas
tué, n'a pas semé scandale, n'a pas forniqué, n'a pas
renié l'Islam non plus pour qu'on interprète quoi que ce soit
à son égard. Les meurtriers sont donc pervers, rebelles et
sanguinaires l'ont tué exprès et sans interprétation aucune.
Injustes, ils sont donc "hérétiques" et maudits».(362)
«Je me demande,
dit l'auteur, comment le meurtrier de l'Imam 'Ali est devenu mujtahid,
habilité à faire de l'interprétation et à tuer
ainsi l'Imam dans la mosquée, en pleine prière!».
11)- Le calife imam Yazîd b.
Mu'âwiyah
Abûl Khayr Ash-Shafi'î dit à son
compte: «C'est un imam mujtahid».(363)
Ibn Kathîr dit, après avoir
rapporté à partir d'Ibn al- Jawzî l'autorisation de le
maudire: «D'autres (qu'Ibn al-Jawzî) défendent qu'on puisse
le maudire pour que cela n'aille pas jusqu'à son père ou
jusqu'à l'un des Compagnons. Ses mauvais agissements sont
considérés par ces auteurs comme ayant été le
résultat d'une erreur dans l'interprétation. Oui, il était
pervers mais cela ne permet pas de le démettre de l'autorité
suprême ni de se soulever contre lui afin que cela ne soit pas l'occasion
de troubles, de sédition et d'effusion de sang. Quant à la joie
qu'avait manifestée Yazîd lors de la victoire remportée par
son armée à la tête de laquelle se trouvait Muslim b.
'Uqbah, contre les habitants de Médine à la bataille d'Al-Harrah,
elle (la joie) était légitime parce qu'il était l'imam
à qui ils (les Médinois) ont désobéi ...»(364)
4 L'objet de leur
Ijtihâd (effort d'interprétation ou de déduction)
1)- L'Ijtihâd du Messager d'Allah (SAW)
Pour l'Ecole des califes, le Messager d'Allah (SAW)
était le premier à avoir exercé de l'Ijtihâd. Dans
l'affaire de l'expédition "Usâmah", les partisans
de cette Ecole avancent que le Prophète (SAW) se basait sur
l'Ijtihâd pour envoyer ses expéditions militaires:
«Lundi 26 Safar de l'an 11 de
l'hégire, le Messager d'Allah (SAW) ordonna aux gens de préparer ..» (voir
chap.: 1 de "La réalité historique de
l'événement ...").
2)-
L'Ijtihâd d'Abû Bakr
On lui a
reproché d'avoir brûlé vif Al-Fujâ'ah
As-Sulamîy, l'homme qui s'était présenté en Musulman
devant le calife pour lui demander de lui permettre de combattre les apostats,
à la tête d'un escadron armé. Au lieu de servir la cause de
la Communauté, il utilisa son autorité pour s'emparer des biens
d'autrui en tuant indistinctement Musulmans et non-Musulmans. Quand le calife
eut pris connaissance de ses agissements il envoya Tarîfah b. Hâjr,
l'un de ses lieutenants pour le tuer ou le capturer. Vaincu, il s'est rendu. Le
calife ordonna à Tarîfah de faire du feu à Al-Baqî'
et d'y jeter le coupable. Par après, Abû Bakr regretta son acte et
dit avant de mourir: «J'aurais aimé ne pas commettre ces trois
choses: avoir découvert la maison de Fatima eût-elle
été un lieu de guerre; avoir brûlé Al-Fujâ'ah
au lieu de le tuer ou de le libérer, avoir reçu
l'allégeance le Jour de la Saqîfah au lieu de m'en
débarrasser au profit de l'un des deux hommes ('Umar et Abû
'Ubaydah)»(365).
On a reproché
à Abû Bakr d'avoir brûlé Al-Fujâ'ah alors que
le texte relatif à la sanction adéquate se trouve dans le Coran:
«Telle sera
la rétribution de ceux qui font la guerre contre Allah et contre Son
Messager et de ceux qui exercent la violence sur la terre: ils seront
tués ou crucifiés, ou bien leur main droite et leur pied gauche
seront coupés ou bien ils seront expulsés du pays».
(V. 33/V)
Dans la sunnah, il est
défendu de punir par le feu: «Ne punit par le feu que le Seigneur
du feu», dans plusieurs récits similaires. (366)
Les hadîths
suivants comportent la sanction qu'on doit infliger à l'apostat:
- Que celui qui change
sa religion soit tué».
- Il n'est pas licite
de verser le sang d'un Musulman qui a attesté qu'il n'y a d'autres
divinités qu'Allah, que Muhammad est Son Messager, à moins qu'il
commette l'un de ces trois actes: la fornication après le mariage, (il
sera alors lapidé), la rébellion contre Allah et Son Messager (il
sera alors tué, crucifié ou exilé) ou le meurtre (la loi
du talion lui sera alors appliquée) (367)
La violation de ces
textes par Abû Bakr fut, malgré tout, excusée et
interprétée par les savants (de l'Ecole des califes) comme ayant
été une erreur d'Ijtihâd.
On lui reproche aussi
son ignorance d'Al-Kalâlah (le défunt qui n'a ni ascendant ni
descendant comme héritier) alors que cela se trouve dans le Coran:
«Quand un
homme ou une femme
N'ayant ni
parents ni enfants, laisse un héritage; s'il a un frère ou une
sur (utérins); le sixième en reviendra à chacun d'eux.
S'ils sont plusieurs: ils se répartiront le tiers de l'héritage,
après que ses legs ou ses dettes auront été
acquittés...» (V. 12/IV)
«... Dis,
Allah vous donne des instructions au sujet de la parenté
éloignée:
Si quelqu'un
meurt sans laisser d'enfants mais seulement une sur (germaine ou consanguine),
la moitié de sa succession reviendra à celle-ci
Un homme
hérite de sa sur si celle-ci n'a pas d'enfants
S'il a deux
surs, les deux tiers de la succession leur reviendront
S'il laisse des
frères et des surs (germains ou consanguines), une part égale
à celle de deux femmes revient à un homme ...». (V. 176/IV).
Abû Bakr
hésitait beaucoup à statuer dans une question d'héritage,
en cas de Kalâlah (parenté éloignée).(368)
Il ignorait aussi la
part de l'héritage qui revient à la grand-mère:
«A une
grand-mère qui demanda sa part d'un héritage, Abû Bakr dit:
«tu n'as rien d'après le Livre d'Allah; quant à la sunnah
du Messager d'Allah (SAW), je demanderai aux gens, Al-Mughîrah b. Shu'bah
lui dit: «J'étais présent quand le Prophète a
accordé le sixième de l'héritage à la
grand-mère». «Y a-t-il un autre témoin que
toi?», demanda Abû Bakr. Quand M.b. Maslamah
al-Ançârî eut donné le même témoignage,
Abû Bakr accorda le sixième à la grand-mère
...».(369)
Dans d'autres
circonstances, deux grands-mères, maternelle et paternelle, lui
demandèrent leur part d'un héritage. Il donna alors toute la part
(le sixième) à la grand-mère maternelle.
'Abdur-Rahmân b. Sahl remarqua alors: «Ô calife du Messager
d'Allah! Tu as donné à celle que le défunt n'aurait pas hérité, si elle avait été, elle,
la défunte! Alors, le calife partagea le sixième entre les deux grands-mères».(370)
La bévue du
calife concernant l'assassinat de Mâlik b. Nuwayrah par Khâlid b.
al-Walîd est très célèbre:
Mâlik b.
Nuwayrah, Compagnon et gouverneur du Messager (SAW) et appartenant à la
tribu de Tamîm ne se rallia pas à la cause d'Abû Bakr.
Pendant la nuit, l'armée de Khâlid b. al-Walîd les envahit.
Ils prirent alors leurs armes. Les envahisseurs leur disent: «Nous sommes
des musulmans». Les compagnons de Mâlik dirent: «Et nous
sommes des musulmans». Les guerriers de Khâlid leur dirent:
«Si vous êtes comme vous dites, déposez alors les
armes». Ils les déposèrent et firent ensuite la
prière (commune) avec les guerriers de Khâlid. Par après
ceux-ci les capturèrent et les conduisirent devant Khâlid b.
al-Walîd qui ordonna de couper la tête à Mâlik.
Celui-ci regarda vers son épouse - qui était très belle -
et dit à Khâlid: «C'est celle-ci qui m'a tué»
(c'est à cause d'elle que je vais être exécuté).
Khâlid lui dit: «C'est Allah Qui te tue à cause de ton
reniement de l'Islam». Mâlik dit: «Nous sommes dans l'Islam
(toujours Musulmans)». Après qu'on l'a tué, Khâlid
ordonna de se servir de sa tête comme trépied à leur
marmite. Pendant cette nuit même et avant que Mâlik ne fût
enterré, Khâlid épousa sa veuve(371) (sans attendre
l'écoulement Shar'î de la retraite légale exigée par
le St Coran, abstraction faite des circonstances de l'affaire).
Sous prétexte de
combattre les apostats, Khâlid tua Mâlik b. Nuwayrah qui n'en
était pas un, épousa sa femme, la nuit même du meurtre.
'Umar dit alors
à Abî Bakr: «Certes Khâlid a commis l'adultère,
lapide-le!
- Non, répondit
Abû Bakr, il s'est trompé dans son interprétation.
- Démis-le alors
de son poste!
- Non, je ne peux
rengainer une épée tirée par Allah!, répondit-il.
Ainsi Khâlid a
fait de l'Ijtihâd en emprisonnant un musulman qui pria avec lui, puis le
tua par Ijtihâd aussi, il fit encore une interprétation concernant
la femme de Mâlik et l'épousa par Ijtihâd la nuit même
de l'assassinat de son mari.
A son tour, Abû
Bakr fit une interprétation pour dispenser Khâlid de l'application
de la loi du talion puis fit une autre interprétation pour le faire
échapper à la peine de la lapidation. Les deux Compagnons ont fait
de l'Ijtihâd et, tout en se trompant, eurent droit à une
rétribution divine. 'Umar qui ne s'est pas trompé dans son
Ijtihâd concernant la même affaire eut droit à une double
rétribution. Quant à la victime, Mâlik b. Nuwayrah, le
Compagnon du Messager d'Allah et son délégué, il n'eut droit
à rien.
3)- L'Ijtihâd de 'Umar
On lui reproche d'avoir réparti
inégalement les allocations annuelles qui revenaient aux Musulmans
(hommes et femmes) du Trésor public.
Ibn al-Jawzî en donna les détails
suivants:
Al-'Abbâs b. Abdil-Muttalib: 12 mille dh.
A chacune des épouses du Prophète 10
mille dh. sauf Aïsha qui eut droit à 2
mille dh de plus.
Pour les Muhâjirîne qui ont
assisté à la bataille de Badr, à chacun cinq mille dh.
A chaque Ançarite qui y a assisté 4
mille dh.
Pour ceux qui ont assisté à Uhud, 4
mille dh chacun aux batailles de l'après Al-Hudaybiyyah 3 mille dh
chacun.
Pour ceux qui ont participé aux
expéditions militaires après la mort du Prophète, 2 mille
dh chacun, ou mille cinq cent ou mille ou deux cents.
Pour les femmes, un autre barème (de 500
à 200 dh, chacune)
D'après Al-Ya'qûbî, 'Umar
accorda aux habitants de Makkah (les Quraïshites tels Abû
Sufiân b. Harb et Mu'âwiyah son fils cinq mille dh chacun). (372)
Cette distribution
déséquilibrée des richesses a permis à certains
bénéficiaires de recevoir soixante fois plus que les autres comme
c'était le cas de la mère des croyants Aïsha qui avait 12
mille dh alors que d'autres femmes n'en recevaient chacune que deux cents.
C'était ainsi que s'établit le régime des classes sociales
dans la Communauté islamique contrairement à la sunnah du
Messager. La concentration des fortunes dans une classe sociale donnée
et la misère dans une autre, poussèrent les riches à la
nonchalance (et les pauvres au désespoir).
'Umar en prit finalement conscience et dit vers la
fin de sa vie: «Si j'avais la possibilité de corriger les
décisions que j'avais prises autrefois, je distribuerais alors
l'excédent dans les fortunes des gens aisés, aux pauvres parmi
les Muhâjirîne».(373)
Encore une fois, même dans ses souhaits qu'il
ne put réaliser, 'Umar fait preuve d'inéquité puisqu'il
pensait faire une redistribution des richesses au profit des pauvres parmi les
Muhâjirîne au détriment de leurs semblables parmi
al-Ançâr et les autres Musulmans!!(374)
Parmi les conséquences fâcheuses de
cette distribution des deniers publics sous forme d'allocations annuelles, il y
eut la consécration de la dépendance des Musulmans à
l'égard des gouverneurs qui n'hésitaient pas à user de ce
système pour exercer la pression sur les gens à punir les
opposants par l'annulation de leur droit à l'allocation annuelle et
à augmenter celle de leurs partisans, comme au temps du calife
'Uthmân, de Ziyâd et de son fils 'Ubaydillah, lorsqu'ils
étaient gouverneurs d'al-Kûfah.(375)
«Quelque
chose que vous preniez en butin, sachez que le cinquième en appartient
à Allah, au Messager et aux Proches, aux orphelins, aux pauvres et au
voyageur, si vous croyez en Allah et à ce qu'il a
révélé à Notre Serviteur, le Jour où l'on
discerna les hommes justes des incrédules, le jour où les deux
partis se sont rencontrés - Allah est puisant sur toute chose -
». (V. 41/VIII)
Dans ce verset, Allah
institua l'obligation de verser le cinquième des bénéfices
sur l'ensemble des biens acquis, à Allah, à Son Messager et aux
Proches du Prophète. Dans l'époque anté-islamique, le
quart du butin était réservé au chef. En Islam, au lieu du
quart pour le chef, le cinquième seulement, mais généralisé
au surplus de toutes les acquisitions, partagé en six parts au lieu
d'être l'apanage d'un chef.
Le fait que le Messager
(SAW) avait pris le quint des minerais et des trésors enfouis, prouve
que le cinquième doit être prélevé sur le surplus de
toutes les acquisitions et non seulement du butin de guerre.(376)
De la sunna, il y a les
propos du Messager d'Allah (SAW) adressés à la
délégation de 'Abd al-Qays: «Versez le cinquième de
vos bénéfices».(377) Or, cette tribu qui
demandait à se renseigner en matière de législation
islamique, ne pouvait se rendre auprès du Prophète que pendant un
mois sacré à cause des tribus incrédules de Mudar qui
s'interposaient entre elle-même et le Prophète. Cette tribu,
(alliée des Musulmans) n'avait pas de guerre à mener (puisque
l'ordre de faire la guerre appartient au Prophète SAW). Donc le
cinquième qu'elle devait verser n'était pas du butin de guerre
mais du surplus de leurs biens acquis.
Les écrits du
Prophète envoyés aux autres tribus arabes après leur
adoption de l'Islam, portent la même signification. Ses gouverneurs au
Yaman musulman avaient les mêmes instructions: prélever le
cinquième des biens acquis (en dehors des matières assujetties
à la Zakât).(378)
C'est ce que comporte
aussi la lettre du Prophète envoyée à la tribu Sa'd:
«Versez le cinquième et la Zakât à ses deux
émissaires».(379) Cette tribu n'avait
pas mené de guerre pour que le Messager d'Allah (SAW) lui demandât
de verser le cinquième du butin "de leur guerre". Il
s'agissait donc du cinquième sur les bénéfices acquis.
Quant aux
bénéficiaires du Khums le verset coranique précité
(V. 41/VIII) nous renseigne qu'ils sont six: Allah, Le Messager, les Proches
parents du Messager, les orphelins parmi eux, les pauvres et les voyageurs en
détresse.
Dans certains
récits, il est dit que la part qui incombe à Allah et celle qui
incombe au Messager, forment une seule part. Oui, si cela voulait dire qu'elles
ont le même aboutissement; sinon, selon le texte sacré les parts
sont six et non cinq. Les récits successivement transmis par les
partisans d'Ahlul-Bayt (a. s.) stipulent que la part du Proche parent revient
à Ahlul-Bayt à l'époque du Prophète; après
lui, successivement aux douze Imams, que la part due à Allah revient au
Prophète (SAW) qui la dépense comme bon lui semble,
qu'après lui cela incombe à l'Imam son successeur. La
moitié du Khums est donc aujourd'hui du ressort de l'Imam du temps (a.
s.) de par son Imamat et l'autre moitié revient aux autres parents du
Prophète (orphelins, pauvres et voyageurs en détresse).
S'il y a un surplus
après leur avoir versé leur dû, il revient à la
caisse du Wâli (l'Imam ou son représentant). Si ce qu'ils ont
reçu est en deçà de la satisfaction de leurs besoins, le
Wâli devra combler la lacune.
Les autres parents du
Prophète dont il s'agit ici sont les fils et petits-fils de
'Abdil-Muttalib et d'Al- Muttalib, qui sont privés de la Zakât, de
par la sunnah qui prohiba que l'un des proches parents du Prophète - y
compris leurs mawâlî - serviteurs affranchis -touchent aux
recettes de la Zakât.(380)
De là on
comprend que les biographes comme Ibn Hishâm, qui prétendirent que
'Ali (a. s.) fut envoyé au Yaman pour la collecte de la zakât, se
sont trompés. 'Ali avait pour mission de recueillir les biens d'al-
Khums (381) comme l'ont
déclaré Al-Bukhârî et Ibn al- Qayyim.
Sans doute, le Messager
d'Allah (SAW) avait-il l'habitude d'envoyer ses émissaires dans les
différentes provinces de l'Etat islamique en vue de collecter les
recettes de la Zakât et celle du quint (al-Khums). Mais comme les califes
après la mort du Prophète (SAW), levèrent l'obligation de
verser le quint, les narrations et les savants négligèrent d'y
rapporter les hadîths parce que cela s'opposait à la politique des
califes à travers les époques. Il y a une autre raison à
ce manque de récits relatifs au prélèvement du Khums
même à l'époque du Prophète (SAW): d'une part, la
plupart des richesses dans la presqu'île arabique, étaient
constituées de cheptel vif et de peu de vergers et de
céréales, c'est à dire des fortunes soumises à la
zakât et non au Khums. D'autre part, le commerce que pratiquaient les Mekkois
en particulier était entravé par les tumultes et les guerres qui
opposaient les différents antagonistes: l'Etat islamique acculé
à se défendre contre plusieurs ennemis à la fois:
Quraïsh, les autres tribus arabes et les juifs hostiles au nouvel Etat de
Médine (plus de quatre vingt batailles en dix ans). Tout cela avait
compromis les routes et les activités commerciales, d'où la
rareté des bénéfices et des acquisitions (soumises au
Khums).
La Zakât (Çadaqah) après le
Messager (SAW)
Les Imams d'Ahlul-Bayt (a. s.) ont continué
à prohiber aux proches parents du Prophète (SAW) de toucher
à la Çadaqah. Ainsi, à celui qui lui demanda s'il leur
était licite de bénéficier de la Çadaqah en cas de
leur privation de leur droit au Khums, l'Imam As-Çâdiq (a. s.) dit:
«Non, par Allah! ce qui nous a été
prohibé ne peut être rendu licite par la spoliation de notre droit
par les Injustes ...».
Le patrimoine
du Messager (SAW)
1- Les sept jardins
(Testament de Mukhayriq, le Juif)
2- Sa part des biens de
Banî An-Nadir
3- 4 Les trois forts de
Khaybar
5- Le tiers de
wâdil-Qurâ
6- Mahzûr (un
lieu de marché à Médine)
7- Fadak.
Six des sept jardins
furent l'objet d'un des legs pieux fait par le Prophète (SAW).
Une partie de ses
terres des Banî An-Nadir fut donnée à Abû Bakr,
à Abdur-Rahmân b. 'Awf et Abû Dujânah.
A ses épouses,
il donna une partie de ses possessions de Khaybar.
A Fatima, sa fille (a.
s.), il donna Fadak. A Hamzah b. An-Nu'aym al-'Udhrî, il donna une
parcelle de terrain de wâdil-Qurâ.
Le patrimoine du Prophète et la plainte
de Fâtimah
D'un coup, les deux califes Abû Bakr et 'Umar
(r. d.) se sont emparés du patrimoine de ce qu'il avait donné
à ses Compagnons à l'exception de Fadak, la part de Fatima et des
autres possessions du Prophète (SAW). D'où la discorde née
entre Fâtimah et les deux califes comme le relatent plusieurs
récits:
'Umar raconte: Après la mort du
Prophète (SAW), nous sommes allés, Abû Bakr et moi, chez
'Ali et lui demandâmes:
- Que dis-tu au sujet du patrimoine du Messager
d'Allah?
- Nous sommes les plus dignes du Messager d'Allah
(SAW).
- Et ce qu'il possède à Khaybar?
- Aussi, répondit 'Ali.
- Et ce qu'il possède à Fadak ?
- Aussi.
- Non, par Allah, dis-je à moins que vous
nous coupiez les nuques par les scies! (382)
La dispute entre eux et Fâtimah portait sur
trois questions:
Le don du Prophète (SAW) qu'il lui avait
fait.
L'héritage du Prophète
1- Elle leur
demanda la restitution du don prophétique
D'après Futuh
al-Buldân (1/34-35), Fâtimah demanda à Abû Bakr
de lui restituer Fadak que le Prophète (SAW) lui avait donné de
son vivant. Il lui demanda alors d'en apporter la preuve. Elle cita comme
témoins Um Ayman et Rabâh, un mawlâ du
Prophète (SAW). Mais Abû Bakr dit: «Ici, il faut le
témoignage d'un homme et de deux femmes».
Dans une autre version:
c'était 'Ali (a. s.) son témoin. Mais Abû Bakr lui demanda
un deuxième témoin. Elle cita alors Um Ayman. Après cette
controverse au sujet de Fadak et le refus du témoignage
présenté par Fâtimah, celle-ci demanda sa part de
l'héritage prophétique.
2- La controverse au sujet de l'héritage
du Prophète (SAW)
a- Abût-Tufayl rapporte: «Après la mort du Messager (SAW),
Fâtimah demanda à Abû Bakr:
- C'est toi qui hérites du Prophète
ou sa famille?
- C'est sa famille!, répondit-il.
- Et où est ma part du Messager d'Allah?
- Je l'ai entendu dire: Allah, après avoir
donné un bien à un prophète, le met à la
disposition de son successeur après sa mort. J'ai donc rendu cette part
aux Musulmans, répondit-il.
- Toi, seul tu sais mieux ce que tu as entendu du
Messager.(383)
b- Le récit d'Abû Hurayrah: D'après At-Tirmidhî: Abû
Hurayrah rapporte que «Fâtimah est allée voir Abû Bakr
et 'Umar (r. d.) pour demander sa part de
l'héritage légué par Le Messager d'Allah. Ils lui dirent
alors: «Nous l'avons entendu dire: «je ne suis pas à
être hérité». Elle leur dit alors: «Par Allah!
Je ne vous adresserai jamais la parole!». Et elle est morte sans leur
avoir parlé.(384)
D'autres versions du récit d'Abû
Hurayrah.
c- Le récit de 'Umar :
«... Mais Abû Bakr lui dit: ton père est, par Allah,
meilleur que moi et toi meilleure que mes filles mais le Messager d'Allah a
dit: «On (les prophètes) ne laisse pas d'héritier, nos
biens seront donnés en Çadaqah».(385)
Ainsi, Abû Bakr priva Fâtimah de
l'héritage de son père (SAW) par le biais d'un hadîth qu'il
était le seul à rapporter:
«Nous, les prophètes, nous ne laissons
pas d'héritier. Ce que nous laissons sera, après nous,
donné en Çadaqah».
Ibn Abîl-Hadîd, suite à la
mère des croyants Aïsha, dit dans son commentaire d'An-Nahj que
«seul Abû Bakr rapporta le hadîth ci-dessus».(386)
La plupart des traditionnistes affirment que ce
hadîth ne fut rapporté que par Abû Bakr. Les jurisconsultes,
à leur tour, fondent le principe de l'acceptation du récit
rapporté par un seul Compagnon, sur le fait que le hadîth selon
lequel:
«Nous, les Prophètes, nous ne laissons
pas d'héritier ...» ne fut rapporté que par Abû Bakr.
(387)
As-Suyûtî affirma la même chose.(388)
L'auteur dit: «Malgré toutes ces
affirmations, on fabriqua des récits rapportés par d'autres
qu'Abû Bakr, à partir du Messager».(389)
3- La
controverse relative à la part du Proche parent
Quand on eut
privé Fâtimah de son héritage en vertu du hadîth
rapporté par Abû Bakr, elle tenta de demander un autre droit,
celui de sa part du Khums, celle du Proche parent.
Trois récits y
afférents sont rapportés par Abû Bakr Al-Jawharî:
a)- Anas b. Malik
rapporte que Fâtimah (r. d.) est allée voir Abû Bakr et lui
dit:
«Tu sais
très bien que tu as été injuste envers nous au sujet du
patrimoine prophétique, du butin réparti par le Coran et de la
part du Proche parent. «Sachez que, quel que soit le butin que vous
preniez, le cinquième appartient à Allah, au Messager et à
ses proches ...» (V. 41/VIII).
Abû Bakr lui dit
alors:
- Par le père
qui t'a engendrée, que mes parents soient sacrifiés pour toi
(formules arabes de politesse), je suis tout ouïe, toute obéissance
au Livre d'Allah et au droit du Messager d'Allah (SAW) et au droit de ses proches.
Je lis certainement ce que tu lis du Coran mais il ne m'est pas parvenu que
cette part du Khums, vous revient totalement.
- C'est toi avec tes
proches qui y ont droit?
- Non,
répondit-il, mais je vous en concède ce qui satisfait vos
dépenses, et le reste sera consacré au service de
l'intérêt général.
- Non! Ce n'est pas
là le jugement d'Allah ...
b)- 'Urwah, rapporte
qu'Abû Bakr refusa d'écouter Fâtimah au sujet de Fadak et de
la part du Proche parent et en fit des biens publics. Al-Hassan b. M.b. 'Ali b.
Abî Tâlib (a. s.) rapporte qu'Abû Bakr priva Fâtimah et
Banî Hâshim de la part du Proche parent, les "nationalisa"
dans la voie d'Allah (achat d'armes, de bêtes).(390)
c)- Ummu
Hânî (d'après Kanzul-'Ummal) dit: «Fâtimah est
allée voir Abû Bakr pour lui demander la part du Proche parent. En
guise de réponse, il lui dit: «j'ai entendu le Messager d'Allah
dire: "la part des proches parents leur revient durant ma vie et non après
ma mort"».(391)
Certains récits
racontent qu'Al-'Abbâs s'est associé
à Fâtimah pour demander l'héritage du Messager (SAW). Une
fois devant Abû Bakr, celui-ci leur dit:
- Le Messager d'Allah
dit: nous ne sommes pas hérités; ce que nous laissons est
Çadaqah, quant à ceux qui étaient à la charge du
Prophète, je m'en charge.
- 'Ali (qui
était présent) lui récita alors: «Salomon
hérita de David». (V. 16/XXVII); «Il
héritera de moi et de ma famille de Jacob». (V. 6/XIX)
- Abû Bakr dit
alors: «C'est ainsi et par Allah! Tu sais ce que nous savons!
- 'Ali rétorqua:
Voici le Livre d'Allah qui parle.
Mais ils se taisent et
s'en vont. (392)
Nous constatons qu'il y
a eu confusion de la part des narrateurs de ce récit parce qu'Al-'Abbâs et 'Ali n'ont pas été chez
Abû Bakr pour demander leur part de l'héritage mais seulement pour
assister Fâtimah. Peut-être Al-'Abbâs a-t-il demandé
sa part du Khums mais cela échappa aux narrateurs.
Quand Fâtimah eut
été éconduite par Abû Bakr qui avait refusé
ses arguments et ses témoins au sujet du don prophétique et de
l'héritage, elle prit la décision de déclarer cette
controverse devant un groupe de Musulmans et de demander le soutien des
Compagnons de son père (SAW). Comme le rapportent les traditionnistes et
les historiens elle se dirigea vers la mosquée pour leur parler.
Selon Al-Jawharî
rapporté par Abîl-Hadîd, «Quand Fâtimah eut
compris qu'Abû Bakr était décidé à la priver
de Fadak, elle mit son voile, porta sa djellabah, se fit accompagner
de ses neveux et femmes de son entourage et, dans une allure qui rappelait
celle du Prophète (SAW), se présenta devant Abû Bakr
entouré d'un groupement d'al-Muhâjirîne et d'al-
Ançar. On dressa entre elle et les hommes une couverture en guise de
voile. Fâtimah poussa un long gémissement qui fit pleurer les gens
présents à tel point que l'assemblée trembla un instant.
Elle a attendu que leurs pleurs et leur tumulte s'apaisassent avant de leur
dire (après avoir adressé louanges à Allah gloire à
Lui et salué Son Messager (SAW)):
«Je suis
Fâtimah fille de Muhammad; je vous rappelle ceci: «Un Messager,
pris parmi vous, est venu à vous. Le mal que vous faites lui
pèse; il est avide de votre bien. Il est bon et miséricordieux
envers les Croyants». (V. 128/IX)
»Eh bien! Il est mon
père et non le vôtre, le frère de mon cousin ('Ali) et non
le vôtre» ... jusqu'à son propos suivant:
«Puis vous
prétendez que nous n'avons pas droit à l'héritage: «Recherchent-ils
le jugement de l'obscurantisme (la Jâhiliyyah)? Qui donc est meilleur juge
qu'Allah envers un peuple qui croit fermement?». (V. 50/V)
»Ô Ibn
Abî Quhâfah! Comment hérites-tu de ton père et
m'empêches-tu d'hériter du mien? Tu as fais là une
abomination; prends la donc vers toi toute prête à te rencontrer
le Jour de la résurrection où l'Arbitre le meilleur sera Allah,
le garant Muhammad (SAW); ce jour-là, les Tenants du Faux seront
perdants».
Ensuite elle se tourna
vers la tombe de son père (SAW) et dit quelques vers de poésie:
- Après toi des
nouvelles et une énormité eurent lieu ..(393)
Le narrateur dit:
«On n'a pas vu plu de pleureurs et de pleureuses qu'en ce
jour-là». Ensuite elle se rendit à la mosquée
d'al-Ançar où elle dit:
«Ô les
membres de la Communauté religieuse, ô les premiers protecteurs de
l'Islam! Pourquoi cette nonchalance envers le devoir de me soutenir et de
m'aider? Pourquoi ce doute semé envers mon droit? Pourquoi cette
somnolence devant l'injustice qui m'a été infligée? Le
Messager d'Allah (SAW) n'a-t-il pas dit «on protège l'homme dans
sa descendance»?
»Vous avez
très vite changé! Est-ce parce que le Messager d'Allah est mort
que vous avez fait mourir sa religion? Certes sa mort est un
événement grave, un grand déchirement pour lequel on n'a
pas de raccommodeur, une obscurité qui enveloppe la terre, fait trembler
les montagnes, désenchante les espoirs, jette le Harem dans l'abandon et
profane la dignité sacrée. Pourtant cet événement
fut prédit par le Livre d'Allah avant la mort du Prophète,
ajouta-t-elle: «Muhammad n'est qu'un Messager; des messagers ont
vécu avant lui. Retourneriez-vous sur vos pas, s'il mourait ou s'il
était tué? Celui qui retourne sur ses pas, ne nuit en rien
à Allah. Mais Allah récompense ceux qui sont reconnaissants».
(V. 144/III)
»Oh les
Banî Qaylah (Al-Ançars), je me fais spolier l'héritage de
mon père au vu et au su de ceux parmi vous (vous tous) qui en sont
informés et qui ont entendu la voix alors que vous constituez encore la
force et le nombre, le lieu et le bouclier, que vous étiez
l'élite d'Allah, que vous avez affronté les Arabes, tenu
tête aux épreuves les plus difficiles jusqu'à ce que le
moulin de l'Islam ait bien tourné, que ses mamelles aient bien
donné du lait et que la guerre menée par le polythéisme se
soit éteinte au profit du système religieux! Reculez-vous
après avoir avancé? Etes-vous après votre bravoure,
devenus lâches devant des gens «qui ont violé leurs
serments et attaqué votre religion, combattez alors les imams (les
chefs) de l'infidélité. Ils ne respectent aucun serment.
Peut-être cesseront-ils». (V. 12//IX)
»Je vois que vous
tendez plutôt vers le bas, vers le repos, reniant ainsi ce que vous avez
pourtant bien conçu «si vous êtes ingrats, vous et tous
ceux qui sont sur la terre, sachez qu'Allah se suffit à Lui-même
et qu'il est digne de louanges». (V. 8/XIV)
»Voilà, je
viens de vous dire ce que j'avais à dire bien que j'aie
été informée de l'abandon que vous avez mijoté et
de la faiblesse de votre conviction, prenez la donc, cette médaille de
la honte, cette monture du déshonneur qui conduit vers le feu
allumé, d'Allah, qui dévore jusqu'aux entrailles. Ce que vous
faites d'injustice Allah le sait parfaitement. «Les injustes
connaîtront bientôt le destin vers lequel ils se retournent».
(V. 227/XXVI)
Ibn Abîl-Hadîd
dit que le récit de Fadak et la présence de Fâtimah, chez
Abû Bakr eurent lieu dix jours après la mort du Messager (SAW). En
fait après cet événement là, personne selon les
narrations authentiques, ne souleva après Fâtimah, la question de
l'héritage prophétique.(394)
L'usage qu'ont fait les califes du Khums, du
patrimoine du Messager et de Fadak, son don à Fâtimah
A
l'époque d'Abû Bakr et de 'Umar
Plusieurs auteurs (voir
notes) rapportent à partir d'Al Hassan b. Mohamed b. al-Hanafiyyah qui
dit: «Les gens après la mort du Messager d'Allah (SAW)
divergèrent quant à l'usage qu'on devait faire de la part
dévolue (par le Coran) au Prophète (SAW) et de celle du Proche
parent. Certains étaient d'avis que la part du Prophète
reviendrait à son successeur. D'autres dirent que la part du Proche
parent devrait échoir aux proches parents du Prophète (1) ou
à ceux de son successeur (2). Finalement on en convient que cela serait
dépensé dans l'équipement et l'armement.(395)
Ainsi
l'affirmèrent dans d'autres versions, Ibn Abbâs, Qatâdah,
Jubayr b. Mut'am.
Le calife a fait cet
usage du Khums en raison des circonstances de l'époque et la
nécessité pour la nouvelle autorité de soumettre les
groupes qui s'étaient opposés à l'allégeance
d'Abû Bakr et refusaient de lui verser la zakât (le cas de
Mâlik b. Nuwayrah, par exemple). Ces opposants furent appelés les
renégats. Après la réduction de ces derniers à
l'obéissance, le califat forma des armées pour procéder
aux conquêtes. Celles-ci ont permis l'expansion et l'augmentation des
richesses de l'Etat. Le Khums fut alors distribué aux
Banî-Hâshim et d'autres bénéficiaires qu'eux.
Jâbir rapporte
ceci: «Le Khums était réparti dans la voie d'Allah et pour
parer aux difficultés des gens; quand la masse des richesses eut
augmenté, le calife fit un autre usage du Khums».(396)
Il semble que ce
changement eut lieu à l'époque de 'Umar. Celui-ci voulut
apparemment donner un certain pourcentage du Khums à Banî
Hâshim mais ils refusèrent le partage. Ibn 'Abbas le rapporta dans
sa réponse à Najdah le Kharijite: «Nous disions
que nous étions les (seuls) bénéficiaires de la part
dévolue légalement au Proche parent mais notre peuple nous refusa
cette réclamation et prétendit que le Proche parent en question
est Quraïsh tout entière».(397)
Dans d'autres versions:
«Quand 'Umar refusa de nous accorder cette part du Khums dans son
intégralité nous refusâmes d'en prendre une partie».
Le récit
rapporté par Al Bayhaqî, à partir de l'Imam 'Ali (a. s)
confirme l'information apportée à ce sujet par Ibn 'Abbas.(398)
A l'époque de 'Uthmân
Celui-ci donna le cinquième des revenus de
la première conquête d'Ifriqyâ à 'Abdullah b.
Abî Sarh, son cousin et frère par le lait. Le, cinquième
issu de la deuxième conquête fut accordé à son
cousin et beau-frère Marwân b. al-Hakam qui reçut aussi
comme fief (agricole) Fadak. A son cousin al-Hârith, il accorda
"al-Mahzûr" un emplacement de marché à
Médine, alors que cela fut consacré par le Messager d'Allah (SAW)
à l'intérêt général. A son oncle al-Hakam, il
accorda les revenus de la zakât, versés par Qudâ'ah... Selon
Al-Bayhaqî, les biens qui eurent été accordés par le
Prophète (SAW) à sa famille furent donnés par
'Uthmân aux siens. En fait, 'Uthmân, affirme Al-Bayhaqî, fit
preuve d'Ijtihâd et d'interprétation relativement au hadîth
selon lequel le Messager d'Allah (SAW) aurait dit: «Quand Allah pourvoit
un prophète d'un bien, le successeur du Prophète y aura droit
après lui. S'il n'en a besoin, il en fera bénéficier ses
proches».
Ainsi, 'Uthmân par Ijtihâd donna
à ses proches parents ce qui revenait de droit à ceux du
Prophète (SAW). Par Ijtihâd aussi, il donna le cinquième
aux membres de son clan, puis les recettes de la Zakât. Ensuite
d'Ijtihâd en Ijtihâd ... ça n'en finissait pas!!!
A
l'époque de l'Imam 'Ali (a. s.)
Celui-ci n'a pas pu
changer les "traditions" établies par Abû Bakr et 'Umar
en particulier dans le domaine des droits financiers d'Ahlul-Bayt.
A l'époque de Mu'âwiyah
L'Ijtihâd de Mu'âwiyah en
matière des privations infligées aux proches parents du
Prophète (SAW) ressemblait à celui de ces
prédécesseurs. Il les surpassa néanmoins (en
cupidité) puisqu'il a donné l'ordre que toute merveille
argentée ou dorée issue du butin de guerre lui fût
exclusivement réservée.(399)
A
l'époque de 'Umar b. Abddil-'Azîz
Ce calife essaya de
respecter les textes Shar'î en restituant à la descendance du
Prophète une partie de leurs droits financiers (Al-Khums) et Fadak. Mais
il mourut d'une mort qui reste pour nous de cause inconnue.
Après Ibn Abdil-'Azîz
Par Ijtihâd, Yazîd b. 'Abdil
Mâlik récupéra la terre de Fadak, de nouveau.
As-Saffâh (l'Abbasside) le rendit aux descendants de Fâtimah.
Ensuite, par Ijtihâd, Al-Mançur se l'appropria. Al-Mahdî l'a
rendue aux descendants de Fâtimah; ce que Mûssâ b.
al-Hâdî refusa de suivre. Mais, par après Al-Mamûn la
leur rendit jusqu'à ce qu'Al-Mutawakkil qui, par Ijtihâd, en fit
un fief en faveur de 'Abdullah al-Bâzyâr.(400) qui coupa onze des dattiers que le Messager (SAW)
avait lui-même plantés. Ce fut donc l'essentiel de ce qui nous est
parvenu comme information au sujet du Khums et du patrimoine prophétique
...
Pour ce qui est de la position de l'Ecole
d'Ahlul-Bayt (a. s.) on a vu dans une section précédente que deux
points la caractérisent: le Khums d'une part (ne concerne pas seulement
le butin de guerre en général ou celui de Badr en particulier)
(comme le prétendent certains partisans de l'Ecole des califes) mais
englobe aussi les bénéfices et les autres acquisitions. D'autres part, le Khums fut institué par
révélation au profit des six ayants droit mentionnés dans
le verset ...
Il doit donc être partagé en six
parts. Les trois premières qui reviennent à Allah, à son
Messager et au proche parent, incombent après la mort du Prophète
à chacun des douze Imams (a. s.). Les trois autres parts doivent répartis
entre les nécessiteux parmi les Banî Hâshim (orphelins,
pauvres, voyageurs en détresse).
6- L'Ijtihâd du
calife 'Umar dans la question des deux Mut'ah (actes de
jouissance)
'Umar prohiba les deux mut'ah,
celle du pèlerinage et celle des femmes. Ahmed dans son Musnad
a rapporté ce récit à partir de Jâbir b. 'Abdillah
al- Ançârî: «Nous avons pratiqué les deux
jouissances celle du pèlerinage et celle des femmes à
l'époque du Prophète. Quand 'Umar nous les avait interdites, on
s'en est abstenu».(401)
Un autre récit
similaire est rapporté à partir de Sa'îd b. al-Musayyab.(402)
L'autre récit
est rapporté à partir de 'Umar lui-même: «Deux
jouissances étaient de vigueur du vivant du Messager d'Allah (SAW); je
les interdis et sanctionne quiconque les pratique: celle du pèlerinage
et celle des femmes».(403)
Ce sont là deux
pratiques de l'Ijtihâd, de la part du calife 'Umar, dans deux
dispositions législatives islamiques. Etudions successivement chacune de
ces deux questions.
A - Le pèlerinage de jouissance
D'après Al-Bukhârî, Muslim,
Ahmed, Al-Bayhaqî et d'autres traditionnistes, Ibn 'Abbâs dit
à propos des polythéistes dans la période
antéislamique (Al-Jâhiliyyah): «Pour eux la perversion la
plus abominable sur terre était de pratiquer Al-'Umrah (le petit
pèlerinage) pendant les moins d'Al-Haj (le grand
pèlerinage)».(404)
La tradition du
Messager (SAW) en matière d'Al-'Umrah
Ibn al-Qayyim dit:
«Le Messager d'Allah (SAW) effectua quatre petits pèlerinages
(Al-'Umrah) après son émigration, tous dans le mois Dhu al-Qi'dah(405) , le but ayant
été de faire différemment des Polythéistes qui
détestaient cet acte rituel quand il était effectué en
période d'Al-Haj. Cela prouve que faire Al-Umrah pendant les moins
consacrés au grand pèlerinage a sans aucun doute plus de valeur que
si elle était effectuée dans le moins de Rajab.(406)
La question est
tranchée par le texte sacré le Coran qui dit:
«...
Quiconque jouira d'une vie normale entre le petit et le grand
pèlerinages, enverra l'offrande qui lui sera facile ...». (V.
196/II)
Le Prophète
(SAW) l'institua à son tour pendant le pèlerinage d'Adieu qu'il
décida d'effectuer le mois Dhul-Qi'dah en l'an dix de l'hégire.
Toute la presqu'île arabique, avec une bonne partie du Yaman avaient
embrassé l'Islam. Beaucoup de monde affluèrent donc à
cette époque à Médine pour assister au pèlerinage
du Prophète (SAW) et le suivre dans la pratique du culte et du rituel.
Les épouses, les Ahlul-Bayt (a. s.), l'ensemble
d'al-Muhâjirîne et d'al-Ançar et une multitude innombrable
de tribus arabes et de gens accompagnaient le Prophète (SAW) qui
«était parmi nous», disait Jâbir, «et recevait
la Révélation coranique dont il connaissait
l'interprétation et la juste matière de l'accomplir».(407) A Wadî
al-'Aqîq (en route vers Makkah), le Prophète (SAW) dit à
'Umar: «Il m'est révélé que "le petit
pèlerinage" (Al-'Umrah) pénètre dans Al-Haj (le grand
pèlerinage) et ce jusqu'à la fîn des temps». Quand
vous aurez fait la circumanbulation autour de la Maison d'Allah et entre
Ad-çafâ et Al-Marwah, vous romprez votre sacralisation, si vous
voulez, à moins que vous ayez amené une offrande (une bête
à immoler à Minan, à la fin du rituel); dans ce cas, on ne
devra pas rompre par quelque jouissance que ce soit «avant que
l'offrande n'ait atteint sa destination». (V. 196/II). Dans un
deuxième temps, le Prophète (SAW) réitéra
l'instruction relative au petit pèlerinage (Al-'Umrah), 'Aïsha (r.
d.) dit: «Certains de ses Compagnons se saisirent de la nouvelle loi;
d'autres n'en voulurent pas».(408) D'abord à
Al-'Aqîq (il le dit à 'Umar seulement) puis à 'Asfân
(il le dit à Surâqah), enfin à Saraf, il a transmis le
contenu de la nouvelle disposition à l'ensemble de ses Compagnons.
L'auteur dit à ce propos: il semble que le Prophète (SAW) a voulu
faire une communication progressive de la nouvelle disposition rituelle que les
Quraïshites (originaires de Makkah) jugèrent certainement comme
extravagante (avant l'Islam c'était la plus abominable des perversions!)
Une fois entre
As-çafâ et Al-Marwah(409), le Prophète
(SAW) ne put reporter à plus tard l'ordre divin et le transmit alors
ainsi à tous les pèlerins: «que celui qui n'a pas
amené l'offrande convertisse son pèlerinage en 'Umrah. Je
l'aurais fait le premier si je n'avais pas apporté l'offrande. Aucune
sacralisation ne pourra donc être rompue avant que l'offrande n'ait
atteint sa destination».(410) Quand Surâqah
lui eut demandé si Al-'Umrah pénètre dans la
période d'Al-Haj pour l'année en cours seulement ou pour
toujours, le Prophète (SAW) lui répondit que ce serait pour
l'éternité (2 fois).
Là, ceux qui
croyaient que l'accomplissement de l'Umrah en temps du grand pèlerinage
était interdit, trouvèrent ce nouvel ordre prophétique
énorme et insupportable. Ils posèrent question sur question au
Messager d'Allah (SAW) qui, sans relâche, leur expliquait comment ils
devaient faire. «Jouissez donc de la vie normale jusqu'au jour
d'At-Tarwiyah (le 8e jour Dhul-Hijjah) où vous devriez formuler l'intention
d'accomplir le hadj (la sacralisation)». Certains Compagnons
n'hésitèrent pas à s'exclamer devant le Prophète
(SAW) en guise d'opposition: «Comment pouvons-nous jouir d'Al-'Umrah alors que nous avons visé Al-Haj?».
D'autres dirent carrément: «Il ne reste que cinq jours à la
station 'Arafah et voilà qu'il (le Prophète) nous ordonne de
rompre la sacralisation, de jouir de la vie normale de toucher à nos
femmes de façon à nous y rendre avec nos "sexes"
mouillés!». Les dires se propageaient et le Prophète s'est
mis en colère.
Chez Aïsha, il
s'expliqua: «J'ai un ordre et je ne suis pas suivi (obéi)».(411)
Par après, il
donna un sermon dans lequel il rappela qu'il était «le plus pieux
et le plus respectueux des rites, que s'il n'avait amené l'offrande avec
lui, il aurait rompu le grand pèlerinage pour entamer et achever une
'Umrah». «Jouissez donc, touchez au parfum et aux femmes comme fond
des gens en désacralisation et le jour d'At-Tarwiyah, de nouveau
abstenez-vous-en pour Al-Haj».(412)
Ils n'ont aussi
obéi que difficilement. Al-'Umrah fut donc accomplie pendant la
période qui était autrefois réservée au Hadj
à l'exception de Aïsha qui était indisposée et qui
devait, après son lavage rituel et après Al-Haj, sortir de Makkah
en compagnie de son père 'Abdurrahmân jusqu'à Tan'îm,
y formuler l'intention d'une 'Umrah et revenir l'accomplir. Ainsi, elle non
plus n'aura pas singularisé Al-Haj.
Après la mort du
Prophète (SAW), Abû Bakr singularisa Al-Haj (l'a fait à
l'exclusion d'Al-Umrah), 'Umar fit de même et dit: «Séparez
entre le grand et le petit-pèlerinages, que la 'Umrah soit
effectuée en dehors de la période consacrée au
Haj!». Quand Abû Mûssâ lui eut demandé les
raisons de ce changement, il répondit (par une interprétation):
le Coran dit: «complétez Al-Haj et Al-'Umrah et dans la sunnah de
notre Prophète (SAW) il n'a accompli Al-'Umrah qu'après avoir
achevé le rituel d'Al-Haj».
Abû
Mûssâ n'a pas osé lui rétorquer que le
Prophète n'avait agi ainsi qu'à cause des offrandes qu'il avait
amenées avec lui et que le cumul des deux pèlerinages se trouve
bel et bien dans le Coran. L'Imam 'Ali, par contre, lui dit ceci: «Celui
qui jouira de la 'Umrah aura appliqué le Livre d'Allah et la sunnah de
Son Messager!». Par après 'Umar se vit obligé de
déclarer ouvertement et sans détour sa position à ce
sujet: «Deux jouissances étaient d'application à
l'époque du Messager d'Allah et moi, je les interdis et je sanctionne
à leur sujet ...».
Le but était,
semblait-il, d'empêcher le reste des Compagnons de suivre l'Imam 'Ali et
la tradition prophétique rapportée afin que sa position ne soit
pas affaiblie. Il a aussi expliqué les raisons de sa prohibition du
pèlerinage de jouissance:
«Je
déteste, dit-il, que les hommes (à Makkah) jouissaient de leurs
femmes sous les arbres puis allèrent en pèlerinage, les cheveux
mouillés (en raison du lavage consécutif aux rapports sexuels).
Les habitants de Makkah
n'ont ni troupeaux (importants) ni culture céréalière;
leurs recettes ne venant que de l'apport des pèlerins (il faut donc que
ceux-ci fassent le petit-pèlerinage dans une autre période de
l'année pour en faire profiter les Mekkois).
On voit que les
mêmes propos par lesquels on avait envisagé le Prophète
lors de son institution du pèlerinage de jouissance, furent repris par
ce calife quraïshite. 'Uthmân lui emboîta le pas. Mais l'Imam
'Ali (a. s.) afficha de nouveau son opposition et dit à 'Uthmân:
«Tu as osé prohiber une sunnah prophétique instituée
au profit de pèlerins nécessiteux et des gens qui habitent
très loin de Makkah! (Pour que sa défense de la sunnah ne soit
pas théorique seulement). l'Imam 'Ali (a. s.)
formula sur-le-champ l'intention de cumuler la même année, Haj et
Umrah; 'Uthmân recula alors d'un pas et dit: «Je n'ai rien
prohibé, ce n'était qu'une opinion personnelle que j'ai
donnée!» Mais, dans une autre version 'Uthmân dit à
'Ali: «La fais-tu alors que je l'interdis?» L'Imam (a. s.)
répondit: «Oui, je n'aurais pu délaisser une sunnah du
Messager d'Allah pour suivre les paroles de personne d'autre».(413)
Mais aux yeux de
'Uthmân, les Compagnons qui avaient cumulé avec 'Ali les deux
pèlerinages n'avaient pas la même immunité que lui. Aussi
les condamna-t-il à être frappés et rasés!
A l'époque de
Mu'âwiyah, Sa'd lui dit: «certes, le pèlerinage de
jouissance est une belle et bonne chose!». Mu'âwiyah lui
répliqua: «'Umar la prohibait».
Le même argument
sera donné un jour par le général des forces
"spéciales" de Mu'âwiyah Ad-Dahâk qui dit:
«N'accomplit le pèlerinage de jouissance que celui qui ignore
l'ordre d'Allah». Comme argument, il dit simplement: «'Umar l'a
interdit». On rapporte aussi que Mu'âwiyah fit fabriquer un
récit qui imputait au Prophète (SAW) l'interdiction de pratiquer
Al-'Umrah en temps d'Al- Haj. Malgré l'opposition des autres Compagnons,
Mu'âwiyah, y insistait.
Le terrorisme
était à cette époque si dur qu'un Compagnon comme
'Imrân b. Huçayn, garda le silence à ce sujet
jusqu'à la fin de sa vie. A quelqu'un qui lui avait juré de ne
rien dire s'il devait rester encore en vie, ce Compagnon lui dit que le
Prophète (SAW) avait effectivement cumulé les deux
pèlerinages et prohibé de le faire. Aucun verset abrogeant ne fut
descendu par après pour changer ce jugement. Seulement, quand le
Prophète (SAW) est mort, un homme a donné à ce sujet une
opinion personnelle.(414)
De ce qui
précède, nous constatons que cette époque fut
caractérisée par deux choses:
a)- La tradition de
'Umar était prise comme un culte à suivre et à faire
respecter (le propos de Mu'âwiyah et de son général
Ad-Dahâk).
b)- L'invention des
hadîths pour consolider la position de 'Umar et sa tradition.
Cela a perduré
après l'époque de Mu'âwiyah. A Makkah, par exemple, les
fils d'Az-Zubayr (Abdullah et 'Urwah) interdisaient aux gens d'accomplir le
pèlerinage de jouissance en temps d'Al-Haj alors qu'Ibn Abbâs la
leur recommandait. Quand les partisans de l'Ecole des califes lui eurent dit:
«Jusqu'à quand continueras-tu à égarer les gens en
les incitant à accomplir Al-'Umrah en période d'Al-Haj alors
qu'Abû Bakr et Umar l'on interdit?» Ibn 'Abbâs dit: «Je
crois qu'ils vont périr. Je leur annonce: le Prophète dit (ceci
ou cela) et eux me disent: Abû Bakr et 'Umar ont interdit...».
On en venait même
aux disputes et aux insultes - 'Urwah, alors, inventa un hadîth qui fit
dire au Prophète (SAW) l'ordre de singulariser (faire uniquement) Al-Haj
lors du pèlerinage d'Adieu. Comme références, il cita sa
mère et sa tante mais celles-ci dirent: nous avons accompli la 'Umrah
lors du pèlerinage d'Adieu.
Après 'Urwah,
d'autres inventions de hadîths virent le jour, imputés à
'Ali b. Abî Tâlib, à Abû Dhar qui auraient dit que
l'accomplissement d'Al-'Umrah était l'apanage
des Compagnons du Prophète (SAW).
Malgré cet
acharnement à agir contre cette sunna du Prophète, les curs des
gens s'y attachaient non parce qu'ils ne voulaient pas suivre la sunnah de
'Umar mais parce qu'ils ne pouvaient pas le faire: tous les Musulmans ne sont
pas à même de se rendre du fin fond du monde islamique à
Makkah, deux fois par an, une pour le Haj et l'autre pour la 'Umrah ...(415)
(Questions
d'Al-Khurasânî adressées à Hassan
Al-Baçrî, et celles adressées à Mujâhid).
Ainsi la sunnah de 'Umar s'effrita sous le coup de la réalité
vécue par les pèlerins - on disait jadis: «Si tu veux qu'on
ne t'obéisse pas, demande alors ce dont on n'est pas capable!».
Certains Musulmans qui ne pouvaient faire le Haj en exclusivité,
délaissèrent donc tout à fait l'ordre de le
"singulariser". D'autres firent l'amalgame des deux
pèlerinages sans rompre leur sacralisation, d'autres en fin, comme les
Hanbalites, ignorèrent tout à fait l'innovation de 'Umar.
Toutefois, les Musulmans n'ont jamais négligé à travers
les siècles, de justifier les actes des califes, de rapporter des
récits à partir du Prophète (SAW) de sa famille et de ses
Compagnons pour soutenir l'opinion des califes et par-là même leur
politique. Quand ils ont frappé, c'était pour éduquer
(leurs sujets). Quand cela aboutit à l'erreur, cela rentra sous la
rubrique de l'Ijtihâd. Enfin, on arrive à ceci: Allah dit, le
Messager dit, 'Umar ijtahada, toutes, des locutions qui comportent des
décisions législatives islamiques!!!
Exemple et enseignement
Malgré l'accomplissement du
pèlerinage de jouissance par plus de soixante-dix mille pèlerins
qui n'ont pas seulement entendu le Prophète (SAW) le leur recommander
mais l'ont mis en pratique sous ses yeux et sa vigilance, le calife 'Umar a
réussi à l'interdire aux Musulmans et à sanctionner ceux
qui osèrent déroger à son ordre.
Le soutien qu'il avait obtenu auprès des
Compagnons et des Tâbi'îne qui n'ont pas hésité
à inventer des récits selon lesquels le Prophète (SAW)
aurait interdit comme 'Umar, la 'Umrah en temps du Haj, constitue un exemple
(éloquent) des autres lieux de leur Ijtihâd en opposition avec les
textes sacrés (le Coran et la sunnah) et de l'obéissance qu'ils
ont eue des Compagnons et des Tâbi'îne. Pour nous il y a là
un enseignement précieux: comme les motivations qui poussaient les
califes à supprimer le pèlerinage de jouissance étaient
moins fortes que celles relatives à la prise du pouvoir, il
n'était donc pas anormal qu'ils s'opposaient au Messager (SAW) quant
à la désignation de l'Imam 'Ali (a. s.) à la succession le
Jour de Ghadîr Khum!!!
Les récits ont
été successivement rapportés au sujet de l'interdiction du
pèlerinage de jouissance et du mariage de jouissance par le calife 'Umar.(416) Il s'agit à
présent d'étudier la prohibition du mariage temporaire, ses
raisons et l'Ijtihâd à ce propos. L'Ecole des califes
définit ce mariage comme suit: «C'est le contrat établi par
un homme et une femme afin de se marier, en présence de deux
témoins et après autorisation du tuteur matrimonial (walî)
pour une durée déterminée. Après cette
durée, l'homme n'aura aucun droit sur elle. Elle sera assujettie au
délai de viduité. L'enfant né de ce mariage est sans aucun
doute de filiation reconnue. Sa retraite légale est d'un flux menstruel.
Entre les deux, le droit successoral n'est pas d'application. Si après
la durée de ce mariage, ils voulaient renouer, il devra lui verser un
nouveau douaire».
L'Ecole d'Ahlul-Bayt
définit le mariage de jouissance comme suit: «C'est le contrat par
lequel une femme se marie à un homme ou la lui marie son mandataire ou
son tuteur (walî) si elle était mineure. Ne sera licite que s'il
n'a y a pas d'empêchement par la parenté, par l'alliance par le
lait, par le délai ou par engagement matrimonial
précèdent: à condition de verser un douaire à la
femme et de préciser la durée de l'union conjugale. Après
celle-ci (ou si le mari fait grâce de ce qui en reste) les liens du
mariage se rompent (automatiquement). Après la séparation, la
femme doit respecter un délai de viduité de deux flux menstruels
en cas de consommation du mariage et si la femme n'a pas atteint la
ménopause. Si la femme connaît le flux menstruel, le délai
de viduité sera de quarante cinq jours. Si le mariage n'est pas
consommé, le cas sera comme celui de la femme répudiée
avant la consommation du mariage, c'est à dire que la femme ne sera pas
assignée à un délai de viduité. L'enfant né
du mariage temporaire a le même statut que l'enfant né du mariage
permanent».
Le mariage de jouissance dans le Livre d'Allah
Allah gloire à Lui dit: «Versez le
douaire prescrit aux femmes dont vous avez joui ...». (V. 24/IV)
Dans le Muçhaf d'Ibn 'Abbâs, où
il avait à côté du Coran, le commentaire ou le Tafsîr
choisi: «... aux femmes dont vous avez joui pour une durée
déterminée». L'ont lu ainsi, en plus d'Ibn 'Abbâs,
Ubayd b. Ka'b, Sa'îd b. Jubayr et As-Suddîy et l'ont
rapporté d'eux Qatadah et Mujâhid».(417)
Le mariage de
jouissance dans la sunnah
'Abdullah b.
Mas'ûd, Jâbir, Salamah b. al-Akwa', Sabrah, Al-Juhnîy,
Abû Sa'îd al-Khudrî, tous rapportèrent les
hadîths relatifs à l'autorisation du mariage temporaire par le
Prophète (SAW).
Jâbir
précise l'évolution de l'affaire: «Nous avons
pratiqué la mut'ah en échange d'un bien (dattes ou farine)
à l'époque du Messager d'Allah, d'Abû Bakr et de 'Umar.
Mais ce dernier vers la fin de son califat la prohiba suite à un mariage
de jouissance contracté par 'Amru b. Hurayth, qui a abouti à la
grossesse de l'épouse».(418)
La même histoire
est racontée sur le compte de 'Amru b. Hawshab qui l'avait
contracté sans avoir fait assister de témoins. Ce mariage, par
l'interdiction de 'Umar, devient alors illicite dans la société
islamique.
Mais 'Umar persista et
signa. Le prouve cette conversation entre 'Umar et 'Imrân b.
Sawâdah qui raconte:
- Naçihah
(un bon conseil)! Lui proposai-je.
- Bienvenue au
conseiller! Vas-y.
- Ta Communauté
te reproche d'avoir interdit la 'Umrah en temps du Haj alors que le Messager
d'Allah ne l'avait pas fait ni Abû Bakr.
- Oui, mais s'ils
voyaient que cela suffisait comme 'Umrah, alors Makkah resterait vide de ses
pèlerins!
- On dit aussi que tu
as rendu illicite le mariage de jouissance alors que c'était une
grâce d'Allah, en échange d'une poignée de dattes (par
exemple) on se marie et au bout de trois jours on se sépare!
- Oui, le
Prophète l'avait autorisé en un temps de nécessité.
Après, les gens sont entrés dans l'aisance. Aujourd'hui celui qui
veut le faire qu'il le fasse mais il doit le finir par un divorce.
L'auteur dit: est-il
convenable (en Islam) qu'on rend illicite ce qu'Allah a permis en temps du
pèlerinage pour la simple raison que Makkah manquerait de
pèlerins le reste de l'année?!
De même, (le
Prophète (SAW) avait institué le mariage de jouissance en une
période de voyage) était-il nécessaire à
l'époque du Prophète seulement? Que ferait alors l'homme qui,
dans d'autres temps, passait des mois voire des années en voyage? Et
l'homme qui ne peut contracter un mariage permanent dans son pays,
s'opposerait-il à ses instincts ou bien violerait-il la loi de la
société en secret ou encore celle-ci lui permettrait de recourir
carrément à la fornication (zina)?
Quand 'Umar dit:
«Oui, qu'il le fasse mais que cela finisse par un divorce, si les deux
conjoints s'étaient ainsi mis d'accord (la séparation
après 3 jours) c'est bel et bien un mariage de jouissance; si, par
contre, seul l'époux avait eu l'intention de se séparer avec la
femme après un certain temps passé avec elle, cela s'appellerait:
trahison envers la femme. Or l'Islam condamne la trahison».
Cette conversation
qu'avait eue le calife 'Umar, ses autres interventions au sujet du mariage de
jouissance, les récits rapportés par les Compagnons à
partir du Messager d'Allah (SAW) confirment la légalité
d'Al-Mut'ah pendant l'époque du Prophète, d'Abû Bakr et de
'Umar, prouvent que les narrations postérieures à partir du
Prophète (SAW) qui aurait interdit le recours au mariage temporaire, ont
été inventées après le califat de 'Umar qui aurait,
si ces hadîths avaient été connus à son
époque, argué de leur contenu pour soutenir sa thèse.
C'était donc
'Umar et non le Prophète (SAW) qui l'avait prohibé. D'où cette
affirmation célèbre rapportée à partir de 'Ali et
d'Ibn 'Abbâs: «Si 'Umar ne l'avait pas interdit, n'aurait commis
l'adultère qu'un misérable». C'est pour cela
qu'après le Messager d'Allah, des Compagnons sont restés
fidèles au caractère licite du mariage temporaire: 'Ali, Ibn
Mas'ûd, Ibn 'Abbâs, Asmâ', Abû Sa'îd
al-Khudrî, Jâbir, Salamah et Ma'bad fils d'un Umayyade,
Mu'âwiyah et 'Imrân b. al-Huçayn. Parmi les
Tâbi'îne: Tâwûs, 'Atâ, Sa'îd b. Jubayr et
les juristes de Makkah et du Yaman. Ceux qui optèrent, par contre, pour
l'opinion de 'Umar, ils se sont accrochés aux récits
inventés sur le compte du Prophète (SAW) et à
l'Ijtihâd de 'Umar devenu pour eux un véritable culte.
Ainsi les actes des
Compagnons qui ont fait preuve d'Ijtihâd ou d'interprétation
furent érigés en sources de législation islamique.
D'où cette contradiction courante entre des hadîths se rapportant
au même sujet: des récits disent par exemple que le
Prophète n'a fait durant le pèlerinage d'Adieu que le Haj;
d'autres disent qu'il ordonna à ses Compagnons d'accomplir le
pèlerinage de jouissance ...
La raison de cette
contradiction devient claire: certains hadiths furent inventés pour
soutenir la position des califes en opposition avec ceux du Prophète
(SAW). D'où cette règle (admise dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt) qui
stipule ceci: chaque fois qu'on se trouve devant deux hadîths
contradictoires, il faudra mettre à l'index celui qu'on trouve conforme
à l'opinion du pouvoir politique en place.
Après avoir défini l'Ijtihâd,
Ad-Dawâlibî(419) dit que les Compagnons y recouraient chaque fois
qu'ils ne trouvaient pas de disposition coranique ou prophétique
relativement au sujet traité. En faisant de l'Ijtihâd, les
Compagnons ne se basaient pas sur des règles précises ou des
critères connus. Ils partaient seulement de l'esprit des lois qu'ils
avaient ... Cette connaissance implicite (intuition?) ne sera pas
partagée entièrement par ceux qui viendront après eux.
Alors l'Ijtihâd connut une évolution sensible ... en rapport avec
le milieu social du Mujtahid. D'où les controverses scientifiques en
matière de législation au fur et à mesure qu'on
s'éloignait de l'époque de la Révélation. Les
spécialistes en la matière s'attelèrent alors à la
formation des règles de l'Ijtihâd, une science appelée
Uçul al-Fiqh. L'existence de ces règles dans le cadre de cette
nouvelle science caractérise l'Ijtihâd durant le deuxième
siècle de l'hégire. Avant, seul le goût sain du juriste
(l'esprit scientifique) lui faisait découvrir les secrets de la
Shari'ah. Cet esprit des lois, était le seul critère(420) dans ce domaine.
Le même auteur dit que les sources du
jugement (Shar'î) reconnues par le Coran sont:
1- Le Coran.
2- La sunnah (prenez ce que le Messager vous donne)
3- Al-'Ijmâ (le consensus)
4- L'Ijtihâd (l'effort de déduction et
d'interprétation).
Leurs arguments
pour fonder l'Ijtihâd
a- Le récit de Mu'âdh
Ad-Dârimî (Sunan) rapporte ce
récit: quand le Prophète (SAW) voulut envoyer Mu'âdh au
Yaman il lui demanda:
- Comment vas-tu statuer?
- En me basant sur le Livre d'Allah,
répondit Mu'âdh
- Si tu n'y trouves pas ?
- Je me référerai alors à la
sunnah du Messager d'Allah (SAW)
- Si tu n'y trouves pas non plus?
- Ajtahidu, je ferai des efforts de mon mieux (pour
trouver le jugement adéquat).
Alors le Prophète (SAW) tapa sur ma poitrine
et dit: «Louange à Allah qui guida l'émissaire du Messager
d'Allah (SAW)».(421)
b- Le
récit de 'Amru b. al-'As
Al-Bukhârî,
Muslim et Ahmed rapportent à partir de 'Amru que le Messager d'Allah
dit: «Si le juge fait un effort d'interprétation (ijtahada)
et que son Ijtihâd s'avère juste, il aura droit à une
double rétribution; si par contre, il s'y est trompé, il n'en
aura droit qu'à une seule».(422)
c- La lettre de
'Umar b. al-Khattâb, adressée à Abû Mûsâ
al-Ash'arî
Dans cet écrit,
il est dit: «D'abord comprends bien ce qui se meut dans ton esprit, ce
que tu ne trouves pas relaté par le Livre et la sunnah. Ensuite, par
analogie, fais les déductions nécessaires ...».(423) Ce sont les principaux
arguments avancés par les partisans de l'Ijtihâd; les autres ne
méritent pas d'être discutés en raison de la faiblesse de
la chaîne de transmission et de son incompatibilité avec le sujet
traité.
Pour ce qui est du
récit imputé à Mu'âdh, Ibn Hazm l'a jugé
ainsi:
«Il n'est pas licite
de le présenter comme argument à cause de sa chute (sic) car il
ne fut rapporté que par l'intermédiaire d'Al-Hârith b.
'Amru; or ce dernier est inconnu. Al-Bukhârî dit dans son Târikh
al-Awçat: «On ne connaît Al-Hârith que par la
narration de ce récit et il n'est pas authentique». Ensuite
Al-Hârith rapporta des hadiths à partir des hommes habitant Hims,
inconnus à leur tour. Ce hadîth ne fut pas connu des Compagnons
qui n'en ont jamais parlé, ni à l'époque des
Tâbi'îne. Quand Abû 'Awn l'eut pris d'on ne sait qui, les
partisans de l'opinion personnelle dans l'Ijtihâd le trouvèrent
chez Shu'bah - et s'envolaient avec dans tous les airs et le diffusèrent
partout dans le monde alors qu'il est faux et sans fondement».(424)
Ensuite, dit-il, ce qui
prouve que c'est un récit faux, cette vérité claire et
nette que le Messager d'Allah (SAW) ne put en aucun cas dire: «Si tu ne
trouves pas dans le Livre d'Allah ni dans la sunnah de Son Messager» alors
que son Seigneur lui dit: «Suivez ce qui est descendu sur vous, de la
part de votre Seigneur». (V. 3/VII)
«Aujourd'hui,
J'ai rendu votre Religion parfaite...» (V. 3/V), et cet autre
verset: «... Celui qui transgresse les lois d'Allah se fait tort
à lui-même». (V. 1/LXV)
En plus, de par la
tradition du Prophète (SAW) il est illicite d'introduire l'opinion dans
le domaine religieux.
Même en supposant
que ce récit est authentique, "Ajtahidu ..." de Mu'âdh
signifierait: je continuerai à faire des efforts jusqu'à ce que
je trouve la vérité dans le Coran et la sunnah ...
En parlant du
récit rapporté par 'Amru b. al-'As, Ibn Hazm dit: «Ce
récit est un argument qui va à leur encontre car il stipule que
le juge vise juste et se trompe. Donc il est illicite de juger en
matière de religion en raison de l'erreur (qui pourrait s'y glisser).
Jamais Allah n'a permis le passage (l'acceptation) de l'erreur dans le
jugement. Leur attachement à ce hadîth est donc nul».(425)
Après avoir
rapporté la lettre de 'Umar, susmentionnée, par le biais de deux
chaînes de transmission, Ibn Hazm dit: ce récit n'est pas
authentique car dans la première chaîne il y a 'Abdul Mâlik
b. al-Walîd b. Ma'dân et c'était, chez tous, un Kufî'
ayant des hadîths délaissés et il était de
père inconnu. Pour ce qui est de la deuxième chaîne, entre
Al-Karjî et Sufiân, le rapporteur est inconnu. Le récit
souffre aussi d'une rupture dans sa narration. Il est nul comme argument.(426)
Notre discussion de leur propos sur
l'Ijtihâd
Au premier siècle de l'hégire,
l'Ijtihâd était compris dans son sens propre qui veut dire dans la
langue arabe: fournir l'effort dans une question donnée. Les
hadîths de Mu'âdh et Ibn al-'As comportent le terme d'Ijtihâd
utilisé dans son sens premier.
Ensuite le contenu des deux hadîths est hors
propos. Ils traitent de la question du jugement en justice et non de la
qualité de légiférer chez les Mujtahidîne. On peut
dire la même chose de la lettre de 'Umar et des autres arguments
avancés qui, malgré le caractère apocryphe de leur
origine, traitent de la justice à émettre et non de la
législation à déduire.
Même en matière de justice, les deux
hadîths ne supportent pas l'argumentation voulue. Que signifie le
hadîth de Mu'âdh, par exemple?: les lois
islamiques dans le Livre d'Allah et dans la sunnah sont de deux sortes: il y a
celles qui se trouvent dans le Livre et/ou la sunnah d'une façon
explicite ou même détaillée et d'autres qui s'y trouvent
aussi mais contenues dans un principe global qu'il incombe au juge de
découvrir et d'expliciter en fournissant l'effort nécessaire pour
y parvenir.
La manière dont les savants de l'Ecole des
califes présentent leur argumentation prouve qu'ils croient en
l'existence d'un manque ou de lacunes dans la législation islamique
transmise par le Messager. Cet état de choses nécessite chez eux
le recours des juges et des juristes au droit de légiférer dans
des domaines négligés par la Shari'ah.
La
déduction des règles juridiques à partir des actes des
Compagnons
L'Ijtihâd dans
l'Ecole des califes, est de trois sortes:
1- L'explication des
textes du Livre et de la sunnah.
2- Juger par analogie
aux jugements qui se trouvent dans le Livre et la sunnah.
3- L'opinion
personnelle (du Mujtahid) qui ne repose pas sur un texte particulier mais
seulement sur l'esprit de la Shari'ah - qui se trouve infuse dans l'ensemble de
ses textes et sur l'esprit de l'utilité selon leur adage: «Le but
de la shari'ah - est de servir l'intérêt général; là
où ce but se trouve atteint, réside en fait la Shari'ah
d'Allah» et cet autre principe: «Ce que les Musulmans trouvent
bien, il est bien auprès d'Allah aussi».
L'auteur cite
Ad-Dawâlibî (Al-Madkhal Ilâ 'Ilm Uçul al-Fiqh)
dans son exposé sur les règles des fondements de la jurisprudence
dans l'Ecole des califes: Al-Ijmâ', Al-Qiyâs, Al-Istihsân,
Al-Istiçlâh. Il parla aussi du changement introduit dans la loi
à cause de l'évolution des temps, citant Ibn al-Qayyim
(A'lâm al-Muwaqqi'îne) qui après avoir exposé les
questions à propos desquelles 'Umar b. al-Khattâb s'était
opposé aux textes divins, prétendit que 'Umar, en vertu de la
règle précédente (le service de l'intérêt
général) se permit de changer la loi (la répudiation par
trois fois introduite par 'Umar, par exemple).
En guise de conclusion,
l'auteur dit ceci: ainsi toutes les règles de l'Ijtihâd dans
l'Ecole des califes convergent vers la considération de l'opinion
personnelle. En plus, celle-ci prime parfois dans cette Ecole sur le texte
divin (Shar'î). L'imam de l'Ecole d'Ar-Ra'y (l'opinion personnelle)
déclarait souvent que son avis personnel avait la primauté sur le
hadîth prophétique.
L'imam des Hanafites et le recours à
l'opinion personnelle
Al-Khatîb al-Bagdâdî rapporte
(dans Târîkh Bagdad) à partir de Yûsuf b.
Asbât: «Abû Hanîfah dit: «si le Messager d'Allah
était resté en vie jusqu'à mon époque ou si moi
j'avais été à la sienne, il aurait pris beaucoup de mes
propos et décisions; la religion est -elle
autre chose que la bonne opinion?».(427)
'Ali b. 'Açim rapporte ceci: «Nous
avons proposé un hadîth à Abû Hanifah mais ce dernier
dit: «je n'en veux pas du Prophète?». «Non, je ne le
prends pas, répéta-t-il.
Les récits d'Abî Ishâq
al-Fizârî; de Hammâd b. Salamah, de Wakî' et de
Çâlih al-Farrâ' vont dans le même sens.(428)
L'auteur, ensuite, cita les récits dans
lesquels Abû Hanîfah donna des avis religieux en opposition avec
les hadiths prophétiques.
Nous avons revu les livres de hadiths les plus
sûrs et nous trouvâmes que ces hadîths étaient
effectivement rapportés à partir du Prophète (SAW).
Ensuite nous avons revu les Fatwa (avis religieux, décisions)
d'Abû Hanifah et nous trouvâmes qu'il avait effectivement
émis des avis en opposition avec ces hadîths:
Al-Bukhârî et d'autres traditionnistes
rapportent ceci: «Le Messager d'Allah donna au cheval deux parts (du
butin) et en donna une à son maître».
Abû Hanîfah voit autrement la chose
selon Ibn Rushd (Bidâyatul-Mujtahid)(429): «Le Messager d'Allah égratigna les
offrandes (chameaux et chamelles) sur la bosse droite».
Ce hadith est rapporté dans les livres
d'Al-Bukhârî (Livre du pèlerinage, chap. 51), de
Muslim (h/ 205) d'At-Tirmidhî (Sunan, 64), d'Ibn Mâjah (Sunan,
96) d'Ad-Dârimî (Sunan,68), d'Ahmed (Al-Musnad,
1/216-254-280-334-339-347-372).
Or, dans Al-Muhallâ, Abû
Hanîfah dit: «Je n'aime pas Al-Ish'âr (qu'on blesse l'animal;
c'est une torture!). Ibn Hazm dit: «Ceci est une calamité qu'on
critique un acte accompli par le Prophète!».(430)
Tant qu'elles ne se séparent pas, les
parties contractantes gardent le choix(431) (de rompre ou de signer l'accord). Abû
Hanifah, Malik et ceux qui les ont suivis dirent: «La vente s'accomplit
par la parole même s'ils (les contractants) ne se séparent pas, de
leurs corps ...».(432)
L'auteur expose ensuite cinq autres exemples
où Abû Hanifah donna des Fatwa (avis) en opposition avec
les hadîths prophétiques (chaussures du pèlerin, loi du
talion, les ablutions etc.).
Peut-être les hadîths
transgressés par Abû Hanifah et les autres Mujtahidîne
dépassent-ils deux cents ou quatre cents comme l'a indiqué
l'auteur de Târikh Bagdad. Mais le plus grave reste le fait
qu'ils se sont forgé des règles d'Uçul comme
Al-Qiyâs (déduire par analogie) l'Istihsân (trouver bon,
mieux) et Al-Maçâlih Al-Mursalah (trouver intéressant ...)
par les portes desquelles, ils légiféraient en conformité
ou en opposition avec le Livre et la sunnah. C'est ainsi qu'ont
évolué les lois islamiques dans l'Ecole des califes à tel
point qu'elles sont toutes imputées à la Shari'ah. D'où
cette croyance répandue chez les adversaires de l'Islam et chez certains
Musulmans(433) que l'Islam était incomplet à
l'époque du Messager et qu'il s'est perfectionné dans son
évolution après lui (l'exemple de l'orientaliste juif:
Goldzïher dans son livre: l'évolution de la foi et de la shari'ah
en Islam).
La considération de l'opinion personnelle
dans la législation Shar'î a conduit certains Mujtahidîne au
sein de l'Ecole des califes à forger au nom des ruses juridiques des
lois singulières qu'aucun code sur terre n'admet et qui font rougir de
honte.(434)
Plus grave encore est la fabrication de
hadîths élogieux de ces Mujtahidîne, imputés au
Messager d'Allah (SAW), comme celui rapporté par Al-Khatîb
à partir d'Abû Hurayrah citant le Prophète (SAW):
«Viendra dans ma Communauté un homme appelé An-Nu'mân
dont le surnom est Abû Hanîfah. Il est le flambeau de ma
Communauté, il est le flambeau de ma Communauté (3fois)».(435)
Que dis-je alors? Que le roi Adh-Dhâhir
Beybars al-Bandaqdârî, le Mamlûkî d'Egypte a rendu un
service bienfaiteur à l'Islam quand il avait fermé la porte de
l'Ijtihâd en l'an 665 de l'hégire ou non? (436)
En tout cas, l'Ijtihâd c'est à dire le
recours à l'opinion personnelle fut ouvert dans l'Ecole des califes par
le pouvoir en place à l'époque des califes "bien
guidés", Râshidîne, et fermé par après et
jusqu'à nos jours, par l'Autorité politique dirigeante.
Quant aux partisans de l'Ecole d'Ahlul-Bayt, ils
ont donné - suite à leurs Imams (a. s.) - le nom d'Al-Fiqh
à cette science de la recherche juridique et celui d'Al- Faqîh (le
docte) au jurisconsulte qui s'y spécialiste. Ainsi, Al-Kishî (dans
Ma'rifatu-Ar-Rijâl) dit: les Fuqahâ' (pluriel de
Faqîh) parmi les Compagnons d'Abî Ja'far et d'Abî 'Abdillah
(a. s.) ... les plus versés dans Al-Fiqh parmi les
prédécesseurs sont Zurârah, Ma'ruf b. Khurbûdh,
Barîd al-'Ajlî, Abû Baçîr al-Asadî,
Al-Fudayl b. Yasâr et Mohamed b. Muslim At-Tâ'ifî ...(437)
Il (Al-Kishî) dit aussi: «Les noms
d'Al-Fuqahâ' parmi les compagnons d'Abî 'Abdillah (a. s.)...(438)
Sheikh As-Çadûq (m. en 381 h.) composa
la première encyclopédie juridique dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt,
basée sur le hadîth et appelé: "Faqîh man
Lâ Yahduruhul-Faqîh".
Son élève, Sheikh Al-Mufîd
(mort en 413 h.) composa Uçul al-Fiqh. Tout le monde savait que les Fuqahâ'
(jurisconsultes) dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt ne donnaient pas le nom
d'al-Ijtihâd au Fiqh.
Ainsi Sheikh At-Tûsî dit au
début de son livre Al- Mabsût: «Certes, je continue
à entendre nos adversaires dire ... celui qui rejette Al-Qiyas et
Al-Ijtihâd n'a plus de moyen pour cerner les questions juridiques
...».
Néanmoins, la terminologie: Ijtihâd,
Mujtahid a trouvé son chemin dans les livres de 'Uçul al-Fiqh au
sein de l'Ecole d'Ahlul-Bayt et dans les licences accordées par les
Shwyûkh (pluriel de Sheikh) à leurs élèves dans le
domaine de la narration des hadîths.
D'abord la licence était accordée par
le professeur à son élève suite à la narration des
hadîths rapportés à partir des Ma'çûmîne
(les Infaillibles).(439)
Ensuite l'octroi de la licence connut une certaine
évolution: l'élève qui aura lu et rapporté les
livres du hadîth devant son sheikh ou qui les aura entendu lire par lui
aura sa licence.
Par après la licence comporta la
capacité de rapporter les livres de hadîth ou d'autres sciences
que l'élève eut lus devant son sheikh.
Dans le huitième siècle certaines
licences présentaient les savants comme Mujtahidîne à
l'instar de ce qui fit Ibn al-'Allâmah al-Hillîy quand il
décrivit son père ainsi: «Mon père Sheikhul-Islam,
imam des Mujtahidîne» (440) et quand il fut lui-même décrit
comme: «Sheikhul al-Mawlâ, l'imam Al-'Allâmah,
Khâtamul-Mujtahidîne» par 'Ali An-Nilûy dans la licence
accordée à Ibn Fahd.(441)
Enfin, dans certains
licences, il fut dit dans l'attestation délivrée au
lauréat qu'il était parvenu au garde de l'Ijtihâd comme l'a
écrit Al-Majlisî Mohamed Bâqir en 1085 h. en faveur de son
petit-fils Al-Khawâtûn Abâdî suite à la
narration de ses oeuvres par ce derniers.(442)
Dans ces derniers temps, les Fuqahâ' de
l'Ecole d'Ahlul-Bayt délivrent parfois des attestations
particulières à leurs élèves qui sont parvenus au
garde de Mujtahid.
Ainsi ces termes (Ijtihâd et Mujtahid) sont
passés dans la coutume de l'Ecole d'Ahlul-Bayt. Mais seul le nom est
commun dans l'usage de ces termes par les deux Ecoles respectées.
Pourtant (à cause de l'allergie ressentie à l'égard de ces
termes) Al-Ikhbâriyyûn (les traditionnistes) parmi les partisans de
l'Ecole d'Ahlul-Bayt en condamnèrent l'usage alors que le contenu,
suivant qu'on est de ce côté ou de l'autre, est différent.
Comme les Fuqahâ' dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt
ne reposent sur aucun des fondements juridiques inventés par les
partisans de l'Ecole des califes, ils comptent pour la déduction des
lois sur le livre d'Allah et sur la sunnah de Son Messager (SAW).
Chapitre: 4
Le Coran et la Sunnah sont
les deux Sources
de la Législation
dans l'Ecole
d'Ahlul-Bayt
Pour découvrir
l'orientation (spirituelle ou culturelle) d'une Ecole de pensée, il faut
faire des recherches dans ses sources. Comme l'exige l'objectivité
scientifique, nous devons passer en revue les sources de l'étude chez
les partisans de l'Ecole d'Ahlul-Bayt comme nous l'avons fait avec l'Ecole des
califes.
Les Imams d'Ahlul-Bayt
ne se sont pas basés pour cerner les lois islamiques sur l'opinion
personnelle appelée Ijtihâd dans la terminologie de l'Ecole des
califes mais sur leurs propos livres qu'ils ont hérité
du Messager d'Allah (SAW).
Les Imams
d'Ahlul-Bayt (a. s.) ne se basent pas sur l'opinion personnelle pour la
clarification des lois
Un homme questionna
Abû 'Abdillah (l'Imam Ja'far As-Çâdiq). Quand il lui eut
répondu, l'homme demanda: «Supposons qu'il y ait ceci ou cela,
quel sera alors la réponse? - Arrête! Quelque réponse que
je te donne, c'est à partir du Messager d'Allah que je le fais. On n'a
rien à faire des suppositions!».(443)
Les
récits des Imams (a. s.) sont rapportés à partir d'Allah
et de Son Messager
Dans Baçâ'irud-Darajât
l'Imam dit: «Quelle que soit la réponse que je te donne sache
qu'elle émane du Messager d'Allah. Nous n'avançons rien de notre
opinion personnelle».(444)
En commentant ce hadîth, Al-Majlisî
dit: «Puisque le demandeur voulait savoir si le choix de l'Imam fut
arrêté sur Ijtihâd et conjecture, l'Imam (a. s.) lui expliqua qu'ils (les Imams) n'avançaient que ce
qui était basé sur la certitude de son origine: ce qui leur est
parvenu du Maître des Messagers (S; Al- Wasâ'il, 3/391, h/ 19
AW)».(445)
L'auteur de Baçâ'irud-Darajât
rapporte aussi ce récit à partir d'Al-Fudayl b. Yasâr
citant l'Imam Mohamed al-Bâqir (a. s.) qui dit: «Si nous avions
enseigné les gens selon notre opinion personnelle, nous nous serions
égarés comme s'étaient égarés ceux qui
étaient avant nous. Mais nous avons enseigné de par la Preuve du
Seigneur descendue sur Son Prophète qui nous l'a transmise».(446)
Un autre récit similaire est rapporté
à partir de l'Imam As-Çâdiq (a. s.) par Al-Fudayl.(447) A son tour Samâ'ah rapporte ce récit
à partir d'Abû al-Hassan (a. s.): «Tout ce que tu dis,
existe-t-il dans le Livre d'Allah et dans la sunnah de son Prophète ou
le dites-vous selon votre opinion? - Non, répondit l'Imam, tout ce que
nous disons vient du Livre d'Allah et de la sunnah du Prophète».(448)
Les Imams d'Ahlul-Bayt
(a. s.) héritent de leurs sciences
Dâûd b.
Abî Yazîd al-Ahwal rapporte à partir d'Abî 'Abdillah
l'Imam As-Çâdiq: «Si nous enseignions les gens selon notre
opinion personnelle et notre propre désir, nous serions alors perdants.
Non, ce sont des traditions du Messager d'Allah, un patrimoine scientifique
dont nous héritons de père en fils (et que nous
thésaurisons) comme les gens thésaurisent leur or et leur
argent».(449) Il dit aussi
d'après trois chaînes de transmission: «Si Allah n'avait pas
institué l'obéissance qu'on nous doit, notre souveraineté
et notre amour, nous ne vous aurions pas laissés vous tenir à nos
portes ni entrer dans nos demeures. Par Allah, nous ne parlons pas selon nos
passions ni d'après nos opinions personnelles. Nous ne disons que ce que
dit notre Seigneur: des legs que nous thésaurisons comme ces gens
thésaurisent leur or et leur argent.(450)
Les Imams (a.
s) rapportent les hadîths à partir du Messager, leur
grand-père (SAW)
Samâ'ah b. Mahrân rapporte le
récit suivant à partir de l'Imam As-Çâdiq (a. s.):
«Certes, Allah enseigna le licite, l'illicite et l'interprétation
à Son Messager. Celui-ci, à son tour, a transmis toute sa science
à 'Ali».(451)
Un récit similaire est rapporté selon
quatre chaînes de transmissions, par Himrân b. A'ayan, par
Abî Baçîr, Abîl A'az et Hammâd b. 'Uthmân.(452)
D'autres récits similaires sont
rapportés par Ya'qub b. Shu'ayb et Mohamed al-Halabî,
Salîm b. Qays rapporte ce récit à partir du prince des
croyants 'Ali (a. s): «Quand je me renseignais auprès du Messager
d'Allah (SAW) il me répondait! Quand je manquais de questions, il en
trouvait pour moi de telle sorte que ne fût descendu un verset, de nuit
ou de jour, en ciel ou sur terre, relatif à ce bas monde ou à
l'au-delà, au paradis ou à l'enfer, dans une plaine ou sur une
montagne, dans la lumière ou dans l'obscurité, qu'il ne m'a pas
appris. Sous sa dictée, j'écrivais à la main, j'apprenais
son interprétation, son explication, ce qui en est confirmé et ce
qui est "obscur", ce qui est particulier et ce qui est
général, comment, où et à propos de qui il (le
verset) était descendu et ce jusqu'au jour de la Résurrection. Il
(le Prophète) invoqua Allah pour qu'il me donne la compréhension
et la mémorisation de telle manière que je n'ai oublié
aucun verset ni à propos de qui il fut descendu. Sinon, le
Prophète me l'aurait dicté».(453)
Corroborent le hadîth précédent
les trois récits rapportés par l'auteur d'At-Tabaqât, Ibn
Sa'd, de l'Ecole des califes:
Selon Mohamed b. 'Umar b. Ali b. Abî
Tâlib, on demanda à 'Ali: «Pourquoi as-tu plus de hadîths
que les autres Compagnons du Messager d'Allah (SAW)?». «Parce qu'il
me répondait quand je lui demandais, et quand je me taisais, il me
renseignait», répondit-il.
Selon Sulayman al-Ahmasî citant son
père: 'Ali dit: «Par Allah, n'eût été de
verset que je ne sache son contenu, le lieu de sa révélation et
à propos de qui il fut révélé: Allah me donna un
cur éveillé, une raison et une langue
déliée».
Abût-Tufayl dit: 'Ali dit:
«Demandez-moi à propos du Livre d'Allah car, de tout verset je
sais s'il a été révélé de nuit ou de jour
dans une plaine ou sur une montagne».(454)
Selon l'auteur de Baçâ'ir
Ad-Darajât, Zayd b. 'Ali rapporte que le Prince des croyants (a. s.) dit:
«Le sommeil ne pouvait gagner ma tête avant que je sache par le
Messager d'Allah, lui-même ce que Jibrîl avait descendu ce jour
là comme licite ou illicite, sunnah ou ordre ou prohibition, à
propos de quoi et à propos de qui (la révélation
était descendue)». Quand nous étions sortis (de chez le
narrateur) nous rencontrâmes les Mu'tazilites et nous leur
rapportâmes le récit: «Ce que vous dites est trop fort!
Comment était-ce possible? Alors que l'un d'eux s'absentait loin de
l'autre?», s'exclamèrent-ils. Quand nous fûmes revenus chez
Zayd pour l'informer de leur réplique, il dit: «Il ('Ali) comptait
les jours pendant lesquels il était loin du Messager d'Allah (SAW) et
quand ils se rencontraient, celui-ci (SAW) lui apprit jour par jour les
révélations qu'il avait reçues». Nous l'avons alors
rapporté aux Mu'tazilites».(455)
Corroborent le hadîth de Zayd trois
récits rapportés dans chacun des recueils suivants: sunan
An-Nasâ'î; Ibn Mâjah; Al-Musnad d'Ahmed b. Hanbal, tous de
l'école des califes.
'Abdullah b. Najî rapporte que 'Ali (a. s.)
dit: «J'avais auprès du Messager d'Allah (SAW) le rang que
personne d'autre n'avait: je me rendais chez lui chaque aube et je dis
"Assalâm 'Alayka, ô Messager d'Allah!". S'il toussotait,
je m'en allais, sinon j'entrais chez lui».
'Ali dit aussi: «J'avais
régulièrement une heure auprès du Messager d'Allah (SAW).
Quand je demandais l'autorisation d'entrer chez lui, s'il toussotait, je savais
qu'il était en prière; s'il était disponible, il
m'autorisait à entrer».
'Ali dit: «J'avais chez le Messager d'Allah
(SAW) deux entrées, l'une la nuit, l'autre le jour ...»(456)
Le Prophète
(SAW) ordonna à 'Ali (a. s.) d'écrire pour ses associés
les Imams (a. s.)
Selon les auteurs d'Al-Amâlî,
de Baçâ'ir Ad-Darajât et de Yanâbî'ul-Mawaddah,
Ahmed b. Mohamed b. 'Ali al-Bâqir rapporte à partir de ses
pères (a. s.): Le Messager d'Allah (SAW) dit à 'Ali:
- Écris ce que
je vais te dicter!
- Ô Messager
d'Allah! Crains-tu que j'oublie?, demanda 'Ali.
- Non, car j'avais
invoqué Allah pour qu'il t'apprenne et ne te fasse pas oublier seulement
écris pour tes associés!, ordonna le Prophète (SAW).
- Qui sont mes
associés? ô Messager d'Allah!, demanda
'Ali.
- Ce sont les Imams
parmi tes descendants; c'est par eux que ma Communauté reçoit la
pluie, se voit exaucer son invocation et s'écarter l'épreuve
(difficile). C'est par eux que descend la grâce du ciel, répondit
le Prophète (SAW).
En montrant Al Hassan
du doigt, il dit: «Voici le premier d'entre eux et, en montrant
Al-Hussayn (a. s.), les Imams seront parmi ses descendants».
C'est dans ce sens
qu'il convient de comprendre le récit de l'Imam 'Ali à Maskan,
rapporté par Abû Arâkah: Nous étions avec 'Ali (a.s)
à Maskan. Un jour, nous parlions de ce qu'il avait hérité du
Messager d'Allah. Certains disaient l'épée, les autres la mule.
'Ali (a. s.) sortit et nous dit: «Par Allah, si je m'active et qu'on m'y
autorise, je vous parlerai l'année durant sans me répéter.
Par Allah, j'ai plusieurs écrits, fiefs du Messager d'Allah et de sa
famille. Parmi ces écrits il y en a un qu'on appelle Al-'Abîtah;
rien de plus dur pour les Arabes qu'elle. D'après elle, soixante tribus
arabes d'apparence trompeuse n'ont aucune part dans la Religion d'Allah».(457)
Les Imams descendants
de l'Imam 'Ali héritèrent effectivement de ces écrits, de
père en fils, comme le confirment les récits suivants:
Abû Ja'far
al-Bâqir dit: «J'ai une Çahifah qui contient dix-neuf
écrits, accordée par le Messager d'Allah».(458)
Il dit aussi:
«Ô Fudayl! Nous avons le livre de 'Ali soixante-dix coudées,
y est tout ce dont on a besoin sur terre (en science) même le prix d'une
égratignure».
Il dit aussi
(rapporté par Himrân b. A'yan) en montrant une grande
pièce: «Ô Himrân! Dans cette pièce, il y a une
Çahifah de soixante-dix coudées de long, écrite de la main
de 'Ali sous la dictée du Messager d'Allah. Si nous avions le pouvoir
nous jugerions selon ce qu'Allah avait descendu, rien qui échappe
à cette Çahifah».(459)
Mohamed b. Hakîm
rapporte à partir d'Abûl-Hassan (a. s): «Les gens avant vous
ont péri à cause du Qiyâs (déduction par analogie).
Allah - gloire à Lui - n'a repris l'âme de Son Prophète
qu'après avoir parachevé Sa religion, le licite et l'illicite y
sont clairs. De son vivant, il vous a apporté tout ce dont vous avez
besoin; après sa mort, réfugiez-vous auprès de lui et
auprès de sa famille. 'Ali dispose de la Çahifah (Al-
Jâmi'ah) qui comporte tout, même le prix d'une égratignure.
Malgré cela, Abû Hanîfah ose dire: «'Ali dit ceci et
moi je dis cela».(460) Ainsi, les Imams
d'Ahlul-Bayt (a. s.) se sont démarqués de tout jugement
d'après l'opinion personnelle et reposent dans leurs propos sur cette
chaîne de transmission. L'imam à partir du Prophète
à partir de Jibrîl, à partir d'Allah - gloire à Lui
-.
Le Livre
d'Al-Jafr et le Muçhaf de
Fâtimah
D'après certains
hadîths, les Imams avaient hérité de deux livres de leur
père l'Imam 'Ali (a. s.): Al- Jâmi'ah (manuel du licite
et de l'illicite) et Al-Jafr (livre des grands
événements de l'histoire).
L'autre livre
hérité de leur mère Fâtimah, Al- Muçhaf,
comportait aussi des événements de l'histoire (en rapport avec
ses descendants). Les trois livres étaient de l'écriture de
l'Imam 'Ali (a. s.).
Abû Maryan,
d'après Baçâ'ir Ad-Darajât, rapporte Abû Ja'far
(a. s.) me dit: «Nous avons Al-Jâmi'ah, soixante-dix
coudées de longueur, qui contient tout (en matière de science
religieuse) même le prix d'une égratignure, dictée par le
Prophète (SAW) et écrite par la main de 'Ali (a. s.). Nous avons
aussi Al-Jafr, un parchemin rempli d'écriture qui parle des
événements présents et à venir jusqu'au Jour de la
Résurrection.(461)
Un hadîth
similaire est rapporté à partir de l'Imam As-Çâdiq
(a. s.) parlant en plus du Muçhaf de Fâtimah qui
n'était pas du Coran.(462)
Abân b.
'Uthmân rapporte à partir de 'Ali b. al- Hussayn citant Abû
'Abdillah As-Çâdiq (a. s.):
- 'Abdullah b.
al-Hassan (le cousin de l'Imam) affirme qu'il n'a de science que ce qu'il y a
chez les gens.
- Oui, il a dit vrai,
il n'a de science que ce que les gens ont. Mais, nous, par Allah, avons Al-Jâmi'ah,
comportant le licite et l'illicite; nous avons Al-Jafr. 'Abdullah b.
Al-Hassan sait-il ce que veut dire Al Jafr? Est-il de peau de chèvre ou
de peau de brebis? Et nous avons le Muçhaf de Fâtimah
qui, par Allah, ne contient point de Coran. Un texte dicté par le
Messager d'Allah à 'Ali. Comment ferait alors 'Abdullah (le cousin) si
les gens venaient de tous les horizons pour lui poser des questions?(463)
Comment les Imams s'étaient-il transmis
la science?; Les Imams 'Ali, Hassan, Hussayn,
As-Sajjâd, et Al-Bâqir (a. s.)
Mu'allâ b. Khunays rapporte à partir
d'As-Çâdiq (a. s) «Ces livres étaient chez 'Ali (a.
s.); avant d'aller en Iraq, il les déposa chez Umm Salamah
(l'épouse du Prophète). Après 'Ali, les livres étaient
chez Al-Hassan. Après sa mort, Al-Hussayn les avaient. Après lui,
'Ali b. al-Hussayn les avaient puis étaient chez mon père, l'Imam
Al-Bâqir».(464)
L'Imam 'Ali b.
al-Hussayn, en particulier
Al-Fudayl rapporte
d'après plusieurs sources: Abu Ja'far, l'Imam al-Bâqir (a. s), me
dit: «Avant de partir pour l'Iraq, Al-Hussayn (a. s.) déposa chez
Umm Salamah, l'épouse du Prophète (SAW) le testament, les livres
et d'autres affaires en lui disant: «Si l'aîné de mes fils
vient, remets-lui le dépôt . Après
le martyre d'Al-Hussayn (a. s.), son fils 'Ali s'est rendu chez Umm Salamah qui
lui remit tout ce qu'Al-Hussayn (a. s.) lui avait laissé». (465)
Un hadîth
similaire est rapporté par Abû Bakr al- Hadramî à
partir de l'Imam As-Çâdiq (a. s.)(466)
L'Imam Mohamed
Al-Bâqir (a.s.) en particulier
D'après
plusieurs sources,(467) 'Issâ b.
'Abdillah rapporte à partir de son père et de son
grand-père qui dit: «Quand 'Ali b. al-Hussayn allait mourir et que
ses fils étaient réunis chez lui, il tourna la tête vers
son fils Mohamed b. 'Ali et lui dit: «Ô Mohamed! Emporte cette
malle chez toi». Ensuite 'Ali b. al-Hussayn dit (à ses fils):
«elle ne contient ni dinar (or) ni dirham (argent) mais de la
science!».
Dans un autre récit
similaire, la malle fut transférée par quatre hommes, et les
frères de Mohamed b. 'Ali lui dirent après la mort de leur
père: «Donne-nous notre part de la malle!
- Par Allah,
répondit M. al- Bâqir (a. s.) vous n'avez rien dedans, si vous y
aviez eu quelque chose, il ne me l'aurait pas offerte
- Dans la malle, il y
avait l'arme du Messager d'Allah et ses livres.(468)
L'Imam Ja'far
As-Çâdiq (a. s.): Zurârah
rapporte à partir d'As-Çâdiq (a. s.): «Les livres me
sont revenus avant la mort d'Abî Ja'far».(469)
Abû
Baçîr rapporte ceci: J'ai entendu As-Çâdiq dire:
«Abû Ja'far ne fut mort qu'après qu'Abû 'Abdillah eut
pris le Muçhaf de Fâtimah».(470)
'An-basâh
Al-'Abid rapporte le récit selon lequel "le titre" d'un
terrain hérité était écrit chez Abû
Abdillah».(471)
Himrân rapporte
aussi ce récit: «J'ai demandé à Abû Ja'far ce
qu'il en était de l'écrit scellé chez Umm Salamah.
- Oui quand le
Prophète (SAW) fut mort, 'Ali (a. s.) hérita de sa science et de
ses armes etc., puis Hassan (a. s.), puis Hussayn (a. s.). Lorsque nous avons
craint d'être envahis, il (Hussayn) les déposa chez Um Salamah
puis 'Ali b. al-Hussayn (a. s.) les a repris, répondit-il.
- Puis tu en as
hérité après la mort de ton père?
- Oui,
répondit-il.(472)
L'Imam Mûsâ b. Ja'far (a. s.)
Al-Mufaddal b. 'Umar rapporte (selon Hammâd
Asçâ'igh) le récit selon lequel Abû 'Abdillah (a. s.)
demanda à Al-Mufaddal:
- Aimes-tu voir le nouveau dépositaire des
livres de 'Ali?
- Oui, répondit Al-Mufaddal, y a-t-il
quelque chose de plus important?
- Voici le dépositaire des livres de 'Ali,
en montrant Abûl-Hassan Musa al-Kâdzim, qui venait d'entrer.(473)
L'Imam
'Ali b. Mûsâ Ar-Ridâ (a. s)
'Ali b. Yaqtîn
rapporte ceci: Abûl Al-Hassan (Al-Kâdzim) me dit: «Ô
'Ali! Voici le plus savant de
mes fils (en montrant son fils 'Ali Ar-Ridâ), je lui ai remis mes
livres».(474)
Mu'aym
al-Qâbûsî rapporte à partir d'Al-Kâdzim (a .s):
«Mon fils 'Ali, l'aîné de mes fils, le plus
agréé et le plus aimé parmi eux. Il scrute Al-Jafr(475) que ne peuvent
consulter qu'un Prophète ou un Dépositaire de Prophète.
Ainsi les Imams (a. s.)
se sont transmis les livres de père en fils et, de
génération en génération, ils en puisaient la
science et les lois.
* * * * *
Les plaintes de
l'Imam 'Ali (a. s) à cause de l'altération de la sunnah
prophétique
Les Imams d'Ahlul-Bayt
n'avaient pas toujours la possibilité de montrer aux gens ce qu'ils
avaient comme prescriptions islamiques héritées du Messager
d'Allah (SAW), contrairement à l'Ecole des califes (qui en avait tous
les moyens).
Abû 'Abdillah As-Çâdiq
dit, par exemple, que son père donna un avis religieux (une fatwa)
au sujet de la chasse par le biais des rapaces, en conformité avec les
lois en vigueur dans l'Ecole des califes, parce qu'à cette époque
la dissimulation (la taqiyyah) était de mise (vu la terreur des
dirigeants). Or, maintenant, plus de peur. Qu'on sache alors que le gibier
capturé par un rapace n'est licite que si on l'a immolé
après l'avoir pris vivant. Dans le Livre de 'Ali (a. s.), Allah - gloire
à Lui - dit: «Les proies saisies pour vous par les animaux -
chiens - que vous avez dressés».(476) (V. 4/V)
L'Imam
As-Çâdiq (a. s.) voulait dire que vers la fin de l'époque
Umayyade et au début de l'ère abbasside, Ahlul-Bayt n'avaient pas
peur de la persécution dont ils étaient les victimes auparavant.
Ils pouvaient donc librement parler des livres de l'Imam 'Ali (a. s.) et des
jugements religieux qu'ils contenaient. Avant, Ahlul-Bayt ne pouvaient donner
d'avis religieux qu'en conformité avec les choix de l'Ecole des califes,
sauf peut-être, à l'époque où l'Imam 'Ali (a. s.)
était calife. Selon plusieurs sources (Al-Kâfî, Al-Ihtijâj,
Al-Wasâ'il et Mustadrak al-Wasâ'il) l'Imam 'Ali
(a. s.) et sa shi'ah (groupe) parmi les Compagnons (r. d.) n'hésitaient
pas à clarifier la loi et à donner les versions authentiques de
l'exégèse prophétique et de la sunnah comme le rapporta
Salîm b. Qays al-Hilâlî dans ce récit: J'ai dit au
Prince des croyants (a. s):
- J'ai entendu
Salmân, Al-Miqdâd et Abû Dhar, dire des choses en
exégèse et en Sunnah différents des récits communs,
puis j'ai entendu de toi ce qui soutient les dires de ces compagnons. Les gens
mentent-ils exprès sur le compte du Prophète (SAW).
Expliquent-ils le Coran selon leur opinion personnelle? Sont-ils dans le faux?
L'Imam 'Ali (a. s) vint
alors vers moi et dit:
- Tu as demandé,
comprends alors la réponse: entre les mains des gens il y a certes
actuellement du vrai et du faux, ce qui est juste et ce qui n'est qu'imposture
ce qui abrogeant et ce qui est abrogé, du général et du
particulier, des jugements confirmés et d'autres équivoques, des
choses bien assimilées et d'autres seulement conjecturées. A
l'époque même du Messager d'Allah (SAW), on avait menti sur son
compte jusqu'à ce qu'il décidât de sermonner ainsi:
«Ô les gens! Beaucoup de mensonge s'est propagé à mon
détriment! Mais sachez que quiconque ment exprès sur mon compte,
l'enfer sera son lot». Après sa mort on a menti également
à son détriment. Sachez donc que les narrateurs de hadîths
sont de quatre catégories pas plus: 1)- Il y a l'homme hypocrite qui
montre de la foi, manifeste l'Islam mais ne soucie guère de mentir
exprès au détriment du Prophète (SAW). Si les gens avaient
su qu'il était hypocrite, ils n'auraient rien accepté de lui mais
ils se sont dit: «celui-là avait tenu compagnie au Prophète
(SAW), l'avait vu et entendu», alors ils se sont renseignés
auprès de lui sans avoir connu son état réel. Toutefois,
Allah avait informé sur les hypocrites et les avait décrits dans
le Coran: «Lorsque tu les vois, leurs personnes te plaisent; s'ils
parlent, tu écoutes ce qu'ils disent ...» (V. 4/LXIII). Ces
hypocrites ont survécu au Prophète (SAW) et se sont
rapprochés des imams de l'égarement, qui dirigent les gens par le
mensonge et l'infamie vers l'enfer. Ces imams leur ont confié des postes
de responsabilités; ils en ont fait des gouverneurs qui décident
du sort des gens, ce qui leur permet d'assouvir leurs désirs en ce
monde. Ainsi les gens sont avec les rois et la fortune sauf ceux qu'Allah
à protégés. Voilà le portrait de l'une des quatre
catégories d'hommes.
2)- L'autre, un homme
qui a réellement entendu le Messager d'Allah (SAW) mais qui a mal appris
ce qu'il disait et s'en est abusé. Il n'est point menteur. Il croit
disposer d'une vérité. Il la proclame en disant: «J'ai
entendu le Messager d'Allah parler ainsi». Si les Musulmans avaient su
qu'il se trompait, ils n'auraient pas accepté ses dires et si lui l'avait su il se serait lui-même démenti.
3)- Le troisième
est un homme qui a entendu le Prophète (SAW) ordonner une chose, qu'il a
interdite par la suite sans que celui-ci ne s'en rende compte; ou bien qu'il
l'a entendu défendre quelque chose, puis la permettre, sans qu'il en
fût au courant. Il connaît ce qui est abrogé et ignore
l'abrogeant. S'il était au courant des décisions abrogeantes il
aurait fait amende honorable, et si les Musulmans savaient, eux aussi son
erreur, ils n'auraient pas ajouté foi à ses dires.
4)- L'autre, le
quatrième, un homme qui ne dit pas de mensonge sur Allah ni sur Son
Messager, détestant le mensonge par crainte d'Allah et par respect pour
Son Messager. Il garde en mémoire intact ce qu'il a entendu. Il le
répète comme il l'avait entendu sans rien y ajouter ou en
retrancher quoi que ce soit. Il connaît les textes abrogeants et les
applique et est au courant de ce qui a été abrogé et s'en
éloigne. Car l'ordre prophétique est comme le texte coranique,
comportant l'abrogeant et l'abrogé, ce qui a un caractère
général et ce qui a un caractère particulier, ce qui est
précis et confirmé et ce qui est ambigu. Mais Allah dit: «Prenez
ce que le Messager vous donne et abstenez-vous de ce qu'il vous interdit»
(V. 7/LIX)
Certains l'ont entendu,
sans comprendre ce que Allah et Son Messager voulaient
dire exactement. Il n'est pas dit que tous les Compagnons du Prophète le
questionnaient constamment et lui demandaient des éclaircissements. Il
leur arrivait même d'aimer le fait de voir un bédouin ou un autre
interlocuteur lui poser à l'improviste des questions dont ils
écoutaient les réponses.
Quant à moi,
j'avais deux entrées chez le Prophète (SAW) l'une pendant la
journée l'autre pendant la nuit. J'allais avec lui où il allait.
Les Compagnons du Messager savent qu'il n'a donné ce droit à
personne d'autre que moi. Souvent il venait me voir chez moi. Quand il
m'arrivait d'aller le voir chez lui, il renvoya dans leurs chambres ses
épouses et se consacra à moi. Mais quand il me rendait visite, ni
Fâtimah ni mes fils ne devaient s'en aller. Il me répondait
lorsque je le questionnais et quand je me taisais par manque de questions,
c'était lui qui m'en trouvait de telle sorte qu'il m'a appris tout
verset coranique révélé, me l'a dicté en
m'expliquant sa signification et son interprétation, ce qui est abrogeant
et ce qui est abrogé, ce qui est précis et ce qui est
équivoque, ce qui relève du général et ce qui est
particulier. Il a aussi invoqué Allah pour qu'IL me dotât
l'intelligence de comprendre et de mémoriser. Je n'ai alors depuis son invocation,
oublié ni verset coranique ni science prophétique. Il n'a pas
omis de m'apprendre ce qui lui fut révélé de licite ou
d'illicite, d'ordre ou de prohibition, de la sagesse de l'Ecriture
antérieure. Je n'ai rien oublié de ce qu'il m'avait appris. C'est
qu'il avait posé la main sur ma poitrine en invoquant Allah de remplir
mon cur de science de compréhension, de sagesse et de lumière.
Par la suite je lui ai dit: «Ô Prophète d'Allah! Depuis que
tu as invoqué Allah pour moi, je n'ai rien oublié et rien ne m'a échappé
de ce que je n'avais pas noté; crains-tu que l'oubli m'atteigne par
après, lui ai-je demandé.
- Non,
répondit-il, je n'ai pas peur que tu oublies ou que tu ignores».(477)
De ce récit, on
comprend que l'Imam 'Ali et les Imams après lui, en particulier
Al-Bâqir et As-Çâdiq, avaient dans le domaine de
l'exégèse et de la sunnah des choses qui ne correspondaient pas
aux connaissances répandues dans l'Ecole des califes. Cela était
dû au fait que beaucoup d'altération atteignit la science
religieuse islamique depuis que les trois califes (guidés)
empêchèrent la diffusion du hadîth prophétique et
permirent aux conteurs (comme Tamîm Ad-Dârî le
chrétien et Ka'b al-Ahbâr le juif(478)) de répandre
les récits judéo-chrétiens parmi certains Compagnons. En
revanche, l'Imam 'Ali, sa Shi'ah- comme Salmân, Abû Dhar,
'Ammâr et Al-Miqdâd uvraient pour diffuser les hadîths du
Messager d'Allah (SAW). D'où les divergences qui se sont
manifestées entre les deux Ecoles, la persécution qui s'en est
suivie avec son lot de meurtres et de bannissement et la propagation de
l'Ijtihâd qui altéra la sunnah, consolida la politique des
dirigeants, en rendit difficile voire impossible la tâche de l'Imam 'Ali
qui, malgré le pouvoir qu'il avait, ne réussit pas à
ramener la Communauté islamique à la Sunnah du Messager.
Le hadîth
suivant, accordé par l'Imam 'Ali (a. s.) aux plus intimes de ses
compagnons, le montre clairement:
«La Fitnah
a surgi quand les passions des gens furent suivies et des lois furent
inventées en opposition avec le jugement d'Allah, car les uns et les
autres cherchaient à avoir des alliés. Si le vrai s'identifie
comme tel et se sépare du faux, il n'y aura pas de divergence et le faux
n'échappera pas à l'intelligent. Mais on prend un faisceau du
vrai et un autre du faux et on en fait un. Ainsi le vrai et le faux se trouvent
cachés. Là Satan s'empare de ses alliés mais sont
sauvés ce qui "auront déjà reçu la belle
récompense d'Allah". J'ai entendu le Messager d'Allah (SAW) dire:
«Comment serez-vous quand une Fitnah se sera emparée de
vous? Le petit enfant y grandira et l'adulte y vieillira. Les gens iront selon
ses lois, la considéreront comme une Sunnah à tel point que si on
y change quoi que ce soit, on dira: tu as altéré la sunnah et tu
as fait quelque chose d'abominable! Ensuite l'épreuve sera plus
difficile à tel point que les enfants iront en captivité. La Fitnah
ravagera les gens comme fait le feu des morceaux de bois et le moulin des
grains. Les gens alors apprendront le Fiqh (la science religieuse) pour
quelqu'un d'autre qu'Allah, chercheront le savoir et non la pratique, la vie
d'ici-bas par les actes religieux qu'ils accompliront».
Ensuite l'Imam 'Ali
envisagea l'assistance (sa famille, sa Shi'ah et ses proches) et leur dit:
«Les gouverneurs
avant moi avaient accompli des actes en opposition flagrante avec le Messager
d'Allah (SAW), rompant ainsi son pacte et altérant sa sunnah. Si je
venais à obliger les gens à laisser leurs habitudes, à
ramener la sunnah à sa place comme elle avait été à
l'époque du Messager d'Allah (SAW), je verrais donc mes soldats se
séparer de moi et me verrais seul ou avec peu de ma Shi'ah qui
reconnaissaient mon mérite et mon droit à l'Imamat de par le
Livre d'Allah - gloire à Lui - et la Sunnah de Son Messager (SAW).
Voyez-vous, que se passerait-il si j'ordonnais qu'on remît la station
d'Ibrâhim(479) à la place
fixée par le Messager d'Allah (SAW), si je rendais Fadak aux
héritiers de Fâtimah (a. s)(480); si je rendais
à la mesure du Messager sa valeur,(481) si je concédais
les terres accordées par le Messager d'Allah à certaines
personnes éconduites après lui et rendais à ses
héritiers la maison de Ja'far annexée à la Mosquée,(482) si je cassais des
jugements tranchés injustement,(483) si je séparais
des femmes de certains hommes les ayant épousées
illégalement pour les rendre à leurs véritables
époux,(484) si j'appliquais aux
enfants de Banî Taghlib la loi de la captivité,(485) si j'annulais le
jugement par lequel la terre de Khaybar fut partagée, si j'effacais les
recueils des dons obligés,(486) si je donnais comme le
Messager d'Allah (SAW) faisait, c'est-à-dire également pour que
cela ne soit pas dévolu aux riches, si j'annulais l'arpentage(487) et rendais
égaux les mariages (arabes et non arabes),(488) si je mettais en
application la loi du Khums telle qu'Allah - gloire à Lui - l'a
descendue, et prescrite,(489) si je rendais la
Mosquée du Messager d'Allah (SAW) comme elle était,(490)
fermais les portes qui
donnent sur elle, et ouvrais celles qui furent fermées, si j'interdisais
(en matière d'ablutions) qu'on essuie les pantoufles, si je sanctionnais
la boisson du nabîdh,(491) rendais licites les
deux Jouissances, obligeais les gens à dire cinq takbîrât
sur leur mort (au lieu de quatre) et à dire la basmalah
à haute voix,(492) si je sortais de la
Mosquée du Prophète ceux qu'on y a entrés et y entrais
ceux qu'on en a sortis, si j'assignais les gens à l'application du Coran
et à divorcer selon les termes de la sunnah,(493) si je collectais les
Zakât d'après ses espèces et ses limites,(494) si je rendais les
ablutions, le lavage et la prière à leurs conditions
premières et à leurs places,(495) si je
rétablissais les habitants de Najrân dans leurs lieux,(496) si je ramenais les
captives de la Perse et des autres nations aux lois du Livre d'Allah et de la
sunnah de Son Prophète (SAW), ils se disperseraient alors loin de moi.
Par Allah, j'avais ordonné aux gens de ne se réunir (pour la
prière) dans le mois de Ramadan que pour l'accomplissement d'une
prière obligatoire, et les a informés qu'autrement leur
réunion serait une Bid'ah (une innovation), alors l'un de des soldats et
combattants s'écria: «Ô les Musulmans, la sunnah de 'Umar
vient d'être changée, il (l'Imam 'Ali (a. s.) nous
interdit de faire la prière facultative dans le mois de Ramadan!»
Oui, j'avais peur d'un soulèvement perpétré quelque part
dans mon armée(497) ce que j'ai
enduré de cette communauté dans sa division et son
obéissance à des imams ...».(498)
Dans cette plainte de
l'Imam 'Ali (a. s.) il déclara qu'il n'a par réussi à
ramener la Communauté islamique à la sunnah de son
Prophète, que cela l'a fait beaucoup souffrir à tel point qu'il
souhaitait souvent la mort en disant: «Qu'est-ce qui empêche le plus
misérable parmi vous de venir me tuer? Ô Seigneur! Ils me
répugnent et je leur déplais; soulage-les donc de moi et
soulage-moi d'eux!».(499)
Il disait aussi:
«Quand est-ce que son misérable (de la Communauté)
viendra-t-il?». Il le disait parce que le Messager d'Allah (SAW) lui
avait demandé un jour:
«Ô 'Ali!
Sais-tu qui est le plus misérable des Anciens et des derniers humains
à venir?
- Non.
- Allah et Son Messager
savent mieux, répondit-il. Eh bien ce sera celui qui ensanglantera
celle-ci de celle-ci (sa barbe de sa tête)».(500)
Quand Ibn Muljam eut
soulagé l'Imam 'Ali (a. s.) et que Mu'âwiyah se fut emparé
du pouvoir, il rendit au sein de la Communauté toutes les coutumes des
califes que l'Imam 'Ali avait combattues et y ajouta celles du tribalisme jâhilîy.
La situation s'aggrava encore plus quand il eut désigné un
ensemble de compagnons et de Tâbi'îne pour la narration des
hadîths conformes à sa politique, à partir du Messager
d'Allah (SAW). Deux motivations étaient derrière cette politique:
consolider le caractère héréditaire du pouvoir politique
en faveur de sa descendance et l'animosité qu'il avait à
l'égard de Banî Hâshim. Le prouve ce récit
rapporté dans Al-Muwaffaqiyat d'Az-Zubayr b. Bakkâr, par
Al-Mutarraf b. al-Mughirah b. Shu'bah: «Je suis entré un jour avec
mon père chez Mu'âwiyah car mon père lui rendait souvent
visite pour discuter avec lui. Au retour chez moi, mon père citait toujours
Mu'âwiyah et admirait son intelligence et son action. Mais un soir, quand
il est rentré, il était pensif et s'abstenait de dîner.
Croyant qu'il s'inquiétait pour quelque affaire qui nous concernait, je
l'ai attendu une heure puis, je lui ai demandé:
- Pourquoi es-tu si
pensif cette nuit?
- Ecoute mon fils! Je
reviens de chez le plus impie perfide des gens.
- Quoi donc?, lui
demandai-je.
- Une fois seul- avec
lui, je lui ai dit: «Ô prince des croyants! Tu as avancé
dans l'âge; si tu manifestes de l'équité! Si tu
étends du bien! Parce que je vois que tu vieillis! Si tu te penches sur
la question de tes frères Banî Hâshim pour rétablir
les liens de la parenté que vous avez ensemble! Car, par Allah, ils
n'ont rien aujourd'hui de ce que tu peux craindre. Si tu le fais, tu en seras
rétribué et ton nom sera gardé dans la mémoire du
temps!». «Loin de cela! Loin de cela, répliqua
Mu'âwiyah, quel souvenir restera-t-il de moi! Le fils de Taym (le 1e
calife) s'était emparé du Royaume, il avait fait preuve de
justice et avait fait ce qu'il avait fait. Quand il est mort, son souvenir
est mort avec lui sauf peut-être qu'on dise: Abû Bakr. Ensuite le
fils de 'Adîy ( le deuxième calife) s'est
emparé du Royaume, a fourni des efforts après avoir
retroussé les manches, pendant dix ans. Quand il est mort son souvenir est
mort aussi avec lui sauf peut-être qu'on dise: 'Umar. En revanche le nom
d'Ibn Abî Kabshah (Muhammad (SAW) ) est
crié cinq fois par jour (Ashadu Anna Muhammadan-Rasûlullah)
quelle action me resterait-elle à faire? Quel souvenir sera-t-il
gardé à côté de celui-là? Non, par Allah, ce
qu'il faut c'est l'enterrement, l'enterrement!».(501)
C'est pour cela que
beaucoup de hadîths furent inventés et beaucoup de calomnies
propagées. Pire encore était la vision qu'avaient les Musulmans
du statut du califat considéré comme la pierre de touche du
principe de l'obéissance aux dirigeants, instituée dans ce
verset:
«Ô vous
qui croyez! Obéissez à Allah, obéissez au Messager et
à ceux d'entre vous, qui détiennent l'autorité».
(V. 59/IV)
Les gens furent
épris des califes à tel point que toute violation par ces
derniers des prescriptions coraniques et prophétiques était
qualifiée d'Ijtihâd. A leurs yeux, le statut du califat
était tellement grandiose que le pouvoir détenu par le calife
équivalait non plus à la succession du Prophète mais au
califat d'Allah sur terre.
Ainsi, par exemple,
Marwân b. Mohamed qui était gouverneur d'Arménie,
écrivit un message de félicitations à Al-Walîd b.
Yâzid b. 'Abdil Malik le pervers qui venait d'accéder au califat.
Il le félicita pour son nouveau statut de "calife d'Allah sur Ses
serviteurs". Pervers? C'était son frère Sulayman qui dit
après avoir cherché à le tuer: «J'atteste qu'il
était grand buveur de vin, dissolu, pervers et p...»,
c'était lui qui voulait une fois boire du vin sur la Ka'bah. Par
après quand, dans la cour du calife abbasside Al- Mahdî, on eut
dit qu'Al-Walîd était un hérétique, Al-Mahdî répliqua:
«Le califat d'Allah (sur terre) est trop grand pour qu'IL l'accorde
à un hérétique!».(502)
Dans ses Sunan,
Abû Dâûd rapporte ceci à partir de Sulaymân
al-A'mash: «J'ai assisté à la prière du vendredi
avec Al-Hajjâj (le gouverneur du calife Umayyade 'Abdel Malik b.
Marwân). Dans son sermon, il dit: «Éécoutez donc et
obéissez au calife d'Allah Son élu 'Abdul Malik b.
Marwân».(503)
Le même
Hajjâj écrivit à 'Abdul Malik une lettre flatteuse dans
laquelle il prétendit que les cieux et la terre ne tenaient que par le
califat, que le calife était auprès d'Allah plus important que
les anges les plus proches, que les prophètes et les messagers parce
qu'Allah avait créé Adam par Ses Mains, lui avait fait prosterner
ses anges et l'avait fait habiter Son Paradis. Ensuite IL l'a descendu sur
terre, a fait de lui Son calife; et des anges, IL a choisi des messagers
envoyés à lui». A la lecture de sa lettre, 'Abdul Malik la
trouva admirable et souhaita pouvoir l'utiliser comme argument à l'encontre
des Kharijites ...».(504)
Une fois seulement,
Al-Hajjâj abaissa le rang du calife au niveau de celui d'un
prophète. Abû Dâûd (Sunan) et Ibn
'Abdil-Rabbih (Al-'Iqd al-Farîd) rapportent son propos:
«Il en est de 'Uthmân comme de Jésus auprès d'Allah.
Allah dit: «Ô Jésus! Je vais, en vérité,
te rappeler à Moi, t'élever vers Moi, te délivrer des
incrédules. Je vais placer ceux qui t'ont suivi au-dessus des
incrédules jusqu'au Jour de la Résurrection...». (V.
55/III)
D'après Al-'Iqd
al-Farîd, l'orateur récitait le verset et quand il arriva
à «ceux qui t'ont suivi» il montra du doigt du
côté des Syriens comme pour dire qu'Allah les a
élevés au-dessus des incrédules c'est à dire les
Irakiens.
A son tour
Al-Walîd b. Abdil Malik ordonna à Khâlid b. 'Abdillah al-Qasrî
de creuser un puits à Makkah. Quand il l'avait fait le puits s'est
avéré d'eau douce et bonne à boire. Les gens
appréciaient - Khâlid dit alors dans son sermon sur la chaire de
Makkah: «Ô les gens! Sachez qu'Ibrâhîm, l'Ami d'Allah
Lui avait demandé de l'eau et Allah lui donna un puits d'eau
salée et amère. Mais quand le calife lui eut demandé de
l'eau, IL lui donna un puits d'eau douce». L'orateur se moquait donc de Zam-Zam.
Il faisait aussi transporter l'eau du puits "califal" dans un bassin
en cuir tout près du puits Zam-Zam pour qu'on en
remarquât la différence». Le narrateur ajouta
néanmoins ceci: «ensuite l'eau de ce puits, s'est perdue dans la
terre et il fut effacé de telle sorte qu'on ne sait plus aujourd'hui
où il était».(505)
Ainsi, la clique
califale s'est abaissée à ce niveau dégradé dans sa
direction de la Communauté. Ceci était l'aboutissement de la
politique qui s'était installée dans la Ummah
relativement à la mystification du statut califal, en particulier celui
d'Abû Bakr et de 'Umar (r. d.). L'éducation dans ce sens de la
pensée au sein de la Communauté était telle que vers la
fin du califat de 'Umar, l'ensemble des Musulmans et en particulier les
Compagnons du Prophète (SAW) acceptèrent de joindre à la Sîrah
du Messager celle des deux premiers califes pour en faire une constitution ou
un modèle dans la société islamique. Ainsi, 'Uthmân
ne pouvait accéder au califat qu'à la condition d'agir selon la
sunnah du Prophète et la sîrah des deux premiers califes.
Or, on a vu qu'ils faisaient intervenir leur opinion personnelle dans la
législation Shar'î: ils avaient supprimé la part
d'Ahlul-Bayt et de Banî Hâshim dans les recettes du Khums
malgré l'existence des textes confirmatifs. Abû Bakr avait
annulé l'application de la loi du talion et la sanction de la lapidation
au profit de Khâlid b. al-Walîd en opposition aux textes
Shar'î et en conformité avec son opinion personnelle. 'Umar avait
prohibé arbitrairement le pèlerinage de jouissance et le mariage
de jouissance et avait créé le système de classe par la
distribution inéquitable des deniers du trésor public. Bref, ils
avaient, pour servir des intérêts particuliers ou
l'intérêt général, altéré beaucoup de
jugements islamiques. En ceci, 'Uthmân leur a emboîté le
pas. Quand vint le tour de l'Imam 'Ali, il s'est plaint de cette
altération des lois islamiques mais n'a pas pu (radicalement
réformer le système) de façon à le ramener à
son état initial de l'époque prophétique. Quand le calife
Mu'âwiyah eut pris le pouvoir, il accentua encore plus
l'altération de la Shari'ah.
De plus en plus, les
Musulmans avec cette mystification des califes et à cause du
travestissement des lois islamiques, ne pouvaient rien faire pour ramener la shari'ah
à leur société. Face à cette situation que devaient
faire les Imams d'Ahlul-Bayt? Comment ont-ils pu ramener de nouveau les
jugements islamiques à la société? C'est ce que nous
allons voir dans le champ de recherche suivant.
4e champ de recherche:
Le
Soulèvement de l'Imam Al-Hussayn (a. s.) contre la Déviation
entraînée par l'Ijtihâd et l'Opinion personnelle loin de la
Sunnah du Messager d'Allah (SAW)
Face à la sunnah
du Messager d'Allah (SAW), les interprétations des califes se sont
propagées et leur Ijtihâd s'est installé en tant que
jugements islamiques dans tout le territoire de l'Islam du Yaman, au
Hijâz, de la Syrie en Irak, du fin fond de l'Iran et de l'Egypte au fin
fond de l'Afrique. Si jamais le véritable jugement islamique était
connu mais s'avérait opposé aux stipulations du calife, la
religiosité consistait alors à tourner le dos à la loi
d'Allah dans la voie de l'obéissance au calife. Les exemples de cet
état d'esprit qui a régné à cette époque ne
manquent pas: «Le syrien qui dit à propos de l'ordre de lancer les
pierres contre la Ka'bah: en présence de l'obligation de respecter le
sacré et de celle de faire preuve d'obéissance, c'est
l'obéissance qui prime le sacré».
Al-Hajjâj qui
appela: «Ô les Syriens! Allah! Allah! Et le devoir de
l'obéissance!».
Sans cette
"acralisation" de l'obéissance, ils n'auraient pas commis
leurs péchés abominables. Le chef de l'expédition
(menée contre Makkah) n'était-il pas Al-Huçayn b. Numayr
qui craignait Allah au sujet d'un pigeon de la Makkah qu'il ne voulait pas
écraser sous les sabots de son cheval (alors qu'il s'acharnait contre la
Ka'bah!)
Même chose pour
Shimr l'assassin de Hussayn (a. s.). Adh-Dhahabî rapporte ceci:
«Shimr faisait la prière de l'aube puis restait assis jusqu'au
lever du soleil afin de faire à nouveau une prière. Il disait
dans son invocation: «Ô Seigneur! Pardonne-moi!» Quand on lui
eut demandé comment il pouvait attendre le Pardon d'Allah alors qu'il
avait tué ou aidé à tuer le petit-fils du Prophète
(SAW), il répondit: «Malheur à toi, comment aurais-je pu
faire? Nos princes que voici nous ont donné un ordre qu'il ne fallait
par refuser. Si nous l'avions refusé nous aurions été
pires que ces ânes».(506)
De même, Ka'b b.
Jâbir qui avait assisté au combat contre Al-Hussayn (a. s.),
disait dans son invocation: «Ô Seigneur! Nous avons rempli notre
engagement, ne fais pas qu'on soit comme ceux qui ont trahi». Ces
derniers étaient, pour lui, ceux qui avaient désobéi au
calife et refusé ses ordres.
'Amru b.
al-Hajjâj s'approcha le jour de 'Ashurâ des compagnons d'Al-Hussayn
(a. s.) et les appela (pour les détourner de Hussayn): «Ô
les originaires d'Al- Kûfah! Gardez votre obéissance et votre
communauté, ne doutez pas du devoir de tuer celui qui s'écarta de
la religion et désobéit à l'imam (Yazîd!)».
Le caractère
religieux qu'ils accordaient à l'obéissance au calife
était tel que le meilleur acte qu'ils espéraient être salutaire au Jour de la Résurrection, était de
perpétrer des crimes contre Allah en vue d'obéir au calife.
Muslim (b. 'Uqbah qui pilla et ensanglanta Médine) dit avant sa mort:
«Ô Seigneur! Après mon attestation "qu'il n'y a
d'autres divinités qu'Allah et que Muhammad est Son esclave et Son
Messager", je n'ai pas accompli d'acte meilleur que celui d'avoir
tué les Médinois. Si par après je devais entrer en enfer,
je serais alors malheureux!».
Voyez-vous cette
religiosité? L'acte le plus pieux dans l'au-delà? Comment la
clique califale a-t-elle transformé l'Islam en un anti-Islam? Ceux qui
ont tué Al-Hussayn faisaient la prière sur Muhammad et sur sa
famille tout en allant les tuer!
Ceux qui ont
catapulté la Ka'bah s'orientaient, dans leur prière, vers la
Ka'bah!
Tout cela s'est
passé au nom de l'obéissance qu'on devait au calife qui
était obéi à la place d'Allah. Le calife qui ordonna de
catapulter la Ka'bah était plus despotique que Pharaon car celui-ci
n'avait pas ordonné de détruire son temple comme l'ont fait les
califes musulmans Yazîd et 'Abdul Malik. C'était ainsi que l'Ecole
des califes avait éduqué les Musulmans. Mais comment ceux-ci
avait pris conscience de la réalité?
Comment les
Musulmans ont-ils pris conscience?
Vu la situation qui
prévalait à cette époque et en raison de
l'obéissance aveugle aux califes que portaient dans leurs curs les
membres de la société musulmane, il était indispensable de
démystifier le statut du califat dans les esprits des Musulmans pour
pouvoir par après s'attaquer à leurs lois et à leurs
interprétations avant de ramener les dispositions islamiques
apportées par le Messager d'Allah, à la société.
Pour que ce rôle soit rempli, Allah y avait préparé l'Imam
Al-Hussayn (a. s.).
Allah et Son
Messager ont préparé l'Imam Al- Hussayn (a. s.) à
opérer le changement voulu
Allah - gloire à
Lui - assigna l'Imam Al-Hussayn (a. s.) à la tâche de la
désacralisation dont le califat musulman devait être l'objet. Pour
ce faire, IL avait préparé la société islamique
(à l'acceptation de ce rôle) par la présentation des droits
d'Ahlul-Bayt en général et de ceux de l'Imam Al-Hussayn (a. s.)
en particulier. Tant dans des versets coraniques que dans les traditions
prophétiques, l'Imam Al-Hussayn (a. s.) jouissait d'un rang
distingué (l'auteur passe ici en revue les versets déjà
vus dans ce livre): le verset de la Mawadda (V. 23/XLII ),
celui de la Purification (V. 33/XXXIII), celui de la Mubâhalah: «Si
quelqu'un te contredit après ce que tu as reçu en fait de
science, dis: Venez! Appelons nos fils et vos fils, nos femmes et vos femmes,
nous-mêmes et vous-mêmes, nous ferons alors une exécration
réciproque en appelant une malédiction d'Allah sur les menteurs».
(V. 61/III) (pour fils, le Prophète appela Hassan et Hussayn; pour
femmes, il appela Fâtimah; pour nous-mêmes: lui et 'Ali).
Pour ce qui est des
hadîths, en voici une partie, tous puisés des sources
traditionnelles les plus sûres (Al- Bukhârî, Muslim, Ahmed,
At-Tirmidhî, Ibn Mâjah, Al-Bayhaqî, Al-Mustadrak ... etc.).
«N'est pas
acceptée la prière de celui qui l'a faite sans avoir prié
sur moi et sur ma famille».(507)
Quand on lui eut
demandé comment faire la prière sur lui, il répondit:
«Dites Allâhumma prie sur Muhammad et sur la famille de
Muhammad ('âlimuhammad) comme Tu as prié sur la famille
d'Ibrâhim car Tu es certes, Glorieux et Digne de Louanges ...»
«Je
déclare la guerre à qui vous la déclarez et la paix
à qui vous voulez».
Il a pris la main de
Hassan et de Hussayn et dit: Quiconque m'aime et aime ces deux-ci, leur
père et leur mère, sera avec moi et dans mon rang le Jour de la
Résurrection (Ahmed, 1/77; At-Tirmidhî, "Les mérites
..."; Tahdhîb ..., 10/430, ...etc.)
«Al-Hassan et
Al-Hussayn sont mes deux myrtes de ce monde».
A propos de ce
hadîth, Al-Bukhârî (début de "La
création", "Mérites de Hassan et de Hussayn", Sahîh)
rapporte ce récit: Quand un homme eut demandé à Ibn 'Umar
de le renseigner sur le sang du moustique (pur ou impur?), Ibn 'Umar lui
demanda:
- D'où es-tu?
- Je suis d'Irak,
répondit l'homme
- Voyez cet homme,
s'exclama Ibn 'Umar, il me demande de le renseigner sur le sang d'un moustique
alors qu'ils ont tué le petit-fils du Prophète (SAW). Or, j'avais
entendu le Prophète (SAW) dire: Ils (Hassan et Hussayn) sont mes deux
myrtes de ce monde. Vous informerai-je qui a les meilleurs grands-parents, le
meilleur oncle paternel, la meilleure tante paternelle, le meilleur oncle
maternel, la meilleure tante maternelle, le meilleur père et la
meilleure mère? Ce sont Hassan et Hussayn (Majma'uz-Zawâ'id,
9/184; Kanz al-'Ummal, 13/103 ... etc.)
«Ce sont mes fils
et les fils de ma fille. Ô Seigneur! Je les aime; aime-les bien et aime
ceux qui les aiment».
«Quiconque aime
Al-Hassan et Al-Hussayn m'aime aussi certainement; si quelqu'un les
déteste, il me déteste sûrement» (Ibn Mâjah;
Ahmed, 2/288, 440, 531, 5/369; At-Tayâlisî, 10/327, 332;
Majma'uz-Zawâ'id, 9/180, 181, 185; Al-Bayhaqî ... etc.)
«Tous les fils
d'Adam appartiennent, respectivement à leur clan sauf les fils de
Fâtimah: je suis leur père et leur clan»
«Quand il priait
dans la Mosquée et qu'il se prosternait, Hassan et Hussayn montaient sur
son dos; quand il levait la tête, il le faisait lentement pour les
descendre doucement ...»
«Quand il donnait
son sermon à la Mosquée et que Hassan et Hussayn venaient vers
lui titubant, il descendait de la chaire et les prenait dans ses
bras...».
Allah et Son Messager,
de par ces versets et hadîths, préparaient la Communauté
à considérer Ahlul-Bayt avec estime, amour et
fidélité.
L'Imam Al-Hussayn, en
particulier, fut signalé à la Communauté par ce qu'Allah
avait révélé à Son Prophète à son
sujet. On savait que l'Imam Al-Hussayn (a. s.) tomberai
un jour en martyr. A plusieurs occasions (à sa naissance notamment), le
Prophète informa sa Communauté de son martyre.
L'Imam 'Ali (a. s.) a
fait de même après la mort du Prophète (SAW). En route vers
Çaffine, n'a-t-il pas informé ses compagnons à partir du
Messager d'Allah (SAW) du martyre à venir de Hussayn (a. s.)?
Ainsi, la
Communauté avait été orientée vers l'amour de
l'Imam Al-Hussayn et la considération de son rang. Certains savaient en
plus qu'il faisait partie des Douze Imams porteurs et protecteurs de l'Islam.
En tout cas, à
son époque, il était le seul homme à avoir
hérité de l'attachement affectif des Musulmans à son
grand-père, le Messager (SAW).
C'est pour cela que les
Musulmans après la mort de Mu'âwiyah, voulaient lui prêter
serment d'allégeance pour qu'il fût le Calife légitime,
jouissant de tous les droits du Califat. S'il avait accédé
à cette époque au Califat musulman, il n'aurait pas pu ramener
à la société les jugements islamiques travestis par les
califes en raison de leurs interprétations (arbitraires). Comme l'Imam
'Ali (a. s.) ne pouvait extirper les coutumes ancrées par les trois
califes qui l'avaient précédé (voir ses plaintes dans le
chapitre précédent), l'Imam Al-Hussayn (a. s.) aurait
été obligé s'il avait reçu l'allégeance, de
confirmer les bida' (Ijtihâd) de Mu'âwiyah - y compris
celle relative à l'insulte de l'Imam 'Ali (a. s.) sur les chaires
musulmanes, instituée par Mu'âwiyah, en plus des dispositions
califales antérieures. Comme les Musulmans n'arrivèrent pas
à lui prêter serment d'allégeance, il était à
leurs yeux semblable aux deux Mosquées sacrées de l'Islam (celle
de la Ka'bah et celle de Médine) qu'ils croyaient vénérer
tout en les profanant (les gouverneurs de Yazîd et de 'Abdil Malik b.
Marwân) dans une obéissance (aveugle) au calife. Ce qu'avait dit
Farazdaq à l'Imam Al-Hussayn (a. s.) à ce sujet s'est
avéré exact: «Les curs des gens sont avec toi mais leurs
épées sont avec Banî Umayyah». Quel était donc
le problème (des Musulmans) à cette époque?
La condition
musulmane à l'époque de l'Imam Al- Hussayn (a. s.)
Dans les deux capitales
spirituelles Makkah et Médine, et les deux capitales politiques
(califales) Al-Khûfah et la Syrie, les Musulmans à cette
époque voyaient l'attachement à la religion dans
l'obéissance au calife quels que soient ses traits et ses ordres, et
l'hérésie dans le soulèvement contre lui. La
présence dans ces capitales d'un nombre important de Compagnons qui ont
vu et écouté le Messager d'Allah, de Tâbi'îne (leurs
disciples) et de l'élite musulmane, n'a pas suffi pour changer cet
état de chose.
Que dire des Musulmans
vivant à cette époque dans les autres cités musulmanes des
pays lointains comme en Afrique, en Iran ou même dans la presqu'île
arabique? Les habitants de ces contrées n'ont pas vu le Prophète
(SAW) ni accompagné sa famille et les élèves de son Ecole
mais cherchaient à connaître l'Islam à travers ce qu'ils
voyaient dans la capitale du califat et dans la cour du calife en particulier
car celui-ci et sa sîrah représentaient pour eux l'Islam
et sa morale. Or, l'Islam qu'ils trouvaient devant eux personnifié par
le calife d'Allah et de Son Messager était celui d'un homme que rien
n'empêchait de s'emparer de ce qu'il désirait. Un calife qui
buvait du vin, délaissait la prière, battait du tambour, faisait
jouer les chanteuses, jouait lui-même des chiens et veillait avec les
jeunes pervers. Un calife qui s'accouplait aux filles, et à celles qu'il
était légalement empêché d'épouser.(508)
Un calife qui ordonna
de tuer le petit-fils du Messager, d'assujettir ses filles en captivité,
de profaner la Mosquée du Prophète, de catapulter la Ka'bah et de
dire (en renégat):
Hâshim
(la tribu) s'est jouée de la Royauté.
Nulle
information n'est venue du ciel
Nulle
révélation n'en est descendue!
Le problème
à cette époque n'était donc pas limité au
despotisme d'un tyran injuste qu'il convenait de remplacer par un dirigeant
juste. Le problème résidait dans l'effacement des jugements
islamiques, dans l'attachement religieux à l'obéissance
inconditionnelle au calife et dans cette vision mythique qu'avaient les
Musulmans de cette époque du statut califal. Face à ce mal, le
traitement consistait exclusivement en le changement de cette vision et de
cette croyance comme introduction indispensable au retour des véritables
jugements et valeurs islamiques dans la société. Or, le seul
homme qui était capable de porter le fardeau du changement était
l'Imam Al-Hussayn (a. s.) en raison de son statut, de son rang par rapport au
Messager d'Allah (SAW) et des nombreux versets et hadîths qui furent dits
à son sujet.
Cet homme si valoureux
devait choisir à cette époque l'une des deux attitudes suivantes:
ou bien prêter serment d'allégeance à Yazîd et jouir
par conséquent d'une vie aisée dans ce bas-monde tout en gardant
l'affection et l'estime des Musulmans (qui ne s'attendaient pas à autre
chose que la soumission). Dan ce cas de l'allégeance d'Al-Hussayn,
supposée, prêtée à Yazîd signifierait.
La confirmation
de Yazîd dans sa perversion et sa mécréance
déclarées
La confirmation des
Musulmans dans leur foi en ceux qui, comme Yazîd, pouvaient s'emparer du
califat, jouir ainsi de la qualité de représentants
légitimes (à cause de l'allégeance) d'Allah et de Son
Messager et imposa leur obéissance en tout contexte et comme bon leur
semblait.
Ces deux confirmations,
si elles avaient été produites par l'Imam Al-Hussayn (a. s.)
auraient signifié l'annihilation de la Shari'ah - de son grand
-père ou sa metamorphose à l'instar de ce qui était advenu
de la Shari'ah de Moïse, de Jésus et des autres religions
antérieures. Cela aurait aussi fait porter à l'Imam Al-Hussayn
(a. s.) la responsabilité des péchés de ses contemporains
et de ceux qui viendraient après jusqu'au Jour de la
Résurrection. Car il ne restait à cette époque là
qu'un petit-fils du Messager, à qui le terrain avait été
aplani. Personne d'autre que lui ne jouissait de ce statut aux yeux des
Musulmans.
La deuxième
attitude consistait donc en la réprobation des actes de Yazîd et
la soumission aveugle des Musulmans aux actes de leur tyran. Choisir cette
attitude voulait dire changer l'état lamentable de la Ummah et permettre
aux Imams qui viendraient après lui d'assurer la tâche de vivifier
la Shari'ah de Son grand-père. Ce fut l'attitude qu'avait eue l'Imam
Al-Hussayn (a. s.).
Le but de
l'Imam Al-Hussayn (a. s.); Sa devise et sa voie
L'Imam porta cette
devise: «La nullité du pouvoir califal en place parce qu'il
constituait un danger pour l'Islam».
Il dit alors: «Si
l'Ummah subit l'épreuve d'un berger comme Yazîd, adieu
l'Islam», a-t-il dit à quelqu'un qui lui proposait de prêter
serment d'allégeance à Yazîd pour son bien ici-bas et dans
l'au-delà.
Ibn 'Umar lui a dit
aussi: «Crains Allah et ne devise pas la Communauté des Musulmans!
Par Allah! Même s'il ne me restait dans ce monde aucun refuge, je ne
prêterai jamais d'allégeance à Yazîd b.
Mu'âwiyah».
D'après cette
devise, la cause de l'Imamat est juste, celle du califat de l'époque est
nulle. Le message adressé par Al-Hussayn (a. s.) à son
frère Mohamed b. Al-Hanafiyyah montre clairement cette
vérité:
«Je ne suis sorti
(me suis soulevé) que pour opérer la réforme dans la Ummah
de mon grand-père (SAW). Je veux ordonner ce qui est convenable,
interdire ce qui est blâmable et me conduire selon la sîrah de mon
grand-père et de mon père 'Ali b. Abî Tâlib.
Quiconque m'acceptera, aura accepté la justice (et la
vérité) qui appartient à Allah en priorité. Si on
refuse mon projet, je garderai patience jusqu'à ce qu'Allah juge
justement entre moi et mon peuple, et IL est le meilleur des juges».
Dans cette lettre -
testament -, l'Imam Al-Hussayn fait abstraction des trois premiers califes, de
Mu'âwiyah et de leur sîrah (conduite ou politique) et
déclara qu'il voulait suivre les traces de son grand-père.
La sîrah
des califes se résume en l'obtention coûte que coûte de
l'allégeance des Musulmans pour les gouverner ensuite selon des
interprétations personnelles (itihâdât) des
jugements islamiques.
La sîrah
de son grand-père et de son père se résume en trois
principes: apporter l'Islam tel quel aux gens. Appeler les gens à le
pratiquer et s'astreindre à cette sîrah quelles que
soient les circonstances c'est-à-dire qu'ils (le Messager et 'Ali)
soient dirigeants (le Prophète comme chef de l'Etat à
Médine et 'Ali comme calife après l'assassinat de 'Uthmân)
ou non (comme dans le temps où le Prophète était à
Makkah et 'Ali avant l'insurrection contre 'Uthmân). Dans les deux temps,
la Sîrah du Prophète (SAW) et de 'Ali (a. s.) avait pour
souci majeur d'apporter l'Islam à la Communauté. L'un (le
Prophète) l'a transmis à partir d'Allah, l'autre à partir
de Son Messager.
Dans les deux temps,
ils ont appelé à l'Islam, ordonné le bien et interdit le
mal.
L'Imam Al-Hussayn (a.
s.) voulait se conduire selon leur sîrah et non d'après
la politique des califes. Quiconque l'acceptera aura accepté la
vérité; sinon, il garderait patience jusqu'à ce qu'Allah
juge justement entre lui et la clique califale.
Le but de l'Imam
Al-Hussayn (a. s.) était de convaincre les gens du bien fondé de
sa devise (la nullité du califat établi et la justesse de
l'Imamat). Quiconque refusera de croire en lui après avoir entendu
l'appel de l'Imam, l'argument aura été accompli contre lui.
L'Imam fournissait donc tout effort possible pour diffuser le bien fondé
de sa cause.
C'était
là la devise et le but de l'Imam (a. s.). La voie pour y arriver
était le martyre comme le dit très bien le poète:
Si la religion
de Muhammad
ne pouvait aller
droit que par ma mise à mort,
Ô les
épées prenez-moi!
Le prouve aussi son
message adressé à Banî Hâshim: «Celui qui me
rejoint sera martyr; celui qui s'y attarde ne parviendra pas au
succès».
Ainsi, il appelait les
gens à sa cause et à le suivre en toute clairvoyance. L'histoire
de Zuhayr b. al-Qayn le montre clairement. Au début, celui-ci
répondit en rechignant à l'appel de l'Imam, mais par
après, comme le dit la narrateur, il est
allé vers lui (dans son camp), le visage radieux après avoir
ordonné de transporter sa tente dans le camp de Hussayn (a. s.), ensuite
il dit à sa femme: «Je te répudie, rejoins donc ta famille
car je ne veux qu'il t'arrive que du bien à cause de moi». A ses
compagnons il dit: «Que celui qui, parmi vous, aime le martyre, il se
lève sinon, c'est la dernière fois qu'on se voit!».
Avant d'arriver dans le
camp de l'Imam, Zuhayr avait appris la nouvelle du martyre de Muslim et de
Hânî' et celle de la volte-face des gens d'al-Kûfah. Il
savait même ce qui l'attendait puisque, lors de la bataille de Balanjar,
le Compagnon Salmân al-Bâhilî leur avait parlé du
grand Jour (de Hussayn) et de la chance qu'auraient ceux qui pourraient
l'atteindre.(509)
L'Imam appelait
à le suivre, des alliés de ce type et écartait de son
chemin ceux qui voulaient le suivre dans l'espoir de le voir accéder au
pouvoir. La devise de l'Imam et sa voie étaient à chaque occasion
et à chaque escale, exposées clairement
aux gens. A Ibn 'Umar qui voulait le dissuader de s'insurger, l'Imam dit:
«Ô
'Abdallah! ne sais-tu pas qu'en raison de la bassesse
de ce bas-monde auprès d'Allah, IL a laissé la tête de
Yahyâ (Jean Baptiste) s'offrir en cadeau à une prostituée
juive ... Allah n'a pas puni sur-le-champ les coupables de ce meurtre mais par
après IL les a tenus en Souverain Omnipotent! Ô
Abâ-'Abdir-Rahmân (Ibn 'Umar) crains Allah et ne t'abstiens pas de
me soutenir!».(510)
Dans ce récit,
l'Imam ne fait-il pas allusion à la ressemblance de son cas avec celui
de Yahyâ?
En chemin vers l'Irak,
l'Imam dit dans uns sermon: «La mort est aux fils d'Adam ce qu'est le
collier au cou de la jeune fille. Ô combien je suis avide de rencontrer
mes prédécesseurs (martyrs), tel Ya'qub qui aspirait à la
rencontre de Yûssuf! Mon lieu de mort fut choisi pour moi et j'irai
à sa rencontre. Je me vois déchiqueté dans le
désert entre An-Nawâwis et Karbalâ'. De ma chair se
rassasieront des ventres affamés. Pas d'échappatoire devant son
jour fatal. Notre agrément réside dans l'agrément d'Allah
(s'IL est content d'une chose, nous en sommes contents). Nous supportons Ses
épreuves et IL nous accorde la rétribution des patients. Un
morceau de chair du Messager d'Allah ne fera pas exception et rejoindra l'ensemble
de sa chair dans l'enceinte de la sainteté (Al-Quds) où il en
aura les yeux apaisés et sa promesse accomplie.
Qu'il vienne avec nous
celui qui est prêt à donner pour nous sa vie et qui s'est affermi
dans la voie qui mène à la rencontre d'Allah ...».
A chaque campement et
à chaque départ, l'Imam rappelait l'histoire de Yahyâ b.
Zakaryâ (a. s.) et son meurtre.(511)
En répondant à son appel, l'Imam
oppose son argument à l'encontre du peuple de Kûfah
L'Imam (a. s.) savait de par l'évidence des choses
et abstraction faite des informations divines et prophétiques relatives
à son meurtre, qu'il était devant un dilemme: prêter
serment d'allégeance à Yazîd ou se faire tuer. Cela
était clair depuis le début, juste après la mort de
Mu'âwiyah quand Marwân conseilla au gouverneur de Médine de
recevoir le serment d'allégeance de Hussayn et de le tuer en cas de
refus. L'Imam (a. s.) les fuit et se réfugia à Makkah
auprès de la Maison sacrée d'Allah.(512)
Là, l'Imam sentit que Yazîd voulait le
faire assassiner. Or, d'après le hadîth, à cause d'un
homme, la Maison sacrée d'Allah sera profanée et l'Imam ne
voulait pas être cet homme comme il l'avait dit à son frère
Mohamed b. al-Hanafiyyah et à Ibn Az-Zubayr:
«Par Allah je sais que même si
j'étais dans le terrier de quelque bête sauvage, ils (les
Injustes) m'en sortiraient pour accomplir en moi leur dessein. Par Allah, ils
m'agresseront comme les Juifs avaient transgressé le Sabbat ...(513) Par Allah! Je préfère être
tué à l'extérieur de Makkah plutôt qu'à
l'intérieur, fût-ce d'un empan!»
A Ibn 'Abbâs, il a dit: «J'aimerais
mieux être tué à tel ou tel lieu que de l'être
à Makkah qui aurait été alors profanée à
cause de moi».
L'Imam savait donc qu'il s'exposait à la
mort là où il se trouvait tant qu'il n'a pas prêté
serment d'allégeance au calife des musulmans Yazîd b.
Mu'âwiyah. Il choisit alors la voie du martyre pour lui-même et pour
ceux qui le suivraient.
Quant aux habitants d'al Kûfah, ils avaient
envoyé successivement des messages à l'Imam Al-Hussayn (a. s.)
dans lesquels ils lui demandaient:
«Ô viens, car nous n'avons plus d'Imam
(de dirigeant) et nous espérons qu'Allah nous réunira par toi
dans la vérité. Sache aussi que le gouverneur An-Nu'mân b.
Bachîr qui garde son palais administratif ne nous conduit ni en
prière du vendredi ni en prière de l'Aïd (fête
à la fin du Ramadan ou fête du sacrifice). Si nous savions que tu
t'es dirigé vers nous, nous l'en sortirons pour qu'il aille en Syrie».
Dans d'autres lettres ils ont écrit ceci:
«À l'intention d'Al-Hussayn b. 'Ali,
de la part de sa Shi'ah (partisans) parmi les croyants et les musulmans. Eh
bien viens! Tu es le bienvenu et les gens t'attendent et ne pensent
guère à quelqu'un d'autre que toi. Fais vite! Fais vite!»
Les notables de Kûfah écrivirent ceci
et lui envoyèrent:
«Viens rencontrer une armée pour toi
bien équipée».
«Tu as avec toi cent mille
épées».(514)
Si l'Imam n'avait pas répondu positivement
à l'appel du peuple d'al-Kûfah, il aurait ou bien
prêté allégeance à Yazîd ou bien choisi le
martyre ailleurs. Dans les deux cas, il aurait bafoué le droit des gens
d'al-Kûfah et l'histoire leur aurait donné raison contre l'Imam et
ce, jusqu'au Jour de la Résurrection. Or, les humains n'ont aucun
argument à opposer à Allah - gloire à Lui-.
Le départ de l'Imam pour l'Irak
n'était donc pas motivé par la duperie que lui avaient
occasionnée les habitants d'al-Kûfah. Sinon pourquoi le meurtre de
Muslim b. 'Aqîl et celui de Hânî b. 'Urwah ne l'en
avaient-ils pas dissuadé?
L'Imam (a. s.) était parti pour l'Irak
afin que son argument soit le plus haut et non à cause de l'insistance
des fils de 'Aqîl
D'aucuns avancent naïvement que l'Imam est
parti pour l'Irak malgré l'arrivée des nouvelles annonçant
le martyre de Muslim et de Hânî' parce que Banî 'Aqîl
lui avaient dit: «Nous ne rebrousserons chemin qu'après nous
être vengés ou subir le même sort que notre
frère». Dire que l'Imam s'est exposé à la mort ou
qu'il a mis en péril la vie de ses compagnons à cause de ce
propos, serait stupide (comme interprétation). La vérité
est que pour l'Imam, il était égal qu'il allât en Irak ou
dans un autre coin du monde: le même sort l'attendait tant qu'il
s'abstenait de prêter allégeance au calife Yazîd:
l'assassinat. Or, si tel était son sort, autant opposer son argument aux
Irakiens en leur faisant parvenir, dans leur propre pays, sa réponse
positive à leur quête et à leur invitation. En y allant,
l'Imam Al-Hussayn (a. s.) eut l'argument haut à l'égard des
Irakiens et de ses autres contemporains parce qu'il avait déclaré
au monde entier sa réprobation du Taghût qui
s'était installé au sein du califat musulman. A travers les
siècles, l'insurrection de l'Imam Al-Hussayn contre le despotisme garda
son retentissement éternel. S'il était resté chez lui, il
aurait été tué froidement et les appareils
«spécialisés» du califat auraient effacé les
traces de son histoire. Mais l'Imam a fait le nécessaire pour que la
vérité sur le califat et sur lui-même éclatât
au grand-jour et pour que le récit de son histoire soit diffusé
dans le monde.
Le côté de la sagesse dans
l'insurrection de l'Imam (a. s.)
L'Imam commença par déclarer son
opposition à l'allégeance prêtée au nouveau calife.
Il résistait à la clique califale
installée à Médine jusqu'à ce que cela se sût
largement. Après, il s'est dirigé vers Makkah par le chemin le
plus battu contrairement à ce qu'avait fait Ibn Zubayr.
Réfugié auprès de la Maison d'Allah, il s'est vu entourer
des Musulmans venus faire le petit pèlerinage (Al- 'Umrah). Ils
écoutaient le petit-fils de leur Prophète (SAW) et lui, leur
parlait de la Sîrah de son grand-père et de la
déviation du calife. Ensuite, il proclama sa cause, écrivit aux
gens dans les différents pays de l'Islam, appela la Communauté au
soulèvement armé contre le califat et au changement de
l'état des choses et l'invita à lui prêter serment
d'allégeance, pour réaliser ce but et non pour qu'il
accédât, lui, au califat. A aucun moment, il n'a fait miroiter
cette ambition à quelqu'un ni dans l'un de ses sermons ni dans l'un de
ses écrits. Au contraire, à chaque escale, à chaque
campement, il citait l'exemple de Yahyâ (a. s.) comme s'il allait avoir
le même sort que lui. Les points communs entre les deux
"Saints" étaient la réprobation des actes du Tâghût
et la résistance jusqu'au martyre. Yahyâ (a. s.) y allait seul et
Al-Hussayn (a. s.) avec ses alliés et les membres de sa famille. Or,
celui qui veut rassembler les gens autour de lui afin qu'ils le soutiennent en
vue de prendre le pouvoir, qu'il leur fait miroiter, ne leur tient pas des
propos défaitistes, ne leur cite pas des exemples de martyre mais de
victoire.
L'Imam est resté quatre mois à Makkah
où il rencontra d'abord ceux qui étaient venus pour la 'Umrah,
ensuite les pèlerins venus de tous les lieux pour l'accomplissement
d'Al-Haj. Aux uns et aux autres, il rapportait à partir de son
grand-père (SAW) ce qui était susceptible de les faire craindre
les péchés et le châtiment consécutif d'Allah. Il
les mettait en garde contre le danger imminent auquel le califat exposait
l'Islam. Les gens entendirent de l'Imam ce qu'ils n'avaient pu
entendre de personne d'autre que lui à cette époque. A
l'approche du Jour d'At-Tarwiyah, un jour avant la station 'Arafat, quand les
gens eurent entamé la sacralisation du pèlerinage
(Al-'Ihrâm) en répétant Labbayka lâhumma Labbayk
(me voilà Allah! Me voilà!), il rompit son Ihrâm et sortit
de l'enceinte sacrée en disant: «Je crains d'être
assassiné ici dans l'enceinte de la Maison d'Allah parce que je n'ai pas
prêté serment d'allégeance. Que je sois tué ne
fût ce que d'un empan loin d'Al-Haram, plutôt qu'à
l'intérieur». L'Imam (a. s.) n'a pas dit qu'il allait en Irak pour
prendre le pouvoir mais qu'il s'en allait pour se faire tuer loin de la Maison
d'Allah, ne fût ce que d'un empan.
Les pèlerins retournèrent chez eux et
avec leur retour la nouvelle de l'insurrection de l'Imam (a. s.) parcourait les
lieux que traversaient les caravanes et les cohortes des pèlerins. Tous
les Musulmans qui avaient appris la nouvelle de son insurrection contre le
califat corrompu, aspiraient à en connaître l'issue. Les
informations leur parvenaient que l'Imam (a. s.) était parti avec une
volonté ferme que n'entamèrent ni les propos d'un Ibn 'Umar
(adieu martyr!) ni ceux d'un Farazdaq (les curs des gens sont avec toi mais
leurs épées sont avec Banî Umayyah) ni la lettre de 'Amrah
qui, citant 'Aïsha à partir du Messager (SAW), parlait du martyre de
Hussayn en terre de Babel ...
L'Imam (a. s.) allait droit au but, ne cachait rien
de ses desseins et faisait en sorte que son opposition au calife Yazîd se
sût partout. Ainsi, il confisqua le convoi qui transportait des objets
précieux et du parfum envoyés au calife par le gouverneur du
Yaman, pour souligner le caractère illégitime du califat. Quand
il fut arrivé le premier à un point d'eau dans un désert
aride, il n'empêcha pas l'armée ennemie de boire et de donner
à boire aux bêtes et aux chevaux, ne l'attaqua pas à
l'improviste mais la laissa, par contre, prendre la décision de lui
déclarer la guerre. Ensuite il voulut faire parvenir son argumentation
à cette armée califale et après avoir guidé leur
prière, il dit:
«Excuse pour Allah - gloire à Lui -,
parvenue jusqu'à vous! Je ne suis venu vers vous qu'après avoir
reçu vos lettres et vos émissaires. Vous avez affirmé que
vous n'aviez pas d'Imam, que vous espériez votre union autour de la
guidance et que je devais vous rejoindre. Si vous tenez votre parole, je suis
venu pour cela. Si par contre vous refusez de respecter vos engagements et
détestez ma présence, je m'en irai».
Dans un deuxième sermon, il dit:
«Si vous craignez Allah et savez de quel
côté est la vérité, ce sera un agrément pour
Allah. Nous sommes Ahlul-Bayt, plus dignes de l'autorité sur vous que
ces prétendants qui vous mènent par l'injustice et la
violence».
L'Imam (a. s.) adressa aussi la même
argumentation à ses compagnons et leur dit:
«Ne voyez-vous pas qu'on n'agit pas selon le
vrai et qu'on n'écarte pas le faux? Que tout croyant espère
sincèrement rencontrer Allah car je vois que la mort est un bonheur et
que la vie avec les injustes est un calvaire».
Ses Compagnons lui dirent alors:
«Par Allah! Si la vie durait tout le temps,
que nous y restions éternellement et que ton soutien et ton secours
signifiaient une séparation d'avec la vie, nous choisirions de sortir
avec toi plutôt que d'y rester».
A At-Tirimmâh qui lui proposait d'aller sur
les montagnes de Tay' où il serait défendu par vingt mille
Tayois, l'Imam (a. s.) dit: «Il y avait entre ces gens et
nous-mêmes une parole qui nous empêche aujourd'hui de nous en
aller».
Durant cinq mois successifs, l'Imam Al-Hussayn (a.
s.) présentait son argumentation (son programme politique et spirituel)
aux Musulmans qu'ils pouvaient atteindre: ceux qui vivaient à
Kûfah et à Baçorah, en Irak, ceux qui vivaient en Syrie par
l'intermédiaire de leurs concitoyens à qui il a fait parvenir son
message et ses arguments et ceux à qui il a envoyé des
émissaires.
Il entreprit aussi le soulèvement
armé en recevant l'allégeance des gens, en envoyant son
ambassadeur Muslim qui finit par livrer combat aux infidèles et en
allant lentement avec ses guerriers en terre d'Irak. Les pèlerins qui
avaient pris connaissance de son insurrection auraient pu le rejoindre. Ceux
qui, à Makkah , à Médine et
ailleurs, avaient reçu son appel au soutien auraient pu accourir vers
lui car ils en avaient le temps. Son combat ne s'était pas
déclaré à l'improviste ou à leur insu car l'Imam
(a. s.) allait d'une contrée à l'autre, contournait la clique
califale et discutait avec les uns et les autres. Tous ont donc
contribué à cet abandon dont l'Imam (a. s.) fut victime. Bien
sûr l'abîme de la honte était le lot des habitants
d'al-Kûfah qui, après l'avoir invité à les rejoindre
et répondu positivement à son appel, le combattirent
jusqu'à la mort.
Face à l'ensemble des Musulmans, l'Imam
Al-Hussayn (a. s.) accomplit par la parole et par l'acte, sa mission de
sensibilisation et d'argumentation avant d'arriver à Karbalâ'.
Là, devant l'esprit défaitiste et la trahison des Irakiens,
devant les milliers d'entre eux qui déferlaient cherchant à faire
de son sang une oblation à la clique califale, l'Imâm Al-Hussayn
(a. s.), donna, face à cette dernière en particulier, le dernier
épisode de son argumentation: il proposa de déposer les armes
pourvu qu'on le laisse revenir à son lieu de départ ou à
un autre lieu des frontières islamiques pour être simple citoyen
ayant les mêmes devoirs et les mêmes droits que les autres (ce
droit fut accordé par l'Imam 'Ali à Abdullah b. 'Umar, Sa'd b.
Abî Waqqâs et Usâmah b. Zayd qui ne voulaient pas lui
prêter serment d'allégeance). Mais l'armée du calife rejeta
sa proposition et insista sur l'obligation de prêter serment
d'allégeance à Yazîd et de se mettre à la
disposition d'Ibn Ziyâd (son gouverneur en Irak). Ce que l'Imam refusa
catégoriquement. Il se prépara alors à la rencontre
d'Allah et, pour ce faire, demanda à l'armée califale le soir du
neuf Muharram, de lui accorder un délai d'une seule nuit, pour la passer
dans la prière, l'invocation et la lecture du Coran parce qu'il aimait
cela. Quand on eut répondu à sa quête, il rassembla ses
compagnons, la veille de 'Ashûrâ', les sermonna et dit:
«Je crois que notre jour avec ces ennemis est
demain. Je vous autorise tous à vous en aller; vous n'êtes point
répréhensibles en cela. Voici la nuit qui s'approche, prenez-la
comme monture et partez! Que chacun de vous prenne la main d'un homme de ma
famille et partez! Je demande à Allah de vous rétribuer tous en
bien. Dispersez-vous dans les villes et la multitude car ces gens ne cherchent
que moi; s'ils me prennent, ils négligeront de poursuivre les
autres».
Les Hashimites lui dirent alors: «Pourquoi
ferions-nous cela? Pour vivre après toi? Qu'Allah ne nous montre jamais
cela!»
À Banî 'Aqîl, il dit: «Le
meurtre de Muslim (son cousin et émissaire à Kûfah) devra
suffire! Partez! Je vous le permets!»
- Non, répondirent-ils. Par Allah! Nous ne
partirons pas mais nous nous sacrifierons pour toi!»
Ensuite ses alliés parlèrent. Muslim b. 'Awsajah dit:
- Quoi? te laisser et
partir? Quelle excuse présenterons-nous alors à Allah pour ne pas
avoir respecté ton droit? Non, par Allah! Je ne partirai qu'après
avoir frappé dans leurs poitrines par ma lance et mon épée.
Si je n'avais plus d'arme je leur lancerai des pierres jusqu'à ce que je
meure avec toi!»
Sa'îd al-Hanafî dit à son tour:
- Par Allah! On ne te laissera jamais seul. Allah
saura qu'en toi nous aurons après la mort de Son Messager gardé
son souvenir et son esprit. Par Allah! Si je savais que j'allais être
tué puis revivre puis être brûlé vif puis
répandu en cendres soixante-dix fois, je ne me séparerais pas de
toi. Comment ne ferai-je pas cela alors qu'il s'agira d'une seule mort qui sera
suivie de Dignité et du bonheur éternel?»
Les propos des autres compagnons se ressemblaient.
Par après, ils se sont levés pour passer la nuit dans la
prière en préparation de leur rencontre avec Allah. Sur le plan
des préparatifs de guerre, l'Imam (a. s.) ordonna de creuser un
fossé derrière les tentes et de le remplir de bois et d'osier
afin d'allumer du feu et d'en faire une protection derrière eux
lorsqu'ils affronteraient l'ennemi.
Le jour de l'Ashûrâ, l'Imam Al-Hussayn
(a. s.) et ses compagnons voulurent parler aux musulmans rebelles avant le
déclenchement de la guerre. Sur sa chamelle, l'Imam (a. s.) envisagea
les troupes, demanda aux hommes de l'écouter et leur dit:(515)
«Ô les gens! Ecoutez-moi et attendez
mon exhortation: Vous avez cru en Muhammad (SAW) et vous voilà qui
déferlez sur ses descendants afin de les tuer!
Ô les gens! Pensez à la parenté
et dites-vous qui je suis puis revenez à vous-mêmes et
considérez bien s'il vous est permis de me tuer et de profaner ma
dignité!
Ne suis-je pas le petit-fils de votre
Prophète?
Le propos du Messager d'Allah, selon lequel mon
frère et moi «seront les seigneurs de la jeunesse du
Paradis» ne vous est-il pas parvenu? Si vous en doutez,
doutez-vous que je sois le petit-fils de votre Prophète? Par Allah! il n'y a pas entre l'Orient et l'Occident un petit-fils de
Prophète autre que moi, parmi vous et parmi d'autres peuples que vous?
Ai-je tué quelqu'un parmi vous? Me suis-je emparé d'un bien qui
vous appartient? Suis-je poursuivi par la loi du talion?
Puis l'Imam (a. s.) appela:
Ô Shabath b. Rib'î! Ô
Hajjâr b. Abjar! Ô Qays b. Al-Ash'ath! Ô Zayd b.
al-Hârith! Ne m'avez-vous pas envoyé vos lettres? Ne
m'avez-vous pas écrit: «Viens! car les
fruits sont mûrs et les alentours sont verdoyants; ton armée bien
équipée te recevra ici?
Ô les gens! Si vous me détestez, laissez moi m'en aller!
Qays b. al-Ash'ath lui dit alors: «Pourquoi
ne condescends-tu pas au commandement de tes cousins?»
Al-Hussayn (a. s.) dit: «(votre
chef) bâtard et fils de bâtard insiste pour nous acculer à
choisir entre la mort (par l'épée) et l'humiliation! Or loin de
nous l'humiliation ..».
Ensuite il dit: «Par Allah! vous ne resterez après cela qu'un temps aussi court
que celui d'une promenade à cheval puis ça tournera sur vous
comme une meule ... Une promesse qui me fut transmise par mon père
à partir de mon grand-père le Messager d'Allah ...».
Ensuite l'Imam (a. s.) leva les mains vers le ciel
et dit: «Ô Seigneur! Qu'ils soient privés de pluie ...
Ô Seigneur! Donne le pouvoir sur eux au jeune homme de Thaqîf
(promis) afin qu'il leur fasse goûter le verre de l'amertume!»
Ainsi donc! L'armée du califat dans la Ummah de Muhammad (SAW) déclara la guerre à
son petit-fils pour qu'il prêtât serment d'allégeance
à Yazîd et se soumît au commandement d'Ibn Ziyâd.
L'Imam Al-Hussayn (a. s.) et ses compagnons acceptèrent la mort de leurs
hommes et la réduction de leurs femmes en captivité plutôt
que de se résigner.
L'armée du califat s'apprêta à
tuer le petit-fils du Prophète et à faire subir la
captivité à Ahlul-Bayt (a. s.) afin que le calife et son
gouverneur soient contents d'elle et afin de s'enrichir ici-bas.
Et l'Imam et ses hommes tomberont en martyrs pour
l'Amour d'Allah et pour être rétribués le Jour de la
Résurrection.
Les paroles et les actes des hommes des deux camps
illustraient bien l'état d'esprit de chacune des deux armées
opposées:
La parole et l'acte du prince de l'armée
califale 'Umar b. Sa'd qui, de son arc, tira le premier une flèche et
dit: «Soyez témoins auprès du prince (Ibn Ziyâd) que
je suis le premier à avoir tiré!»
L'Imam Al-Hussayn (a. s.) leva les mains et dit:
«Ô Seigneur! Dans toute adversité c'est en Toi que je place
ma confiance! En toute épreuve c'est Toi mon Espoir!»
Les deux armées s'affrontèrent alors
afin que se soit manifesté au grand jour ce que cachaient les curs des
uns et des autres.
* * * * *
La mise
à mort des descendants du Prophète (SAW)
Le premier
martyr des descendants du Prophète (SAW)
D'après
At-Tabarî, le premier martyr des Banî Tâlib fut ce jour
là Ali al-Akbar b. al-Hussayn b. 'Ali. Sa mère s'appelait
Laylâ et sa grand-mère maternelle fut Maymunah bint Abî
Sufiân, épouse du Prophète (SAW) et tante de Yazîd,
le calife. De là, la proposition de lui laisser la vie sauve, faite par
l'armée du calife à 'Ali Akbar:
«Tu as une
parenté avec le prince des croyants -Yazîd b. Mu'âwiyah -
et, si tu veux, nous te laisserons la vie sauve pour sauvegarder cette
parenté!»
'Ali Akbar dit:
«La parenté du Messager d'Allah (SAW) est la plus digne
d'être sauvegardée», et il affronta l'ennemi.
Al-Khawârizmî
dit: quand Al-Hussayn (a. s.) l'eut vu foncer, il leva sa canitie (cheveux
blancs) vers le ciel et dit: «Ô Seigneur (Allâhumma)
sois témoin de ce que font ces gens! Le jeune homme qui les affronte
est, parmi les gens, celui qui ressemble le plus à ton Messager Muhammad
(SAW), physiquement, moralement, et expressivement. Quand le souvenir de Ton
Messager nous reprend, pour nous rappeler son visage, nous n'avions qu'à
regarder celui de ce jeune homme! Ô mon Seigneur! Prive-les des
bénédictions de la terre, divise-les, et déchire-les en
groupes opposés! Que leurs dirigeants ne soient jamais contents d'eux!
Ils nous ont invités pour nous soutenir et voilà qu'ils nous
combattent».
Ensuite, l'Imam
Al-Hussayn (a. s.) cria le nom de 'Umar b. Sa'd (le chef de l'armée) et
lui dit: «Qu'est-ce que tu as? Tu coupes ma parenté et tu n'as
aucune considération de celle du Messager d'Allah! Qu'Allah coupe ta
propre parenté, ne bénisse pas ton affaire et donne le pouvoir
sur toi à celui qui t'égorgera dans ton lit!» Ensuite
l'Imam (a. s.) récita ce verset coranique:
«Oui, Allah a
choisi, de préférence aux mondes: Adam, Noé, la famille
d'Abraham, la famille de 'Imrân en tant que descendants les uns des
autres. Allah est audient et omniscient». (V. 33-34/III)
'Ali Akbar
fonçait toujours en disant (poésie épique):
Je suis 'Ali b.
Al-Hussayn b. 'Ali
La Maison
d'Allah et nous-mêmes sommes
Les plus dignes
du Prophète.
Par Allah! Le
fils du bâtard ne nous commandera point
Je vous
frapperai de ma lance jusqu'à ce qu'elle se plie.
Et avec
l'épée,
Vous recevez
les coups d'un jeune homme hashimite 'Alawî.
De son combat les
hommes d'al-Kûfah en eurent assez mais il revint chez son père
blessé à plusieurs endroits de son corps. Il dit alors à
l'Imam: «Ô papa! La soif me tue et je trouve le fer que je porte
plus dur. Puis-je boire un peu afin de continuer à résister face
à l'ennemi?»
En guise de
réponse, Al-Hussayn pleura et dit: «Ô mon fils! Il est dur
pour Muhammad, pour 'Ali et pour ton père que tu les appelles à
ton secours sans qu'ils puissent te secourir». Il lui remit, pourtant, sa
bague, et lui proposa de la mettre dans la bouche et de retourner au combat:
«J'espère que ce soir ton grand-père t'offrira la meilleure
coupe et la boisson qui ne sera jamais suivie de soif».
'Ali Akbar combattait
en disant:
Les
vérités de la guerre apparaissent
Après
elle se manifestent ses pierres de touche
Par Allah le
Seigneur du trône,
Nous ne
laisserons vos troupes
Qu'après
avoir rengainé les épées !
D'après
At-Tabarî, Murrah b. Munqidh le vit ainsi et dit (à son
entourage): «Que les péchés des Arabes retombent sur moi si
je ne le faisais pas perdre à son père s'il passait encore devant
moi dans cette allure!»
Quand 'Ali Akbar fut
passé devant lui, l'épée brandie à la main, Murrah
b. Munqidh le croisa et le frappa. Les autres guerriers l'entourèrent et
le frappèrent par leurs épées.
Al-Khawârizmî
rapporte que 'Ali Akbar se raccrocha au cheval qui le conduisit dans le camp
ennemi où les guerriers le coupèrent en morceaux. Avant de rendre
le dernier soupir, il cria si fort: «Ô papa! Voici mon
grand-père, le Messager d'Allah qui me donne à boire de la coupe
qui ne sera suivie de soif. Ô papa! Il te dit: fais vite; tu auras une
coupe bien épargnée!» Al-Hussayn cria alors ...(516)
At-Tabarî
rapporte à partir de Humayd b. Muslim Al-Azdî qui dit: «Par
mes propres oreilles, j'ai entendu Al-Hussayn dire ce jour là:
«Ô mon fils! Qu'Allah tue ces gens qui t'ont tué! Quelle
audace ont-ils de défier le Seigneur et de profaner la dignité du
Messager! Après toi, mon fils, la vie ne vaut rien!» Tout à
coup, une femme sortit rapidement comme le soleil qui se lève dans le
ciel et cria: «Ô frère! Ô fils de mon
frère!» J'ai su par après qu'il s'agissait de Zaynab fille
de Fâtimah (a. s). Elle s'est penchée sur le martyr mais
Al-Hussayn (a. s.) lui prit la main et revint avec elle dans la tente. Ensuite,
il ordonna aux jeunes gens qui l'entouraient de porter leur frère de
l'arène jusqu'à la tente devant laquelle ils combattaient.
Le massacre des
petits-fils d'Abî Tâlib
'Abdullah b.
Muslim b. Aqîl (tué à al-Kûfah), sa mère fut
Ruqayyah al-Kubrâ fille de l'Imam 'Ali (a. s.)
Il affronta l'ennemi en
disant:
«C'est
aujourd'hui que je rencontre Muslim mon père
Et des jeunes morts
dans l'attachement à la religion du Prophète!»
A son tour, il fut
tué.
Ja'far b.
Aqîl b. Abî Tâlib (l'oncle du précédent)
Il affronta l'ennemi
à son tour en disant:
Je suis le jeune homme
Al-Abtahî At-Tâlibî
De Hâshim et de
Ghâlib.
Nous sommes certes les
maîtres des élites.
Voici Hussayn "le
Pur des purs"
Et il combattit
jusqu'à la mort.
'Abdur-Rahmân b. 'Aqîl (le
frère du précédent)
Il affronta les ennemis d'Allah en disant:
'Aqîl est mon père !
Sachez donc qui je suis, de Hâshim
Hâshim sont aussi mes frères!
Des hommes véridiques, maîtres de
leurs pairs
Voici Hussayn dont l'édifice est très
haut!
Il est le maître des jeunes au Paradis!
Il combattit jusqu'à la mort. L'ont
tué 'Uthmân b. Khallâd al-Juhanî et Bishr b. Sawt
al-Hamadânî.
Mohamed b. 'Abdillah b. Ja'far
Al-Khawârizmî et Ibn Shahr Ashûb
rapportent qu'il est sorti pour affronter l'ennemi en disant:
A Allah je me plains contre l'agression
Contre les actes de gens aveugles dans la perdition
Ils ont altéré les repères du
Coran
Ainsi que la révélation
confirmée et clarifiée.
Ils ont aussi déclaré leur
impiété et leur despotisme
Ensuite, il livra aux ennemis un combat très
dur avant d'être tué par 'Amil b. Nahshal At-Tamîmî.
'Awn b.
'Abdillah b. Ja'far
Le frère du
précédent sortit aussi la tête haute, affronta l'ennemi en
disant:
Si vous ne me
connaissez pas
Eh bien ! Sachez
que je suis fils de Ja'far
Martyr véridique
dans un paradis lumineux
Il y vole avec une aile
verte
Cela suffit comme
honneur le jour de la Résurrection
Puis, à son
tour, il combattit jusqu'à la mort.
Les fils de
l'Imam Al-Hassan (a. s.)
'Abdullah b. al-Hassan
affronta l'ennemi en disant:
Si vous ne me
connaissez pas
Eh bien sachez que je
suis le fils d'Al Hassan!
Le Sibt du
Prophète, l'Elu de confiance
Voici Hussayn tel un
prisonnier pris en otage.
Parmi des gens sur qui
J'appelle la sécheresse!
Il combattit
jusqu'à la mort, tué par Aânî b. Shabîb
al-Hadramî.
Ensuite sortit son
frère Al-Qâsim b. al-Hassan, un enfant encore impubère.
Quand al-Hussayn (a. s.) l'eut vu, il le prit dans ses bras et pleura avec lui;
l'enfant demanda à l'Imam de lui permettre d'affronter l'ennemi mais son
oncle refusa de le faire. L'enfant supplia si fort son oncle en appliquant des
baisers à ses mains et à ses pieds qu'il le lui permit
finalement. Comme un morceau de lune, il sortit les larmes aux yeux, portant
une chemise, un drap et deux souliers. Il affronta l'ennemi en disant:
C'est moi
Al-Qâsim, descendant de 'Ali
Par la Maison d'Allah!
Nous sommes plus dignes du Prophète
Que Shimr b. Dhi
al-Jawshan et le bâtard
At-Tabarî
rapporta à partir de Humayd b. Muslim qui dit:
«Un jeune homme
est sorti, on dirait un morceau de lune, brandissant l'épée et
portant une chemise, un drap et deux souliers dont l'un avait perdu les lacets.
Je m'en souviens bien, c'était le soulier gauche. 'Amru b. Sa'd b. Nufayl
al-Azdî dit: «Par Allah! Je foncerai sur lui».
- Subhânallahi,
lui rétorquai-je, qu'y cherches-tu? Ces gens qui les entourent de tous
les côtés feront l'affaire!»
Mais l'homme
fonça sur l'enfant, qui, ayant reçu le coup de
l'épée sur la tête, s'écroula sur son visage en
disant: Ô mon oncle!
A ce moment là,
l'Imam Al-Hussayn sauta comme un faucon sur 'Amru, qui se protégea de
son bras que l'Imam coupa du coude. En voulant le secourir, les cavaliers
d'al-Kûfah firent marcher les chevaux sur 'Amru qui en fut mort
écrasé. Quand la poussière se fut dissipée, ajouta
le narrateur, j'ai vu Al-Hussayn debout près de la tête de
l'enfant martyr. Il disait:
- Maudits soient les
gens qui t'ont tué! Le jour de la Résurrection c'est ton
grand-père qui sera leur adversaire! Par Allah! il
est très dur pour ton oncle que tu l'appelle et qu'il ne peut
répondre ou qu'il te répond sans vraiment te secourir! Ceux qui
veulent étouffer notre voix, sont nombreux et ceux qui veulent la
soutenir sont très rares.
Finalement, l'Imam
porta l'enfant, les pieds de celui-ci traînant par terre et la poitrine
d'Al-Hussayn penchée sur la sienne. Lorsque je me fus dit ce qu'il
allait faire de lui, je le vis poser le corps de l'enfant à
côté de celui de 'Ali Akbar et parmi d'autres victimes
d'Ahlul-Bayt. Quelqu'un m'affirme que c'était bien Al-Qâsim b.
Hassan b. Ali b. Abî Tâlib.
La mise
à la mort des frères de Hussayn (a. s.)
Abû Bakr b. 'Ali (a. s)
Les frères (consanguins) d'Al-Hussayn (a.
s.) sortirent avec la volonté de se faire tuer avant lui.
Le premier d'entre eux était 'Abdullah
Abû Bakr b. 'Ali et fils de Laylâ bint Mas'ûd. Il affronta
l'ennemi en disant:
Mon maître est 'Ali, celui dont la gloire est
immense!
Issu de Hâshim, le généreux, le
préféré.
Voici Hussayn, fils du Prophète
Envoyé
Nous le protégeons avec le sabre tranchant
Je me sacrifie pour ce frère glorieux
Ô Seigneur! C'est à Toi que je demande
rétribution
Il fut tué par Zuhar b. Qays
An-Nakha'î.
'Umar b. 'Ali
(a. s.)
Il sortit droit vers le
tueur de son frère Abû Bakr en disant:
Je vous frappe; mais
où est donc Zuhar
Le misérable,
l'impie!
Dans l'espoir d'aller
aujourd'hui à Saqar
Le pire des lieux, feu
et calvaire
Tu es le
mécréant, Ô le pire des humains!
Après avoir
tué le meurtrier de son frère, il continuait à combattre
jusqu'à ce qu'on le tuât.
'Uthmân b. 'Ali (a. s.)
Sa mère était Ummul-Banîn bint
Hizâm. Il sortit au combat en disant:
Je suis 'Uthmân, celui qui a toutes sortes de
gloires
Mon maître est 'Ali, celui dont les actes
sont purs
Frère du Prophète, d'une rectitude
célèbre
Parmi les présents et les absents
Il a continué à combattre jusqu'au
martyre.
Ja'far b. 'Ali (a. s.)
Le frère germain
du précédent sortit en disant:
Je suis Ja'far, celui
des grands mérites
Fils de 'Ali, homme de
bien, le généreux
Je protège
Hussayn par ma lance et par mon épée
Il combattait
jusqu'à la mort.
'Abdullah b. 'Ali
(a. s.)
Le frère germain des deux
précédents. Il sortit en disant:
Je suis le fils du secours et des mérites
'Ali le bienfaiteur dans ses actes
L'épée du Messager d'Allah, celui qui
punit
Et qui dissipe les malheurs et les terreurs.
At-Tabarî rapporte à partir de Humayd
b. Muslim que ce dernier a entendu ce jour là Al-Hussayn qui invoquait
Allah et disait:
«Ô mon Seigneur (Allâhumma)
prive-les de la pluie du ciel et des bénédictions de la terre!
Ô mon Seigneur! Si, néanmoins Tu voulais leur donner la jouissance
de ce monde pour un certain temps, divise-les entre temps en groupes
opposés! Que leurs dirigeants ne soient jamais contents d'eux! Ils nous
ont invités pour nous soutenir et voilà qu'ils nous tuent».
Le narrateur a rapporté aussi que lorsque
l'Imam Al-Hussayn (a. s.) s'est trouvé finalement avec trois ou quatre
de ses compagnons il se fit apporter un pantalon Yamanite, bien tissé,
le troua avant de le porter mais refusa de mettre une culotte. Après sa
mort Buhar b. Ka'b le lui prit et le laissa découvert.
Abû Makhnaf rapporte à partir de 'Amru
b. Shu'ayb et de M. B 'Abdirrahman que par après les mains de ce Buhar
coulaient en hiver, se raidissaient en été, comme une branche
sèche.
Le martyre d'Al-'Abbâs b. 'Ali (a. s.)
C'était le
frère germain et l'aîné des précédents. Un
homme grand et beau. Quand il montait à cheval, ses pieds pouvaient
toucher le sol. On disait qu'il était la lune de Banî
Hâshim. C'était lui qui portait l'étendard d'Al-Hussayn, le
jour où il fut tué, et c'était aussi le porteur d'eau du
camp. Il affronta l'ennemi en disant:
Je jure par Allah le
Glorieux le Majestueux.
Par les lieux saints et
par Zam-'Zam
Que mon sang colorera
aujourd'hui mon corps
Pour qu'on ne parvienne
pas à Hussayn
Celui dont la gloire
est ancienne
Imam des gens de
mérite et de l'honorabilité
Des narrateurs
rapportent que lorsque Al-Hussayn (a. s.) avait très soif, il se dirigea
vers l'Euphrate en compagnie de son frère Al-Abbâs mais les
cavaliers d'Ibn Sa'd s'interposèrent. Seul, Al-'Abbâs fonça
sur les agresseurs et disait:
Je ne crains pas la
mort quand elle vient
Je donne mon âme
en sacrifice à l'Elu de la pureté
Je suis Al-'Abbâs,
l'Echanson
J'apporte l'eau sans
craindre
La
méchanceté le jour de guerre.
Il dispersa alors la
troupe mais comme il y avait dans le lieu des dattiers, Zayd b. al-Warqâ'
al-Juhanî et Hakîm b. At-Tufayl se cachèrent derrière
un arbre pour le prendre à l'improviste. L'un d'eux surgit alors et le
frappa par l'épée sur la main droite. Al-'Abbâs rattrapa
son arme avec la main gauche, fonça sur l'ennemi en disant:
Par Allah! Quand bien
même vous m'avez coupé la main droite,
Je continuerai à
défendre ma religion
Et protéger
l'Imam véridique
Le petit-fils du
Prophète, le Pur, l'homme de confiance.
Il combattait; mais
avec le sang qui coulait de son corps, il faiblit. Hakîm b. At-Tufayl
surgit de sa cachette et le frappa sur la main gauche. Là, Al-'Abbâs
s'adressa à lui-même et dit:
Ô mon âme n'aie pas peur des impies!
Reçois la bonne
nouvelle de la Grâce du Seigneur
Avec le
Prophète, le maître Elu
Injustes, ils ont
coupé ma main gauche!
Ô Seigneur
fais-leur goûter le feu de la Géhenne!
Le maudit criminel le
tua par une barre de fer.(517)
Selon
Al-Khawârizmî, après la mort d'Al-'Abbâs,
Hussayn (a. s.) dit: «Maintenant, mon dos se trouve brisé et mes
moyens très diminués!»
Le massacre des enfants descendants du Prophète
(SAW)
Le massacre
d'un enfant à la mamelle
D'après
Al-Khawârizmî et d'autres historiens, Al-Hussayn (a. s.)
avança vers la tente des femmes et demanda de lui sortir 'Ali Asghar,
enfant à la mamelle, afin de lui faire ses adieux. L'Imam embrassait l'enfant
et disait: «Malheur à ces gens quand leur adversaire au Jugement
dernier sera ton grand-père le Prophète (SAW)».
Soudain une
flèche de l'autre camp, tirée par Harmalah b. Kâhil
al-Asadî frappa l'enfant dans le giron de son père et le tua.
Al-Hussayn (a. s.)
reçut son sang dans sa main et le lança vers le ciel en disant:
«Allâhumma, ô mon Seigneur! Si Tu empêches que
la victoire nous parvienne, fais que cela soit pour ce qui est mieux pour nous
et venge-nous de ce ces injustes».
Hussayn descendit de
son cheval, creusa par son épée une tombe à l'enfant, le
couvrit de son sang et pria sur lui avant de l'inhumer.(518)
Le massacre d'un autre enfant de Hussayn (a. s.)
At-Tabarî rapporte que 'Abdullah b. 'Uqbah
al- Ghanawî tira une flèche et perça Abû Bakr b. al-
Hussayn b. 'Ali.
Dans sa poésie, Ibn Abî 'Aqib relata
les deux crimes de sang, celui d'Al-Asadî qui avait tué 'Ali
Asghar et celui du Ghanawî qui avait tué Abû Bakr b.
al-Hussayn :
Chez la tribu de Ghunay une goutte de notre sang
L'autre chez Asad est comptée et
rappelée.
Une bataille
sur le chemin de l'Euphrate
At-Tabarî
rapporte à partir de ceux qui étaient témoins dans le camp
de Hussayn que celui-ci, quand il en fut éloigné, se dirigea vers
l'Euphrate par la barrière du fleuve. Un homme de Banî Aban b.
Dârim dit aux guerriers: «Malheur à vous! Empêchez-le
d'arriver à l'eau! Sa Shi'ah risque d'accourir vers-lui». Les
cavaliers ennemis s'interposèrent alors entre l'Imam et l'eau (offerte
à tous les êtres, y compris les chiens et les cochons). A ce
moment-là, Al-Hussayn assoiffé, s'arrêta.
Dans une autre version
Huçayn b. Tamîm tira sur l'Imam (a. s.) une flèche et la
lui planta dans la joue. Lorsque Al-Hussayn l'eut arrachée, il tendit
ses deux mains remplies de sang, le lança vers le ciel, loua Allah,
ramena ses mains vers lui et dit: «Allâhumma (Ô
Seigneur!) Je me plains auprès de Toi de ce qu'on est en train de faire
du petit-fils de Ton Prophète. Ô Seigneur! Leur nombre ne
T'échappe point, tue-les, ne laisse aucun d'eux sur terre!»
At-Tabarî
rapporte qu'après l'invocation de Hussayn (a. s.), l'homme qui avait
tiré sur lui fut pris par une soif accablante à tel point qu'il
n'arrivait plus à se désaltérer. Al-Qâsim b. al- Açbagh
(un narrateur du récit) dit qu'il faisait partie des gens qui lui
procuraient de l'air (par un éventail), «On faisait froidir de
l'eau pour lui, parfois on y mettait du sucre (pour le rendre agréable),
des vases de lait et des jarres pleines d'eau étaient là à
sa disposition. Il en buvait et continuait à dire: «Donnez-moi
à boire, malheur à vous! La soif me tue!». Le narrateur
ajoute ceci: «Par Allah! il n'est resté
ainsi qu'un certain temps; puis son ventre se déchira, tel celui d'un
chameau».
Le massacre d'un enfant effrayé
At-Tabarî rapporte à partir de
Hânî' b. Thubayt al- Hadramî qui dit: «J'étais
témoin du meurtre de Hussayn. Par Allah! je me
rappelle avoir été sur mon cheval parmi une dizaine de cavaliers,
quand un enfant de Hussayn passa, un bâton à la main et portant
une chemise et un drap. Il était effrayé et se tournait à
droite et à gauche. Je me rappelle bien qu'il avait comme boucles
d'oreilles deux perles qui brillaient. Soudain un homme de nos cavaliers
s'approcha de lui et le coupa par l'épée (pour prendre ses
boucles d'oreilles). Le narrateur dit: «Le rapporteur du récit
Hanî b. Thubayt fut le tueur de l'enfant mais comme on le lui avait
reproché une fois, il donna le change sur le nom de quelqu'un d'autre
que lui».
Le massacre
d'un enfant de l'Imam Al-Hassan (a. s.)
At-Tabarî
rapporte que Shimr b. Dhil-Jawshan fonça dans une troupe de fantassins
vers l'Imam Al- Hussayn (a. s.). Après les avoir chargés et
dispersés, celui-ci se trouva entouré d'eux. A ce moment
là, un gamin impubère, 'Abdullah b. al-Hassan sortit de chez les
femmes mais la sur de Hussayn, Zaynab bint 'Ali l'a retenu sur ordre de son
frère (a. s.). L'enfant arriva pourtant à lui échapper et
à rejoindre son oncle. Quand Buhar b. Ka'b chargea Al-Hussayn avec l'épée,
l'enfant lui dit: «Fils de la Mauvaise! Oses-tu tuer mon oncle?».
En guise de réponse, l'homme frappa l'enfant par l'épée et
lui coupa la main par laquelle il avait voulu se protéger. L'enfant cria
alors: «Ô maman!». Al-Hussayn le prit alors contre sa
poitrine et dit: «Ô mon neveu! Endure bien ce qui viens de t'arriver. Penses au bien que tu auras
après. Bientôt, Allah te fera rejoindre tes pères bien
guidés: Le Messager d'Allah (SAW), 'Ali b. Abî Tâlib,
Hamzah, Ja'far et Al-Hassan b. 'Ali (SAW).
Al-Hussayn (a. s.) et ses dépouilles
At-Tabarî rapporte ceci: Al-Hussayn (a. s.)
restait le long de la journée face à ses ennemis qui, tour
à tour, arrivèrent, jusqu'à lui mais aucun d'eux n'osa au
début se charger de le tuer et de porter, par conséquent, le
péché de son meurtre.
Toutefois, un homme appelé Mâlik b.
An-Nusayr' le frappa de son épée sur la tête,
déchira le burnous dont l'Imam était couvert. Du sang coulait de
sa tête et le burnous fut rempli de sang. L'Imam retira son burnous, le
déposa par terre et dit à l'intention de son agresseur:
«Ne puisses-tu manger ni boire avec (ta main)
et qu'Allah te ressuscite parmi les injustes». Malgré cela cet
agresseur contourna l'Imam (a. s.) et s'empara du burnous qui était,
semblait-il, de popeline.
Le narrateur ajoute que, par après, quand
cet homme l'eut porté devant sa femme Ummu 'Abdillah bint al-Hurr,
celle-ci qui l'a vu laver les parties du vêtement entachées de
sang lui dit: «Oses-tu introduire chez moi les dépouilles du
petit-fils du Messager d'Allah? Sors-les d'ici». Ces compagnons ont
raconté par après qu'il avait vécu pauvre et dans une
très mauvaise posture jusqu'à la mort.(519)
* * * * *
Les fantassins
de l'armée califale chargent le campement des descendants du
Prophète (SAW)
D'après
Abû Makhnaf, Shimr b. Dhil-Jawshan dans une troupe de fantassins
originaires d'al-Kûfah, se dirigea vers la tente d'Al-Hussayn où
se trouvaient notamment ses femmes et ses enfants (ce qu'il en restait). L'Imam
(a. s.) leur dit alors: «Si vous n'avez ni conscience religieuse ni
crainte du Jugement dernier, soyez au moins des hommes libres dans votre vie de
ce monde. Empêchez votre populace de toucher à ma famille!»
- Je te l'accorde Ô fils de Fâtimah!»
Ensuite, ce dernier
avança avec ses fantassins parmi lesquels Abûl-Janub
'Abdur-Rahmân al-Ja'fî, Al- Qash'am b. 'Amru b. Yazîd,
Çâlib b. Wahb, Sinân b. Anas AN-Nakha'î et
Khawlî b/ Yazîd Al Açbahî ...
* * * * *
Le dernier combat de Hussayn (a. s.)
D'après At-Tabarî, quand on eut
reproché à 'Abdillah b. 'Ammâr d'avoir assisté au
meurtre de Hussayn il dit: «Les Banî Hâshim (clan de Hussayn
(a. s.) me doivent cependant quelque chose!»
- Quoi donc?, lui a-t-on demandé.
- Quand j'avais chargé Al-Hussayn et qu'il
avait été à la portée de ma lance à tel
point que si j'avais voulu, je l'aurais tué, je me suis
écarté non loin de lui en me disant: Pourquoi me chargerai-je,
moi, de le tuer? Quelqu'un d'autre fera l'affaire. Les guerriers le chargeaient
de droite et de gauche et, lui fonçait tantôt contre les uns,
tantôt contre les autres. Il avait une chemise de popeline et
était enturbanné. Par Allah, je n'ai jamais vu d'homme
minoritaire, ayant perdu ses fils, ses cousins et ses compagnons, plus patient,
plus audacieux et plus persévérant que lui! Par Allah! Ni avant
ni après lui, je n'ai vu un homme pareil. Les guerriers se
sauvèrent de lui à droite et à gauche comme la
chèvre quand elle est chargée par le loup.
Le cri de
Zaynab (a. s.)
Le narrateur ajoute
ceci: «Soudain Zaynab bint Fâtimah, la sur de l'Imam sortit en
disant: «Je souhaite que le ciel s'abatte sur la terre!». Ensuite
voyant 'Umar b. Sa'd (qui était dans sa jeunesse un ami de Hussayn) qui
s'approchait de l'Imam (a. s.), elle lui dit : «Ô 'Umar b.
Sa'd! Peux-tu voir tuer Abû 'Abdillah (Hussayn)?». J'ai vu alors,
les larmes de 'Umar couler sur ses joues et sa barbe, ajoute le narrateur, mais
le chef de l'armée califale ne fit que détourner le visage
d'elle». (520)
L'assassinat du petit-fils du Prophète
(SAW)
D'après At-Tabarî à partir de
Humayd b. Muslim, l'Imam Al-Hussayn (a. s.) combattait à pied comme
ferait le cavalier courageux, se protégeait contre les flèches,
et les coups, chargeait les cavaliers et disait: «C'est à me tuer
que vous vous incitez les uns et les autres? Par
Allah! Vous ne tuez personne d'autre plus à même d'entraîner
le courroux contre vous, que moi. Par Allah, j'espère qu'Allah me
gratifiera par votre humiliation et qu'ensuite IL se vengera de vous pour moi
par où vous ne sentirez pas. Par Allah! Après que vous m'aurez
tué, Allah retournera votre violence contre vous-mêmes et fera
couler votre sang. Il n'en sera pas suffisamment content pour autant
jusqu'à ce qu'IL vous multiplie le châtiment douloureux».
L'un comptant sur l'autre pour le faire, chacun des guerriers rebelles
évitait d'achever Al- Hussayn blessé et seul dans l'arène
... Mais Shimr b. Dhil-Jawshan, cria sur eux: «Malheur à vous!
Qu'est- ce que vous attendez pour le tuer? Que vos mères vous
perdent!». A ce moment là, de tous les côtés, on
chargeait l'Imam (a. s.). Shurayk At-Tamîmî le frappa sur la main
gauche; d'autres le frappèrent par leurs épées sur
l'épaule et s'en allèrent. L'Imam (a. s.) accablé,
titubait. Profitant de sa faiblesse physique, Sinân b. Anas b. 'Amru
An-Nakha'î le chargea en le frappant de sa lance. Et quand Al-Hussayn (a.
s.) fut tombé, Sinân ordonna à Khawlî b. Yazîd
de lui couper la tête. Mais ce dernier faiblit et trembla.
«Qu'Allah brise tes bras et détache tes mains», lui
lança Sinân furieux. Celui-ci descendit et quand il eut
coupé la tête, la remit à Khawlî. D'après les
historiens citant Ja'far b. Mohamed b. 'Ali, «après l'assassinat
de Hussayn (a. s.), on compta sur son corps trente trois coups de lance et
trente quatre coups d'épée».
L'armée
califale dépouille les descendants du Prophète (SAW)
Le pantalon de Hussayn
fut pris par Buhar b. Ka'b; son tapis par Qays b. al-Ash'ath (d'où son
surnom: Qays du tapis); ses souliers par Al-Aswad de Banî Awd; son
épée par un homme de Banî Nahshal b. Dârim.
Les gens alors se
penchèrent pour s'emparer des habits, du parfum et des chameaux. Le
narrateur ajoute que les guerriers allèrent même disputer aux
femmes dans les tentes leurs bijoux et leurs vêtements.
Le dernier martyr de Karbalâ'.
Zuhayr b. 'Abdirrahman al-Khath'amî rapporte
que Suwayd b. 'Amru b. Abîl-Mutâ', un compagnon de l'Imam
s'était effondré à cause de ses blessures mais il
n'était pas mort. Quand, après s'être réveillé
de son évanouissement, il les eut entendus dire: «Hussayn est
tué». Il chercha un couteau dans ses vêtements - son
épée lui avait été retirée - et chargea les
ennemis d'Allah. Une heure après, 'Urwah b. Battâr
At-Taghlibî et Zayd b. Raqqâd al-Janabî parviennent à
le tuer.
Ce fut le dernier martyr de Karbalâ'.
Humayd b. Muslim rapporte ceci: «J'ai
été jusqu'au lit où était couché pour
maladie, 'Ali b. al-Hussayn b. 'Ali (a. s.). Al-Asghar(521). Shimr et ses guerriers se demandèrent
alors: «Ne tuons-nous pas celui-là?» Je leur ai
rétorqué: «Subhan Allah! Tuons-nous les
enfants?» Je continuais à leur parler ainsi jusqu'à
l'arrivée de 'Umar b. Sa'd qui leur dit: «Que personne n'entre
chez ces femmes ou touche à ce jeune homme malade! Quiconque avait pris
quelque chose de leurs biens, qu'il le rende!» Par Allah! Personne n'a
rendu quoi que ce fût. 'Ali b. al-Hussayn m'a dit par après:
«qu'Allah te rétribue car par ton propos, Allah repoussa le mal de
moi!».
Le meurtrier de
Hussayn demande sa récompense
Les gens sont
allés voir Sinân b. Anas et lui dirent: «Tu as tué
Hussayn b. 'Ali et fils de Fâtimah bint Muhammad (SAW); tu as tué
l'Arabe le plus glorieux qui voulait évincer ceux-là qui
s'étaient emparé du pouvoir! Va voir tes princes (tes chefs) et
demande-leur ta récompense! Car même s'ils te donnaient la masse
de leurs trésors publics, cela serait peu face à la mise à
mort de Hussayn». L'homme qui était intrépide mais un peu
falot, se dirigea à cheval vers la tente de 'Umar b. Sa'd, le chef de
l'armée et l'appela à haute voix par ces vers de poésie
(épique):
Charge ma selle
d'argent ou d'or
C'est moi qui
ai tué le Roi bien entouré
J'ai tué
l'homme le meilleur
De par son
père et sa mère
Le meilleur
quand on scrute la parenté
'Umar b. Sa'd lui dit
alors: «Franchement tu es fou, j'en suis témoin; amenez-le!»
Quand il fut devant lui, il lança contre lui un bâton et lui dit:
«Comment oses-tu dire de tels propos? Si Ibn Ziyâd (le chef
supérieur) te les entendait dire, il te couperait la tête!»
Les guerriers faisaient écraser le corps
de Hussayn (a. s.) par leurs chevaux
'Umar b. Sa'd appela parmi ses compagnons une
dizaine de cavaliers et leur ordonna de faire passer leurs chevaux sur le corps
de Hussayn (a. s.). Parmi ses cavaliers, il y avait Ishâq b. Hayât
al-Hadramî qui avait dépouillé Al-Hussayn de sa chemise et
qui serait par après atteint d'éléphantiasis. Il y avait
aussi Ahbash b. Marthid al-Hadramî qui serait par après touché dans le cur par une flèche inconnue. Le
dos et la poitrine de Hussayn furent ainsi brisés (au vu et au su de ces
prétendus musulmans).
Plût à Allah que je sache:
«L'armée califale a-t-elle tué l'enfant parce qu'il n'avait
pas prêté serment d'allégeance à son calife? Et les
femmes et les petites filles du Messager d'Allah qu'on conduisait captives de
Karbalâ' à Kûfah, de Kûfah en Syrie, de la maison du
gouverneur Ibn Ziyâd en Irak au palais impérial de Yazîd b.
Mu'âwiyah à Damas; était-ce pour qu'elles prêtassent
serment d'allégeance au calife?
Pourquoi les partisans du calife ont-il fait tout
cela et autre chose que cela?
Pourquoi l'armée califale a-t-elle
brûlé les tentes de la famille du Prophète (SAW)?
Pourquoi ont-ils écrasé le dos et la
poitrine du petit-fils du Prophète sous les sabots de leurs chevaux?
Pourquoi n'ont-ils pas enterré les
dépouilles des victimes et les ont laissées découvertes
dans le désert?
Pourquoi leur ont-ils coupé les têtes,
se les sont partagées et les ont portées au bout de leurs lances?
Ils ont fait cela pour montrer clairement à
Ibn Ziyâd qu'ils étaient des sujets soumis et obéissants.
Leur poète l'avait dit nettement dans ce vers:
Quand tu auras rencontré 'Ubayd Allah (B.
Ziyâd)
Transmets-lui mon attitude:
Je suis un bon écoutant du calife et un
obéissant.
Le but escompté de l'armée califale
était donc d'une part l'agrément d'Ibn Ziyâd et
l'obéissance au calife. D'autre part, il y avait derrière leurs
actes la cupidité et l'amour de l'argent. Le meurtrier de Hussayn (a.
s.) n'a-t-il pas dit à haute voix:
Charge ma selle d'argent ou d'or
C'est moi qui ai tué le Roi bien
entouré
J'ai tué l'homme le meilleur
De par son père et sa mère
(Sans avoir honte de leur acte), leurs
poètes répétaient devant le palais du gouverneur (Ibn
Ziyâd en Irak):
Par des chevaux très forts
Nous avons écrasé la poitrine
après le dos
Khawlî, le porteur de la tête de
Hussayn disait à sa femme, une fois revenu chez lui: «Je t'ai
apporté la fortune du siècle (de l'éternité): voici
avec toi dans la chambre, la tête de Hussayn!»
L'armée de l'Imam (a. s.) combattait donc
pour l'agrément d'Allah, de Son Messager et pour le triomphe du bien
dans l'au-delà, tandis que l'armée du calife tuait pour
l'agrément de Yazîd, d'Ibn Ziyâd et pour amasser or et
argent.
Le calife, pour satisfaire ses serviteurs, les
combla de dons: à 'Ubayd Allah b. Ziyâd, il offrit un million de
dirhams; aux guerriers d'al-Kûfah soumis et obéissant, le calife
augmenta de cent dirhams l'allocation annuelle de chacun d'entre eux.
Mais pour quel mobile le calife lui-même
a-t-il agi si perfidement? Pourquoi jouait-il par le bout de sa canne des dents
de Hussayn (a. s.) quand la tête était déposée dans
l'Assemblé califale?
Pourquoi la tête d'Al-Hussayn (a. s.)
fut-elle arborée trois jours à Damas et transférée
d'une contrée à l'autre?
Le calife lui-même répondit
implicitement à ces questions en chantant ces vers:
Je ne serai pas de Khandaf (un aïeul de
Yazîd)
Si je ne me venge pas de Banî Ahmed (le
Prophète).
Pour ce qu'il avait fait
Nous avons tué les chefs parmi leurs
notables
Ainsi, nous sommes quittes; après avoir
été désavantagés à Badr,
L'équilibre est rétabli à
présent.
C'était donc la rancune ancienne (depuis la
défaite de Quraïsh présidée entre autres par Abu
Sufiân grand-père de Yazîd) qui rongeait toujours les curs
des Banî Umayyah! Hind, sa grand-mère, la mère de
Mu'âwiyah, n'avait-elle pas, à Uhud, mutilé Hamzah, ouvert
son ventre et mâché son foie?
Son grand-père Abû Sufiân
n'avait-il pas, à son tour, frappé par la pointe de sa lance la
joue du même Hamzah (tombé en martyr à Uhud) en lui disant:
«goûte, ingrat!»
Le même Abu Sufiân n'a-t-il pas dit
quand 'Uthmân (l'Umayyade) avait accédé au califat:
«Ô Banî Umayyah! Saisissez-la (la royauté) comme on
saisit la balle car par celui par lequel jure Abu Sufiân, je l'ai
toujours espéré pour vous (le califat) et il appartiendra en
héritage à vos gosses!»
Le même Abû Sufiân n'est-il pas
passé ce jour là devant la tombe de Hamzah pour la frapper de son
pied et lui dire: «Ô Abâ 'Umârah (Hamzah)! l'affaire pour laquelle nous nous sommes battus hier par les
armes est dévolue aujourd'hui à nos gamins qui en jouent comme
bon leur semble».
Mu'âwiyah n'a-t-il pas dit à
Al-Mughirah b. Shu'bah(522) «le nom de Muhammad est crié cinq
fois par jour (l'appel à la prière). Quelle action me resterait-elle
à faire? Quel souvenir sera-t-il gardé à côté
de celui-là? Non, par Allah! Ce qu'il faut c'est l'enterrement,
l'enterrement!».
Busr b. Abî Artâh, le
général de son père Mu'âwiyah, n'a-t-il pas commis
avec l'armée califale un véritable génocide (trente mille
musulmans massacrés)? N'a-t-il pas brûlé leurs maisons?
N'a-t-il pas égorgé d'une lance les deux bébés de
'Ubayd Allah b. 'Abbâs (le cousin du Prophète)?
Donc Yazîd le calife des musulmans à
cette époque, ne fit que suivre la politique de son père et de
son grand-père.
La clique califale avec à sa tête
Yazîd et Marwân ont donc par leurs actes assouvi leur colère
contre le Messager d'Allah (SAW).
* * * * *
L'état
de l'Ecole des califes après le martyre de Hussayn (a. s.)
1)- Don et gratification
D'après Ibn A'tham, toutes les provinces de
l'Irak entrèrent après le martyre de Hussayn (a. s.) sous
l'autorité de 'Ubayd Allah b. Ziyâd. Celui-ci avait reçu de
Yazîd un million de dirhams comme récompense; ce qui lui permit de
faire construire à Baçorah ses deux palaces: La Rouge comme
demeure hivernale et la Blanche comme demeure estivale. L'homme qui
dépensait beaucoup d'argent pour sa luxure et sa réputation se
rallia des hommes et fit chanter ses éloges aux poètes.(523) D'après Al- Mas'ûdî,
Yazîd, le calife offrit à boire, après le martyre de
Hussayn, à Ibn Ziyâd et dit à son échanson:
Donne-moi à boire, arrose mon âme
Ensuite donne de la même boisson à Ibn
Ziyâd
Mon confident et mon lieu de confiance
L'homme qui règle mon butin et mon combat
Le calife ordonna aux chanteurs (du palais) d'en
faire une chanson.(524)
Contrairement à ce que d'aucuns ont
avancé au sujet du commensal du calife, l'auteur affirme qu'il s'agit
bien de 'Ubaydullah Ibn Ziyâd et non de son frère Silm parce que
la poésie chantée par Yazîd correspondait plutôt
à la place qu'occupait 'Ubaydullah. Peut-être cette poésie
fut-elle chantée à l'honneur (au déshonneur) de l'un et de
l'autre frère mais séparément. Corrobore cette
thèse le propos d'Ibn al-Jawzî qui dit: «Yazîd invita
Ibn Ziyâd et lui donna beaucoup d'argent et des cadeaux merveilleux. Il
fit de lui son commensal, haussa son rang et lui permit d'entrer chez ses
femmes. Lors d'une soirée, le calife, ivre, ordonna à son
échanson en poésie, de donner à boire à Ibn
Ziyâd ...».(525)
Ainsi les assassins d'Al-Hussayn (a. s.) vivaient
dans la joie et les plaisirs jusqu'à l'apparition des premières
conséquences de leurs actes (abominables). Là ils ont
regretté ce qu'ils avaient fait.
2)- Les regrets
de la clique califale
D'après Ibn
Kathîr et d'autres historiens, quand Ibn Ziyâd eut tué
Al-Hussayn et ceux qui étaient avec lui et envoyé leurs
têtes à Yazîd, celui-ci d'abord très content et le
rang d'Ibn Ziyâd s'éleva haut à ses yeux; ensuite
Yazîd se ravisa, regretta (sa précipitation) en disant: «Il
(Ibn Ziyâd) m'a rendu détestable aux yeux des Musulmans,
semé dans leurs curs de l'animosité à mon égard
à tel point que le vertueux et le pervers me haïssent ...».(526)
Les historiens parlent
ainsi des regrets ressentis par Ibn Ziyâd, 'Umar b. Sa'd et les autres
meurtriers des descendants du Prophète (SAW). Nous en faisons
abstraction pour ne pas être trop longs. L'essentiel est de savoir qu'ils
n'ont regretté leurs actes qu'à cause des retombées
politiques qui commençaient à se faire jour parmi les Musulmans
et à cause des insurrections qui allaient éclater dans le monde
islamique.
* * * * *
Les insurrections dans les lieux saints de
l'Islam après le Martyre de l'Imam Al-Hussayn (a. s.)
D'après Al-Mas'ûdî, quand
l'injustice de Yazîd et de ses gouverneurs était devenue grave aux
yeux des Musulmans qui lui reprochaient aussi bien l'assassinat du petit-fils
du Prophète (SAW) et de ses alliés, que son attachement à
la boisson déclarée du vin. Sa conduite rappelait celle de
Pharaon. Non! Ce dernier était plus juste que lui à
l'égard de ses sujets et de ses proches.(527) .
Ibn Az-Zubayr (un compagnon fils de compagnon)
refusa alors de prêter serment d'allégeance à Yazîd
qu'il surnommait le grand buveur, l'ivrogne. Dans ses lettres envoyées
aux Médinois, Ibn Az-Zubayr diminuait Yazîd, rappelait ses vices
et demandait qu'on l'aidât à lui faire la guerre.(528)
D'après At-Tabarî, après le
martyr d'Al-Hussayn (a. s.) Ibn Az-Zubayr s'insurgea à Makkah, critiqua
l'assassinat de Hussayn et jugea mal les habitants d'al- Kûfah en
particulier et l'Irak en général. Après avoir loué
Allah et prié sur le Prophète (SAW) dans l'un de ses sermons, il
dit:
«Sachez qu'à l'exception de peu
d'entre eux, les Irakiens sont des traîtres et des vicieux. Les habitants
de Kûfah sont, en particulier, les plus méchants de Irak. Ils avaient invité Hussayn, pour le soutenir
et lui donner l'autorité sur eux mais quand il fut arrivé chez
eux, ils se soulevèrent contre lui et lui dirent: «ou bien tu mets
ta main dans la nôtre pour qu'on te conduise chez Ibn Ziyâd
entièrement soumis à son jugement ou bien prépare-toi
à la guerre». Hussayn s'est vu en minorité (face à
ses ennemis). Mais il choisit pour lui une mort digne plutôt qu'une vie
blâmable. Qu'Allah donne Sa grâce à Hussayn et humilie son
meurtrier!
»Par ma vie, il y a eu dans l'attitude d'al-Kûfah
et leur désobéissance à Hussayn une leçon
rebutante. Bref, ce qui fut prédestiné dut se réaliser;
après ce qui est arrivé à Hussayn peut-on se fier à
ces gens ou accepter leur parole? Non! Ils n'en sont pas dignes.
»Par Allah! Ils l'ont tué alors qu'il
était l'homme de prière: ses nuits étaient longues de
dévotion, ses journées longues de jeûne. Il était
plus digne qu'eux de ce qu'ils ont maintenant entre les mains et plus digne du
point de vue religion et mérites. Par Allah! Il (Al-Hussayn (a. s.)) ne
substituait pas la chanson au Coran ni la mélodie aux pleurs de
piété, ni la boisson interdite au jeûne ni la chasse
à l'invocation: ils rencontreront le Mal».
L'assistance se leva alors et dit à Ibn
Az-Zubayr: «Déclare bien ton intention de recevoir l'allégeance
car personne après la mort de Hussayn n'est à même de te
disputer cette affaire! En fait, il recevait en secret l'allégeance des
gens et affichait qu'il s'était seulement réfugié auprès
de la Maison d'Allah».
- Non! N'allez pas vite en besogne!, leur
répondit-il. Le gouverneur de Makkah à cette époque
était 'Amru b. Sa'îd b. al-'As qui était très dur
avec Ibn Az-Zubayr et ses compagnons. Malgré sa dureté, le
gouverneur les aménageait et évitait de recourir à la
force. Quand la rébellion d'Ibn Az-Zubayr fut devenue pour Yazîd
une question établie et urgente, il envoya son postillon menacer
d'enchaîner Ibn Az-Zubayr avec une chaîne en argent. Après
cet incident, les Médinois tinrent à leur tour une correspondance
avec lui et partout les gens disaient: «puisque Hussayn n'est plus,
personne ne devra disputer le pouvoir à Ibn Az-Zubayr».(529)
Les
émissaires de Yazîd auprès d'Ibn Az-Zubayr
Yazîd choisit dix
hommes de confiance - parmi eux An-Nu'mân b. Bachîr et 'Abdullah b.
'Adâ'ah al- Ash'arî - pour les envoyer parler à Ibn
Az-Zubayr. «Elever d'abord son rang et celui de son père, leur
ordonna Yazîd de faire, et demandez-lui de revenir à
l'obéissance et de ne pas sortir de la Communauté, s'il y
répond positivement, recevez son allégeance sinon rappelez-lui ce
qui était arrivé à Hussayn b. 'Ali ... Ne restez pas
longtemps chez lui car l'envie d'avoir de vos nouvelles me préoccupera
sûrement».
»Quand le message
fut parvenu à Ibn Az-Zubayr, il commença d'abord par tergiverser
en prétendant qu'il s'était simplement réfugié
auprès de la Maison d'Allah et qu'il se désintéressait de
la politique de Yazîd ou d'un autre que Yazîd. Le lendemain
après la prière du petit matin quand la délégation
syrienne lui eut parlé à nouveau de sa mission, An-Nu'mân
b. Bachîr lui dit: «On a fait parvenir à Yazîd que tu
médisais de lui sur la chaire de la Mosquée et de son père
Mu'âwiyah tout en sachant qu'il est l'imam (dirigeant) ayant reçu
l'allégeance des gens ... En outre la médisance ne comporte aucun
bien!». Là, Ibn Az-Zubayr interrompit son interlocuteur en disant:
«Ô Ibn Bachîr! Ce n'est pas une médisance
(répréhensible) quand il s'agit d'un pervers. Je n'ai dit
à son sujet que ce qu'on savait déjà. S'il s'était
conduit comme les dirigeants pieux, nous aurions écouté,
obéi et dit du bien de lui; mais enfin, dit Ibn Az-Zubayr, je suis ici
au même titre qu'une colombe de Makkah. Vous est-il licite de nuire aux
pigeons de Makkah?». Là, 'Abdullah b. 'Adâ'ah
al-Ash'arî se mit en colère et dit: «Oui, par Allah! Ô Ibn
Az-Zubayr! Nous nuirons aux
pigeons de Makkah; nous tuerons les pigeons de Makkah! Te compares-tu à
une colombe de Makkah alors que, sur la chaire, tu médis du prince des
croyants Yazîd! Garçon! Apporte mon arc et mes flèches ...!».
Il visa alors sur les pigeons de la Mecque en disant: «Ô pigeon! Le
prince des croyants est-il un ivrogne? Un pervers? Dis oui, et ma flèche
ne te manquera point! Ô pigeon! Le prince des croyants joue-t-il avec les
singes et les panthères? Se joue-t-il de la religion? Dis oui, et ma
flèche ne te manquera point! Alors pigeon, acceptes-tu ou, au contraire
tu désobéis, tu quittes la communauté et tu te
réfugies auprès de la Maison sacrée dans l'état de désobéissance?
Dis oui, ...
»Ensuite, il se
tourna vers Ibn Az-Zubayr et lui dit: «Je vois que la colombe ne dit rien
et toi, sur la chaire, tu as parlé ... Ô Ibn
Az-Zubayr! Je crains vraiment pour
toi et jure sincèrement par Allah, que tu prêteras
allégeance bon gré mal gré sinon tu me verras
sûrement sur cette place portant l'étendard des
Ash'ariyyîne».(530)
Par après quand
Yazîd eut vu qu'Ibn Az-Zubayr l'emportait dans des escarmouches contre
son gouverneur 'Amru b. Sa'îd, il le remplaça par Al-Walîd
b. 'Utbah qui présiderait au pèlerinage en l'an 61 h.(531)
Ibn Az-Zubayr, pour se
débarrasser d'Al-Walîd b. 'Utbah qui voulait le contrecarrer
à Makkah, usa de la ruse, écrivit une lettre à
Yazîd, lui proposait de le remplacer par un autre gouverneur moins rude
et diplomatiquement à même de conclure un accord avec lui.
Yazîd y crut, démit Al-Walîd et le remplaça par
'Uthmân b. Mohamed b. Abî Sufiân.
La délégation médinoise
chez Yazîd
'Uthmân, le nouveau gouverneur des lieux
saints était un jeune homme inexpérimenté. La sagesse de
l'âge lui manquait. Comme délégation représentative
des habitants de Médine, il envoya des hommes comme 'Abdullah b.
Handhalah «le lavé des Anges» Al-Ançârî,
'Abdullah b. Abî 'Amru al-Makhzûmî et d'autres notables.
Une fois chez Yazîd, les membres de la
Délégation furent généreusement accueillis et
traités. Le calife donna à 'Abdullah b. Handhalah cent mille
dirhams et dix mille à chacun de ses huit fils en plus des cadeaux et
des montures. Arrivés à Médine, ils médirent,
néanmoins, de Yazîd et déclarèrent ceci: «Nous
revenons de chez un homme sans religion; il boit du vin, bat du tambour, fait
chanter les esclaves, joue avec les chiens et veille avec les vicieux et les
débauchés! Nous ôtons son allégeance et contestons
son autorité, soyez en témoins!»
'Abdullah b. Handhalah dit aussi: «Je suis
revenu de chez un homme tel que si je n'avais avec moi que mes fils, je le
combattrais avec». - Mais il t'a généreusement
gratifié!, lui a-t-on dit. - Oui, affirma-t-il et je n'ai
accepté ses dons que pour me fortifier».
Les gens ôtèrent alors
l'autorité de Yazîd et prêtèrent serment
d'allégeance à 'Abdullah b. Handhalah en lui conférant
l'autorité sur eux ...(532)
La
révolte des Compagnons et des Tâbi'îne
L'insurrection des Médinois et
l'allégeance prêtée à Abdullah b. Handhalah
Adh-Dhahabî dit dans Târîkhul-Islam:
«Ils (les Médinois) se sont réunis autour de 'Abdullah b.
Handhalah qui reçut leur allégeance à la mort en disant:
«Ô peuple! Craignez Allah! Par Allah! Nous ne nous sommes
soulevés contre Yazîd qu'après avoir eu peur d'être
lapidé du ciel par des pierres! C'est un homme qui s'accouple aux femmes
qui lui sont interdites, boit du vin et délaisse la
prière!».(533)
Al-Ya'qûbî, l'historien, rapporte que
«lorsque le mandataire pour les taxes califales sur les
propriétés agricoles eut voulu transporter à Yazîd
ce qu'il avait amassé de blé et de dattes, les Médinois
l'en empêchèrent et décidèrent de sortir tous les
Banî Umayyah - y compris le gouverneur Mohamed b. 'Uthmân - de
Médine».
D'après Al-Asbahânî,
«'Abdullah b. Az-Zubayr reçut à Médine plusieurs
notables qui contestaient l'autorité de Yazîd et voulurent se
désengager de l'allégeance qu'ils lui avaient prêtée
sauf 'Abdullah b. 'Umar, Mohamed b. 'Ali b. Abî Tâlib, que les
partisans d'Ibn Az-Zubayr voulaient obliger à prêter serment
d'allégeance à leur chef. Après cette assemblée,
les Médinois décidèrent de sortir les Banî Umayyah
de la ville sainte à condition que ceux-ci s'engagent dans un pacte
solennel à n'aider personne contre eux, à repousser l'ennemi
s'ils le rencontraient et s'ils n'en sont pas capables, à ne pas revenir
avec lui à Médine».
As-Sajjâd
(a. s) donne la protection aux femmes de Banî Umayyah
Devant l'ordre
reçu de quitter Médine, Marwân se rendit chez 'Abdullah b.
'Umar et lui dit: «Ô Abâ 'Abdirrahman! Tu vois bien ce que
ces gens nous infligent, veux-tu réfugier mes femmes et mes enfants chez
toi?. - Je suis étranger à votre affaire
et à celle de ces gens, répondit Ibn 'Umar.
Marwân
décida alors de demander la même chose à 'Ali b. al-Hussayn
(a. s.) ('Ali al-Awçat, le survivant de Karbalâ' et le
quatrième Imam selon l'Ecole d'Ahlul-Bayt a. s.).
- Oui
volontiers», répondit l'Imam As-Sajjad (a. s.) qui accompagna sa
famille et celle de Marwân à Yanbu' (534)
Les Banî Umayyah demandent des secours
à Yazîd
D'après At-Tabarî et d'autres
historiens, les Banî Umayyah qui furent expulsés de Médine
se réfugièrent ensemble dans la maison de Marwân. Et comme
leur siège n'était pas étanche, les Banî Umayyah
purent envoyer un S.O.S. à Yazîd. Celui-ci demanda à
l'émissaire: «Banî Umayyah et leurs mawalî (serviteurs
affranchis) n'atteignent-ils pas un millier d'hommes?
- Si, répond l'émissaire, et
peut-être même plus
- Ne peuvent-ils donc pas combattre pendant une
heure de journée?, se demanda Yazîd finalement.
Cherchant l'homme de la situation, Yazîd
parla d'abord à 'Amru b. Sa'îd mais celui-ci refusa d'y aller.
Ensuite, il envoya son ordre à 'Ubaydillah b. Ziyâd d'aller
assiéger Ibn Az-Zubayr mais lui non plus s'en excusa en disant:
«Par Allah! Je ne réunirai pas les deux médailles au
pervers: tuer le petit-fils du Prophète et envahir la Maison
d'Allah». Certains historiens disent que c'était sa mère
Marjânah qui lui avait reproché violemment l'assassinat de Hussayn
en lui disant: «Malheur à toi! Sais-tu ce que tu as fait, ce que
tu as perpétré?».(535)
Enfin Yazîd se rappela le conseil de son
père Mu'âwiyah qui lui avait dit: «Un jour t'attend
sûrement à Médine; si alors les Médinois te
cherchaient, lance-leur Muslim b. 'Uqbah car tu connais bien sa
fidélité». Quand ce dernier fut arrivé, Yazîd
le trouva vieux, faible et malade.(536)
Pourtant, d'après al-Asbahânî,
Muslim b. 'Uqbah dit à Yazîd: «Quel que soit l'homme que tu
envoies à Médine, il ne fera pas l'affaire. Leur homme, c'est moi
...»
Les
instructions du calife au chef de son armée
D'après
At-Tabarî, Yazîd dit à Muslim: «S'il t'arrive un
malheur, désigne Al-Huçayn b. Numayr à la tête de
l'armée. Appelle trois fois les Médinois à la
capitulation; s'ils n'obtempèrent pas, Médine sera livrée
aux guerriers durant trois jours. Ils s'empareront des biens, de l'argent, des
armes et de la nourriture qui s'y trouvent. Après les trois jours cessez
le pillage et le massacre; fais bien attention à 'Ali b. al-Hussayn que
tu devras bien traiter et rapprocher de toi car il n'a point participé à
leur conspiration». Le crieur du calife lança parmi les guerriers:
«C'est au Hijâz que vous recevez complètement vos salaires!
Ici et maintenant vous avez chacun une prime d'aide de cent dinars».
Douze mille hommes furent alors mobilisés.
Le calife des musulmans chante ses menaces.
Quand il passa en revue l'armée qu'il allait
envoyer mater les Médinois, Yazîd dit en vers:
A la tombée de la nuit,
Transmets à Abî Bakr (Ibn Az-Zubayr)
Que vingt mille hommes et jeunes gaillards
Que tu verras. Est-ce une armée d'ivrogne?
Ou bien des troupes d'un homme
éveillé?
D'après Al-Mas'ûdî, Yazîd
écrivit auparavant une lettre à Ibn Az-Zubayr avec ces vers:
Appelle ton dieu dans le ciel
Moi, j'appelle les hommes de 'Akkin et de
Ash'arî
Ô Abâ Khubayb (Ibn Az-Zubayr) comment
seras-tu sauvé?
Pense à une échappatoire avant la
venue de l'armée!
D'après At-Tabarî et Ibn
Al-Athîr: «Quand 'Abdul Malik b. Marwân eut su que
Yazîd allait envoyer son armée écraser Médine, il
dit, parce que cela lui semblait monstrueux: «Que le ciel s'abatte sur la
terre!». Mais, par après, lui-même, enverrait
al-Hajjâj afin d'assiéger Makkah, catapulter la Ka'bah et tuer Ibn
Az-Zubayr.
L'armée
califale en marche vers les lieux saints
Les Banî Umayyah
expulsés de Médine rencontrèrent l'armée de Muslim
b. 'Uqbah à Wâdil-Qurâ. Il fit venir 'Amru b. 'Uthmân
b. 'Affân, le premier et lui demanda: «Quelles sont les nouvelles
à Médine et quel est ton avis à ce sujet?»
'Amru lui
répondit: «Je ne peux pas te dire car il y a eu un pacte entre
nous et les Médinois, d'après lequel on ne devrait pas
découvrir leurs faiblesses ni aider leurs ennemis».
Muslim le
réprimanda en lui disant: «Par Allah, si tu n'avais pas
été le fils de 'Uthmân je t'aurais coupé la
tête! Par Allah, je n'accepterai jamais une telle réponse d'un
autre Quraïshite que toi!»
Ensuite Marwân
demanda à son fils 'Abdul Malik de le devancer auprès de Muslim,
dans l'espoir de ne pas avoir à répondre à ses questions.
Quand Muslim eut demandé à 'Abdil-Malik son avis, il dit: «Oui,
à mon avis vous devez continuer à marcher jusqu'à
Dhî Nakhlah et là, à l'ombre des arbres, les guerriers
descendront et mangeront des dattes très mûres. Le lendemain
matin, tu partiras en laissant Médine à ta gauche, tu la
contourneras de telle que sorte que ton armée envisagera Médine
côté de l'Orient à al-Harrah. Quand le soleil se sera
levé, ses rayons vous toucheront de derrière et ne vous nuiront
pas tandis que les Médinois les auront dans les yeux et les visages. En
plus ils verront briller sous le soleil vos casques, vos lances, vos
épées et vos boucliers. Vous pourrez alors en demandant l'aide
à Allah, les combattre ...». Muslim s'exclama et dit: «Quel
fils ton père a engendré!».
Quand Marwân fut
entré auprès de lui, il lui avoua qu'il avait rarement
parlé à un Quraïshite comme 'Abdil Malik. Comme l'avait
ordonné Yazîd, Muslim donna aux Médinois un délai de
trois jours au bout desquels son crieur leur demanda de déclarer leur
choix (paix ou guerre).
- Nous combattrons,
ont-ils répondu.é
- Rentrez dans l'obéissance
et que nos forces soient tournées contre ce renégat (Ibn
Az-Zubayr) qui a réuni autour de lui, les rebelles et les pervers,
lancèrent comme ultimatum les guerriers de Muslim.
- Non, ennemis d'Allah!
On ne vous laissera pas passer vers lui; vous laissera-t-on profaner la Maison
sacrée d'Allah et effrayer ses habitants? Non, par Allah! On ne le fera
pas!, répondirent les Médinois.(537)
D'après
Al-Mas'ûdî et Ad-Daynûrî, «les Médinois
recreusèrent le fossé du Messager d'Allah, qui était le
rempart de Médine quand les factions ennemies (Al- Ahzâb) ont
voulu envahir la ville sainte. Le poète Médinois dit:
Vous aurez au
fossé glorieux
Des frappes qui
vous renseigneront bien
Tu n'es pas des
nôtres, ton oncle non plus!
Toi qui
t'adonnes aux plaisirs
Et
délaisses la prière!
Si nous sommes
tués
Sois
chrétien si tu veux
Bois du vin et
délaisse les vendredis!
Adh-Dhahabî
rapporte qu'Ibn Handhalah (à qui les Médinois donnèrent
l'autorité sur eux) passait des nuits à la Mosquée,
jeûnait durant tous ces jours (de guerre) priait tout le temps; mais
à l'approche de l'armée ennemie il sermonna ses compagnons, les
incita au combat et leur ordonna d'être véridiques dans leur
lutte. Le matin, les ennemis chargèrent les Médinois qui,
après avoir mené un dur combat, battirent en retraite. Ibn
Handhalah qui dormait, appuyé contre l'un de ses fils, fut
réveillé et informé de la défaite. Il demanda alors
à chacun de ses fils de combattre tour à tour jusqu'à la
mort.
Privé de ses
fils, mais encore entouré de certains de ses compagnons, Ibn Handhalah
demanda à l'un d'eux «Protège mon dos le temps que
j'accomplisse la prière du Dhuhr!». Après la prière,
son mawlâ lui dit: «Il ne reste personne (cinq hommes seulement
étaient encore avec lui) pourquoi persévérons-nous?
- Nous ne sommes sortis
que pour la mort!, rectifia Ibn Handhalah.
Les Médinois
s'en allèrent comme des autruches effarées et les Syriens les
tuaient dans leur fuite. Ibn Handhalah ôta alors sa cuirasse et affrontait
les guerriers jusqu'à la mort. Quand Marwân fut passé
près de sa dépouille, il le vit tendre son index et dit à
son intention: «Par Allah, si tu le (le doigt) tends mort, tu l'as
certainement tendu vivant et pour longtemps» (l'allusion est faite
à la dévotion d'Ibn Handhalah qui priait beaucoup).(538)
L'armée califale profane l'enceinte
sacrée du Prophète (SAW)
D'après At-Tabarî, Muslim livra la
ville sainte pendant trois jours à ses guerriers qui ont tué les
personnes et pillé les biens.(539)
Al-Ya'qûbî dit: «Il n'y resta que
peu de gens. La ville fut tellement transgressée que des vierges ont par
après accouché sans qu'on sût qui
étaient les pères!»(540)
Selon Ibn Kathîr, sept cent liseurs du Coran
furent tués à la bataille d'Al-Harrah, parmi eux trois Compagnons
du Messager d'Allah! Les guerriers ont aussi violé les femmes à
tel point qu'on dit que mille d'entre elles tombèrent enceintes, pendant
ces jours sans avoir eu d'époux.
D'après Az-Zuhrî, sept cent
tués parmi les Muhâjirîne et les Ançars et dix mille
d'autres inconnus.
A leur tour, Ad-Daynûrî et
Adh-Dhahabî rapportèrent à partir de Hârûn
al-'Abdî qui dit: «J'ai vu Abâ Sa'îd al Khudrî
(un grand Compagnon) avec une barbe blanche, aux parties latérales
très légères. Seul le milieu de la barbe est resté
épais.
- Qu'est ce qu'elle a ta barbe, Ô Abâ
Sa'îd?, lui demandai-je.
- C'est le résultat de ce qu'en firent les
Injustes de Syrie le jour d'Al-Harrah, précisa-t-il. Des pillards parmi
eux sont entrés chez moi, s'emparèrent de tout ce qui s'y
trouvait même mon vase d'eau. Après eux, d'autres, une dizaine,
sont venus alors que j'étais en prière et comme ils n'y ont rien
trouvé, il me portèrent de mon lieu de
prière et me renversèrent par terre. Chacun alors arrachait vers
lui ce qu'il lui apparaissait de ma barbe en sorte que seul le milieu qui
était à même le sol leur a échappé. Je la
laisserai telle quelle jusqu'à la rencontre avec le Seigneur!»(541)
Les
Médinois survivants prêtèrent serment d'allégeance,
assorti de la clause selon laquelle ils étaient esclaves de Yazîd
D'après
At-Tabarî et d'autres historiens, Muslim b. 'Uqbah invita les gens
à prêter serment d'allégeance à Yazîd b.
Mu'âwiyah comme ses esclaves (et non comme sujets) dont il pouvait
exploiter les vies, les biens et les familles comme bon lui semblait.(542)
Al-Mas'ûdî
dit: «Les survivants parmi les habitants de Médine
prêtèrent serment d'allégeance en tant qu'esclaves de
Yazîd à l'exception de 'Ali b. al- Hussayn b. 'Ali b. Abî
Tâlib parce qu'il n'avait pas participé à leur mouvement et
de 'Ali Abdillah b. 'Abbâs qui fut protégé par ses oncles
maternels issus de Kindah. Ceux qui avaient refusé le serment
d'allégeance, assorti de cette clause furent passés par
l'épée.(543)
A ce sujet
Ad-Dârimî rapporte qu'en le quatrième jour, Muslim b. 'Uqbah
invita les gens à prêter serment d'allégeance. Le premier
qui se présenta fut Yazîd b. 'Abdillah b. Rabî'ah (ou
Zam'ah) b. al-Awad, dont la grand-mère était Umm Salamah,
l'épouse du Prophète (SAW).
- Vas-y prête ton
serment!, lui ordonna Muslim.
- Oui,
conditionné par l'obligation de respecter les lois du Livre d'Allah et
de la sunnah de Son Prophète (SAW), dit Ibn al-Aswad
- Non! Tu
prêteras serment en reconnaissant que tu es "butin" du prince
des croyants, qui pourra faire de vos biens et de vos enfants ce qu'il voudra,
répliqua Muslim.
L'homme refusa
l'allégeance assortie de cette clause (humiliante) et l'autre ordonna de
lui couper la tête.(544)
At-Tabarî cita le
nom d'un autre Médinois qui refusa de prêter ainsi son serment
d'allégeance: «Mohamed b. al-Jahm qui subit le même sort que
le précédent. Marwân, témoin de l'exécution,
dit devant Muslim:
- Subhân
Allah! Tues-tu des hommes originaires de Quraïsh?
Muslim le piqua au
côté avec son bâton et dit:
- Par Allah, toi aussi!
Si tu profères les mêmes propos qu'eux tu ne verras le ciel que le
temps d'une étincelle!
Par après, on
fit venir Yazîd b. Wahb b. Zam'ah pour qu'il prêtât serment
d'allégeance, assorti de la clause précédente. L'homme qui
voulut se rattraper après avoir posé comme condition le respect
de la sunnah de 'Umar b. al-Khattâb, ne fut pas entendu (ni Marwân
qui voulut intercéder en sa faveur) et il fut exécuté.
L'envoi des têtes au calife Yazîd.
D'après Ibn 'Abdi Rabbih, quand les
têtes des Médinois furent déposées entre les mains
de Yazîd, il se rappela la poésie d'Ibn Zibi'râ le jour
d'Uhud:
Oh Si les miens tués à Badr
étaient témoins!
De la frayeur d'Al-Khazraj (tribu médinoise)
sous nos flèches perçantes
Ils en seraient ravis et contents
Et diraient:
Ô Yazîd! Que ta main soit
protégée!
Un compagnon du Prophète (SAW), qui avait
entendu ces vers (d'après lesquels, la victoire des polythéistes
contre les Compagnons du Prophète était bien accueillie) dit
à Yazîd:
- C'est de l'apostasie, ô prince des
croyants!
- Non! Je demande pardon à Allah,
répondit Yazîd.
- Par Allah, je n'habite jamais là où
tu habites!, dit l'homme qui s'en alla.(545)
Ibn Kathîr cita deux autres vers (arabes)
juste après le premier:
Quand nos chameaux arrivèrent à
Qubâ'
Et le Massacre enveloppa 'Abdil Ashal
Nous avons tué de leurs notables
Le double (de ce qu'ils avaient tué à
Badr)
La balance de Badr penchée en leur faveur
Retrouva alors son équilibre.
Ensuite Ibn Kathîr dit: «mais un
certain Râfidî (Shi'ite) incorpora à ce poème le vers
suivant:
Hâshim s'est joué seulement de la
Royauté
Il n'y avait ni ange qui venait ni
Révélation qui descendait.
Ibn Kathîr ajouta ce commentaire: «Si
Yazîd b. Mu'âwiyah avait dit cela, qu'il soit maudit par Allah et
les maudisseurs, s'il ne l'avait pas dit, que celui qui le lui a imputé
soit maudit par Allah».(546)
L'auteur dit: Ibn Kathîr s'est trompé
quand il crut que les historiens ont dit que Yazîd avait incorporé
ce vers (qui est un aveu d'apostasie) au poème précédant
lors de l'arrivée des têtes médinoises à Damas. Or,
ils n'ont pas dit cela. C'était Ash Shi'bî qui n'était ni râfidîte
ni Shi'ite mais un partisan zélé de l'Ecole des califes,
qui, entre autres narrateurs, rapporta que Yazîd ajouta le vers
précédent au poème d'Ibn Az-Zibi'râ lorsque la
tête de Hussayn était devant lui.
Je me demande pourquoi Ibn Kathîr n'accorda
pas à Yazîd l'excuse de l'Ijtihâd en disant par exemple,
Yazîd, en ajoutant ce vers de poésie, a fait preuve
d'Ijtihâd!
Au service de l'obéissance
au calife
La marche de
l'armée califale vers Makkah et l'agonie de son chef
Arrivé à
Al-Mushallal, fin Muharram en l'an 64 h, le chef de l'armée de
Yazîd, sentit la mort le gagner. Il fit venir Huçayn b. Numayr
As-S-kûnî qu'il chargea de la direction de l'armée
après lui et lui dit: «Brouille les informations, ne tends
jamais l'oreille à un quraïshite, laisse les Syriens combattre
leurs ennemis et n'attends pas plus de trois jours pour charger Ibn Az-Zubayr
le pervers!»
Ensuite Muslim dit:
«Ô Seigneur! Après mon témoignage qu'il ni y a
d'autre divinité que Toi et que Muhammad est Ton Messager, je n'ai pas
accompli d'acte plus pieux et susceptible de me donner espoir dans
l'au-delà que celui d'avoir tué les Médinois au service de
Ton calife Yazîd b. Mu'âwiyah. Si après cela je devais
entrer en enfer, je serais alors certainement un misérable ...».(547)
Après son
enterrement, l'armée continua sa marche vers Makkah. Mais les gens du
village où fut enterré Muslim, le crucifièrent à un
dattier après l'avoir exhumé. Lorsque cela fut parvenu à
l'armée califale, elle fit demi-tour pour punir les profanateurs. Ceux
parmi ces derniers qui n'ont pas pris la fuite furent tués par les
fidèles de Muslim b. 'Uqbah dont le cadavre fut enterré dans sa
tombe. On désigna aussi des hommes pour en être gardiens.(548)
Dans la guerre qui l'opposait à Ibn
Az-Zubayr, l'armée califale brûla la Ka'bah et chanta son
épopée
D'après Al-Mas'ûdî, le nouveau
chef de l'armée califale arriva à Makkah et ordonna à ses
soldats de l'assiéger. Ibn Az-Zubayr se réfugia auprès de
la Ka'bah. Al-Huçayn b. Numayr et les Syriens installèrent les
catapultes et lancèrent contre la Ka'bah des pierres, de naphte et
d'autres projectiles. Les constructions prirent alors feu et la Ka'bah
s'effondra.
La foudre frappa onze soldats du calife, qui
usaient de la catapulte, le samedi 3 Rabi' premier, onze jours avant la mort de
Yazîd. D'après Al-Ya'qûbî, le conteur d'Ibn Az-Zubayr
montait sur la Ka'bah avant sa destruction et criait: «Ô les gens!
Ô les Syriens! C'est la Maison d'Allah, qui était notre refuge
à tous, avant l'Islam; même les oiseaux et les gibiers s'y
réfugiaient! Craignez Allah! Les Syriens répondirent:
«L'obéissance d'abord! L'affrontement! L'affrontement! Le retour
avant le soir!?». Quand la Ka'bah fut incendiée, les hommes d'Ibn
Az-Zubayr proposèrent d'éteindre le feu amis il les empêcha
pour que les gens fussent furieux contre les agresseurs de la Maison d'Allah!
Certains partisans du calife Yazîd dirent: «La sacralisation et
l'obéissance se sont rencontrées et c'est l'obéissance qui
l'a emporté sur la sacralisation».(549). Cela voulait dire que le devoir d'obéir au
calife prima le respect qu'on devait à la Maison sacrée. Les
catapulteurs chantaient aussi à la gloire de leur machine:
Arrogante comme le chameau écumant
Nous frappons avec, les réfugiés de
cette Mosquée
Un autre poète dit:
Vois-tu l'exploit d'Umm Farwah (la catapulte)
Qui les surprend entre çafâ et Marwah!
Le siège de la Mecque ne prit fin que
lorsque l'armée fut informée de la mort de Yazîd, le 14
Rabî' premier.(550)
Après des pourparlers entre Ibn Zubayr et
Al- Huçayn b. Numayr, celui-ci quitta la Mecque pour Médine. De
là, les Banî Umayyah craignant des exactions, insistèrent
pour accompagner l'armée califale en Syrie.(551)
Al-Hajjâj
catapulte la Ka'bah
A l'époque du
calife 'Abdilmalik b. Marwân, Al- Hajjâj b. Yûssuf
At-Thaqafî fut envoyé à son tour pour combattre Ibn
Az-Zubayr à Makkah (8 ans après la première
expédition). Arrivé à Médine le mois Dhul-'Iqdah en
l'an 72 h., Al-Hajjâj chassa le gouverneur d'Ibn
Az-Zubayr et nomma à sa place l'un de ses hommes: Tha'labah. Celui-ci,
pour attiser la colère des Médinois, mangeait de la cervelle sur
la chaire du Prophète (SAW) et prenait comme dessert les dattes (de
Médine).(552) A son tour
Al-Hajjâj assiégea Makkah et ordonna de catapulter la Ka'bah
où s'était réfugié Ibn Az-Zubayr. En cette
année, ni Al-Hajjâj et ses guerriers ni Ibn Az-Zubayr et ses
compagnons ne purent accomplir les rites du pèlerinage. Les premiers,
parce qu'Ibn Az-Zubayr les empêcha de la circumambulation et de la course
entre Çafah et Marwah; les autres parce qu'al-Hajjâj, les
empêcha d'aller à 'Arafah et d'effectuer le rite de la lapidation
(de Satan).
D'après
Adh-Dhahabî et Ibn Kathîr, Al-Hajjâj fonça de tous les
côtés, catapultait (par le biais de cinq machines) la Ka'bah(553) et arrêta le
transfert des provinces alimentaires à l'intérieur de la ville
Sainte.
La Ka'bah prit feu et la foudre frappa
Quand les rideaux de la Maison eurent pris feu et
l'incendie se fut déclaré, un nuage (portant tonnerre et
éclair) vint du côté de Juddah et, une fois au-dessus de la
Ka'bah en feu, laissa tomber sa pluie «pour éteindre le
feu», puis penchant vers la montagne d'Abî Qubays où
étaient installées les catapultes, le nuage projeta sa foudre contre
une machine et électrocuta quatre hommes. Pour hausser le moral de ses
soldats, Al- Hajjâj dit: «N'en soyez pas effrayés! Cette
terre est connue pour ses foudres! Allah, dit l'historien, envoya alors une
autre foudre qui brûla la catapulte et quarante hommes.(554)
Selon Adh-Dhahabî, Al-Hajjâj cria
alors: «Ô les Syriens! Allah! Allah! En matière
d'obéissance!(555)
Selon d'autres versions, Al-Hajjâj dit:
«Ne vous étonnez pas! Je suis fils de Tihâmah! Le
succès approche. Ne voyez-vous pas que le camp adverse est touché
au même titre que vous? Or, nous, nous sommes pour l'obéissance et
eux, contre!...».(556)
La Maison
brûlait et Al-Hajjâj chantait l'événement
D'après Ibn
A'tham, quand les rideaux de la Ka'bah eurent pris feu, et qu'Al-Hajjâj
les eut vus devenir des cendres, il chanta en vers (épiques):
Ne vois-tu pas sa
poussière brillante?
Ils ont prétendu
qu'Allah était son voisin protecteur!
La voici qui
fléchit et s'effondre!
Et, ensemble,
ses oiseaux l'abandonnent
La destruction
de la Ka'bah est imminente
Quand ses
rideaux ont pris feu avec
Du fait du
naphte (pétrole) et du feu
Qui s'abattent
sur elle.(557)
La plupart des compagnons
d'Ibn Az-Zubayr se sont du fait de la dureté de la guerre
dispersés et résignés. Les Mekkois, en
général, quelque dix mille hommes - y compris les deux fils d'Ibn
Az-Zubayr, Hamzah et Khubayb - demandèrent en échange de leur
reddition qu'Al-Hajjâj leur accordât la sécurité (la
vie sauve).
La fin d'Ibn Az-Zubayr et l'envoi des
têtes à Damas
Après qu'Ibn Az-Zubayr eut été
tué, sa tête et celles de 'Abdullah b. Çafwan, de
'Umârah 'Amru b. Hazm furent envoyées d'abord à
Médine puis à Damas auprès de 'Abdilmalik b. Marwân(558) qui gratifia les porteurs des têtes, cinq
cents dinars et se fit couper quelques cheveux (et de ceux de ses enfants) pour
manifester sa joie consécutive à la mort d'Ibn Az-Zubayr. Quant
à la dépouille d'Ibn Az-Zubayr crucifiée à l'envers
par Al-Hajjâj près d'al-Hujun avant d'être par après
enterrée au même lieu.(559)
D'après Adh-Dhahabî, 'Abdilmalik
s'installa aisément au califat et nomma Al-Hajjâj comme gouverneur
des lieux saints de 'Islam. Celui-ci compléta la destruction de la
Ka'bah pour en refaire la construction. La pierre noire qui avait souffert
d'une fente consécutive au jet des pierres catapultées fut
calfeutrée.(560)
Al-Hajjâj
scelle les coups des Compagnons du Prophète (SAW)
D'après
At-Tabarî, Al-Hajjâj se dirigea vers Médine le mois de
Çafar et y resta trois mois pendant lesquels il se jouait des
Médinois et les humiliait. Mais il y construisit une mosquée dans
les Banî Salamah.
A Médine,
Al-Hajjâj, méprisa aussi les Compagnons du Messager d'Allah (SAW),
scella leurs cous (ou un autre organe de leur corps). Ainsi, Jâbir b.
'Abdillah fut marqué sur la main et Anas au cou afin que leur
humiliation soit manifeste.
Quand Al-Hajjâj
eut fait venir Sahl b. Sa'd, il lui demanda: «Qu'est-ce qui t'a
empêché de secourir le prince des croyants 'Uthmân b.
Affân (lorsqu'il était assiégé à
Médine)?
- Je l'ai fait,
répondit le Compagnon Sahl
- Non! Tu as menti,
rétorqua Al-Hajjâj qui ordonna de le sceller au cou avec du plomb.
Après l'insurrection dans les lieux
saints, les révoltes se succédèrent
Bien avant la fin de l'insurrection des habitants
de Médine et de Makkah, la révolte des repentants
(At-Tawwâbîne) éclata à al-Kûfah en l'an 65 h.
la devise de ses guerriers qui avaient regretté d'avoir abandonné
Al-Hussayn (a. s.) était: «Oh là pour la vengeance de
Hussayn!»
Les repentants révoltés combattaient
l'armée califale à 'Aïn al-Wardah jusqu'au dernier martyr.
Après, ce fut le tour d'Al-Mukhtâr qui
se révolta à al-Kûfah en l'an 66 h. et s'acharna dans la
poursuite des assassins de Hussayn (a. s.).
A leur tour, des 'Alawites tels Zayd le martyr et
son fils Yahyâ se révoltèrent contre le califat.(561)
Enfin, en appelant les Musulmans à la
défense de la cause d'Ahlul-Bayt et à la destruction du califat
umayyade, les Abbassides réussirent à établir leur propre
califat (grâce à leur devise affichée: «La cause
d'Al-Muhammad, SAW), les Abbassides furent suivis dans leur combat politique et
militaire). Ainsi on appelait Abû Salamah al-Khallâl: Wazîr
Al- Muhammad (ministre d'Ahlul-Bayt), Abû Muslim fut appelé Ami
al-Muhammad) ...(562)
Les
révoltes ont affaibli le califat et les Imams (a. s.) ont
restitué les lois de l'Islam
Toutes ces
révoltes virent le jour après le martyre de l'Imam Al-Hussayn (a.
s.). D'un côté les insurgés mobilisaient les gens et
réveillaient leur conscience. De l'autre, les Imams (a. s.) s'attelaient
à la restitution de la Shari'ah de leur grand-père, le Messager
(SAW) après son effacement. l'Ecole
d'Ahlul-Bayt (a. s.) uvra alors activement en vue de diffuser les valeurs et
les jugements islamiques.
5ème
champ de recherche:
Après le Soulèvement de l'Imam
Al-Hussayn (a. s.).
La restitution par les Imams (a. s.) de la
Sunnah prophétique à la Société musulmane.
Suite aux événements douloureux qui
avaient secoué la Communauté islamique, certaines consciences se
sont réveillées de le leur torpeur et détestèrent
les conditions dans lesquelles pataugeait le califat. L'amour porté
à la famille du Prophète (SAW) gagnait les esprits et les milieux
islamiques qui ne profitaient pas du pouvoir.
A l'époque du conflit ouvert entre les
Umayyades et les Abbassides autour du califat, les plus éclairés
parmi les Musulmans allaient chercher la science et la sagesse auprès
des deux Imams Al-Bâqir (M. b 'Ali) et As-Çâdiq (Ja'far b.
M) (a. s.) qui ont pu à cette époque répandre les lois
islamiques telles qu'elles furent remises à la Communauté par le
Messager d'Allah (SAW) et démasquer celles qui étaient fausses ou
altérées. Ils ont aussi pu dissiper l'ambiguïté
autour de certains versets coraniques en se référant tantôt
au livre de l'Imam 'Ali al-Jâmi'ah, tantôt aux hadiths
prophétiques authentiques.
Il arrivait aussi qu'ils clarifiaient le jugement
d'Allah en une situation donnée sans citer leurs sources (As-sanad
= la chaîne de transmission).
De tous les Imams d'Ahlul-Bayt (a. s.), l'Imam
As-Çâdiq avait plus de moyens et de possibilité pour servir
la sunnah du Messager d'Allah.
Parfois des milliers de traditionnistes et
d'étudiants de toutes les sciences islamiques allaient assister à
son enseignement ou le consulter. Les compilateurs des hadiths ont noté
les noms des narrateurs de ses récits, quelles que fussent leurs
opinions et leur obédience. L'érudit (Al-Hâfidz)
Abûl-'Abbâs b. 'Uqdah (mort en 333 h.) composa son livre (Asmâ'ur-Rijâl)
qui recensa les rapporteurs de ses hadiths, et qui se sont élevés
à quatre mille.(563)
A l'époque de l'Imam Mûsâ al
Kâdzim (a. s.), ses compagnons, des membres de sa famille et sa
Shî'ah (partisans d'Ahlul-Bayt) assistèrent à son audience
avec des tables de bois polies et des aiguilles pour noter ses récits ou
ses fatwâ (avis religieux).
Les compagnons des Imams (a. s.) ont ainsi
rassemblé et compilé ce qu'ils avaient entendu d'eux. Des
milliers d'ouvrages ont ainsi vu le jour, les biographies de leurs auteurs se
trouvent dans les recueils d'An-Najâshî et du Sheikh
At-Tûsî. Chacun d'eux rapporta des ouvrages à partir de
leurs auteurs, selon sa propre chaîne de transmission.
A l'époque des Imams (a. s.) furent
compilés Al- Uçul. D'après la terminologie de
l'Ecole d'Ahlul-Bayt, Al-Açl veut dire le livre dans lequel son
auteur a rapporté les hadiths à partir d'Al-Ma'sûm
(L'Imam, l'infaillible) ou de celui qui cita al-Ma'sûm et non d'un livre
particulier. Des Uçul furent notés au fur et à
mesure que les Imams (a. s.) donnaient leurs enseignements. Les anciens ont
gardé quatre depuis l'époque du Prince des croyants 'Ali (a. s.)
jusqu'à celle d'Abî Mohamed al-Hassan al-'Askarî (a. s.). La
plupart de ces Uçul furent compilés de la part des compagnons de
l'Imam As-Çâdiq (a. s.). Certains ne connaissaient que lui,
d'autres avaient connu aussi son père Al-Bâqir (a. s.) ou son fils
Al-Kâdzim (a. s.).
La première encyclopédie de
hadîths qui fût composée dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt est: Al-Kâfî
de Thiqatul-Islam Abû Ja'far M.b. Yaqûb b. Ishâq
al-Kulaynî (mort en 329 ou 328 h.). Pour composer son livre, l'auteur
dût parcourir en vingt ans beaucoup de provinces musulmanes (à la
recherche des Uçul).
Le sheikh As-Çadûq (Abû Ja'far
M.b. 'Ali b. al- Hussayn b. Bâbuyah al-Qummî (mort en 381 h.) puisa
les hadîths d'Al-Kâfî et des autres compilations
spécialisées et composa la première encyclopédie de
hadîths relatifs au fiqh (la shari'ah selon l'Ecole
d'Ahlul-Bayt a. s.), Man Lâ Yahduruhul-Faqîh.
Après lui vint Sheikh At-Tûssî
(Abû Ja'far M. b. al-Hassan (mort en 460 h) et composa ses livres Tahdhîb
al-Ahkâm et Al-Istibçâr Fîmakh-talafa
minal-Akhbâr.
Ces livres sont appelés les quatre ouvrages
des trois Mohamed. Depuis leur apparition jusqu'à nos jours, ces livres
sont le centre d'intérêt des études universitaires au sein
de l'Ecole d'Ahlul-Bayt à l'instar des six ouvrages sunnites sur
lesquels reposent les études de hadîth au sein de l'Ecole des
califes, sauf que l'Ecole d'Ahlul-Bayt part du principe selon lequel seul le
contenu du Livre d'Allah - Gloire à Lui - est authentique et
incritiquable.
La
méthode poursuivie dans les Etudes (de hadith) depuis l'Epoque
d'Al-Kulaynî
La méthode
consistait dans l'octroi d'une licence à l'étudiant qui venait de
rapporter l'un ou les quatre cents uçul et les autres petits ouvrages de
hadîths.
Ou bien le Sheikh (le
professeur, l'auteur de l'ouvrage) lisait dans son livre à l'intention
de ses étudiants ou c'était l'un d'eux qui lisait dans l'ouvrage
tandis que les autres l'écoutaient tout en prenant connaissance du
commentaire du Sheikh s'il y en avait.
Après
l'étude de l'ouvrage en question par l'une des deux méthodes
précédentes, le Sheikh pouvait donner à ses
étudiants l'autorisation de rapporter son ouvrage à partir de lui-même.
Ces étudiants licenciés seraient à leur tour des
Shuyûkh (pluriel de sheikh) pour les étudiants de la
génération suivante. La Licence portait donc sur le livre
étudié. Ainsi, de génération en
génération, une chaîne de transmission, de bouche à
oreille, se formait autour de l'ouvrage étudié. C'était
ainsi qu'on procédait avant l'époque d'Al-Kulaynî et
après lui jusqu'à l'édification par Sheikh
At-Tûssî de la Hawzah scientifique d'An-Najaf al-Ashraf en l'an 448
h.
Les Etudes après l'institution de la
Hawzah (l'Université islamique) d'An-Najaf Al-Ashraf.
Sheikh At-Tûssî institua cette Hawzah,
en est resté le maître jusqu'à sa mort en l'an 460 h.
Dans cette Hawzah et dans les autres
universités islamiques semblables, les quatre encyclopédies du
hadîth (Al-Kâfî, Al-Faqîh, Al-Istibçâr
et At-Tahdhîb) étaient depuis l'époque
d'At-Tûssî le centre des études juridiques et ce,
jusqu'à l'approche de l'ère nouvelle. On étudiait ces
ouvrages auprès des Sheikhs qui en rapportaient les hadiths selon des
chaînes de transmission qui devaient aboutir aux auteurs respectifs des
livres étudiés.
Jusqu'à nos jours, ces livres de
hadîths sont restés objet d'étude systématique de la
part des étudiants à l'instar d'Alfiyyat-Ibn-Mâlik (manuel
de grammaire arabe) qui bénéficia depuis sa composition de
l'intérêt et de l'attention que lui accordaient les
étudiants dans les Hawzah scientifiques.
Plus que les ouvrages de grammaire, de philosophie
ou de médecine (Ibn Sînâ' Avicenne), les livres du
Hadîth occupaient, après le livre d'Allah, une place de choix.
La méthode ancienne dans les études
du hadîth, comme nous venons de l'exposer (lecture, écoute,
narration, licence ... ) est relatée par
Al-Majlissî dans sa grande encyclopédie Al-Bihâr
(T. 27).
Des licences (ijâzât) accordées
par des Sheikhs à leurs étudiants, montrent clairement
l'aboutissement des chaînes de transmission aux auteurs de quatre
encyclopédies des hadîths.
L'auteur donne plusieurs exemples de ces licences (ijâzât)
(dont nous faisons abstraction dans cette traduction). Ou bien, la licence
était rédigée à part ou bien, le Sheikh
écrivait au verso du Livre étudié par
l'élève, la licence accordée comme c'était le cas
pour les cinq licences accordées par Al-Majlissî Mohamed
Baqîr à son élève Mohamed Shafî 'At-Tawisirkânî,
trouvées écrites par sa main à la fin des livres (les
différentes parties) d'Al-Kâfî dans une copie
manuscrite reproduite à la fin de ce livre.
L'auteur rapporta les cinq Ijâzât et en
fit le commentaire suivant:
Dans les licences précédentes, on
trouve signalé dans l'une d'elles le fait que la chaîne de
transmission débute par la lecture du sheikh "immédiat"
de l'élève et aboutit à l'auteur du livre.
Dans les autres licences, on exprima cet
état de transmission selon la terminologie consacrée dans la
science du hadîth, ou bien on désigna la période et le lieu
de la lecture du livre en question ou encore que l'étudiant à
terminé l'étude de l'ouvrage par le biais de la lecture ou par
celui de la réception (l'écoute).
C'est la méthode suivie depuis
l'époque des auteurs d'Al-Kâfî, d'Al-Faqîh,
et d'At-Tahdhîb jusqu'à nos jours.
Nous disons bien jusqu'à nos jours parce que
nous savons que les Fuqahâ' (juristes) de l'Ecole d'Ahlul-Bayt
continuent de se référer à ces mêmes livres pour le
puisement (l'extraction, istinbât) des jugements de la Shari'ah.
Si un juriste de l'Ecole d'Ahlul-Bayt veut publier
son épître pratique (Risâlah) il se
référera aux quatre encyclopédies
précédentes (et à Al-Wasâ'il) en tout ce
qu'il présentera comme Fatwa. Les auteurs de ces livres de
référence ont puisé les hadîths des Uçul
et des premières compilations du hadîths.
A leur tour, les auteurs de ces Uçul
et de ces compilations du hadith les avaient rapportés à partir
des Imams d'Ahlul-Bayt. Enfin, les Imams d'Ahlul-Bayt (a. s.) avaient
rapporté leurs hadîths à partir d'Al- Jâmi'ah dont le
contenu fut dicté par le Messager d'Allah (SAW) et écrit par la
main de l'Imam 'Ali (a. s.).
Ainsi ces encyclopédies du hadîth sont
devenues depuis leur compilation, jusqu'à nos jours, le point de
départ, après le Sait Coran, des recherches juridiques au sein de
l'Ecole d'Ahlul-Bayt.
Rappelons que les Imams d'Ahlul-Bayt (a. s.) se
démarquaient complètement du recours à l'opinion
personnelle mais revenaient uniquement à Al-Jâmi'ah de l'Imam 'Ali
en matière de législation Shar'î. Al-Jâmi'ah,
à son tour, (qui n'était pas l'oeuvre de l'Imam 'Ali) fut
dictée par le Messager d'Allah (SAW) et écrite par l'Imam 'Ali
(a. s.).
A l'opposé, l'Ecole des califes reposait sur
l'Ijtihâd. Les califes faisaient preuve de ta'wîl
(l'interprétation) face aux textes divins et eurent souvent recours
à l'opinion personnelle pour clarifier les jugements (les lois) de
l'Islam.
Le tableau suivant montre l'orientation dans le
puisement d'Ahlul-Bayt dans le puisement de la sunnah prophétique.
L'Ecole
d'Ahlul-Bayt (a. s.)
La
dictée du Messager (SAW)
|||
Al-Jâmi'ah de l'Imam 'Ali (a.s)
|||
Les narrations
des douze Imams d'Ahlul-Bayt (a. s)
|||
Al-Uçul
et les petits ouvrages
compilés des récits rapportés
|||
__________
||| |||
Al-Kâfî
|||
Al-Istibçâr At-Tahdhîb
Al-Faqîh
| | |
|||
Les
épîtres juridiques (Rasâ'il)
des juristes de l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s.)
Appréciation
des livres de hadîth dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s.)
Des errata dans la transcription des livres du
hadîth
Bien que les recueils des hadîths soient dans
l'Ecole d'Ahlul-Bayt rapportés à partir du Messager d'Allah
(SAW), les doctes de cette Ecole ne les ont pas qualifiés de
"recueils authentiques" comme l'avaient fait les partisans de l'Ecole
des califes (pour Al- Bukhârî et Muslim en particulier). Ils (les
doctes de l'Ecole d'Ahlul-Bayt) n'ont pas non plus à travers les
époques censuré les esprits ni fermé la porte de la
recherche scientifique. Sachant que les narrateurs ne sont pas infaillibles ni
exempts d'erreur et d'oubli, ils soumettent tout hadîth se trouvant dans
ces recueils aux critères de la science du hadîth et le jugent
d'après le résultat que donnent la recherche et
l'appréciation spécialisées.
Effectivement, l'erreur s'est produite dans le
recueil le plus célèbre de l'Ecole d'Ahlul-Bayt: Al-Kâfî.
A titre d'exemple, prenons les hadiths 7, 9, 17 et 18 du Livre al Hujjah,
chapitre "à propos des Douze Imams dans les textes".
Les hadîths 7 et 14
L'auteur rapporte d'après sa propre
chaîne de transmission, à partir d'Ibn Samâ'ah, de 'Ali b.
Al- Hussayn b. Ribât, d'Ibn Udhaynah, de Zurârah qui dit:
«J'ai entendu Abâ Ja'far (a. s.) dire:
«Les Douze Imams des 'Âl Muhammad sont tous des inspirés,
des petits-fils du Messager d'Allah (SAW) et de 'Ali. Le Messager d'Allah et
'Ali sont les deux pères.
Littéralement, les Imams d'Ahlul-Bayt
seraient (treize et non douze) c'est à dire 'Ali et douze de ses
descendants.
Toutefois, Al-Mufîd (dans Al-Irshâd)
et At-Tabarsî (dans I'lâm al-Warâ) rapportent le
hadîth en question à partir d'Al-Kâfî dans la
version suivante: Les Douze Imams des 'Âl Muhammad sont tous des
inspirés: 'Ali b. Abî Tâlib et onze de ses descendants = Le
Messager d'Allah et 'Ali sont les deux pères (a. s.).
As-Çadûq rapporte aussi correctement
le même hadîth dans ses deux ouvrages ('Uyûn Akhbâr
Ar-Ridâ et Al-Khiçal) à partir
d'Al-Kulaynî: Douze Imams des Âl Muhammad tous des inspirés
après le Messager d'Allah, et 'Ali b. Abî Tâlib fait partie
d'eux.
Le résultat de la recherche et de la
comparaison.
En comparant les récits de Sheikh
As-Çadûq, d'Al- Mufîd et d'At-Tabarsî qui rapportent
une version correcte du hadîth, nous comprenons que c'étaient les
transcripteurs du hadîth dans le recueil d'Al-Kâfî
qui s'étaient trompés après l'époque du Sheikh
Al-Mufîd. Nous ne disons pas après l'époque
d'At-Tabarsî parce que celui-ci a puisé ses récits d'I'lâm
al-Warâ du livre d'Al-Mufîd (Al-Irshâd).
Les
critères désignés par les Imams d'Ahlul-Bayt (a. s.)
Pour la connaissance du hadîth
Comme on vient de le voir, l'erreur peut se glisser
dans la narration du hadîth. A part le Livre d'Allah:
«Le faux ne s'y glisse par aucun
côté. C'est une Révélation émanant d'un
Seigneur Sage et Digne de Louanges» (V. 42/XLI)
Aucun autre livre n'en est exempt. En plus de
l'erreur, il y a eu le mensonge. Les détracteurs avaient menti sur le
compte du Prophète (SAW) de son vivant même. Sur les Imams
d'Ahlul-Bayt aussi. Les récits mensongers furent répandus
à l'encontre du Messager d'Allah et les Imams dans les livres du
hadîth à tel point que le faux s'y est mêlé au vrai.
Les Imams d'Ahlul-Bayt, pour y faire face eurent
recours à deux traitements.
- La divulgation des noms des menteurs parmi les
narrateurs des hadîths, leur éloignement et leur
malédiction. Exemples: Abûl-Khattâb Mohamed b. Abî
Zaynab al-Kûfî,(564) Al-Mughîrah b. Sa'îd,(565) Banan b. Bayân,(566) et d'autres.
- L'établissement de règles et de
critères spécifiques pour distinguer ce qui est sain dans les
hadîths de ce qui ne l'est pas.
L'Imam As-Çâdiq (a. s.) rapporte ce
récit à partir de son grand-père (SAW) qui sermonna les
gens à Minan et dit:
«Ô les gens! Des propos qu'on m'impute
vous parviennent; ceux parmi eux qui sont conformes au Livre d'Allah, sont
miens; les autres je ne les connais pas (je ne les ai pas dits)».(567)
Dans sa lettre adressée à Mâlik
al-Ashtar, l'Imam 'Ali dit: «... Si un différend vous
sépare, référez-vous à Allah et au Messager».
La référence à Allah c'est de se conformer à son
Livre et la référence au Messager, c'est de faire usage de sa
tradition qui unit et ne sépare point.(568)
Le récit d'Al-Bâqir (a. s.): «Si
on vous rapporte l'un de nos hadîths, prenez-le si vous trouvez dans le
Livre d'Allah un verset ou deux qui témoignent de sa
véracité. Sinon abstenez-vous en puis référez-vous
à nous jusqu'à ce que cela devienne clair pour vous».(569)
Les récits de l'Imam As-Çâdiq
(a. s.): «S'il vous parvient deux hadîths contradictoires,
soumettes-les au Livre d'Allah, et prenez celui des hadîths qui est
conforme au Livre d'Allah et laissez l'autre».(570)
«Tout doit être soumis au Livre et
à la sunnah. Et tout hadîth incompatible avec le livre d'Allah
n'est qu'ornement faux!».(571)
«Vous serez les plus intelligents si vous
comprenez les sens de nos propos car le mot s'interprète
différemment ...».(572)
Un autre critère fut aussi donné par
les récits des Imams (a. s): La considération du hadîth
dont l'esprit est opposé à celui de
l'Ecole des califes. L'Imam As-Çâdiq (a. s.) en donna la raison:
- Savez-vous pourquoi il vous a été
ordonné de prendre ce qui était différent de leurs
récits?, demanda l'Imam.
- Non, je ne sais pas, répondit le disciple.
- Quel que fût le jugement ou l'acte qu'avait
'Ali en matière de religion, il fut déformé par les gens
de la communauté (à cette époque) en vue d'annihiler sa
cause. Ainsi ils demandaient au Prince des croyants ('Ali (a. s.)) de les
enseigner sur une question qu'ils ne savaient pas et quand il leur eut
donné sa Fatwâ, ils en inventèrent une qui la contredisait
et la lui imputaient afin de semer la confusion (à son égard).(573)
En plus, nous avons vu dans les chapitres
précédents (l'ijtihâd des califes) que l'Ecole des califes
reposait dans la législation et la formulation des jugements islamiques
sur l'opinion personnelle et l'Ijtihâd en opposition avec la sunnah du
Messager. Il convient aussi de revoir, pour bien comprendre ce critère
donné par l'Imam, aux titres suivants dans ce livre: Comment deux
hadîths contradictoires peuvent-ils exister?
Les
Mujtahidûn au premier siècle de l'Islam
L'Ijtihâd des uns
et des autres et les récits y afférents.
Partant de cette
vérité que des hadîths furent inventés pour soutenir
les positions respectives des califes, il convient de délaisser tout
hadîth qui va dans le sens voulu par l'Ecole des califes. L'autre raison
pour laquelle il fut recommandé de délaisser le récit
conforme à l'esprit de l'Ecole des califes, réside dans le fait
suivant: Les partisans de l'Ecole des califes posaient souvent des questions
aux Imams d'Ahlul-Bayt (a. s.) dans des audiences publiques où ils ne
pouvaient pas toujours répondre en opposition aux avis
décrétés par l'Ecole des califes afin de protéger
leur vie et celles de leur Shi'ah. Parfois, les Imams étaient
obligés de donner une réponse conforme à l'opinion admise
par l'Ecole des califes mais quand l'occasion se présentait de donner le
véritable enseignement religieux en la matière sans Taqiyyah
(dissimulation protectrice), ils ne manquaient pas de le faire
conformément au Livre d'Allah et à la sunnah de Son Messager.
C'est ainsi que se trouvèrent en une seule question des hadîths
différents comme l'avait clairement dit As-Çâdiq (a. s.):
«Quand mon propos
ressemble à celui des gens sache que j'ai eu recours à la
Taqiyyah! Quand il n'y ressemble pas, il est tel qu'il doit être (sans
taqiyyah)(574)
Il dit aussi: «Si
deux hadîths différents vous parviennent soumettez-les au Livre
d'Allah et prenez celui qui y est conforme et laissez ce qui ne l'est pas! Si
le Coran n'y répond pas, comparez-les aux récits de la masse des
gens (l'Ecole des califes) puis laissez celui qui est conforme à leurs
dires et retenez celui qui s'y oppose».
Les Imams ont
donné aussi d'autres règles pour démêler les
hadîths et les reconnaître. Citons aussi à ce propos le
récit de l'Imam Ar-Ridâ (a. s.):
Un jour, l'Imam
Ar-Ridâ (a. s.) était en audience avec ses compagnons qui
polémiquaient sur la nature des deux hadiths contradictoires
rapportés en une seule question à partir du Messager (SAW).
L'Imam (a. s.) leur dit:
- Allah a certes
institué le licite et l'illicite et ordonna un ensemble de
prescriptions. S'il vous parvient un hadîth qui autorise l'illicite ou
prohibe le licite ou transgresse une prescription qui figure dans le Livre
d'Allah et qui n'a pas été abrogée, sachez que ce
hadîth n'est pas valable, car le Messager d'Allah n'aurait pas
prohibé le licite ou autorisé l'illicite ou changé les
dispositions d'Allah et ses jugements du moment que c'était lui qui
suivait strictement le Seigneur et faisait parvenir Ses prescriptions et Son
Message. «Je ne fais que suivre ce qui m'a été
révélé».
- Parfois, dit l'un des
assistants, l'un de vos hadiths nous parvient, dont le contenu n'est pas
relaté dans le Coran mais bien dans la sunnah, ensuite, un autre hadith
nous parvient, qui contredit l'autre?
- Le Messager (SAW)
avait prohibé des choses et en avait ordonné d'autres,
conformément aux prescriptions coraniques. Aussi ne pourrons-nous jamais
donner des avis contraires à ceux du Messager d'Allah (SAW), car nous ne
faisons que le suivre, soumis à ses ordres comme il l'était
à l'égard de Son Seigneur. Allah - Gloire à Lui - l'a dit:
«Prenez ce que le Messager vous donne et abstenez-vous de ce qu'il
interdit». En revanche, des choses furent
déconseillées par Allah (et non interdites
catégoriquement) et d'autres recommandées (et non prescrites); si
alors deux hadîths différents vous parviennent portant sur des choses
déconseillées seulement ou recommandées, il vous est
possible d'en considérer indifféremment l'un d'eux ou les deux
à la fois dans le cadre du principe de la facilité et de celui de
l'obéissance à l'esprit de la sunnah du Messager d'Allah (SAW).
L'appréciation des livres du
hadîth; le point de vue de chacune des deux Ecoles
L'appréciation
des livres de hadîth dans l'Ecole des califes
Nous avons
déjà vu que les premiers califes avaient interdit la diffusion de
la sunnah prophétique et son écriture. Cette prohibition ne fut
levée qu'à l'époque de 'Umar b. 'Abdil-'Azîz. Alors
les savants de l'Ecole des califes commençaient à compiler les
hadîths "en circulation" et beaucoup de recueils
spécialisés furent composés. Six d'entre eux sont
célèbres (appelés Sihah)
Sahîh
Al-Bukhârî de M.b. Ismâ'il (m. 256 h.)
Sahîh Muslim
b. al-Hajjâj An-Nisâbûrî (m.
261 h.)
Sunan Ibn Mâjah de M. b. Yazîd al-Qazwînî (m.
273 h.)
Sunan Abî
Dâûd de Sulaymân b. al-Ash'ath As-Sijistânî
(m. 275 h.)
Sunan
At-Tirmidhî de M.b. 'Îssâ At-Tirmidhî (m. 279 h.)
Sunan An-Nasâ'î de Ahmed b. Shu'ayb An-Nasâ'î
(m. 303 h.)
Certains remplacent ce
dernier par Sunan Ad-Dârimî de 'Abdillah b. 'Abdirrahman (m. 255
h.).
En imitant les six
traditionnistes précédents dans la valorisation des hadîths
les savants de l'Ecole des califes fermèrent la porte devant la
recherche scientifique dans ce domaine. Jusqu'à nos jours, les recueils
précédents et surtout ceux d'Al-Bukhârî et de Muslim
sont imités (vénérés et incritiquables).
Dans le domaine d'al-Fiqh,
l'Ecole des califes a fait la même chose. Quatre Fuqahâ' sont
imités et la porte de l'Ijtihâd (dans le sens du puisement des
lois du Coran et de la sunnah) fut fermée devant les savants des
époques postérieures, acculés à suivre un des
ulémas suivants:
Abû Hanîfah
'Atîq b. Zutî, appelé An-Nu'mân b. Thâbit (m.
150 h.)
Mâlik b. Anas (m. 179 h.)
Mohamed b. Idriss Ash-Shâfi'î (m. 204 h.)
Ahmed b. Hanbal (m. 241 h.)
Du hanbalisme se
ramifia As-Salafiyyah, partisans d'Ibn Taymiyyah Ahmed b. 'Abdul Halim (m. 726
h.) et de cette dernière naquit al-Wahhâbiyyah, partisans de
Mohamed b. Abdil Wahhâb (m. 1206 h.).
L'appréciation des livres du hadîth
dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s.)
Le premier à avoir compilé les
hadiths dans cette Ecole fut l'Imam 'Ali (a. s.) qui, sous la dictée du
Messager d'Allah (SAW) rassembla Al-Jâmi'ah de soixante-dix
coudées de long sur la largeur du parchemin et qui comportait tout ce
dont les gens avaient besoin du point de vue
législation et jugements islamiques. Les Imams (a. s.)
héritèrent des livres de l'Imam et de la sunnah du Messager
d'Allah (SAW). Ensuite les disciples et les élèves des Imams
composèrent de petits recueils sous forme d'épîtres.
Al-Kulaynî, lui, fut le premier dans l'Ecole
d'Ahlul-Bayt à avoir composé une encyclopédie de
hadîths englobant ces recueils et ces épîtres. Ensuite,
Sheikh As-Çadûq (m. 381 h.) composa son recueil Madînatul-'Ilm
(la cité de la science) mais cet ouvrage fut perdu après que les
adversaires de l'Ecole d'Ahlul-Bayt eurent brûlé ses bibliothèques,
persécuté et banni ses partisans. La composition des recueils de
hadîths au sein de l'Ecole d'Ahlul-Bayt fut couronnée par
l'encyclopédie Al-Bihâr d'Al-Majlissî (m. 1111 h.) et Al-'Awâlim
d'Al-Bahrânî (un élève d'Al-Majlissî). On eut
soin aussi, dans cette Ecole, des hadîth relatifs aux lois (juridiques et
cultuelles). Sheikh As-Çadûq fut le premier à avoir
composé une encyclopédie en la matière: Man lâ
Yahduruhu al-Faqîh. Après lui, At-Tûsî composa Al-Istibçâr
et At-Tahdhîb. Ces ouvrages sont devenus très
célèbres, bien que les recueils composés après eux
soient plus exhaustifs et mieux faits: Al-Wasâ'il d'Al-Hurr
al-'Amilî (m. 1104) et Jâmi'Ahâdîthish-Shi'ah
de Sayyid Hussayn b. 'Ali al-Brujardî (m. 1380 h.).
Les savants
d'Ahlul-Bayt (a. s.) n'imitent pas les Anciens ni dans le domaine de la
législation ni dans la science du hadîth.
Contrairement à
l'Ecole des califes, celle d'Ahlul-Bayt (a. s.) n'imite, à l'exception
du Livre d'Allah, aucun livre et ne considère pas qu'il y a un recueil de hadîths, cent pour cent authentique.
Les anciens Fuqahâ'
(As-Salaf açâlih) ne sont pas non plus imités ou
suivis automatiquement par les autres savants en leurs Fatwas contrairement aux
partisans de l'Ecole des califes qui imitent toujours les quatre Ecoles juridiques
(sunnites) et croient que la porte de l'Ijtihâd est fermée.
Ainsi par exemple
l'érudit Al-Hillî, Al-Hassan b. Yûssuf (m. 726 h.) composa
en dix tomes son recueil de hadîths choisis comme authentiques et
valables intitulé Ad-durr wal Marjân fil-Ahâdîth
As-Çihâh wal-Hissân et son autre livre: An-Nahj
al-Waddâh fil-Ahâdîth As-Çihâh.
Après lui, Sheikh Hassan, fils du deuxième martyr composa son
livre intitulé: Muntaqâ al-Jumân fil-Ahâdîth
As-Çihâh wal Hissân. Mais ces ouvrages ne furent pas
d'usage dans les universités islamiques (Al-Hawzah) et ne furent pas
considérés par les savants comme des références.
Leurs oeuvres sont appréciées à leur juste valeur en tant
que travail (Ijtihâd) personnel. Parfois un autre ouvrage du même
auteur (qui voulut distinguer les hadîths authentiques de ceux qui ne le
sont pas) comme celui de Sheikh Hassan Ma'âlim al-Uçul
fut plus célèbre et plus utilisé par les étudiants
depuis son apparition jusqu'à nos jours. Les autres ouvrages de Sheikh
Hassan ont été éclipsés par Al-Ma'âlim.
Pourtant ils concernaient la science du hadîth mais du point de vue de
l'auteur seulement.
Le puisement des jugements du Fiqh de la sunnah
prophétique
Comme nous l'avons dit, l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a.
s.) ne considère pas que tous les hadîths qui se trouvent dans ses
recueils composés sont authentiques (comme
prétendent les partisans de l'Ecole des califes pour
Al-Bukhârî et Muslim). Ainsi par exemple, pour Al-Kâfî
du Sheikh Al-Kulaynî, les traditionnistes ont relevé neuf mille
quatre cents-vingt hadîths faibles, l'ensemble des hadîths
étant seize mille cent quatre vingt dix-neuf.
De même Al-Majlissî, dans son Sharh
"Commentaire" d'al-Kâfî intitulé Mir'âtul-'uqûl,
recensa le double du nombre précédent en hadîths faibles de
telle manière que seuls quatre mille quatre cent vingt huit
hadîths seraient authentiques. Cela prouve que l'Ecole des califes ne
considère aucun livre comme étant authentique. Seul le Coran est
authentique de A jusqu'à Z.
L'auteur inconnu d'un propos
répété
Certains prétendent que l'Imam
Al-Mahdî (a. s.) a dit au sujet d'al-Kâfî: «Il
est Kâfin (suffisant) pour notre Shi'ah. Or le narrateur de ce
récit est inconnu. Aucun savant n'en a donné le nom. La
composition après Al-Kâfî des centaines de livres et de
recueils de hadîths dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt, prouve clairement la
nullité de ce propos.
Les
hadîths authentiques d'après les juristes de l'Ecole d'Ahlul-Bayt
(a. s.)
Comme les
partisans de l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s.) n'avaient pas fermé la porte
de l'Ijtihâd c'est à dire de l'extraction des lois du Coran et de
la sunnah comme l'avaient fait les partisans de l'autre Ecole, ils se trouvent
toujours obligés d'étudier les versets coraniques relatifs
à la législation et les hadîths du Messager d'Allah (SAW),
qui s'y rapportent. Pour ce faire, ils ont rassemblé les versets
"législatifs" dans des épîtres spécifiques
comme: Kanz al-'Irfân fi- Fiqh Al-Qur'ân
d'Assayûrî (m. 826 h.) et Masâlik al-Afhâm
Ilâ Ayât al-Ahkâm de Jawâd Al-Kâdzimî.
Ils ont aussi
réuni les hadîths rapportés par les Compagnons
fidèles à leur foi et les Imams d'Ahlul-Bayt, dans des
encyclopédies telles Al-Faqîh, Al- Istibçâr,
At-Tahdhib Al-Wasâ'il et Jâmi'u Ahâdith Ash-Shi'ah. Ces
hadîths furent étudiés du point de vue fond et forme,
contenu législatif et chaîne de transmission. Des livres
juridiques furent composés tels An-Nihâyah de Sheikh
At-Tûssî, al Mukhtaçar an-Nâfi' et Shara'i'il-Islam
d'Al-Hillî (m. 676 h.), Al-Lum'ah du premier martyr (m. 786 h.), le
commentaire d'Al-Lum'ah du deuxième martyr (m. 965 h.) et Jawâhir
al-Kalam fi Sharh sharâ'I'il-Islam de Sheikh Mohamed Hassan (m. 1266
h.) ... etc, etc.
Ainsi, seuls
les hadiths relatifs à la législation Shar'î étaient
soumis par les doctes de l'Ecole d'Ahlul-Bayt à l'examen minutieux et
à la critique. Les hadîths réunis dans des recueils comme Al-Wasâ'il
et Jami'Ahadîth shi'ah sont, si l'on peut dire, comme la
matière brute que le Faqîh (jurisconsulte) devrait examiner, trier
et apprécier avant d'en extraire les lois.
Les livres
relatifs à la Sîrah (celle du Prophète, des autres
messagers, des Imams et des Compagnons) à l'histoire, à
l'exégèse, à la morale, aux invocations et aux actes pieux
et recommandables n'avaient pas joui du même statut (que les hadiths
législatifs). Si, par exemple, tu demandes à l'auteur d'un livre
ayant traité d'autre chose que le Fiqh, s'il n'a incorporé
à son livre que des hadiths considérés par lui comme
authentiques, il te répondra: «Non, car ce n'est pas une recherche
législative, Shar'î». De là, l'existence dans les
livres Shi'ites non spécialisés de beaucoup de récits
empruntés à l'Ecole des califes. Les critiques parmi les doctes
ne manquèrent pas d'ailleurs de reprocher cet emprunt
"douteux" à ces auteurs. Mais en fait s'il y a critique, elle
doit concerner ces narrations douteuses et non spécifiquement l'emprunt
d'un auteur partisan de l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s).
La diffusion des récits de l'Ecole des
califes parmi les partisans de l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s)
Dans le septième tome de notre livre Naqsh
A'Immat Dar Ihya'Dîne, nous avons signalé les hadîths
cités par Sheikh Al-Mufîd (m. 413 h.) et qui étaient
rapportés par l'hérétique Sayf b. 'Umar, un narrateur des
récits relatifs à la sîrah et à l'histoire
dans l'Ecole des califes.
Nous avons signalé aussi ce que Sheikh
At-Tûsî avait rapporté de ces récits dans son oeuvre
exégétique: At-Tibyân qui inspirerait
l'exégèse d'Abûl Futûh Ar-Râzî (m. 554
h.). Ce dernier inspirerait l'exégèse Kazer (m. 722 h.) et de
celui-ci les récits incriminés arriveraient à l'exégèse
d'Al-Kâshânî (m. 988 h.).
Un faux hadîth du Messager d'Allah (SAW)
passa de l'ouvrage d'Al-Ghazâlî (m. 505 h.), Ihyâ' 'Ulum
Ad-Dîne, à l'ouvrage de Mahdi An-narâqî (m. 1209
h.) Jâmi'us-Sa'âdat et de lui à l'ouvrage de son
fils Ahmed An-Narâqî (m. 1245 h.) Mi'râj As-Sa'âdah.
A son tour Ibn Tâûs (m. 644 h.),
dans son livre Al- Mujtanâ (de l'invocation) emprunta à
l'Histoire d'Ibn Al-Athîr (m. 630 h.) un récit rapporté par
le dit Sayf l'hérétique cité avant lui par
At-Tabarî.
Al-Majlissî (le grand) (m. 1111 h.) dans
son livre Al-Bihâr, rapporta dans les chapitres relatifs
à la biographie (Sîrah) du Messager d'Allah (SAW), à la
mort de l'Imam 'Ali et de Fâtimah (a. s.), 264 pages empruntées
aux livres d'Abîl-Hassan al-Bakrî (mort au milieu du 3è
siècle h.).
Sheikh Al-Hurr al-'Amilî (m. 1104 h.) a
transcrit à son tour le livre d'Al-Bakrî et l'annexa au livre du
Sheikh Hussayn 'Abdil-Wahhâb 'Uyûn al-Mu'jizât.
Ainsi, en dehors des hadîths relatifs au
fiqh et à la législation, les savants de l'Ecole d'Ahlul-Bayt
rapportèrent beaucoup de récits faibles et s'exposèrent
ainsi à beaucoup de critiques. La question qui se pose est la suivante
«qu'est ce qui a justifié l'emprunt de ces récits faibles
dans les ouvrages non juridiques?»
La
probité scientifique des savants de l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s.)
Comme
les savants de l'Ecole d'Ahlul-Bayt ne s'étaient pas attelés
à la compilation des seuls hadiths authentiques - en dehors des ouvrages
juridiques, et comme ils traitaient de sujets différents, dans tous les
domaines possibles, la probité scientifique exigeait d'eux l'apport de
tout document en rapport avec le sujet traité - y compris les
récits rapportés dans l'autre Ecole indépendamment de la
valeur réelle du document, afin que l'étude entreprise et les
récits qui s'y rapportent arrivent (au grand complet) aux
générations à venir.
Il
semble donc qu'en ce domaine les reproches adressés à ces savants
ne sont pas fondés. Ils l'auraient été si les
hadîths faibles rapportés par ces savants avaient
été incorporés à leurs épîtres
juridiques ou des ouvrages traitant spécifiquement des hadîths
authentiques comme Muntaqâ al-Jumân ou Sahîh
al-Kâfî ...
Nous
avons consulté aussi Mu'jam Rijâl al-Hadîth du
professeur des juristes Assayyid Al-Khu'î qui affirma ceci sous le titre
de "l'authenticité des récits d'Al-Kâfî,
d'Al-Faqîh et des deux récits d'Al-Kâfî,
d'Al Faqîh et des deux Tahdhîb, ..."
Tant
Sheikh At-Tûssî que Sheikh As-Çadûq et son Sheikh ne
jugeaient pas authentiques tous les récits que comportait
Al-Kâfî. De même Sheikh At-Tûssî ne jugeait pas
authentiques tous les hadîths du Faqîh.
Plus
important encore est le fait qu'Al-Kulaynî lui-même ne jugeait pas
authentiques tous les hadiths rapportés dans son livre.
As-Çadûq et At-Tûsî non plus, ne jugeaient pas
authentiques tous les hadiths rapportés dans leurs ouvrages respectifs Al-Kâfî'
et At-Tahdhîb et Istibçâr.
Les
arguments que S. Al-Khû'î apporta à l'appui de cette
thèse sont forts. Parmi ces arguments il dit: «Comment Sheikh
Al-Kulaynî aurait-il jugé authentiques tous les hadîths
d'Al-Kafi (c'est à dire les imputer au Messager d'Allah (SAW) ou
à l'un des Imams (a. s.) ) alors
qu'il y avait rapporté des propos à partir d'un ensemble de
narrateurs (inacceptables) tels(575):
Hishâm b. al-Hakam.
Abî
Ayyub An-Nahwî
An-Nathîr
b. Suwayd
Usayd
b. Çafwân
Idriss
b. 'Abdillah Al Awdî
Al-Fudayl
Abû
Hamzah
Al-Yamân
b. 'Ubaydillah
Ishâq
b. 'Ammâr
Yunus
Ibrâhim
b. Abîl Bilâd
Abû Nu'aym At-Tahhân.
Ismâ'îl b. Ja'far.
L'auteur
donna, comme promis, les cinq copies des licences (ijâzât)
accordées par les Shuyûkh à leurs étudiants des
sciences islamiques.
1. (a. s.): 'Alayhis-salâm
= Paix sur lui; Pour le Prophète Muhammad, (SAW):
Sallâ llâhu 'Alayhi wa'âlihi wasallam = Paix et salutations
d'Allah sur lui et sur sa famille; (r. d.): radiyallahu
'anhû = Qu'il soit agréé par Allah.
2. Qur'ân = Coran
3. J'eus l'occasion d'expliquer la nécessité d'entreprendre
objectivement et scientifiquement des études comparatives de la
Tradition du Messager (SAW) "la sunnah", aux savants,
écrivains et penseurs musulmans d'Egypte, du Hijaz, de Syrie, de Liban,
de l'Inde, du Pakistan, de l'Iraq et d'autres contrées tant en groupe
dans les Universités et séminaires islamiques et scientifiques
qu'individuellement lors de mes rencontres avec les savants musulmans. En
implorant l'aide d'Allah, je me suis attelé, depuis plus de cinquante
ans, à ce genre d'études. Comme Aïsha, la mère des
Croyants fut, parmi les épouses du Prophète (SAW), celle qui
rapporta le plus de hadiths sur la Sirah du Messager d'Allah (SAW)
surpassant en cela les autres mères des Croyants, les membres de la
famille du Prophète et ses Compagnons, que les chercheurs, musulmans ou
non, des orientalistes et leurs disciples prennent connaissance de la dite Sirah
à travers les récits rapportés par elle (Aïsha) et
qu'une étude sérieuse de la biographie prophétique ne peut
se faire sans une étude scientifique préalable faite
objectivement de l'ensemble des hadiths rapportés par elle
(Aïsha), je me suis trouvé dans l'obligation d'entamer ce travail
sous forme d'étude comparative dont une partie seulement fut
publiée. A travers mes recherches, je pus constater les oppositions et
les dissonances dans les récits relatifs à la sirah et
aux événements du début de l'Islam, ce qui me porta
à publier certaines de mes études y afférentes, sous le
titre: «cent cinquante Compagnons inventés». Deux tomes en
sont publiés comportant l'étude de quarte vingt-treize Compagnons
inventés et celle de plus de soixante-dix narrateurs inventés, de
hadiths ayant trait aux conquêtes musulmanes, à l'apostasie et
à d'autres sujets tout autant inventés. J'introduisis cette
étude par trois volumes (dont deux furent édités) sur
Abdullah. B. Saba'. Reste à publier le dernier volume de cette
série ainsi que le troisième tome sur les 150 Compagnons
inventés. A Allah seul, je me plains des diffamations que j'ai
rencontrées dans ce chemin.
4. Je ne fais allusion à ces incidents de voyage que pour montrer
que j'étais fidèle à la devise et à la thèse
que je portais, alors même que la douleur me brisait le cur et les larmes
coulaient de mes yeux face au comportement rude de ce Sheikh.
5. Al-Bukhârî, Sahîh, "Livre de
l'autorisation (demandée à entrer)" chap.: Bad'us-Salam
(la salutation). Voir aussi Muslim (le Sahîh) livre: le
Paradis et ses délices (h/ 28; livre Al-Birr (le Bien)
chap.: l'interdiction de se frapper le visage (h/ 15); voir aussi Ahmed, Al-Musnad,
2/244, 251, 322, 365, 424, 462, 569.
6. Al-Bukhârî, Ibid, Tafsir Az-Zumar (2/112), "Le
livre d'At-Tawhîd", 4/192. Voir aussi Muslim: livre Description
de la Résurrection, du Paradis et de l'Enfer. Its: 19, 21, 22
7. Al-Bukhârî, Ibid, Tafsir Surate Nûn, verset
43 et "Livre d'At-Tawhîd, 4/189
8. Al-Bukhârî, Ibid, Tafsir Surate Q, "Livre d'At-Tawhîd",
4/191; voir aussi At-Tirmidhî: Description du Paradis
(et de ses délices) et de l'Enfer (ceux qui y entrent).
9. Abû Dâûd, Kitâbus-Sunnah, chap.: Al-Jahmiyyah,
h/ 4726. Voir aussi Ibn Mâjah, As-Sunan (Al-Jahmiyyah)
et Sunan Ad-Dârimî, (Ar-Raqâiq) (de l'heure de la
descente du Seigneur). Voir aussi, At-Tawhîd de Med b.
AbdelWahhab et Minhâjus, Sunnah d'Ibn Taymiyyah.
10. Al-Bukhârî, "Livre At-Tahajjud"
("L'invocation et la prière nocturne"), et Livre At-Tawhîd
d'Ad-Da'awât. Voir aussi Muslim, "Livre Ad-Du'â"
d'Abû Dâûd, op. cit.,
(Réplique à la Jahmiyyah), h/4733; At-Tirmidhî,
op. cit., "Livre de la prière",
2/233/235; Sunan d'Ibn Mâjah, h/ 1366; Ad-Dârimî,
"Livre de la prière", chap.: "La descente du Seigneur au
bas ciel"; Mâlik, Al-Muwatta', "Livre Al-Qur'ân",
chap. 30 et Ahmed, Al-Musnad, 2/264, 367, 282, 419, 433, 487, 504.
11. Al-Bukhârî, op. cit., (At-Tawhîd),
chap. "Des visages, ce jour là, seront brillants", 4/188
12. Ibn Mâjah, Sunan, Introduction. Critique d'Al-Jahmiyyah,
h/183.
13. M. b. Ishâq. B. khuzaymah: grand érudit et imam (mort en
311 h), maître de Bukhârî et de Muslim, en science du hadith.
Son livre fut imprimé en 1378 h, éd.
Maktabatul-Kulliyâtul-Azhariyyah (au Caire).
14. Shamsud-Dine M. Ad-Dhahabî (m. en 748h),
éd. Al- Maktabatus-Salafiyyah, Médine 2è édit. 1388 h.
15. Al-Kulaynî, Al-Kâfî,
"Livre At-Tawhîd", chap. "Le mouvement et
le déplacement". Voir aussi As-Sadûq, At-Tawhîd
et Al- Majlissî, Al-Bihâr, h.35/3/311
16. As-Sadûq, At-Tawhîd,
éd. Téhéran, 1387 h., ps. 111; Al-Bihâr,
4/31, h/ 14; Al-Kulaynî, Al Kâfî, At-Tawhîd
h/ 2.
17. Al-Bukhârî, "Livre Al-Maghâzî":
"La bataille de Khaybar", 3/25 et Livre Al-Jihâd was-Siyar,
2/201/108 et chap. sur "Le drapeau du Prophète", 2/111 et
chap."Le mérite de celui par qu'un homme embrasse l'Islam",
2/115; chap."Les mérites des Compagnons du Prophète
(qualités de 'Ali b. Abî Tâlib)", 2/199. Voir aussi
Muslim, "Livre des mérites des Compagnons du Prophète",
h/32, 34, 132. Voir aussi At-Tirmidhî, Sunan, "Livre des
mérites, les mérites de 'Ali b. Abî
Tâlib",13/172
18. Muslim, Sahîh, "Livre Al-Jihâd
Was-Siyar", h/ 132
19. Al-Bukhârî, op. cit., "Livre
des Ablutions", chap. "La recherche de l'eau pour faire l'ablution au
moment de la prière".
20. Al-Bukhârî, op. cit., Ash-Shurût,
2/83 et livre d'Al-Wudû' 10/38 et 10/33. Voir aussi, Ahmed, Al-Musnad,
4/329-330.
21. Muslim, op. cit., "Livre Al-Hadj"
(Le pèlerinage), h/ 323 et 326. Voir aussi Abû Dâûd, Sunan,
h/ 324, 325 et h/1981, in 2/203 et Ibn Sa'd, Tabaqât, 1/135;
Ahmed, 3/111, 133, 137, 146, 208, 214, 256, 287 et 4/42. Voir aussi
Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, p. 429
22. Ahmed, Al-Musnad, 5/68 et Ibn Hajar, Al-Içâbah
dans "Biographie de Handhalah b. Hudhaym At-Tamimî".
23. Extrait du verset, 37: L
24. Al-Hâkim, Al-Mustadrak, "Livre de l'histoire
à la fin du livre de la Résurrection", 2/615. Voir aussi
Al-Hythamî, Majma'uz-Zawâ'id, 8/253 et
Al-Marâghî (mort en 818 h.), Tahqîqun-Nusrah, pp.
113-114, référence d'At-Tabarânî.
25. Ahmad, Al-Musnad, 4/138. Voir aussi
At-Tirmidhî, op. cit., "Livre des
invocations", 13/80-81; Ibn Mâjha, op.cit., "Livre des
prières, celle de faire un vu", h/1385, p. 440. Voir aussi Ibn
Al-Athîr, Usudul-Ghâbah ("Biographie de 'Uthman b.
Hunay); Al-Bayhaqî, cité par Al-Marâghî, Tahqîqun-Nusrah,
p. 114, ici, nous avons cité la version de l'imam des hanbalites, d'Ibn
Taymiyyah, d'Ibn Abdelwahhâd et de leurs disciples qui nient
l'intercession ou la récusent.
26. Al-Bukhârî, op.cit., "Livre des bêtes
immolées", 3/207; Ahmed, op.cit., 2/69, 86.
N.B:
Zayd b. 'Amru b. Nufayl était le cousin du calife 'Umar et son
beau-père (le père de sa femme). Voir sa biographie dans Al-Içâbah,
2/4.
27. Al-Bukhârî, op. cit.,
chap. "Début de la Révélation et interprétation
de la sourate, Le caillot de sang". Voir aussi Muslim, op. cit., "Livre d'Al-'imân",
"Début de la Révélation", h/ 252 et Ahmed, op. cit., 6/223 et 233.
N.B.
Nous avons discuté les récits se rapportant à l'apostolat
du Prophète (SAW) comme tels, qu'ils se présentant dans les
livres de hadith, de l'exégèse ou de la biographie (Sîrah)
en y soulignant les tares et les lacunes dans le tome 4 de notre étude
sur "La besogne des Imams (d'Ahlul-Bayt a. s.) dans
la vivification de la sunnah''.
28. At-Tabarî, L'Histoire, éd. Europe, 1/1150.
29. Al-Bukhârî, op. cit., "Livre
des invocations". Voir aussi Muslim, Sahîh, "Livre le
bien et les bons rapports", chap. "Celui que le Prophète (SAW)
a maudit sans qu'il en soit digne".
30. Al-Bukhârî, op. cit., "Livre
du commencement de la création" et "Livre de la
médication", chap. "La sorcellerie". "Livre de
l'éducation" et "Livre des invocations". Voir aussi
Muslim, op. cit., chap. "La sorcellerie".
31. Muslim, Sahîh, "Livre des Vertus", chap.
"Obligation de suivre ce qu'il dit au sujet de la religion à
l'exclusion de ses opinions sur les moyens de vivre des gens". Voir aussi
Ibn Mâjahi, chap. "La fécondation des dattiers".
32. Al-Bukhârî, op. cit., "Livre
des Vertus des Compagnons", chap., "Le Prophète et Ses Compagnons
se rendent à Médine"; "Livre des deux
fêtes". Voire aussi Muslim, op. cit.,
"Livre de la prière des deux fêtes", du chap.
"L'autorisation de jouer le Jour de l'Aïd".
33. Muslim, op. cit., "Livre de la
prière des deux fêtes", l'autorisation de jouer le jour de
l'Aïd quand aucun péché n'y est commis, h/18, 19, 20, 21, 22
34. At-Tirmidhî, op. cit., "Les vertus (Al-Manâqib)",
"Celles de 'Umar".
35. At-Tirmidhî, op. cit., "Les vertus (Al-Manâqib)",
"Celles de 'Umar". Voir aussi Ahmed, Al-Musnad, 5/353. N.B:
Ces hadiths et les vices qui s'y trouvent furent discutés dans notre
livre: Qiyâmul-'A'immah bi'ihâ'is-sunnah, voir les parties
(2, 3, 4, 5). "L'oeuvre des Imams dans la vivification de la Sunnah".
36. Al-Bukhârî, op. cit., "Livre
des témoignages" (Témoignage de l'aveugle...). Voir aussi
Muslim, "Les vertus du Coran", h/224, et Abî Dâûd,
op. cit., h/1331
37. Comme les hadiths rapportés par l'Ecole des Califes forment une
vision particulière qui consiste à s'abaisser le niveau
suprême du Messager (SAW) en deçà de celui de l'homme
ordinaire (voir à ce propos le réait d'Al-Gharâniq qui nous
avons critiqué et démasqué dans le Tome 4 de notre livre, L'oeuvre
des Imams, op. cit.). Ce qui permet de semer la doute autour de la
Révélation et du Coran, les orientalistes et les missionnaires
chrétiens eurent recours dans leurs études consacrés
à l'Islam aux hadiths rapportés par l'Ecole des Califes et mirent
ceux d'Ahlul-Bayt à l'index.
38. Ibn Abîl-Hadîd, op. cit., 15/242;
et Al-Mubarrid, Al-Kâmil p. 222, éd: An-Nahdah (Egypte).
N.B: Al-Hajjâj voulait dire que le calife était le
représentant de Dieu sur terre tandis que le Prophète
n'était que Son envoyé.
39. Ash-Sharqul-Awsat, journal, N du 3/12/1984. Article intitulé:
"L'appréciation religieuse de la célébration de
l'anniversaire du Prophète et d'autrui".
40. Ahmed, op. cit., 1/306 et
At-Tayâlissî, Al-Musnad, h/ 2697. Voir aussi le terme
"Ka'bah" dans Mw'jamul-Buldân et histoire
d'Ibrâhîm et d'Ismâ'îl (a. s.) dans At-Tabarî et
Ibn Athîr.
41. Ahmed, Al-Musnad, 1/87, 89, 96, 110, 111,
128, 138, 139, 145, 150. At-Tayâlissî, Al-Musnad, h/ 96,
155
42. Ahmed, Al-Musnad, 1/89, 96
43. Ahmed, Al-Musnad, 2/246
44. Ahmed, idem, 2/285, note de 2
45. Sirah d'Ibn
Hichâm, éd. Egypte 1355 h., 1/6; Târîkhut
de Tabarî, 1/352; Ibn Al-Athîr, 1/89 et
Ibn Khatir, 1/193. Voir aussi le mot "Hijr" dans Mu'kamul-Budân.
46. Al-Kulaynî, Furû'ul-Kâfî, éd.:
Dârul-Kutubil-Islamiyyah, Téhéran, "Livre du
Pèlerinage", chap. "Le pèlerinage d'Ibrâhîm
et d'Ismâ'îl (a. s.) et leur construction
de la Maison", h/ 14. As-çadûq, Man Lâ
Yahdurul-Faqîh, éd. Dar al-Kutubil-Islâmiyyah,
Téhéran, en 1390 h., 2/ 125 et 126,
"Livre du Pèlerinage", chap. "'Ilalul-Haj", h/ 3, et
chap. des "Précisions sur le pèlerinage des prophètes
et des Messagers", h/ 208, 149. Al-Wâfî, "Livre
du Pèlerinage", 8/28. Al-Bihâr, Livre de "La
prophétie: fils d'Ibrâhîm (a. s.) ses
épouses et la construction de la Maison", 143/5041 et 144/5054
47. Al-Bukhârî, op. cit., "Livre
des Mérites des Compagnons dont Khâlid b. Al-Walîd",
2/204
48. Al-Bukhârî, "Livre des Funèrailles", 1/158;
Mslim, "Livre des Mérites", h/ 62; Ibn Mâjah,
"Funérailles", 1/475 et 1/473, Ahmed, Al-Musnad,
3/194
49. An-Nasâ'î, Sunan, "Livre des
Funérailles", 1/267; Abû Dâûd, Sunan,
"Funérailles", 3/234 et 3/218; Ibn Mâjah, 1/572, 1/501
50. Al-Bukhârî, "Livre des Funérailles", chap.
"Le deuil de la femme après la mort...", 1/154 et "Livre
de la Répudiation", 3/189 et 3/189, 190; Muslim, "Livre de la
répudiation", h/1486, 1487, 1490; Abû Dâûd Sunan,
"Livre de la répudiation", 2/290, 2/299;
An-Nasâ'î, "Livre de la répudiation"; Ibn
Mâjah, op. cit., pp. 2085-2087;
Ad-Dârimî, Sunan, "Livre du divorce", 2/167;
Mâlik, Al-Muwatta', "Livre de la répudiation",
h/101, 105: Ibn Sa'd, At-Tabaqât, 1/27, 28, 8/70; Ahmed, op. cit., 5/8, 6/37, 184, 408, 426; At-Talâlissî, Al-Musnad,
1587, 1589, 1591
51. Al-Bukhârî, op. cit., "Livre
des Funérailles", 1/155, 156; Muslim, op. cit.,
"Livre des Funérailles", h/22, p. 641.
52. An-Nasâ'î, "Livre des Funérailles": pleurer
un mort; Ibn Mâjah, "Livre des Funérailles", h/1587 p.
505; Ahmed, Al-Musnad, 2/110, 273, 333, 408, 444
53. Al-Bukhârî, Sahîh, op. cit.,
"Livre des Funérailles", chap., "Pleurer chez le
malade", 1/158
54. M. b. Abdel-Wahhab, Rissâlatul-'uçulith-Thalâthah,
éd.: Al-Madanî, le Caire, 1380 h., avec Rissâlatul-Dine
wa shurûtuhâ. A l'appui de cette thèse, il avance entre
autres, le verset 56/XVII: «Dis: invoquez ceux que vous prenez
pour des divinités en dehors de Lui, ils ne peuvent ni écarter le
mal de vous, ni le modifier».
55. Ibn Hajar, Al-'Içâbah, "Biographie"
Dhul-Khuwayçirah. Il s'agit de Hurqûs b. Zuhayr
At-Tamîmî le pivot des Kharijites. Quand le Prophète
était un jour en train de partager des biens cet homme lui dit:
«Sois équitable, Messager d'Allah!» Le Prophète
répondit: «Malheur à toi! Qui serait équitable si je
ne l'étais pas?» Après, le Prophète dit à son
sujet: «Il a des compagnons qui transpercent la religion à la manière
d'une flèche qui transperce le gibier alors que vous mépriserez
votre prière avec la leur et votre jeûne avec le leur ...».
Voir aussi, 'Ussudul-Ghâbah et Muslim, Sahîh, chap.
"Les Kharijites".
56. Voir la biographie du prophète Dâûd (a. s.) (David)
dans L'Histoire d'At-Tabarî.
57. La raison de ces appellations et délimitation réside dans
le fait que l'Ecole des califes reconnaît la légitimité du
gouvernement califal instauré après le Prophète par ses
Compagnons alors qu'en matière de pouvoir (politique et religieux) l'Ecole
d'Ahlul-Bayt voit la primauté des douze Imams qu'elle appelle les
dépositaires du Prophète. D'où le titre de ce livre.
58. Al-Azharî, Tahdhîbul-Lughah, éd. le Caire,
1384 h., 15/91
59. Ad-Dârimî, Sunan, introd.: "Les mérites
du savoir et du savant".
60. Muslim, Sahîh, "Al-i'tikâf (La retraite
spirituelle)", chap. "Les efforts déployés pendant les
dix derniers jours du Ramadan", h/ n 1175.
61. Cette expression signifie chez certains musulmans d'action de
jeûner tout en s'engageant à ne pas parler durant ...
62. Ibn Hajar, Al-Içâbah, 1/10
63. idem, pp. 13 et 16
64. Ibn Mandhûr, Lissânul-'Arab (le terme çâhib)
et Ar-Râghib, Mufiadât (le terme çahiba)
65. Ibn Hajar. Al-Içâbah, 1/13
66. At-Tabarî, op. cit.,1/2151
67. At-Tabarî, op. cit., 1/2457, 2458
68. S. Murtadâl-'Abdullah. b. Saba', T1 (biog : Sayf)
69. Voir le manuscrit: Rapporteurs inventés de S.
Murtcidal-'Askarî et son Livre susmentionné 1/117
70. Al-Asbahânî, Al-Aghânî, 14/157 et Ibn
Hazm ...
71. Abû Muhammed Abdur-Rahmân ibnu Abî Hâtim
Ar-Râzî (mort en 327 h), Al-Jarhu wat-Ta'dîl,
"Introduction", éd.: Haydar Abâd, 1371 h., pp. 7-9
72. L'Ecole d'Ahlul-Bayt estime que seuls les croyants parmi eux sont
visés par ce verset.
73. Ibn Hajar, Al-Içâbah, op.
cit., 1/18. Mais alors que peut dire l'imam Abû Zar'ah à propos des
hypocrites parmi les Compagnons du Prophète (SAW)?!
74. Voir le récit du serment sous l'Arbre dans Maghâzî
Al-Wâqidî, p. 588 et dans Imtâ'ul-Asmâ'
d'al-Maqrîzî, p.284
75. Référence à l'histoire de la calomnie à
propos de laquelle les versets 11-17 de la sourate An-Nûr furent
révélés, concernant l'innocence de 'Aïsha face aux
accusations portées contre elle, comme elle l'a rapporté ou
l'innocence de Mârya, face aux accusations portées contre elle
d'après les paroles d'autrui. Voir T: 2 des ''récits de la
mère des croyants' Aïsha''
76. Ahmed b. Hanbal, Al-Musnad, 5/390 et 453. Voir aussi
Muslim, 8/122-123, chap., "Qualificatifs des hypocrites". Voir aussi:
Al-Haythamî, Majma'uz-Zawâ'id, 1/110 et 6/195. Al-
Wâqidî, Al-Maghâzî, 3/1042; Imtâ'ul...,
p. 477 et As-Suyûtî, Ad-Durrul manthûr, à
propos du verset 74 de la sourate At-Tawbah «ils ont
projeté ce qu'ils n'ont pu accomplir». 3/258-9
77. Les récits Shi'ites rapportent que cela se déroula
à son retour du pèlerinage d'adieu à l'occasion de
l'événement de Ghadîr Khum à Al-Johfah. Voir:
Al-Majlissî dans Al-Bihâr, 25/97, éd., Al-Maktabah
al-Islâmiyyah, Téhéran 1392 h.
78. Al-Bukhârî, op. cit., "Livre
de l'explication": sourate Al- Mâ'idah (V), à propos
cité ci-dessus. Voir aussi, "Livre des prophètes", idem
et At-Tirmidhî, Çifâtul-Qiyâmah et à
propos de la sourate Tâhâ.
79. Al-Bukhârî, op. cit., "Livre
d'Ar-riqâq", Al-Hawd, 4/95; "Livre d'al-fitan",
V. 25/VIII; Ibn Mâjah, Al-Manâsik, h/5830 et Ahmed, Al-Musnad,
1/453, 3/28 et 5/48
80. Al-Hâkim, Al-Mustadrak, 3/129
et Al-Muttaqî Al-Hindî, Kenzul-'Ummâl, 15/91
81. At-Tirmidhî, op. cit., 13/167 et Abû Nu'aymi, Al-Hilayl, 6/284
82. Al-Khatîbul-Bagdâdî, Târîkh Bagdad,
3/153 à propos du Verset 29/XLVIII, le récit d'Ibn 'Abbâs.
83. Ibn 'Abdil-Barr, Alistî'âb, 2/464; 2/284 d'Ar-Riyâdun-Nadirah;
2/198 de Târikh Adh-Dhahabî, 9/133 de Majma'uz-Zawa'id,
citant le récit concernant la reconnaissance des hypocrites à
l'époque du Prophète (SAW); At-Tirmidhî, Sunan,
13/165, chap. , Manâqib 'Ali; Ibn Mâjah, Sunan, chap.,
fadu 'Ali, h/ 116; An-Nassa'î, Khaça'içu ..., pp.
4-30; Ahmed, Al- Musnad, 1/84, 88, 118, 119, 152, 330, 4/281, 368,
370, 372, 5/307, 347, 350, 358, 361, 366, 419, 568; Al- Hâkim, Al-Mustadrak,
2/129, 3/9 et dans d'autres références
84. Résumé de ce que rapporta Ibn Sa'd dans At-Tabaqât,
éd. Beyrouth, 2/190-192. Voir aussi le même chapitre dans
"Abdullah b. Saba'".
85. Al-Bukhârî, op. cit., "Livre
de la science", 1/22, 23
86. Al-Bukhârî, op. cit., "Livre
d'al-I'tiçâm", des malades Muslim, (op.cit) "Livre de
Testament". Voir aussi notre Livre, Abdullah b. Saba', 1/101
87. Ahmed (Musnad), op.cit, ainsi que toutes ses sources dans 'Abdullâh
Ibn Saba', 1/102-103.
88. At-Tabarî, op. cit., Histoire ...,
1/1818
89. Abî-l-Fidâ', Târîkh, éd.
d'Europe, 1/164
90. Ibn Sa'd, Tabaqât, 2/57; Ibn Kathîr, Histoire,
5/243; Kanzul, 'Ummal, 4/53, h/1092; Al- Bâqilânî, At-Tawhîd,
pp. 192-193
91. Ibn Sa'd, Tabaqât, 2/57; Ibn Kathîr, Histoire,
5/243; As-Sirah Al-Halabiyyah, 3/390; Kanzul, 'Ummal, 4/53,
h/1092; Al- Bâqilânî, At-Tawhîd, pp. 192-193
92. Ibn Sa'd, op. cit., 2/54; At-Tabarî, op.
cit., 1/1817,1818; Ibn Kathîr, op. cit., 5/343; Ibn Mâjah op. cit.,
h/1627.
N.B:
le verset cité par Abû Bakr devant 'Umar était le
même qu'Ibn Ummi Maktûm avait récité avant lui. Selon
les historiens, seul 'Umar avait semé le doute sur la mort du
Prophète (SAW)
Ce
récit est extrait de l'histoire d'At-Tabarî, "Les
événements d'après la mort du prophète". Les
détails de ce récits figurent aussi dans
notre livre, 'Abdullah b. Saba', tom. 1.
93. At-Tabarî, Histoire, "Les événement de
l'an 11 h.", 2/456, récit à partir de 'Abdullah b.
Abder-Rahmân b. Abî 'Amrah al-Ançârî; Ibn
al-Athîr, Al Kâmil, 2/125; Ibn Qutaybah, Târikhul-Khulafâ',
1/5; Al-Jawharî, Abû Bakr, "As-Saqîfah",
T: 2.
94. Al-Tabarî dans sa mention des événements de l'an 11 h., 2/456, et édition d'Europe 1/1838, citant
Abdullah Ibn 'Andul-Rahmân Ibn 'Amrah al-Ançârî; Ibn
al-Athîr 2/125; Tarîkh al-Khulafâ' d'Ibn Qutaybah,
1/5.
95. Ibn Hichâm, Sîrah, 4/339
96. Quand l'Imam 'Ali (a. s.) apprit l'argumentation des
Muhâjirînes, il dit: «ils ont fait valoir l'arbre mais ils
ont perdu le fruit» (l'arbre était Quraych, le clan du
Prophète (SAW) et le fruit sa propre famille, plus proche que le clan du
Messager (SAW), (le traducteur). Voir aussi Ibn Abîl-Hadîd, An-Nahj,
1ère éd., 2/ 2
97. Al-Ya'qûbî, Târikh (Histoire), 2/103;
Az-Zubayr b. Bakkâr, Al- Muwaffaqiyât
98. Cette attitude montre clairement en quoi consistait la politique suivie
par les deux califes: une fermeté de l'un et une douceur de l'autre
complémentaires.
99. At-Tabarî, op. cit., 3/455, 459
100. Al-Jawharî, Al-Saqîfah. Voir Ibn
Abî-l-Hadîd 1/133.
101. Ibn 'Abd Rabbih, Al-'Aqd al-Farîd,
4/258.
102. Voir p.578 d'Al-Muwaffaqiyât et 1/164 d'Ar-Riyad
An-Nadirah et 1/188 de Târikhul de Khamîs.
103. At-Tabarî, op. cit., 2/458. Voir aussi Ibn
al-Athîr, 2/224 et An- Nahj, 6/287. N. B.: ces auteurs n'ont pas
précisé quand la tribu d' "Aslam" fut venue à
Médine. Il est probable que ce fut le mardi. Al-Mufîd (dans son
livre Al-Jamal, p.43) précise que cette tribu était venue
à Médine pour s'approvisionner.
104. Al-Muwaffaqiyyât, p. 578; Al-Riyâdh
al-Nadhirah, 1/164; Târîkh al-Khamîs, 1/188.
105. Ibn Hishâm 4/340; Al-Tabarî 3/204 (et édition
d'Europe 1/1829); 'Uyûn al-Akhbâr d'Ibn Qutaybah 2/234; Al-Riyâdh
al-Nadhirah, 1/167; Ibn Kathîr 5/248; Târîkh
al-Khulafâ' d'Al-Suyûtî, p. 47, etc.
106. Ibn Sa'd, op.
cit., At-Tabaqât, 2/78; Al-Muttaqî al-Hindî, Kanzul-'Ummâl,
4/54-60
107. Al-Muttaqî, op. cit., 3/140
108. Ibn Hichâm, 4/344; At-Tabarî, 2/452,
455; Ibn Kathîr, 5/270; Ahmed, Al-Musnad, 6/62, pp. 242-274
109. Kanz al-'Ummâl, 3/140.
110. Ibn Hichâm, 4/344; At-Tabarî, 2/452 et 455 (et
édition d'Europe 1/1833 et 1837), Ibn Kathir 5/270; Ibn al-Athir dans Usud
al-Ghâbah, 1/34.
3/30;
Ibn Qutaybah, 'Uyûnul- Akhbâr, 2/243; Ibn Kathîr, 5/248;
As-Suyûtî, Târîkhul-Khulafâ', p. 47;
At-Muttaqî, Kanzul-'Ummâl, 3/129, h/2253.
Az-Zubayr
b. Bakkâr, op. cit., p. 583
111. Al-Ya'qûbî, Târikhul ...,
2/124, 125; Al-Jawharî, As-Saqîfah selon Ibn
Abîl-Hadîd, 2/13 et 1/74
112. Al-Muwaffaqiyyât, p. 583.
113. Ahmed, Al-Musnad, 1/55; At-Tabarî,
op. cit., 2/466; Ibn al- Athîr, 2/124; Ibn Kathîr, 5/246; Ibn
Hichâm, 4/338 ... etc.
114. En plus des références précédentes d'autres
livres parlant du retranchement dans la maison de Fatima (a. s), dont: Ar-Riyâdun-Nadirah,
1/167; Târikhul, Khamîs, 1/188; Al-'Iqdul-Farîd,
3/64; Târikhu Abî-Fidâ', 1/156; Al-Jawharî
dans An-Nahj 1/130 et Al-Halabiyyah, pp. 394-397
115. Ansâb al-Achrâf, 1/587.
116. At-Tabarî, op. cit., 2/619; Al-Mas'ûdî, Murûjudh-Dhahab,
1/414; Ibn 'Abdi-Rabbîh, Al-'Iqdul-Farîd, 3/69;
Al-Muttaqîl al-Hindî, Al-Kanz, 3/135; Ibn Qutaybah, Al-'Imamah
Was-Siyâsah, 1/18; Ibnul-Mubarrid, Al-Kâmil
(d'après Ibn Abîl Hadîd), 1/130-131; Abû 'Ubayd, Al-Amwâl,
p. 131; Adh-Dhahab, Lissânul-Mizân, 4/ 189, Târikh,
1/388 ... etc.
117. Voir Ar-Riyadun-Nadirah, 1/218; Al-Jawharî selon
Ibn Abîl-Hadîd, 1/132, 6/293
118. Ibn Abî-l-Hadid, 1/134.
119. Ibnu 'Abdi Rabbih, op. cit., 3/64; Abûl-Fidâ', op. cit.,
1/156;
Al-Balâdhurî,
op. cit., 1/586; Al-Muttaqî, 3/140; Al-Khamîs 1/178, ... etc.
120. At-Tabarî, op. cit., 2/443, 444, 446; Al-'aqqâd i'Ab
qariyyatu 'Umar, p. 173; Al-Muhib Tabarî, Arriyadun-Nadirah,
1/167; Al- Muttaqî Hindî, 2/128; Ibn Abîl-Hadîd, 1/122,
132, 134, 158 et 2/2
121. Ibn Abîl-Hadîd, op. cit., 1/134 et
2/2-5
122. Al-Saqîfah, d'Abî Bakr
al-Jawharî, par le récit d'Ibn Abî-l-Hadîd 1/134.
123. Al-Ya'qûbî, Histoire, op. cit.,
2/126
124. Al-Mas'ûdî, Murûjudh, "Dhahab", op.
cit., 1/414; Ibn Qutaybah, Al-Imamah was-Siyâssah,
1/12-14
125. Al-Ya'qûbî, Târikh, op. cit.,
2/12; Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj, 2/4
126. Abû Bakr al-Jawharî, Al-Saqîfah par le
récit d'Ibn Abî-l-Hadîd 6/5-28, édition d'Egypte, et
Ibn Qutaybah 1/12.
127. At-Tabarî, Târikh, op. cit.,
2/448; Al-Bukhârî, Al-Maghâzî, 3/38; Muslim,
1/72, 5/153; Ibn-Kathî, op. cit., 5/285, 286;
Ibn 'Abdi Rabbih, 3/64; Ibn Abîl-Hadîd, 1/122; Al-
Mas'ûdî, 2/414; Târikhul de Khamîs, 1/193.
Dans Al-Imâmah was-Siyâssah, Fatima est resté 75
jours après la mort de son père (SAW), 1/14;
Al-Balâdhurî, 1/586; Al-Ya'qûbî, 2/126
128. Ansâb al-Ashrâf, op.
cit., 1/587.
129. "Târîkh al-Tabarî", édition d'Europe,
1/2138
130. Ibnu 'Abdi Rabbih, Al-'iqd..., op. cit., 4/274.
131. Ibn Mâjah, Sunan, 2/956
132. Ahmed, Al-Musnad, 2/127-142
133. Al-Bukhârî, Sahîh, "Livre des
Sanctions".
134. Al-Wâqidî, Al-maghâzî, 2/580
135. Abûl-Fidâ, Târîkh, p.158. Voir aussi
notre livre 'Abdullah b. Saba', 1/185-191
136. C'est le résumé du récit rapporté par
Al-Balâdhurî dans Futûhul-Buldân, chap.
"L'apostasie de Banî Walya'ah" (et Al- Ash'ath b. Qays
al-Kindî, pp. 122-123 du 1er tome de notre livre Ma'âlimul-Madrassatayn);
Al-Hamawî, Mu'jamul-Buldân; terme: Hadramawt. Ibn A'tham,
Futûn, 1/57, 85
137. Ibn Abî-l-Hadid, "Nahj al-Balâghah wa Charhih",
al-Kitâb al-Sâdis min bâb al-Mukh-târ min Kutubi
Mawlânâ Amîr al-Mu'minîn.
138. L'Imam 'Ali, Nahjul-Balâghah, "Lettres
choisies".
139. Abû Ya'lâ al-Farrâ 'Al-Hanbalî, Al-Ahkâmus
- Sultâniyyah
140. Revue d'Al-Azhar, tom. 32, l'an 1380 h., pp.150151,
(critique de notre livre 'Abdullah b. Saba')
141. Muslim, Sahîh, 6/20-22, "L'ordre de rester dans la
Communauté".
142. An-Nawawî, Commentaire de Muslim, 12/229;
Al-Bayhaqî, Sunan, 8/158-159
143. Extrait du sermon de l'Imam Al-Hussayn (a. s.) devant l'armée
d'Al-Hurr b. yazîd Arrihâhî. Voir: At-Tabarî, Târikh;
Ibn Al-Athîr, Al-Kâmil; Al-Khawârizmî, Maqtal,
... etc.
144. Al-Hâkim, Al-Mustadrak, 3/147
145. Muslim, Sahîh, 7/130, chap. "Les
mérites d'Ahlul-Bayt". Voir aussi Al-Hâkim, Al-Mustadrak,
3/147
146. Al-Bayhaqî, 2/152; Ahmed, 4/107;
Al-Hâkim, 2/416 et 3/147
147. As-Suyûtî, Tafsîr ...,
op. cit., 5/198-199; At-Tirmidhî, 13/248; Ahmed, Al-Musnad,
6/306; Ibn al-Athîr, Usudul-Ghâbah, 4/29 et 2/297; Ibn
Hajar, Tahdhîbut-Tahdhîb
148. Al-Bukhârî, Sahîh,
"Livre des arguments Comment prêter serment
d'allégeance", 4/163, h/1; Muslim, op. cit., chap.,
"L'obligation d'obéir aux princes ...",
h/ 41-42; An-Nassâ'î, Sunan, ."Livre de
l'allégeance"; Ibn Mâjah, Sunan, "Livre
d'al-Jihâd l'allégeance", h/ 2866; Mâlik, Al-Muwatta',
"Livre d'al- Jihâd", h/ 5; Ahmed, Al-Musnad,
5/314, 316, 319, 321
149. At-Tabarî, Târîkh...,
3/1171, 1172; Ibn 'Assâkir, Târîkh Dimashq, Tom. 1
(Biog. de l'Imam); Ibn al-Athîr, Al-Kâmil, 2/222; Ibn
Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj, 3/263; Ibn Kathîr, Al-
Bidâyad ..., 3/39, mais cet historien supprima les termes de la
désignation et les remplaça par ceci et cela; Al-Muttaqî, Kanz,
15/100, 115, 116 et p. 130; Et Assirah al-Halabiyyah, 1/285
150. Al-Mas'ûdî, Ithbâtul-Waçiyyah,
éd. An-Najaf, pp. 5-7
151. Al-Haythamî (d'après
At-Tabarânî, Al-Mu'jamul-Kabîr, 6/221);
Majma'uz-Zawâ'id, 9/113; Sibt b. al- Jawzî, Tadhkiratu
Khawâçil-'Umma, p. 43, "La tradition de la confidence du
livre : les mérites d'Ahmed b.
Hanbal"; Al-Muhib Tabarî, Ar-Riyadun-Nadirah, 2/234
152. Al-Haythamî, Majma' ..., 8/253 et 9/156; Al-Muttaqî
..., Kanzul-'Ummal, "Livre des mérites";
As-Suyûtî, Jam'ul-Jawâmi', h/ 4261
153. Al-Muttaqî, Kanzul-'Ummal, idem, h/
1192, 2/209; At-Tabarânî, 6/271
154. Abu-Nu'aym, Hilyatul-'Awliyâ', 1/63;
Ibn 'Assâkir, Târikh, Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj,
1/450; Az-Zubayda, Ithâfus-Sâdatil-Muttaqîne, 2/486
dans Mawsû'atu Atrâfil, hadîth, 7/461
155. Nasr b. Muzâhim, Saffîne, p.
145 et Al-Khatîb, Târîkh, 12/305
156. Al-Ya'qûbî, Târîkh,
2/178
157. Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj,
op. cit., 1/281
158. Nasr b. Muzâhim, Saffîne, édition du Caire
1382 h. pp. 118-119; Târîkh al-Tabarî, éd. d'Europe
1/3248etc
159. Al-Khawârizmî, Al-Manâqib,
p. 125
160. Al-Khawârizmî, Al-Manâqib,
p. 143
161. Al-Ya'qûbî, Târîkh,
2/192-193.
162. Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj,
op. cit., 1/208.
163. Al-Mas'ûdî, Muruj ..., 2/430
164. At-Tabarî, Târîkh, 2/329; Ibn al-Athîr,
Al- Kâmil, 4/52; Ibn Kathîr, Al-Bidâyah ...,
8/179, mais il a supprimé ce que l'Imam Al-Hussayn avait dit de son
père, en le remplaçant par (et 'Ali mon père).
165. At-Tabarî, Târikh, 3/209; Ibn al-Athîr, Al-Kâmil,
5/199; Ibn Kathîr, Al-Bidâyah ..., 10/85
166. Az-Zubayr b. Bakkar, Al-Muwaffaqiyayât, pp. 574-575;
Al-Ya'qûbî, Târikh, 2/128 avec des variations.
167. Idem; et Ibn Abîl Hadîd, op. cit.,
1/201
168. Az-Zubayr b. Bakkar, Al-Muwaffaqiyayât, pp. 592-594; Ibn
Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj, 6/31
169. Ibn Abîl-Hadîd, idem 1/47; Ibn A'tham, Futûh,
2/277.
170. Az-Zubayr b. Bakkar, Al-Muwaffaqiyayât, pp. 592-594; Ibn
Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj, 6/31, vérification
(édition critique) de Muhammad Abu-l-Fadhl Ibrâhîm.
171. Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj,
1/47
172. Al-Asfahânî, Al-Asghânî,
9/6 (biographie d'Al-Himayrîy)
173. Ash-Shâfi'î, Dîwân,
éd. Bayrut, 1403 h., p. 35
174. Al-Mutanabbîy, Recueil de poésie, p. 856
175. Al-Hamwînî al-Jawaynî, Farâ'idus - Simtayn:
l'introduction, Feuillet 2-B, (manuscrit à l'Université de
Téhéran sous le n 1690/1164)
176. M. 'Ali Kamâlud-Dine, Thawratul-'ishrîne (la
révolution des années 20 dans sa 50e commémoration
donnée et témoignages), imprimerie At-Tadâmun 1391 h.
(1971), pp. 319-320
177. Muslim, Sahîh (commentaire d'An-Nawawî) "Livre
du testament", 11/89; Al-Bukhârî, "Livre des
expéditions militaires", chap. "La maladie du
Prophète", 3/65; Ahmed, Al- Musnad, 6/32
178. Ibn Sa'd, At-Tabaqât, 2/232; le même récit se trouve
dans Al- Bukhârî, chap. "La maladie du Prophète et sa
mort", 3/63. Mais Al-Bukhârî supprime le commentaire d'Ibn
Abbâs: «Aïsha ne supporte pas qu'on dise bu bien de
lui».
179. Al-Bukhârî, "Livre des testaments", 2/84 (1er
chap. "Livre des expéditions militaires" (chap., "La
maladie du Prophète", 3/63); Muslim, Sahîh, "Livre du
testament", chap. 19; Ibn Mâjah, "Livre des
funérailles", chap. 64; Ahmed, op. cit.,
6/32, 64, 77; At-Tabarî, op. cit., 1/1814
180. Ces cinq hadîths se trouvent dans At-Tabaqât d'Ibn
Sa'd sous le titre de: "Ceux qui disent que le Messager d'Allah (SAW) est
mort dans le giron de 'Ali b. Abî Tâlib".
181. Al-Hâkim, Al-Mustadrak, 3/138. L'auteur en
dit: c'est un hadîth authentique mais Al-Bukhârî et Muslim ne
l'ont pas rapporté dans leurs recueils respectifs. Adh-Dhahabî
reconnaît l'authenticité du hadîth dans son
résumé d'Al-Mustadrak; Ibn 'Asâkir, op. cit., 3/14, 17; Ibn Abî Shaybah, Al-Muçannaf,
6/348; Al-Haythamî, Majma'..., 9/112; Al-Muttaqî, Kanz
..., 15/128, h/ 374 etc.
182. Al-Muttaqî, Kanz..., 6/392; Ibn Kathîr, Al-Bidâyah,
7/359; Ibn 'Asâkir, Târikh..., ("Biographie de l'Imam
'Ali", 2/484
183. Nahjul-Balâghah, sermon no. 197
184. Ibn Mâjah, Sunan, "Livre d'Al-Adab", chap.
"La demande de l'autorisation d'entrer", h/ 3708; Ahmed, Al-Musnad,
1/80
185. Ahmed, Al-Musnad, 1/85, 107
186. Ibn 'Asâkir, Târikh, op. cit.,
"Biographie de l'Imam 'Ali", 2/310-311; Ibn Kathîr, Târikh,
7/356; Ibn Abîl-Hadîd, 2/78, rapporte aussi: «Qu'une fois
'Aïsha entra alors que le Prophète et 'Ali tenaient un conciliabule
et dit à 'Ali: «Je n'ai qu'un jour sur neuf ne me laisseras-tu pas
ô 'Ali!».
187. At-Tabarî, Târikh, "Biographie de 'Umar -
Evénements de l'an 23 h.", 1/30, 32; Ibn Athîr, Al-Kâmil,
3/24-25
188. Al-Mas'ûdî, Murujudh-Dhahab, 2/321-322
189. Al-Bukhârî, Sahîh, 4/119-120, "Livre des
sanctions légales".
190. Ibn
Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj, sermon 26.
191. Al-Ya'qûbî, Târikh,
2/169
192. Abû
Hilal al-'Askarî, Al-Awâ'il, éd. Beyrut, 1407 h.; Ibn Abîl Hadîd, op. cit., 1/169.
193. Voir notre livre, Hadiths de la mère des Croyants 'Aïsha,
pp. 87-162 (à l'époque des deux beaux-frères).
194. Nahjul-Balâghah, sermon n 36 (Sharh
Mohamed 'Abduh) et "Al-Aghânî", édition de
Sâsî 15/44.
195. Nahjul-Balâghah, "Sermon de 'Ali
(a. s.)", sermon n 167 (Sharh Mohamed 'Abduh) et n 172 (com. de
Subhis-Sâlih)
196. L'Imam 'Ali, Nahjul-Balâghah, sermon n 212
197. Murtadâl-'Askarîy, Ma'âlimul-Madrasatayn,
2/44-46
198. Ibn Abîl-Hadîd, op. cit., com. du
sermon 57, 1/356.
199. Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj,
sermon n 208, 3/15-16
200. Ath-Thaqafî, Al-Ghârât,
p. 397.
201. Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj,
1/358
202. Ibn Abîl-Hadîd, op. cit., 1/356
203. Ibn Abîl-Hadîd, op. cit., 1/356
204. Ibn Sa'd, At-Tabaqât...,
6/212-213; At-Tabarî, Târikh, 2/2494; Ibn Hajar, Tahdhîb...,
7/224-226
205. Al-Mas'ûdî, Murûj...,
3/245; Al Hamawî, Mu'jam .... (le terme Harrân (ville entre Muçul, la Syrie et
la Turque; d'où apparut Ibn Taymiyyah (mort en fondateur de l'Ecole
Salafite)
206. Ibn Hajar, Tahdhîb At-Tahdhîb, "Biographie de
'Ali b. Rabâh al-Lakhmî".
207. Ibn Hajar, idem., 2/237 (Hurayz entra à
Bagdad à l'époque du Mahdî 'Abbasside. Ibn Hajar dit:
«Tradition de confiance, pondère, taxé de
pro-Umayyade», ses Hadiths sont rapportés par
Al-Bukhârî et d'autres.
208. Ibn Hajar, idem., 10/430
209. Adh-Dhahabî, Tadhkiratul-Huffâdz, pp. 965-966
210. Selon ce récit un oiseau rôti ou grillé fut
envoyé en cadeau au Messager (SAW) qui dit: «Ô Allah! Envoie
pour qu'il mange avec moi le plus aimé de tes créatures par
toi?». Ce fut 'Ali b. Abî Tâlib qui vint et mangea avec le
Prophète. (Voir Al-Mustadrak et Ibn 'Asâkir, Târikh
Dimashq, 2/105-155)
211. Muslim, Sahîh, 3/1403
212. Al-Bidâyah wa-l-Nihâyah, 7/314.
213. Tad-kirat al-Huffâd, pp.
698-701.
214. At-Tabarî, op. cit., 19/72-75
215. Dernièrement une partie de la Sîrah prophétique
d'Ibn Ishâq, fut publiée de Rabat au Maroc en 1396 h.
216. Al-Tabarrî, Tafsîr, 1e éd. de
Bûlaq, 1323-1330 de l'hégire, 19/72-75.
217. Voir Al-Ghadîr d'Al-Amînî, éd.
Téhéran en 1372 h., 2/288-289.
218. Abûl-Faraj, Al-Aghânî,
19/59, 22/32
219. Abûl-Faraj, Al-Aghânî,
19/59, 22/32
220. At-Tabarî, Târikh, 2/329 (édition d'Europe);
Ibn Athîr, Al-Kâmil, 4/52. (Éd. d'Europe) et 4/25
(1e édition d'Egypte).
221. Ces qualificatifs furent notés par des savants comme b.
Ma'îne (mort en 233 h.), Abû Dâûd (mort en 275 h.);
An-Nasâ'î (m. 303 h.), Ibn Abî Hâtim
Ar-Râzî (m. 327 h.), Ibn Hibbân (m. 354 h.
), Al-Hâkim (m. 405 h.). Voir aussi la biographie de Sayf dans
notre livre 'Abdullah b. Saba', tom. 1
222. Al-Haythamî, Majma'uz-Zawâ'id,
9/121; Al- Muttaqî, Kanz, 6/155, citant At-Tabarânî
223. Ahmed, Al-Musnad, 1/111
224. Ahmed, Al-Musnad, 5/356; An-Nasâ'î, Khaçâ'içu,
p. 24 avec une variation; Al-Hâkim, Al- Mustadrak, 3/110;
Al-Haythamî, Majma'uz-Zawâ'id..., 9/127; Al-Muttaqî,
Kanz, 12/207; Al- Manâwî, Kunûzul-Haqâ'iq, p.186
225. Ahmed, Al-Musnad, 5/350, 358, 361; Al- Haythamî, Majma',
9/128; At-Tabarânî, Al-Awçat: «Quiconque me
prend pour Walî doit faire de même pour 'Ali.
226. Al-Tamadi, Sunan, 13/165, chap. "Les Mérites de Ali
Ibn Abî Tâlib"; Musnad d'Ahmed, 4/437; Musnad
d'Al-Tayâlisî 3/111, h. 829; Mustadrak d'Al-Hâkim,
3/110; Khaçâ'iç al-Nasâ'î, pp. 16 et
19; Huliyat d'Abî Na'îm, 6/294, Al-Riyâd,
Al-Nadirah 2/171; Kanz d'Al-'Ummâl,
12/207 et 15/125.
227. Ibn al-Athîr, Usudul-Ghâbah,
5/94; Al- Haythamî, Majma', 9/109
228. At-Tayâlisî,
Al-Musnad, 11/360, h/ 2752; et M. Tabarî, Ar- Riyâd,
N. 2/203
229. Al-Khatîb, Târîkh Bagdad,
4/239; Al-Muttaqî, Kanz, 15/114, 12/221.
230. Al-Hâkim al-Haskânî, Shawâhid,
op. cit., 1/191; Al-Wâhidî, Asbâbun-Nuzûl;
Abû Nu'aym, Nuzulul-qu'ân
231. Al-Haskânî, Shawâhid al-Tanzîl,
1/192-193, et à la page 189, il y a seulement la
révélation du verset.
232. Ya'qûbî al-Hamawî, Mu'jamul-Buldân.
Voir le terme: Al-Juhfah.
233. Ibn Kathîr, Târîkh, 5/213
234. Al-Haythamî, Majma', 9/105; Ibn Kathîr, Târîkh,
5/209-210
235. Ahmed, Al-Musnad, 4/281; Ibn Mâjah, Sunna,
"Le mérite de 'Ali".
236. Majma' al-Zawâ'id, 9/163-165.
237. Ahmed, idem, 4/272; Ibn Kathîr, idem, 5/212
238. Ahmed, Musnad, 4/281; Ibn Mâjah, Sunan,
chap. "Le mérite de Ali"; Ibn Kathir, 5/212.
239. Al-Haythamî, Majma', 9/162-163 et 165; Al-Hâkim,
op. cit., 3/109-110; Ibn Kathîr, op. cit., 5/209
240. Ahmed, Al-Musnad, 1/118-119, et
4/281, Ibn Mâjah, Sunan, 1/43, h. 116, Ahmed, Al-Musnad, 4/281,
368, 370, 372; Ibn Kathîr, op. cit., 5/209-210
241. Al-Hâkim al-Haskânî, Shawâhid,
1/191, Târikh Ibn Kathir 5/210.
242. Relaté par Al-Hâkim
al-Haskânî, citant Abî Sa''îd, Al-Khidrî
Shawâhid, 1/157-158, h. 211 et 212, et Abû Hurayrah, p. 158,
h. 213. Voir aussi Târikh, Ibn Kathir, 5/214.
243. Al-Ya'qûbî, Târîkh,
2/43
244. Ahmed, Al-Musnad, 4/281; Ibn Kathîr,
op. cit., 5/210
245. Al-Hâkim al-Haskânî, Shawâhid
At-Tanzîl
246. At-Tabarî, Tafsîr, 28/270
247. As-Suyûtî, Tafsîr,6/223.
248. At-Tabarî, Tafsîr, 28/75.
249. Ahmed, Musnad, 1/3, h. 4; Kanz
al-'Ummâl (Tafsîr de la sourate Barâ'h, 2/267 et 270; Thakhâ'ir
al-'Uqbâ, p.69.
250. Al-Bukhârî, Sahîh, 2/200
"Mérites de 'Ali"; Muslim, Sahîh, 7/120;
At-Tirmidhî, Sunan, 13/171; At-Tayâlisî, Al-Musnad,
1/28-29, h/ 205, 209, 213; Ibn Majâh, Sunan, "Les
mérites de 'Ali", h/ 115; Ahmed, Al-Musnad, 1/170, 173,
175, 177, 179, 182, 184, 185, 330, 3/32, 338, 6/369, 438
251. Ibn Mâjah, Sunan, "Kitâb
al-Muqaddamah", chap. "Les Mérites des Compagnons", tom. 1, p. 92; Al-Titmidhî, Kitâb al-Manâqib,
13/169; Ahmed, Musnad, pp. 164-165, tom. 4
252. Tafsîr d'Ibn Jarîr,
26/116, Tabaqât, Ibn Sa'd, 2/2/101; Thdhîb,
Al-Tahdhîb, 7/337; Fat-h al-Bârî, 10/221, Huliyat
al-Awliyâ', 1/67-68; Kanz al-'Ummâl, 1/228.
253. Al-Hâkim, Al-Mustadrak, 3/126 et d'autres
références.
254. Al-Hâkim, Al-Mustadrak, 3/127-129.
255. Al-Khatib, Târîkh Baghdâd,
2/377.
256. Ahmed, Al-Musnad, 4/132; Kanz
al-'Ummâl, 13/99, 100, et 16/262; Muntakhab
al-Kanz, 5/106; Al-Jâm'î al-Çaghîr,
d'après l'explication de Fayd al-Qadîr, 3/145.
257. Kanz al-'Ummâl, 16/270.
258. Al-Bukhârî, Al-Adab al-Mufrad,
chap. "Emrasser l'enfant", h/ 364; At-Tirmidhî, Al-Manâqib,
13/195, chap. "Les Mérites d'al-Hassan et al-Hussain"; Ibn
Mâjah, Kitâb al-Muqaddamah, chap. 11, h/ 144; Musnad,
Ahmed, 4/172; Mustadrak al-Hâkim 3/177; Usud al-Ghâbah,
2/19 et 5/130.
259. At-Tirmidhî, Sunan, 9/74; Abû Dâûd,
"Livre d'Al-Mahdî", 2/7, 4/106, 107, h/ 4282; Abû Nu'aym,
Hilayh, 5/75; Ahmed, 1/376, 3/36; Al Khatîb, Târikh
..., 4/388, etc.
260. Al-Hâkim, Al-Mustadrak, 4/557;
As-Suyûtî, Ad-Dur, Sourate Muhammad, 6/58.
261. Abû Dâûd, Sunan, 7/134;
Ibn Mâjah, chap. "L'apparition d'Al-Mahdî";
Al-Hâkim, Al- Mustadrak, 4/557; As-Suyûtî, Ad-Dur...,
6/58.
262. At-Tirmidhî, 13/199, chap. "Manâqib
Ahl Bayt al-Nabiy", voir aussi Kanz al-'Ummâl, 1/48.
263. Muslim, Sahîh, "Les
mérites de 'Ali"; Ahmed, Al-Musnad, 4/366;
Ad-Dârimî, Sunan, 2/431; Al-Bayhaqî, Sunan,
2/148; At-Tahâwî, Mushkilul-'Athâr, 4/368
264. At-Tirmidhî, 13/201; Ibn al-Athîr, Usudul
..., 2/12
265. Al-Hâkim, Al-Mustadrak, 3/109, 3/148
266. Muntakhab al-Kanz, 5/321; Târîkh,
Ibn Kathîr, 6/249; Târîkh al-Khulafâ'
d'Al-Suyûtî, p. 10; Kanz al-'Ummâl, 13/27; Al-Sawâ'iq
al-Muhriqah, p. 28.
267. Al-Muttaqî, Kanz, 13/27 ; Muntakhab al-Kanz 5/312.
268. Muslim, Sahîh, (commentaire An-Nawawî,
12/202); Ibn Hajar, Açawâ'iq, p.
18; As-Suyûtî, Târîkh, p. 10
269. Al-Muttaqî, Kanz, 13/27
270. Ahmed, Al-Musnad, 1/398, 406 (de la marge,
Ahmed Shâkïr qualifie le hadîth d'authentique de par sa chaîne de transmission); Al-Hâkim, Al-Mustadrak,
4/105; Ibn Hajar, Fathul-Bârî, 16/239; Al-Haythamî, Majma',
5/190; Ibn Hajar, Aç-Çawâ'iq ..., p. 12;
As-Suyûtî, Târîkh, p.10...
271. Ibn Kathîr, Târîkh,
6/248.
272. Ibn Kathîr, 6/248
273. 'Ali (a. s.), Nahjul-Balâghah,
sermon n 14.
274. Sulaymân al-Hanafî, Yanâbî'ul-Mawaddah,
p. 523; Al-Ghazâlî, Ihyâ'u 'Ulumid-Dine, 1/54; Abu
Nu'aym, Hilyatul-Awliyâ', 1/80
275. Ibn Al-'Arabî, Commentaire d'At-Tirmidhî, 9/68-69
276. An-Nawawî, commentaire de Muslim,
12/201-202
277. As-Suyûtî, Târîkhul-Khulafâ',
p. 12
278. Ibn Hajar, Fath al-Bârî,
16/341; As-Suyûtî, Târikh ..., p.12
279. Idem.
280. As-Suyûtî, Târikh ...,
p. 12; Ibn-Hajar, Aç-Çawâ'iq
..., p. 19
281. An-Nawawî, commentaire de
Muslim 12/202-203; Ibn Hajar, Fath al-Bârî, 16/338, 341;
As-Suyûtî, Târîkh..., p. 10
282. Rapporté par Ibn Kathîr dans Tarîkh,
6/249, citant Al-Bayhaqî.
283. Az-Zarkashî, Al-Burahâ
fi'Ulumil-Qur'ân, 1/282; As-Suyûtî, Al-Itqân,
p. 63
284. Al-Bukhârî, Sahîh,
4/120; Muslim, 5/116; Abû Dâûd, Sunan, 2/229;
At-Tirmidhî, 6/204; Ibn Mâjah, h/ 2552; Ad-Dârimî,
2/179; Mâlik, Al-Muwatta', 3/42
285. Muslim, 4/167, chap. "L'empêchement par cinq
tétées Abû Dâûd", 1/279;
An-Nasâ'î, 2/82; Ibn Mâjah, 1/626, chap. "L'allaitement
de l'adulte", h/1944; Mâlik, Al Muwatta', 2/118
286. Muslim, Sahîh, 3/1000, chap. "Si
l'homme avait deux vallées", "Livre de la Zakât".
287. Les récits comportant des versets prétendus
retranchés sont qualifiés par ceux qui ont traité cette
question de versets dont la lecture fut abrogée. Al-
Bukhârî, "Livre des sanctions", h/ 1; et Muslim , h/ 15
288. Ibn al-Athîr, Nihâyatul-Lughah, le terme: Sanan
289. Ar-Râghib, Mufradât, le terme: bid'
290. Il arrive que les partisans d'Ahlul-Bayt rapportent des récits
relatifs aux mérites.
291. Al-Bukhârî, "Livre de la science", 1/22
292. Al-Maqrîzî, Imtâ'ul-Asmâ', p. 546. Ici
l'auteur précise que c'était Zaynab bint Jahsh qui parla et avec
elle ses compagnes.
293. Ibn Sa'd, At-Tabaqât,
2/243-244; Al-Muttaqî, Kanz, 3/138, 4/52
294. Ibn Sa'd, At-Tabaqât,
2/244
295. Ad-Dârimî, Sunan, 1/125;
Abû Dâûd, Sunan, 2/126; Ahmed, Al-Musnad,
2/162, 192, 207, 215; Al-Hâkim, Al-Mustadrak, 1/105-106 etc.
296. Adh-Dhahabî, Tadhkiratul-Huffâdz,
"Biographie d'Abû Bakr", 1/2-3
297. Ibn Sa'd, At-Tabaqât,
5/140, "Biographie d'Al-Qâsim Mohamed b. Abî Bakr".
298. Ibn 'Abdil-Bar, Jâmi'u Bayân
al-'Ilm, 2/147; Al-Khatib al-Bagdâdî, Sharaf
Açâbil-Hadîd, p. 88; Adh-Dhahabî, Tadhkiratul
..., 1/4-5
299. Al-Muttaqî, Kanz ..., h/4865 (1ère éd.) ou
n 1398
300. Adh-Dhahabî, Tadhkiratul-Huffâdz, 1/7
301. Ibn Kathîr, Târîkh, 8/107
302. Al-Muttaqî, Muntakh al-Kanz, en marge d'Al-Musnad
d'Ahmed, 4/64
303. Al-Daramî, Sunan, 1/132; Ibn S'ad, Tabaqât,
2/354; Al-Bukhârî, Sahîh, chap. "Le savoir
avant l'acte", 1/161
304. Ibn Sa'd, At-Tabaqât, 4/168
305. Ibn 'Asâkir, Târîkh Madînati-Dimashq
(manuscrit), 9/9, 2/236 ... etc.
306. At-Tabarî, Târîkh,
2/112-113, 2/38; Ibn al-Athîr, op. cit., 3/102
307. Rapporté par Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj,
3/15-16
308. Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj, 3/15-16; Ahmed
Amîn, Fajrul-Islam, p. 275
309. Murtadâ al-'Askarî, Les hadîths de la mère
des croyants Aïsha, 1/358
310. Al-Khatîb, Târîkh Bagdad,
14/7
311. Abû Hafs 'Umar b. Abîl-'Azîz, investi en l'an 99 h. et
mort en 101 h. Il leva l'insulte et la malédiction infligée au
nom de 'Ali, rendit Fadak aux héritiers d'Az-Zahrâ' (a.
s.) et donna l'ordre d'écrire le hadîth avec d'autres oeuvres
louables. Voir, As-Suyûtî, Târîkh al-Khulafâ',
"Biographie de 'Umar"; Ibn Hajar, Taqrîb-At-Tahdhîb,
"Biographie de 'Umar"; Ad-Dârimî ,
Sunan "Introduction", p. 126; Ibn Sa'd, At-Tabaqât,
7/447; Abder-Razzâq, Al Muçannaf, 9/337; Abû
Nu'aym, Akhbar Asbahân, 1/312; As-Suyûtî, Tadrib
Ar-Râwî, p. 90
312. Ibn Hajar, Fath al-Bârî, 1/218
313. Ibn Hajar, Tahdhîb At-Tahdhîb,
12/39
314. As-Suyûtî, Târikh
al-Khulafâ', 12/39; Adh-Dhahabî, Târikh al-Islam,
6/6
315. Muslim, Sahîh, 4/97;
Ad-Dârimî, Sunan, 1/119, à l'Introduction; Ahmed b.
Hanbal, Al-Musnad, 3/12, 39, 56
316. Sunan al-Durâmî,
"Al-Muqaddamah" (l'Introduction) 1/119.
317. Ahmed, Musnad, 3/12-13.
318. Ibn Mâjah, Al-Muqaddamah, 18, h/23,
231, 236 et Kitâb al-Manâsik, Bâb, al-Kntbah Yawm
al-Nahr; Abû Dâwûd, Sunan, "Kitâb
al-'Ilm", Bâb, "Fadhl Nashr al-'Ilm", h/ 3360, Bâb,
10; Al-Tarmadhi, Kitâb al-'Ilm, Bâb 7;
Al-Darâmî, 1/74-76, Al-Muqaddamah, Bâb, 24; Ahmad, Musnad,
3/225, 4/80, 5/173
319. Aç-Çaduq, Man lâ
Yahduruhul-Faqîh, 4/420; Al-Majlisî, Bihâr
al-Anwâr, 2/145, h/ 7; Ar-Râmahramzî, Al-Muhaddith
al-Fâçil, p. 163; Al- Qâsimî, Qawâ'id
At-Tahdîth, p. 48; Ibn Abdil-Bar, Jâmi'u Bayânil'Ilm,
2/55 ...
320. Al-Bukhârî, Sahîh, 1/22.
321. At-Tirmidhî, Sunan, 10/135
322. Ahmed, Al-Musnad, 2/207-215
323. Ahmed, Al-Musnad, 2/215
324. Muslim, Sahîh, chap. "La
prière des voyageurs"; Al-Bukhârî, Sahîh,
1/134
325. Ibn Hazm, Al-Fiçal, 4/161
326. Ibn Hajar, Al-Içâbah, 4/151
327. Ibn Hazm, Al-Muhallû, 10/484; Ibn At-Turkmânî
(mort en 750 h.), Al-Jawhar An-Naqî en marge d'Al-Bayhaqî
(Sunan), 8/58-59
328. En Marge d'As-Çawâ'iq, p. 209
329. Ibn Kathîr, Târîkh ..., 8/223
330. Ibn Mandhûr, Lisânul-'Arab, terme "Awl"
331. Al-Jawharî, As-çihâh, terme "Awl".
332. Ad-Dârimî, Sunan, 2/129 et "Livre des
songes", chap. 13; Mâlik, Al-Muwatta', "Livre de
l'habillement", h/ 16
333. Ibn al-Athîr, Nihâyatul-Lughah, terme
"Awl"
334. Al-Bukhârî, Sahîh dans Fath
al-Bârî, 13/129-130
335. Ibn Hajar, Fath al-Bârî, 15/133, mais on voit que
cette règle n'est pas appliquée au profit des Kharijites qui
qualifient l'ensemble des musulmans de mécréants. L'Ecole des
califes les appelle hérétiques sauf Ibn Muljam, le meurtrier de
l'Imam 'Ali (a. s.), lui est interprétant excusable!
336. Ibn Abîl-Hadîd, Sharh An-Nahj,
4/178
337. Al-Khawajah At-Tûsî, Tajrîdo
al-Kalam in Adharî'ah, 3/351
338. Al-Qawshajî, Sharh At-Tajrîd,
p. 407
339. Ibn Kathîr, Târikh, 6/323
340. Ibn Abîl-Hadîd, Sharh An-Nahj,
2/153, 3/180
341. Al-Qawshajî, Sharh At-Tajrîd,
p. 408
342. Al-Qawshajî, idem, p. 409; Ibn
Abîl-Hadîd, idem, 1/243
343. Ibn Taymiyyah, Minhâj As-Sunnah,
3/203
344. Ibn Abîl-Hadîd, idem, 1/233
345. Que dire alors Al-Mughîrah objet du témoignage selon lequel
il était assis entre les jambes d'un Jamîl? Lui dit aussi, est-il
Mujtahid digne de récompense parce qu'il fait partie des Compagnons?
346. Même si son Ijtihâd est opposé aux textes du Livre et
de la sunnah?!
347. Ibn Taymiyyah, Minhâj As-Sunnah,
3/193
348. Ibid. 3/204
349. L'intérêt de qui?!, d'Ibn Mus'ûd?!, des Musulmans !?,
ou des Omayyades?!
350. Ibn Hajar, As-Çawâ'iq ..., p. 111
351. Ibid. et p.112
352. Ibid. et p.113
353. Ibn Taymiyyah composa son livre Minhâj As-Sunnah en
réponse à Al-'Allamâh qui avait écrit son livre Minhâj
al-Karâmah, éd. Egypte 1322 h.
354. Ibn Taymiyyah, Minhâj ..., 14/190
355. Al-Qurtubî, Tafsîr, 14/182
356. C'est ainsi que l'avait décrit Ibn Hajar al-Haythamî dans
son Tathîrul-Lisân, p. 22
357. Ibn Hazm, Al-Fiçal ..., 4/161
358. Ibn Hazm, Al-Fiçal ..., 4/160
359. Târîkh, Ibn Kathîr
7/128.
360. Ibn Hzm, Al-Fiçal, 4/161
361. Ibn Khaldûn, Al-Muqaddimah, p. 380
362. Ibn Hazm,
Al-Fiçal, 4/161.
363. Ibn Kathîr, Târîkh, 13/9
364. Ibn Kathîr, Târikh, 8/222-224
365. At-Tabarî, Tarîkh, 4/52 et Murtadâ al-'Askarî, 'Abdulla b. Saba',
1/106.
366. Al-Bukhârî, Sahîh,
2/215; Ahmed, Al- Musnad, 2/207, 3/494; Abû Dâûd, Sunan,
h/ 2673, 2675, 3/55-56; Al-Bayhaqî, Sunan, 9/71-72
367. Al-Bayhaqî, Sunan, 9/71
368. Voir l'interprétation du mot "kalalah" dans Mufradât
al-Râghib.
369. Mâlik, Al-Muwatta', 2/54; Ad-Dârimî, Sunan,
2/359; Abû Dâûd, Sunan, 2/38; Ibn Mâjah, ...,
p.910
370. Ibn al-Athîr, Usudul-Ghâbah; Ibn Hajar, Al-
Içâbah, 2/394, 3/299
371. At-Tabarî, Târikh, 1/1927-1928; Ibn Hajar, Içâbah,
3/337; Al-Ya'qûbî, Târikh, 2/131; Al-Muttaqî, Kanz,
3/132
372. Al-Ya'qûbî, Târîkh, 2/153 (ou dans une
autre édition, 5/22)
373. At-Tabarî, Târikh, 5/33
374. Je me demande dans ce cas là comment il pourrait confirmer des
fortunes illégalement.
375. Voir: "L'époque du beau-fils et du beau-frère
('Uthmân et Mu'âwiyah) dans notre livre, Les hadîths de la
mère des croyants Aïsha
376. Ahmed, op. cit., 3/335, 336, 353, 356;
Al-Haythamî, 3/78; At-Tirmidhî, Sunan, 1/219; Abû
'Ubayd, Al-Amwâl, p. 337
377. Al-Bukhârî, Sahîh,
2/205; Muslim, Sahîh, 1/35-36; Ahmed, 3/318
378. Ibn Hishâm, Sîrah, 4/265;
At-Tabarî, Târîkh, 1/1727, 1729; Ibn Kathîr,
op. cit., 5/76
379. Ibn Sa'd, Tabaqât,
1/270.
380. Ibn Hishâm, Sîrah, 4/273-275
381. Al-Haythamî, Majma'uz-Zawâ'id,
9/39
382. Al-Haythamî, Majma'uz-Zawâ'id,
9/39
383. Ahmed, Al-Musnad, 1/4, h/ 14; Abû
Dâûd, Sunan, 3/5; Ibn Kathîr, Târîkh,
5/289; Adh-Dhahabî, Târîkh, 1/346
384. At-Tirmidhî, Sunan, 7/111, 7/109;
Ahmed, op.cit., 1/10; Ibn Sa'd, At-Tabaqât,
5/372
385. Ibn Sa'd, At-Tabaqât,
2/316
386. Ibn Abîl Hadîd, Sharh An-Nahj,
4/83
387. Ibn Abîl Hadîd, Sharh An-Nahj,
4/85
388. As-Suyûtî, Târîkh
al-Khulafâ', p. 89
389. Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj,
4/85.
390. Sharh al-Nahj, 4/81.
391. Al-Muttaqî, Kanz ..., 5/367
392. Ibn Sa'd, Tabaqât, 2/315;
Kanz al-''Ummâl, 5/365.
Al-Muttaqî, Kanz ..., 5/365
393. Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj,
4/78-79, p. 93 et Balâghâtun-Nisâ', pp. 12-15
394. Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj,
4/97
395. Abû Yûssuf, Al-Kharâj,
pp. 24-25; An- Nasâ'î, Sunan, 2/179;
Abû
'Ubayd, Al-Amwâl, p. 332; At-Tabarî, Tafsîr,
10/6; Al-Jaçaçu, Al- Kâmul-Qur'ân, 3/62;
Al-Bayhaqî, Sunan, 6/342-343
396. Abû Yûssuf, Al-Kharâj,
p. 23; Al-Jaçaçu, Ahkâm ..., 3/61
397. At-Tabarî, op. cit., 10/5; Abû 'Ubayd, Al-Amwâl,
p. 333; Ahmed, Al-Musnad, 1/224, 320; Abû Dâûd, Sunan,
2/51; An-Nasâ'î, 2/177; Al-Bayhaqî, 6/344-345
398. Al-Bayhaqî, Sunan, 6/344;
Ash-Shâfi'î, Al- Musnad, p. 187
399. Al-Hâkim, Al-Mustadrak, 3/442; Ibn Sa'd, At-Tabaqât, 7/181; At-Tabarî, Târikh,
2/111
400. Terme persan signifiant: dresseur de faucon - peut-être
s'agissait-il de l'homme qui s'occupait des oiseaux du calife Al-Mutawakkil.
401. Ahmed, Al-Musnad, 3/363, voir
Abîl-Hadîd 1/61
402. As-Suyûtî, Tafsîr,
2/141; Al-Muttaqî, Kanz, 8/293; At-Tahâwî, Mushkilul-Athâr,
p. 397
403. Ibn Rushd, Bidâyatul-Mujtahid,
1/346; Ibn al-Qayyim, Zâd al-Ma'âd, 2/205
404. Al-Bukhârî, Sahîh,
"Livre du pèlerinage"; Ibn Hajar, Fathul-Bârî,
4/168-169; Muslim, Sahîh, "Permission de faire Al- 'Umrah
...", h/ 198; Ahmed, Al-Musnad, 1/249, 252, 332, 335; Abû
Dâûd, Sunan, "Livre du rituel", chap.
"Al-'Umrah"; An-Nasâ'î, op. cit., 4/335
405. Ibn al-Qayyim, Zâd al-Ma'âd,
1/209; Al- Bukhârî, Sahîh, 1/212; Muslim, op. cit.,
h/ 217-220, pp. 916-917; Al-Bayhaqî, As-Sunan al-Kubrâ,
4/357, 5/10-12
406. Ibn al-Qayyim, Zâd al-Ma'âd,
1/211 et p. 223; Al-Bayhaqî, Sunan,
4/345
407. Zâd al-Ma'âd 2/213.
408. Al-Bukhârî,
Sahîh, 1/186, Abî Dâwûd, Sunan,
"Al-Manâsik" 2/159; Al-Bayhaqî, Sunan, 5/13-14
etc.
409. Al-Bayhaqî, Sunan, 5/6.
410. Al-Bukhârî, op. cit., 1/189;
Al-Bayhaqî, Sunan, 5/6, 4/356
411. Ibn Mâjah, Sunan, p. 993; Ahmed, op.
cit., 4/286
412. Ibn al-Qayyim, Zâd al-Ma'âd,
1/246
413. Al-Bukhârî, Sahîh,
1/190; An-Nasâ'î, Sunan, 2/15
414. Muslim, Sahîh, p. 899, h/ 166, 168,
169
415. Ibn Hazm, Al-Muhallâ, 7/103
416. Nous avons mentionné au début de l'exposé sur
Mut'at al-Hajj certaines références de ce récit, et nous y
rajoutons ici ce qui suit: Tafsîr al-Qurtubî, 2/388; Tafsîr
al-Fakhr al-Râzî, 2/167 et 3/201-202; Kanz al-'Ummâl,
8/293-294; Al-Bayân wa-l-Tibiyân, d'Al-Jâdidz,
2/223.
417. Ibn Kathîr, Tafsîr, 1/474.
418. Muslim, Sahîh, p. 1023, h/ 1405
419. Mohamed
Ma'rûf Ad-Dawâlibî, Al-Madkhal Ilâ 'Ilm Uçul
al-Fiqh, éd. Dar Al-'Ilm, Beyrouth 1385
h.
420. Ad-Dawâlibî, op. cit., pp. 14-17.
421. Ad-Dârimî, Sunan,
"Al-Muqaddimah"; Ahmed, Al-Musnad, 5/230, 276
422. Al-Bukhârî, Sahîh,
4/178; Muslim, Sahîh, p. 1242, h/ 15; Ibn Mâjah, Sunan,
h/ 2314; Ahmed, Al- Musnad, 2/187, 4/198, 204, 205
423. Ibn Hazm, Al-Ihkâm, 5/1003; Ibn
al-Qayyim, A'lâm al-Muwaqqi'îne, 1/85-86
424. Ibn Hazm, Al-Ihkâm, 5/773-775
425. Ibn Hazm, Al-Ihkâm, 5/771
426. Ibn Hazm, Al-Ihkâm, 5/1003; Ibn
al-Qayyim, A'lâm al-Muwaqqi'îne, 1/85-86
427. Al-Khatîb, Târîkh, p.
390; Ibn Hibbân al- Bustî (mort en 354 h.), Kirâb
al-Marûhîne, 3/35
428. Ibid
429. Al-Bukhârî, Sahîh,
"Livre du Jihâd", 2/99, 3/63; Muslim, Sahîh,
"Le partage du butin", h/ 57; Abû Dâûd, Sunan,
chaps. 143-147; Al-Muwatta', "Livre du Jihâd", 21; Ahmed., op.
cit., 2/2, 62, 80, 4/138
430. Ibn Hazm,
Al-Muhallâ, 7/111.
431. Ibn Hazm, Al-Muhallâ, 7/111
432. Al-Bukhârî, Sahîh,
"Livre des ventres", chap. 19, 22, 42; Muslim, Sahîh,
h/43, 46, 47; Abû Dâûd, Sunan, 51;
At-Tirmidhî, Sunan, "Livre du commerce", 17; Ahmed,
op. cit., 1/216, 254, 280, 334, 339 etc.
433. Ibn Hazm, Al-Muhallâ, 8/351, 352, "La question", no
1417.
434. Voir, Ibn Hazm, Al-Muhallâ, 11/251, 257, "La
question",
no 2213 (la prostituée salariée).
435. Al-Khatîb al-Baghdâdî, Tarîkh Baghdâd,
13/335.
436. Al-Maqrîzî, Khitat, 4/161
437. Al-Kishî, Rijâl, p. 238 et p. 431 (L'appellation
Al-Fuqahâ')
438. Al-Kishî, Rijâl..., p. 275, no
705.
439. Voir à la fin de ce livre le chapitre relatif aux des
chaînes des transmissions des Cheikhs remontant aux Infaillibles dans
l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt (p)
440. Idem.
441. Al-Majlisî, Al-Bihâr, 107/215-216
442. Al-Majlisî, Al-Bihâr, 105/29
443. Abû Ja'far Mohamed al-Kulaynî, Al-Kâfî,
(Uçul), 1/58; Al-Fayd al-Kâshânî, Al-Wâfî,
1/59
444. Mohamed b. al-Hassan As-Çaffâr,
Baçâ'irud-Darajât, p. 301
445. Al-Majlisî, Mir'âtul-'uqûl,
"L'explication du dit-hadîth"
446. As-Çaffâr, Baçâ'ir
Ad-Darajât, p. 299, h/ 2
447. As-Çaffâr, Baçâ'ir
Ad-Darajât, p. 301, h/ 9
448. Ibid, p. 301, h/ 1
449. As-Çaffâr, op. cit., p. 299
450. As-Çaffâr, Baçâ'ir
Ad-Darajât, pp. 300-301, h.5, 7, 10.
451. Idem, p. 290, chap.: "Le Prophète apprit à Amir al-Mu'minine
la science"; Al-Wasâ'il, éd. 1323-1324 h., tom. 3/391, h/ 19; Mustadrak al-Wasâ'il,
éd. de 1321 h., tom. 3/192, h/ 28.
452. Idem, pp. 290-292, h/ 6, 7, 11.
453. As-Çaffâr, Baçâ'ir,
p. 198, h/ 3
454. Ibn Sa'd, At-Tabaqât, "Biographie de l'Imam
'Ali", 2/10. Voir aussi le manuscrit d'Ahmed b. Hanbal: "Les
mérites de 'Ali b. Abî Tâlib".
455. As-Çaffâr, Baçâ'ir
..., p. 197, h/ 4
456. An-Nasâ'î, Sunan,
1/178; Ibn Majah, Sunan, h/ 3708; Ahmed, Al-Musnad, 1/85, h/
647, 1/107 et 1/80
457. As-Çaffâr, Baçâ'ir
Ad-Darajât, pp. 149, 159, h/ 15
458. As-Çaffâr, Baçâ'ir ..., p. 144
459. Idem, et p. 143
460. As-Çaffâr, Baçâ'ir
Ad-Darajât, p. 150. Voir aussi p. 146
461. As-Çaffâr, Baçâ'ir..., p. 160
462. As-Çaffâr, Baçâ'ir
Ad-Darajât, p. 156
463. As-Çaffâr, Baçâ'ir
Ad-Darajât, pp. 157-158
464. As-Çaffâr, Baçâ'ir...,
p. 162
465. At-Tûsî, Al-Ghaybah,
éd. Tabrîz, 1323 h.; Ibn Shahr Ashûb, Al-Manâqib,
4/172; Al-Majlisî, Al-Bihâr, 46/18
466. Al-Kulaynî, Al-Kâfî,
1/304; A'lâm al-Warâ, p.152; Al-Majlisî, Al-Bihâr,
46/16; Ibn Shahr Ashûb, Al-Manaqîb, 4/172; Uçul
Al-Kâfî, 1/305; A'lâm al-Warâ, p. 260; Baçâ'ir...,
p. 44; Al-Bihâr, 46/229; Al-Wâfî, 2/83
467. Al-Kulaynî, Al-Kâfî,
1/305; A'lâm al-Warâ, p.260; Al-Majlisî, Al-Bihâr,
46/229, h/1; Baçâ'ir..., p. 44; Al-Bihâr,
46/229; Al Wâfî, 2/82
468. Al-Kulaynî, Al-Kâfî,
1/305, h/1; A'lâm al-Warâ, p.260; Al-Majlisî, Al-Bihâr,
46/229, h/1; Baçâ'ir..., p. 165; Al-Bihâr,
46/229; Al-Wâfî, 2/82
469. As-Çaffâr, Baçâ'ir Ad-Darajât,
p. 158 et pp. 180, 181, 186
470. As-Çaffâr, Baçâ'ir
Ad-Darajât, p. 158.
471. As-Çaffâr, Baçâ'ir
Ad-Darajât, pp. 165, 166.
472. Al-Kulaynî, Al-Kâfî,
3/48; Baçâ'ir..., pp. 177, 186, 188; Al-
Wâfî, 2/132.
473. An-Nu'mânî, Al-Ghaybah, p.
177; Al- Bihâr, 48/22, h/34.
474. As-Çaffâr, Baçâ'ir
Ad-Darajât, pp. 164, h/7, 8, 9.
475. Al-Kulaynî, Al-Kâfî
(Uçul), 1/311-312; At-Tûsî, Al-Ghaybah, p. 28;
Al-Mufîd, Irshâd, pp. 285-286; Al-Bihâr,
49/27; Al-Kishî, Rijâl, p. 382
476. Al-Kulaynî, Al-Kâfî,
6/207; At-Tahdhib, 9/33; Al-Wasâ'il,
16/207
477. Al-Kulaynî, Al-Kâfî,
1/62-63; Al-Hurr al-'Amilî, Al-Wasâ'il,
p. 394, h/ 1; At-Tabarsî, Al-'Ihtijâj, p. 134;
Al-Majlisî, Mir'âtul- 'Uqûl, 1/215 ...
478. Avant de manifester leur conversion à l'Islam l'un était
chrétien, l'autre juif.
479. La station d'Ibrâhim (a. s.) était contiguë à
la Ka'bah mais 'Umar l'en a séparée (Ibn Sa'd, Tabaqât,
3/284); As-Suyûtî (Târîkh Al-Khulafâ',
p. 137); Ibn Hajar (Fath al-Bârî, 9/236); Ibn
al-Athîr (Al-Kâmil, 2/439). On dit aussi que 'Umar l'a
remise là où elle était à l'époque
anté-islamique.
480. Voir, chapitre précédant de dans ce livre: "Le
patrimoine du Messager..."
481. L'auteur dit As-Ça' = 4 Amdâd. Et le Mudh = 2 ritl
pour les juristes de l'Irak. Et 1,5 ritl pour les Shi'ites. Ce qui fait que la
mesure du Çâ' pour les Shi'ites = 6 Artâl (la mesure de
Médine).
482. Le calife 'Umar élargit la Mosquée du Prophète en y
annexant quelques maisons (As-Suyûtî, Târîkh
Al-Khulafâ', p. 137)
483. Comme la question du 'Awl et celle du Ta'çîb
dans le partage de la masse successorale, l'ablation de la main du voleur (ou
du rebelle) à partir du poignet et celle du pied à partir de la
cheville contrairement aux prescriptions prophétiques selon lesquelles
il faut laisser intacts le creux de la main et le talon du pied et, en outre,
la question de la répudiation par trois considérée par le
calife 'Umar comme répudiation irréversible contrairement
à la sunnah du Prophète.
484. Comme la femme répudiée sans la présence de
témoins ou sans s'être purifiée auparavant (du flux
menstruel).
485. Comme les Banî Taghlib furent dispensés de payer la jizyah
(le tribut) ils devaient être assignés aux lois de la guerre y
compris celles relatives à la captivité. On rapporte à
partir d'Ar-Ridâ (a. s.) que les Banî Taghlib refusèrent par
orgueil de payer le tribut et demandèrent à 'Umar de les en
dispenser et de prendre double la Zakât (qui n'est obligatoire que pour
les Musulmans). Craignant qu'ils ne rejoignent le camp de Byzance, 'Umar
répondit positivement à leur quête.
486. Cette Bid'ah, de 'Umar consistait à ce que les cultivateurs, les
artisans et les commerçants payaient régulièrement et en
dehors de la zakât un impôt spécial au profit des hommes de
science, de l'administration, aux chefs "locaux" et aux soldats. Des
registres pour l'application de cette loi furent composés, comprenant
les noms des débiteurs et des créditeurs. L'administration de ces
registres était payée des recettes du nouvel impôt. Rien de
cela n'était à l'époque du Prophète (SAW) ou d'Abû
Bakr.
487. C'était l'une des Bida' de 'Umar d'avoir décidé de
convertir (le 'Ushur (1) et sa moitié 1) sur les produits agricoles en
impôt liquide appelé Kharâj. Pour ce faire, il a
envoyé dans beaucoup de contrées ses mandataires pour arpenter
les terres et calculer ce que devaient payer les propriétaires.
Finalement, en Irak et en Egypte, on devait payer des sommes respectivement aux
Rois de la Perse et aux Rois de l'Alexandrie. Or les savants de l'Ecole des
califes (comme Al-Baghawî) ont rapporté des hadîths selon
lesquels l'Islam avait effacé ce genre d'imposition au profit,
notamment, des habitants de l'Irak et de l'Egypte.
488. Le Prophète (SAW) présidait aux mariages
"mixtes" c'est-à-dire d'époux de conditions
différentes: Miqdâd, par exemple, épousa la cousine du
Prophète (SAW). 'Umar empêchait les non-quraishites de prendre
épouse dans la tribu de Quraïsh ou les (Musulmans) non-arabes de se
marier chez des Arabes.
489. Allusion à la privation d'Ahlul-Bayt de leur droit au Khums.
490. En sortant de l'enceinte de la Mosquée, les terres qui lui ont
été annexées et en fermant les portes qui donnaient sur la
Mosquée conformément à l'ordre divin apporté par
Jibrîl (a. s.) stipulant de fermer toutes ces portes à l'exception
de celle de 'Ali (a. s.). Il semble qu'après la mort du Prophète
(SAW) on a fait le contraire.
491. 'Umar avait autorisé, en ablutions, qu'on passât la main
mouillée sur les pantoufles au lieu des deux pieds (trois jours
successifs pour le voyage et 24 heures (un jour) pour le résident) alors
que dans le hadîth il est dit: «Au Jour de la Résurrection,
l'homme le plus acculé à la lamentation est celui qui verra ses
ablutions tracées sur la peau (allusion aux pantoufles en cuir) de
quelqu'un (ou quelque chose) d'autre que lui». Pour ce qui est du
Nabîdh (sorte de bière), certains Musulmans à cette
époque là, croyaient qu'il était licite d'en boire.
492. Beaucoup de Musulmans (non partisans de l'Ecole d'Ahlul-Bayt)
récitent, à voix basse la Basmalah (Au Nom d'Allah,
Clément, Miséricordieux) au début de la Fâtihah (Al-
Hamdu) même si la prière accomplie doit être à voix
haute. Certains ont même annulé le devoir de réciter la Basmalah
suivant peut-être une ''sunnah'' connue du calife Mu'âwiyah (voir
l'exégèse d'Az-Zamakhsharî, sourate Al-Hamdu).
493. 'Umar le calife et les partisans de l'Ecole des califes agirent, en
matière de divorce, selon des opinions différentes des jugements
islamiques.
494. Les neufs espèces de la zakât sont l'or, l'argent, le
blé, l'orge, les dattes, le raison sec, les chameaux, les bovins, et les
ovins (et caprins). Mais certains ont imposé aussi l'espèce
chevaline (voir As-Suyûtî, Târîkh ..., p.
137).
495. Dans le domaine de la prière, beaucoup de bida' furent
inventées en opposition avec la sunnah prophétique: en ablutions
(al-Wudû') ils essuient les oreilles, lavent les pieds et
essuient le turban, les pantoufles. Ils annulent le Wudû' par le seul
fait de toucher les femmes, de toucher à son sexe, d'avoir mangé
quelque chose (viande) de cuit par le feu. Ils ont fait abstraction, dans
l'appel à la prière, de la locution "Hayya 'Alâ
Khayril-'Amal", mais ajoutèrent celle-ci: "Açalâtu
Khayrun minan-Nawm". Ils ont aussi avancé, dans les
salutations médianes (At-Tashahhudu), le Taslim (Assalâmu
'Alayka Ayyuhan-Nabî'u) alors que cela fut institué pour
mettre fin à la prière. Ils ont aussi inventé le Qalbd
(mettre une main sur l'autre) dans la station debout en prière. Ils ont
réuni (obligatoirement) les gens dans les prières
surérogatoires, et inventé la prière d'Ad-Duhâ ...
etc. (voir le livre Ash-Shâfî de Sayyid Al-Murtadâ).
496. Najrân, deux lieux différents (l'un du Yaman, l'autre
près de Khûfah) portent ce nom. 'Umar expulsa les habitants de
Najrân, du côté du Yaman où se trouvait le temple
(l'église, le monastère?) Des Assayid et Al-'Aqib deux
prêtres chrétiens qui, en compagnie de leurs ouailles, se
rendirent auprès du Prophète (SAW). Suite à une
polémique avec ces chrétiens, il les appela à Al-Mubâhalah
(l'appel de l'anathème sur l'imposteur) (concernant la cause de la
façon dont 'Umar les expulsa, voir Al-Balâdhurî dans Futuh
Al-Buldân, pp. 77-79
497. Voir les "primautés" de 'Umar dans Târikh
al-Khulafâ' d'As-Suyûtî, p. 136
498. Al-Kulaynî, Rawdatul-Kâfî, p. 58-63
499. Al-Majlisî, Al-Bihâr, 42/196
500. Al-Majlisî, Al-Bihâr, 42/195
501. Az-Zubayr b. Bakkâr, Al-Muwaffaqiyat, pp. 575-576; Ibn
Abîl-Hadîd, Sharh An-Nahj, 2/176.
502. Ibn Kathîr, Târikh..., 10/7-8
503. Abû Dâûd, Sunan, 4/210, h/ 4645
504. Ibnu-Abdi Rebbih, Al-'Iqd Al=Farîd,
5/51
505. At-Tabarî, Târîkh, 5/67;
Ibn Al-Athîr, Al-Kâmil, 4/205; Ibn Kathîr, Târîkh,
9/76
506. Adh-Dhahabî, Târîkh al-Islam,
3/18-19
507. A-Bayhaqî,
Sunan, 2/379; Al-Dârqutnî, Sunan, p.136.
508. C'était ainsi que l'avaient décrit les Médinois qui
lui avaient rendu visite et qu'il avait pourtant honorés et
gratifiés.
509. At-Tabarî, Târîkh,
6/224-225
510. Ibn A'tham, Al-Futuh, 5/42-43
511. Al-Mufîd, Irshâd, p. 236;
At-Tabarsî, Al-'lâmul-Warâ, p. 218
512. At-Tabarî, Târîkh, 6/190
513. At-Tabarî, Târîkh,
6/217; Ibn al-Athîr, Al-Kâmil, 4/16
514. At-Tabarî, Târîkh, 6/221
515. At-Tabarî, Târîkh,
éd. Europe, 2/229-230
516. Al-Khawârizmî, Maqtal ...,
2/31
517. Ibn Shahr Ashâb, Manâqib,
2/221-222
518. Al-Khawârizmî, Maqtal ...,
2/32
519. At-Tabarî, Târîkh,
éd. Dâr al-Ma'ârif, Egypte, 5/448
520. At-Tabarî, Târîkh,
2/364-365
521. Non, ce n'était pas Al-Asghar; il était jeune mais adulte
et avait déjà un fils (Mohamed al-Bâqir) c'était
donc 'Ali al-Awçat.
522. Sayyid Murtadz al-'Askari, Ahâdith Umm al-Mu'minine 'Ayechah,
chap.: "Avec Mu'âwiyah".
523. Ibn A'tham, Futûh, 5/252
524. Al-Mas'ûdî, Murûj Adh-Dhahab, 3/67.
525. Ibn al-Jawzî, Tadhkiratul-Khawâç al-Umamah,
p. 164
526. Ibn Kathîr, Al-Bidâyah Wan-Nihâyah
(Histoire), 8/232
527. Al-Mas'ûdî, Murûj Adh-Dhahab, 3/68; Ibn
Kathîr, Târîkh ..., 8/219
528. Al-Mas'ûdî, At-Tanbîb wal
Ishrâf, p. 263
529. At-Tabarî, Târîkh,
5/273-275
530. At-Tabarî, Târîkh,
6/273-275
531. At-Tabarî, Târîkh, 7/3,
13; Ibn al-Athîr, Al-Kâmil, 4/40-41; Ibn Kathîr, Al-Bidâyah
..., 8/216
532. Ibid
533. Ad-Dhahabî, Târîkh al-Islam,
2/356
534. At-Tabarî, Târîkh, 7/7;
Ibn al-Athîr, Al-Kâmil, 4/45.
535. Ash-Shajarî, Al-Amâlî,
p. 164
536. At-Tabarî, Târîkh, 7/7;
Ibn al-Athîr, Al-Kâmil, 4/45
537. At-Tabarî, Târîkh,
7/6-8; Ibn al-Athîr, Al-Kâmil, 4/45-46.
538. Adh-Dhahabî, Târîkh al-Islam,
2/356-357
539. At-Tabarî, Târîkh, 7/11;
Ibn al-Athîr, Al-Kâmil, 3/47
540. Al-Ya'qûbî, Târîkh,
6/251
541. Ad-Daynûrî, Al-Akhbâr
At-Tiwâl, p. 269; Adh-Dhahabî, Târikh al-Islam,
2/357
542. At-Tabarî, Târîkh, 7/13
543. Al-Mas'ûdî, At-Tanbîh wal
Ishrâf, p. 264; Murûjudh-Dhahab, 3/71
544. At-Tabarî, Târîkh,
7/11-12 ou 2/418-420
545. Ibn 'Abdi Rabbih, Al-'Iqd al-Farîd,
4/390
546. Ibn Kathîr, Târîkh...,
8/224; Ad-Daynûrî, Al-Akhbâr At-Tiwâl, p. 267
547. At-Tabarî, Târîkh, 7/14;
Ibn Kathîr, Al-Bidâyah ..., 8/225; Al-Ya'qûbî,
Târîkh, 2/251; Ibn A'tham, Futûh, 5/301
548. Ibid
549. Al-Ya'qûbî, Târîkh,
2/251-252
550. At-Tabarî, Târîkh,
7/14-15; Ibn al-Athîr, Al-Kâmil, 4/49; Ibn Kathîr, Târikh,
8/225
551. At-Tabarî, Târîkh,
7/16-17
552. Ibn al-Athîr, Al-Kâmil, 3/135
553. Adh-Dhahabî, Târîkh,
3/114; Ibn Kathîr, Târikh, 8/329
554. At-Tabarî, Târîkh, 7/202
555. Adh-Dhahabî, Târikh al-Islam,
3/114
556. At-Tabarî, Târîkh,
2/844-845; Ibn Kathîr, 8/329.
557. Ibn A'tham, Futûh, 6/275-276
558. At-Tabarî, Târîkh,
8/202-205
559. Ibn Kathîr, Târikh, 8/332; Ibn
A'tham, Futûh, 6/279
560. Adh-Dhahabî, Târikh al-Islam,
3/115
561. At-Tabarî, Târîkh, 7/206; Ibn al-Athîr,
Al-Kâmil, "Événements des années, 65,
66, 67 h .
562. Al-Ya'qûbî, Târîkh, 2/345-352; Ibn
al-Athîr, Al-Kâmil, 5/144-148
"Événements de l'an 130 h."; Al-Mas'ûdî, Adh-Dhahab,
3/ 286
563. Al-Mufîd, Al-Irshâd, p. 254; Ibn 'Uqbah (Ahmed b.
Mohamed), Asmâ'ur-Rijâl
564. Al-Khû'î Mu'jam Ar-Rijâl,
5/106-115
565. Al-Khû'î Mu'jam Ar-Rijâl,
6/117-121
566. Al-Khû'î Mu'jam Ar-Rijâl, 6/117
567. Al-Hurr al-'Amilî, Wasâ'il
Ash-Shî'ah, 18/79, h/15
568. L'Imam 'Ali, Nahj al-Balâghah, "La lettre à
Mâlik al-Ashtar" et 18/86, h/ 38 d'Al-Wasâ'il.
569. Al-Kulaynî, Al-Kâfî,
2/222, h/ 4
570. Al-Hurr al-'Amilî, Wasâ'il
Ash-Shî'ah, 18/79
571. Al-Hurr al-'Amilî, Wasâ'il
Ash-Shî'ah, 18/84
572. As-Çadûq, 'Ilal Ash-Sharâ'i',
2/218, h/ 1; Al-Hurr al-'Amilî, Wasâ'il Ash-Shî'ah,
18/83-84
573. Al-Hurr al-'Amilî, Wasâ'il
Ash-Shî'ah, 18/88
574. Al-Hurr al-'Amilî, Wasâ'il
Ash-Shî'ah, 18/84, h/29
575. Al-Khû'î, Mu'jam Rijâl
al-Hadîth, 1/89-91